La Lettre de Paix liturgique
Lors d’une table ronde, Aurelio Porfiri, compositeur de musique, diffusée en direct sur internet, le Cardinal Zen a affirmé de nouveau que la messe traditionnelle en latin devait être maintenue. Il a spécialement dénoncé le rôle du Secrétaire d’Etat, le cardinal Parolin, dans cette affaire.
En effet, le cardinal Parolin, du fait de ses fonctions de Secrétaire d’Etat, est nécessairement le maître d’œuvre de ces sortes d’opération. En outre, il y apporte un engagement idéologique particulièrement déterminé. Il a donc organisé et supervisé les réunions de Préfets de Congrégations qui ont travaillé sur la confection de ce texte, dans laquelle se sont beaucoup engagés les cardinaux Versaldi et Ouellet.
Mais qui est le cardinal Parolin, 66 ans, dont les ambitions ne sont un mystère pour personne à la Curie ? Nous reproduisons ici un article très documenté donné par notre ami, le regretté Daniel Hamiche, à la Lettre Res Novæ (https://www.resnovae.fr/blog/
L’« hypothèse » Parolin
Lors du prochain conclave, l’« hypothèse » du cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État, pourrait être avancée comme celle d’un « centriste », rassurant les uns sans effrayer les autres. Il serait présenté comme ayant toutes les garanties de sérieux dans l’organisation du gouvernement auquel aspire aujourd’hui le Sacré Collège.
Parolin, un centriste ?
Á moins que le Secrétaire d’État n’ait de centriste que l’apparence. On se souvient que les cardinaux qui s’auto-désignaient sous l’appellation de « Groupe de Saint-Gall » et qui ont porté au pouvoir Jorge Bergoglio, usèrent, en 2013, d’une manœuvre consistant à mettre en avant le nom du cardinal Scherer de São Paulo, pour faire avancer à couvert leur vrai candidat, l’archevêque de Buenos Aires. Derrière le cardinal Tagle serait aujourd’hui le cardinal Parolin.
Originaire de Vénétie, il entré très vite dans les services diplomatiques du Saint-Siège, le cardinal Casaroli étant Secrétaire d’État et Achille Silvestrini, Secrétaire des relations avec les États (ministre des Affaires Étrangères), chef de file, durant des décennies, de la Rome libérale. Grand travailleur, Pietro Parolin a acquis d’emblée, sous la direction de son mentor Silvestrini, une grande connaissance de la Curie au plus haut niveau, en même temps que des chancelleries du monde. Il servit tout de suite dans diverses nonciatures, puis revint à Rome en 1992, le cardinal Sodano étant Secrétaire d’État. Devenu Sous-Secrétaire pour les relations avec les États, sous Jean-Louis Tauran, qui avait succédé à son patron Silvestrini comme Secrétaire des relations avec les États, et qui deviendra cardinal en 2003, Pietro Parolin se signala dans ce poste par son savoir-faire dans des tractations délicates (Mexique, Vietnam), mais n’eut pas l’heur d’y plaire au cardinal Bertone, Secrétaire d’État de Benoît XVI en 2006, qui voulut le remplacer par un de ses fidèles, Ettore Balestero, aujourd’hui nonce au Congo. Bertone expédia Parolin, en 2009, dans la plus difficile des nonciatures, celle du Venezuela (il y fit la connaissance d’Edgar Peña Parra, prélat vénézuélien très discuté, dont il fera malgré tout son premier collaborateur comme Substitut pour les Affaires générales, en 2018).
En outre, à Caracas, l’attitude habile de Pietro Parolin face à Hugo Chavez fut très appréciée par le cardinal Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, Devenu Pape, il se laissa facilement convaincre par les cardinaux Silvestrini et Tauran d’appeler, en août 2013, ce diplomate chevronné et de sensibilité libérale, pour remplacer… le cardinal Bertone. Le Pape a-t-il cru, par ailleurs, que Parolin pouvait l’aider à devenir une sorte de représentant moral de l’Amérique latine face au vieux monde occidental, celui des États-Unis arrogants et de l’Europe décadente ? Si c’est le cas, grande fut la déception. Parolin n’a fait qu’accompagner l’effondrement de ce rêve bergoglien, provoqué par l’arrivée de Trump au pouvoir (à laquelle il ne croyait pas) et aussi en raison des échecs divers du pontificat, par scandales et mauvaises donnes, au Chili, au Brésil, en Colombie, où le politique Pape Bergoglio a montré ses limites.