Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Aux funérailles étonnamment chrétiennes de la reine Elizabeth II : le Vatican a raté le coche

    IMPRIMER

    Lu sur le site « National Catholic Register » :

    « COMMENTAIRE : Incorporant des contributions remarquables de la part des catholiques, l'Église d'Angleterre a fourni un modèle à tous les chrétiens sur la façon dont les funérailles doivent être conduites.

    Le roi Charles III suit derrière le cercueil de la reine Elizabeth II, drapé de l'étendard royal avec la couronne d'État impériale et l'orbe et le sceptre du souverain, tel qu'il est réalisé depuis l'abbaye de Westminster. après les funérailles nationales de la reine Elizabeth II le 19 septembre à Londres, en Angleterre.

    Il s'agissait des funérailles d'État les plus grandioses de l'histoire pour le monarque le plus ancien de l'histoire. 

    Avant et après , c'était un enterrement chrétien. 

    L'Église d'Angleterre a rendu un service signalé à tous les chrétiens en fournissant un modèle sur la manière dont les funérailles doivent être conduites, à une époque où les liturgies funéraires tant sacrées que civiques sont devenues plutôt émaciées. 

    La priorité de la prière 

    La reine a été à juste titre et bien louée lors de diverses cérémonies au cours de la semaine dernière. Le jour de ses funérailles était un jour de prière. 

    A partir du moment où le cortège funèbre pénétra dans l'abbaye de Westminster jusqu'au chant de Je suis la Résurrection et la Vie , le mystère de la mort et de la vie éternelle prit le pas sur tous les autres. 

    "Nous ferons tous face au jugement miséricordieux de Dieu", a prêché l'archevêque de Cantorbéry, Justin Welby.  

    L'archevêque a prononcé une magnifique homélie funéraire, modèle pour toute la prédication funéraire chrétienne. Il a prêché des vérités sur le "leadership serviteur" de la reine, mais l'a présentée comme une disciple chrétienne d'abord et comme une monarque ensuite. La journée comprenait l'apogée de la pompe et de l'apparat britanniques, mais l'archevêque Welby a noté que "la mort est la porte de la gloire". 

    La durée de la vie et du règne de la reine a été soulignée lorsque ses restes terrestres sont passés sous les statues des martyrs du XXe siècle installées au-dessus de la grande porte ouest de l'abbaye pour le millénaire. La reine est née trois ans avant la naissance de Martin Luther King Jr., et lorsqu'elle est venue à l'abbaye pour son mariage en 1947, saint Maximilien Kolbe n'était même pas mort depuis une décennie. 

    Complètement absents étaient les discours des officiers laïcs de l'État. Et à ce silence bienvenu s'ajoutait le silence profond, voire palpable, des foules immenses autour de l'abbaye et le long du mail jusqu'au palais de Buckingham. C'était une manifestation de révérence, une vertu publique très requise pour une vie commune saine.  

    La richesse du rituel 

    Le rituel d'un monarque décédé est plus riche que pour tout autre, et les funérailles ont magistralement permis au rituel de parler. La congrégation de la chapelle Saint-Georges à Windsor s'est tenue en silence pendant que les instruments du pouvoir terrestre de la reine - l'orbe, le sceptre et la couronne d'État impériale - étaient retirés du cercueil et placés sur le maître-autel. Puis ils ont chanté Christ Is Made the Sure Foundation . Que dire de plus sur le fondement de toute autorité ? 

    Lire la suite

  • Mgr Rey et le motu proprio « Traditionis custodes »…en attente des nouvelles de Rome.

    IMPRIMER

    Lu dans l’hebdomadaire « Famille chrétienne » sous le titre "Affaire de Fréjus-Toulon : Mgr Rey annonce des mesures radicales"

    Près de trois mois après la suspension des ordinations, Mgr Dominique Rey a rencontré 150 prêtres le 15 septembre pour échanger avec eux et déployer plusieurs grandes mesures pour le diocèse de Fréjus-Toulon. Parmi elles, la suspension de l’accueil de nouvelles communautés.

    Mgr Rey a proposé aux prêtres du diocèse de les rencontrer pour « échanger » sur le sujet de la suspension des ordinations et de l'avenir du diocèse. 

    Comme les séminaristes, de nombreux prêtres peinent à voir clair pour l’avenir de leur diocèse, après avoir été totalement pris de court début juin par l’annonce brutale de la suspension des ordinations. Pour apaiser ce « climat d’incertitude », Monseigneur Rey a organisé une rencontre de 150 prêtres du diocèse, le 15 septembre dernier, indique le diocèse dans un communiqué du 20 septembre. Ils se sont retrouvés dans un lieu très symbolique : le séminaire de la Castille, où les futurs prêtres et diacres commencent tout juste leur année.

    À lire aussi

    À Toulon, les séminaristes toujours dans l’attente

    Visites et suspension de l’accueil de nouvelles communautés

    « Aucune nouvelle information n’est parvenue de Rome et le Diocèse ne sait toujours pas quand pourront de nouveau être ordonnés prêtres et diacres », informe d’abord le texte. Avant d’expliquer que la démarche proposée par Mgr Rey aux prêtres était surtout d’« échanger sur le sujet » avec eux. Lors de cette rencontre, il a d’abord « repris en détail le déroulé des événements », puis « exposé les décisions transmises à la Congrégation des évêques. »

    À lire aussi

    Fréjus-Toulon : pourquoi Mgr Rey a-t-il tardé à annoncer la suspension des ordinations ?

