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Débats - Page 327

  • Le progressisme ne tolère que lui-même

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    Mathieu Bock-Côté : « Le progressisme ne tolère que lui-même »

    Chronique de Mathieu Bock-Côté dans le Figaro du 4 janvier 2020. À noter que, le même jour où paraissait cet article, le juge des référés ordonne la reprise de l’affichage de la campagne d’Alliance VITA par Mediatransports

    La formule est désormais consacrée : la liberté d’expression ne serait pas celle de dire n’importe quoi. Reste à déterminer ce qu’est ce « n’importe quoi » et, surtout, qui peut le définir. L’espace public ne cesse de se rétrécir. Vu de l’étranger, par exemple, on ne peut que se demander quelle est la légitimité d’un organe comme le CSA, qui veille moins à l’éthique journalistique qu’à l’encadrement idéologique de la parole publique. Plusieurs de ses interventions, aussi ubuesques qu’orwelliennes, mériteraient d’être rassemblées dans une anthologie de la bêtise.

    On refoule dans les marges ceux qui s’entêtent à ne pas célébrer l’esprit de l’époque. Dans une société démocratique normale, ils n’existeraient pas. On vient de le voir à nouveau avec l’étrange polémique entourant Alliance Vita, qui, dans les transports publics, faisait une campagne publicitaire anti-PMA et GPA, au nom de l’importance du père et de la mère. Cette campagne a scandalisé la Mairie de Paris. Anne Hidalgo l’a dit clairement : le point de vue exprimé par les affiches ne devrait pas être admis dans le domaine public. Il faudrait les retirer. Le progressisme est obligatoire.

    La référence à la paternité et la maternité par Alliance Vita passe pour une provocation morbide. D’ailleurs, l’évolution du vocabulaire ne pousse-t-elle pas au remplacement de « père » et « mère » par « parent 1 » et « parent 2 » ? Hommes et femmes ne sont-ils pas appelés à s’effacer progressivement devant la fluidité identitaire, qui résisterait à son encadrement symbolique et juridique ? On ne naît plus homme ou femme : on se fait assigner un sexe à la naissance par un pouvoir médical encore marqué par la logique patriarcale. Chacun est appelé à s’en libérer. Qui ne voit pas le monde ainsi doit se taire.

    En d’autres mots, ce qu’on appellera très imparfaitement le conservatisme n’a plus droit de cité. Il est réduit à une série de préjugés irrecevables. Lorsqu’il parvient néanmoins à se faire entendre, c’est que les mécanismes de régulation de la parole publique ont échoué. Normalement, une telle parole devrait être contenue dans les marges et ne pas rejoindre le commun des mortels, qui pourrait la croire alors normalisée. Les invariants anthropologiques ne doivent plus apparaître qu’à la manière des restes usés du monde d’hier. La promotion de la famille traditionnelle relève aujourd’hui du discours discriminatoire et haineux. Les gardiens de la révolution diversitaire ne rient pas.

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  • Les lois bioéthiques ne limitent pas les dérives; elles sont les dérives

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    JEAN-MARIE LE MÉNÉ : "LES LOIS DE BIOÉTHIQUE NE SONT NI BIO, NI ÉTHIQUES, ELLES N’ONT PAS LIMITÉ LES DÉRIVES, ELLES SONT LES DÉRIVES"

    02 janvier 2020  Embryon: recherche et alternatives

    Dans une tribune publiée dans Valeurs actuelles, Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Lejeune, dénonce l’utilisation de l’embryon humain, rendu « disponible » par la « légalisation de la PMA », comme cobaye de la recherche. Aussi, il note que « contrairement au nom qu’elles portent, les lois de bioéthique ne sont ni bio, ni éthiques, elles n’ont pas limité les dérives, elles sont les dérives ».

