Belgicatho a reproduit le 20 novembre dernier une carte blanche d’Arthur Ghins parue sur le site de l’Echo, sous l’intitulé « Les cours de citoyenneté, un cache-misère ». Comment en est-on arrivé là ?
Bref rappel
Au commencement était la Constitution de la Belgique stipulant que l’enseignement est libre. Historiquement, les établissements publics d’enseignement ont d’abord eu un rôle de suppléance. Et aujourd’hui encore, plus de la moitié des jeunes du pays sont scolarisés dans le réseau des écoles privées catholiques reconnues et subsidiées par les pouvoirs publics.
Mais ces derniers, sous la poussée des gauches philosophiques, ont aussi développé progressivement leurs propres réseaux scolaires non confessionnels, pour offrir une éducation se réclamant du concept de « neutralité ».
Le Constituant les oblige toutefois à proposer aux élèves des cours de morale laïque ou de la religion de leur choix parmi celles qui sont reconnues par l’Etat. Récemment toutefois, il a été jugé par la Cour constitutionnelle que les élèves pouvaient être dispensés de faire le choix auquel ils étaient invités.
Que faire alors des abstentionnistes durant ces heures de cours ?
En Wallonie et à Bruxelles, la Communauté française de Belgique a échafaudé un « compromis à la belge » en instaurant, pour tous les réseaux publics ou privés reconnus, une éducation à la philosophie et à la citoyenneté modalisée comme suit :
Dans l’enseignement organisé par les pouvoirs publics, cette éducation philosophico-citoyenne fait l’objet, pour tous les élèves, d’un cours obligatoire d’une heure par semaine prélevée sur les deux heures attribuées à l’enseignement de la religion ou de la morale et d’une deuxième heure obligatoire pour les élèves ne souhaitant pas suivre le cours de religion ou de morale.
Cerise sur le gâteau du compromis : les professeurs de religion ou de morale des réseaux publics d’enseignement dépossédés d’une heure de cours seront prioritairement recyclés pour prendre en charge les cours philosophico-citoyens. Deuxième bémol : dans l’enseignement confessionnel reconnu, qui regroupe tout de même la majorité de la population scolaire, la nouvelle matière ne doit pas faire l’objet d’un cours spécifique : elle sera « dispersée » à travers les différents cours, y compris les cours de religion existants.
Pourquoi le cours de religion est-il important dans les écoles secondaires ?
Répondant à la question d’un jeune posée dans le cadre d’une conférence- débat organisée à l’Ulg le 17 janvier dernier par l’Union des étudiants catholiques de Liège sur « le christianisme médiéval, creuset de l’Europe », Monseigneur Jean-Pierre Delville , évêque de Liège, déclarait ceci :
« Oui, c'est sûr qu’une dimension comme la citoyenneté, le fait d’être membre d’une société, d’être un citoyen, d’avoir une éthique citoyenne, c'est quelque chose qui est fondamental au christianisme. Aujourd'hui, on vit cela de manière laïcisée. On a été un peu les victimes, en Belgique, d'une poussée laïcisante, demandant de supprimer une heure du cours de religion pour mettre une heure de citoyenneté à la place, il faut bien faire avec, alors que la citoyenneté est déjà éminemment présente dans les cours de religion eux-mêmes.
Mais ce qui est important, pour nous comme chrétiens et en tout cas pour moi comme évêque, comme pour mes collègues, c'est qu’il y ait au moins une heure de religion sauvegardée parce que la Constitution le demande. Qu'une des deux heures soit devenue un cours de citoyenneté, c’était constitutionnel, on n'a pas le droit de s'y opposer. Par contre si on supprimait l'heure de religion, cela deviendrait anticonstitutionnel. Cela demanderait une mobilisation générale contre une telle mesure.