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Santé - Page 10

  • « La mort attendra, la vie est toujours là et elle est belle, que ce soit debout, assis, avec ou sans jambes »

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    De gènéthique.org :

    Charcot ou la vie, il faut choisir – Gwenaël Bernard

    14 octobre 2022

    Bibliographie

    « La mort attendra, la vie est toujours là et elle est belle, que ce soit debout, assis, avec ou sans jambes ».

    A travers un témoignage plein d’espérance, Gwenaël Bernard livre une véritable leçon de vie sur le handicap. Diagnostiqué de la maladie de Charcot en juin 2011, alors qu’il n’a que 30 ans, il fait face tour à tour au pessimisme des médecins qui lui prédisent une espérance de vie de 2 ou 3 ans, et au regard insistant des autres. Au début, il cache sa maladie, puis il décide d’apprendre à vivre avec. « Je suis malade mais pas encore mort ; ne m’enterrez pas trop vite ».

    Malgré cette maladie dégénérative, il parcourt le monde avec sa famille, joue avec ses enfants, reçoit des amis. Il se bat pour vivre car « accepter [son handicap] c’est recommencer à vivre ».

    Dans ce récit plein d’humour, d’optimisme et de joie de vivre, il souhaite prouver que « même en chaise roulante ou appuyé sur des béquilles, sans bras, sans voix, avec une différence physique même majeure, la vie peut être belle et vaut la peine d’être vécue ». Il veut éveiller les consciences, sensibiliser au handicap, faire sortir les personnes handicapées et éduquer le regard des autres.

    Un témoignage plein d’espérance face à une maladie qui paralyse.

    Editions : L’Harmattan

    Date de parution : 20/06/2022

    Nombre de pages : 186

  • Déclarée en « fin de vie », elle se réveille et poursuit le médecin en justice

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    France : le médecin la déclare en « fin de vie », elle se réveille et le poursuit en justice

    10 octobre 2022

    Cinq ans après les faits, le Conseil d’État vient de rejeter une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par la famille de Linage[1]. Elle poursuit le médecin chef du service de réanimation de l’hôpital de la Roche-sur-Yon pour « faute déontologique » suite à la façon dont il a traité Amélie de Linage, mère de cinq enfants.

    « Son projet de vie, c’est de mourir »

    En 2014, Amélie de Linage fait un arrêt cardiaque après s’être étouffée avec un aliment. Elle est placée sous respiration artificielle. Son médecin juge que son cerveau est « détruit ». « Son projet de vie, c’est de mourir », estime-t-il (cf. Jean-Claude Seknagi : aujourd’hui sorti du coma, il aurait pu être “débranché”).

    Cinq jours plus tard, Amélie n’est plus alimentée du tout, et hydratée « au minimum ». Malgré les supplications de son mari, l’hôpital supprime également sa ventilation artificielle une semaine plus tard. Mais Amélie respire seule. Ce qui ne remet pas en cause le diagnostic des médecins qui jugent toujours la quadragénaire en « fin de vie ». Finalement, après être restée 15 jours sans être alimentée, Amélie parvient à dire : « j’ai faim ».

    Une « mauvaise application de la loi Leonetti »

    La mère de famille a retrouvé son domicile en décembre 2015. Elle souffre de « lésions » mais parle et peut marcher avec une aide. Son mari Cédric est parvenue à obtenir son dossier médical au bout de trois ans. Me Jean Paillot, avocat du couple, dénonce une « mauvaise application de la loi Leonetti ». « On a oublié toutes les garanties, pointe-t-il, on n’a pas demandé son avis à la famille, ni obtenu l’avis d’un médecin tiers, ni écrit la décision d’arrêt des soins. »

    Malgré la réponse du Conseil d’Etat, la procédure judiciaire doit poursuivre son cours. « Il nous semble important de tirer quelques leçons déontologiques et médicales des erreurs commises, pour qu’Amélie ne soit pas une victime inutile », explique Cédric de Linage.