    Il déplore que depuis 1994 et les premières lois de bioéthique, on soit passé de « l’interdiction de la recherche sur l’embryon à l’interdiction de s’y opposer » et que « le respect de l’embryon » soit « devenu une exception au principe de son non-respect ». Il regrette que « la loi de bioéthique ne protège pas la dignité de l’embryon mais l’intérêt des chercheurs ». Pourtant, la Fondation Lejeune qui combat cet état de fait, « a apporté systématiquement la preuve scientifique qu’aucune recherche ne requérait l’instrumentalisation de l’embryon humain ».

    Jean-Marie Le Méné considère que « céder sur le respect inconditionnel qui est dû à chaque membre de notre espèce dans son extrême jeunesse c’est absoudre par avance tous les crimes à venir ».

  • France : une victoire de la liberté d'expression

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    De Philippe Oswald sur la "Sélection du Jour" :

    La justice condamne la censure d’Alliance Vita par le maire de Paris

    « La société progressera à condition de respecter la maternité » ; « La société progressera à condition de respecter la paternité » « La société progressera à condition de respecter la différence » ; « La société progressera à condition de respecter la vie » : voilà des affirmations évidentes, assorties de photos paisibles, parfaitement respectueuses du droit et des personnes, et d’ailleurs validées par la société d’affichage. Mais elles ont déclenché l’ire d’Anne Hidalgo, maire de Paris. À peine installées dans des gares parisiennes le 2 janvier, deux ou trois (selon l’humeur locale !) de ces affiches ont été promptement enlevées par la société prestataire, sur l’injonction de la maire de Paris, elle-même actionnée par le lobby LGBT. Ces affiches font partie d’une campagne lancée par Alliance Vita à quelques jours de la reprise, au Sénat, du débat bioéthique, le 8 janvier prochain, afin d’alerter l’opinion sur les dangers que fait peser, selon cette association, le projet gouvernemental sur la maternité, la paternité, le handicap et le respect de la vie humaine. Mais, observe sur Twitter, Tugdual Derville, délégué général d’Alliance VITA, « ce qui leur est insupportable dans notre campagne, c’est la récupération (au sens plein et positif du terme) du verbe progresser. Un certain progressisme de la déconstruction s’acharne à en conserver le monopole. Mais non, toute rupture technique n’est pas progrès humain ! »

    C’est un leitmotiv d’Alliance VITA : ce qui est faisable en raison des progrès techniques n’est pas forcément souhaitable du point de vue éthique. Sur son site, l’association résume ses principales objections aux « avancées » voulues par le gouvernement par ces interrogations : « Est-ce un progrès d’imposer aux femmes des traitements hormonaux, sans raison médicale, derrière la promesse illusoire d’une maternité impossible à garantir ? De sélectionner des enfants à naître selon des critères génétiques ou de capacités physiques ? Est-ce un progrès de supprimer les êtres fragiles plutôt que de les accueillir et de tenter de les guérir ? D’effacer la paternité derrière les techniques de procréation ? Est-ce un progrès de résumer la place de l’homme à ses gamètes ? D’utiliser l’embryon humain comme un matériau de laboratoire, le modifier génétiquement, associer ses cellules avec des cellules animales ? Est-ce un progrès de ne plus respecter l’intégrité de l’espèce humaine et de s’autoriser des expériences d’apprenti-sorciers ? »

    Destinées à éveiller la réflexion du plus grand nombre, les affiches d’Alliance Vita se contentent d’une simple question, ouvrant à l’un des quatre principes d’écologie humaine qui fondent la vie en société : respect de la paternité, de la maternité, de la différence (handicap) et respect de la vie. Mais par sa sobriété même et par la beauté de ses images, cette campagne entreprise pour commencer sur 400 panneaux d’affichage dans les gares parisiennes, transiliennes et dans les rues de Paris, a provoqué un électrochoc. Trop fort pour Anne Hidalgo qui s’est empressée d’annoncer sur Twitter qu’elle allait censurer cette campagne : « Je suis profondément choquée et indignée par cette campagne anti-IVG et anti-PMA à la Gare du Nord et dans plusieurs autres lieux de la capitale. Je demande à ExterionMedia France et Mediatransports que ces affiches soient retirées immédiatement ». Un ukase en totale contradiction avec ses vœux aux Parisiens prônant « une année apaisée », « une année de dialogue » où chacun pourra « s’exprimer sur tous les sujets » !