    Quatre grandes mesures ont été prises. D’une part, la suspension de l’accueil de nouvelles communautés, alors que la « politique d’accueil du diocèse » était l’un des points de vigilance évoqué par Rome pour justifier la suspension des ordinations. D’autre part, « l’accueil de nouveaux prêtres sera désormais soumis à la décision du Conseil presbytéral », indique le communiqué. Le diocèse prévoit aussi l’ « établissement d’un état des lieux des communautés présentes dans le Diocèse avec des visiteurs pouvant porter différents regards (canonique, pastoral, spirituel) ».

    Dernière mesure annoncée : « La mise en application de la charte Saint-Léonce dans le respect du Motu Proprio Traditionis Custodes, avec une visite systématique des groupes concernés sous la responsabilité du référent nommé. » Cette charte de Saint Léonce avait été élaborée par le diocèse dans l’année précédant le motu proprio Traditionis Custodes, pour permettre de « bien articuler l’accueil et l’intégration de ces prêtres et communautés » attachés au rite ancien, indiquait Mgr Rey dans un communiqué après le fameux Motu proprio.

    À lire aussi

    Toulon : Mgr Rey reconnaît des « erreurs » et annonce de premières mesures

    Gratitude et soutien envers l’évêque

    « J’ai reconnu des erreurs d’appréciation et de discernement dans l’accueil et le suivi de certaines communautés, mais j’ai aussi mis en valeur les fruits missionnaires et la fécondité des différents charismes et initiatives pastorales du Diocèse. J’ai tenu compte des remarques, des erreurs commises, sans remettre en cause le travail de communion missionnaire à bâtir ensemble », a expliqué l’évêque aux 150 prêtres présents.

    Lire la suite

  • « L’euthanasie de papa a réveillé une belle colère en moi. »

    IMPRIMER

    De Pierre Jova sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    « L’euthanasie de mon père a réveillé une belle colère en moi »

    [Témoignage] Claire Dierckx, Belge de 29 ans, demeure bouleversée par la mort de son père en 2020, atteint de la même maladie neurodégénérative qu’elle.

    22/09/2022

    Lorsque Claire Dierckx sort dans la rue avec son déambulateur, Bruxelles est illuminée par sa joie. La jeune femme de 29 ans partage son quotidien avec les résidents de son habitat solidaire, et avec une maladie qui lui fait perdre progressivement l’équilibre, la parole, la vue. Ce qui ne l’empêche ni d’être juriste pour une agence immobilière, ni de s’engager dans la réinsertion des sans-abri.

    Un enthousiasme contagieux, qui a été forgé au creuset de la désolation. Elle n’a que 10 ans quand son père sent ses muscles le trahir. C’est génétique, aucun espoir de guérison. Le quotidien de cette famille catholique de cinq enfants en est profondément perturbé.

    « C’était lourd pour maman, et pour nous tous. Le plus dur n’était pas que papa soit malade, mais qu’il soit désespéré. » À 17 ans, Claire et sa sœur jumelle ressentent à leur tour les premiers symptômes dans leur corps. « J’ai été plusieurs années dans le déni. Je me disais : “Tout peut disparaître : mon père, ma santé, ma relation amoureuse, mes amis…” Rien ne paraissait stable. »

    « Il avait besoin d’être accompagné »

    Après ses études, Claire ressort transformée d’une retraite spirituelle. « Un prêtre m’a dit : “Il n’y a pas de réponse à la souffrance, mais il peut y avoir beaucoup d’amour”. Depuis, je suis convaincue que le mystère de la vie est de se donner aux autres. » Cet élan l’a conduite pour deux ans de mission humanitaire à Cuba, parmi les handicapés et les enfants des bidonvilles, puis à Bruxelles, auprès des gens de la rue.

    À l’automne 2020, son père, en chaise roulante, annonce à ses enfants réunis dans le salon familial qu’il a demandé l’euthanasie. Ce mot, qui, pour Claire, évoquait vaguement ses cours de droit, la percute de plein fouet. « Papa avait besoin d’être accompagné et écouté, assure-t-elle. Une psychologue a fait deux ou trois “visios” avec lui avant qu’il soit “piqué”. On parle d’une vie humaine ou d’un animal ? Que l’on soit chrétien ou pas, c’est le respect de quelqu’un ! Le grand argument est qu’il faut abréger les souffrances. Mais lui, c’est le désespoir qui le guidait. » Elle tente de le convaincre de rejoindre une institution spécialisée, en vain. Les autres enfants acceptent la décision paternelle.

