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  • Abus sexuels et secret de la confession : un faux problème

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Les abus sexuels et le secret de la confession : Un faux problème ?

    10/11/2021

    Le rapport français soulève une question : les prêtres doivent-ils dénoncer les abus sexuels dont ils ont eu connaissance en confession ? Ils ne le peuvent pas. Mais cela n'arrive presque jamais.

    Comme si la tragédie des abus sexuels dans l'Église catholique française ne suffisait pas, l'irrépressible ministre déléguée chargée de la citoyenneté au ministère de l'Intérieur, Marlène Schiappa, bien connue pour ses campagnes contre les "sectes", a commencé à agiter le gouvernement au sujet du secret de la confession.

    Ce qui s'est passé, c'est que la commission indépendante qui a publié la semaine dernière un rapport alarmant sur les abus sexuels perpétrés par le clergé et les travailleurs laïcs catholiques en France a notamment recommandé que les prêtres qui apprennent l'existence d'abus sexuels sur des mineurs en confession ignorent les dispositions du droit canonique et signalent les abus à la police. Sans surprise, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a immédiatement répondu que cette recommandation ne peut même pas être envisagée, car le secret de la confession est inviolable et les prêtres qui le rompent pour quelque raison que ce soit sont excommuniés. Schiappa rétorque que l'Église catholique ne peut être privilégiée en France par rapport aux autres religions.

    Schiappa a peut-être raison, mais le fait est que les juridictions nationales et internationales ont reconnu que le secret de la confession est inviolable non seulement dans l'Église catholique, mais aussi dans toutes les religions qui ont des pratiques confessionnelles similaires. Les abus sexuels perpétrés par des prêtres catholiques sont une tragédie que personne ne peut nier, y compris l'Église française - qui est si préoccupée qu'elle a commandé le rapport indépendant et l'a payé (une circonstance qui n'est pas toujours mise en lumière dans les commentaires internationaux). Ce n'est pas un problème français. C'est, comme l'a dit le pape François, c'est une honte mondiale qui menace l'avenir même de l'Église catholique et soulève des questions inéluctables sur le fonctionnement des séminaires et la formation des futurs prêtres.

    Or, utiliser cette tragédie comme une arme pour briser le secret de la confession, pour toutes les églises, menace gravement la liberté religieuse. En 2011, j'ai occupé le poste de représentant de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) pour la lutte contre le racisme, la xénophobie, l'intolérance et la discrimination à l'égard des chrétiens et des membres d'autres religions. J'ai acquis une certaine célébrité (ou notoriété, selon le point de vue) en me querellant avec l'Irlande, un pays qui s'inquiétait (à juste titre) de l'implication du clergé catholique dans les abus sexuels et qui a tenté (à tort) d'utiliser cette préoccupation pour légiférer contre le secret de la confession. J'ai également fait partie de plusieurs commissions laïques et catholiques qui ont enquêté sur les horreurs des abus sexuels commis par des clercs, et j'ai étudié ces problèmes pendant des décennies.

    La controverse sur la confession présente deux aspects. Premièrement, le secret de la confession fait partie de l'essence même de l'Église catholique. C'est l'une de ses institutions et l'un de ses principes les plus sacrés, et il existe des secrets similaires dans d'autres religions. L'idée que les religions ne devraient pas avoir de secrets, ou que les États ont le droit de les connaître tous, méconnaît le lien millénaire entre sacré et secret.

    Le 20 mars 1393, le roi de Bohême Wenceslaus IV a fait arrêter, torturer et jeter du pont Charles à Prague dans la rivière Vitava un prêtre catholique appelé Jean Népomucène, où il est mort. Le crime de Jean était d'avoir refusé de discuter avec le roi de ce qu'il avait appris en confession de sa femme, la reine Sofia. Jean a ensuite été canonisé par l'Église catholique en tant que martyr du secret de la confession et incarnation du principe selon lequel les prêtres catholiques doivent mourir plutôt que de briser le sceau de la confession. Le droit canonique réaffirme ce point. Les prêtres qui violent le secret de la confession, même pour obéir à des lois séculaires ou pour sauver leur propre liberté et leur vie, sont excommuniés.

    Le deuxième aspect de la controverse est qu'il s'agit en grande partie d'un drapeau levé pour des questions de principe. Dans ma propre étude des abus sexuels au sein de l'Église catholique, qui date de dix ans, je n'ai jamais rencontré de prêtre qui ait été confronté au dilemme de révéler ce qu'il avait appris en confession ou de laisser un agresseur sexuel en liberté. Les criminels qui abusent des mineurs ne vont pas déverser leurs secrets en confession. La jurisprudence canonique connaît de rares cas (survenus pour la plupart dans les siècles passés) de prêtres immoraux s'absolvant mutuellement en confession. S'ils étaient pris, ils étaient excommuniés, mais comme ils faisaient tous partie des mêmes réseaux criminels, ils n'auraient pas dénoncé les autres, et eux-mêmes, à la police.

    Les mineurs abusés par des prêtres peuvent le dire à d'autres prêtres, mais pourquoi devraient-ils le faire dans le contexte rituel de la confession ? Sans compter que le pourcentage de catholiques en général qui se confessent a dramatiquement diminué, et qu'il existe des paroisses, certainement en France, où seule une poignée de vieux fidèles irait se confesser. Et que ceux qui ont commis des actes honteux ou illégaux en général ne les confesseraient pas s'ils n'étaient pas sûrs que le sceau du confessionnal garantit que ce qu'ils disent au prêtre ne sera rapporté à personne d'autre.

    Dans le cas improbable où une victime parlerait de l'abus en confession, le prêtre peut toujours lui demander de répéter l'histoire une fois que le rituel de la confession a été clôturé par la formule sacramentelle de l'absolution. Bien entendu, les révélations à un prêtre en dehors de la confession ne sont pas couvertes par le sceau du confessionnal.

    Tous les ministres Schiappa de ce monde ne semblent pas comprendre comment les confessions fonctionnent réellement au 21e siècle. Ils ne se soucient pas non plus profondément de la liberté religieuse, qui est un problème non moins grave que les crimes commis par les abuseurs cléricaux.

