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  • Ukraine : Les orthodoxes unis contre Poutine

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Ukraine : Les orthodoxes unis contre Poutine

    03/02/2022

    Même l'Eglise orthodoxe en communion avec le Patriarcat de Moscou a appelé les Ukrainiens à la résistance, comparant le président russe à Caïn.

    Il y a un aspect religieux dans la guerre en Ukraine, et certaines de ses caractéristiques sont surprenantes et paradoxales. D'autres ne le sont pas. Dans son premier discours à la nation dans lequel il a annoncé l'intervention armée, Poutine a évoqué le lien entre le "monde russe" et l'Église orthodoxe dirigée par le patriarche de Moscou. Il a également offert comme preuve des conspirations occidentales en Ukraine le fait qu'en 2018, l'Église orthodoxe ukrainienne s'est séparée du Patriarcat de Moscou et a rejoint l'autre grande juridiction orthodoxe mondiale, le Patriarcat œcuménique de Constantinople, qui est basé à Istanbul, l'ancienne Constantinople.

    Tous les orthodoxes ukrainiens n'ont pas accepté cette décision. Certains sont restés avec le patriarche de Moscou dans l'Église orthodoxe ukrainienne du Patriarcat de Moscou. M. Poutine a déclaré que ces orthodoxes ukrainiens en communion avec Moscou étaient persécutés par l'Église orthodoxe ukrainienne majoritaire et par le gouvernement, et que l'un des objectifs de ses troupes était de mettre fin à ces persécutions.

    Environ soixante pour cent des Ukrainiens adhèrent à l'Église orthodoxe ukrainienne en communion avec le patriarche œcuménique de Constantinople. Un chiffre estimé entre quinze et vingt pour cent fait partie de l'Église en communion avec le patriarche de Moscou. Il ne faut pas oublier que l'Ukraine compte également des catholiques : plus de quatre millions, soit un peu moins de dix pour cent de la population. Ils suivent le rite grec, ce qui signifie qu'ils ont des traditions, un droit canonique et des pratiques liturgiques différents, mais restent en pleine communion avec le Saint-Siège. Il existe également une importante minorité de catholiques de rite latin.

    Pour compléter la carte des chrétiens ukrainiens, il existe près de dix mille communautés protestantes. Les Témoins de Jéhovah comptent également plus de neuf cents salles du Royaume et l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, plus connue sous le nom d'Église mormone, compte une quarantaine de congrégations et l'un de ses temples se trouve à Kiev.

    La situation religieuse en Russie est également importante pour comprendre la guerre. Ici, dans les sondages, plus de 60 % de la population affirme faire partie de l'Église orthodoxe du Patriarcat de Moscou. Toutefois, ce chiffre inclut de nombreuses personnes qui ne participent que rarement ou jamais aux activités de l'église, et le Patriarcat de Moscou s'inquiète de sa perte d'influence auprès des jeunes générations. Invité par les autorités politiques ou par le Patriarcat lui-même, je suis intervenu dans plusieurs conférences en Russie sur les causes de ce phénomène. Mon impression est qu'il y a des causes communes à la plupart des pays européens, qui ont été frappés par des vagues de sécularisation plus ou moins agressives, et une cause spécifique à la Russie, où beaucoup considèrent que le Patriarcat de Moscou ressemble trop souvent à une agence de relations publiques pour Poutine, une sorte de "ministère de la religion" du régime.

    De nombreux évêques orthodoxes n'acceptent toutefois pas cette analyse, qui exigerait une certaine autocritique de leur part. Ils attribuent leurs problèmes à la concurrence agressive des religions et des "cultes" importés de l'Occident, dont le nombre est cependant relativement faible et ne peut statistiquement pas expliquer l'hémorragie de membres actifs qui a frappé le Patriarcat.

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  • Conflit russo-ukrainien : trois leçons pour l'Occident

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    De Drieu Godefridi sur Contrepoints :

    Guerre Russie-Ukraine : 3 leçons pour l’Occident

    Les Occidentaux devraient tirer plusieurs leçons et rappels de la crise actuelle entre l’Ukraine et la Russie.

    2 mars 2022

    Toute analyse de la situation internationale faisant l’impasse sur le fait que la Russie est la première ou deuxième puissance nucléaire mondiale est puérile.

    La Russie, une puissance nucléaire

    Si la Russie n’avait pas d’arme nucléaire, l’OTAN aurait déjà instauré une no-fly-zone dans le ciel ukrainien, et se feraient prestement dégommer sur le mode Buck Danny les appareils russes la violant. Ce qui est évidemment impensable dès lors que la Russie dispose de six mille ogives goulues en vies humaines, aussi nucléaires que menaçantes. Le genre de nuance qui échappe à des demeurés dans le genre du parlementaire américain Adam Kinzinger, dont l’idée de no-fly-zone dans le contexte actuel mène de façon directe, immédiate et mécanique à la guerre thermonucléaire totale.

    J’ignore de quand date la dernière lecture de Diplomacy, la fresque magistrale de Kissinger, On War (Clausewitz) et Der Nomos der Erde (Carl Schmitt), par Donald Trump. Ce que je constate, en revanche, est que le New Yorkais se fait des rapports de force une vision et une pratique fascinantes de finesse, d’intelligence et de proportionnalité. Lors du récent CPAC (Conservative Political Action Conference), Trump rappelait que les USA sont richement dotés en armes nucléaires, mais que la Russie ne l’est pas moins, et que dans ce domaine les Chinois n’ont guère que cinq années de retard. À contraster avec les dirigeants européens dont la diplomatie actuelle se résume à égaler Poutine et Hitler. Dans le concert actuel, le retour aux affaires de M. Trump se profile comme une évidence churchillienne.

    L’arme nucléaire est le grand égalisateur des relations internationales — ce qui nous rappelle que l’égalité n’est pas une valeur recommandable. Les armes nucléaires garantissent à leur possesseur, sinon l’immunité, du moins une très large part d’impunité. C’est regrettable. Mais on ne fait pas de politique, moins encore de la diplomatie, avec des regrets. Encore merci, Robert Oppenheimer.