    « J’ai pensé : “Seigneur, pardonne-leur…” »

    Un mois après, Claire voit arriver Corinne Van Oost, venue seconder le médecin traitant pour l’acte. « Elle se comparait à Marie au pied de la Croix, et justifiait l’euthanasie avec la Bible. J’ai pensé : “Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.” »

    Le jour venu, la fille serre son père une dernière fois dans ses bras, avant de le laisser dans sa chambre avec les deux médecins, la psychologue et un prêtre. C’est Corinne Van Oost qui injecte le produit létal. « Je me suis dit : tout le monde est aveugle, et moi aussi. C’était général. »

    Un terrible signal de renoncement

    Deux ans plus tard, Claire se bat contre le terrible signal de renoncement envoyé. « Il y a une part de moi qui le comprend d’avoir jeté l’éponge, confie-t-elle. Je vois bien que cela va aller de pire en pire. Souvent, je me demande : “Pourquoi continuer ?” Alors, je me rappelle l’audace d’espérer ! Ce n’est pas parce que je perds mes capacités qu’il n’y a pas encore à vivre, à donner et à recevoir. La maladie me rend encore plus dépendante des autres, mais Jésus dit bien qu’il sera difficile pour les riches d’entrer au royaume des Cieux… »

    Elle se bat aussi contre la tentation du ressentiment. « L’euthanasie de papa a réveillé une belle colère en moi. Elle est moins destructrice aujourd’hui, et plus féconde. » D’un air malicieux, Claire nous annonce avoir donné un nom à son déambulateur : « Victor, pour Victoire ! »

  • Union homosexuelle dans l’Eglise en Flandre : qu’en penser ?

    IMPRIMER

    D'Arnaud Dumouch :

    21 sept 2022 : Union homosexuelle dans l’église en Flandre : qu’en penser ? (28 mn) 

    https://youtu.be/9iihBDOzIbQ  

    Une tribune ferme d’Arnaud Dumouch 

    Certes le pape Benoît XVI nous demandait en 2011 de recevoir avec un premier regard ouvert les initiatives pastorales dans l’Eglise. Mais il faut aussi regarder le rapport à la vérité. Les quatre évêques de Flandre en Belgique ont publié ce mardi 21 septembre un document sur la « proximité pastorale avec les personnes homosexuelles », qui comprend une cérémonie pour la bénédiction publique à l’église des couples de même sexe. Devant la gêne des fidèles, ces évêques ont ensuite protesté pour bien distinguer cela du mariage. Il n’empêche que le texte de la bénédiction qui parle « d’amour béni, de fidélité et de foyer » est en contradiction directe avec l’interdiction de ce type de liturgie ambigüe par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 2021. 

    Au même moment, en Allemagne, le chemin synodal a fait voter à main levée, pour éviter, comme dans la période Trotskiste, la dissidence du vote secret, l’acceptation de « l’homosexualité comme un mode de sexualité à l’égal de la sexualité dans le mariage, l’ordination sacerdotale des femmes, la théorie du changement de sexe ». 

    Il va falloir que la prochaine génération d’évêques en revienne fermement à la fidélité de la foi. 

  • Le "drame intérieur du chrétien" évoqué par Benoît XVI

    IMPRIMER

    D'Andrea Gagliarducci sur Catholic News Agency :

    Benoît XVI évoque dans une nouvelle lettre le "drame intérieur du chrétien".

    23 sept. 2022

    Dans une nouvelle lettre, Benoît XVI a fait l'éloge de l'histoire d'une femme qui a vécu "le drame intérieur d'être chrétien" et a consacré sa vie à la rencontre spirituelle avec le Christ dans l'adoration eucharistique et d'autres pratiques. 

    Dans une lettre adressée à l'auteur d'une nouvelle biographie, le pape émérite a écrit que son expérience personnelle était similaire à ce que Mère Julia Verhaeghe a vécu. 

    L'écrivain, le père Hermann Geissler, est un ancien fonctionnaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi et un membre de la famille spirituelle "L'Œuvre" que Mère Julia a fondée et que le pape Jean-Paul II a désignée comme famille de vie consacrée en 2001.

    Dans sa lettre à Geissler, mise à la disposition de CNA, Benoît XVI n'a pas caché qu'il avait "la crainte que sa vie puisse être de peu d'intérêt dans son ensemble parce qu'elle manque de tout drame extérieur." Benoît XVI a félicité l'auteur pour avoir rendu "visible le drame intérieur de l'être chrétien, en écrivant une biographie véritablement fascinante. Le chemin extérieur de cette vie, qui mène de la Belgique à Rome en passant par l'Autriche et la Hongrie, avec un point focal en Autriche, devient le reflet du chemin intérieur par lequel cette femme a été conduite." "De cette manière, devient visible le véritable drame de la vie, qui se trouve avant tout dans la rencontre avec Paul et, à travers lui, avec le Christ lui-même, permettant aux autres de le retracer", a ajouté Benoît XVI.  "Tout le drame extérieur et intérieur de la foi est présent dans sa vie. La tension décrite ici est particulièrement captivante parce qu'elle est similaire à ce que j'ai vécu depuis les années 1940."

