Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Spiritualité - Page 148

  • « On ira tous au paradis » ? (21ème dimanche du TO)

    IMPRIMER

    Un homme vient demander à Jésus : Est-ce qu’il n’y aura que peu de gens qui seront sauvés ? Il y a 4 siècles, un courant spirituel appelé jansénisme avait répondu : oui, il y en aura peu. Sur les crucifix jansénistes, le Christ avait les bras très serrés sur le dessus de la tête, car il ne servait à rien qu’il ait les bras grand ouverts pour accueillir le peu de ceux qui seraient sauvés de la grande masse des réprouvés. De nos jours, à l’inverse, nous avons été endormis par une théologie à la Michel Polnareff, « on ira tous au paradis », une vision qui semble très positive, mais qui en réalité fait du paradis un enfer. Car de deux choses l’une. Ou bien le paradis consiste à vivre comme nous l’entendons, et alors vivre ainsi toute une éternité tournera au calvaire. Quand on peut vivre comme on veut pendant une semaine ou quinze jours, ça va, mais après commence l’ennui et le désir de fuir cette situation. Ce n’est pas pour rien que les jeunes retraités traversent une crise, alors qu’ils ont tant désiré ce moment où ils ne seraient plus contraints de rien. Quand je parle aux gens de l’éternité, beaucoup me disent craindre que ça risque d’être long. Ils ont raison : un paradis éternel où on vit comme on veut, ça sera un enfer. L’autre possibilité est que le paradis soit comme le dit la foi chrétienne : une vie d’amour, une contemplation de Dieu, l’auteur de tout bien et de toute beauté, lui qui est infiniment désirable, lui dont on ne se rassasiera jamais de goûter le visage, lui à qui l’éternité convient si bien car si on venait nous dire : « bientôt c’est fini », nous mourrions une deuxième fois d’être privés d’un si grand bien. Ce paradis a le bon contenu, mais si on est tous forcés d’y entrer, si on y va tous d’office, alors nous nous trouvons en présence d’un Dieu qui obligerait à l’aimer. Et ça, à nouveau, c’est l’enfer, car un amour obligé n’est plus de l’amour. Donc, c’est impossible de dire qu’on ira tous au paradis, et d’ailleurs on ne trouve cela nulle part dans l’Écriture.

    L’homme qui vient interroger Jésus demande : Combien ? Jésus lui répond d’une façon qui ressemble à « et toi ? » Le voilà renvoyé à son propre cœur, celui qui voulait faire un reportage général, mine de ne pas y toucher. Jésus dit à tous : « efforcez-vous », ou, mieux traduit : luttez, agonidzesthe ! Luttez, pour ne pas vous entendre dire un jour : éloignez-vous de moi, vous tous qui commettez l’injustice, c’est-à-dire vous tous qui méprisez Dieu et les hommes, qui mettez vos décisions et votre façon de vivre au-dessus de mes commandements.

    Contre qui ? Non pas contre d’autres, des gens qui nous en voudraient, comme je l’entends souvent de gens qui ont perdu la paix parce qu’ils se sont mis à chercher auprès de divers esprits ou voyants une consolation qu’ils ne trouveront qu’en se penchant sur leur propre comportement.

    Lutter contre nous-mêmes, nos tendances égoïstes, notre façon de dire toujours « moi moi moi », nos découragements, nos apitoiements sur nous-mêmes, notre désir de vivre comme tout le monde et de ne se tourner vers Dieu que quand on en a besoin. Lutter pour ne pas laisser son cœur s’endurcir, pour ne pas se fermer au pardon. Lutter pour entrer par la porte étroite !

    N’allez pas dire : « bah, le Seigneur est bon, il nous accueillera de toute façon, inutile de nous en préoccuper ». Jamais le Seigneur n’a parlé comme cela de la bonté du Père. Car c’est une attitude terrible que de compter sur la bonté de quelqu’un qu’on néglige, qu’on méprise. Quelle relation pourrait-il y avoir entre nous et lui ? Comment pourrons-nous le regarder face à face, celui qui nous a tant aimé et à qui nous avons dit : on verra bien ! Quelle relation d’amour pouvons-nous espérer si nous sommes entrés dans une telle attitude ? Heureusement, la miséricorde de Dieu est insondable ; tout n’est peut-être pas perdu pour les négligents… Prions pour nous-mêmes, que jamais nous ne nous asseyons au bord du chemin en disant : « c’est trop dur ». Que le Seigneur veuille bien nous relever ! Et prions pour tous ceux qui disent : on verra bien, si Dieu est bon ça passera comme ça… et qui sont en train de passer à côté de l’amour et de vivre dans une indifférence tragique dont on ne voit pas comment ils en sortiront.

  • "Seigneur n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ?"; homélie pour le 21ème dimanche du temps ordinaire

    IMPRIMER

    Homélie du 21ème dimanche ordinaire année C

    (archive du 25 août 2013)

    Prédication du frère Alain Quilici op du couvent de Toulouse (source)

    Pensez-vous que la question qui est aujourd'hui posée à Jésus : Seigneur n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? soit bien judicieuse ? Quel intérêt y a-t-il à poser de telles questions et que voulez-vous que Jésus réponde ?

    S'il répond qu'il y aura énormément de gens sauvés, voire tout le monde, ne va-t-on pas en conclure qu'il n'y a pas de raison de s'en faire. Dieu est si bon qu'il sauvera tout le monde ! S'il répond qu'il n'y aura que peu de gens sauvés, cela risque de décourager le pauvre monde et d'amener les gens à se dire que c'est si difficile que ce n'est même pas la peine d'essayer.