    Ce qu’il faut bien appeler une censure, pose évidemment un problème de fond. Que devient la liberté d’expression si les seules affiches autorisées à Paris doivent être conformes aux opinions du maire ? Ainsi le même édile qui ne trouve rien à redire aux publicités antifamiliales et libertaires de Gleden, « le site de rencontres extra-conjugales pensé par des femmes », que chacun a dû subir sur les bus parisiens et dans le métro, ou encore à des pubs véganes agressives, s’autoriserait à proscrire des affiches se contentant de promouvoir le respect de la paternité et de la maternité sous prétexte qu’il s’agirait d’un « acte militant » ? Gleden ne milite-t-il pas, lui, pour l’infidélité conjugale ? Il est clair qu’Anne Hidalgo n’aime pas la famille, la maternité, la paternité. Mais n’aurait-elle pas, cette fois, franchi une ligne rouge ? Tout en contribuant à la publicité de cette campagne, son diktat a déclenché un tollé sur les réseaux sociaux, et nombre de journalistes, dont certains n’adhèrent pas aux objectifs d’Alliance Vita, s’insurgent contre cette atteinte manifeste à la liberté d’expression.

    Mais en quoi ces affiches contreviendraient-elles à la loi ? En rien, vient de répondre (alors que nous bouclons cet article) le juge des référés saisi par Alliance Vita, en ordonnant la reprise immédiate de l’affichage par Mediatransports, avec astreinte financière si non-exécution. Ce soir du 4 avril aura donc vu une grande victoire de la liberté d’expression !

    Philippe Oswald

  • L'avortement devant la Cour Suprême des Etats-Unis

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    ETATS-UNIS : L'AVORTEMENT DEVANT LA COUR SUPRÊME

    03 janvier 2020

    Plus de deux cents membres du Congrès ont demandé à la Cour suprême des États-Unis de reconsidérer l'arrêt Roe v Wade de 1973, qui a autorisé l'avortement dans tout le pays.

    L'appel a été présenté à l’occasion d’une affaire en Louisiane où une loi a été votée qui établit des conditions d'admission dans les hôpitaux pour les médecins qui pratiquent des avortements. Il a été signé par 205 républicains et deux démocrates. Ces parlementaires demandent  à la plus Haute cour de reconsidérer l’arrêt Roe c. Wade, qui a fait de « l'accès à un avortement sûr, un droit constitutionnel ».

    Cette décision intervient à un moment où l'avortement est de plus en plus contesté aux États-Unis, et la question risque de faire l'objet d'un débat acharné à l'approche des élections américaines de 2020.

    « Quarante-six ans après la décision Roe, l’IVG demeure un précédent radicalement instable » expliquent les législateurs dans le mémoire qui considèrent que « la jurisprudence de (…) n'a pas vraiment soutenu que l'avortement était un droit constitutionnel "fondamental", mais l'a seulement sous-entendu ».

    En mars, la Cour suprême devrait entendre les arguments qui s’opposent à la loi de la Louisiane. Si la Haute cour confirmait la contestation de la loi Roe, la Louisiane pourrait ne plus avoir qu’une seule clinique d'avortements. Par ailleurs, ce sera la première fois pour les juges Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, tous deux nommés par Donald Trump, d’entendre et de se prononcer dans une affaire de ce type comme membres de la Cour suprême.

    Sources: The Guardian, Daniel Strauss (02/01/2020)

  • Belgique : pourquoi pas une circonscription fédérale pour les élections ?

