Propos recueillis par Philippe Maxence et publié sur le site du bi-mensuel « L’Homme Nouveau » le 17 mars 2016 dans Religion
"À l’occasion de la publication en langue française de La Sainte Eucharistie, sacrement de l’amour divin, du cardinal Raymond L. Burke, L'Homme Nouveau a rencontré celui-ci à Rome pour évoquer avec lui l’urgence de retrouver la pleine conscience de la doctrine sur l’eucharistie, fondement d’une véritable réforme de l’Église plus que jamais indispensable.
Éminence, vous avez considéré comme très important de publier un commentaire approfondi des deux documents sur l’eucharistie des pontificats précédents,Ecclesia de Eucharistia de Jean-Paul II, etSacramentum Caritatis de Benoît XVI. Pensez-vous donc que le plus grand des sacrements soit méconnu par les chrétiens d’aujourd’hui ?
Nous constatons actuellement un réel affaiblissement dans le rapport des chrétiens à la sainte eucharistie. Pour beaucoup, cette situation tient à la faiblesse de la catéchèse qui a été dispensée à ce sujet depuis cinquante ans. Il y a donc maintenant plusieurs générations qui ne comprennent pas bien la grande réalité du Saint Sacrement. Des études montrent que plus 50 % des catholiques ne croient plus dans la Présence réelle de Jésus dans l’eucharistie. Or cet article de notre foi est comme la perle de la foi catholique. Face à cette situation proprement dramatique, le pape Jean-Paul II avait déjà voulu réagir. À la fin de son pontificat, il a tout fait pour restaurer la foi dans l’eucharistie et supprimer les abus liturgiques qui ont créé la confusion et entraîné souvent une perte de la foi.
Faiblesse de la catéchèse depuis cinquante ans, dites-vous. Que faudrait-il entreprendre aujourd’hui comme action pour remédier à cette situation ?
Je verrais une action dans trois directions.
La première catéchèse à entreprendre est la célébration de la sainte liturgie elle-même. Elle doit être restaurée dans sa propre dignité, non seulement en ce qui concerne la célébration du prêtre, mais également pour la participation des fidèles qui doit être digne, en fonction justement du profond mystère qui est célébré. Mais allons plus loin : la disposition du sanctuaire, les vêtements liturgiques utilisés, le linge d’autel, la musique sacrée doivent chacun à sa place, selon son rôle et son symbole, attirer l’attention de tous vers le Créateur, dans cette rencontre entre le Ciel et la terre. Car de quoi s’agit-il à la messe ? Du fait que réellement le Christ Jésus, assis à la droite du Père, descend sur l’autel de l’Église pour réitérer sous un mode sacramentaire son sacrifice du calvaire. Vous comprenez pourquoi l’Histoire nous montre que même les peuples les plus pauvres ont souvent tout fait pour bâtir l’église la plus belle possible ou les plus lumineux des vitraux. Ils souhaitaient que chaque élément de l’église témoigne de la suprême réalité de l’Eucharistie.