    [1] Conseil d’État – 4ème chambre jugeant seule 28 septembre 2022 / n° 465394

    Source : Le Figaro, Stéphane Kovacs (07/10/2022)

  • CEDH : feu vert à l’euthanasie

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    De Grégor Puppinck en tribune sur le site de Valeurs Actuelles :

    La CEDH donne son feu vert à l’euthanasie

    Grégor Puppinck, docteur en droit, directeur du Centre européen pour le droit et la Justice (ECLJ), revient sur les conséquences d'un jugement de la Cour européenne des Droits de l'Homme dans une affaire d'euthanasie. L’ECLJ est intervenu dans cette affaire et y est cité de nombreuses fois.

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  • Affaire Mortier : que dit la Cour européenne des droits de l'homme de la loi belge sur l’euthanasie ?

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    De L. Vanbellingen sur le site de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Analyse - Affaire Mortier : que dit la Cour européenne des droits de l'homme de la loi belge sur l’euthanasie ?

    04/10/2022

    Dans un arrêt rendu ce mardi, la Cour européenne des droits de l’homme considère que la Belgique a violé le droit à la vie d’une patiente euthanasiée pour cause de dépression en 2012.

    Cette affaire Mortier c. Belgique – du nom du requérant, fils de la personne euthanasiée – constituait la première affaire dans laquelle la Cour européenne des droits de l’homme était amenée à apprécier la compatibilité d’une euthanasie déjà pratiquée avec la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH). Tom Mortier invoquait la violation du droit à la vie de sa mère, protégé par l’article 2 de la Convention, et du droit au respect de sa vie privée et familiale, protégé par l’article 8 de la Convention.

    Tout en considérant que les conditions prévues par la loi belge sur l’euthanasie ne sont pas contraires à la Convention, la Cour estime néanmoins que, s’agissant de l’euthanasie de la mère du requérant, le contrôle a posteriori était inopérant. De ce fait, les juges concluent à l’unanimité à la violation du droit à la vie par la Belgique, dans la mesure où les autorités n’ont pas pris les mesures positives qui s’imposaient pour protéger ce droit.

    La CEDH ne confère pas de droit à l’euthanasie, mais permet celle-ci sous conditions

    La Cour rappelle sa jurisprudence antérieure, en vertu de laquelle il n’existe pas de droit à mourir avec l’assistance d’un tiers ou de l’État (§ 119, voy. les arrêts Pretty c. Royaume-Uni et Lings. c. Danemark) au sens de la Convention. Réciproquement, aux yeux des juges majoritaires, le droit à la vie tel que consacré par la Convention n’interdit pas en soi la pratique de l’euthanasie (§ 138).

    Le juge Serghides, dans son opinion partiellement dissidente, se démarque de cette interprétation évolutive et considère que « si les rédacteurs de la Convention avaient voulu faire figurer l’euthanasie dans la liste des exceptions au droit à la vie, ils l’auraient incluse » dans la Convention, ce qui n’est pas le cas.

    En l’espèce, la Cour considère que la pratique de l’euthanasie telle que dépénalisée par la Belgique peut être considérée comme compatible avec la Convention, sous réserve du respect de trois conditions, à vérifier dans chaque cas (§ 141) :

     « l’existence dans le droit et la pratique internes d’un cadre législatif relatif aux actes préalables à l’euthanasie conforme aux exigences de l’article 2 de la Convention »

     « le respect du cadre législatif établi dans le cas d’espèce »

     « l’existence d’un contrôle a posteriori offrant toutes les garanties requises par l’article 2 de la Convention »

    Le cadre législatif belge est jugé conforme à la CEDH, y compris pour l’euthanasie en cas de dépression

    En premier lieu, selon les juges majoritaires, les conditions mentionnées dans la loi belge s’avèrent compatibles avec le droit à la vie. La Cour tient également compte des exigences supplémentaires prévues lorsqu’un patient demande l’euthanasie pour cause de souffrance psychique et non physique, alors que sa mort n’est pas attendue à brève échéance (§ 148-153). La Cour cite notamment le délai d’un mois requis entre la demande formelle d’euthanasie et l’acte d’euthanasie, ainsi que l’exigence relative à la consultation d’un médecin supplémentaire, indépendant tant à l’égard du patient qu’à l’égard du médecin traitant, et qui doit être compétent quant à la pathologie concernée (§ 151).

