Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Euthanasie : quand le Père Abbé de Fontgombault monte au créneau

    IMPRIMER

    L'homélie du Très Révérend Père Dom Jean PATEAU, Abbé de Notre-Dame de Fontgombault, pour la Toussaint (source) :

    (Fontgombault, le 1er novembre 2022)

    Venite benedicti patris mei
    Venez les bénis de mon Père
    (Mt 25,34)

    Chers Frères et Sœurs,
    Mes très chers Fils,

    Deux foules peuplent les horizons de la liturgie de ce matin de Toussaint. L’épître nous associe à la joie du voyant de l’Apocalypse devant la cité céleste. La voix puissante d’un ange énumère le nombre des élus parmi les douze tribus d’Israël. Puis voici, une foule innombrable de toutes races, peuples, nations et langues qui se tiennent devant le trône de Dieu. L’évangile nous fait entendre une autre voix, celle du Seigneur, plus douce, qui invite ses contemporains, et qui nous invite, à la mise en œuvre des béatitudes comme la porte ouvrant vers une grande récompense dans les cieux.

    Comment ne pas rappeler cet autre enseignement du Seigneur évoquant le jugement de la fin des temps, et dont saint Matthieu s’est souvenu à la fin de son évangile :

    Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire… toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : « Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. » (25,31-34)

    Et quel sera le critère du discernement ?

    J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! (ib. 35-36)

    La pratique des œuvres de miséricorde attire la bénédiction de Dieu : ce que vous « avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (v.40) Heureux donc les pauvres de cœur, les doux, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix. Heureux ceux qui offrent à manger et à boire à l’indigent, qui accueillent l’étranger, qui soignent et visitent le malade et le prisonnier. En mettant en œuvre sans relâche, jour après jour, l’enseignement du Seigneur, ils indiquent à leurs frères le chemin qui, de la vie dans l’éphémère temps présent, conduit à la Jérusalem céleste.

    L’accompagnement du malade, l’accès aux soins palliatifs est devenu une question importante alors que de nombreux États ont autorisé ou se préparent à rendre légale l’euthanasie. Ce faisant, l’État providence, en offrant à ses citoyens une « mort heureuse », prétend se substituer à la Providence divine qui dispose toute chose, et en particulier le moment de la mort, avec justice et amour.

    Il y a un peu plus de deux ans, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié un document intitulé Samaritatus bonus (1) , « Le Bon Samaritain », consacré au soin des personnes en phases critiques et terminales de vie. Je vous invite vivement à le relire intégralement et à le faire connaître. Je crois de mon devoir aussi de le citer un peu longuement ce matin dans le cadre de cette homélie.

    Ce document rappelle que :

    L’Église considère... comme un enseignement définitif que l'euthanasie est un crime contre la vie humaine parce que, par un tel acte, l'homme choisit de causer directement la mort d'un autre être humain innocent. Ceux qui adoptent des lois sur l'euthanasie et le suicide assisté sont donc complices du grave péché que d'autres commettront. Ils sont également coupables de scandale car ces lois contribuent à déformer la conscience, même des fidèles. (Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2286.) « les supplications de très grands malades demandant parfois la mort ne doivent pas être comprises comme l’expression d’une vraie volonté d’euthanasie ; elles sont en effet presque toujours des demandes angoissées d’aide et d’affection... » (Cong. pour la Doctrine de la Foi, Décl. Iura et bona (5 mai 1980))

    Les lois qui approuvent l'euthanasie « non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s'y opposer par l'objection de conscience...“il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes” (Ac 5, 29) ». (Jean-Paul II, Evangelium vitae (25 mars 1995), n. 73)

    La Congrégation veut aussi répondre à l’objection que l’opposition à une telle loi tiendrait aux convictions religieuses de l’individu. Il n’en est rien :

    Le droit à l'objection de conscience ne doit pas nous faire oublier que les chrétiens ne rejettent pas ces lois en vertu d'une conviction religieuse privée, mais en vertu d'un droit fondamental et inviolable de chaque personne, essentiel au bien commun de toute la société. Il s'agit en effet de lois contraires au droit naturel, dans la mesure où elles sapent les fondements mêmes de la dignité humaine et d'une vie en commun fondée sur la justice.

    Enfin, le document précise que pour conférer le sacrement de réconciliation, le confesseur doit veiller à ce que le pénitent ait une contrition. Aussi, une personne inscrite auprès d'une association pour recevoir l'euthanasie ou le suicide assisté doit montrer son intention d'annuler cette inscription avant de recevoir les sacrements. Dans le cas où le patient serait inconscient, le prêtre pourrait administrer les sacrements sous condition et seulement si le repentir peut être présumé à partir d'un signe donné précédemment par la personne malade. Ceux qui assistent spirituellement les malades ne pourraient en aucun cas rester présents au moment de l’acte, ce qui ne pourrait être interprété que comme une complicité au mal.