    Une crise humanitaire

    L’Europe parle fort et va connaître sa pire crise humanitaire depuis 1945. Les Ukrainiens qui fuient en masse leur malheureux pays sont nos frères et nos sœurs ; leur refuge naturel, légitime, authentique, c’est nous, c’est l’Europe. Comme la France pour les réfugiés belges en 1940. Ces Ukrainiens sont d’authentiques réfugiés : personne ne le leur contestera. Admirable Pologne qui, après cinq jours, avait déjà accueilli près de 300 000 civils d’Ukraine ! Cette même Pologne dont le sieur Verhofstadt hurle depuis dix ans l’égoïsme et le non-respect des valeurs européennes au Parlement européen. Triste sire, en vérité !

    Quand les écologistes deviennent les idiots utiles de la Russie

    Depuis quinze ans, sous la pression des écologistes de tous les partis, l’Europe s’est massivement engagée dans l’interdiction de l’exploitation du gaz de roche-mère (schiste), dont nos sous-sols regorgent pourtant et dans la destruction de nos capacités nucléaires civiles. Dominique Reynié de la Fondation pour l’innovation politique (FONDAPOL) rappelait récemment que le gouvernement russe finance de longue date des mouvements, ONG, organisations et partis écologistes européens qui militent pour l’interdiction du gaz de schiste et la destruction du nucléaire civil. Et de citer l’exemple de la Belgique, dont l’actuelle ministre de l’Énergie Christinne Van der Straeten du parti écologiste GROEN est issue d’un cabinet d’avocats qui fut massivement rémunéré par GAZPROM, le géant gazier du gouvernement russe.

    Comment expliquer ce compagnonnage de route — d’aucuns parleraient de collaborationisme — entre le gouvernement russe et des écologistes européens ? Parce que l’interdiction du gaz de schiste et la destruction du nucléaire civil condamnent mécaniquement l’Europe à dépendre du gaz russe. 40 % du gaz européen est importé depuis la Russie : 55 % en Allemagne.

    La question se pose de savoir si les électeurs européens des partis écologistes persisteront à donner leur suffrage à des mouvements inféodés au régime impérialiste russe. Pire : l’argent qui finance le viol de l’Ukraine est celui du gaz russe vendu aux Européens. Let that sink in, gentil électeur souriant avec des pâquerettes dans les cheveux.

    Quoi qu’il en soit, il n’aura pas fallu 48 heures à l’Allemagne pour liquider l’intégralité des seize années de mandat de Mme Merkel. De l’ère Merkel, il ne reste désormais rien, sinon les réfugiés du catastrophique Wir Schaffen Das.

    Du jour au lendemain, l’Allemagne vient de décider d’investir cent milliards d’euros supplémentaires dans ses forces armées. Boum, cent milliards ! L’Allemagne se réarme jusqu’aux dents et tout le monde en Europe s’en réjouit : pas de doute, l’époque a changé. (Les Français qui ont la mémoire longue auront quand même une légère remontée d’acidité face à cette « bonne nouvelle ».) Un programme de réinvestissement lourd, allemand et sérieux : donc dans du matériel. Pas dans les frais de retraite et de personnel, comme le font les armées-clowns d’autres pays européens, celles qui lèveront un linge blanc dès que pointera une sarbacane.

    Il n’est pas jusqu’à la fermeture des centrales nucléaires que l’Allemagne ne remette en cause ces jours-ci. Ne reste guère que la Belgique pour persister dans cette voie suicidaire, par le fait d’un quarteron d’idéologues écologistes félons.

    « Diplomatie ou guerre totale » résume Nicolas Sarkozy. C’est assez juste. Saluons, on n’en a pas tous les jours l’occasion, le rôle de la France, qui ne se cantonne pas à des injures, du virtue signalling et des émoticônes. Russie = Allemagne nazie est une idée intéressante, qui fait malheureusement l’impasse sur un détail : l’Allemagne était nazie, mais pas nucléaire.

    En 1962 (crise de Cuba), l’humanité échappait de peu à l’annihilation thermonucléaire.

    Dieu nous préserve des amateurs.

  • Traditionis custodes : occasion providentielle ou victoire à la Pyrrhus ?

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    De l'abbé  sur le site de la revue Catholica :

    Le motu proprio Traditionis custodes et ses suites. Occasion providentielle ou victoire à la Pyrrhus ?

    2 mars 2022

    Le motu proprio Traditionis custodes (16 juillet 2021) a eu pour objet d’annuler celui de Benoît XVI, Summorum Pontificum, publié quatorze années auparavant. Le propos de ce dernier était d’arriver à une pacification des tensions entre partisans des liturgies postconciliaires et fidèles à la liturgie héritée des siècles passés, dite de saint Pie V mais assurément bien antérieure, posant pour cela que chacune de ces deux « formes » exprimaient la même conception de la liturgie. L’acte du 16 juillet dernier a été suivi de plusieurs autres, formant un ensemble répressif brutal, incompris, estimé abusif par beaucoup, dont divers évêques et cardinaux. À l’inverse, divers autres se sont bruyamment réjouis de la disparition de ce qu’ils considéraient comme une anomalie affectant non seulement la discipline liturgique, et surtout une contradiction inacceptable. Selon eux, la différence va au-delà des formes, elle traduit plutôt une rupture de fond : non une différence cérémonielle, mais une opposition radicale entre une théologie de la messe antérieure à 1969, révoquée, et une autre théologie, incompatible avec la précédente. Benoît XVI, dans un discours à la Curie romaine, le 22 décembre 2005, avait récusé ce qu’il appelait l’herméneutique de la discontinuité et de la rupture, renvoyant dos-à-dos traditionalistes et novateurs, lui opposant la troisième voie qu’il qualifiait de réforme dans la continuité. La distinction avait une portée générale, et elle prétendait dépasser le débat de fond. Or c’est précisément cette troisième voie que Traditionis custodes a voulu abolir, comme l’ont clairement indiqué ceux qui ont milité pour obtenir cette abolition, entre autres le désormais fameux professeur Andrea Grillo.

    Par un étrange effet de douche écossaise, les récentes audiences accordées successivement par François, d’abord au supérieur du district de France de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, l’abbé Benoît Paul-Joseph, accompagné de l’abbé Vincent Ribeton, recteur du séminaire de Witgrazbad, le 4 février, puis le 8 février au supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint Pie-X, l’abbé Davide Pagliarini. Ces deux rencontres significativement rapprochées et cordiales ont débouché quelques jours plus tard sur des dispositions pratiques bien plus libérales, sous la forme d’un décret daté du 11 février dernier[1], semblant illogiques en comparaison, non seulement des dispositions aggravantes les plus récentes, mais même de l’esprit et de la lettre du motu proprio de l’été précédent.