    Aussi Jésus ne répond-il pas à cette question, trop générale, trop théorique, sans utilité. Il choisit plutôt de mettre son interlocuteur face à lui-même. Quand il lui dit : Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, il renvoie le questionneur à la seule question qui devrait vraiment l'intéresser et le toucher et qui est la question de son propre salut éternel.

    Jésus lui dit clairement et assez brutalement : méfie-toi, ce n'est pas gagné !

    Pour être sauvé, c'est-à-dire pour être admis à participer à la vie éternelle dans le royaume en communion avec Dieu, il ne suffit pas de faire partie du groupe, en l'occurrence ici du peuple élu. Il ne suffit pas de se satisfaire d'avoir mangé et bu en présence du Seigneur, comme qui dirait d'avoir participé à des repas paroissiaux ; ni d'avoir fait partie des foules qui l'ont entendu parler.

    Le salut dont parle Jésus n'est pas une affaire collective et impersonnelle ; c'est une affaire éminemment personnelle. Et tel est le sens de la porte étroite. Ce n'est pas tant une porte où tout le monde se précipiterait comme dans un entonnoir, ce qui serait démoralisant. Ce n'est pas non plus comme un portique d'aéroport où ne passeraient que ceux qui n'ont aucun bagage, ce qui serait moralisant.

    La porte est étroite en ce sens qu'on y passe un à un. Chacun compte pour un. Le salut que propose Jésus est une affaire personnelle entre lui et chacun de nous. C'est à chacun que Jésus adresse la parole, c'est à chacun qu'il tend la main, c'est de chacun qu'il attend une réponse.

    Il n'y a pas de raison de douter que chacun de ceux qui auront répondu à son appel, chacun de ceux qui l'auront suivi, même imparfaitement comme des pécheurs que nous sommes, comme de pauvres gens qui font ce qu'ils peuvent, il n'y a pas de raison de douter que celui-là ne soit bien accueilli comme fut bien accueilli le fils prodigue de la parabole.

    L'essentiel est de se rappeler qu'on ne se donne pas à soi-même le salut éternel. Beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas , dit Jésus. Le salut on le reçoit de Dieu. C'est un don. Et ce don n'est pas réservé à une élite. Au contraire : Allez et de toutes les nations faites des disciples. Tous ceux qui croiront et seront baptisés seront sauvés. Ou comme disait la première lecture : je viens rassembler les hommes de toute nation et de toute langue.

    D'où l'importance de la mission, l'importance de l'évangélisation qui est toujours nouvelle. Chacun doit pouvoir entendre le message. Chacun doit pouvoir y répondre. Il est adressé largement à tout le monde, et à chacun personnellement.

    Voyez quel bonheur est le nôtre d'avoir entendu l'appel de Jésus et d'y avoir répondu, le bonheur d'avoir été baptisés et d'avoir avec Jésus une relation personnelle. Nous ne devons cesser de rendre grâce à Dieu de nous avoir rendus sensibles à son appel.

    Mais voyez aussi quelle responsabilité est la nôtre. Malheur à moi, si je n'évangélise pas, disait saint Paul. Nous ne devons pas être en paix tant qu'il reste ne serait-ce qu'une personne qui n'a pas entendu le message de l'évangile qui n'ait pas eu la possibilité d'y répondre.

    Alors peu importe de savoir s'il y aura peu ou beaucoup de gens sauvés. Ce n'est pas le nombre qui compte. C'est chacun qui compte aux yeux de Dieu.

    Chacun doit donner sa réponse. Le créneau est étroit. Il faut saisir l'occasion. Que le Seigneur achève en nous ce qu'il a commencé.

    Amen

  • Zaïrois ? Ou Sarum ? La liturgie congolaise oubliée

    IMPRIMER

    Un article de Claudio Salvi (3 août 2022) lu sur le site du liturgical art journal:

    « L'utilisation zaïroise a fait l'actualité ces derniers temps , mais malgré un intérêt pour le Congo catholique , je crains d'en savoir trop peu pour commenter intelligemment. Peu d'utilité vient de la polémicité – de part et d'autre – qui s'acharne à promouvoir ou à critiquer diverses tentatives d'inculturation sans passer beaucoup de temps à étudier la culture en question. La culture est, après tout, au cœur du problème - et les cultures diffèrent. 

    Pour cette raison même, même quelqu'un de bien placé pour discuter de l'inculturation des Indiens d'Amérique du Nord le long du Saint-Laurent devrait garder une distance respectueuse lorsque les Indiens en question vivent le long de l'Amazone . Cependant, nous pouvons néanmoins souligner un universel important qui a malheureusement été absent de la plupart des discussions au cours des 50 dernières années. L'inculturation, nous dit-on, doit respecter la tradition locale . Et c'est vrai. Mais trop souvent, il ne s'agit que de tradition païenne ou laïque, et c'est là que s'insinue l'erreur fatale. Ce que l'inculturation doit en réalité respecter par-dessus tout, c'est la propre tradition catholique d'une culture .  

    Il faut remonter dans l'histoire, aussi loin que possible, jusqu'à la première rencontre entre la foi et la culture. Et puis nous retraçons comment la foi et la culture se sont entrelacées à travers les siècles, créant une Église locale qui était la fusion naturelle de ce processus. Et cela s'applique aussi bien aux Européens et aux Européens-Américains qu'aux Indiens d'Amérique ou aux Congolais.