    Alors que l’Église nous convie à méditer en ce jour sur la beauté du Corps mystique du Christ, elle nous rappelle que nous ne sommes pas seulement les profiteurs d’un admirable échange où la sainteté des uns profite aux autres. Les âmes au purgatoire, nos frères de la terre, et tout particulièrement ceux qui sont dans l’épreuve, implorent l’aumône de notre prière. Cheminant au cœur de l’Église militante, nous avons le devoir de nous entraîner les uns les autres vers la cité céleste, d’être comme un bon ange pour notre frère. Qui comprend la sainteté de la cité céleste, n’a de cesse d’y mener son prochain.

    Que Marie, Mère de Dieu, Reine des Anges et des Saints, Mère de miséricorde et Refuge des pécheurs, intercède pour nous. Amen.

    (1) https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20200714_samaritanus-bonus_fr.html

    CDF_Samaritanus_bonus.pdf

  • Enquête sur les funérailles : 53% à l’église. 56% d’inhumations et 44% d’incinérations

    IMPRIMER

    Communiqué de presse

    Enquête sur la réalité des funérailles : 53% à l’église. 56% d’inhumations et 44% d’incinérations.

    2 novembre 2022.

    Egliseinfo.be, le GPS de plus de 2.500 clochers en Belgique francophone, dévoile les résultats de son enquête sur la réalité de la pratique des funérailles en Belgique francophone. Combien choisissent une cérémonie religieuse ? Y-a-t’il plus d’inhumations que d’incinérations ? Cela varie-t’il d’une province à l’autre ?

    « Notre site est la référence des heures de messe et reçoit également beaucoup de visites liées aux funérailles, des recherches d’adresses d’églises et de cimetières. De même pour des prières pour les défunts. Avec l’équipe, nous avons voulu objectiver la réalité des funérailles en Belgique francophone. », dit Jacques Galloy, initiateur de la plateforme egliseinfo.be.

    Le 2 novembre est le jour de la commémoration des défunts. Les cimetières fleurissent et s’illuminent. Des millions de belges visitent les tombes de leurs proches. En 2021, 112.291 habitants sont décédés en Belgique (toutes causes de décès confondues) selon Statbel, l'office belge de statistique, soit environ 55.000 Belges francophones.

    La moyenne d’âge des 540 avis de décès analysés est de 78 ans. L’échantillon a été extrait du 15 au 31 octobre 2022, sur les sites enaos.be, inmemoriam.be, defunt.be et lesfunerailles.be. Il représente proportionnellement les provinces du Brabant Wallon, Hainaut, Liège, Luxembourg, Namur et la région de Bruxelles capitale.

    53% des funérailles ont lieu sous la forme d’une cérémonie religieuse dans une église. C’est même 70% dans les provinces de Luxembourg et de Namur et 44% dans le Brabant-Wallon, à Bruxelles et à Liège. Le Hainaut, la province la plus peuplée avec ses 1 351 127 habitants au 1 janvier 2022 selon statbel, affiche 59% de cérémonies religieuses à l’église. Pour être complet, il faudrait aussi tenir compte des liturgies religieuses dans les crématoriums mais cette information n’apparaît pas toujours clairement sur les avis.

    Parmi ces célébrations religieuses dans une église, 72% optent pour une inhumation, contre 28% d’incinérations. Au contraire, en absence de liturgie, 69% choisissent une incinération tandis que 31% préfèrent un enterrement dans un cercueil. En moyenne, sur l’ensemble des obsèques de l’échantillon, 56% sont des inhumations contre 44% d’incinérations, en croissance. C’est dans la province de Liège que le taux d’incinération est le plus élevé : 53%, et dans les provinces de Luxembourg et de Namur qu’il est le plus faible : 34%. A Liège-ville, le crématorium situé sur le site de l’ancien abbaye devenu cimetière de Robermont affiche de plus en plus souvent complet. Dès lors, davantage d’incinérations ont lieu au sud des Pays-Bas dans le crématorium d’Eijsden où il y aura bientôt un espace aménagé pour le recueillement des proches.

    Par ailleurs, en ces temps troublés, les cimetières militaires des malheureuses grandes guerres sont plus fréquentés que d’habitude. Les arbres se parent de leurs couleurs d’automne. Les feuilles tombent. L’hiver approche et, nous le savons, il sera suivi du printemps.

    Notice technique : Enquête sur les funérailles en Belgique francophone par egliseinfo.be, le GPS des clochers. Echantillon de 540 faire-parts de décès du 15 au 31 octobre 2022, sur les sites enaos.be, inmemoriam.be, defunt.be et lesfunerailles.be.

