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  • Homélie pour la fête de l'Assomption

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    L'assomption, homélie du Père Simon Noël

    Dans l'orient antique, circulaient de pieuses légendes, des récits apocryphes sur le départ de cette terre vers le ciel de la Mère de Dieu, et elles sont reprises dans la deuxième homélie sur la dormition de saint Jean Damascène. Ces traditions inspirent les textes de l'office byzantin de ce jour ainsi que la grande fresque de cette fête, que j'ai sous les yeux dans la nef de cette église. Vous aurez tout loisir d'admirer cette fresque après la liturgie.

    Marie, dans les dernières années de sa vie, était revenue à Jérusalem et elle passait son temps dans la prière et la contemplation en visitant les lieux où son divin Fils avait opéré notre salut : le cénacle, le chemin de la croix, le calvaire et le saint sépulcre. Elle aspirait de plus en plus à rejoindre son fils dans le ciel et elle sentit sa fin approcher.

    Les apôtres, dispersés au quatre coins du monde, désiraient revoir une dernière fois la douce mère de leur Seigneur et ils revinrent tous à Jérusalem. Dans le haut de la fresque nous voyons quatre nuages, chacun portant trois apôtres. Cela représente les apôtres revenant près de la Mère de Dieu des quatre coins du monde. Dans le bas de la fresque, nous voyons la Sainte Vierge couchée sur un lit et autour de celui-ci, les douze apôtres en pleurs. Marie fait ses dernières recommandations aux choisis de son Fils, c'est le dernier entretien de Notre-Dame avec les disciples de Jésus. Elle leur demanda de déposer son corps dans un tombeau à Gethsémani. Ce tombeau existe toujours et est un grand lieu de pèlerinage pour les orthodoxes. Puis avant d'expirer, la Vierge pria ainsi : « Et toi, mon Fils, reçois mon esprit ». A ce moment, les apôtres eurent une vision magnifique, celle de Jésus dans toute sa gloire, qui tenait dans ses bras sa propre mère, sous la forme d'une toute petite fille. Cette apparition est représentée au centre de la fresque juste au-dessus du lit de la Vierge. Jésus descendait du ciel, pour venir chercher sa mère et la prendre avec lui dans sa gloire de ressuscité.

    Et tout en haut de la fresque, plus haut que les quatre nuages dont je viens de parler, on voit deux anges ouvrir toutes grandes les portes du ciel, prêt à accueillir la Mère de Dieu. Les anciens récits se poursuivent ainsi. On enterra Marie à Gethsémani, mais l'apôtre Thomas, encore lui comme à Pâques, n'était pas là, car il était arrivé trop tard. Trois jours plus tard il rejoint les autres et demanda la faveur de faire ouvrir le sépulcre de la Vierge, afin de pouvoir lui aussi revoir le visage bien-aimé une dernière fois. On ouvrit donc le tombeau et miracle, il était vide ! Le corps immaculé était lui aussi monté au ciel. Il n'était pas possible que le corps de celle qui était la Mère de Dieu, toute sainte et sans aucun péché, connût la corruption du tombeau. Marie est déjà ressuscitée et est au ciel avec son âme et son corps. Comme nous le chantons dans le tropaire, elle est passée de la vie à la vie et ainsi la Vierge de l'assomption est le gage de la gloire future de toute l'humanité.

    Il y a dans cette fresque, un symbolisme particulièrement fort. Si nous regardons l'icône de la Mère de Dieu, comme celle qui est sur l'iconostase, que voyons-nous ? Une femme qui porte un petit garçon. Ici, il y a un renversement : c'est un homme qui porte une petite fille. Le symbolisme de ce renversement est simple à comprendre. En ce monde, Marie est celle qui a donné la vie au Fils de Dieu fait homme. Mais dans l'éternité, c'est le Fils, ressuscité et glorifié, le Fils de Dieu dans toute sa gloire, qui donne la vie éternelle à sa propre mère.

    Cette fête de l'assomption est pour nous une invitation à accueillir dans notre vie de tous les jours la Sainte Vierge, Mère de Dieu et notre Mère, notre avocate toute-puissante sur le cœur de son Fils et la médiatrice de toutes les grâces. La prière à Marie est indispensable pour un chrétien. Prions-là beaucoup, de toute notre âme et avec la confiance d'un enfant. Prenons en main le chapelet et saluons-là inlassablement et avec beaucoup d'amour. En la mettant ainsi au cœur de notre vie de prière, nous verrons très vite que nous ne serons pas déçus dans cette dévotion, car elle nous apportera grâce sur grâce. Et surtout au moment de la mort, Marie sera là pour nous assister et faire en sorte que Jésus, comme il le fit pour elle, vienne nous chercher pour nous emmener dans son saint paradis.

  • Monseigneur Léonard, de Jambes à Savines-le-Lac

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    Un article de Christian Laporte paru sur le site de la Libre le 17 juillet dernier :

    Mgr Léonard, à contre-courant jusqu’à la fin des temps

    Une biographie illustrée est publiée à l’occasion de ses 80 ans.