    C'est une erreur de jugement titanesque de supposer qu'aucune fusion culturelle digne de mention ne s'est produite avant Vatican II. Et c'est manifestement le cas dans la région desservie par l'usage zaïrois.

    Le royaume de Kongo, fondé en 1390, a été visité pour la première fois par des missionnaires portugais sous le règne du roi João I en 1491. Sous son fils, le pieux Afonso I, le catholicisme est devenu la religion d'État, après quoi Kongo a été dûment reconnu comme un royaume catholique. par le Pape et les couronnes d'Europe. Une bulle pontificale du pape Urbain VIII autorisa même les missionnaires capucins à couronner les rois du Kongo selon le rite catholique du couronnement.

    Quiconque transplante sans discernement le modernisme européen blasé dans l'esprit des indigènes congolais pourrait être surpris par ce dernier fait. Mais les récits historiques indiquent que les Africains subsahariens ne méprisaient pas la pompe et la cérémonie de la liturgie baroque européenne - au contraire, ils semblaient y avoir été des participants assez enthousiastes.

    Le chroniqueur italien Filippo Pigafetta notait en 1591 que la cathédrale Sainte-Croix de M'Banza Kongo y était rattachée : « environ vingt-huit chanoines, divers aumôniers, un maître de chapelle et des choristes, outre qu'elle était pourvue d'un orgue, de cloches , et tout ce qui est nécessaire au service divin.

    Lire la suite

  • Le rosaire : un symbole extrémiste ?

    IMPRIMER

    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Alerte libérale : le Rosaire est une " arme inappropriée "

    17-08-2022

    Le magazine "The Atlantic" qualifie la traditionnelle prière mariale, chère à saint Jean-Paul II, d'arme aux mains des ultraconservateurs et des extrémistes de droite. Les progressistes ont du mal à comprendre le "combat spirituel" et, trop occupés à se gargariser de "droits", ils ne se rendent pas compte que ce sont les chrétiens eux-mêmes qui sont attaqués.

    Pour les catholiques, y compris les Américains qui représentent 25 % de la population, le Rosaire est, comme le disait saint Jean Bosco, "aussi nécessaire à la bonne vie que le pain quotidien". Contempler, se souvenir, supplier, proclamer et se conformer au Christ avec Marie, comme l'a rappelé saint Jean-Paul II dans sa lettre apostolique Rosarium Virginis Mariae de 2002, dans laquelle il a réitéré l'urgence de prier le Rosaire au début du nouveau millénaire.  Eh bien, au lendemain d'une autre importante commémoration mariale, la solennité de l'Assomption au Ciel lundi dernier, un article paru dans le magazine libéral et démocratique TheAtlantic le 14 août accuse le Saint Rosaire d'être "devenu un symbole extrémiste".

    How the Rosary Became an Extremist Symbol" était l'accusation qui figurait dans le titre de l'article de Daniel Panneton. Le titre original a été atténué ces jours-ci, suite aux vives critiques qu'il a reçues, et la page du magazine se lit désormais comme suit : "Comment la culture extrémiste des armes à feu tente de coopter le rosaire". Un pas en arrière ? Pas du tout. Le titre a changé, le contenu reste le même. Pour l'auteur, de même que le fusil d'assaut AR-15 "est devenu un objet sacré pour les nationalistes chrétiens", de même "le Rosaire a acquis une signification militariste pour les catholiques radicaux-traditionnels".

    Le chapelet est considéré par une "frange extrémiste... comme une arme dans la lutte contre le mal", accusant même le commandant de la Garde suisse pontificale qui l'a appelé "l'arme la plus puissante du marché". Daniel Panneton, s'inspirant des analyses du jeune théologien et historien Massimo Faggioli, dans son récent livre sur Joe Biden et les catholiques, exalte l'abandon des "questions de vie" (principes non négociables) par le nouveau cours du pape François, dénonce un effort concerté pour intégrer "le catholicisme ultra-conservateur avec d'autres aspects de la culture d'extrême droite en ligne et fournir... un chemin vers la radicalisation et les attaques terroristes dans le monde réel". En bref, entre les mains de ce que l'on appelle les "catholiques ultra-conservateurs", comme les initiatives anti-LGBT ou anti-avortement, le Rosaire deviendrait "tout sauf saint".

    Bien entendu, l'auteur s'en prend également à la décision de la Cour suprême qui a annulé l'arrêt Roe v. Wade, affirmant que "le nationalisme chrétien est cimenté par des causes communes telles que l'hostilité envers les défenseurs du droit à l'avortement". Il convient de rappeler que Faggioli lui-même avait sévèrement critiqué l'appartenance catholique d'Amy C. Barret dans Politico, se faisant l'écho des cris de la gauche. L'Atlantic n'oublie que superficiellement que l'aversion pour les célébrations LGBTQ dans l'Église, les positions pro-vie des conçus et l'opposition au transgendérisme visant les enfants, signifient simplement que nous nous comportons comme des catholiques. Eric Sammons, rédacteur en chef de Crisis Magazine, a répondu que "le concept du Rosaire comme arme a une riche histoire dans l'Église catholique ; ce n'est pas une invention moderne... l'idée que nous sommes engagés dans une guerre, et que chacun de nous est appelé à être un soldat dans cette guerre".

    Lire la suite

  • Le chapelet : une école bienfaisante

    IMPRIMER

    De France Catholique :

    Le chapelet : une école bienfaisante

    Fr. Élisée de Notre-Dame du Mont Carmel, ocd.