    Marge d’erreur 4%. Statbel : https://statbel.fgov.be/fr/themes/population/mortalite-et-esperance-de-vie/mortalite-generale#

    Contacts : Gabriel Crutzen, webmaster, +32 470 03 21 74, support@egliseinfo.be
    Jacques Galloy, initiateur, +32 (4) 374 23 74, +32 (497) 44 67 36 info@egliseinfo.be
    Gaudeto sprl - Chemin du Frise 46, 4671 Saive

    A propos d’Egliseinfo.be : Egliseinfo.be est une start-up catholique belge qui géolocalise gratuitement les clochers et les horaires des célébrations. Lancée à Pâques 2014, elle regroupe 2.500, soit 95%, des clochers et paroisses de Belgique francophone. Ce projet collaboratif est porté par des chrétiens laïcs en partenariat avec des diocèses belges francophones et CathoBel.

    www.egliseinfo.be - https://www.facebook.com/egliseinfo.be - https://www.instagram.com/egliseinfo.be

  • "Nous voyons les conséquences d'une société pleine de droits mais sans responsabilité personnelle"

    IMPRIMER

    De Maria José Atienza sur Omnes :

    Joseph Weiler : "Nous voyons les conséquences d'une société pleine de droits mais sans responsabilité personnelle".

    Joseph Weiler, Prix Ratzinger de Théologie 2022, a été l'orateur du Forum Omnes sur "La crise spirituelle de l'Europe", dans une Aula pleine à craquer, où il a partagé des clés et des réflexions sur la pensée européenne actuelle. 

    31 octobre 2022

    L'Aula Magna du siège de l'Université de Navarre à Madrid a accueilli le Forum Omnes sur "La crise spirituelle de l'Europe". Un sujet qui a suscité beaucoup d'attentes, comme en témoigne le large public qui a assisté au Forum Omnes. Alfonso Riobó, directeur d'Omnes, a ouvert le forum Omnes en remerciant les intervenants et les participants de leur présence et en soulignant le niveau intellectuel et humain du professeur Weiler, qui est devenu le troisième lauréat du prix Ratzinger à assister à un forum Omnes.

    Le professeur María José Roca était chargé de modérer la session et de présenter Joseph Weiler. M. Roca a souligné la défense de "la possibilité d'une pluralité de visions en Europe dans un contexte de respect des droits" incarnée par le professeur Weiler, qui a représenté l'Italie devant la Cour européenne des droits de l'homme dans l'affaire Lautsi contre Italie, qui a statué en faveur de la liberté de la présence de crucifix dans les écoles publiques italiennes.

    La "trinité européenne"

    M. Weiler a commencé sa thèse en soulignant que "la crise que traverse l'Europe n'est pas seulement politique, défensive ou économique. C'est une crise, avant tout, de valeurs". Dans ce domaine, M. Weiler a expliqué les valeurs qui, selon lui, sous-tendent la pensée européenne et qu'il a appelées "la trinité européenne" : "la valeur de la démocratie, la défense des droits de l'homme et l'État de droit".

    Ces trois principes constituent le fondement des États européens, et sont indispensables. Nous ne voulons pas vivre dans une société qui ne respecte pas ces valeurs, a soutenu M. Weiler, "mais ils ont un problème, ils sont vides, ils peuvent aller dans une bonne ou une mauvaise direction".

    Weiler a expliqué cette faille dans les principes : la démocratie est une technologie de l'information.
    Elle est vide, car si vous avez une société où la plupart des gens sont mauvais, vous avez une mauvaise démocratie. "De même, les droits fondamentaux indispensables nous donnent des libertés, mais que faisons-nous de cette liberté ? ". Selon ce que nous faisons, nous pouvons faire du bien ou du mal ; par exemple, nous pouvons faire beaucoup de mal protégés par la liberté d'expression".

    Enfin, a souligné M. Weiler, il en va de même pour l'État de droit si les lois dont il émane sont injustes.

    Le vide européen

    Face à cette réalité, Weiler défend son postulat : l'être humain cherche "à donner un sens à sa vie qui dépasse ses intérêts personnels".

    Avant la Seconde Guerre mondiale, poursuit le professeur, "ce désir humain était couvert par trois éléments : la famille, l'Église et la patrie. Après la guerre, ces éléments ont disparu, ce qui est compréhensible, si l'on tient compte de la connotation avec les régimes fascistes et des abus commis par ces derniers. L'Europe se laïcise, les églises se vident, la notion de patriotisme disparaît et la famille se désintègre. Tout cela donne lieu à un vide. D'où la crise spirituelle de l'Europe : "ses valeurs, la "sainte trinité européenne" sont indispensables, mais elles ne satisfont pas la quête de sens de la vie. Les valeurs du passé : famille, église et pays n'existent plus. Il y a donc un vide spirituel.

    Lire la suite

  • François a donné un anneau cardinalice à Mgr Van Looy

    IMPRIMER

    De Vida Nueva (Mateo Gonzales Alonso): 

    François a donné un anneau de cardinal à l'évêque belge qui a renoncé à la barette cardinalice

    Pour le porte-parole du Saint-Siège, cela "ressemble plus à un geste personnel du pape qu'à un événement d'importance ecclésiastique".