    Virus ou pas, André Léonard - André comme prof’ à l’UCL, puis André-Mutien, évêque de Namur et, enfin, André-Joseph comme archevêque de Malines-Bruxelles n’entendait pas "buzzer" pour souffler ses 80 bougies le 6 mai dernier. Depuis sa retraite à Savines-le Lac près de Gap, il voulut se rappeler modestement à notre (bon) souvenir.

    Sa retraite - www.joeldevillet.be

    C’est réussi ! Dans la foulée de son "Journal d’un évêque de campagne" paru l’an dernier chez Luc Pire qui permit de saisir ses raisons de croire et d’agir, le prélat pensionné réconverti en heureux chapelain auxiliaire au sanctuaire de Notre-Dame du Laus et vicaire dominical a rejoué le jeu. Mieux : il a porté sur les fonts baptismaux, une nouvelle collection, la bien nommée « Traces » initiée par Jacques Toussaint, le fondateur de l’Art Institute, un cabinet d’expertises indépendant en matière d’art et de patrimoine européens – du Moyen Âge à l’époque contemporaine – installé dans la capitale wallonne ! Ce dernier avait comme beaucoup, un regard préconçu sur le prélat présenté comme très rigoriste mais aussi prêt à rejoindre les Indignés face aux trop nombreuses inégalités contemporaines. Il a donc voulu aller plus loin avec l’archevêque retraité.

    Celui qui ne laissa personne indifférent

    Pas question de faire un remake du livre de l’an dernier mais plutôt de le compléter par une iconographie inédite souvent aux antipodes des clichés officiels. Le facétieux évêque s’est prêté au jeu puisqu’on le découvre tout au long de ses 80 printemps sous des angles bien surprenants. Pourquoi, bon Dieu, le voit-on à deux ans avec une clé en mains ? Était déjà celle de Saint-Pierre ? La suite vaut le détour car à chaque moment-phare de sa vie correspondent d’étonnantes photos.

    Mais aussi des commentaires toujours to the point sur sa vision de l’épiscopat marquée par une volonté récurrente d’aller vers ses ouailles. Au point de faire trois fois le tour de tous les doyennés de Namur-Luxembourg avant de s’attaquer à ceux de l’archidiocèse, en français et in ‘t Nederlands

    Sans se ménager, ajouterons-nous pour avoir croisé sa route notamment à Hal et à Céroux tout en ayant aussi l’occasion un jour de rejoindre sa "cène" quotidienne avec à la manœuvre la fameuse Sœur Monique, super-gouvernante jusqu’à unir un bon plat à un Bordeaux qui ne le fut pas moins…

    Au passage, André Léonard n’oublie pas ses proches, sa famille avec une maman dont les enfants ont tous embrassé le sacerdoce (!) tout comme son équipe d’assistance matérielle et spirituelle. Il veillat aussi à ne pas revenir sur certaines tensions qui firent la joie des médias, trop heureux d’accabler cet évêque trop classique...

    Avec quand même une petite piqûre de rappel : s’il fut successivement évêque de Namur et archevêque, Mgr Léonard rappelle que ce fut un double choix papal, de Jean-Paul II puis de Benoît XVI "car les originaux sont rarement plébiscités par l’Establishment comme le prétendent les crapuleux de ma strotje" - une référence à une réplique-culte ( !) de Mme Chapeau dans "Bossemans et Coppenolle"…

    Mgr Léonard nous invite également dans son nouvel environnement, loin de la Belgique, ce qui lui permet de ne pas – plus – devoir juger les faits et gestes de l’Eglise locale. Tout en rendant toujours d’éminents services à son institution.

    Enfin, André Léonard nous révèle sa facette d’amoureux du beau et parle de ses armoiries et de ses attributs épiscopaux réalisés par des artistes de chez nous. Sans négliger l’environnement ecclésial qui l’accompagna de sa formation louvaniste à son installation dans le Midi. Bref, par l’image et le texte, on découvre encore un peu mieux un évêque qui ne laisse pas indifférent ce dont témoignent les préfaces de Francis Delpérée et d’Hervé Hasquin et les postfaces du chanoine Eric de Beukelaer et d’Evelyne Barry, vierge consacrée namuroise…

    Monseigneur Léonard de Jambes à Savines-le-Lac. Art Institute. 29 € (+ 8 € de frais de port et d’emballage pour la Belgique). Commande à adresser à Art Research Institute : jacques.toussaint@artinstitute.be (Rens. : 0495/50 43 62).

  • La présence chrétienne au Liban : un trésor à sauvegarder

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    De Romain Mazenod sur le site du Pèlerin :

    « La présence chrétienne au Liban, un trésor à préserver »

    Après la double explosion survenue le 4 août 2020 dans le port de Beyrouth, le directeur Liban de l’Œuvre d’Orient, Vincent Gelot, souligne l’impact de la catastrophe sur les communautés chrétiennes du pays.

    13 août 2020

    Quelles sont les conséquences du drame pour les communautés chrétiennes que vous soutenez ?