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    De Jacques Hermans dans la Libre de ce 3 janvier, p. 6 :

    La Belgique rêvée d’Hilde Kieboom: "Je plaide en faveur d’une circonscription fédérale pour les élections"

    Présidente de la Communauté Sant’Egidio en Belgique

    On ne se rend pas assez compte de la chance qu’on a, juge Hilde Kieboom, la fondatrice et présidente pour la Belgique de la Communauté Sant’Egidio, un mouvement de chrétiens qui s’engagent en faveur des pauvres et de la paix. "Savez-vous que nous vivons dans un pays de cocagne ?" Cette Anversoise qui vit avec le journal dans une main et la Bible dans l’autre, a fondé Sant’Egidio (Saint Gilles en français) à l’âge de vingt ans. L’esprit et le cœur constamment en éveil, Hilde Kieboom est depuis longtemps un témoin très écouté et engagé dans l’action sociale. Au seuil de cette nouvelle décennie, cette passionnée des grandes questions sociales continue de rechercher ce qui unit et dénonce vigoureusement le chacun pour soi.

    À Anvers, depuis le scrutin du 26 mai dernier, le repli sur soi fait de plus en plus d’émules. Mais elle insiste : "Vivre ensemble signifie que néerlandophones et francophones s’efforcent de rechercher l’union plutôt que la division. Mais aussi et surtout, cela veut dire être capable de respecter l’autre (les migrants, les réfugiés, les démunis) dans toute sa différence." Dans la foulée, Hilde Kieboom insiste beaucoup sur le dialogue et la rencontre afin de construire un monde viable pour les générations à venir.

    Trastevere

    C’est après avoir visité le quartier populaire du Trastevere à Rome où des étudiants avaient lancé un programme d’aide en faveur des démunis que la jeune Anversoise décide d’ouvrir un premier centre Sant’Egidio dans la ville de l’Escaut. Aidée par son mari, cette mère de deux enfants en a fait son quotidien depuis plus de deux décennies.

    "Bien sûr, souligne Hilde Kieboom, nous vivons aujourd’hui à une époque où nos identités sont davantage à construire qu’il y a cinquante ans. Faire ce chemin de nous mêmes vers l’autre n’est pas qu’une question linguistique, c’est aussi une question d’épanouissement réciproque. L’identité belge est à réinventer continuellement, notre pays est en quelque sorte un chantier permanent où francophones, néerlandophones et germanophones ont l’occasion de construire eux-mêmes leur pays idéal."

    Mais les défis ne manquent pas. À Anvers, la ville la plus frondeuse et peut-être la moins belge du pays, la montée du Vlaams Belang ne risque pas d’être désavouée car l’extrême droite récupère les votes des mécontents. "Je pense que la réalité sur le terrain est plus complexe. Nous ne sommes pas appelés à vivre avec un petit horizon. Grâce à son port, la ville d’Anvers est tournée vers le monde entier. Les primo-arrivants qui tentent de refaire leur vie en Europe ont beaucoup à offrir à Anvers et ailleurs aussi."

    Vivre-ensemble

    Nos villes sont un biotope unique pour expérimenter le vivre-ensemble. Il faut apprendre à vivre avec cette complexité. "Les Belges ont l’expérience de la complexité institutionnelle, c’est un atout, une force à mettre en valeur au niveau européen… Les migrants peuvent nous aider à surmonter nos réticences, car ils nous forcent à regarder la réalité en face. Voilà pourquoi je plaide pour l’ouverture et l’entente amicale", lance Hilde Kieboom.

    Mais tout est perfectible, il y a encore beaucoup à améliorer. Un exemple ? "Je crois qu’une circonscription fédérale est gage d’efficacité puisqu’elle invite les partis à prendre en compte et à composer avec les souhaits de l’autre Communauté. Les ministres fédéraux ont aujourd’hui davantage tendance à expliquer et défendre leurs décisions politiques devant les électeurs et les médias de leur propre communauté linguistique. Cela permettra de lier tous les citoyens directement à ce gouvernement."

    Cette chrétienne qui veut "apporter l’Évangile dans la ville" n’a pas l’impression de vivre en Belgique dans deux démocraties différentes. Selon elle, les Flamands ont plus en commun avec les Wallons et les Bruxellois qu’avec les Néerlandais. "Le Flamand n’est pas naturellement séparatiste. Je pense que beaucoup de gens sont attachés à ce pays. Je suis en faveur d’un dialogue continu et intensif. Est-ce qu’on parle vraiment avec l’autre ? Mais est-ce qu’on parle vraiment avec l’autre ? Est-ce qu’on l’écoute vraiment ? Je pense qu’on le fait beaucoup trop peu."