    Les 8 et 9 octobre, le salésien Luc Van Looy, évêque émérite de Gand (Belgique), a participé aux différentes manifestations organisées à Rome pour la canonisation d'Artémides Zatti, salésien d'origine italienne qui a passé sa vie religieuse en Argentine à s'occuper de nombreux malades. Mgr Van Looy avait fait la une des journaux quelques mois auparavant lorsqu'il avait renoncé à son cardinalat à la suite de l'annonce du pape François, le 29 mai, pour sa gestion des cas d'abus passés à la tête du diocèse belge.

    Un geste personnel

    Cependant, une image a été portée à l'attention du journal catholique néerlandais Nederlands Dagblad, à savoir la manière dont le souverain pontife a embrassé l'anneau de l'évêque émérite. Une chose qui était visible par tous, puisqu'il s'agit de l'une des principales photos que le Vatican conserve sur son site web. Mgr Van Looy a salué François en public après l'audience avec la famille salésienne le 8 octobre et après la messe de canonisation le jour suivant sur la place Saint-Pierre. Le baiser de vénération papale a donné une notoriété à ce qui semblait jusqu'alors être un geste discret et personnel du pontife.

    Selon les médias flamands, Mgr Van Looy a reçu du pape une bague en cadeau, semblable à celle que les autres cardinaux ont reçue lors du consistoire du 27 août, bien que le prélat n'ait pas participé à la célébration ni aux journées d'étude du nouveau document sur la Curie romaine. Bien que sa renonciation ait été rendue publique le 16 juin, la presse rapporte maintenant que l'anneau a été remis par le cardinal sud-coréen Lazarus You Heung, préfet du dicastère pour le clergé, et que pendant son séjour dans la congrégation salésienne, Van Looy a été missionnaire pendant plusieurs années en Corée du Sud.

    "C'est quelque chose entre moi et le Pape. Je n'ai pas reçu cet anneau publiquement et cela ne doit donc pas être annoncé publiquement", tels sont les mots de l'évêque belge rapportés par le Nederlands Dagblad. Pour lui, ce cadeau n'est qu'"un geste du pape et rien de plus, je pense". Le Vatican n'a pas donné de "réponse officielle", mais le porte-parole du Saint-Siège, Matteo Bruni, a répondu au journal en déclarant qu'il s'agissait "plutôt d'un geste personnel du pape que d'un événement d'importance ecclésiastique".

    Mgr Van Looy, qui est à la retraite et qui donne un coup de main à un sanctuaire marial belge, a déclaré à Vida Nueva après sa démission : "Je me souviens que Don Bosco n'a jamais accepté les honneurs ou les titres, et que Jésus est passé par les gens quand ils ont voulu le faire roi. Nous sommes dans la main de Dieu".

  • Le gouvernement de l'Eglise entre les mains des jésuites ?

    IMPRIMER

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    L’équipe du Pape François aux manettes de l’Église. Tous jésuites

    Incroyable mais vrai. Alors même qu’elle a perdu une bonne moitié de ses effectifs en quelques décennies à peine, la Compagnie de Jésus s’est hissée aux plus hautes fonctions de l’Église catholique comme jamais auparavant.

    Il y a d’abord bien entendu le Pape François lui-même. C’est le premier pape jésuite de l’histoire : lui qui comptait pourtant plus d’adversaires que d’amis au sein de la Compagnie et qui se gardait bien de mettre les pieds à la curie généralice à chaque fois qu’il se rendait à Rome quand il était encore cardinal.

    Mais ce qui est nouveau, c’est que dans cette dernière phase de son pontificat – qui décline avec son âge, au contraire de ses ambitions – François s’est doté d’une équipe d’assaut aguerrie, toute dévouée à sa cause et entièrement composée de jésuites.

    Le numéro un de cette équipe est indiscutablement le cardinal Jean-Claude Hollerich (photo), archevêque de Luxembourg. Il est en tête de liste, dans les plans du Pape Bergoglio, aussi bien pour le présent que pour l’avenir.

    En ce qui concerne le présent, le rôle que François lui a assigné, c’est de piloter, en tant que rapporteur général, le synode mondial lancé en 2021 et qui durera au moins jusqu’en 2024, et bien au-delà dans le tête du Pape, avec pour objectif de remodeler l’Église à l’enseigne, précisément, d’une « synodalité » permanente.

    Quant à l’avenir, ce n’est un mystère pour personne que le cardinal Hollerich est également le candidat « in pectore » du Pape François à sa succession, sur laquelle le synode en cours aura un poids déterminant, obligeant dans les faits le futur Pape – qui qu’il soit – à le prendre en compte et à poursuivre le « processus », un peu comme Paul VI avait du le faire avec le Concile Vatican II qu’il avait hérité de Jean XXIII.

    La répétition générale de ce synode mondial est en cours en Allemagne, et elle est déjà en train de contaminer d’autres Églises nationales sans que François n’y oppose le moindre frein efficace, avec la sempiternelle litanie de réformes à la mode, allant des prêtres mariés aux femmes prêtres, en passant par la nouvelle morale sexuelle et homosexuelle et par la démocratisation du gouvernement de l’Église.