    Nous déplorons d’abord des pertes humaines. Plus d’une centaine de morts, des milliers de blessés, plus de 300 000 personnes déplacées… Le bilan est terrible. Une religieuse des Filles de la Charité a été tuée. Plusieurs infirmières sont mortes dans les hôpitaux. L’éparchie* de Beyrouth, qui se situe à 1 km du lieu de l’explosion, n’a pas été épargnée. Un employé y est mort, un gardien a perdu un œil. Quant à l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Abdel Sater, il a été légèrement blessé. Plusieurs édifices chrétiens sont touchés, comme le couvent franciscain du quartier de Gemmayzé. Mais la plupart de ces bâtiments sont debout. Il s’agira davantage de réhabilitation que de reconstruction.

    Quelles priorités vous fixez-vous ?

    L’urgence est que les hôpitaux et les centres de santé fonctionnent à nouveau. Trois grands hôpitaux appartenant à des Églises ou des congrégations ont été en partie détruits. Il nous faut aider à remettre en route les services d’urgence. Il y a ensuite les écoles chrétiennes francophones. Elles sont presque 400 dans le pays. Il faut qu’elles puissent rouvrir pour qu’ait lieu la rentrée scolaire, même si la date de reprise des cours est incertaine en raison de la Covid-19. Enfin, nous devrons réhabiliter des maisons pour les si nombreuses personnes dont le logement n’est plus habitable. Aujourd’hui, un grand nombre d’entre elles ont trouvé refuge chez des amis, dans la famille ou ont regagné leur village natal où elles possèdent souvent une autre résidence.

    Pourquoi les chrétiens sont-ils si précieux pour la société libanaise ?

    Il ne faudrait pas qu’ils émigrent en nombre, ce qui mettrait en danger l’équilibre confessionnel avec les chiites et les sunnites. Leur présence est capitale. À travers leurs institutions – écoles, hôpitaux, centres de santé –, ils sont une force vive de ce pays. C’est aussi un enjeu pour la France car, dans leurs écoles, les élèves suivent des cours en français sur la citoyenneté, la laïcité, le vivre-ensemble… Et ce sont les seuls établissements confessionnels au Liban qui accueillent des élèves de toutes confessions, de tous milieux sociaux, de toutes provenances géographiques. Cette présence au Liban est un trésor qu’il faut plus que jamais préserver.

    * Archevêché maronite

    Venons en aide au Liban !

    Un immense élan de solidarité s’est levé pour aider un pays sous le choc. Mais la récolte de fonds des bailleurs internationaux ne suffira pas pour reconstruire Beyrouth. Chacun peut, selon ses moyens, venir en aide au pays du Cèdre en faisant un don à une association.

    Fondée à Paris il y a plus de 160 ans, l’Œuvre d’Orient a fait ses preuves dans le soutien aux communautés chrétiennes de la région. Mais au Liban son rôle s’avère plus large. Par exemple, en venant en aide à des centaines d’écoles chrétiennes francophones, c’est à tout le pays que l’association rend service. En effet, ces établissements accueillent des élèves de toutes confessions et de tous milieux sociaux. En donnant à l’Œuvre d’Orient c’est donc la cohésion de la société libanaise dans son ensemble que l’on contribue à renforcer. Car ce pays, comme l’a encore rappelé le pape François récemment, est le « fruit de la rencontre de différentes cultures, qui a émergé au fil du temps comme un modèle du vivre ensemble. Bien sûr, cette coexistence est maintenant très fragile, mais je prie pour […] qu’elle puisse renaître libre et forte ».

    L’appel aux dons lancé par l’Œuvre d’Orient concerne aussi l’aide d’urgence pour les hôpitaux et les dispensaires, considérée comme « la priorité numéro un », ainsi que la réhabilitation des églises et des couvents. Il est aussi possible de soutenir une communauté ou un établissement en particulier. Dans ce cas, il suffit de le mentionner dans votre courrier ou votre courriel, afin que le don soit fléché.

    Une aide cruciale

    Par ailleurs, le quotidien libanais francophone L’Orient-Le Jour a lancé une grande campagne de récolte de fonds intitulée « Ensemble, reconstruisons Beyrouth ». Une initiative prise en partenariat avec la plate-forme Impact Lebanon (Impact Liban), qui répartira les sommes perçues entre des ONG triées sur le volet. Par souci de transparence, cette plate-forme exigera de chacune d’elles qu’elle précise le détail des dépenses, le nombre de bénéficiaires et leurs origines géographiques. Quatre ONG ont pour l’instant été identifiées : La Croix-Rouge libanaise ; Arcenciel ; Offre Joie, qui conduit des projets sociaux avec Asmae, l’association de sœur Emmanuelle ; enfin, Beit el-Baraka, très active dans l’un des quartiers les plus touchés par la double explosion. Ces associations pourront, entre autres missions, aider à assurer la sécurité alimentaire. La moitié des cinq millions de Libanais – sans compter 1 million de réfugiés – rencontraient en effet déjà des difficultés pour se nourrir avant le drame du 4 août dernier.


    POUR FAIRE UN DON

    À l’Œuvre d’orient :
    → Sur Internet : secure.oeuvre-orient.fr
    → Par La Poste : L’Œuvre d’Orient – 20LIB – 20 rue du Regard, 75006 Paris. Préciser que vous souhaitez donner pour le Liban.