    13 juillet 2022

    © Mattes / CC by-sa

    Loin d’être un exercice fastidieux et répétitif, réciter des «  Je vous salue Marie  » a une vertu pacifiante insoupçonnée. Les explications d’un religieux carme.

    Après quelques «  Ave Maria  » murmurés au fil des mystères, les fidèles du Rosaire en font parfois l’expérience : un nuage de paix les entoure, une douceur qui vient de plus haut descend sur eux. Que se passe-t-il ? Ils entrent, sans le savoir, dans ce que sainte Thérèse d’Avila appelle la «  contemplation  » : une action plus sensible et profonde de l’Esprit Saint dans leur âme.

    Entrer en amitié avec Jésus

    Il faut le dire, car beaucoup ont pu le vérifier, la prière du chapelet, la méditation des mystères du Christ avec la Vierge Marie, est une véritable «  école d’oraison  », cette prière approfondie pratiquée et recommandée par tous les auteurs spirituels et les maîtres de l’art de la prière. Il n’est donc pas étonnant que des effets semblables s’y fassent sentir ! Comme dans l’oraison, celui qui prie le Rosaire est appelé à mobiliser toute son humanité pour entrer en relation d’amitié avec Jésus. Thérèse d’Avila, en enseignant à ses Sœurs le recueillement, les invite à toujours avoir une image du Seigneur vers laquelle se tourner. Voilà exactement ce que fait celui qui, avec Marie, contemple les mystères du Rosaire à chaque instant de la vie de Jésus : à la crèche, au Thabor, à Gethsémani ou au jardin de la Résurrection.

    Thérèse invite aussi à ne pas négliger la prière vocale pendant le temps d’oraison afin d’éviter les distractions et de recentrer l’attention sur la présence de Jésus toujours présent au fond de l’âme. Telle est la fonction bienfaisante des «  Je vous salue Marie  » entrecoupés de «  Notre Père  » et de «  Gloria  » qui, sans être rabâchés, ressemblent à une petite berceuse qui maintient l’esprit éveillé à la présence de celui qui est toujours là. Thérèse d’Avila insiste aussi sur le fait que le temps consacré à l’oraison est un temps durant lequel nous devons nous «  livrer  », nous donner, remettre entre les mains de Jésus le «  joyau  » de notre volonté.

    Celui qui récite le chapelet avec le cœur fait cela, et d’une manière très concrète : à chaque Ave qu’il égrène, il donne son cœur à Jésus par Marie. Il entre plus profondément dans l’intimité du cœur du Seigneur. Les conseils de Thérèse d’Avila dans le cadre de l’oraison peuvent donc être mis en pratique d’une manière très simple par la récitation du chapelet. Ces multiples regards posés sur le Seigneur, ces paroles d’amour répétées avec confiance, ces petits grains qui, égrenés avec foi, symbolisent le don toujours renouvelé de nous-mêmes, sont autant de «  supports  » humains sur lesquels la foi, l’espérance et la charité s’enracinent pour nous unir plus profondément à Jésus.

    Se laisser faire

    Que se passe-t-il donc lorsque, comme nous le disions, un «  nuage de paix  » semble nous envahir durant la récitation du chapelet. On pourrait dire que notre univers mental se retourne. Nous croyions que nous étions à l’origine de notre prière, nous découvrons alors que c’est le Seigneur qui nous attire. Nous pensions le regarder, nous découvrons que c’est lui qui porte son regard d’amour sur nous.

    Nous pensions lui parler, nous commençons alors à entendre le murmure silencieux de sa voix dans notre cœur. Nous pensions nous donner à lui et nous découvrons qu’en réalité, c’est lui qui répand dans nos cœurs le flot de sa grâce et qui se livre pour nous : à la crèche, à la Croix, dans le mystère de la Pentecôte, etc. C’est alors le moment de se laisser faire, de se laisser conduire par Marie, afin de recevoir en plénitude la grâce que le Seigneur souhaite nous donner.

    Certains pourraient éprouver des scrupules parce que, à ce moment-là, ils ont du mal à «  méditer  » avec précision sur les mystères. Saint Jean de la Croix les inviterait volontiers à ne pas se tracasser de cela. Ils entrent dans une manière de prier où ils doivent quelque peu «  lâcher  » leur ancienne méthode. La récitation du Rosaire devient plus douce, moins «  claire  », plus simple aussi. Ils doivent consentir à se laisser guider par Marie. Sans renoncer à faire mémoire de chaque mystère du Rosaire, ils peuvent les méditer d’une manière beaucoup plus épurée.

    Ceci dit, la frontière entre la prière du Rosaire et l’oraison n’est pas si étanche. Il n’est pas interdit à celui qui fait oraison quotidiennement d’égrener quelques «  Ave  » pour recueillir son attention. Un simple regard porté sur celle qui le regarde toujours avec un sourire maternel pourra l’aider à se recueillir. Par Marie, la grâce de Jésus lui sera donnée avec plus d’abondance.

    La prière du chapelet peut aussi devenir, à la manière de la «  Prière de Jésus  » dans l’Église d’Orient, une manière d’entrer dans une forme de prière continuelle : quelques «  Ave  », toujours présents sur la bouche et dans le cœur, le chapelet égrené sans ordre dans la rue, dans le métro ou avant de dormir, et la parole de Jésus s’accomplira alors en nous : «  Veillez donc et priez en tout temps  » (Lc 21, 36).