    Ceux qui avaient soutenu haut et fort Traditionis custodes ont alors ressenti la désagréable impression d’être pris à revers. Andrea Grillo y a vu une remise en cause pure et simple. Citons-en quelques formules : « Ceux qui croient profondément au tournant du Concile Vatican II et à la réforme liturgique qui en a découlé, ne peuvent en aucun cas admettre, structurellement et sine die, que l’on puisse célébrer avec le rite préconciliaire, sans participer à la responsabilité de construire des réserves indiennes d’anti-concile qui puissent se targuer de la protection papale. » « Le décret autorisant la Fraternité Saint-Pierre à faire usage de la “lex orandi” en vigueur avant la réforme – non seulement pour le missel, mais pour toute action liturgique – est un passage qui montre les limites intrinsèques de la solution apportée par TC, dont la valeur ne fait aucun doute, mais dont l’application peut dégénérer lorsqu’on permet à une fraternité entière de célébrer comme si le Concile Vatican II n’avait pas eu lieu[2]. »

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  • Catholicisme et modernité : un essai optimiste discutable

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    Weigel 61EH2UvIw8L.jpgL’Américain George Weigel, auteur d’une biographie de référence de Jean-Paul II, vient de publier en français un essai important défendant une thèse quelque peu iconoclaste : catholicisme et modernité (*) ne s’opposeraient pas. Thèse certes discutable, mais qui mérite assurément d’être présentée ici, car elle ouvre la porte à un nécessaire débat de fond dans l’Église sur cette question essentielle. Le site web du mensuel la Nef qui publie cette analyse de Anne-Sophie Retailleau promet d’y revenir plus en détail dans un prochain numéro de la revue….

    « L’ironie du catholicisme moderne. Tel est le titre donné par le théologien américain George Weigel à son nouvel essai paru en 2019 aux États-Unis et traduit depuis lors en français. Le choix de ce titre, pour le moins original, prend le contrepied d’une historiographie fondée sur la thèse d’une opposition entre catholicisme et modernité, cette dernière étant perçue comme une menace pour l’existence même du catholicisme. De nombreux essais alarmistes ont entériné l’idée que la relation entre l’Église catholique et les penseurs de la modernité ne pouvait être envisagée que comme une « lutte à mort ». En résulterait le déclin inéluctable du catholicisme, condamné à la fatalité d’une inévitable victoire de la modernité.

    Weigel©DR.jpgRetraçant avec brio 250 ans de l’histoire de l’Église, confrontée à l’émergence de la pensée moderne, George Weigel entend réfuter cette historiographie traditionnelle qu’il estime erronée. Ainsi, entreprend-il une analyse originale des rapports entre catholicisme et modernité, et déroule le fil de l’histoire de l’Église dans son rapport avec ce nouveau défi des temps contemporains. Cette relation est d’abord marquée par un rejet originel des nouveaux principes de la modernité issus de la Révolution française. Progressivement, l’enchaînement aboutit à une lente maturation entraînant l’Église, sous l’impulsion de papes visionnaires, au dialogue avec le monde moderne. Cette longue histoire de maturation constitue pour l’auteur « le drame du catholicisme et de la modernité », compris comme le déroulement d’une action scénique divisée en cinq actes. Chacun de ces moments marque les étapes d’un apprivoisement de la modernité par l’Église. Non dans le but de s’y soumettre, mais au contraire de proposer une nouvelle voie de recherche de la vérité qui répondrait aux aspirations les plus nobles auxquelles le monde moderne aspire.

    De cette longue maturation, George Weigel propose une analyse à la fois thématique et chronologique, pour dérouler ce « drame du catholicisme et de la modernité », entendu comme une nouvelle scène du théâtre de la grande histoire des hommes. À rebours de l’histoire opposant systématiquement catholicisme et modernité, le théologien américain y voit une lente évolution, certes marquée par des moments de crise, mais qui a permis de redécouvrir les vérités profondes d’un catholicisme délié de toute compromission avec le pouvoir politique et essentiellement porté vers l’élan évangélisateur, recentré sur le Christ et les Écritures.

    Le tournant Léon XIII

    Pour George Weigel, donc, la vision d’une Église s’opposant farouchement à la modernité et ainsi marginalisée par ce courant dominant est fausse. Au contraire, le pontificat de Léon XIII marque un changement de cap en amorçant un dialogue avec la modernité. Pour cela, il s’appuie sur des bases solides et éprouvées, telles que saint Thomas d’Aquin, en mettant l’accent sur l’aspect sacramentel, christologique et contemplatif. Avec le développement de la doctrine sociale de l’Église, George Weigel perçoit également dans le pontificat de Léon XIII le point de départ des évolutions de l’Église vers un dialogue avec la modernité.

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  • "A côté de la guerre matérielle, il y a en même temps une guerre spirituelle..."

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    De Mgr Gadecki, chef de l'épiscopat polonais (via kath.net/news) :

    "Il n'y aura pas de paix dans notre partie du monde tant que la Russie ne reviendra pas au Christ"

    1er mars 2022

    Chef de l'épiscopat polonais, Mgr Gądecki : "L'agression de la Russie contre l'Ukraine nous rend très conscients que dans le monde - parallèlement à la guerre matérielle - une guerre spirituelle est menée en même temps."

    Varsovie / « L'agression de la Russie contre l'Ukraine nous rend très conscients que dans le monde – en plus de la guerre matérielle – une bataille spirituelle est menée en même temps. Une lutte qui prend des formes concrètes et à laquelle participent des personnes concrètes. Et les armes spirituelles sont le principal outil de guerre disponible pour les croyants.

    kath.net documente le message du président de la Conférence épiscopale polonaise, Mgr Stanisław Gądecki, pour le mercredi des Cendres 2022 pendant la guerre en Ukraine dans son intégralité dans sa propre traduction -

    Chers compatriotes,
    chers frères et sœurs ukrainiens,
    chers téléspectateurs de la télévision polonaise,

    1. Demain - Mercredi des Cendres - nous commençons le Carême, temps de préparation spirituelle à la résurrection du Seigneur. Ce sera encore une fois très difficile. Ces dernières années, nous avons été confrontés à une pandémie qui a tué des dizaines de millions de personnes dans le monde. Eh bien, la semaine dernière, nous avons assisté à un autre drame : l'agression militaire russe massive contre un pays souverain, l'Ukraine. Non seulement des installations militaires sont attaquées, mais aussi des bâtiments résidentiels, des hôpitaux et des jardins d'enfants. Des soldats et des civils, dont des femmes et des enfants, sont tués. Le monde libre répond solidairement à cet acte de barbarie honteuse.