    À impact Lebanon via le le quotidien libanais francophone L’Orient-Le Jour :
    → Sur Internet : lorientlejour.com

  • La Marche pour la Vie interdite à Zürich

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    kath.net

    De KathNet.news :

    Zürich devient la ville anti-vie de la Suisse

    11 août 2020

    L'administration municipale a interdit la marche pour la vie dans la ville suisse pour 2020 sans donner de raisons

    Zürich (kath.net)

    La Marche suisse pour la vie ("Marsch fürs Läbe") doit être annulée cette année car la ville de Zürich l'a interdite sans donner de raison. Les organisateurs ont annoncé qu'un recours serait déposé immédiatement auprès du Conseil municipal de Zürich, mais qu'il fallait supposer que le Conseil municipal maintiendrait l'interdiction de manifester et la maintiendrait jusqu'au Tribunal fédéral. "La proclamation publique et démonstrative des valeurs conservatrices et chrétiennes devrait également être possible en Suisse à l'avenir ! Nous espérons et prions pour que le Tribunal fédéral oblige finalement la ville de Zürich à nous accorder un permis de marche. Il serait extrêmement regrettable que les plus petits groupes violents autonomes de gauche et un gouvernement municipal rouge-vert parviennent à interdire les défilés autorisés à des fins caritatives par le biais d'une interdiction imposée par la plus haute instance judiciaire", est-il déclaré dans un communiqué.

    En attendant, la prochaine marche pour la vie a déjà été annoncée pour le 18 septembre 2021. Au lieu du "11 mars pour la vie" prévu à Zurich, une manifestation interne se tiendra désormais à Winterthur.

  • Le pape fustige l’égoïsme, l’indifférence, l’individualisme

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    De zenit.org (Anne Kurian) :

    Le pape fustige l’égoïsme, l’indifférence, l’individualisme

    « Chercher à se hisser dans la vie, à être supérieur aux autres, détruit l’harmonie, a averti le pape François à l’audience générale de ce 12 août 2020. C’est la logique de la domination sur les autres. L’harmonie c’est autre chose : c’est le service. »

    Poursuivant ses catéchèses sur le thème « guérir le monde », entamées mercredi dernier, le pape a estimé que « si nous ne prenons pas soin les uns des autres, en commençant par les plus faibles, ceux qui sont le plus touchés, y compris la création, nous ne pouvons pas guérir le monde ».

    Depuis la bibliothèque du palais apostolique, il a aussi souligné : « Nous sommes des êtres sociaux, nous avons besoin de vivre dans cette harmonie sociale, mais lorsqu’il y a l’égoïsme, notre regard ne se dirige pas vers les autres, vers la communauté, mais tourne autour de nous et cela nous rend méchants, mauvais, égoïstes, en détruisant l’harmonie. »

    Voici notre traduction de sa catéchèse.

    Catéchèse du pape François 

    Chers frères et sœurs, bonjour !

    La pandémie a mis en relief combien nous sommes tous vulnérables et interconnectés. Si nous ne prenons pas soin les uns des autres, en commençant par les plus faibles, ceux qui sont le plus touchés, y compris la création, nous ne pouvons pas guérir le monde.

    Il faut saluer l’engagement de nombreuses personnes qui ces mois-ci témoignent de l’amour humain et chrétien envers leur prochain, en se dédiant aux malades même au risque de leur santé. Ce sont des héros ! Cependant, le coronavirus n’est pas la seule maladie à combattre, mais la pandémie a mis en lumière des pathologies sociales plus larges. L’une d’entre elles est la vision déformée de la personne, un regard qui ignore sa dignité et son caractère relationnel. Parfois nous regardons les autres comme des objets à utiliser et à jeter. En réalité, ce genre de regard aveugle et fomente une culture du déchet individualiste et agressive, qui transforme l’être humain en un bien de consommation (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 53; Enc. Laudato si’ [LS], 22).

    A la lumière de la foi nous savons, en revanche, que Dieu regarde l’homme et la femme d’une autre façon. Il nous a créés non pas comme des objets, mais comme des personnes aimées et capables d’aimer ; il nous a créés à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1,27). De cette façon il nous a donné une dignité unique, en nous invitant à vivre en communion avec Lui, en communion avec nos sœurs et avec nos frères, dans le respect de toute la création. En communion, en harmonie, pouvons-nous dire. La création est une harmonie dans laquelle nous sommes appelés à vivre. Et dans cette communion, dans cette harmonie qui est la communion, Dieu nous donne la capacité de procréer et de protéger la vie (cf. Gn 1,28-29), de travailler et de prendre soin de la terre (cf. Gn 2,15; LS, 67). On comprend que l’on ne peut pas procréer et protéger la vie sans harmonie ; elle sera détruite.

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  • De quelle façon pouvons-nous aider à guérir notre monde, aujourd’hui ?

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    Lors de l'Audience Générale du 5 août, le pape a posé cette question pour y répondre ensuite :

    source

    "... de quelle façon pouvons-nous aider à guérir notre monde, aujourd’hui ?