    — 

    Un chapelet pour le monde

    Le 25 mars 2021 a été officiellement lancé, depuis le sanctuaire Notre-Dame de Myans en Savoie, le chapelet perpétuel pour le monde. Fruit de la prière de trois amies qui se demandaient comment protéger le monde déboussolé par la pandémie de Covid et les nombreuses attaques contre la vie, il est adapté aux malades, aux jeunes et aux enfants. Traduit en quatre langues et prié dans 45 pays. Pour y participer il suffit de s’engager à réciter le chapelet une fois par semaine. V. J.

    Inscription : chapeletperpetuelpourlemonde.org

  • Assumpta est Maria in caelum

    IMPRIMER

    Fête de la Dormition pour les Eglises orientales,  de l’Assomption pour celle de Rome, depuis le IVe siècle de notre ère, il s’agit de la même foi : la Vierge ne mourut, ni de vieillesse, ni de maladie ; elle fut emportée par la véhémence du pur amour ; et son visage fut si calme, si rayonnant, si heureux, qu'on appela son trépas la dormition.Telle que la définit en 1950 le pape Pie XII, dans une proclamation dogmatique infaillible, cette croyance ne dit pas autre chose: « Par l'autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par Notre propre autorité, Nous prononçons, déclarons, et définissons comme un dogme divinement révélé que l'Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste » (constitution dogmatique Munificentissimus, § 44)

    Dans la liturgie romaine, l’assomption se célèbre le 15 août : fête religieuse d’obligation, elle est aussi civilement chômée dans les pays de tradition catholique. Extraits des liturgies romaine et slavonne d’une même fête :

  • "Marie Noël, entre le monde et Dieu" (une video sur KTO)

    IMPRIMER

    De KTO Télévision :

    Marie Noël se nommait Marie Rouget. À Auxerre, où elle naquit le 16 février 1883 et où elle résida jusqu'à sa mort, à 84 ans, le 23 décembre 1967, on l'appelle toujours joliment « la fille poussée au son des cloches ». En Bourgogne, le souvenir de la vieille demoiselle est à tout jamais présent. C'est que la vie de Marie Rouget n'est pas commune. Bien longtemps, en effet, beaucoup ignorèrent que celle qui allait devenir Marie Noël, la Marie Noël qu'admirèrent Aragon, Colette, François Mauriac, Montherlant et qui obtint le Grand Prix de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre, était l'auteur prolifique de récits, de chansons, de berceuses, de complaintes, de contes, de poèmes et de psaumes qui la délivraient de l'attente, des ténèbres, du doute et de l'effroi de la mort. Une vie de lutte incessante, au fil des mots, contre le mal auquel seul peut répondre l'amour. Tour à tour émerveillée, joyeuse et soumise, Marie Noël fut une catholique ardente et sincère, toute donnée à Dieu, jusque dans l'épreuve. Rebelle, elle dialogua néanmoins jusqu'à sa mort avec le Seigneur, feignant d'ignorer qu'on peut discuter tant que l'on veut avec Dieu, tôt ou tard, c'est Lui qui a le dernier mot. Ce film magnifique nous conte la vie hors du commun d'une fausse bigote à l'allure de redoutable « grenouille de bénitier », dont Montherlant a pu dire qu'elle était le plus grand poète français. Et l'on pense à André Chénier qui écrivit : « L'art ne fait que des vers. Le coeur seul est poète ». Une inoubliable promenade sur des chemins de poésie au pays de la sérénité, dans les pas d'une grande figure du christianisme qui, s'usant le corps et l'âme, se perdit dans la vie des autres.

    UNE COPRODUCTION KTO/CAT PRODUCTION 2018 - Réalisé par Armand Isnard

    Documentaire du 05/01/2019.

  • La mutilation et la disparition du chant grégorien au début de la Renaissance (XVI°s)

    IMPRIMER

    Denis Crouan propose le quinzième volet de son histoire de la liturgie :

    Liturgie 15 : La mutilation et la disparition du chant grégorien au début de la Renaissance (XVI°s) (33 mn) 

    https://youtu.be/9JRhkgDG9-A 

    La décadence du Grégorien s’est produite peu à peu, sous l’influence de causes multiples : invention de la portée musicale, oubli du sens des anciens signes neumatiques, apparition du spectaculaire chant polyphonique qui démode l’austère chant grégorien. Les textes sacrés de la liturgie demeurent, mais ils deviennent de moins en moins un motif de prière au profit des prières personnelles, du goût pour le subjectivisme, l’ostentatoire et l’affectif.  

    La Renaissance et les débuts d’une crise : Les témoignages du début du XVI° s montrent qu’il existe une décadence de la foi et des rites : Papes se comportant comme des princes mondains, plus intéressés par l’art que par leur mission apostolique, pratiques extérieures coupées de leur signification, luxe ostentatoire à Rome, vente des indulgences, simonie des évêques. Mais, dans le peuple, la religion reste très fervente et adoratrice de l’eucharistie.  

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022. 

  • Le bienheureux Franz Jägerstätter décapité sous le régime nazi pour sa fidélité au Christ (9 août)

    IMPRIMER

    D'Evangile au Quotidien :

    Franz (François) Jägerstätter naît le 20 mai 1907, enfant naturel de Rosalia Huber, à Sainte-Radegonde, village de Haute-Autriche, tout proche de la frontière allemande. Il est baptisé dès le lendemain et élevé dans la pauvreté chez sa grand-mère. En 1917, sa mère épouse le fermier Heinrich Jägerstätter et Franz est légitimé; il deviendra héritier de la ferme de son beau-père. À vingt ans, il va gagner sa vie dans une exploitation minière. Le jeune homme se trouve dans un milieu matérialiste et hostile à l'Église, ce qui provoque en lui une crise religieuse. Il cesse un moment d'aller à la Messe, mais reviendra vite à une pratique chrétienne.

