Le prochain synode sur la famille, on le sait, suscite des controverses. Le cardinal Kasper avait en quelque sorte ouvert le ban en plaidant notamment en faveur d'une approche pastorale de la question des divorcés-remariés. Cette position susceptible d'ouvrir des brèches dans la position traditionnelle de l'Eglise notamment quant à l'accès à l'Eucharistie a conduit d'autres cardinaux à monter au créneau pour défendre la doctrine de l'Eglise; ils publient un livre réfutant les arguments des "libéraux". Aujourd'hui, le cardinal Kasper réagit à cette publication en répondant aux questions du vaticaniste Andrea Tornielli; la traduction de cette interview figure sur le site "Benoît-et-moi" : http://benoit-et-moi.fr/2014-II/actualites/tornielli-interviewe-kasper.html
BELGICATHO - Page 1603
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Divorcés-remariés : le cardinal Kasper exclut un second mariage mais plaide en faveur "d'un radeau pour se sauver"
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Divorcés-remariés : la position du cardinal Scola, archevêque de Milan
La communion aux remariés, le cardinal Scola dit non lui aussi: "Mais allégeons les procès de nullité" (source : La Stampa - trad. par nos soins)
L'archevêque de Milan: «Le problème n'est pas le péché, mais la condition de vie de ceux qui ont établi un nouveau lien»
Dans le cadre du débat sur le prochain Synode sur la famille convoqué par le Pape François, nous publions en exclusivité un article signé par l'archevêque de Milan, le cardinal Angelo Scola. Dans sa forme intégrale, il paraîtra dans le prochain numéro (16/2014) de la publication bolognaise « Il Regno », publiée tous les quinze jours par le Centre éditorial déhonien de Bologne.
Souvent, l'Eglise est accusée d'insensibilité et de manque de compréhension à l'égard de la réalité des divorcés remariés sans que l’on réfléchisse attentivement à la raison de cette position qu'elle considère fondée sur la révélation divine.
En fait, il ne s’agit pas d’un jugement arbitraire du Magistère de l'Eglise, mais de la prise de conscience de la nature singulière de la différence sexuelle et du lien indissociable entre l'Eucharistie et le mariage.
Dans cette perspective, il faut rappeler deux éléments qu'il est nécessaire de continuer à approfondir. Certes, dans l'Eucharistie, à certaines conditions, il y a un aspect de pardon, mais cependant ce n'est pas un sacrement de guérison. La grâce du mystère eucharistique actualise l'unité de l'Église comme épouse et corps du Christ, ce qui exige de celui qui reçoit la communion sacramentelle la possibilité objective de se laisser incorporer parfaitement à lui.
À la lumière de cette relation intrinsèque, nous devons dire que ce qui empêche l'accès à la réconciliation sacramentelle et à l'Eucharistie n'est pas un seul péché toujours susceptible d’être pardonné quand la personne se repent et demande pardon à Dieu. Ce qui rend impossible l'accès à ces sacrements est en revanche «l'état» (la condition de vie) dans lequel ceux qui ont établi un nouveau lien se retrouvent. Une condition qui demande d’être modifiée pour pouvoir correspondre à ce qui se réalise dans les deux sacrements.
Dans le même temps, il est important de mettre beaucoup mieux en évidence comment le non-accès aux sacrements de la Réconciliation et de l'Eucharistie pour ceux qui ont mis en place un nouveau lien ne doit pas être considéré comme une «punition» par rapport à leur état, mais comme l’indication d'un chemin possible, avec l'aide de la grâce de Dieu et de l’immanence dans la communauté ecclésiale. Pour cette raison, chaque communauté ecclésiale est appelée à mettre en place toutes les formes appropriées pour leur participation effective à la vie de l'Église, tout en respectant leur situation particulière et pour le bien de tous les fidèles.
Sans nier la douleur et la blessure, la non-accession au sacrement de l'Eucharistie invite à un chemin vers la pleine communion qui adviendra au moment et de la façon qui seront déterminés à la lumière de la volonté de Dieu.