    2. L'histoire ancienne du péché humain se répète sous nos yeux, comme l'écrit l'auteur des Premiers Maccabées : " Quand ceux-ci virent l'armée qui marchait contre eux, ils dirent à Judas : " Comment pouvons-nous combattre avec si peu de monde ? contre une telle supériorité ? D'ailleurs, nous sommes épuisés ; parce que nous n'avons rien mangé aujourd'hui. Judas répondit : « Il se peut facilement que beaucoup tombent entre les mains de quelques-uns ; cela ne fait aucune différence pour le ciel qu'il apporte le salut par beaucoup ou par peu. Parce que la victoire au combat n'est pas due à la taille de l'armée, mais à la puissance qui vient du ciel. Ces gens-là, remplis d'un orgueil impie, vont contre nous pour nous détruire avec nos femmes et nos enfants et nous emporter comme butin. Mais nous nous battons pour nos vies et pour nos lois. Le ciel les écrasera sous nos yeux. Alors n'ayez pas peur d'eux ! » – Ne perdez pas espoir !

    3. Chaque nation a le droit moral de se défendre efficacement. Nous sommes émus par l'héroïsme et le sacrifice du peuple ukrainien. Chers sœurs et frères d'Ukraine, vous méritez tout le respect et la reconnaissance pour votre amour de Dieu et votre amour héroïque pour votre patrie. Au nom des pasteurs et fidèles de l'Église catholique en Pologne, je vous assure une fois de plus de notre bonne volonté, de notre amitié, de notre soutien spirituel et matériel.

    4. L'agression de la Russie contre l'Ukraine nous fait prendre pleinement conscience qu'à côté de la guerre matérielle, il y a en même temps une guerre spirituelle dans le monde. Une lutte qui prend des formes concrètes et à laquelle participent des personnes concrètes. Et les armes spirituelles sont le principal outil de guerre à la disposition des croyants. « Ces mauvais esprits ne sont chassés que par la prière et le jeûne », lit-on dans l'Évangile de Matthieu (Mt 17, 21 – n.d. : cf. Mc 9, 29). Pour cette raison, en réponse à l'appel du pape François, je demande instamment qu'en tant que croyants, nous offrions le jeûne et la prière de demain pour la paix en Ukraine.

    5. La souffrance de nos frères et sœurs a libéré beaucoup de bien en nous. Nous assistons à l'admirable hospitalité de nos compatriotes, émus par le malheur de leurs voisins. Chaque jour, des milliers de réfugiés - principalement des femmes et des enfants - viennent en Pologne pour fuir la guerre. Je tiens à remercier tous ceux qui se sont spontanément impliqués dans l'aide concrète aux réfugiés. Merci pour vos efforts diplomatiques et votre soutien international. Je remercie les agences étatiques et locales, les services en uniforme et médicaux, les institutions et les entreprises. Je remercie également les diocèses, les paroisses, les prêtres, les personnes consacrées et tous ceux qui ont ouvert leurs portes aux réfugiés. Je remercie particulièrement Caritas Pologne et les Caritas des diocèses ainsi que l'Ostkirchenhilfe, qui apportent déjà une aide concrète dans tout le pays. Je suis reconnaissant pour les collectes de nourriture, de médicaments et de produits de première nécessité qui ont été organisées. Merci pour chaque bon mot et chaque petit acte de gentillesse adressé à nos frères et sœurs qui souffrent. Entourons-les de prières, faisons preuve de bienveillance, aidons-les à trouver un emploi.

    6. Mais le besoin est bien plus grand. Par conséquent, demain dans les églises de Pologne - après chaque messe - nous continuerons à collecter des offrandes qui seront fournies par Caritas Pologne pour une assistance immédiate et à long terme aux réfugiés de guerre. Aussi, dans cette situation extrêmement difficile, accueillons les réfugiés dans nos maisons, paroisses et communautés religieuses. Nos sœurs et frères ukrainiens ont besoin de plus de gestes de solidarité humaine et de gentillesse.

    7. Incluons également la Russie dans nos prières. Il n'y aura pas de paix dans notre partie du monde tant que la Russie ne reviendra pas à Christ. Nous rêvons qu'il y aura un jour le pardon et la réconciliation entre tous les peuples d'Europe centrale et orientale afin que nous puissions vivre non seulement dans la paix mais aussi dans l'amitié. Les Russes qui protestent aujourd'hui contre cette guerre - et se mettent en danger auprès des autorités officielles - renforcent notre espoir d'une renaissance morale et spirituelle de toute la nation russe.

    Pour une expérience fructueuse du Carême cette année, je bénis de tout cœur tous les Polonais et les Ukrainiens au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit

    Varsovie, 1er mars 2022

  • Des propositions de carême en ligne

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    De Venceslas Deblock sur le site du journal La Croix

    Des propositions pour un parcours de Carême en ligne

    Comme chaque année désormais, les propositions de parcours spirituels pour vivre le Carême, qui commence cette année mercredi 2 mars, se multiplient. Après s’être développés en ligne, ils sont désormais accessibles sur smartphones, via de nombreuses applications chrétiennes. La Croix propose une sélection non exhaustive.

    Pendant ce temps du Carême, les dominicains proposent de contempler le visage de Dieu. Leur « Carême dans la ville » s’inspire en effet de la parole de Philippe à Jésus dans l’Évangile de Jean : « Montre-nous le Père. »

    Le parcours en ligne, largement renouvelé chaque année, est constitué d’enseignements ou approfondissements par des frères, des sœurs et des laïcs. Il est par ailleurs proposé de participer à la prière des moniales de Beaufort. Des moments d’interactivité permettront aux retraitants de poser des questions et d’échanger en ligne sur leur vie de foi.

    Retraite avec les saints du Carmel

    Les carmes de la Province de Paris proposent également une retraite en ligne. Leur originalité est de la proposer en douze langues différentes, du roumain à l’indonésien. Cette année, les carmes proposent à leurs retraitants de vivre la miséricorde de Dieu avec les saints du Carmel : Thérèse d’Avila, Thérèse de Lisieux, Jean de la Croix… Par un mail hebdomadaire, des pistes de méditation et de mise en pratique seront proposées à leurs retraitants.