  • Quand une église devient une salle d'escalade ou la "bonne manière de reconvertir les églises"

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    Lu sur La Capitale de ce 12 octobre (p. 6) :

    Forest : On pourra grimper dans l’église St-Antoine 

    "Une partie de l’église forestoise va être désacralisée pour permettre d’y aménager des structures grimpables. Le bâtiment accueillera une salle de bloc et une salle de corde. La commune soutient le projet. ... La particularité de ce projet est qu’il conservera une partie dédiée au culte tandis que le reste sera désacralisé pour laisser place aux sportifs. « La partie dédiée au culte sera dans le narthex [le vestibule de l’église] », confie Thierry Claessens, adjoint de l’évêque pour les questions temporelles à l’archevêché de Malines-Bruxelles. « Il y aura une séparation entre l’espace de prière et la zone d’escalade. Le projet fera en sorte que la beauté du lieu soit respectée. Il faudra également porter attention aux aspects acoustiques. » « À la commune, nous avons beaucoup insisté pour que le projet soit respectueux du patrimoine et que le projet soit ouvert à tous et avec des prix accessibles au quartier », développe Alain Mugabo (Ecolo). L’échevin de l’Urbanisme juge que c’est une bonne manière de reconvertir les églises, « une problématique à laquelle on sera certainement de plus en plus confronté dans les années à venir »."

    Effectivement... surtout si le financement des cultes est revu à la baisse comme le souhaite aujourd'hui la Région bruxelloise :

  • Douter de Vatican II ?

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    De Jean-Pierre Maugendre sur le site "Renaissance catholique" :

    Un catholique peut-il « douter du concile » Vatican II ?

    « Douter du Concile, c’est douter des intentions de ces mêmes Pères qui ont exercé leur pouvoir collégial de manière solennelle cum Petro et sub Petro dans un concile œcuménique, et, en dernière analyse, douter de l’Esprit Saint lui-même qui guide l’Eglise ». Telle est la raison fondamentale donnée par le pape François dans le Motu proprio Traditionis custodes pour supprimer, à terme, la célébration de la messe selon la forme traditionnelle du rit romain. Les tenants de ces célébrations douteraient du Concile et remettraient ainsi en cause, l’assistance même du Saint-Esprit  à l’Eglise.

    Douter, selon le Larousse, c’est à la fois « être dans l’incertitude sur la réalité d’un fait » et « ne pas avoir confiance en ». Il semble difficile de remettre en cause l’existence même du Concile Vatican II. La question de la confiance est, elle, plus délicate et pourrait être formulée ainsi : Est-il permis de s’interroger pour savoir si c’est bien le Saint-Esprit qui a dirigé le Concile ? On notera, d’abord, avec surprise, que sous la plume pontificale les opposants au Concile mettraient en doute les « intentions » des Pères conciliaires. Or, force est de constater que les objections ou réserves vis-à-vis du Concile émises par Mgr Lefebvre, Mgr Schneider, Mgr Gherardini, Jean Madiran, Roberto de Mattei, etc. portent sur des textes et des faits, non sur des intentions dont nous savons que, même bonnes, elles peuvent paver l’enfer et restent le secret des consciences.

    Le déroulement du Concile

    Ouvert le 11 octobre 1962 par le pape Jean XXIII, le concile se termine le 8 décembre 1965 par le fameux discours de clôture de Paul VI. Est-il bien raisonnable de penser que pendant ces trois années les 2 500 Pères conciliaires ont été, sans discontinuer, fidèles au souffle de l’Esprit-Saint ? Quelques faits, parmi d’autres, permettent d’en douter.

    Dès le 13 octobre, date de la première réunion des Pères, les choses ne se passent pas comme prévu. Alors que les participants devaient voter pour élire les membres des commissions de travail en s’inspirant des listes de ceux qui avaient participé à l’élaboration des schémas préparatoires le cardinal Liénart, Président de l’assemblée des cardinaux et archevêques de France, puis le cardinal Frings, Président de la conférence des évêques allemands interviennent pour que le vote n’ait pas lieu immédiatement mais plus tard afin, argumentent-ils, que les Pères puissent faire connaissance entre eux. Le vote aura lieu le 16 octobre, un intense lobbying permettant de promouvoir, dans les commissions, des évêques en grande partie différents de ceux qui avaient préparé les schémas initiaux. Le Concile s’ouvre par une véritable rébellion contre le mode de fonctionnement prévu et validé par le pape. Certains parleront de « la révolution d’octobre dans l’Eglise ». Cette journée du 13 octobre fut-elle vraiment animée par l’Esprit-Saint ?

    En octobre 1965, 450 Péres conciliaires adressent à la commission chargée de traiter de l’Eglise dans le monde une pétition demandant que soit abordée la question du communisme, ce qui ne semblait pas sans rapport avec le sujet. Mystérieusement cette pétition disparaît et la question ne sera pas abordée. On apprendra plus tard que des négociations secrètes avaient eu lieu en 1962 entre, d’une part, le cardinal Tisserant, représentant le Saint-Siège, et, d’autre part, Mgr Nicodème, représentant le patriarcat de Moscou, pour que la question du communisme ne soit pas abordée au Concile en échange de la présence d’observateurs orthodoxes. Ce silence jeta la stupéfaction parmi les évêques, en particulier ceux originaires d’Europe de l’Est ou d’Asie en proie aux persécutions communistes.

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  • Ouverture du synode : l'homélie du pape

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    Homélie du pape François (10 octobre) (source)

    Un homme riche va à la rencontre de Jésus alors qu’il « se met en route » (Mc 10, 17). Souvent, les Evangiles nous montrent Jésus « sur la route », marchant aux côtés de l’homme, à l’écoute des questions qui habitent et agitent son cœur. Il nous révèle ainsi que Dieu n’habite pas les lieux aseptisés, les lieux tranquilles, loin du réel, mais qu’il chemine avec nous et nous rejoint là où nous sommes, sur les sentiers souvent ardus de la vie. En ouvrant aujourd’hui le parcours synodal, commençons par tous nous demander – Pape, évêques, prêtres, religieux et religieuses, frères et sœurs laïcs –: nous, communauté chrétienne, incarnons-nous le style de Dieu, qui chemine dans l’histoire et partage les défis de l’humanité ? Sommes-nous disposés à vivre l’aventure du cheminement ou, par peur de l’inconnu, nous réfugions-nous dans les excuses du « cela ne sert à rien » ou du « on a toujours fait ainsi » ?