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Bulletin de l'I.E.B. (18/9): Euthanasie et psychiatrie : le cas d’un interné belge - Le refus maltais à l'avortement
Sommaire
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Synode sur la famille : remettre la balle au centre
À l'approche du Synode sur la famille, Alex et Maud Lauriot Prevost, délégués épiscopaux à la Nouvelle Évangélisation (Avignon) y voient une chance pour l'Église de relancer l'évangélisation et annoncer au monde la bonne nouvelle du mariage chrétien. Lu sur le site du bi-mensuel l’ »Homme Nouveau » cet appel à renvoyer la balle au centre (extrait) :
(…) , il nous apparaît opportun de souligner ici avec beaucoup d’insistance la nécessité que le Synode – certes, rappelle la vérité révélée, le dogme et les conséquences morales de ce dessein merveilleux – mais surtout qu’il mette en évidence la puissante attractivité missionnaire et le pouvoir libérateur de l’évangile du couple et de la famille, de l’évangile de la sexualité et du corps, développé de manière si lumineuse par saint Jean-Paul II. Bien au-delà de la seule sphère catholique ou chrétienne, cet évangile de l’amour humain rejoint en effet des aspirations existentielles les plus fortes, qui sont universelles, bien au-delà des cercles catholiques ou croyants : chaque homme, chaque femme, chaque couple, est comme « génétiquement » marqué à jamais par ce dessein créateur d’être à l’image et à la ressemblance d’un Dieu d’amour, de joie et de communion. Là est la source et le modèle du couple, de son amour conjugal, de sa joie, de sa fécondité et de sa paix, mais là aussi est sa quête centrale, sa soif inextinguible : « Donne-moi à boire que je n’aie plus soif ! » dit à Jésus la Samaritaine qui a déjà eu cinq hommes dans sa vie et dont le sixième ne semble pas non plus la combler… Méconnaître ou se couper de cette source assèche la vie conjugale ; la (re)trouver et y puiser en vérité dilate cette « génétique » conjugale pourrait-on dire ; elle guérit et elle unifie notre conjugalité si blessée et malade. Évangéliser, c’est avant tout conduire à cette source, témoigner qu’elle est effective et accessible à tous, qu’elle procure d’immenses bénéfices pour le couple, et par conséquent, pour la famille.
Que l'Église parle avec force et assurance
À la suite des apôtres, il nous semble indispensable qu’à l’occasion de ce synode, l’Église réponde avec force et pertinence aux foules contemporaines qui – en matière conjugale, sexuelle, familiale – crient « J’ai soif, donne-moi à boire ! ». Nous prions donc pour que l'Église parle comme saint Paul « sans crainte, avec force et assurance » pour témoigner à tous avec clarté : qu’elle nomme tout autant les écueils et les mirages trompeurs du monde moderne en matière d’amour, de mariage et de sexualité, que le magnifique chemin de bénédiction, de guérison, de libération et de conversion de l’Eros proposé par le Christ. Il conduit ainsi chacun « vers la béatitude à laquelle tend tout notre être » (Benoît XVI), afin que vivent et grandissent – malgré les inévitables aléas et les nombreuses limites de tous les conjoints – des couples durables, des familles durables, une sexualité belle et durable au sein du mariage.
À la mesure de si nombreuses situations conjugales et familiales marquées par tant de blessures et le cercle infernal de leurs répercussions douloureuses (particulièrement auprès des enfants), revenir à une évangélisation nouvelle, première et directe de la sexualité, de l’amour conjugal et familial revêt donc aujourd’hui une urgence pastorale majeure : auprès des adolescents et des jeunes, des couples, des futurs mariés et des couples mariés de tous âges, mais aussi des célibataires, des séparés, des divorcés-remariés, etc. ! « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » dit Jésus aux apôtres ; « il y a un lien évident entre la crise de la foi et la crise du mariage » assurait Benoît XVI à l’ouverture du Synode sur la Nouvelle Évangélisation en 2012 : plus que tout, plus que jamais, le couple a donc besoin d’être sauvé par le Christ lui-même ! Alors la famille sera sauvée, et parents et enfants retrouveront le chemin – si cher au pape François, et à toutes les familles au plus profond de leur cœur – du pardon et de la guérison, de la joie, du bonheur et de la paix.