    Le parcours de Carême proposé cette année par Prions en Église sera disponible sur la nouvelle application, disponible le 1er mars. Bénéficiant de la souplesse de ce nouveau support, le parcours permettra au retraitant de marcher à son rythme, guidé par une méditation quotidienne de la Parole par le père Sébastien Antoni, invitant à découvrir le rêve profond de Dieu. Chaque vendredi, un espace ouvert sur la page Facebook de Prions en Église permettra échanges et réactions.

    Dans le même esprit, la communauté de l’Emmanuel propose quatre parcours guidés par quatre prêtres différents, sur des thèmes variés, selon des rythmes différents, disponibles en ligne ou sur application.

    « Se faire un cœur de pauvre » avec Lazare

    Les jésuites font, eux, cette année deux propositions différentes, en ligne ou sur application. Alors que le thème de la première appartient à la tradition spirituelle et biblique : « Que je voie ton visage », son déploiement joue sur la diversité des supports et d’expressions de prière : art, littérature, texte biblique…

    Par ailleurs, les participants peuvent choisir le rythme auquel ils désirent recevoir podcasts et méditations. L’originalité du deuxième parcours est de s’adresser aux familles, en leur offrant des ressources hebdomadaires adaptées, en compagnie des grandes figures de la famille ignatienne.

    Sur une thématique très biblique, mais avec la même diversité de regards, PRIXM, équipe de jeunes chrétiens autour des frères dominicains de l’école biblique de Jérusalem, propose un calendrier de Carême en 40 questions. Les réponses articulent apports bibliques, artistiques et culturels parfois surprenants, pour mener leurs lecteurs de la Création à la Résurrection en une « saga phénoménale ».

    En outre, l’association Lazare, qui propose des colocations solidaires entre jeunes actifs et des personnes sans domicile fixe, propose pour le Carême de « se faire un cœur de pauvre » et d’ainsi grandir en liberté.

    Cette proposition originale repose sur l’envoi quotidien d’un mail contenant une méditation de l’Évangile du jour, un témoignage d’un « coloc Lazare » et un défi à relever. De nombreuses autres propositions spirituelles diverses et variées existent pour vivre et approfondir ce temps du Carême en ligne.

  • Le pari perdu de Vladimir Poutine

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    De Pascal Boniface sur le site de l'IRIS :

    Poutine attaque l’Ukraine et fait perdre la Russie

    Édito
    1 mars 2022

    La guerre que Poutine a déclenchée contre l’Ukraine le 24 février a saisi l’Europe et le monde entier d’effroi et d’horreur. Elle a pris également le monde par surprise. Je dois ici admettre avec modestie que je me suis trompé. Je ne pensais pas que la guerre allait survenir et que Poutine commettrait cette erreur. Je n’ai jamais totalement exclu ce scénario. Mais je ne pensais pas que Poutine irait jusque-là. Beaucoup de personnes ne pensaient pas que Poutine commettrait cette erreur, y compris le président ukrainien Zelensky.

    Pourquoi ai-je commis cette erreur d’appréciation ? Je n’ai pas d’illusions sur le caractère brutal répressif plus qu’autoritaire du régime de Poutine, mais jusqu’ici en tous les cas ce qui l’avait guidée c’était la défense de l’intérêt national russe et c’est pour cela que les Russes étaient prêts à accepter son autoritarisme. Il avait rendu du pouvoir d’achat aux Russes après les années Eltsine ainsi qu’une fierté d’être russe. Une grande partie de sa communication résidait sur le fait qu’il allait rendre le pouvoir en laissant la Russie bien plus haut que dans l’état dans laquelle elle était lorsqu’il avait accédé au pouvoir. Il vient d’effacer tout cela et de remettre en cause, y compris par rapport à l’intérêt national russe, toutes les conquêtes qu’il avait fait au cours de ses vingt dernières années.

    Outre bien sûr les souffrances pour le peuple ukrainien, outre les inquiétudes dans le monde entier – je comprends tout cela –, cette guerre en Ukraine, du point de vue des Russes et de Poutine, est une erreur parce qu’elle va à l’encontre des objectifs qu’il s’est lui-même fixés.

    Est-ce qu’il est irrationnel comme on l’entend souvent ? Est-ce qu’il est devenu fou en agitant jusqu’à la menace d’une guerre nucléaire ? Je crois qu’il est toujours rationnel mais que l’usure du pouvoir, son maintien au pouvoir pendant 22 ans sans contrepouvoir réel et l’isolement du fait du Covid-19 a fait qu’il n’a pas vu grand monde, pratiquement personne, a conduit à un isolement intellectuel et psychologique. Il a fait une erreur de calcul monumentale, comme d’autres l’ont fait dans le passé et comme ses prédécesseurs soviétiques l’ont fait lorsqu’ils ont attaqué l’Afghanistan en 1979 ou lorsque les Américains ont lancé la guerre d’Irak en 2003. À chaque fois, on pensait à une victoire facile qui s’est révélée être une catastrophe évidemment pour le pays attaqué, en l’occurrence ici l’Ukraine, mais aussi pour le pays qui avait lancé l’offensive.

    Désormais, l’Ukraine est viscéralement opposée à la Russie. Le but de Poutine était de rapprocher l’Ukraine et la Russie. Ce pari déjà largement entamé après l’annexion de la Crimée, où il avait gagné la Crimée mais perdu l’Ukraine. Là, il a perdu l’Ukraine pour plusieurs générations. Il y aura un sentiment antirusse très profond en Ukraine et c’est bien sûr contraire à ses objectifs.

    Il a également raté son objectif qui consistait à diviser un peu l’Europe et fragilisé l’OTAN. L’OTAN ne s’est jamais aussi bien portée qu’aujourd’hui puisque la solidarité atlantique est plus forte que jamais. Les pays européens et les Américains pensent la même chose. Il n’y a plus de divisions entre Européens et il est probable que les Européens augmentent de façon assez importante leurs dépenses militaires, y compris l’Allemagne. La Suède et la Finlande, des pays qui étaient neutres jusqu’ici, vont sans doute rejoindre l’OTAN. L’OTAN s’est donc renforcé ce qui est tout à fait contraire aux vœux de Poutine. Les sanctions économiques, qui avaient été inefficaces jusqu’ici, peuvent par leur ampleur et par leur caractère global frapper beaucoup plus durement la Russie.