    La biographie, intitulée "Elle a servi l'Église : Mère Julia Verhaeghe et le développement de La Famille Spirituelle L'Œuvre", explore la période allant de 1950 à 2001, du second après-guerre à la reconnaissance de la Famille, quatre ans après la mort de la fondatrice en 1997. Le livre est divisé en quatre parties et comprend des témoignages, des extraits de lettres de Mère Julia et d'autres documents d'archives. En outre, le livre contextualise la vie et les choix de Mère Julia, en les reliant aux situations de l'époque, dont Mère Julia était une observatrice attentive.

    Dans l'introduction, le Père Thomas Felder et Sœur Margarete Binder ont écrit que "les pages qui suivent racontent l'histoire d'une femme qui n'avait ni une culture particulière, ni une bonne santé, ni aucun moyen économique". Pourtant, ont-ils ajouté, "un feu brûlait dans son cœur". Ce feu est à la base des rencontres qui ont formé sa vie : tout d'abord, celle avec saint Paul ; puis celle avec le pape Pie XII, qui lui est apparu en rêve et qui a prédit le concile Vatican II ; enfin, la rencontre avec le cardinal John Henry Newman, auquel "L'Œuvre" est particulièrement liée. Ces rencontres et ces relations font partie d'un chemin spirituel vers la rencontre avec le Christ. Le livre de Geissler raconte ces rencontres avec délicatesse, sans sensationnalisme, démontrant que la prophétie ne vient que lorsqu'on est ouvert à l'écoute. De la rencontre avec Pie XII naît une grande intuition : l'élément humain et humanisant du Concile Vatican II va tenter de prendre le dessus, en dépassant ce qui doit être le centre de l'Église, à savoir le sacré.

    Face à la sécularisation croissante, la Famille Spirituelle "L'Œuvre", guidée par Mère Julia, met l'accent sur l'adoration eucharistique. C'est une habitude quotidienne dans chaque maison de "l'Œuvre".

    Le livre décrit également comment Mère Julia a ressenti le même enthousiasme et le même souci d'une Europe unifiée, au moment où Bruxelles se préparait à accueillir l'Expo 1958. Sa vision était toujours celle d'un renouveau spirituel, d'un retour au Christ. Il n'y avait peut-être pas de drame extérieur, mais l'agitation de l'âme de Mère Julia à laquelle Benoît fait référence est bonne, ouverte à la réflexion sur les questions de l'époque. 

    Dans le livre de Geissler, on perçoit l'émerveillement constant devant le mystère du Christ, qui la conduit, déjà âgée, à visiter la Terre Sainte et à faire l'expérience du désert. La vie de Mère Julia, racontée dans ce livre, est celle d'une femme qui a su regarder son époque avec le caractère concret qui ne vient que du contact avec Dieu. Benoît XVI, qui a eu 95 ans en avril, a souvent parlé de la nécessité du contact avec Dieu et a affirmé que la rencontre avec Jésus était la réponse aux défis du monde.

    Andrea Gagliarducci est un journaliste italien de la Catholic News Agency et analyste du Vatican pour ACI Stampa. Il est collaborateur du National Catholic Register.

  • Regarder mon frère et changer (26e dimanche du T.O.)

    IMPRIMER

    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 26ème dimanche du temps ordinaire (C) (archive du 29 septembre 2013) :

    Regarder mon frère et changer

    Des lectures d’aujourd’hui nous redécouvrons que l’homme est capable d’accumuler des richesses et vivre dans le luxe tandis que son semblable est dans la misère et n’a pas de quoi vivre. Nous le savions déjà, nous le voyons dans l’actualité et aussi dans notre cœur, mais la Parole de Dieu nous le rappelle, pour nous dire que cela ne va pas.

    Dieu n’est pas indifférent à ce qui se passe. Car ce n’est pas seulement mon semblable qui est en jeu, mais mon frère. Et je ne peux pas me contenter de me dire que ce qui lui arrive n’est pas de ma faute. Qu’est-ce qui motive Jésus à inventer cette histoire pour nous la raconter ? Il veut nous faire remarquer que nous sommes confiés les uns aux autres. Et que la façon dont nous traitons les gens qui vivent près de nous, qui sont nos frères, a un impact plus large: un impact sur la vie de toute la société, et un impact pour la vie future.

    Tout homme est mon frère, non d’abord parce que j’en ai envie mais parce que c’est ainsi, parce que Dieu est le père de tous, parce qu’il nous a confié à tous la création pour que nous y vivions ensemble et que soyons le gardien de notre frère (Gn 4,9 et Mt 23,8). Le christianisme est venu apporter un élément très neuf à la culture des hommes : une sorte de fraternité universelle. Il n’y a plus ni juif ni grec, disait saint Paul. Il y a un lien qui doit dépasser tous les particularismes. Ce dépassement n’a jamais été totalement accompli, et maintenant il est encore plus urgent à réaliser, à l’heure de toutes sortes de replis identitaires. Tandis que les pays pauvres sont regardés de bien loin dans nos écrans de télévision, que les quartiers pauvres se distinguent de plus en plus dans nos villes, il y a l’urgence de retrouver un cœur attentif à chacun.