Revenir à l'essentiel
Nous attentons donc de ce futur synode qu’il mobilise toute l’Église pour "revenir à l’essentiel (…)".
Réf. Synode sur la famille : L'urgence d'une première annonce
Alex et Maud Lauriot Prevost sont délégués épiscopaux à la Nouvelle Évangélisation (Avignon) ; Modérateurs de la Communion Priscille & Aquilas ; Auteurs de Évangéliser le mariage et Jésus sauve ton couple (Salvator) – Web : www.evangilepourlecouple.fr
JPSC
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L'appel de "Médecins du Monde" en faveur du droit universel à l'avortement
Médecins du Monde lance un appel pour le droit à l'avortement
Médecins du Monde lance un appel, signé par quelque 420 médecins et personnels de santé du monde entier demandant "un accès universel à la contraception et à l'avortement sûr et légal".
Lire la suite sur le site de la RTBF
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A propos d'un présumé acharnement thérapeutique sur un grand prématuré
Lues sur Boulevard Voltaire ces réflexions d'une infirmière anesthésiste au sujet d'une situation délicate montée en épingle par les médias :
Qui veut une vie de handicap pour son fils ?
Il n’y a de véritable liberté que dans le choix du bien. Le bien de l’enfant, pas celui des parents prioritairement.
« Qui veut une vie de handicap pour son fils ? » Cette phrase est posée tel un choix incongru. Il faut aujourd’hui « choisir » entre l’enfant avec et l’enfant sans handicap. Allons, levez le doigt ceux qui font le choix d’un enfant avec handicap ! Personne… Qui pourrait, de manière purement raisonnable, faire ce choix ? C’est la question posée par la maman de Titouan dont nous avons entendu les pleurs sur les ondes en début de semaine.
Elle dit sa douleur, sa profonde souffrance de voir son fil s ainsi abîmé. Elle vient demander, implorer même la mort pour son fils parce qu’elle ne se sent pas capable d’accueillir son tout-petit. Titouan a eu le mauvais goût d’arriver trop tôt, et quand un invité arrive à l’avance, eh bien, tout n’est pas prêt pour le recevoir. C’est le corps de Titouan qui n’est pas prêt, tout immature qu’il est. Et certainement sa maman.
Il chamboule toute la mécanique parfaitement huilée de l’accueil du joli poupon potelé qui a la décence d’arriver au jour prévu. Il est arrivé 4 mois en avance et a souffert d’hémorragie cérébrale comme un grand nombre de prématurés. Ces lésions cérébrales peuvent être cause de handicap dans 40 % des cas, qui iront de troubles « dys » légers jusqu’au polyhandicap. Il y aura donc 60 % des enfants qui n’auront aucune séquelle.
Les parents de Titouan demandent l’arrêt de ce qu’ils considèrent comme étant de l’acharnement thérapeutique, une ventilation semble-t-il légère, l’alimentation et l’hydratation. On arrêterait donc l’alimentation de Titouan, pratique qui ne se cache plus vraiment depuis que le Centre d’éthique clinique Cochin a publié une étude sur cette adaptation, pour le moins tortueuse, de la loi Leonetti. Les parents devraient donc choisir entre le handicap et la santé, qui aurait un air de puritanisme sanitaire, entre une vie annoncée comme uniquement constituée de souffrance et la mort. Entre la vie et la mort.