  • Mairie de Paris : pas de liberté pour les ennemis de la liberté !

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    Lu sur le site de Valeurs Actuelles :

    Alliance VITA dénonce la censure par la mairie de Paris de sa campagne de pub

    3 janvier 2020

    Tugdual Derville, délégué général d'Alliance VITA. Photo © Iafrate

    L’association pro-vie a déployé quatre affiches dans plusieurs gares parisiennes à quelques jours de l’examen du projet de loi bioéthique.

    Aussitôt mises, aussitôt enlevées. Jeudi 2 janvier, l’association pro-vie Alliance VITA avait décidé de frapper un grand coup en lançant une campagne d’affichage dans le métro et certaines gares de la capitale. Sur ces affiches, des slogans incisifs, autour du visage d’une femme, d’un homme et de spermatozoïdes : « La société progressera à condition de respecter la maternité » ; « La société progressera à condition de respecter la paternité » ; « La société progressera à condition de respecter la vie » ou encore « La société progressera à condition de respecter la différence ». Très rapidement, la maire de Paris, Anne Hidalgo s’est emparée du sujet se déclarant « profondément choquée et indignée ». Sur Twitter, elle a dénoncé la campagne accompagnée de trois visuels : « Je suis profondément choquée et indignée par cette campagne anti-IVG et anti-PMA à la Gare du Nord et dans plusieurs autres lieux de la capitale. Je demande à ExterionMedia France et Mediatransports que ces affiches soient retirées immédiatement ».

    Tugdual Derville@TDerville
    Anne Hidalgo @Anne_Hidalgo

    Je suis profondément choquée et indignée par cette campagne anti-IVG et anti-PMA à la Gare du Nord et dans plusieurs autres lieux de la capitale. Je demande à @ExterionMediaFR et #Mediatransports que ces affiches soient retirées immédiatement.

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    Informations sur les Publicités Twitter et confidentialité

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    Une censure immédiatement dénoncée par Tugdual Derville, d’Alliance VITA et fondateur d’A Bras ouverts. Sur Twitter, il a stigmatisé une « erreur sur l’un des visuels qui n’est pas affiché » par la maire de Paris et une « [erreur] d’interprétation sur le sens de la campagne ». Avant de pointer du doigt la « virulence d’un lobbying minoritaire, capable de faire plier les entreprises, de manipuler les médias et de censurer la liberté d’expression. »

    Eugénie Bastié
  • Fontgombault : la stabilité pour trouver Dieu

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    Entre le monde et le cloître, où va donc aujourd’hui la barque de Saint-Pierre sur les flots agités de la planète ? Pour le n° de janvier du mensuel « La Nef », Christophe Geffroy fait le point avec le Père Abbé de la célèbre abbaye française Notre-Dame de Fontgombault :

    Fontgombault-Abbatiale©Pawel-Kula-2006-620x330.jpg

    « Fille de Solesmes, l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault remonte au XIe siècle et, depuis sa renaissance en 1948, a déjà essaimé cinq fois. Entretien avec Dom Jean Pateau, son Père Abbé.

    Fontgombault-Dom-Jean-Pateau.jpg

    La Nef – Quelle est l’utilité d’un moine contemplatif dans une société aussi utilitariste et « connectée » que la nôtre, si éloignée de la prière et de la vie spirituelle ?