    Lire la suite

  • Le métagénisme ou la supercherie du genre

    IMPRIMER

    Du site de la librairie en ligne Via Romana :

    La supercherie du Genre

    La supercherie du Genre

    Abbé Renaud de Sainte Marie

    10,00 € TTC
     
    Vient de paraître, en librairie le 10 novembre.

    Disponible dès maintenant sur ce site.

    Beaucoup d’opposants au Mariage pour tous le savaient. L’adoption de la loi Taubira était l’arbre qui cachait la forêt. Depuis lors, dans ces domaines qui touchent à la définition des sexes, à leur place dans la société, à la définition de la famille s’accumulent les bouleversements, certains diront les déconstructions.

    Pour inquiétant qu’il soit, ce spectacle n’est pas sans cohérence. Ce petit livre a pour ambition de dévoiler l’arrière-fond philosophique du chaos général soutenu institutionnellement à grand renfort de lois et de propagande par les gouvernements successifs de notre pays et par les institutions internationales.

    L’attaque que subissent les nations humaines est générale, et sa malice en quelque sorte inédite. Les premières victimes de cette offensive sont les plus jeunes générations, celles qui à l’école sont devenues les souris de laboratoire de théoriciens promouvant une égalité pas encore atteinte malgré cent cinquante ans de démocratie. On découvrira par ce livre pourquoi les luttes contre les discriminations sont devenues intersectionnelles.

    Face au mal qui progresse, nous ne pouvons pas rester inactifs. Mais avant d’agir, il faut comprendre, nommer. Sous nos yeux inquiets se dévoile un courant de pensée qui ne disait pas son nom, nous lui en avons donné un : le métagénisme.

    Prêtre, l’abbé Renaud de Sainte Marie a été ordonné en 2006. Titulaire d’un doctorat en philosophie, il a déjà publié La sensibilité dans la vie morale (Clovis 2009) et Le désir du bien (Téqui 2021).

  • Procès du cardinal Zen : les avocats de la défense demandent l’abandon des charges

    IMPRIMER

    De Camille Westphal Perrier sur Info Chrétienne :

    Hong Kong : les avocats du cardinal Zen demandent à ce que les charges retenues contre lui soient abandonnées

    Le procès du cardinal Zen, grand défenseur de la démocratie, et de ses coaccusés à repris hier, lundi 31 octobre, à Hong Kong. Les avocats de la défense demandent l’abandon des charges. 

    Le procès du cardinal Zen, arrêté avec cinq autres militants pro-démocratie en mai pour « collusion avec des forces étrangères »,  se poursuit à Hong Kong au tribunal de West Kowloon.

    Il n’a toutefois, à ce stade, pas été inculpé pour cette infraction qui lui ferait encourir la prison à vie, selon la loi de sécurité nationale imposée par Pékin en 2020.

    Avec ses coaccusés, parmi lesquels la chanteuse Denise Ho, l’avocate Margaret Ng, il n’est pour l’instant jugé que pour défaut d’enregistrement d’un fonds en tant que société. Il s’agit du fonds « 612 Humanitarian Relief Fund », dont il était l’un des administrateurs, qui était destiné à financer une partie des frais judiciaires et médicaux des personnes arrêtées lors des gigantesques manifestations pro-démocratie de 2019.

    Les accusés encourent une amende de 10.000 dollars de Hong Kong (1.300 euros). Ils ont tous plaidé non-coupable.

    La semaine dernière, l’accusation avait la parole, hier lundi 31 octobre, c’était au tour des avocats de la défense de s’exprimer.

    L’accusation a plaidé mercredi 26 octobre que le fonds était de nature politique et était donc tenu de s’enregistrer.

    Asia News rapporte que l’équipe juridique des accusés a demandé que les charges qui pèsent contre le cardinal et les autres administrateurs du fonds soient abandonnées. Les avocats de la défense estiment en effet que selon l’Ordonnance sur les Sociétés, ils n’avaient pas l’obligation d’enregistrer le fonds comme tel.

    L’arrestation du cardinal Zen a suscité l’indignation dans de nombreux pays occidentaux, qui accusent la Chine de mettre fin aux libertés autrefois promises à Hong Kong.

    Jeudi 27 octobre, le même tribunal a condamné un pasteur protestant, Garry Pang Moon-yuen, pour sédition. Il est le premier membre du clergé chrétien à avoir été condamné pour ce motif depuis la loi sur la sécurité nationale.

  • Qui se préoccupe du long terme aujourd’hui ?

    IMPRIMER

    D'Olivier Bonnassies sur La Sélection du Jour :

    LE PROBLÈME DE LA DÉMOCRATIE

    « La démocratie est basée sur la vertu » disait Montesquieu dans son analyse des régimes politiques (De l’Esprit des lois, chapitre IV). Il expliquait que ce régime politique « plus fragile » requiert un civisme particulier, une « vertu politique » qui est « un renoncement à soi-même » en ce sens que les citoyens doivent « accorder plus d’importance à l’intérêt général et à la nation qu’à (leur) propre intérêt » en ayant toujours, chevillé au corps, « l’amour des lois et de la patrie ».