Le choix de la mort serait courageux, paraît-il. Car, dans la mort, Titouan sera débarrassé de son handicap et dans la vie, il ne pourrait pas être une personne, un homme à part entière. La maman dit qu’elle ne veut pas de cette vie pour son enfant, ce qui ne veut pas dire qu’elle ne veut pas de son enfant. Comme on la comprend. Mais peut-être que lui se trouvera heureux de cette vie tant qu’il est sous le regard aimant et protecteur de sa mère, de celle qui est là pour le protéger de tous les dangers – et en premier de la mort – en le nourrissant de lait et d’amour, peu importe ses capacités et incapacités.
Le choix, le véritable choix est la réalisation de la liberté. Il n’y a de véritable liberté que dans le choix du bien. Le bien de l’enfant, pas celui des parents prioritairement. Le bien de l’enfant, pas un moindre mal. Son bien peut-il être dans la mort, lieu de néant, où la possibilité du choix n’existe pas, où la possibilité d’être n’est plus (si nous excluons les croyants) ? Mais surtout lieu où nous ne subirons pas le handicap de Titouan, où nous ne serions pas exposés à ses demandes incessantes pour qu’on s’intéresse à lui, pour qu’on se préoccupe, se soucie de lui. Notre société permet-elle à la maman de Titouan d’accueillir celui-ci ? L’encourage-t-elle dans ce sens ou bien la pousse-t-elle des deux mains dans le dos vers une demande d’euthanasie, vers un eugénisme qui ne veut pas trop dire son nom ? Il est bon de se scandaliser de cette demande, mais également nécessaire de s’interroger sur le regard que nous portons sur Titouan et ses petits camarades, et sur la manière dont nous les admettrons au sein de la communauté humaine.
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21 septembre : le Pape François trouvera en Albanie un catholicisme en pleine renaissance
Le 21 septembre, le pape arrivera dans un pays qui relève la tête après la
dictature et regarde avec bienveillance l’Occident et le catholicisme. Lu sur le site « aleteia » :
Quel contexte le Pape François trouvera-t-il le 21 septembre prochain en Albanie, le « pays des aigles »? Le Corriere della Sera (27 août) en a dressé un tableau peu rassurant. Le gouvernement et les services secrets albanais auraient signalé à Interpol leurs craintes pour la sécurité du pape à Tirana, en raison de la présence d’un groupe important de Kosovars – vétérans de la guerre contre la Serbie — ayant embrassé la cause de l'intégrisme islamique. Allant et venant d'Irak et de Syrie, ils y ont combattu dans les rangs de l'EEI. La présence sur le territoire albanais de nombreux extrémistes liés à l’Etat islamique s’ajoute aux révélations faites ces derniers jours par les sources israéliennes à toutes les agences de renseignement, y compris italiennes, qui considèrent que le Pape, le plus haut représentant du christianisme, est dans le collimateur de l’EI.
Djihadistes et risque réel
"Les jihadistes? L'Albanie est pro-occidentale, tolérante, n’a pas d’extrémismes religieux, mais l’exception peut être la règle", déclare à Aleteia Roberto Morozzo della Rocca, professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Roma Tre et l'un des experts les plus autorisés de l'histoire de Balkans. "Dans le proche Kosovo, confirme l'enseignant, près de 150 jeunes seraient allés combattre aux côtés de l'EI, et 16 d'entre eux auraient été tués. Nous parlons d’un groupuscule que le gouvernement de Pristina surveille, et qui ne peut pas représenter un risque pour la visite du Pape."
Musulmans occidentalisésLes Albanais sont également au Kosovo et en Macédoine où, à la différence de l'Albanie, ils sont presque tous musulmans. "Mais on ne peut pas faire l’équation ‘musulman égale terroriste’. Les musulmans albanais vivent comme les Occidentaux, ils ont les mêmes coutumes. Mais il y a des exceptions partout." D’autre part, "l’Eglise catholique est vue comme un élément d’occidentalisation, même si elle n’est pas ainsi parce qu’elle est universelle." C’est une Eglise qui a connu une renaissance il y a vingt ans, après la chute du régime dictatorial, elle a été reconstruite dans ses structures et a retrouvé un pourcentage de fidèles qui s’élève à 10% de la population."