    Comme disciples du Seigneur Jésus, qui est médecin des âmes et des corps, nous sommes appelés à poursuivre « son oeuvre de guérison et de salut » (CEC, 1421) dans le sens physique, social et spirituel.

    L’Eglise, bien qu’elle administre la grâce de guérison du Christ par les Sacrements, et bien qu’elle fournisse des services de santé dans les coins les plus reculés de la planète, n’est pas experte dans la prévention ou dans le soin de la pandémie. Et elle ne donne pas non plus d’indications socio-politiques spécifiques (cf. S. Paul VI, Lett. ap. Octogesima adveniens, 14 maggio 1971, 4). C’est le devoir des dirigeants politiques et sociaux.

    Cependant, au long des siècles, et à la lumière de l’Évangile, l’Eglise a développé certains principes sociaux qui sont fondamentaux (cf. Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise, 160-208), principes qui peuvent nous aider à avancer, pour préparer l’avenir dont nous avons besoin. Je cite les principaux, étroitement reliés entre eux : le principe de la dignité de la personne, le principe du bien commun, le principe de l’option préférentielle pour les pauvres, le principe de la destination universelle des biens, le principe de la solidarité, de la subsidiarité, le principe du soin de notre maison commune. Ces principes aident les dirigeants, les responsables de la société à continuer à faire grandir, et également, comme dans notre cas de pandémie, à guérir le tissu personnel et social. Tous ces principes expriment, de façon différente, les vertus de la foi, de l’espérance et de l’amour.

    Dans les prochaines semaines, je vous invite à affronter ensemble les questions urgentes que la pandémie a mises en relief, surtout les maladies sociales. Et nous le ferons à la lumière de l’Évangile, des vertus théologales et des principes de la doctrine sociale de l’Eglise. Nous découvrirons ensemble comment notre tradition sociale catholique peut aider la famille humaine à guérir ce monde qui souffre de graves maladies. Je souhaite que nous réfléchissions et travaillions tous ensemble, comme des disciples de Jésus qu guérit, pour construire un monde meilleur, plein d’espérance pour les futures générations (cf. Exhort. ap. Evangelii gaudium, 24 novembre 2013, 183)."

  • Pays-Bas : Sigrid Kaag, une drôle de catholique

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    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Sigrid Kaag, symbole des Pays-Bas catholico-protestants

    13-08-2020

    Elle est candidate à la direction de Democraten 1966 (D66), un parti sociolibéral et anti-religieux. Elle promeut la soi-disant "santé reproductive" (incluant l'avortement) dans les pays pauvres et croit que la foi est "une affaire privée", mais elle se dit catholique. Et pourtant, ses positions sont inconciliables avec le Catéchisme.

    Sigrid Kaag, candidate catholique à la direction du parti sociolibéral et antireligieux néerlandais D66 (Démocraten 66), est le symbole de la déchristianisation du pays et de la protestantisation du catholicisme. De plus en plus d'hommes politiques de premier plan, nominalement catholiques, ou plutôt fiers de l'afficher lors de la campagne électorale, cèdent à la "privatisation" de leur foi. Le danger d'une telle attitude, rappelé avec clarté par le cardinal Müller dans une interview au Catholic World Report il y a deux ans (...). La foi n'est pas quelque chose qui "se ressent", car s'il en était ainsi - le sentiment ayant cessé - la foi n'aurait plus aucun poids dans la vie de l'homme.

    Le dernier cas frappant concerne la candidature de Sigrid Kaag à la tête du parti D66. Kaag fait partie des grandes favorites, elle est à la fois "libertaire" et catholique pratiquante, et beaucoup se demandent si les deux choses peuvent vraiment aller ensemble. Le 21 juin 2020, Sigrid Kaag a annoncé sa candidature à la tête du parti à l'approche des élections générales néerlandaises prévues pour le 17 mars 2021. Dans son annonce, elle a explicitement déclaré qu'elle veut devenir la première femme Premier ministre des Pays-Bas. Elle se présente à la direction d'un parti dont elle précise sur son site officiel qu'il "cherche à briser le pouvoir des schémas de classe traditionnels et des références religieuses". Elle a toujours été une personne de foi, a-t-elle déclaré à l'hebdomadaire catholique néerlandais Katholiek Nieuwsblad dans une interview lors de son voyage à Rome le 9 juillet dernier, où elle a également visité le Vatican (voir ici). "Je suis née et j'ai été élevée dans la religion catholique... J'étais souvent enfant de chœur pour des raisons pratiques... la foi m'est venue dans ma jeunesse. Elle m'a toujours accompagnée". "Comme Marie (Notre-Dame !): je ne peux pas dire qu'elle est mon exemple en ce XXIe siècle terrestre, mais je suis très attachée à sa souffrance. Dans la souffrance de Marie, je reconnais la souffrance des gens et la sensation d'être obligée de considérer la douleur, tout en ayant confiance en Dieu".