    La façon dont je traite mon frère a un impact sur la vie de toute la société : c’est le prophète Amos qui nous le rappelle : la ruine du peuple d’Israël, la déportation sont accélérées par l’insouciance des possédants, qui jouissent tranquillement des richesses accumulées. L’individualisme conduit la société à la ruine. Il nous faut tisser de nouveau des liens entre les gens, surmontant le découragement que la complexité des questions économiques pourraient faire naître en nous. Il ne faut pas que nos voisins soient obligés de déménager sans que nous nous soyons souciés de ce qui leur arrive. Il ne faut pas que nous placions notre argent sans nous soucier de savoir dans quoi il sera investi. Il ne faut pas que nous cherchions les produits les moins chers sans nous intéresser à la façon dont ils sont produits. Il ne faut pas que nous achetions des produits de luxe sans savoir ce que nous aurions pu faire de mieux avec cet argent.

    La façon dont je traite mon frère a également un impact sur la vie future, sur la vie éternelle. Car comment pourrai-je vivre dans le Royaume de Dieu si j’ai habitué mon cœur à être indifférent à ce que vit mon frère ? Ce n’est pas que Dieu me donnera une punition extérieure à mon action, comme une sorte de représaille arbitraire. Mais je me serai rendu moi-même incapable de la vie éternelle parce que mon cœur sera endurci, rétréci, incapable de jouir de la présence de mes frères, de tous mes frères. Car au ciel il n’y a pas de quartiers riches et de quartiers pauvres !

    Parfois nous ne voyons pas très bien quoi faire. Ce n’est pas grave, mais il faut laisser la question ouverte dans notre cœur. Si nous n’avons pas de solution maintenant, gardons cet appel de notre frère pauvre très présent à nos oreilles, à nos yeux, à notre cœur, et demandons à l’Esprit Saint de faire jaillir quelque chose, une nouvelle attitude, un nouvel élan d’amour et de justice. Afin que nous ne devions pas attendre que quelqu’un revienne de chez les morts pour que nous changions…

  • La mort d'Elizabeth II ou quand la monarchie fait rêver la France et l'Occident

    IMPRIMER

    De sur le site "l'Incorrect" :

    MORT D’ELIZABETH II : QUAND LA MONARCHIE FAIT RÊVER LA FRANCE ET L’OCCIDENT

    La mort d’Elizabeth II a fait l'objet d'une étonnante fascination dans tout l'Occident, à commencer par la France. C'est que la monarchie, et c'est son grand avantage, est le régime de la légitimité, de l'unité et du sacré. De quoi nous donner des idées ?

    Quelle étonnante cérémonie que celle que dont nous furent témoins jeudi dernier. Saisi d’effroi, un pays tout entier se trouvait suspendu aux fragiles respirations de sa monarque. Toutes les activités étaient arrêtées net, les journalistes déjà se paraient de noir, la BBC ouvrait son canal à l’international pour partager les derniers instants de la femme la plus célèbre au monde. Et avec la Grande-Bretagne, c’est l’Occident tout entier qui retenait son souffle, transi d’émotions et tout en prière pour la royale mourante, qui s’interrogeait sur ce que serait le monde demain, car, non qu’Elizabeth soit indispensable, mais personne ou presque n’a jamais vu ce monde sans elle. Tous avions conscience d’assister à la fin de l’un de ces miracles de perpétuité et de majesté que seule la monarchie peut offrir. Tous comprenions qu’une page de l’histoire vieille de 96 ans était sur le point d’être tournée, page qui débuta quand Vincent Auriol et Edgar Faure gouvernaient la France, page qui dura près du tiers de l’histoire américaine et qui fut parcourue par les plus illustres noms de l’histoire contemporaine, page essentiellement marquée par l’ère de paix et d’abondance issue de la Seconde Guerre mondiale dont on sait qu’elle est en train de s’éteindre. Tous assistions au fond à la rupture du dernier grand lien qui nous arrimait au siècle précédent.

    Émotion et gravité universelles donc, pour la royale défunte. Pluie d’hommages en tout genre et issus de tout rang. Inédit à pareille échelle, le phénomène est merveilleux, au pied de la lettre, tant il échappe comme nul autre phénomène à la politique légale-rationnelle que la modernité croyait imposer à la terre entière alors même qu’elle n’épouse pas le quart du phénomène politique en son entièreté. Car cette séquence nous rappelle – par-delà la caducité politique du roi de Grande-Bretagne – que la tradition et le sentiment, l’invisible et l’imaginaire sont des données essentielles de la vraie et grande politique. Et la cérémonie funéraire qui s’annonce exceptionnelle – deux semaines de deuil national, quatre jours de veillée funèbre qui devraient voir défiler près de 500 000 sujets, processions réunissant le million de personnes, funérailles en grande pompe qui plongeront le pays dans un silence total – et qui sera suivi sur tout le globe, ne fera que le confirmer : il est décidément dans le politique quelque chose qui dépasse de très loin le constructivisme rationnel, et que la monarchie incarne mieux qu’aucun autre régime.

    Petite leçon de légitimité

    Car n’ayant jamais versé dans le contractualisme républicain à la française, et c’est heureux pour elle, la monarchie britannique peut se prémunir d’une légitimité toute traditionnelle, selon les catégories de Max Weber. Et l’on a pu en admirer les fruits : tirant sa légitimité de l’hérédité et de la prescription, et fort de la juste place accordée à l’étiquette, à la pompe et au mystère, le monarque est doté d’une espèce de majesté qu’on peine à définir mais qui n’a pas besoin de l’être car personne ne peut la méconnaître. Et de fait, le plus fieffé des progressistes s’est ému devant ce morceau d’histoire qui s’éteignait.