    Puis, il y a aussi les pertes humaines. Si Poutine s’entête à vouloir conquérir l’Ukraine et à l’occuper, le nombre de morts ukrainiens, mais également russes, va augmenter. Même dans un régime autoritaire comme l’est la Russie, les gens n’aiment pas voir leurs enfants mourir à la guerre surtout sur des théâtres extérieurs et encore moins lorsqu’il s’agit d’un pays dont ils se sentent proches avec lequel ils peuvent avoir des liens amicaux ou familiaux comme l’Ukraine. Ainsi, alors que la population russe est déjà hostile à la guerre, l’augmentation du nombre de morts aussi bien ukrainiens que russes ne pourra que faire monter cette hostilité.

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  • "Dieu, la science, les preuves" : l'éclairage de Mgr Léonard

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    L'éclairage de Mgr Léonard sur le livre de Bolloré et Bonassies (Dieu, la science, les preuves) a été publié dans la revue La Nef du mois de février 2022 et reproduit (mais pas in extenso) sur didoc.be :

    L'aube d'une révolution?

    .

    Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies ont publié à l’automne dernier Dieu, la science, les preuves qui est un véritable best-seller avec déjà plus de 100.000 exemplaires vendus. Nous reproduisons ici une bonne partie de la recension que Mgr Léonard en a faite.

    L’ouvrage de Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, Dieu, la science, les preuves, préfacé par le prix Nobel de physique, Robert W. Wilson, est, en tous points, remarquable.

    Après une introduction consacrée à la notion même de preuve scientifique, il établit que la certitude de la mort thermique de l’Univers, liée à son entropie croissante, à son inéluctable désorganisation, implique nécessairement aussi qu’il a eu un commencement, ce que confirme la théorie du Big Bang, universellement acceptée aujourd’hui. Celle-ci consiste à affirmer que l’Univers physique que nous connaissons s’est développé à partir de ce que l’abbé Georges Lemaître, un des auteurs de cette théorie (qui n’était pas jésuite mais un simple prêtre diocésain), appelait familièrement un « atome primitif » contenant toute l’énergie, la matière et l’information qui se déploieraient progressivement, dans l’espace-temps, engendré lui-même avec l’explosion de cet atome, et ce à la faveur de l’expansion de l’Univers, autre élément essentiel de cette théorie, confirmé ensuite expérimentalement.

    Cette extraordinaire découverte scientifique pose une question essentielle, qui n’est plus, elle-même, du ressort de la science : d’où proviennent l’existence et le contenu de cet atome primitif ? Il est impossible de répondre scientifiquement à cette question de l’origine, dès lors que l’atome primitif ne comporte pas d’« avant », puisque le temps lui-même, tout comme l’espace, est né avec le Big Bang. Vous pouvez légitimement tenir que le Big Bang était « précédé » par les mathématiques et par une « intelligence » portant les vérités mathématiques. Vous pouvez même émettre l’hypothèse qu’une volonté créatrice est responsable de l’existence même de cet atome primitif. Mais, ce faisant, vous sortez du raisonnement purement scientifique et entrez dans le domaine plus large des vérités philosophiques ou, plus précisément, « métaphysiques ». Beaucoup de scientifiques, sortant du registre purement scientifique, s’engagent dans un questionnement métaphysique. L’ouvrage en donne de nombreux exemples. Ils ne trahissent nullement la rigueur qu’impliquent les sciences. Ils manifestent simplement que la raison philosophique est plus large que la raison scientifique et formulent les implications exigées rationnellement par les données de la science.

    Une démarche analogue s’impose en vertu du « principe anthropique » tenu par nombre de scientifiques, selon lequel l’apparition de la vie et, singulièrement, de la vie humaine n’a été possible, au cours d’une longue évolution, qu’à la faveur de réglages extrêmement précis, tels que la moindre différence de ces paramètres, fût-elle infinitésimale, eût rendu impossible la texture actuelle de l’Univers et, spécialement, la naissance de la Terre et, en son sein, de la vie et de l’homme (anthropos, en grec). Attribuer au hasard cette formidable évolution du Cosmos et ce surgissement de la vie et de l’homme ne tient plus la route aujourd’hui. Beaucoup de scientifiques, ici aussi, reconnaissent la réalité d’un « principe anthropique », en ce sens que les paramètres fondamentaux de l’Univers semblent avoir été calculés de manière très fine de telle sorte que l’éclosion de la vie et de l’homme sur la Terre y fut possible. Affirmer que cela a été réglé par une Intelligence créatrice n’est pas du ressort de la science elle-même, mais d’une raison philosophique plus large. C’est ainsi, par exemple, que l’Evangile de Jean (cf. Jn 1, 1-3), en tenant que tout a été créé par Dieu dans son Verbe, par son « Logos », invite à penser que si la Création est si prodigieusement organisée et intelligible, c’est parce qu’elle provient d’une Pensée intelligente. Au point qu’en produisant finalement un « animal logique », un « zôon logikon », comme disait Aristote, l’Univers restitue, en quelque sorte, son origine : créé par une Pensée, il finit par faire surgir en son sein un être « pensant » qui transcende, par sa pensée, l’Univers entier.

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  • Réduire la croissance démographique pour améliorer le climat ?

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    De Sophie Devillers* sur le site de La Libre (via didoc.be) :

    Faut-il réduire la croissance démographique pour améliorer le climat ?

    La démographe et chercheuse à la VUB Soumaya Majdoub vient de publier l’essai “Consumeren als konijnen” (« Consommer comme des lapins ») qui aborde la question de la croissance démographique et du dérèglement climatique. Elle y pulvérise nombre de clichés, en s’appuyant sur les données.

    Quid de l’expression bombe démographique que l’on entend parfois ? La croissance démographique est-elle exponentielle ?