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  • Euthanasie : La Cour européenne des droits de l'homme condamne la Belgique

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    Du site de l'Institut Européen de Bioéthique :

    URGENT - Euthanasie : La Cour européenne des droits de l'homme condamne la Belgique

    04/10/2022

    Dans l'affaire Mortier c. Belgique (voir ICI), la Cour européenne des droits de l'homme (CourEDH) déclare à l'unanimité que la Belgique a violé l'article 2 de la Convention européenne des droits de l'homme, relatif au droit à la vie, du fait de l'absence de contrôle a posteriori effectif de la légalité de l'euthanasie pratiquée sur la mère du requérant.

    Texte intégral de l'arrêt

    A lire : http://www.koztoujours.fr/tweets-euthanasie-la-belgique-condamnee-par-la-cedh

    Euthanasie pour « dépression incurable » : la CEDH ne soulève qu’un problème de procédure

    Et, sur le Figaro (Paul Sugy) :

    Euthanasie en Belgique : la CEDH dénonce une commission de contrôle défaillante

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  • L’euthanasie en Belgique, ou le véritable contre-modèle à proscrire

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    D'Henri de Soos sur gènéthique.org :

    4 octobre 2022

    Henri de Soos, juriste de formation et auteur de L’Impasse de l’euthanasie, réagit au déplacement d’Olivier Véran en Belgique.

    Le ministre du renouveau démocratique, Olivier Véran, est chargé de suivre (de contrôler ?) le bon déroulement de la convention citoyenne sur la fin de vie. A ce titre, il s’est rendu fin septembre en Belgique pour s’informer sur l’organisation des euthanasies dans ce pays. Il a choisi de rencontrer exclusivement, semble-t-il, de fervents partisans de ce dispositif. Selon le compte-rendu publié par La Croix, citant des soignants enthousiastes, « une euthanasie est un moment de grande tendresse, extraordinairement humain et fraternel », et « la loi belge est magnifique ».

    La Belgique est-elle vraiment « le modèle » qu’il va falloir imiter, si l’on en croit les préférences du président de la République ? (cf. Présidentielles : Emmanuel Macron favorable à l’euthanasie)

    Il faudrait au contraire ouvrir les yeux sur la face cachée du système, sur les ombres et les dérives que les partisans de l’euthanasies masquent soigneusement. Donnons seulement deux exemples, parmi tous ceux que j’ai déjà eu l’occasion de citer dans un récent article sur Gènéthique.

    N’est-il pas inquiétant que le nombre officiel d’euthanasies augmente sans arrêt depuis 2002, sans aucune interruption (sauf l’année 2020 à cause du confinement) ? Ces actes ont été multipliés par dix en vingt ans, atteignant 3% des décès. Les statistiques suivent la même pente que celle des Pays-Bas, 1er pays à avoir légalisé l’euthanasie : dans ce pays, le taux atteint déjà 4,5%, et le seuil de 5% sera forcément atteint dans un proche avenir. A titre de comparaison, 5% en France correspondrait à 30 000 euthanasies à réaliser chaque année ! On est loin des « cas exceptionnels » de « souffrances insupportables » dont on nous parle pour justifier de changer la loi française…

    N’est-il pas choquant que les catégories de personnes susceptibles d’être euthanasiées soient de plus en plus nombreuses ? Il y a en fait deux cas de figure :