    Madame Kaag pense que "les protestants sont de meilleurs catholiques parce qu'ils ont une meilleure connaissance des textes bibliques". En fait, en incarnant précisément la protestantistaion absolue de l'enseignement moral catholique, elle sépare autant que possible sa foi personnelle de son travail et de ses décisions politiques. "J'ai dû négocier toute ma vie sur des questions complexes. Garder ses émotions et ses sentiments personnels à l'esprit n'aide pas à prendre les bonnes décisions. (La foi) est une affaire privée" (voir ici).

    Ministre du commerce extérieur et de la coopération internationale, S. Kaag n'a pas dédaigné jusqu'à présent de donner des millions d'euros pour la "santé reproductive" (incluant les lois sur l'avortement) et l'éducation sexuelle dans le monde entier et surtout dans les pays pauvres (voir ici). Le parti D66 a récemment proposé une nouvelle libéralisation de l'euthanasie, couvrant tous les citoyens néerlandais qui ont atteint l'âge de 75 ans, y compris ceux en bonne santé, tant qu'ils ont le sentiment d'avoir "achevé leur vie".

    Maintenant, comment il est possible de concilier une foi catholique aussi étalée et la Note doctrinale sur l'engagement et le comportement des catholiques dans la vie politique et les récentes paroles du pape François sur la validité de la doctrine sociale de l'Église - c'est-à-dire concilier la défense de la vie humaine dès la conception et de la famille avec l'avortement, l'euthanasie et l'idéologie de genre avec laquelle les pays pauvres sont victimes de chantage - reste un mystère. Toutefois, il est urgent d'adopter une position claire et nette, à commencer par l'Église néerlandaise. Il n'est pas licite de diffamer la foi catholique, encore moins si ce sont les soi-disant catholiques qui se vantent de décisions et d'actes totalement contraires au Catéchisme.

  • France : pas de vacances pour la christianophobie

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    De Michel Janva sur le Salon Beige :

    La christianophobie ne prend pas de vacances

    La christianophobie ne prend pas de vacances

    Le vandalisme et les profanations se succèdent ces derniers jours :

    Malgré ces faits, dont certains relèvent visiblement du satanisme, il reste quelques autruches pour nier cette christianophobie quotidienne.

  • Commission « Congo » du Parlement belge : vers la palabre sans fin ?

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    Selon les pages quotidiennes du site web africain de « Libre Belgique »  la commission sur le passé colonial, dite « Commission Congo », mise sur pied par le parlement national en Belgique, rencontre des difficultés pour démarrer ses travaux. Une cinquantaine de parlementaires ont reçu lundi une lettre d’un des experts choisis pour y participer, l’historien belgo-congolais Mathieu Zana Etambala, qui lance un cri d’alarme sur les difficultés qui se profilent déjà et invite les élus à modifier la composition du groupe d’experts. Il est à noter que ses préoccupations rejoignent celles exprimées par d’autres historiens en privé. 

    Voici, à titre documentaire pour remettre les pendules à l’heure et corser la palabre qui se profile,  les témoignages vidéos que l’ancien sénateur Léon Engulu propose à la réflexion des procureurs en herbe appelés à la barre de la question coloniale en débat.  

    Il les a confiés, avec beaucoup de verve et de sagacité, au site web de l’association « Mémoire du Congo,  du Rwanda et du  Burundi » qui les présente en ces termes :

    " Il  s’agit des regards d’un Congolais qui a débuté sa vie professionnelle à l’époque coloniale, attaché à la Territoriale, qui fut un combattant engagé aux côtés de Lumumba dans la lutte pour l’Indépendance immédiate du Congo dès 1958, qui fut Gouverneur de Province ainsi que plusieurs fois Ministre sous Mobutu. Avec toute la sagesse et l’expérience du Sénateur qu’il est depuis l’avènement de la IIIème République, il nous livre ses réflexions sur 65 années de vie politique et engagée au service de son pays."

     Dans une première capsule, il évoque son parcours scolaire et son début dans la vie professionnelle dans l’administration de territoire.  Regards d’un congolais sur les colonisateurs entre 1934 et 1958

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  • Les 70 ans d'Humani Generis, une encyclique à relire

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    D'Aurelio Porfiri sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    70 ANS APRÈS L'ENCYCLIQUE

    Humani Generis, le combat contre l'erreur

    12-08-2020

    Le 12 août 1950, Pie XII promulgue "Humani Generis", une encyclique "sur certaines fausses opinions qui menacent de subvertir les fondements de la doctrine catholique". C'est un document d'une grande actualité, qui donne les repères pour une juste relation entre la foi et la raison, et indique la tâche des philosophes et théologiens catholiques face à la pensée moderne

    Au nom d'une idée fausse de la miséricorde, il semble que le mot "tolérance" signifie depuis peu que tout est permis. "Il est interdit d'interdire", ont déclaré les agitateurs de Soixante-huit. Cela nous fait donc beaucoup réfléchir à un document promulgué il y a exactement soixante-dix ans par le grand Pie XII : Humani Generis (12 août 1950), "sur certaines fausses opinions qui menacent de subvertir les fondements de la doctrine catholique".