Coexistence religieuseEn Albanie, les catholiques représentent une minorité. 20% sont chrétiens orthodoxes, le reste est constitué de musulmans sunnites ou de sectes mystiques relevant de l'islamisme. "Pourtant, les relations entre les religions, dit l'historien, ne sont pas conflictuelles, et il s’agit là certainement d’un fait important. Ce qui unit la nation est un sentiment patriotique”.
Les deux messages de FrançoisDans ce contexte, "le voyage du pape est tout d’abord un hommage aux souffrances endurées par les croyants en général pendant la dictature, un hommage au martyre religieux subi par tout ce pays. En second lieu, poursuit le spécialiste de l'histoire des Balkans, c’est un hommage à la coexistence pacifique entre différentes communautés religieuses. L'Albanie offre un bon exemple pour de nombreux pays européens, où les différences religieuses sont marquées d'une manière qui n'est pas aussi sereine."
L'ovation pour Jean-Paul IIIl existe un précédent encourageant et qui éloigne les spectres de violence et de terrorisme. "Je tiens à rappeler que Jean-Paul II, il y a vingt ans, a été accueilli en Albanie par une ovation, même par les musulmans, ce qui démontre que dans ce pays il n’y a aucune hostilité envers le christianisme et l’Occident auquel on a « l’impression d’appartenir, malgré la longue histoire ottomane."
Traduit de l’italien par Elisabeth de LavigneRef. Le Pape François trouvera en Albanie un catholicisme en pleine renaissance
JPSC
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Une demande d'euthanasie qui est un appel à l'aide
Lu sur le site de La Libre, cette opinion de Jean-Paul Van de Walle, avocat au barreau de Bruxelles :
Non-assistance à personne en danger… d’euthanasie!
Auteur de plusieurs délits à caractère sexuel et d’un meurtre, Frank Van Den Bleeken n’a pas été condamné à la prison « comme les autres ». Atteint d’un trouble mental, il a fait l’objet d’un internement : « mesure de sûreté destinée à la fois à protéger la société et à faire en sorte que soient dispensés à l'interné les soins requis par son état en vue de sa réinsertion dans la société » (définition légale).
Vous avez entendu parler de lui récemment. Non en raison des faits qu’il a commis, quoique très graves et aussi injustifiables que douloureux. C’est que Frank a porté devant la Justice une demande bien concrète : « recevoir l’euthanasie ». Or dans sa situation d’interné, lui, Frank, y a-t-il droit ? Peut-il « exiger » l’euthanasie, en invoquant des « souffrances psychiques incurables » ? Désormais, il ne doit plus attendre les réponses à ces questions : Frank a trouvé un médecin disposé à pratiquer l’euthanasie sollicitée ; celle-ci devant avoir lieu prochainement dans un hôpital, où Frank serait transféré « pour 48 heures ».
Il faut -au moins par prudence- s’abstenir de se prononcer sur un cas dont on ne connaît pas toutes les données, et, a fortiori, les situations humaines sous-jacentes : il n’est nullement dans mon intention de m’en prendre aux personnes concernées. Toutefois, face à cette situation qui me semble profondément injuste, je ne peux m’empêcher de proposer quelques éléments de réflexion critiques.
L’une des conditions légales à l’euthanasie envisagée, c’est que la demande soit « réfléchie » et « volontaire ». Dans le cas de Frank, que l’on n’a pas voulu condamner « au pénal » en raison de troubles mentaux, il est permis de se demander comment cette exigence pourrait être rencontrée. Frank n’a pas la lucidité d’esprit lui permettant de comprendre ses méfaits ni de subir la peine, nécessitant un traitement et une attention médicale rapprochée… mais aurait la lucidité « suffisante » pour demander validement l’euthanasie ? Que le lecteur veuille bien m’excuser d’émettre un sérieux doute à cet égard.
Se rend-on compte du précédent ainsi créé ?