    Le 9 avril 1936, il épouse Franziska Schwaninger, une serveuse de restaurant, née en 1913. Les époux se joignent à un groupe de pèlerins et font leur voyage de noces à Rome. Franziska, fervente chrétienne qui communie fréquemment et sanctifie les premiers vendredis du mois, est une jeune femme pleine de charme et d'humour. Franz a trouvé la perle précieuse. Entraîné par l'exemple de Franziska, il commence lui aussi à communier souvent; c'est le tournant de sa vie spirituelle.

    En 1933, Hitler prend le pouvoir en Allemagne et les rapports avec l'Autriche sont aussitôt tendus. L'évêque de Linz, Mgr Gföllner, dans le diocèse duquel se trouve Sainte-Radegonde, constate dès cette année l'incompatibilité entre la doctrine catholique et celle du national-socialisme. Franz s'en tiendra à cette ligne de conduite: pas de compromis avec le néo-paganisme. Le 10 avril 1938, il vote « non » au plébiscite organisé en Autriche par les Nazis après l'Anschluss (annexion forcée de l'Autriche à l'Allemagne). Il est le seul de son village à oser le faire.

    Le 17 juin 1940, Jägerstätter est appelé au service militaire actif à Braunau, lieu de naissance d’Hitler. Il est cependant déclaré indisponible sur l'intervention des autorités de sa commune, ayant trois filles en bas âge dont la dernière vient de naître. Mais en octobre, il est rappelé à Enns chez les chasseurs alpins. Le 8 décembre, il est reçu dans le Tiers-Ordre franciscain dont son épouse est également membre. En avril 1941, Franz parvient, toujours grâce aux autorités de sa commune, à rentrer chez lui; il aura deux ans de relative tranquillité; mais pendant tout ce temps, son épouse et lui vivent dans l'attente redoutée d'un courrier de la Wehrmacht.

    Franz ne refuse nullement, par principe, de porter les armes. Il reçoit l'enseignement de l'Église, formulé aujourd'hui par le Catéchisme de l'Église Catholique. Cependant, dès avril 1941, il est décidé à ne pas obtempérer à un nouvel appel au service dans les armées du troisième Reich. Il est en effet convaincu, après une longue et prudente réflexion, que s'il le fait, il péchera en collaborant directement à une guerre injuste. La décision que prend Franz de se soustraire à un nouvel appel sous les drapeaux lui vaut de nombreuses critiques dans son entourage. Sa mère lui montre les conséquences tragiques qui sont à craindre pour lui et sa famille.

    Franz interroge son évêque, Mgr Joseph Fliesser, qui – selon son propre témoignage – s'efforce de le convaincre d'obéir à l'appel aux armes : la question de savoir si la guerre est juste dépasse la compétence d'un simple citoyen, et Franz se doit d'abord à sa famille. Cette réponse ne satisfait pas Jägerstätter : il soupçonne que l'évêque a dû le prendre pour un provocateur nazi. De plus, en voyant dans son entourage le grand nombre de soldats qui sont morts au front en Russie, Franz remarque qu'il n'est guère moins dangereux d'être réfractaire que de se laisser conduire comme soldat sur le front de l'Est. « Je crois que si Dieu nous demande de mourir pour notre foi, ce n'est pas une chose trop difficile, si l'on pense aux milliers de jeunes gens qui, en ces difficiles années de guerre, ont été contraints à donner leur vie pour le national-socialisme ».

    En février 1943, le ministre Goebbels proclame la « guerre totale ». Les réservistes seront désormais rappelés au service. Jägerstätter reçoit la convocation redoutée. En accusant réception, il remarque: « Je viens de signer mon arrêt de mort ». Si sa mère le supplie de ne pas s'obstiner, son épouse renonce, quant à elle, à le faire changer d'avis. Mis en demeure de se trouver à la caserne d'Enns le 25 février, Franz écrit à l'abbé Karobath, alors exilé : « Je dois vous annoncer que vous allez peut-être perdre un de vos paroissiens... Comme personne ne peut m'obtenir d'être dispensé d'accomplir une chose qui mettrait en danger mon salut éternel, je ne peux rien changer à ma résolution, que vous connaissez ». Le prêtre comprend alors la position de son ami et l'approuve.

    Dans un premier temps, Franz ne se rend pas à la caserne; son idée est de se cacher dans la forêt. Puis, réfléchissant que sa fuite provoquerait des représailles à l'encontre de sa famille, il se présente à Enns le 1er mars. Dès le 2, il annonce à l'officier-recruteur qu'il refuse de porter les armes, en raison de son opposition aux principes du national-socialisme. Le même jour, il écrit à sa femme une lettre pleine d'amour où il lui explique les motifs de sa décision ; elle se termine ainsi: « Puisse Dieu t'accorder tout ce que tu désires, à condition que cela ne compromette pas ton salut éternel... Si Dieu ne permet pas que je vous revoie ici-bas, j'espère que nous serons bientôt tous réunis au Ciel ». Il demande à Franziska de lui envoyer une brochure sur les apparitions de la Vierge Marie à Fatima.
    Le 7 mars, Franziska lui écrit : « Mon très cher époux... que la Volonté de Dieu soit faite, même si elle fait très mal !... Tes trois petites filles te réclament toujours et offrent des sacrifices de carême pour ton retour ».