    Cette encyclique, publiée au cours d'une année sainte, peut être considérée comme l'un des grands documents de ce pontife, qui nous a laissé un trésor magistral vraiment imposant. Pensons à "Mediator Dei" en ce qui concerne la liturgie.

    Dans l'introduction de "Humani Generis", Pie XII explique que la raison humaine peut rationnellement en venir à concevoir l'existence de Dieu, mais il prévient que des erreurs de toutes sortes peuvent se glisser dans l'âme des fidèles. Bien que la grâce de Dieu soit toujours à l'œuvre, nous sommes toujours victimes du péché originel. Le pape Pacelli aborde immédiatement les questions importantes qui menacent la doctrine catholique, comme l'évolutionnisme, le communisme, l'existentialisme, l'historicisme, etc.

    Voici une déclaration très sage du Pontife :

    "Les théologiens et les philosophes catholiques, auxquels incombe la lourde charge de défendre la vérité divine et humaine et de l'inculquer à toutes les âmes, n'ont pas le droit d'ignorer ni de négliger les systèmes qui s'écartent plus ou moins de la droite voie. Bien plus, il leur faut les connaître à fond, d'abord parce qu'on ne peut guérir que les maux que l'on connaît bien, puis parce que dans les systèmes erronés peut se cacher quelque lueur de vérité, et parce qu'enfin ces erreurs poussent l'esprit à scruter avec plus de soin et à apprécier mieux telle ou telle vérité philosophique et théologique."

    Pie XII nous invite donc à bien connaître ces opinions, ces déviations, car ce n'est qu'en les connaissant bien que nous pourrons les affronter. Mais le Pape souligne également un problème qui découle de la déclaration ci-dessus ; c'est le fait que de nombreux savants n'ont pas affronté ces déviations avec l'esprit qu'il suggérait, mais les ont presque épousées, les ont substituées à ces préceptes et fondements de la doctrine chrétienne qui jusqu'à ce moment avaient toujours été considérés comme certains et immuables.

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  • L'arrestation de Jimmy Lai : un coup dur pour les dissidents catholiques chinois

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    L'arrestation de Jimmy Lai : un coup dur pour les dissidents catholiques chinois

    11/08/2020

    Le magnat catholique était l'un des principaux soutiens financiers des catholiques qui ne souhaitent pas rejoindre l'Association patriotique contrôlée par l'État

    L'arresto di Jimmy LaiL'arrestation de Jimmy Lai (photo tirée de Twitter)

    Le millionnaire et philanthrope catholique Jimmy Lai a été arrêté à Hong Kong le 10 août pour diverses raisons.

    Tout d'abord, le PCC veut montrer aux habitants de Hong Kong et au monde entier que la nouvelle loi sur la sécurité nationale sera strictement appliquée contre quiconque ose critiquer le Parti. Le statut social, la popularité et la philanthropie ne seront pas protégés par la loi. Quiconque critique le PCC va en prison, un point c'est tout.

    Deuxièmement, le PCC déclare que les médias indépendants ne seront plus tolérés à Hong Kong. Jimmy Lai est propriétaire de l'Apple Daily, une véritable épine dans le pied de Pékin. Ainsi, parce que les boycotts des annonceurs menacés par le PCC et les cyber-attaques quotidiennes des pirates informatiques n'ont pas changé la ligne pro-démocratique du journal, le propriétaire a été arrêté.

    Troisièmement, mais moins évident dans la couverture médiatique de l'événement, l'arrestation de Lai est un message envoyé à l'Église catholique de Hong Kong et un coup porté aux objecteurs de conscience catholiques en Chine continentale, à savoir les évêques, les prêtres et les laïcs qui refusent de rejoindre l'Association catholique patriotique chinoise (APCC), contrôlée par l'État. Après l'accord entre le Saint-Siège et la Chine en 2018, les catholiques chinois sont autorisés et même encouragés par le Saint-Siège à rejoindre l'APCC. Toutefois, les directives du Vatican de 2019 recommandent que les objecteurs de conscience qui, pour des raisons de principe, ne souhaitent pas adhérer à l'APCC soient "respectés". Mais ce n'est pas le cas et les objecteurs de conscience sont persécutés et emprisonnés.

    Après l'accord de 2018, la plupart des objecteurs de conscience ne reçoivent aucune aide financière du Saint-Siège et leurs communautés persécutées sont normalement très pauvres. Mais ils peuvent avoir reçu un soutien, direct ou indirect, de Lai. Dans le passé, le magnat a fait don d'environ 20 millions de dollars de Hong Kong à l'ancien évêque de Hong Kong, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun. Une partie de cet argent a servi à financer les études de prêtres chinois à Rome, les voyages du Zen au Vatican et d'autres bonnes causes. Le reste de l'argent a été donné à ce qu'on appelait alors l'Église clandestine en Chine, cette partie de l'Église catholique qui a refusé de rejoindre l'APCC. Le chiffre de 20 millions de dollars se réfère à la période 2005-2011, mais il est largement admis que les communautés catholiques critiques à l'égard du PCC peuvent encore figurer parmi les bénéficiaires de l'aide caritative de Lai.