    « Faire Synode » signifie marcher sur la même route, marcher ensemble. Regardons Jésus sur le chemin, qui rencontre d’abord l’homme riche, puis écoute ses questions, et enfin l’aide à discerner ce qu’il faut faire pour avoir la Vie éternelle. Rencontrer, écouter, discerner : trois verbes du Synode sur lesquels je voudrais m’attarder.

    Rencontrer. L’Evangile s’ouvre par le récit d’une rencontre. Un homme va à la rencontre de Jésus, s’agenouille devant lui, et pose une question décisive : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la Vie éternelle ? » (v. 17) Une demande aussi importante réclame de l’attention, du temps, de la disponibilité à rencontrer l’autre et à se laisser interpeller par son inquiétude. De fait, le Seigneur ne se met pas à distance, il ne se montre pas agacé ou dérangé ; au contraire, il s’arrête avec lui. Il est disponible à la rencontre. Rien ne le laisse indifférent, tout le passionne. Rencontrer les visages, croiser les regards, partager l’histoire de chacun : voilà la proximité de Jésus. Il sait qu’une rencontre peut changer une vie. Et l’Evangile est parsemé de ces rencontres avec le Christ qui relèvent et guérissent. Jésus n’était pas pressé, il ne regardait pas sa montre pour terminer la rencontre en avance. Il était toujours au service de la personne qu’il rencontrait, pour l’écouter.

    En commençant ce parcours, nous sommes aussi appelés à devenir experts dans l’art de la rencontre. Non pas dans l’organisation d’évènements, ou dans la réflexion théorique sur des problèmes, mais avant tout dans le fait de prendre le temps de rencontrer le Seigneur, et de favoriser la rencontre entre nous. Un temps pour donner de la place à la prière, à l’adoration – cette prière que nous négligeons tant : adorer, faire place à l’adoration –, à ce que l’Esprit veut dire à l’Eglise ; un temps pour se tourner vers le visage et la parole de l’autre, pour la rencontre en tête à tête, pour se laisser toucher par les questionnements des sœurs et des frères, pour s’aider mutuellement afin de nous enrichir de la diversité des charismes, des vocations et des ministères. Chaque rencontre – nous le savons bien –, demande de l’ouverture, du courage, de la disponibilité à se laisser interpeller par le visage et l’histoire de l’autre. Même si nous préférons parfois nous abriter dans des relations formelles ou porter un masque de circonstance – l’esprit clérical ou de cour : je suis plus monsieur l’abbé que père –, la rencontre nous transforme et nous suggère souvent de nouveaux chemin que nous n’avions pas imaginés parcourir. Aujourd’hui, après l’Angélus, je vais recevoir un groupe de gens de la rue, qui se sont simplement rassemblés parce qu’il y a un groupe de personnes qui va les écouter, seulement pour les écouter. Et de l’écoute, ils ont réussi à se mettre à marcher. L’écoute. C’est souvent ainsi que Dieu nous indique la route à suivre, en nous faisant sortir de nos routines fatiguées. Tout change lorsque nous sommes capables de vraies rencontres avec lui et entre nous. Sans formalismes, sans prétextes, sans calcul.

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  • D'après une étude du Pew Research Center, la plupart des catholiques n'ont pas entendu parler des mesures concernant la messe traditionnelle, tandis que le pape François reste très populaire

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    De Kevin J. Jones sur le National Catholic Register :

    Nouvelle étude Pew Research : Les catholiques pratiquants désapprouvent les limites imposées à la messe traditionnelle en latin, mais le pape François reste populaire.

    L'enquête du Pew Research Center a été menée du 20 au 26 septembre auprès de 6 485 adultes américains, dont 1 374 sont catholiques, dans le cadre de l'American Trends Panel du Pew.

    11 octobre 2021

    WASHINGTON - Les restrictions du pape François sur la messe traditionnelle en latin semblent être impopulaires parmi les catholiques pratiquant régulièrement, mais la plupart des catholiques américains n'ont même pas entendu parler de ces changements, rapporte un sondage.

    "Les catholiques qui assistent à la messe chaque semaine sont à la fois plus susceptibles d'être au courant des nouvelles restrictions et plus enclins à s'y opposer que les catholiques qui y assistent moins fréquemment", a déclaré le Pew Research Center, qui a réalisé l'enquête, le 7 octobre.

    Environ 58 % des catholiques qui assistent à la messe chaque semaine ont entendu parler des restrictions. Les participants réguliers à la messe étaient les plus sceptiques à l'égard de la décision du pape. Parmi eux, 29 % désapprouvent les nouvelles restrictions, 11 % les approuvent et 17 % sont sans opinion. Toutefois, 42 % n'avaient pas entendu parler de ces changements.

    Le 16 juillet, dans Traditionis custodes, le pape François a publié des règles donnant à un évêque la "compétence exclusive" pour autoriser la messe traditionnelle en latin dans son diocèse. Les évêques ayant des groupes célébrant cette forme de liturgie dans leur diocèse doivent s'assurer que ces groupes ne nient pas la validité du concile Vatican II. Ce concile, tenu dans les années 1960, a précédé des changements majeurs dans la liturgie catholique romaine. Ces changements ont été codifiés en 1970 avec le Missel romain de saint Paul VI, le missel utilisé dans la plupart des paroisses catholiques en langues vernaculaires.

    Les restrictions imposées à la messe traditionnelle en latin constituent une rupture avec la pratique établie dans une lettre apostolique de Benoît XVI de 2007, Summorum Pontificum, qui avait reconnu le droit de tous les prêtres à offrir la messe selon le Missel romain de 1962, promulgué par saint Jean XXIII.

    Dans l'ensemble, environ deux tiers des catholiques ont déclaré à Pew qu'ils n'avaient "rien entendu du tout" au sujet des changements apportés par le pape François, 28% en avaient entendu "seulement un peu", tandis que 7% en avaient entendu "beaucoup". Dans l'ensemble, 9% ont approuvé, 12% ont désapprouvé et 14% ont refusé de répondre.