L’on me répondra (-facilement-) que tout s’analyse « au cas par cas »… Soit. Mais que fait-on, en cas de doute ? Depuis février de cette année, peut être pratiquée en Belgique l’euthanasie d’un mineur, à condition d’être certain qu’il dispose de la « capacité de discernement » (-non définie-). Huit mois plus tard, c’est l’euthanasie de Frank qui devrait être admise, sans plus. Va-t-on donc recourir à une « certitude » différente lorsqu’il est question de personnes atteintes de troubles mentaux ? Se rend-on compte du précédent ainsi créé ? Et où cela va-t-il donc s’arrêter ?
Dans un reportage diffusé il y a un an par la télévision flamande (Panorama-VRT), Frank s’exprimait à propos du désir de suivre un traitement pour « internés » dans un centre adapté, aux Pays-Bas : « Les conditions pour l’euthanasie, c’est que l’on ait une souffrance physique ‘infinie’ (sic), et qu’aucun traitement n’existe. Si je n’ai pas la possibilité d’aller aux Pays-Bas, alors il n’y a pas de traitement possible en Belgique, et alors, suivant la loi, j’ai droit à l’euthanasie. (sic) Et alors l’on a qu’à m’accorder cette euthanasie. Et je serai en dehors de cette société. Mais il y en aura d’autres après moi (n.b. les larmes lui viennent aux yeux). Les gens doivent se rendre compte que… Faites-y quelque chose. Lorsque vous internez des gens, et ils ont commis un délit sexuel, aidez-les. Aidez-les à vivre avec cela. Mais laisser quelqu’un simplement derrière des portes fermées, avec cela ; on aide personne : ni la personne-même, ni la société, ni la victime ».
Frank n’a finalement pas été admis aux Pays-Bas. Résultat : il demande l’euthanasie. Est-ce cela, une demande d’ « euthanasie » ? Et « volontaire » ? Permettez-moi, une nouvelle fois, d’en douter. Il ne serait en tout cas pas déraisonnable de croire davantage à un appel à l’aide, voire à une carence du système d’internement, qui peine à s’approcher de sa propre définition…
Malgré cela, certains réclameront peut-être une « nouvelle » extension de la loi, afin de permettre à des personnes comme Frank de « mourir dignement ». Loi, qu’ils ont jadis acceptée en assurant que l’euthanasie serait « l’exception ». Triste exception que celle de Frank, dans notre société « où tous ont une place »… même à l’hôpital, uniquement en vue de recevoir l’euthanasie faute de soins adéquats. Est-ce donc d’une extension de l’euthanasie que notre société, et les médecins, ont le plus besoin ?
Frank, lui, j’en suis convaincu, n’a pas besoin de mourir dignement : il a besoin de vivre dignement. Il est peut-être encore temps de lui venir en aide. Lui, et tous les autres.
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Le pape irrité par cinq cardinaux ?
À l’approche du Synode des évêques sur la famille, la parution d’un ouvrage, où figurent plusieurs cardinaux en fonction dans la Curie réfutant la proposition à l’égard des divorcés remariés du théologien Walter Kasper, contrarierait le pape François. C’est du moins ce qu’écrit, sous la signature de son correspondant à Rome, le journal « La Croix », un quotidien français réputé sérieux:
« Avant même sa sortie officielle, « ce livre fait le buzz », selon l’expression d’un prélat au sein de la Curie romaine. Intitulé « Demeurer dans la vérité du Christ », l’ouvrage, qui en France paraît aux éditions Artège le 25 septembre prochain, rassemble des textes de grandes signatures de l’Église, en particulier celles de cinq cardinaux : Walter Brandmüller, président émérite du Comité pontifical pour les sciences historiques et très proche de Benoît XVI, Raymond Burke, actuel préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, Carlo Caffarra, archevêque de Bologne, qui fut proche de Jean-Paul II, Velasio De Paolis, président émérite de la Préfecture des affaires économiques du Saint-Siège, et – non des moindres – Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
« ERREURS D’INTERPRÉTATION SUR LA MISÉRICORDE »
Rassemblés par le père Robert Dodaro, président de l’Institut de patristique Augustinianum à Rome, les textes « entendent réfuter » la proposition formulée par le cardinal allemand, Walter Kasper, à l’ouverture du consistoire de février dernier en vue des deux Synodes à venir sur la famille, à propos de l’accès aux sacrements des divorcés civilement remariés. Comme le résumé l’éditeur français du livre, celui-ci s’attache « à montrer l’impossibilité de concilier » l’idée « d’une version catholique de quelques pratiques de l’Église orthodoxe pour certains divorcés remariés civilement (..) avec la doctrine catholique de l’indissolubilité du mariage ». Cette idée ne pourrait « que conduire à des erreurs d’interprétation sur la fidélité et la miséricorde. »
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Rome : chasse aux tradis ?