    On en est loin aujourd’hui ! Depuis plusieurs décennies, dans la plupart des grandes démocraties occidentales, notre génération a cédé à la facilité. Ce penchant a été facilité par l’évolution des marchés financiers qui ont permis de vivre à crédit, en empruntant des sommes gigantesques qui plombent l’avenir de nos enfants comme jamais : qui pourra rembourser cela ?

    Les peuples réclament toujours plus d’assistance de l’État, alors que, contrairement au sentiment général, la prospérité, la santé, l'hygiène, le confort, les loisirs et la qualité de la vie n’ont jamais atteint les niveaux d’aujourd’hui. Mais l'État est atteint de paralysie évolutive. À la moindre tentative de réforme, il se heurte à une opposition multiforme dans la rue, qui gagne habituellement quand elle a le soutien complaisant des médias.

    Les hommes politiques ont pris l’habitude de flatter ces exigences ou de se coucher devant elles. La dernière campagne présidentielle en France a été l’occasion d’une surenchère surréaliste sur le thème de la hausse du pouvoir d’achat. Trois mois plus tard, Emmanuel Macron change radicalement de discours : ce serait aujourd’hui « la fin de l’abondance » et le temps de la« sobriété ». Le paysage aurait-il radicalement évolué en trois mois ? Ou nous aurait-on menti ?

    En réalité, dans le fonctionnement actuel de nos démocraties l’horizon est au mieux à 5 ans et on ne pense qu’au court terme. Les hommes politiques, leurs entourages, leurs partis, ne sont attentifs qu’aux sondages et ne prennent leurs décisions qu’en fonction de l’opinion publique ; ils ne cherchent qu’à être bien vus dans l’instant ; ils n’ont en tête que leur indice sur les baromètres de popularité en vue de leur réélection (quand ils sont élus !). Et plus on approche des élections plus la démagogie s’en donne à cœur joie : on ne pense qu’au très court terme et les réseaux sociaux, qui s’enflamment vite, aggravent les choses.

    Dans ce contexte, tous les problèmes de long terme sont négligés : la natalité, la politique familiale, l’éducation, l’écologie, la démographie, l’immigration, l’islamisme, les banlieues et les zones de non droit, la partition du pays, la technologie, l’industrie, les retraites et le montant de la dette ne semblent intéresser personne. Évidemment, avec ce type de comportement, les nuages s’accumulent : tous les clignotants passent au rouge et nous nous préparons à une crise sociale et économique inouïe.

    Où serait le remède ? Comment retrouver la « vertu », le sens du « renoncement à soi-même » et la vision longue qui nous manquent tant ?

    Dans le passé, des hommes politiques ont fait ce choix du bien commun contre la popularité. Ce fut le cas, notamment, de Gerhard Schröder, qui, sans être un exemple de moralité personnelle (vie compliquée !), a sauvé l’Allemagne, ou du moins sa prospérité économique, au début des années 2000, en mettant en place « l’agenda 2010 ». Ce paquet de réformes très impopulaires a provoqué la colère de son électorat, une chute de la popularité du chancelier et une lourde défaite électorale, qui l’a contraint à quitter la politique. Mais dix ans après, tout le monde reconnait que la prospérité allemande du début du XXIème siècle lui doit beaucoup.

    Certains peuples peuvent aussi avoir des comportements responsables. C’est le cas parfois en Suisse, où, par référendum, le peuple a été capable de dire « non » à plus de vacances et à davantage de congés payés (2012), « non » à la limitation du salaire des patrons (2013), « non » à une hausse du SMIC à 3 240 euros (2014) et « non » à l’abolition de la redevance audiovisuelle (2018). Mais qui peut imaginer cela ailleurs ?

    Dans l’Ancien Régime, même si cela n’empêchait pas les banqueroutes, les rois savaient que leurs enfants auraient à gérer l’avenir et cela conduisait naturellement à prendre en compte l’intérêt des générations futures. C’est ainsi que Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) a fait l’effort – sans aucun gain de court terme évidemment – de faire planter des forêts de chênes qui ont assuré le bois nécessaire au développement de la marine française et qui ont contribué à la prospérité de la France dans les siècles suivants. Il l'a fait parce que c’était essentiel pour l’avenir de la nation et tout le monde le comprenait à l'époque. Mais qui se préoccupe du long terme aujourd’hui ?