    Les catholiques qui assistent à la messe tous les mois ou tous les ans sont légèrement favorables aux nouvelles restrictions plutôt que de s'y opposer. Les opinions des répondants ne semblent pas différer de manière significative selon l'âge. Outre la pratique religieuse, l'opinion des catholiques à l'égard des restrictions concernant la messe traditionnelle en latin varie selon les partis.

    Parmi les catholiques républicains ou de tendance républicaine, seuls 4% ont approuvé la décision du pape, tandis que 20% l'ont désapprouvée. Quinze autres pour cent n'avaient pas d'opinion, tandis que 61 % n'avaient pas entendu parler de ce changement. En revanche, 13 % des catholiques démocrates ou ayant tendance à l'être ont soutenu la décision, 6 % s'y sont opposés, 13 % n'avaient pas d'opinion et 68 % n'en avaient pas entendu parler.

    Le pape François a déclaré qu'il avait émis ces restrictions sur la messe traditionnelle en latin "pour défendre l'unité du Corps du Christ", en disant : "Je suis contraint de révoquer la faculté accordée par mes prédécesseurs." Il a déclaré que la permission de célébrer cette forme de liturgie avait conduit à un "usage déformé", contraire aux intentions qui l'avaient autorisée.

    En réponse à l'action papale, certains évêques ont déclaré que les prêtres pouvaient continuer à offrir la messe traditionnelle en latin dans leurs diocèses, tandis que d'autres l'ont interdite. D'autres encore ont déclaré qu'ils avaient besoin de plus de temps pour réfléchir à leur réponse.

    Les laïcs et le clergé qui soutiennent la Messe latine traditionnelle ont eu leurs propres réactions.

    Joseph Shaw, président de la Latin Mass Society of England and Wales, a déclaré à CNA que de nombreux prêtres et laïcs catholiques se sont efforcés de combiner un intérêt pour la messe latine traditionnelle avec "une loyauté et une affection sincères pour la hiérarchie et le Saint-Père". Il a déclaré qu'ils ont été "déçus par ce document".

    Le cardinal Raymond Burke, ancien préfet de la Signature apostolique, a déclaré au National Catholic Register que le texte était "marqué par une certaine dureté" à l'égard de ceux qui assistent aux messes de forme extraordinaire.

    Ross Douthat, chroniqueur au New York Times, s'est également montré critique, opposant cette action à l'accent mis par François sur l'accompagnement des personnes : "Accompagnement pour certains, étranglement lent de leurs rites pour d'autres".

    On ne sait pas exactement combien de paroisses célébrant la messe traditionnelle en latin seront touchées par les nouvelles limites imposées par le pape, ni comment ces limites affecteront le clergé diocésain et les laïcs qui cherchent à célébrer la messe traditionnelle en latin à l'avenir. Les paroisses catholiques qui célèbrent cette messe constituent une petite minorité. En date du 8 octobre, le site Web Latin Mass Directory répertoriait 662 lieux de célébration aux États-Unis. En comparaison, il y a plus de 16 700 paroisses aux États-Unis, selon le Center for Applied Research in the Apostolate.

    L'enquête de Pew a également demandé aux personnes interrogées si elles avaient une opinion favorable ou défavorable du pape François.

    L'opinion des catholiques américains sur le pape oscille autour de 83 %, les catholiques qui vont à la messe tous les mois ou tous les ans étant légèrement plus favorables au pape François. Les catholiques démocrates ou de tendance démocrate ont approuvé le pape à 91 %, contre 71 % pour les républicains ou les sympathisants républicains. Dans l'ensemble, seuls 14 % des catholiques ont une opinion défavorable du pape.

    Cependant, 49% des catholiques républicains ou d'obédience républicaine ont décrit le pape comme trop libéral. Seuls 30% de l'ensemble des catholiques et 16% des catholiques démocrates ou d'obédience démocrate sont de cet avis.

    De fortes majorités de répondants catholiques ont tendance à être d'accord pour décrire le Pape François comme compatissant, humble et ouvert d'esprit, et ont tendance à rejeter l'idée de le décrire comme déconnecté ou naïf. Cependant, seulement 52% des personnes interrogées disent qu'il est en bonne santé physique, et les répondants républicains ou d'obédience républicaine ont tendance à être moins positifs dans leur description du Pape.

    Les catholiques américains ont tendance à être plus favorables au pape François que l'ensemble des Américains. Seulement 60 % des personnes interrogées aux États-Unis ont une opinion favorable du souverain pontife, tandis que 28 % ont une opinion défavorable.

    L'enquête du Pew Research Center a été menée du 20 au 26 septembre auprès de 6 485 adultes américains, dont 1 374 sont catholiques, dans le cadre de l'American Trends Panel de Pew. Pew précise que le sondage est pondéré de manière à être représentatif de la population adulte américaine par sexe, race, ethnie, parti politique, éducation, appartenance religieuse et autres catégories.

    Le sondage revendique une marge d'erreur de plus ou moins 1,9 points de pourcentage pour tous les Américains, de plus ou moins 4,3 points de pourcentage pour tous les catholiques, et de plus ou moins 8,4 points de pourcentage pour les catholiques qui assistent à la messe au moins une fois par semaine.

  • 11 octobre : fête de la Maternité divine de Marie

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    Theotokos: Mary the Mother of God - Believers Eastern Church

    11 octobre : fête de la Maternité divine de Marie (source)

    La fête de la Maternité de la Sainte Vierge était fêtée en certains lieux le deuxième dimanche d’octobre, une messe pro aliquibus locis se trouvait dans l’appendice du Missel Romain.

    En 431, un concile général convoqué à Ephèse proclama et définit le dogme de la Maternité divine de la très Sainte Vierge. Jusque-là, il n'avait jamais été contesté qu'il y avait deux natures en Notre-Seigneur : la nature divine et la nature humaine, mais qu'il n'y a qu'une seule personne. Notre-Dame étant la Mère de l'unique personne de Jésus-Christ, a le droit d'être appelée Mère de Dieu, au même titre que nos mères, qui, bien qu'elles n'aient point formé nos âmes, mais seulement nos corps, sont cependant appelées les mères de l'homme tout entier, corps et âme. Car, si l'homme n'est homme qu'en tant que son âme est unie à son corps, Jésus-Christ n'est réellement Jésus-Christ qu'autant que Sa Divinité est unie à Son Humanité.