    • Soit la loi est interprétée de façon plus laxiste par les médecins et la commission de contrôle. Sont aujourd’hui euthanasiées sans difficulté des personnes avec maladie grave et incurable mais qui ne sont pas en fin de vie, et des personnes dépressives, atteintes d’Alzheimer, ou même de « polypathologies » (expression choisie pour évoquer un cumul de problèmes de santé plus ou moins importants, mais assez fréquents au-delà de 80 ans : baisse de vue ou d’audition, rhumatismes, incontinence, fatigue « intense », etc.) ;
    • Soit la loi elle-même est changée, comme en 2014 pour l’étendre aux mineurs sans condition d’âge. Parmi les premiers cas (rares heureusement), il y a eu deux enfants de 9 et 11 ans. La Belgique est le seul pays au monde à avoir légalisé cela !

    Se réjouissant semble-t-il de ces évolutions, Olivier Véran aurait tiré cette conclusion à la fin de sa visite, à propos de l’état d’esprit de la société belge : « Avec vingt ans de recul, il y a des questions qu’ils ne se posent plus. L’acceptation de la société et des soignants est très forte ».

    Là est bien le fond du problème. Les pays qui ont ouvert la boîte de Pandore de l’euthanasie sont dans l’incapacité de la maitriser. Loin des intentions initiales affichées – permettre l’euthanasie pour des cas exceptionnels de souffrances insupportables et inapaisables en fin de vie – ces législations modifient peu à peu en profondeur les valeurs culturelles et les pratiques sociales.

    Selon l’adage bien connu, « puisque c’est légal, c’est moral ». Cela prend 20 ans, 30 ans, 50 ans, mais la conscience éthique des citoyens s’émousse et tolère, accepte, voire désire ces évolutions. L’interdit de tuer ne constitue plus un pilier fondamental de la vie en société, il n’y a plus cette digue protectrice, en particulier pour les personnes les plus fragiles. Sous la pression de proches, de soignants, de la société, elles seront de plus en plus nombreuses à se sentir obligées de se poser la question inimaginable à la fin du siècle dernier : « ne vaudrait-il pas mieux que je sois euthanasié ? »

    Comment Olivier Véran peut-il en conclure que le système belge est « hyper cadré » ? Aura-t-il le courage, et Emmanuel Macron avec lui, de regarder en face la réalité, sans se contenter des belles paroles rassurantes qu’on lui a transmises ?

  • Ce 27 septembre à Bruxelles : présentation du Manuel de Bioéthique

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  • « L’euthanasie de papa a réveillé une belle colère en moi. »

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    De Pierre Jova sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    « L’euthanasie de mon père a réveillé une belle colère en moi »

    [Témoignage] Claire Dierckx, Belge de 29 ans, demeure bouleversée par la mort de son père en 2020, atteint de la même maladie neurodégénérative qu’elle.

    22/09/2022

    Lorsque Claire Dierckx sort dans la rue avec son déambulateur, Bruxelles est illuminée par sa joie. La jeune femme de 29 ans partage son quotidien avec les résidents de son habitat solidaire, et avec une maladie qui lui fait perdre progressivement l’équilibre, la parole, la vue. Ce qui ne l’empêche ni d’être juriste pour une agence immobilière, ni de s’engager dans la réinsertion des sans-abri.

    Un enthousiasme contagieux, qui a été forgé au creuset de la désolation. Elle n’a que 10 ans quand son père sent ses muscles le trahir. C’est génétique, aucun espoir de guérison. Le quotidien de cette famille catholique de cinq enfants en est profondément perturbé.