    Pour aller plus loin :

    Les chênes français et le trésor de Colbert

    >>> Lire l'article sur : Le Monde

  • Dans la main de Dieu

    IMPRIMER

    Dans la main de Dieu

    2 novembre: jour de la commémoration des défunts. Pour bon nombre d'entre nous, après la mort il n'y a rien. Jamais, nous ne reverrons ceux que nous avons aimés. Très curieusement, un texte de la Bible, tiré du livre de la Sagesse, nous livre des paroles conformes à ce que beaucoup d'humains pétris d'une philosophie matérialiste pensent aujourd'hui. En voici quelques extraits... "Les incroyants se disent: "Il est court le temps de notre vie et quand vient la fin d'un homme, il n'y a point de remède. Notre nom tombera dans l'oubli. Le hasard nous a amenés à l'existence  et après cette vie, nous serons comme si nous n'avions jamais été. Notre existence est le passage d'une ombre et sa fin est sans retour. De la mort, nul ne revient". Quel athée ne se retrouvera pas dans ces mots? Cependant, ce même texte poursuit: "Telles sont leurs pensées mais il se trompent. Ignorant les desseins divins, il ne savent pas qu'ils sont créés pour l'immortalité et que les âmes des justes sont dans la main de Dieu. Aux yeux des insensés, nos défunts paraissent être morts et leur sortie de ce monde semble un malheur, mais ils sont dans la paix". Contraste!  D'un côté ceux qui croient que le Réel se réduit à ce qu'ils peuvent percevoir de lui et de l'autre, ceux qui pensent que nos sens sont insuffisants pour saisir la totalité de ce Réel. Dès lors, si pour les premiers tout s'arrête avec la fin du corps physique, pour les deuxièmes tout est transfiguré avec ce corps spirituel qui n'appartient aucunement à l'espace-temps. Certes, la nature et hélas les actions de l'homme à travers des assassinats, sont capables de tuer notre corps matériel, mais ils ne peuvent rien à l'encontre de notre âme qui, elle, demeure éternellement.  Un mot attribué à St Jérôme peut, je le crois nous aider à percevoir la différence qui existe entre ce monde et celui qui nous attend sur l'autre rive. Le voici en guise de conclusion: "La vie (terrestre) est un rêve dont la mort (l'au-delà) nous réveille".

    Jean-Pierre Snyers (Montforêt 19, 4190 Ferrières, Belgique)

  • Sénégal : Vêpres d’hier, 30 octobre 2022, à Keur Moussa

    IMPRIMER

    KTO propose un nouveau rendez-vous de prière. Le dernier dimanche de chaque mois à 21h30, les vêpres de l’abbaye bénédictine de Keur Moussa au Sénégal seront retransmises. Voici le rendez-vous de ce dimanche 30 octobre 2022, capté hier pour la première diffusion sur cette chaîne :

    Mgr Ndiaye, archevêque de Dakar : « Keur Moussa fait partie de l'histoire du patrimoine de l'Église du Sénégal » :

  • Quelle sortie de crise peut-on imaginer pour l'Eglise ?

    IMPRIMER

    De l'abbé Claude sur Res Novae :

    Imaginer une sortie de crise pour l’Église

    novembre 2022

    De grandes échéances approchent inéluctablement. La décomposition du catholicisme va s’accélérant, et pas seulement en Allemagne. De ce fait, la mise en évidence d’un schisme de fait s’accroît entre un catholicisme de conservation (au sens où Yann Raison Du Cleuziou parle de catholiques qui ont maintenu une sorte de « conservatoire ») et un catholicisme libéral-conciliaire. De grandes secousses peuvent donner l’occasion, aux évêques qui en auront la volonté, suscitée par la toute puissante Providence, d’amorcer le dur combat d’une renaissance. Se trouvera-t-il de tels Successeurs des Apôtres ?

    Un salut qui ne peut être que hiérarchique

    L’Église, du fait de l’événement Vatican II, est plongée dans une crise d’un type totalement atypique où le fonctionnement habituel du magistère est comme enrayé. Cela tient aux novations enseignées par ce concile et à cette sorte de démission que constitue la sortie du magistère infaillible, au moins comme référence, et son remplacement par l’enseignement pastoral. Le signe le plus visible de cette ère nouvelle étant une liturgie elle-même pastorale, affaiblie, parfois considérablement, du point de vue de sa signification théologique.

    La divine constitution de l’Église étant fondée sur le pape et les évêques, la sortie de crise, à terme, ne peut être qu’une reprise en main par le pape et les évêques unis à lui. Ils devront nécessairement se consacrer à un renversement ecclésiologique dans le cadre d’une société catholique, aujourd’hui minoritaire. L’Église retrouvera la conscience d’être la totalité surnaturelle de son Corps mystique sur la terre, dans la pauvreté des moyens que lui impose une situation de persécution idéologique du monde moderne[1].

    Tel est le terme. Auparavant les fidèles de l’Église (jadis, on aurait pu y ajouter les princes chrétiens), animés par le sensus fidelium, peuvent certes œuvrer grandement en cette direction, notamment par la conservation de la lex orandi traditionnelle. Mais la préparation adéquate au retournement dont nous parlons serait – ou est déjà, quoique bien faiblement encore – l’action réformatrice de Successeurs des Apôtres en communion prévenante avec le pape devenu restaurateur. 