    En 1931, à l'occasion du quinzième centenaire du grand concile d'Ephèse qui proclama le dogme de la maternité divine, Pie XI établit la fête pour l’Eglise universelle au 11 octobre.

    La Maternité divine de Marie L'élève au-dessus de toutes les créatures. L'Église honore en ce jour cet incomparable privilège accordé à Marie, dogme fondamental de notre sainte religion. Grande est la dignité de la mère ! Mais combien plus digne de vénération est celle de la Mère du Fils de Dieu qui a engendré dans le temps Celui qui est engendré du Père de toute éternité !

    "Il y a dans cette maternité, dit saint Thomas, une dignité en quelque sorte infinie, puisqu'Elle a pour Fils Celui que les anges adorent comme leur Dieu et leur Seigneur. Cette suréminente dignité est la raison d'être de Son Immaculée Conception, de Son élévation au-dessus des anges, de la toute-puissance de Son crédit auprès de Dieu."

    Cette élévation donne à Marie une autorité qui doit inspirer notre confiance envers Celle que l'Église appelle Mère de Dieu, Mère du Christ, Mère de la divine grâce, Mère très pure, Mère très chaste, Mère aimable, Mère admirable, Mère du Créateur, Mère du Sauveur.

    En nous faisant vénérer ainsi la très Sainte Vierge, l'Église veut susciter en nos âmes un amour filial pour Celle qui est devenue notre propre Mère par la grâce. Marie nous a tous enfantés au pied de la croix. Notre prérogative de frères adoptifs de Jésus-Christ doit éveiller en nos cœurs une confiance illimitée envers Marie qui nous a adoptés sur le Calvaire, lorsqu'avant de mourir, le Sauveur nous a présenté à la Co-rédemptrice, en la personne de saint Jean, comme les enfants qu'Il désirait La voir adopter, disant : "Mère, voilà Votre fils; fils, voilà votre Mère! Ces paroles sont comme le legs testamentaire du Christ.

    "Que peut-on concevoir au-dessus de Marie ? demande saint Ambroise, quelle grandeur surpasse celle qu'a choisie pour Mère Celui qui est la grandeur même?" "Il a plu à Dieu d'habiter en Vous, ô Marie, Lui dit saint Bernard, lorsque de la substance de Votre chair immaculée, comme du bois incorruptible du Liban, le Verbe S'est édifié une maison par une construction ineffable. C'est en Vous, ô Mère unique et bien-aimée qu'Il S'est reposé et qu'Il a versé sans mesure, tous Ses trésors..."

  • Se faire tatouer ?

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     9/10/2021

    On ne les avait pas vu arriver, les nouveaux candidats au tatouage… Eh oui, le tatouage s’est sérieusement embourgeoisé et démocratisé à la fois ; il fallait le faire. Tu peux être ni taulard, ni motard, ni marin, ni polynésien, et te prendre à rêver devant la vitrine d’Eurotatoo, tatoueur dans le 16e arrondissement de Paris. Guirlandes de fleurs et fée clochette pour les filles, barbelés et black panther pour… euh, les filles aussi ! Curieusement, les hommes traversent moins allègrement la « barrière des genres » : un papillon sur le biceps ? Visiblement, ça fait trop femmelette.

    Une histoire ancienne et lourde

    Pourtant le tatouage traîne avec lui une histoire assez lourde. D’ailleurs, les chrétiens en ont été peu adeptes. Dès l’Antiquité, on tatoue au fer rouge le bétail et les esclaves pour les marquer du sceau de leur propriétaire. L’Égypte ancienne le réserve aux femmes, sa signification est érotique et religieuse, sorte de dédicace gravée sur la cuisse par les dieux de la procréation. Il a été souvent contraint et punitif : les prisonniers se voient marqués d’un matricule. Il entérine aussi l’allégeance à une divinité païenne, l’appartenance à un groupe… ou la rupture avec le milieu d’origine.

    Ou alors, il est juste là pour faire joli. Mais comme il est voué à faire joli très très longtemps, son choix n’est pas laissé au hasard, et toute la symbolique que l’on croyait périmée reprend le dessus.

    L'expression manifeste d'une intériorité

    Au fond, si je veux un tatoo, c’est pour qu’un peu de mon intériorité apparaisse visiblement sur mon corps. Par ce dessin sur la peau, celui que je pense être, que je veux être, ce à quoi je crois, se trouvera affirmé, exposé et manifesté extérieurement. Le tatouage a pour intention d’établir une unité, une continuité entre l’intérieur et l’extérieur. C’est plutôt un beau projet… Voilà pourquoi la nouvelle candidate au tatouage peut aussi être une fille catholique, qui choisit une croix de Jérusalem, ou le noun des chrétiens d’Orient.

    Oui, mais… Il est en fait paradoxalement l’expression d’une vision dualiste de la personne : mon âme serait une réalité indépendante du corps –il m’appartiendrait alors de créer le lien, de marquer mon corps pour qu’enfin l’âme apparaisse et que soit visible ce que je suis vraiment ?

    Face à un candidat au tatouage, c’est bien de cette vision du corps qu’il faut discuter. Car en réalité le corps est déjà en quelque sorte la face visible de l’âme. Ton corps n’est pas un bidule étranger à apprivoiser, ton corps c’est toi. Quand je te prends dans mes bras, c’est bien toi que j’embrasse et dont je réchauffe le cœur, il n’y a pas un deuxième toi, une sorte de plan B caché derrière tout ça. Ton corps, tes bras, ta voix se suffisent à eux-mêmes pour exprimer ta seule appartenance, ta filiation au Dieu vivant et libérateur qui, par le baptême, a laissé sur toute ta personne une empreinte éternelle. 

  • Assiste-t-on à un alignement des comportements dans l’Église sur la pensée woke ?