Selon Sandro Magister, sur son site « Chiesa », l’impeccable préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique est sur le point d’être réduit au rôle purement honorifique de "patron" d’un ordre de chevalerie. C’est le pape François qui le veut (extraits) :
« La “révolution” du pape François en ce qui concerne le gouvernement ecclésiastique ne perd pas l’élan qui la fait avancer. Et dès lors, comme cela se produit lors de toute révolution qui se respecte, les têtes d’ecclésiastiques considérés comme méritant métaphoriquement la guillotine continuent à tomber.
Au cours de ses premiers mois d’activité en tant qu’évêque de Rome, le pape Bergoglio s’est tout de suite occupé de transférer à des postes de rang moins élevé trois importantes personnalités de la curie : le cardinal Mauro Piacenza, l'archevêque Guido Pozzo et l’évêque Giuseppe Sciacca, qui sont considérés, en raison de leur sensibilité théologique et liturgique, comme comptant parmi les plus “ratzingeriens” de la curie romaine. -
Saint-Patrick : la parade qui divise
L’annonce faite, au début du mois, par les organisateurs de la traditionnelle parade new-yorkaise de la Saint-Patrick que des groupes homosexuels pourront désormais participer à ce grand rendez-vous de la communauté irlando-catholique suscite une polémique au sein de l’Église américaine. Sur le site de « La Vie », Anne Latron commente :
« Bien sûr, l'événement, organisé chaque 17 mars à New York en l'honneur du saint patron de l'Irlande, n'est pas à proprement parler religieux. Mais comme les Irlandais d’origine forment une part importante de la communauté catholique new-yorkaise, cette fête débute toujours par une messe célébrée par l’archevêque de New York. Et pour l'édition 2015, le cardinal Timothy Dolan est même président d'honneur de la parade. C'est pour cette raison que certains catholiques lui demandent, depuis plusieurs jours, de condamner la décision prise par les organisateurs de la parade de la Saint-Patrick et de se retirer.
Le 3 septembre, ces derniers ont publié un communiqué (en anglais) mettant fin à la règle qui, depuis les origines de la parade au XVIIIème siècle, empêchait les groupes homosexuels de défiler. Une règle contre laquelle la communauté homosexuelle s'élevait depuis les années 1990.
Une décision que le cardinal Dolan a soutenue dans un communiqué (en anglais) publié le même jour sur le site de l'archidiocèse, assurant les organisateurs de sa “confiance” et de son “soutien”.“Ni mes prédécesseurs comme archevêque de New York, ni moi-même n’avons jamais déterminé qui pouvait ou non marcher à cette parade, a insisté le cardinal Dolan. Comme je le fais chaque année, je me réjouis de célébrer la messe en l’honneur de saint Patrick, saint patron de l’Irlande, et saint patron de cet archidiocèse, pour commencer la fête, et je prie pour que la parade continue d’être une source d’unité pour nous tous.”
Le cardinal Dolan critiqué
“Ayant d’abord accueilli, quoique avec réticence, la décision des organisateurs, William Donohue,[président de la Ligue catholique, un organisme de défense des catholiques américains, ndlr], a ainsi changé d’avis, regrettant que plus d’un groupe gay puisse être autorisé à marcher dans l’avenir”, analyse (en anglais) Crux, le nouveau site Internet d’information catholique porté par le Boston Globe.