    C’est drôle qu’on se pose encore cette question, car entre scientifiques, on est tombé d’accord il y a longtemps sur le fait qu’il n’y a pas de croissance exponentielle de la démographie. Cependant, le mythe de la surcroissance a pu être instrumentalisé par un certain nombre d’organisations, de groupements, qui y trouvent une sorte de narratif qui leur permet de s’attaquer à des minorités, des groupes spécifiques, car il y aurait cette base « scientifique ». Et ce n’est pas le cas. En ce qui concerne la bombe démographique, je n’aime pas du tout ce terme, d’ailleurs. Et les mots ne sont pas innocents. Une bombe ne peut exposer qu’une seule fois. Si on fait croire à la population qu’il y aura une explosion, cela veut dire qu’il y aura des conséquences dont on ne pourra plus se relever. Ce genre d’image est voulue car elle fait peur. En fait, selon les projections de l’ONU, la population mondiale devrait augmenter de 2 milliards de personnes au cours des trente prochaines années, passant de 7,7 milliards actuellement à 9,7 milliards en 2050. Elle pourrait atteindre un nombre proche de 11 milliards d’individus vers l’an 2100. Il n’est absolument pas question d’une croissance exponentielle. La croissance démographique ralentira au cours des prochaines décennies pour aplanir la courbe d’ici la fin du siècle.

    Ce qui est important à souligner, c’est qu’au cours de cette période, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans devrait être supérieur à celui des enfants de moins de 5 ans. Actuellement, dans le monde, les personnes âgées (65 ans et plus) constituent le groupe d’âge qui enregistre la croissance la plus rapide. En 2018, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le nombre de personnes âgées dans le monde a dépassé celui des enfants âgés de moins de 5 ans et, d’ici à 2050, il dépassera celui des adolescents et des jeunes (15-24 ans). Ceci vaut pour nos régions et l’Asie, surtout de l’Est. On sait que la Chine a voulu faire du « population engineering » et se trouve à présent face à un mur. Ces régions rencontrent déjà des difficultés considérables en matière d’assistance et de soins aux populations âgées.

    Que veut dire cette « première », concrètement en termes démographiques ? Si les personnes vivent plus longtemps, il y a forcément davantage de personnes en même temps sur la planète ?

    C’est quelque chose que le public, souvent, ne comprend pas. Cette croissance démographique supposée n’est en effet pas uniquement due à une augmentation des taux de natalité. Une part importante est due à la baisse de la mortalité et à l’augmentation de l’espérance de vie. Comme le montre tout graphique démographique, la soi-disant explosion démographique a commencé dès le 18e siècle, sextuplant en deux siècles. Des progrès ont été réalisés dans plusieurs domaines. La façon dont nous recueillons les informations et communiquons, combinée aux percées scientifiques et médicales et à une augmentation de la productivité, a certes entraîné une hausse des taux de natalité. Mais notre progrès technologique médical a fait en sorte que l’on arrive facilement à atteindre un âge que l’on n’atteignait pas auparavant. Au début du 19e siècle, atteindre l’âge de 30 ans était une victoire. En 1993, les gens atteignaient facilement 65 ans. En un espace relativement court, l’espérance de vie a augmenté de 80 %. Voilà votre « bombe démographique » ! Ce n’est pas comme si tous, nous avions décidé d’agrandir notre famille, avec 5, 6 ou 7 enfants, ce n’est pas cela !

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  • Que penser du dialogue entre le Saint-Siège et El-Azhar ?

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    D'Annie Laurent (Petite Feuille Verte n°87) :

    Le Pape François et El-Azhar

    LE GRAND IMAM À ROME

    Le 23 mai 2016, le cheikh Ahmed El-Tayyeb, grand imam d’El-Azhar, s’est rendu à Rome pour sa première rencontre avec le pape François. Au programme de leur échange figuraient « l’engagement commun des autorités et des fidèles des grandes religions pour la paix dans le monde, le refus de la violence et du terrorisme, la situation des chrétiens dans le contexte des conflits et des tensions au Moyen-Orient, ainsi que leur protection » (L’Osservatore Romano, 23 mai 2016).

    A l’issue de l’entretien, El-Tayyeb a déclaré à la presse : « Aujourd’hui, nous effectuons cette visite pour poursuivre notre mission sacrée qui est la mission des religions : rendre l’être humain heureux où qu’il soit […]. Je crois que le moment est venu pour les représentants des religions monothéistes de participer de manière forte et concrète à donner à l’humanité une nouvelle orientation vers la miséricorde et la paix, afin d’éviter la grande crise dont nous souffrons à présent » (Proche-Orient chrétien, n° 66-2016, p. 388-389). Le Souverain Pontife semble avoir été impressionné par son visiteur. Quelques jours après, il confiait à un jésuite oriental au cours d’un entretien privé : « J’ai longuement discuté avec El-Tayyeb. Les musulmans veulent la paix ».

    Cette rencontre avait été longuement préparée par le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux (CPDI), alors dirigé par le cardinal Jean-Louis Tauran (+ 2018) dont la position peut se résumer ainsi : « Toutes les religions ne se valent pas, mais tous les chercheurs de Dieu ont la même dignité » (cité par Jean-Baptiste Noé, François le diplomate, Salvator, 2019, p. 99).

    LE PAPE EN ÉGYPTE

    Les 28 et 29 avril 2017, François a effectué un voyage officiel au Caire. Sa visite s’est déroulée dans un contexte tendu en raison de la multiplication d’attentats contre les coptes et de l’influence croissante des idéologies islamistes dans la société. Il a prononcé un discours à El-Azhar où se tenaitune Conférence internationale pour la paix organisée par cette institution, avec la participation de dignitaires musulmans et chrétiens. Les mots islam, islamisme et djihadisme ne figuraient pas dans son texte dont l’essentiel portait sur le rappel du passé biblique du pays du Nil et sur l’éducation des jeunes générations (J.-B. Noé, op. cit., p. 118-123). Le pape a aussi déclaré : « Nous sommes tenus de dénoncer les violations de la dignité humaine et des droits humains, de porter à la lumière les tentatives de justifier toute forme de haine au nom de la religion, et de les condamner comme falsification idolâtre de Dieu : son nom est Saint, il est Dieu de paix, Dieu salam » (Proche-Orient chrétien, n° 67-2017, p. 359-401).