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    De l'abbé Jean-Marie Perrot sur Res Novae :

    Comportements ecclésiastiques et idéologies déconstructivistes

    Assiste-t-on peu à peu, bien qu’avec une récente accélération, à un alignement des comportements dans l’Église sur la plus radicale des idéologies déconstructivistes de notre temps, à savoir la pensée woke, la cancel culture ? Par ces termes, on désigne de manière commode des analyses intellectuelles et un militantisme qui entendent lutter contre des formes de racisme, d’homophobie, etc., déclarés structurels, c’est-à-dire contre le patriarcat occidental blanc sous toutes ses formes ; le combat pouvant et, à certains égards, devant passer par la disparition sociale des personnes qui le perpétuent et qui, par-là, empêchent l’avènement d’une société apaisée, ouverte et inclusive.

    L’exemplaire cas James Alison

    Un livre récemment traduit en français en porte clairement la marque. Son titre est un programme : La foi au-delà du ressentiment. Fragments catholiques et gays (éditions du Cerf, 2021). Son auteur ne l’est pas moins : James Alison, issu d’une famille anglicane, s’étant converti au catholicisme à l’âge de 18 ans, entra chez les dominicains et devint prêtre en 1988. A la fin de la décennie suivante, il fut suspendu de toute fonction sacerdotale (suspens a divinis) en raison d’une vie ouvertement homosexuelle. En 2017, le 2 juillet, il reçut un appel téléphonique personnel de François qui lui déclara : « Je veux que vous marchiez avec une profonde liberté intérieure, à la suite de l’Esprit de Jésus. Et je vous donne le pouvoir des clés. Est-ce que vous comprenez ? Je vous donne le pouvoir des clés. ».

    En ouverture de son ouvrage, James Alison pose, au nom de la vérité de la foi telle qu’il la présente, une affirmation radicale : « Je n’ai jamais associé le catholicisme à la grande annihilation de l’être dont le monde monothéiste a marqué le désir homosexuel, même s’il s’est plié à ces forces d’annihilation, y a succombé et les a institutionnalisées, même s’il n’a pas été assez courageux pour y résister comme il l’aurait dû. » (p.28) Le hiatus exprimé entre monothéisme et foi chrétienne pourrait intriguer. En fait, en disciple revendiqué de René Girard, James Alison pense la mort de Jésus comme la dénonciation par la victime des schémas sacrificiels qui s’efforcent de réguler les sociétés humaines, prises dans la spirale mortifère des désirs mimétiques. Il découle de celle-ci une violence indifférenciée, de tous contre tous, qui, quand elle s’est exacerbée, demande que la communauté soit réconciliée ; cela se fait autour d’un bouc émissaire, de sa mort, sanglante ou non d’ailleurs. A certains égards, selon René Girard, Jésus fut l’un d’eux. Toutefois, par la liberté qui fut la sienne, par le fait que le récit de sa mort est écrit, non par les bourreaux, mais par ses disciples, Jésus dénonce la fausseté du procédé victimaire et dès lors rend possible une vraie fraternité.

    Selon James Alison, l’évolution des sociétés a conduit l’Église, surtout depuis l’accès de Bergoglio au siège de Pierre, à poser un regard différent sur les personnes homosexuelles. Le pape François, notamment par son « qui suis-je pour juger ? », a dénoncé l’évidence de l’exclusion des LGBT+ ; plus encore, il porte notre regard vers la rigidité des juges et des persécuteurs pour désigner la responsabilité de la situation. Ceci permet de plus librement repenser le récit théologique et moral sur le désordre sexuel, de le déconstruire, en remontant à la création et à la chute originelle ; sans pour autant essayer d’argumenter et de convaincre, car il s’agit moins de réfuter des arguments faux que de dévoiler un système d’oppression : cette mise au jour, à nu, suffit à lui retirer sa légitimité, bientôt ses forces. Toutefois, il convient, selon James Alison toujours, de ne pas tomber dans le ressentiment et de renverser le processus victimaire contre tel ou tel tenant d’une morale conservatrice. Car ce qui est en question, ce n’est pas cette personne, mais, dans l’Église, « un système hypocrite de couverture et d’expulsion » (p.62).

    L’inclusion des exclus

    James Alison n’est pas, nous le croyons, un cas isolé. Sa pensée consonne avec des paroles et des attitudes plus institutionnelles. Évidemment, les choses ne sont pas dites aussi franchement. Pour autant, un profond renouvellement de la conception des frontières de l’Église est opéré actuellement, et il s’avère inquiétant en ce qu’il se dirige dans cette direction.

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  • Le synode sur la synodalité : un pari risqué ?

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    De Gérard Leclerc sur France Catholique :

    Pourquoi le pape veut un synode

    jeudi 23 septembre 2021

    Conformément à la volonté du pape, l’Église tout entière est invitée à entrer dans une démarche synodale. Dimanche 10 octobre, c’est depuis Rome que sera initié ce mouvement, auquel se joindront, dès le dimanche suivant, tous les diocèses du monde autour de leurs évêques. Le caractère inédit d’une telle démarche réclame quelques explications. On se souvient qu’à la suite du concile, Paul VI avait décidé la convocation régulière d’assemblées synodales, réunissant les seuls représentants de toutes les conférences épiscopales. Il s’agissait de réfléchir ensemble sur un thème déterminant pour l’Église, en laissant au pape le soin d’en reprendre les résultats dans un document approfondi. C’est ainsi qu’en 1975 Paul VI avait publié Evangelium nuntiandi, un texte qui avait fait date, en énonçant les conditions de l’évangélisation dans le monde contemporain.