    « C’était lourd pour maman, et pour nous tous. Le plus dur n’était pas que papa soit malade, mais qu’il soit désespéré. » À 17 ans, Claire et sa sœur jumelle ressentent à leur tour les premiers symptômes dans leur corps. « J’ai été plusieurs années dans le déni. Je me disais : “Tout peut disparaître : mon père, ma santé, ma relation amoureuse, mes amis…” Rien ne paraissait stable. »

    « Il avait besoin d’être accompagné »

    Après ses études, Claire ressort transformée d’une retraite spirituelle. « Un prêtre m’a dit : “Il n’y a pas de réponse à la souffrance, mais il peut y avoir beaucoup d’amour”. Depuis, je suis convaincue que le mystère de la vie est de se donner aux autres. » Cet élan l’a conduite pour deux ans de mission humanitaire à Cuba, parmi les handicapés et les enfants des bidonvilles, puis à Bruxelles, auprès des gens de la rue.

    À l’automne 2020, son père, en chaise roulante, annonce à ses enfants réunis dans le salon familial qu’il a demandé l’euthanasie. Ce mot, qui, pour Claire, évoquait vaguement ses cours de droit, la percute de plein fouet. « Papa avait besoin d’être accompagné et écouté, assure-t-elle. Une psychologue a fait deux ou trois “visios” avec lui avant qu’il soit “piqué”. On parle d’une vie humaine ou d’un animal ? Que l’on soit chrétien ou pas, c’est le respect de quelqu’un ! Le grand argument est qu’il faut abréger les souffrances. Mais lui, c’est le désespoir qui le guidait. » Elle tente de le convaincre de rejoindre une institution spécialisée, en vain. Les autres enfants acceptent la décision paternelle.

    « J’ai pensé : “Seigneur, pardonne-leur…” »

    Un mois après, Claire voit arriver Corinne Van Oost, venue seconder le médecin traitant pour l’acte. « Elle se comparait à Marie au pied de la Croix, et justifiait l’euthanasie avec la Bible. J’ai pensé : “Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.” »

    Le jour venu, la fille serre son père une dernière fois dans ses bras, avant de le laisser dans sa chambre avec les deux médecins, la psychologue et un prêtre. C’est Corinne Van Oost qui injecte le produit létal. « Je me suis dit : tout le monde est aveugle, et moi aussi. C’était général. »

    Un terrible signal de renoncement

    Deux ans plus tard, Claire se bat contre le terrible signal de renoncement envoyé. « Il y a une part de moi qui le comprend d’avoir jeté l’éponge, confie-t-elle. Je vois bien que cela va aller de pire en pire. Souvent, je me demande : “Pourquoi continuer ?” Alors, je me rappelle l’audace d’espérer ! Ce n’est pas parce que je perds mes capacités qu’il n’y a pas encore à vivre, à donner et à recevoir. La maladie me rend encore plus dépendante des autres, mais Jésus dit bien qu’il sera difficile pour les riches d’entrer au royaume des Cieux… »

    Elle se bat aussi contre la tentation du ressentiment. « L’euthanasie de papa a réveillé une belle colère en moi. Elle est moins destructrice aujourd’hui, et plus féconde. » D’un air malicieux, Claire nous annonce avoir donné un nom à son déambulateur : « Victor, pour Victoire ! »

  • La Belgique : le pays où l'on planifie sa mort

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    De Pierre Jova sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Euthanasie : Belgique, le pays où l’on planifie sa mort

    Vingt ans après sa dépénalisation, l’euthanasie est entrée dans les mœurs du royaume. Ses conditions sans cesse étendues, malgré des critiques persistantes, ont bouleversé la société dans son rapport à la fin de vie. Enquête

    21/09/2022

    Un matin de septembre 2017, Amélie, 76 ans, habitant près de Liège, dans l’est de la Belgique, reçoit un faire-part dans sa boîte aux lettres. Pas d’annonce d’une naissance ou d’un mariage, mais de l’euthanasie de son beau-frère et de sa belle-sœur, le même jour à Knokke-le-Zoute, au bord de la mer du Nord. « Nous avons pris la décision de partir ensemble », lit-elle sur la carte, en français et en néerlandais. « Quinze jours avant, nous étions chez eux, sans qu’ils nous disent rien !, s’émeut-elle. Mon beau-frère avait des problèmes de dos. Ma belle-sœur avait aussi une mauvaise santé. Ils avaient nonante (90, ndlr) et nonante-deux ans. »