    Et ce sont bien les institutions, plus que la personnalité de la reine en question, qui sont en jeu. Marquées du sceau de l’immémorial et de l’éternel, parées des mille mérites de la famille à leur tête, les institutions monarchiques produisent en propre de la légitimité, et ce d’autant qu’elles s’imposent sans que personne n’ait prise sur elles. Ainsi Novalis expliquait dans l’opuscule Foi et Amour (1798) : « C’est la distinction caractéristique de la monarchie de reposer sur la foi en un homme de naissance supérieure, sur la libre adhésion à un personnage idéal. Parmi mes égaux, je ne puis me choisir un supérieur ; je ne puis en rien m’en remettre à quelqu’un qui en est au même point que moi. Le système monarchique a ceci d’authentique, de vrai, qu’il s’attache à un centre absolu, qu’il est lié à un être n’appartenant pas à l’État, mais à l’humanité. Le roi est un être humain élevé au rang de fatum terrestre ». Au fond, la politique est une affaire de pure autorité, et c’est alors seulement qu’elle se pétrit de sacré – qui n’est pas le résultat du décorum, comme certains ont pu le répéter, car si la République s’y connaît en faste, elle n’a versé que dans le mauvais pastiche dès qu’elle s’est essayée à la transcendance.

    Lire la suite

  • L'accord du Vatican avec le Parti communiste chinois ignore les réalités négatives

    IMPRIMER

    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Les analystes de la Chine affirment que l'accord du Vatican avec le Parti communiste chinois ignore les réalités négatives

    Le pape François et son secrétaire d'État, le cardinal Pietro Parolin, soutiennent le renouvellement de l'accord malgré l'absence d'avantages tangibles pour les fidèles locaux.

    22 septembre 2022

    Alors que le Saint-Siège se prépare à renouveler son accord provisoire avec la République populaire de Chine, les récentes remarques du pape François et de son secrétaire d'État, le cardinal Pietro Parolin, ont été critiquées par les observateurs et les experts de la Chine comme étant naïves et déconnectées de la réalité à laquelle sont confrontés les catholiques en Chine et à Hong Kong. 

    La semaine dernière, le pape a déclaré aux journalistes, alors qu'il rentrait du Kazakhstan, que le dialogue bilatéral entre le Vatican et le gouvernement communiste chinois "se déroulait bien", mais "lentement, car le rythme chinois est lent, ils ont une éternité pour avancer", et parce qu'ils sont un peuple "d'une patience infinie". Le pape a également déclaré qu'il "n'avait pas envie" de caractériser la Chine comme "antidémocratique parce que c'est un pays tellement complexe, avec ses propres rythmes."  

    Le Saint-Père a évoqué le cas du cardinal Joseph Zen Ze-kiun, âgé de 90 ans, qui a été jugé cette semaine à Hong Kong, accusé avec d'autres personnes de ne pas avoir enregistré un fonds de soutien pro-démocratique. Le pape a commenté de manière ambiguë que le cardinal Zen "dit ce qu'il ressent, et vous pouvez voir qu'il y a des limites." Et le Saint-Père a notamment omis d'offrir des mots d'encouragement ou d'empathie pour le cardinal, qui a plaidé non coupable, et a souligné qu'il essaie lui-même de "soutenir la voie du dialogue." , 

    Le pape a appelé les fidèles à ne pas "perdre patience", ajoutant qu'il faut beaucoup de patience "mais nous devons poursuivre le dialogue." 

    Des experts chinois et d'autres personnes ont exprimé leur perplexité face aux remarques du pape. À propos de son commentaire selon lequel la Chine se déplace lentement et de son appel à la patience, Benedict Rogers, fondateur de Hong Kong Watch, une organisation caritative qui promeut les droits de l'homme, les libertés et l'État de droit dans le territoire administré par la Chine, a souligné que le Parti communiste chinois "peut se déplacer rapidement quand il le souhaite."  

    "La rapidité et l'intensité du génocide des Ouïghours, et la répression à Hong Kong, montrent qu'il peut agir remarquablement vite lorsqu'il décide d'une ligne de conduite particulière", a déclaré Rogers, qui a lui-même été interdit d'entrée dans le pays en 2017 en raison de son travail en faveur des droits de l'homme.  

    Le pair catholique britannique Lord David Alton a interprété l'appel à la patience comme un "apaisement" et a rappelé les conséquences d'une telle approche à l'approche de la Seconde Guerre mondiale et la politique d'après-guerre du Vatican envers le communisme soviétique, l'Ostpolitik.  

    "Nous savons à quelles conséquences épouvantables l'apaisement a conduit", a-t-il déclaré.  

    Le vice-président des groupes parlementaires multipartites sur les Ouïghours du Royaume-Uni est également révolté par le silence du Vatican face à l'oppression des Ouïghours par le PCC, une approche fondée sur le dialogue que Lord Alton a qualifiée d'"incroyable". 

