Tous deux invités par les évêques à l’assemblée plénière d’automne à Lourdes – une démarche inédite dans l’Église de France –, Marie-Hélène Lafage, vice-présidente des Altercathos et membre du conseil d’administration des Scouts et Guides de France, et Fabrice Gagnant, chercheur en anthropologie systémique, témoignent pour La Vie. Une interview réalisée par Marie-Lucile Kubacki :

"Comment êtes-vous arrivés à l’écologie ?
Fabrice Gagnant. À 16 ans j’ai créé un site web sur l’écologie ! J’ai commencé à me former en autodidacte, par des lectures, en suivant des conférences, par des expériences de terrain. Plus tard, je me suis spécialisé en anthropologie systémique pour comprendre les évolutions des sociétés sur le long terme. Il y a 5 ans je suis allé voir le cardinal Barbarin, juste avant la publication Laudato si’, en lui disant que j’avais envie de travailler pour l’Église. J’avais envie de mettre mes compétences au service du diocèse, pour faire une passerelle entre l’Église et les autres acteurs. J’ai proposé que l’on crée un pôle écologie au sein du diocèse de Lyon pour accompagner le diocèse vers plus de cohérence : réduction et tri des déchets, sensibilisation, accompagnement des paroisses, réflexion sur le patrimoine, utilisation de matériel recyclé, organisation d’événements. Accueillir les bonnes volontés, mais aussi évangéliser car plein de jeunes de mon âge sont sensibles à cela… Pour moi il n’y a pas d’idéologie dans l’écologie, la nature ne ment pas. Quand les forêts meurent de soif comme dans les Vosges, ce n’est pas idéologique. L’homme se raconte des histoires, pas la nature.
À Lourdes, comme un changement de ton chez les évêques
Marie-Hélène Lafage. J’ai toujours été extrêmement sensible à la Création, étant de nature contemplative, aimant la poésie (elle a publié le recueil Le train dans le brouillard n’attendra pas minuit, Ad Solem, 2017, ndlr). La Contemplation de la Création a toujours été une chose très naturelle et très forte. Je suis aussi fascinée par la figure de saint François d’Assise. Au moment où je me suis convertie, je me suis demandé où était ma vocation. J’ai senti que j’avais une volonté d’exister dans la transformation du monde. Politique, poésie, foi et écologie : ce sont mes quatre moteurs.
Vous êtes les premiers laïcs invités à participer à une assemblée des évêques : comment le vivez-vous et qu’en attendez-vous ?
F.G. J’étais très content d’être invité, c’était une forme de reconnaissance pour mon travail sur cette question. Je suis venu ici aussi, avec la crainte que nous n’en restions au stade des mots et que cela ne soit pas traduit en actes. J'ai été rassuré par la grande qualité des interventions et des ateliers. J'attends maintenant des actes concrets.
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