    Au début de mai, Franz est transféré à la prison militaire de Berlin-Tegel. Il se rend compte qu'il n'est pas le seul à avoir refusé le service armé et que bien d'autres ont accompli des actes héroïques de résistance contre le national-socialisme. Il aide plusieurs d'entre eux à se convertir et à accepter leur mort prochaine. Il apprend avec joie que des S.S. se sont convertis avant de mourir. L'aumônier Heinrich Kreutzberg, qui a déjà assisté deux cents catholiques condamnés à mort, lui témoigne affection et respect.

    Avant le procès, l'avocat de Franz, Feldmann, qui veut tout faire pour sauver son client, a obtenu que le prévenu puisse rencontrer ses juges seul à seul. Ceux-ci l'exhortent à « ne pas les obliger à le condamner à mort », en acceptant de servir dans une unité sanitaire. Mais Franz décline l'offre, car il lui faudrait prêter le serment d'obéissance inconditionnelle, ce qu'il ne veut à aucun prix. L'arrêt du tribunal militaire de Berlin, en date du 6 juillet 1943, constate que ce refus du service armé est un crime punissable selon la loi du Reich, les motifs de conscience allégués n'étant pas recevables et l'accusé n'étant pas jugé malade mentalement. Franz est donc condamné à mort.

    Le 12 juillet, Franziska est autorisée à voir son mari ; l'entretien de vingt minutes a lieu en présence du curé-remplaçant de Sainte-Radegonde, l'abbé Fürthauer. Ce prêtre pusillanime s'efforce en vain de convaincre le condamné de se soumettre pour sauver sa vie. Le 8 août 1943, Franz est transféré à la prison de Brandenburg. On lui annonce qu'il a été condamné à mort et que la sentence sera exécutée le lendemain. Ce même jour, Franz écrit aux siens: « J'aurais tant voulu vous épargner toute cette souffrance que vous avez à supporter à cause de moi. Mais vous savez ce que le Christ a dit : Celui qui aime son père, sa mère, son épouse et ses enfants plus que moi, n'est pas digne de moi (cf. Mt 10, 37) ».
    À 16 heures, le 9 août, Franz Jägerstätter est décapité.

    Franz Jägerstätter a été béatifié le 26 octobre 2007, jour de la fête nationale autrichienne, à Linzen Autriche (la ville de naissance d’Adolf Hitler) par le Card. José Saraiva Martins, Préfet de la Congrégation pour la cause des Saints, qui représentait le pape Benoît XVI.

    Pour un approfondissement biographique :
    >>> Franz Jägerstätter

     

  • Rester en tenue de service et garder nos lampes allumées; homélie pour le 19e dimanche du temps ordinaire

    IMPRIMER

    Homélie pour le 19e dimanche du temps ordinaire – Année C (archive : 11 août 2013), Abbaye Ste-Anne de Kergonan.

    Sagesse 18, 6-9 / Hébreux 11, 1...19 / Luc 12, 32-48

    En ce dimanche, chers frères et sœurs, nous poursuivons la lecture du chapitre douzième de l'évangile selon saint Luc. Jésus y parle de son retour, de notre manière d'attendre son retour, d'attendre notre rencontre définitive avec lui.

    Le tout nouveau prêtre que je suis a retenu de cet évangile quelques thèmes qui s'y croisent et qui peuvent nous éclairer sur ce qu'est le prêtre, nous faire méditer sur des aspects de sa mission.

    Au cœur de notre page d'évangile, il y a les mots de service, de noces, et de veille.

    « Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu'il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. » (Luc 12, 35-37)

    Bien sûr, ce que le Seigneur dit ici concerne chaque chrétien, et chacun peut et doit l'entendre pour lui-même – c'est important de bien avoir conscience de cela ; mais selon les divers états de vie, cela prend des couleurs particulières. Nous sommes les uns pour les autres des révélateurs de tel ou tel aspect du service, de la veille et des noces.

    Le Seigneur nous demande de « rester en tenue de service » et de « garder nos lampes allumées ». Les prêtres sont bien des serviteurs du Seigneur et des serviteurs de leurs frères ; c'est le sens même du mot ministre. La charge qu'ils ont reçu est entièrement dépendante du Christ, lui qui a pris librement pour nous la forme d'esclave. « Le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Marc 10, 45). Il a institué le sacerdoce ministériel en faveur des hommes et de la communauté de l'Église (cf. CEC n°876 et 1551).

    Le serviteur veille. Le rôle du serviteur est aussi bien de veiller - grâce à sa lampe allumée - pour attendre le retour du maître, que d'illuminer par cette même lampe la salle du banquet. De la sorte, la lampe : c'est la veille, le fait de veiller ; et c'est aussi la foi (foi dont nous parlaient les deux premières lectures ; foi en une promesse de Dieu, confiance en sa Parole). Le prêtre veille dans la prière ; il veille / il prie pour demeurer prêt, pour demeurer proche de son Seigneur, et pour ne pas entrer en tentation. Dans sa vie priante, il présente à Dieu les combats et les croix de ses frères en même temps que les siens. Sa vigilance consiste aussi à garder l'intégrité de la foi ; il entretien cette foi pour lui-même, et pour ceux dont il a la charge.

    Sont présentes dans cette parabole, également les noces. Le maître de la parabole est de retour des noces : ces noces peuvent être soit celles auxquelles le maître assiste, soit les noces du maître lui-même avec son épouse. Dans ce dernier cas, le prêtre est ce serviteur qui se met 2 au service de l'union de son maître et de son épouse, du Christ et de l'Église, du Christ et de chaque fidèle. Telle est bien le but ultime et magnifique de son service !