    Le Pape et El Tayyeb

    Dans une tribune publiée quelques jours avant, Mgr Michel Chafik, recteur de la Mission copte catholique de Paris, avait présenté l’enjeu de cette visite pontificale. Évoquant la position « ambiguë » d’El-Tayyeb, il y écrivait : « S’il témoigne, dans ses propos, d’un islam éclairé, ses décisions contredisent trop souvent ses prises de position. Il parle de paix et de liberté religieuse mais sanctionne durement l’apostasie et diffère toujours la réforme religieuse en faveur de laquelle il s’est pourtant engagé. L’ambivalence de son discours explique qu’il soit contesté, tant à l’intérieur par les islamistes radicaux qu’à l’extérieur par les tenants d’un islam modéré » (Le Figaro, 24 avril 2017).

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  • Le projet de loi sur l'avortement le plus radical de l'histoire des États-Unis a été recalé au Sénat

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    La perspective du vote d'une loi abortiste radicale a été évoquée sur belgicatho il y a quelques jours. De Katie Yoder sur le National Catholic Register :

    La loi pro-avortement sur la protection de la santé des femmes échoue au Sénat américain

    Il s'agit de supprimer toute protection pour chaque enfant dans l'utérus dans n'importe quel État du pays", a déclaré le sénateur Lankford en exprimant son inquiétude à l'égard de cette législation.

    1er mars 2022

    WASHINGTON - Le Sénat américain n'a pas réussi à faire avancer la Loi sur la protection de la santé des femmes (WHPA) lundi, annulant ce que certains groupes pro-vie considèrent comme le projet de loi sur l'avortement le plus radical de l'histoire des États-Unis.

    La WHPA "consacrerait dans la loi fédérale l'avortement sur demande jusqu'au moment de la naissance, et annulerait les lois des États - nouvelles et existantes - qui protègent les enfants à naître et leurs mères", a averti Jeanne Mancini, présidente de March for Life, avant le vote.

    Le vote de blocage du 28 février, avec 46 pour (dont 13 sénateurs "catholiques" !) et 48 contre l'AMPS, nécessitait 60 voix pour se poursuivre. Il s'est déroulé en grande partie selon les lignes du parti, un seul démocrate (le sénateur Joe Manchin de Virginie occidentale) ayant voté contre la poursuite du projet de loi qui passerait outre les lois pro-vie des États et supprimerait les restrictions sur l'avortement jusqu'au moment de la naissance dans certains cas. Aucun républicain n'a voté en faveur de l'AMPS.

    Pourquoi le Sénat se prononce-t-il maintenant sur l'AMPS ?

    Bien que la loi n'ait pas été adoptée, le vote lui-même a été historique. 

    Avant le vote de lundi, le leader de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, D-NY, a déclaré au Sénat : "Ce sera la première fois que le Sénat votera sur un projet de loi autonome visant à codifier Roe de manière proactive."

    Le vote du Sénat intervient alors que la Cour suprême se prépare à rendre une décision dans le courant de l'année dans l'affaire Dobbs v. Jackson Women's Health Organization, une affaire qui menace Roe v. Wade, qui a légalisé l'avortement dans tout le pays en 1973. L'affaire Dobbs est centrée sur la question de savoir "si toutes les interdictions d'avortement facultatif avant la viabilité sont inconstitutionnelles", ou si les États peuvent interdire l'avortement avant qu'un fœtus puisse survivre en dehors de l'utérus, ce qui, selon la Cour, se situe entre 24 et 28 semaines de grossesse.

    Le danger de ce projet de loi a été vivement dénoncé par le président-directeur général d'EWTN, Michael Warsaw. "Il s'agit du projet de loi sur l'avortement le plus extrême jamais voté par le Sénat américain", a-t-il écrit dans le Register.

    Si la Cour suprême ne confirme pas l'arrêt Roe dans l'affaire Dobbs, l'avortement pourrait être laissé à la discrétion des États. L'AMPS menace ces lois d'État.

    "Malheureusement, il semble que la Cour suprême soit disposée à limiter sévèrement le droit à l'avortement dans les mois à venir", a déclaré Schumer lundi. "C'est pourquoi ce projet de loi est essentiel".

    Lors d'une conférence de presse organisée par les sénateurs Steve Daines, fondateur et président du Caucus pro-vie du Sénat, et James Lankford, président de la Values Action Team, les sénateurs républicains ont critiqué le moment du vote pendant l'invasion de l'Ukraine et ont qualifié l'AMPS de plus extrême que Roe.

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  • Sainte-Sophie de Kiev serait menacée d'une attaque aérienne

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    D'Anita Bourdin sur zenit.org :

    « Sauver Sainte-Sophie », par l’archevêque Shevchuk

    « Prier pour le sanctuaire spirituel des peuples slaves »

    La cathédrale Sainte Sophie de Kiev - Ukraine

    Cette information que Sainte-Sophie serait menacée, par définition ne peut pas se vérifier, elle attire en tous cas l’attention sur un patrimoine de l’humanité et invite à prier pour sa conservation.

    Sainte-Sophie est un monument de la « Rus’ de Kiev », situé au sein de la réserve nationale Sophie de Kiev. Il s’agit aujourd’hui de l’un des monuments les plus connus d’Ukraine, ainsi que du premier site inscrit sur la liste du patrimoine mondial par l’UNESCO dans ce pays. Il fait partie des édifices de l’époque pré-mongole de la Rus’.

    La « Rus’ de Kiev » est une principauté slave orientale qui a existé du milieu du IXe au milieu du XIIIe siècle, se désagrégeant en une multitude de principautés avant de disparaître formellement du fait de l’invasion mongole, qui commença en 1223 et entraîna la disparition de la principauté en 1240. La Rusʹ est la plus ancienne entité politique commune à l’histoire des trois États slaves orientaux modernes : Biélorussie, Russie et Ukraine. C’est pourquoi la destruction de Sainte-Sophie paraissait impensable jusqu’ici.

    Appel de l’archevêque majeur des Ukrainiens,

    Mgr Sviatoslav Shevchuk

    « Des informations sont parvenues selon lesquelles les troupes russes préparent une attaque aérienne contre le sanctuaire le plus important du peuple ukrainien depuis les temps de la Rus’ de Kiev : la cathédrale Sainte-Sophie de Kiev.

    Sa Béatitude Sviatoslav, chef et père de l’Église gréco-catholique ukrainienne, invite tous les chrétiens à prier pour le sanctuaire spirituel des peuples slaves et exhorte l’agresseur à s’abstenir de cet horrible acte de vandalisme.

    « Que Sainte-Sophie – Sagesse divine – rappelle ceux qui ont décidé de commettre ce crime », – a déclaré Sa Béatitude Sviatoslav.