    En y repensant, Amélie oscille entre colère et fatalisme. « Se tuer soi-même, c’est un crime ! Mon mari en a beaucoup souffert… Mais il y a tellement de gens qui le font que ça devient normal. »

    Depuis 20 ans, la Belgique a dépénalisé l’euthanasie : un exemple grandeur nature offert aux législateurs français, tentés de dupliquer le « modèle belge » vanté par Emmanuel Macron lors de sa réélection de 2022. A contrario, les opposants à l’euthanasie y voient un pays en proie à des dérives incontrôlables.

    A lire aussi : Euthanasie : le « modèle belge » s’exportera-t-il en France ?

    Qu’en est-il vraiment ? À la source de la loi belge, il y a la souffrance d’innombrables foyers, réelle, indéniable. « Voir souffrir ceux qu’on aime est la plaie la plus douloureuse qui soit », nous explique la veuve d’un Liégeois atteint d’un cancer et récemment euthanasié.

    Lutte culturelle traditionnelle et clivage linguistique

    Il y a aussi ces médecins comme François Damas, ancien chef du service des soins intensifs de l’hôpital la Citadelle, dominant la ville de Liège. « Quand on a commencé à débattre de la fin de vie, j’ai réagi comme tous les docteurs : de quoi se mêlent-ils ? Et puis, il y a eu un événement dans le service. »

    En 2000, il a pris la défense de collègues accusés d’avoir pratiqué une euthanasie, alors illégale. « Je me suis rendu compte qu'il y avait une insécurité juridique majeure nécessitant de réviser la loi », raconte François Damas, aujourd'hui membre de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), fer de lance de la dépénalisation de l’euthanasie.

    Et il y a cette lutte, aussi vieille que la Belgique, entre catholiques et libéraux. Unis pour s’affranchir de la domination des Pays-Bas en 1830, les deux camps ont chacun leur « pilier » culturel : l’Université catholique de Louvain (UCL), le quotidien La Libre Belgique, la démocratie-chrétienne pour les uns ; l’Université libre de Bruxelles (ULB), fondée par la franc-maçonnerie, Le Soir, le socialisme ou la droite libérale pour les autres. Un clivage complexifié par la querelle linguistique entre Flamands et Wallons, scindant les universités et les partis à la fin des années 1960.

    A lire aussi : L’euthanasie divise les électeurs chrétiens

    Mais en 1999, les élections portent au pouvoir une coalition « arc-en-ciel », entre écologistes libéraux et socialistes, sans les chrétiens-démocrates. « Nous avons bénéficié d’une fenêtre pour voter l’euthanasie, mais aussi le mariage et l’adoption pour couples de même sexe et la PMA », énumère Jacqueline Herremans, avocate bruxelloise et présidente de l’ADMD, qui a participé en coulisses à la rédaction de la loi.

    Porté au Sénat notamment par Philippe Mahoux, élu socialiste de Namur, le texte est débattu deux ans avant d’être voté à la Chambre des représentants le 16 mai 2002, faisant de la Belgique le second pays d’Europe à autoriser l’euthanasie, après les Pays-Bas en 2001. « Nous n’avions pas de comparatif, et nous étions hantés par le doute : est-ce qu’on a raison ? », se souvient la présidente de l’ADMD. Le premier malade euthanasié est Mario Verstraete, souffrant de sclérose en plaques, le 29 septembre 2002.