    « Heureux les serviteurs que le maître trouvera en train de veiller », trouvera au service de la foi ; « Amen, je vous le dit : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. » C'est un retournement ! Le Seigneur se mettra au service de ses ministres, il leur offrira un banquet ; bref, il servira lui-même aux noces. Et ces noces seront celles du Seigneur lui-même avec son serviteur vigilant, éveillé ; serviteur réellement servant, serviteur illuminé par la foi et rayonnant la foi. Ce banquet, ces noces seront parfaitement consommées dans le ciel, mais déjà ici-bas elles sont commencées ; le Christ est notre frère, notre époux, son Père est notre Père, et nous pouvons déjà l'appeler notre Père comme l'a chanté la prière d'ouverture de cette messe.

    Dès ici-bas aussi nous avons la grâce immense de pouvoir participer dans la foi à l'anticipation de ces noces, dans l'eucharistie : qui est le sacrifice pour notre réconciliation et le banquet des noces de l'Agneau. Les prêtres en sont les serviteurs.

    Chers frères et sœurs, bénissons Dieu pour ces noces qu'il scelle avec son Église, bénissons-le aussi pour ces serviteurs qu'il nous donne, et prions pour qu'il les garde vigilants dans la foi et inébranlables dans leur service. Amen.

  • Liège (Cornillon), 7 août : fêter sainte Julienne en union avec sainte Claire

    IMPRIMER

    Sanctuaire sainte Julienne de Cornillon, Liège: Fête de sainte Julienne

     

  • Il y a cent ans : la conversion de Gilbert Keith Chesterton

    IMPRIMER

    De Paolo Gulisano sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    La conversion de Chesterton, il y a 100 ans

    03-08-2022

    Le père littéraire du père Brown est devenu catholique au moment où la Grande-Bretagne passait rapidement de la bigoterie protestante à l'athéisme pratique. Son chemin vers Rome a atterri dans l'Église, " le lieu où toutes les vérités se rencontrent ", trouvant le vrai bonheur au prix... de la confession.

    Il y a cent ans, le 30 juillet 1922, Gilbert Keith Chesterton, l'un des romanciers et essayistes les plus célèbres du XXe siècle, devenait catholique. C'est un choix qu'il a mûri pendant une longue période. Dix ans plus tôt, il avait créé l'une des figures de prêtres les plus célèbres de la littérature, le père Brown, inspiré par un ami prêtre irlandais, le père John O'Connor. Beaucoup se sont étonnés - à l'époque comme aujourd'hui - de la parfaite orthodoxie exprimée par le père Brown, alors même que son auteur n'était pas encore catholique. En fait, dans son cœur, GKC a longtemps regardé l'Église catholique avec intérêt et admiration. Son frère Cecil l'avait précédé de quelques années dans sa conversion. Son ami le plus proche, Hilaire Belloc, était un catholique militant et, outre le père O'Connor, Gilbert pouvait se vanter d'avoir d'autres amis religieux, comme le dominicain de Belfast, le père Vincent McNabb, prédicateur à Hyde Park, avec qui il partageait un engagement dans le mouvement distributiste, le père Ronald Knox, converti devenu aumônier à Oxford et auteur de livres de mystère, et Dom Ignatius Rice, moine bénédictin et champion de cricket. Des personnages extraordinairement inhabituels et non conventionnels, mais des témoins fidèles de la vérité catholique. 

    Le père O'Connor fut le plus prompt de ces amis à percevoir les signes de la volonté de Gilbert, dont il connaissait depuis longtemps le désir d'être reçu dans l'Église catholique. Il lui avait confié, alors qu'il luttait avec sa plume pour défendre la foi, que " les hommes ne se lassent pas du christianisme ". Ils n'en ont jamais trouvé assez pour s'en lasser". Des années plus tard, dans son Autobiographie, il expliquait ainsi les raisons de sa décision : " Quand on me demande, à moi ou à quelqu'un d'autre, "Pourquoi avez-vous rejoint l'Église de Rome ?", la première réponse essentielle, même si elle est en partie incomplète, est : "Pour me libérer de mes péchés". Car il n'existe pas d'autre système religieux qui prétende réellement libérer les gens de leurs péchés. Ceci est confirmé par la logique, effrayante pour beaucoup, par laquelle l'Église tire la conclusion que le péché confessé, et correctement pleuré, est en fait aboli, et que le pécheur recommence vraiment, comme s'il n'avait jamais péché. [...] Dieu l'a vraiment fait à son image. Il est maintenant une nouvelle expérience du Créateur. Il est une expérience aussi nouvelle que lorsqu'il n'avait que cinq ans. Il se tient dans la lumière blanche du début digne de la vie d'un homme. L'accumulation du temps ne peut plus faire peur. L'homme peut être gris et goutteux, mais il n'a que cinq minutes. C'est-à-dire l'idée d'accepter les choses avec gratitude, et de ne pas les prendre sans se soucier. Ainsi le sacrement de pénitence donne une vie nouvelle, et réconcilie l'homme avec tout ce qu'il vit : mais il ne le fait pas comme le font les optimistes et les prêcheurs de bonheur païens. Le don a un prix et est conditionné par la confession. J'ai dit que cette religion grossière et primitive de la gratitude ne me sauvait pas de l'ingratitude du péché, qui pour moi est horrible au plus haut degré, peut-être parce qu'il est une ingratitude. Je n'ai trouvé qu'une religion qui a osé descendre avec moi dans les profondeurs de moi-même".

    Lire la suite