    C'est une vieille tactique du PCC d'étrangler les dissidents religieux en drainant leurs ressources financières. Cette tactique est maintenant utilisée contre les objecteurs de conscience catholiques. Pire encore, l'Église catholique de Hong Kong pourrait être contrainte de rejoindre l'APCC dont elle est restée indépendante jusqu'à présent. Pour combien de temps, cela reste à voir.

  • Moraliser le présent plutôt que de ressasser sans cesse les forfaits du passé

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    Du Père Charles Delhez s.J., cette chronique parue sur le site de la Libre :

    À sans cesse ressasser les forfaits du passé, nous sommes aveugles à propos de ceux du présent

    Ni idolâtrer le passé ni le charger de nous culpabiliser indéfiniment ou d’accuser aveuglément. Moralisons le présent plutôt que de jouer aux directeurs de conscience du passé.

    Dans notre monde où violence, injustice et racisme n’ont pas disparu, mais changé de visage, certains reviennent sans cesse sur le passé, jugeant hors contexte et sans avoir tous les éléments en main. Nous péchons souvent par anachronisme, utilisant pour le passé des grilles de lecture dont nos ancêtres ne disposaient pas. Nos verdicts sont prononcés du haut du tribunal du présent, comme si celui-ci était pur.

    Le véritable historien n’est pas un chercheur de crimes imprescriptibles, mais un veilleur qui tente de comprendre le passé pour que nous progressions vers un avenir meilleur pour tous. Il est stérile, pour le moins, de patauger sans cesse dans la culpabilité ou l’accusation. En rester aux pages noires du passé, c’est lui donner le droit de gangrener l’aujourd’hui.

    La Tyrannie de la pénitence, Pascal Bruckner | Livre de Poche

    Notre Vieux Continent me semble devenu masochiste, selon le mot de Pascal Bruckner (Pascal Bruckner, La Tyrannie de la pénitence. Essai sur le masochisme occidental, Grasset 2006), ou revanchard - mais contre qui ? Nous ressassons sans cesse les bavures de notre histoire et cultivons un complexe de culpabilité. Certes, nous avons colonisé le monde à notre profit, nous avons cautionné l’esclavage, poursuivi les sorcières, nous sommes partis en croisade… Il n’y a pas de quoi être fier. Il y a des faits inexcusables. Il faut pouvoir faire la vérité, ce qui suppose un long et lent travail, sans cesse à reprendre. Il faut savoir demander pardon. On ne peut ici que se réjouir des propos du roi Philippe au sujet du Congo. Il faut ensuite pouvoir oublier, abandonnant toute gloriole ou toute mémoire morbide.

    L’oubli

    "L’oubli est une puissance de recommencement pour les générations qui arrivent", estime Pascal Bruckner. Oubli n’est donc pas ici synonyme d’amnésie, mais de volonté d’aller de l’avant. Puis-je encore accuser les Romains d’aujourd’hui d’avoir vu naître un César qui a conquis les Gaules, conquête qui nous a quand même permis de sortir de notre barbarie et de profiter de la culture gréco-romaine ? Victimes comme coupables - et leurs regards ne sont pas identiques - doivent pouvoir tourner la page et entamer un nouveau chapitre. Du pire peut jaillir du meilleur.

    L’histoire nous aide à ne pas retomber dans les mêmes travers, non pas à régler nos comptes. Elle nous permet aussi de reconnaître que nous sommes des bénéficiaires, que nous n’avons pas tout inventé, qu’il nous faudra à notre tour transmettre le meilleur en nous délestant au plus vite du déplorable. Ni idolâtrer le passé ni le charger de nous culpabiliser indéfiniment ou d’accuser aveuglément. Moralisons le présent plutôt que de jouer aux directeurs de conscience du passé.

    Assumons notre histoire

    L’Église est singulièrement victime de cette mise en boucle du passé. On demande sans cesse aux chrétiens de porter le poids des siècles précédents. Or nous sommes tous les héritiers du meilleur et du pire de cette Europe qui se disait chrétienne, où Église et nations étaient intimement imbriquées. Pourquoi donc seule l’institution ecclésiale serait-elle coupable comme si elle portait seule le poids de notre passif ? Nous revenons toujours sur le pire, sans nuance ni contextualisation, condamnant sans appel.

    On associe souvent le devoir de mémoire aux moments sombres. N’y a-t-il pas aussi des épisodes glorieux ? Il n’y a pas que les Borgia, les Staline et Hitler. Il y a aussi des saints, des Léonard de Vinci, des Pic de la Mirandole et des Newton. Dans le champ de l’histoire se mêlent depuis toujours l’ivraie et le bon grain. À sans cesse ressasser les forfaits du passé, nous sommes aveugles à propos de ceux du présent et, surtout, nous négligeons les défis à relever pour inventer un avenir digne de l’homme. Or ils sont nombreux. Ne pas nier, ne pas récrire notre histoire en la falsifiant, mais l’assumer avec ses grandeurs et ses petitesses, ses héroïsmes et ses crimes, et puis oser aller de l’avant, puisant dans les ressources du passé, sans en faire l’âge d’or, ce qui peut encore nourrir le présent et l’avenir.