    Lire la suite

  • Pour qu'il n'y ait plus de "juges Soros" à la CEDH

    IMPRIMER

    Du site de l'European Centre for Law & Justice :

    Pour qu'il n'y ait plus de juges Soros à la CEDH


    Madame, Monsieur

    L’ECLJ poursuit son action afin de restaurer la garantie de l’impartialité des juges de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

    Depuis trop d’années, la CEDH fait preuve d'activisme en matière notamment de politiques migratoires et promeut un “wokisme juridique” en contradiction avec la Convention européenne elle-même : avortement, euthanasie, bioéthique, féminisme, etc.

    Cet activisme est causé notamment par les liens existants entre des juges de la Cour et des ONG gauchistes financées par George Soros : Open Society FondationsHelsinki CommitteesAmnesty InternationalHuman Rights Watch, etc. Dans des dizaines d'affaires, ces juges ont siégé en situation de conflit d'intérêts.

    Ces conflits d’intérêts que l’ECLJ a mis en lumière de manière flagrante ont obligé la Cour à réviser son règlement d'éthique judiciaire, comme nous vous l’expliquions ici

    Cependant, de nombreuses recommandations émises par l’ECLJ dans son rapport n’ont pas encore été prises en compte. 

    Signez la pétition pour mettre fin aux conflits d’intérêts à la CEDH

    ­Avec le soutien de nombreux membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, nous allons enfin remettre la pétition que beaucoup d’entre vous ont déjà signée, mercredi 12 octobre 2022, à la suite d’une réunion organisée dans l’enceinte de l’Assemblée. 

    La fermeture du Conseil de l'Europe durant le coronavirus nous a empêchés de déposer cette pétition plus tôt au Bureau de l’Assemblée. Mais ce retard est aussi dû à l'obstruction du Président de l’Assemblée, le Néerlandais d’extrême gauche Tiny Kox, qui empêche tout débat sur cette question importante. 

    Ce n’est pas étonnant : il est un ancien membre du bureau du Comité Helsinki des Pays-Bas, une des ONG impliquées dans les conflits d’intérêts à la CEDH. Il n’est donc pas pressé de nous voir tenir une conférence sur ce sujet et de déposer notre pétition pour mettre fin aux conflits d’intérêts à la CEDH, déjà signée par plus de 56.000 personnes.

    Cette obstruction de Tiny Kox renforce notre détermination pour améliorer le fonctionnement de la Cour européenne des droits de l’homme. 

    Signez et partagez notre pétition avant le 11 octobre, afin de donner autant de légitimité que possible à notre réunion à l’APCE le lendemain :

    Mettre fin aux conflits d’intérêts à la CEDH

    Pour aller plus loin :

    le Rapport (27 pages) et l’explication en vidéo (6 minutes):

    ­

    ­

  • Un parcours en ligne inédit pour aimer et suivre le Christ

    IMPRIMER

    De Mathilde de Robien sur Aleteia.org :

    « Connaître Jésus », un parcours en ligne inédit pour aimer et suivre le Christ

    MOOC-jesus.jpg

     23/09/22

    J-6 avant le lancement du parcours "Connaître Jésus". Porté par Aleteia, Magnificat, Mame et Famille chrétienne, ce parcours gratuit et en ligne démarre le 30 septembre. Une occasion exceptionnelle pour mieux aimer le Christ et le faire aimer.

    Comment aimer Jésus si on ne le connaît pas ? Le nouveau parcours « Connaître Jésus » vient justement combler ce besoin de formation autour de Jésus, en nous le faisant découvrir sous différentes facettes : celui qui pardonne, celui qui enseigne, celui qui envoie…

    Mettre en lumière la figure centrale qu’est le Christ pour toucher les cœurs et redynamiser sa foi. C’est le pari du parcours « Connaître Jésus ». Après le succès du Mooc de la Messe et du Mooc des catéchistes qui ont réuni plus de 60.000 participants, voici une nouvelle formation gratuite et en ligne qui s’adresse à tous, catholiques convaincus, chercheurs de sens, catéchumènes… Quels que soient l’âge et l’itinéraire de chacun, ce parcours est conçu pour tous ceux qui ont envie de découvrir qui est Jésus ou d’approfondir sa relation avec Lui, à son rythme. Les séances sont en effet accessibles 24 heures sur 24 et il est possible de revenir sur les contenus publiés précédemment.

    A travers sept séances, composées d’enseignements, de reportages vidéos et de quiz, à suivre seul ou en groupe, « Connaître Jésus » donne la parole à de nombreux et éminents intervenants. Mgr Jean-Philippe Nault, évêque de Nice, et Agnès de Lamarzelle, bibliste et professeur au collège des Bernardins, apporteront notamment leur expertise. Participeront également l’historien Jean-Christian Petitfils, le psychanalyste Jean-Guilhem Xerri, le comédien Mehdi…

    Un contenu de grande qualité, des intervenants passionnants, un accès gratuit pour tous : « Connaître Jésus » est une initiative remarquable qui peut vraiment contribuer à nourrir spirituellement des milliers de personnes, croyantes ou non, des paroisses, des écoles, des aumôneries… Un livret, spécialement conçu pour la formation, contient les textes à étudier, des espaces pour prendre des notes, les quiz, des prières. Il permet ainsi de conserver une trace du parcours.