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  • Les médecins catholiques encouragés à "s’enraciner dans une spiritualité solide"

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    D'I.Media via Aleteia :

    Le cardinal Parolin encourage les médecins catholiques à "s’enraciner dans une spiritualité solide"

    Par Hugues Lefèvre : Le cardinal Pietro Parolin est intervenu samedi dernier devant des médecins de la Fédération internationale des associations de médecins catholiques (FIAMC) rassemblés à Rome pour un congrès sur le thème "Médecine : Restauratrice ou transformatrice ? La mission du médecin chrétien". Il a souhaité que la prière soit au cœur de leur vie de médecin.

    "Votre vie professionnelle doit s’enraciner dans une spiritualité solide, comme base de votre identité et de votre engagement responsable", a insisté le secrétaire d’État du Saint-Siège devant quelque 300 médecins ou étudiants en médecine membres de la FIAMC, une fédération qui rassemble 120.000 médecins dans le monde à travers 80 associations.

    Attention à la "culture de l’insensibilité"

    Le cardinal italien a souligné que, "sans une rencontre quotidienne dans la prière avec le "divin Médecin" […], votre foi risque de rester un point de référence quelque peu extrinsèque, avec toutes les conséquences morales et spirituelles que cela comporte".

    Dans ce monde où prime la "culture de l’insensibilité", il a fait appel à la mémoire des saints Côme et Damien, "des médecins qui soignaient gratuitement les gens". Avec d’autres, ils ont montré "que la médecine, lorsqu’elle est étroitement liée à une solide spiritualité fondée sur la rencontre directe avec Dieu, sera toujours une voie privilégiée d’évangélisation et de sainteté renouvelée pour l’Église, et donc un chemin de transformation pour l’Église et pour toute l’humanité".

    Le cardinal Parolin a aussi plaidé pour que les médecins puissent redevenir "des interlocuteurs responsables" alors que le monde médical actuel conditionne parfois les acteurs de santé pour atteindre des objectifs "partiellement ou totalement étrangers à la culture sanitaire et parfois en conflit avec la déontologie professionnelle elle-même".

    Des pistes ouvertes pour aider les médecins catholiques

    Le congrès de la FIAMC, qui a lieu tous les quatre ans, s’est déroulé à Rome du 15 au 17 septembre. Cette fédération, présidée par le chirurgien belge Bernard Ars, est rattachée à la fois au dicastère pour le Service du développement humain intégral ainsi qu’au dicastère pour les Laïcs, la famille et la vie

    Dans des propos conclusifs, le docteur en Sciences et en Philosophie à l’Université de Namur Dominique Lambert, a relevé que ce congrès avait souligné la "nécessité de rassembler les médecins jeunes et moins jeunes […] pour soutenir leur vie spirituelle" dans un monde hautement sécularisé. Selon lui, il est aussi important de proposer "une formation continue spécifiquement dédiée aux médecins catholiques, en articulation avec la formation technique".

    Cette formation se déclinerait en quatre volets. D’abord une formation "philosophique" permettant de "fonder une éthique des pratiques médicales", a-t-il avancé, évoquant les défis que représentent "les pratiques d’euthanasie ou les projets transhumanistes". La deuxième formation serait théologique, afin de retrouver "les richesses de l’anthropologie biblique" ou de "la théologie du corps" de Jean Paul II.

    Le troisième volet s’attacherait à penser "l’agir technique et la foi, la technoscience et la foi". Enfin, une dernière dimension possible de la formation pourrait, selon Dominique Lambert, être celle d’une formation juridique et politique.

  • France : les évêques plaident pour «une aide active à vivre» plutôt que pour une «aide active à mourir»

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    Du site du Figaro.fr :

    Fin de vie : les évêques catholiques pour «une aide active à vivre»

    Cette tribune, publiée sur le site du journal Le Monde vendredi 16 septembre, est signée par le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France (sorte d'exécutif), qui compte dans ses rangs notamment Eric de Moulins-Beaufort, président, Jean-Marc Aveline, cardinal et archevêque de Marseille ou encore Laurent Ulrich, archevêque de Paris. Il intervient peu après l'avis rendu par le Comité consultatif national d'éthique (CCNE), qui accepte, pour la première fois, la possibilité d'une aide «active» à mourir.