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Quand la Belgique dépasse les bornes
Nous l’avons déjà annoncé : un détenu belge, criminel sexuel en grande fragilité psychique, demande à mourir. La Justice le lui accorde. Il sera donc extrait de sa cellule pour être euthanasié. Voici le commentaire de Philippe Oswald, publié sur le site « aleteia ». Ancien professeur-assistant à la Faculté Libre de Philosophie Comparée (IPC) fondé par Marcel Clément, Philippe Oswald est journaliste depuis 1978. Il a été rédacteur en chef (1985-1990) puis directeur de la Rédaction (1990-2010) de l’hebdomadaire Famille Chrétienne :
« Cela se passe au cœur de l’Europe, au XXI siècle (précision utile, parce qu’on a déjà vu des choses semblables se passer dans un pays voisin, soixante-dix ans plus tôt). Frank Van Den Bleeken, 52 ans, détenu depuis près de 30 ans dans le centre psychiatrique d'une prison située près d'Anvers pour divers crimes sexuels dont le viol et le meurtre d'une étudiante de 19 ans, demande à être tué depuis trois ans, évoquant « une souffrance psychique insupportable » selon la formule de la loi belge sur l’euthanasie (RTL).
Après diverses procédures, la Justice belge vient d’accéder à sa requête. Il sera donc transféré dans un hôpital du pays pendant 48 heures « pour faire ses adieux à sa famille » avant d'être euthanasié par un médecin (20 minutes).
Ainsi un prisonnier qui déclare « être un danger pour la société » peut être exécuté à la faveur de la loi autorisant l’euthanasie en Belgique. Pour être volontaire (mais au fait, un malade psychique a-t-il le discernement requis par la loi elle-même ?), ce n’en est pas moins la peine de mort que la paisible et pacifique Belgique vient de rétablir dans le sillage de la légalisation de l’euthanasie. C’est ce que Mme Jacqueline Herremans, présidente belge de l'Association pour le droit de Mourir dans la Dignité, appelle « la solution de moindre mal» (Le Figaro). « Solution », n’était-ce pas déjà le mot qu’on employait il y a soixante-dix ans dans ce pays voisin de la Belgique pour en finir avec beaucoup de personnes jugées inutiles ou nuisibles ?
La Belgique a ouvert la boîte de Pandore en autorisant l'euthanasie en 2002. On y enregistre actuellement 5 euthanasies par jour. Et l’escalade se poursuit : en février dernier, la Belgique est devenue le premier pays au monde où l’on peut euthanasier des enfants. Mais ce n’est pas encore assez pour les activistes du « droit à mourir » : la Société belge de soins intensifs réclame l'autorisation de l'euthanasie « non demandée » (une démarche logique, puisqu’on l’applique déjà aux enfants). Et il ne s’agit plus de mettre un terme à des souffrances jugées insupportables : « Raccourcir le processus de fin de vie par l'usage de médicaments comme les agents analgésiques/sédatifs peut parfois être approprié même en l'absence d'inconfort » peut-on lire dans un document publié par cette association en mai dernier (Aleteia).En attendant, Frank Van Den Bleeken fait des émules : 15 autres détenus demandent à être euthanasiés ! (Le Vif). Qu'importe s'il n'y a plus de bourreaux : des médecins feront le job...Mais la Justice belge aura-t-elle la largesse de leur accorder...cet élargissement, cette grande évasion ? Et si demain, Mehdi Nemmouche, le tueur du Musée juif de Bruxelles, demandait lui aussi à être exécuté au nom de ses « souffrances psychiques » ? Comme le disait le regretté Pierre Dac : « Quand les bornes sont franchies, il n'y a plus de limites »...
Ref. Euthanasie : la Belgique rétablit la peine de mort…à la demande
JPSC
A lire également : C'est une peine de mort inversée
et aussi : Euthanasie d'un détenu en Belgique, ou victoire de l'indignité
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