    Les inscriptions sont ouvertes. Il suffit de cliquer ici, c’est gratuit.

  • La messe que veut le pape François (Club des hommes en noir)

    IMPRIMER

    Du site de l'Homme Nouveau :

    Quelle est l'image de la messe donnée par la lettre apostolique Desiderio desideravi ? Quelles en sont les conséquences ? Quelle messe veut le pape François ? Le Club des Hommes en noir composé des abbés de Tanouärn et Célier, ainsi que de Jeanne Smits et Jean-Pierre Maugendre, sous la direction de Philippe Maxence, décryptent la Lette apostolique du Pape dans ce deuxième épisode de la saison 2022-2023.

  • Le dilemme des rois des Belges qui signent contre leur conscience

    IMPRIMER

    De Pierre Jova sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Sur l'euthanasie, le dilemme des rois des Belges qui signent contre leur conscience

    Malgré leurs convictions personnelles, Albert II et Philippe ont été successivement contraints par la Constitution belge d’entériner les lois sur l’euthanasie. Retour sur l’histoire d’une série de bras de fer institutionnel.
    22/09/2022

    La Belgique n’a jamais vécu sous la monarchie absolue. Le roi est paradoxalement moins sacralisé et inaccessible que le président de la République française.

    Il incarne bien l’unité nationale, joue un rôle dans la formation du gouvernement, mais son seul pouvoir est de signer les lois votées par le Parlement pour qu’elles puissent entrer en application. Simple formalité, cette « sanction royale » ne s’exprime pas sur le fond des textes, ce qui donne au monarque le surnom de « notaire du gouvernement ».

    En « incapacité de régner » pendant 36 heures

    Pourtant, tout le monde se souvient de la crise institutionnelle lors de la dépénalisation de l’avortement, en 1990. Le roi Baudouin (1951-1993), lié à la communauté charismatique catholique de l’Emmanuel avait refusé de signer cette loi contraire à sa conscience. Stupeur générale dans le royaume !

    Après plusieurs tentatives pour faire plier Baudouin, dont la force de caractère est légendaire, un tour de passe-passe est trouvé : le gouvernement déclare le roi en « incapacité de régner » pendant 36 heures, le temps de signer la loi. Le Parlement rend ensuite au souverain ses pouvoirs, par un vote unanime.

    Baudouin a l’intuition que d’autres débats vont s’ouvrir, en particulier sur l’euthanasie. Il envisage donc de modifier la sanction royale, pour donner au monarque la possibilité de se distancier publiquement de certaines lois, tout en les signant. Sa mort empêche un tel projet de voir le jour, même si son frère Albert II (1993-2013), revenu au catholicisme après une vie tumultueuse, lui succède avec le désir de marcher dans ses pas.

    Lorsque la coalition gouvernementale « arc-en-ciel » ouvre l’accès à l’euthanasie en 2002, Albert II souhaite se mettre à son tour en « incapacité de régner », mais, cette fois, les dirigeants belges le lui refusent catégoriquement. Un ancien vice-Premier ministre de l’époque, cité dans l’ouvrage Belgique, un roi sans pays (Plon, 2011) des journalistes Martin Buxant et Steven Samyn, menace le souverain : « Sire, c’est non. C’est hors de question ! On a pardonné à votre frère parce qu’il était un saint. Mais on ne vous pardonnera jamais le même agissement. C’est impossible : il faut laisser passer cette loi. » Soumis à une intense pression et soucieux des équilibres institutionnels, Albert II finit par céder.

    Au Luxembourg, la riposte constitutionnelle au grand-duc

    Au contraire, dans le Luxembourg voisin, le grand-duc Henri décide d’imiter Baudouin – son oncle – en refusant de sanctionner la dépénalisation de l’euthanasie, en 2008. Le Premier ministre Jean-Claude Juncker, futur président de la Commission européenne, riposte en changeant la Constitution luxembourgeoise : le grand-duc perd le pouvoir de signer les lois, et ne peut plus que les promulguer.

    Fils d’Albert II, monté sur le trône en 2013 et connu pour sa piété, Philippe aurait-il pu suivre l’exemple de son cousin Henri avec la loi sur l’euthanasie des mineurs, en 2014, comme l’y encourageait une pétition internationale de 210 000 signatures ? Certains observateurs estiment que cela aurait pu être fatal à la Couronne, donc à l’unité du pays. En effet, la monarchie demeure soutenue par une majorité de Belges (58,2 % en 2017), mais les nationalistes flamands et le Parti socialiste wallon ne cachent pas leur préférence pour une république.

    « Philippe a dû signer contre sa conscience ce texte inique, regrette un ecclésiastique bruxellois. Mais juste après la signature, il est allé visiter des hôpitaux d’enfants. Il a voulu, par ce geste-là, montrer quelle était sa conviction profonde. » L’unique marge de manœuvre d’un roi prisonnier de la raison d’État.