    L’intention de François est cette fois d’élargir cette perspective synodale – où, selon l’étymologie, il s’agit de faire route ensemble – pour y associer le peuple fidèle dans sa totalité. On conçoit l’ambition du projet, puisque la consultation envisagée ne concerne pas seulement ce qu’on appelait autrefois le laïcat engagé, mais tous les catholiques de nos paroisses. L’expérience est nouvelle, puisque les fidèles sont invités à partager les soucis de toute l’Église. Et le pape d’insister sur la spécificité d’une entreprise qui est d’abord de nature spirituelle et, pourrait-on dire, charismatique. Car il s’agit bien de mettre en valeur les charismes, c’est-à-dire les dons des baptisés investis de la grâce divine : « Il ne s’agit pas de récolter des opinions, mais d’écouter l’Esprit, comme on le trouve dans le livre de l’Apocalypse. “Quiconque a des oreilles, qu’il entende ce que l’Esprit dit aux Églises” (Ap 2,7). (…) Il s’agit d’entendre la voix de Dieu, de saisir sa présence, d’accepter son passage et son souffle de vie. Il est arrivé au prophète Élie de découvrir que Dieu est toujours le Dieu des surprises, même dans la façon dont il passe et dont il se fait entendre.  »

    Les risques de subversion

    Pour ses fidèles diocésains de Rome, le pape a entrepris une relecture des Actes des apôtres, pour montrer comment cette écoute de l’Esprit Saint inspirait la naissance et le développement des premières communautés chrétiennes. On mesure ainsi l’ambition de cette mobilisation, qui requiert une adhésion profonde des cœurs. C’est assez dire que l’intention du pape suppose des conditions singulières, à l’opposé des habitudes intellectuelles sur les réseaux sociaux, faites de polémiques clivantes.

    On mesure aussi les risques du projet, avec le danger d’introduction de pratiques politiques et d’utilisation sur le terrain des techniques de manipulation de groupe. On ne peut ignorer non plus les intentions de subversion de la doctrine et de la morale de certains groupes, qui avouent leurs orientations idéologiques en prenant prétexte de plusieurs intentions réformatrices du pontificat. C’est pourquoi on observera avec attention les débuts de cette expérience nouvelle, pour voir comment sont mises en œuvre les bonnes dispositions sur lesquelles le pape fonde ses espoirs. Sera-ce dans le sens d’une avancée spirituelle du peuple chrétien, qui démentirait toute instrumentalisation idéologique ?

  • Le catholicisme a-t-il encore un avenir en France ? Une émission avec Rémi Brague et Guillaume Cuchet

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    Sur France Culture :

    Alain Finkielkraut s'entretient avec le philosophe et historien de la philosophie, Rémi Brague, et Guillaume Cuchet, professeur d’histoire contemporaine et auteur de l'essai Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ?

    Quand un tiers des enfants seulement sont désormais baptisés en France, et que le taux de pratique dominicale avoisine les 2 %, le catholicisme d'aujourd'hui n’est décidément plus ce qu’il était hier.

    Pour écouter, accéder au site web de l'émission 

  • "Dieu, la science, les preuves" : le livre qui bouleverse nos certitudes

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    Nous évoquions hier la parution de ce livre.

    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    Quand la science croit en Dieu, le livre qui bouleverse nos certitudes

    « Dieu, la science, les preuves » : l'aube d'une révolution ?

    « Un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène » : cet adage aurait pu servir d’exergue au livre-événement de Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies : « Dieu, la science, les preuves » (éditions Guy Trédaniel), qui sera en librairie le 13 octobre prochain. « Événement » n’est pas trop fort : c’est « le livre qui bouleverse nos certitudes » titre Le Figaro Magazine qui lui consacre sa « une » et son dossier de la semaine (en lien ci-dessous).

    Les certitudes ainsi bousculées sont anciennes et ont mal vieilli : elles remontent au scientisme qui n’a cessé de croître du XVIe au XIXe siècle. De Copernic à Freud en passant par Galilée, Laplace et Darwin, le développement des sciences a mis la question de l’existence de Dieu entre parenthèses : « Je n’ai pas besoin de cette hypothèse » disait ainsi Laplace à Napoléon. Le courant de pensée matérialiste athée s’est appuyé sur les succès scientifiques pour exercer en Occident une domination croissante et il se prolonge jusqu’à nos jours avec le transhumanisme qui prétend assurer le salut de l’humanité par la technoscience.

    Mais voilà que ce scientisme tout-puissant auto-proclamé est battu en brèche … par la science elle-même ! Celle-ci s’est comme retournée au cours du XXe siècle, avec une série d'avancées prodigieuses : les découvertes de la thermodynamique, de la Relativité, de la mécanique quantique, de la théorie du Big Bang confortée par celles de l’expansion de l’Univers et de sa mort thermique inéluctable, mais aussi par les observations de la vertigineuse finesse du « réglage » qui a présidé à l’apparition du Cosmos et à l’émergence des atomes, des étoiles et de la vie sur Terre. Cette odyssée scientifique inouïe nous conduit à des années-lumière du matérialisme naïf qui imprègne encore les esprits. A la décharge du plus grand nombre, il est difficile de suivre l’extraordinaire développement des sciences dans l’infiniment petit et l’infiniment grand, et d’en saisir la trajectoire dans une vue synthétique.

    C’est précisément le défi relevé par les deux auteurs de cet essai, respectivement maître es-sciences et polytechnicien : concilier l’accessibilité à un large public et l’exactitude scientifique, au cours d’une longue enquête menée avec une vingtaine de spécialistes de haut-niveau (l’ouvrage est préfacé par Robert Woodrow Wilson, prix Nobel de physique 1978 et codécouvreur du rayonnement de fond cosmologique, lointain écho du Big Bang survenu il y a 13,8 milliards d’années).

    Quel enjeu non seulement intellectuel mais existentiel peut rivaliser avec la question de l’existence de Dieu ? Après avoir été mise entre parenthèses et comme abolie par la science « scientiste », le livre explique pourquoi cette question revient en force avec la révolution conceptuelle des XXe et XXIe siècles. Car toutes les découvertes modernes mises à jour suivent des trajectoires qui convergent vers des conclusions bouleversantes. On peut résumer tout cela en disant qu'alors qu'il y a 100 ans tous les savants étaient persuadés du contraire, il y a aujourd'hui un consensus scientifique pour reconnaître que la vie complexe suppose des ajustements des lois de la nature d’une stupéfiante précision, statistiquement totalement improbable, et les savants sont maintenant également unanimes à reconnaître que l’Univers est en expansion, qu’il a eu un début et qu’il aura une fin. Or si le temps, l’espace et la matière ont eu un commencement et si l’Univers implique un réglage d’une telle complexité, comment ne pas se reposer la question qui hantait déjà les « sages » (à la fois savants et philosophes) de l’Antiquité, d’un « principe premier », d’un être à l’origine de tout, un être transcendant, intelligent, intemporel et immatériel, que la religion appelle Dieu ?