    «Besoin de relation et de proximité»

     
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    «À l'écoute de malades, de soignants, de familles, d'acteurs des soins palliatifs, nous percevons que le besoin essentiel du plus grand nombre est d'être considérés, respectés, aidés, accompagnés, non abandonnés. Leur souffrance doit être soulagée, mais leurs appels expriment aussi leur besoin de relation et de proximité. L'attente la plus profonde de tous n'est-elle pas l'aide active à vivre, plutôt que l'aide active à mourir ?», interrogent-ils.

    Selon les évêques, «depuis plusieurs décennies, un équilibre s'est progressivement trouvé dans notre pays pour éviter l'acharnement thérapeutique et promouvoir les soins palliatifs. Cette voie française a pu faire école et dit quelque chose du patrimoine éthique de notre pays», plaident-ils.

    Question «délicate»

    Mais, regrettent-ils, les soins palliatifs «sont encore absents d'un quart des départements français». «Durant la crise liée au Covid-19, notre société a fait de lourds sacrifices pour sauver la vie, en particulier des personnes les plus fragiles (...)», font-ils valoir. «Comment comprendre que, quelques mois seulement après cette grande mobilisation nationale, soit donnée l'impression que la société ne verrait pas d'autre issue à l'épreuve de la fragilité ou de la fin de vie que l'aide active à mourir, qu'un suicide assisté ?», interrogent-ils.

    «La question de la fin de vie est si sensible et si délicate qu'elle ne peut pas se traiter sous la pression», plaident-ils, alors qu'un débat national va s'engager. Il est pour eux «nécessaire d'écouter sérieusement et sereinement les soignants, les associations de malades, les accompagnants, les philosophes, les différentes traditions religieuses pour garantir les conditions d'un authentique discernement démocratique.»

  • L'euthanasie en Belgique : de l'”acte exceptionnel” à la “banalisation”

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Euthanasie en Belgique : de l'”acte exceptionnel” à la “banalisation”

    16 septembre 2022
     

    Alors que l’euthanasie devait être « un acte exceptionnel », le professeur Benoît Beuselinck, oncologue belge, note qu’en 2019, le nombre de cas a atteint 2700 en Belgique pour une population de 11 millions d’habitants, soit un décès sur 40. Mais en réalité tous les actes ne sont pas déclarés, affirme le médecin. Ainsi, un décès sur 25 fait suite à une euthanasie. Il ajoute que « dans 16% des cas, l’euthanasie n’est pas faite en situation terminale ».

    Un acte banalisé

    Vingt ans après la dépénalisation, l’euthanasie figure sur le dépliant sur la fin de vie donné par l’hôpital. Et aussi sur « le formulaire que vous remplissez à l’entrée dans un Ehpad, précise-t-il. C’est mis sous votre nez sans le demander ».

    Une « banalisation » de l’euthanasie qui n’est pas toujours bien vécue par les soignants, témoigne le professeur. Certains ont l’impression de faire « le travail des pompes funèbres ».

    Les soins palliatifs en péril

    Le professeur Beuselinck s’inquiète sur l’avenir des soins palliatifs. Il craint « que les unités de soins palliatifs se transforment en “maisons d’euthanasie” ».  Il constate que « certains patients redoutent les soins palliatifs par peur de l’euthanasie ». « Les gens commencent à penser qu’il faudra un jour choisir entre souffrir horriblement et demander l’euthanasie », regrette-t-il.

    « J’ai l’impression que nous remplaçons petit à petit le soin et l’accompagnement par la mort, et la solidarité par l’autonomie », déplore l’oncologue. Il invite les Français à « préserver l’authenticité des soins palliatifs ».

    Source : Le Quotidien du médecin, Charlène Catalifaud (16/09/2022)