    Il ne faut pas se cacher que si la confession intégrale de la foi catholique redevient un jour, comme il est de règle, le critère d’appartenance à l’Église, la brisure latente de l’unité qui existe depuis cinquante ans entre catholiques[2] va nécessairement se transformer en schisme ouvert. Et cela ne pourra intervenir que « dans le sang et dans les larmes » moralement parlant. Mais ce sera en même temps libérateur, la vérité étant par essence salvatrice, y compris pour les schismatiques appelés au choix et à la conversion. Car on ne peut malheureusement pas prévoir de solutions gentillettes à une crise de cette profondeur.

    Sortir d’un catholicisme « allégé », revenir à un catholicisme « entier »

    Quel programme peut-on imaginer pour la hiérarchie du futur, et dans un plus proche avenir pour ces évêques anticipant et préparant le relèvement de l’Église ? Nous évoquerons dans de prochaines livraisons un certain nombre de thèmes de réforme, et auparavant de prolégomènes à la réforme, comme la recomposition de la liturgie, le retour à la prédication sur les fins dernières, la restauration de la discipline de la communion, l’enseignement de ce qu’on pourrait appeler le catéchisme tout simplement, la morale et spécialement la morale conjugale, la formation des prêtres.

    Lire la suite

  • Vivre au milieu des saints (homélie pour le jour de la Toussaint 2022)

    IMPRIMER

    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour la fête de la Toussaint 2022 :

    Vivre au milieu des saints

    Je te montrerai le chemin du ciel

    Quand on entend le Seigneur dire « votre récompense sera grande dans les cieux » (Mt 5,12), on est souvent un peu dépité, car on aimerait une récompense pour maintenant. Enfin, dans l’ambiance actuelle, c’est déjà quelque chose d’entendre qu’on peut se préparer à un grand avenir… L’avenir nous paraît de nos jours si compliqué… Tout à l’heure je me demanderai si ce bel avenir ne commence pas aujourd’hui, mais explorons d’abord de quoi sera fait cet avenir. Je ne le ferai pas par des suppositions, mais à partir de l’énumération que le Seigneur nous fait en promettant le bonheur.

    Nous vivrons avec des gens qui ont un cœur de pauvre, pas avec des orgueilleux, des râleurs, des mal-contents, des méprisants… Quel bonheur de vivre avec des gens qui cherchent à promouvoir l’autre plutôt qu’eux-mêmes ! Nous vivrons avec des doux, avec des miséricordieux qui ne font pas la liste de leurs griefs envers nous mais nous accueillent avec un grand cœur. Avec des personnes sensibles qui osent pleurer du mal qui frappe l’homme. Avec des pacifiques. Avec des amoureux de la justice — non pas seulement la justice sociale, mais aussi celle qui concerne Dieu : que Dieu soit honoré comme il convient, et le prochain servi comme il convient ! Nous vivrons avec des gens qui ont tant aimé le Seigneur qu’ils n’ont pas craint les insultes ou la persécution. Bref, quel paradis partagé avec de tels frères et sœurs, à contempler l’auteur de toute beauté, de toute joie, de tout amour : nous verrons Dieu tel qu’il est ! (1 Jn 3,2)

    Vous me direz : et pour tous ceux qui ne sont pas comme le dit Jésus, qu’y aura-t-il pour eux ? C’est pour eux que la méditation de l’Église, a partir des indications de l’Écriture qui parlent d’une purification possible après la mort, a imaginé qu’il y avait un Purgatoire : un lieu où l’âme trop tournée vers elle-même apprend à s’ouvrir, à devenir généreuse, à entrer dans le pardon et la louange. C’est pourquoi nous prions pour nos morts, afin de les soutenir dans ce processus de transformation qui introduit à la vie du ciel.

    Revenons à la question qui demande : est-ce seulement pour l’avenir ?  En réalité nous pouvons déjà commencer le paradis maintenant. Le Royaume des cieux est déjà présent. Regardez-vous : nous sommes entre saints ! Il n’y a pas que les saints canonisés, ni les saints inconnus que nous fêtons en cette fête de Toussaint qui méritent ce nom de saint. Saint Paul appelait souvent « saints » les chrétiens auxquels il s’adressait. Vous me direz : avec tous les défauts de l’Église, ce n’est pas trop ça… Mais qui donne la sainteté ? Le saint fait des efforts pour se corriger, pour devenir plus aimant et plus persévérant, mais ce ne sont pas ses efforts qui lui donnent la sainteté. Le saint n’est pas celui qui est irréprochable, mais celui qui se laisse purifier par Dieu. Plus déterminant que les efforts que nous faisons, ce sont les efforts que Dieu fait qui changent la donne. Ce qui nous rend saints, c’est d’accueillir sa miséricorde, c’est de se laisser animer par lui. Lui seul est capable de nous rendre purs, de redonner à notre âme sa beauté, son ardeur à aimer. En cette fête de tous les saints, désirons à notre tour être saints : désirons que Dieu nous transforme par son amour, et qu’ainsi nous allions de l’avant.