    Sommes-nous alors réellement, comme l'affirme le sous-titre du livre « à l'aube d'une révolution » ? Peut-on sérieusement arriver à des certitudes au sujet de l'existence de Dieu ? Le retour en force de cette question essentielle - véritable retournement épistémologique - n’en est certes qu’à ses débuts, mais à la lecture de l'ouvrage il est possible de partager le raisonnement optimiste des auteurs qui affirment à la fin de leur introduction : « En définitive, Dieu existe ou pas : la réponse existe indépendamment de nous et elle est binaire. C’est oui ou c’est non. Seul notre manque de connaissance a pu être un obstacle jusqu’à maintenant. Mais la mise au jour d’un faisceau de preuves convergentes à la fois nombreuses, rationnelles et provenant de champs du savoir différents et indépendants, apporte un éclairage nouveau et peut-être décisif à cette question. »

    Quand la science croit en Dieu, le livre qui bouleverse nos certitudes
    Le Figaro Magazine 08-10-2021
  • Goûter l’amour n’est pas sans conditions (28e dimanche du temps ordinaire)

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    Goûter l’amour n’est pas sans conditions

    homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 28e dimanche B, (archive 14 octobre 2018)

    Aujourd’hui il est question de sagesse et de richesse. Et plus précisément, de comment la richesse nous barre le chemin de la sagesse. Comment cela se passe-t-il, et d’abord, qu’est-ce que cette sagesse tellement désirable qu’elle est plus précieuse que « tout l’or du monde », que la santé et la beauté, que la lumière même ? (Sg 7,7-11)

    La sagesse ne consiste pas à connaître beaucoup de choses, mais à connaître bien, à connaître par le cœur : avoir une intelligence chaleureuse, qui se laisse toucher, qui sait se réjouir. La sagesse, c’est aussi connaître les choses et les personnes dans leur profondeur, dans leur lien avec Dieu qui est le centre de tout. Tout voir, et se voir soi-même, saisi par l’amour de Dieu qui veut conduire tous les êtres à la perfection, voilà la sagesse.

    Le mot « sagesse » est parent du mot latin sapere, qui signifie « goûter ». La sagesse nous fait goûter, apprécier, jouir des dons de Dieu, et d’abord le bonheur d’avoir pour Créateur un Père, d’être son enfant bien-aimé, de pouvoir marcher dans la vie sous le regard aimant de Dieu. Goûter aussi l’amour du Christ, son engagement pour nous tirer de l’impasse de la mort, son amour personnel pour nous. Goûter la joie d’être sauvé, de retrouver un sens éternel à sa vie. Pas étonnant qu’on a identifié la sagesse avec l’Esprit Saint, avec Dieu qui se communique savoureusement à nous. Il faut prendre du temps pour goûter le bonheur d’exister, d’être aimé de Dieu, de pouvoir lui répondre. C’est une dimension importante de la prière chrétienne.

    À l’opposé de cela, il y a la perte de goût, spécialement la perte de goût des choses de Dieu, par toutes nos richesses diverses. Il y a bien sûr l’argent, qui crie « toujours plus », mais aussi la connaissance froide et désabusée, l’attachement au confort, à sa volonté propre, à son image de marque, à son point de vue, à ses routines. Toutes ces choses nous font mésestimer les dons de Dieu, sa présence, son amour. Elles nous accaparent, assiègent notre cœur et puis l’envahissent et occupent toute la place.

    C’est ce qui arrive à l’homme riche qui court vers Jésus. Cet homme est vraiment quelqu’un de bien, il vit selon des valeurs, j’aurai tendance à dire qu’il vit selon les valeurs chrétiennes. Et pourtant il lui arrive une grosse déception avec Jésus. Il repart tout triste. Jésus lui a proposé de passer à un autre registre : il a posé sur lui un regard d’amour, qui est la porte pour entrer dans le royaume de Dieu. Et il a proposé à l’homme le moyen de répondre à cet amour : désencombrer son cœur, se rendre disponible pour goûter la joie de suivre le Christ par amour, aller vendre ce qu’il a pour les pauvres, et venir pour le suivre. Jésus demande à l’homme et à chacun de nous : laisse là ce qui fait que tu te crois riche, fort, heureux, et apprends à goûter mon amour.

    Il n’y a pas moyen de trouver la joie d’aimer Dieu et de se laisser aimer par lui tout en gardant un cœur qui se croit riche, fort, heureux. Un jour il faut quitter ce qui faisait notre assurance, pour retrouver une joyeuse dépendance envers le Père. C’est impossible à quelqu’un qui est riche de lui-même ou de ce qu’il a conquis d’entrer dans le Royaume de Dieu (Mc 10,23). Parfois, on se dépouille volontairement, attiré par l’amour. Parfois, la vie nous dépouille de force, et nous faisons soudain l’expérience de la tristesse. Heureuse tristesse, heureux dépouillement, s’il nous conduit à tout quitter de ce qui nous rassurait pour nous attacher au Christ.

    Aujourd’hui saint Pierre dit à Jésus : « voici que nous avons tout quitté pour te suivre ! » Depuis 2000 ans dans l’Église, des jeunes hommes ou femmes choisissent de tout quitter pour Jésus en s’engageant dans le célibat pour le Royaume. Il faut qu’aujourd’hui encore des jeunes y pensent, car c’est un grand bonheur et c’est très utile. Cela montre Dieu d’une façon irremplaçable. Et si jamais l’Église décidait, comme le demande Mgr Kockerols, d’ordonner prêtre des hommes mariés, il faudrait que ce ne soit pas des jeunes, mais des convertis de plus tard, des gens qui n’ont pas eu l’occasion dans leur jeunesse de choisir de tout quitter pour le Christ. Pour les jeunes, il faut garder cette proposition phénoménale, très grande et très belle, d’appartenir tout entier au Christ alors qu’on aurait pu vivre autrement.

    Pour terminer, je paraphraserai les Béatitudes : bienheureux ceux qui ont un cœur de pauvre, qui ne cherchent pas à compenser aussitôt leur manque et à le combler à tout prix. Il découvriront que ce manque conduit à la joie profonde, parce qu’il y a Dieu, une présence invisible mais réelle, qui peut être accueillie de plus en plus avec tout notre être.