    TRP Dom Jean Pateau – Saint Benoît fait prononcer à ses moines trois vœux : stabilité, conversion de ses mœurs et obéissance. Je crois que le message du moine au monde passe aujourd’hui plus particulièrement par le vœu de stabilité. Conversion des mœurs et obéissance ne semblent plus guère audibles. Le monastère, par ses bâtiments, évoque déjà cette stabilité. La communauté, l’enseignement qui y est dispensé, s’inscrivent aussi dans cette perspective de durée, de tradition. Se retirant d’un monde liquide, sans repères, les retraitants viennent chercher auprès des moines une stabilité propice au contact avec Dieu. Même non croyants, des touristes de passage ressentent ce contraste. Dieu seul est source de la stabilité monastique. Le moine donne l’exemple d’un être « connecté » avec le Ciel : « Est moine celui qui dirige son regard vers Dieu seul, qui s’élance en désir vers Dieu seul, qui est attaché à Dieu seul, qui prend le parti de servir Dieu seul, et qui, en possession de la paix avec Dieu, devient encore cause de paix pour les autres. » (saint Théodore Studite).

    Le contraste entre le « monde » et le cloître paraît plus grand qu’il ne l’a jamais été : dans ce contexte, d’où viennent vos vocations, sont-ils des jeunes hommes déjà quelque peu préparés par leur vie antérieure à cette ascèse ou sont-ils le simple reflet des jeunes d’aujourd’hui, vivant l’instant présent avec la peur de tout engagement ?

    Il faut reconnaître que nous recevons des vocations de tous les horizons. Selon les provenances, le chemin sera plus ou moins difficile, plus ou moins long. La peur de l’engagement est assez banale. Le drame est quand cette peur dure. Saint Benoît donne comme critère de discernement : « si le novice cherche vraiment Dieu. » Les mots ont leur poids : chercher, vraiment, Dieu.

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  • Fontgombault : la stabilité pour trouver Dieu

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    Entre le monde et le cloître, où va donc aujourd’hui la barque de Saint-Pierre sur les flots agités de la planète ? Pour le n° de janvier du mensuel « La Nef », Christophe Geffroy fait le point avec le Père Abbé de la célèbre abbaye française Notre-Dame de Fontgombault :

    Fontgombault-Abbatiale©Pawel-Kula-2006-620x330.jpg

    « Fille de Solesmes, l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault remonte au XIe siècle et, depuis sa renaissance en 1948, a déjà essaimé cinq fois. Entretien avec Dom Jean Pateau, son Père Abbé.

    Fontgombault-Dom-Jean-Pateau.jpg

    La Nef – Quelle est l’utilité d’un moine contemplatif dans une société aussi utilitariste et « connectée » que la nôtre, si éloignée de la prière et de la vie spirituelle ?

    TRP Dom Jean Pateau – Saint Benoît fait prononcer à ses moines trois vœux : stabilité, conversion de ses mœurs et obéissance. Je crois que le message du moine au monde passe aujourd’hui plus particulièrement par le vœu de stabilité. Conversion des mœurs et obéissance ne semblent plus guère audibles. Le monastère, par ses bâtiments, évoque déjà cette stabilité. La communauté, l’enseignement qui y est dispensé, s’inscrivent aussi dans cette perspective de durée, de tradition. Se retirant d’un monde liquide, sans repères, les retraitants viennent chercher auprès des moines une stabilité propice au contact avec Dieu. Même non croyants, des touristes de passage ressentent ce contraste. Dieu seul est source de la stabilité monastique. Le moine donne l’exemple d’un être « connecté » avec le Ciel : « Est moine celui qui dirige son regard vers Dieu seul, qui s’élance en désir vers Dieu seul, qui est attaché à Dieu seul, qui prend le parti de servir Dieu seul, et qui, en possession de la paix avec Dieu, devient encore cause de paix pour les autres. » (saint Théodore Studite).

    Le contraste entre le « monde » et le cloître paraît plus grand qu’il ne l’a jamais été : dans ce contexte, d’où viennent vos vocations, sont-ils des jeunes hommes déjà quelque peu préparés par leur vie antérieure à cette ascèse ou sont-ils le simple reflet des jeunes d’aujourd’hui, vivant l’instant présent avec la peur de tout engagement ?

    Il faut reconnaître que nous recevons des vocations de tous les horizons. Selon les provenances, le chemin sera plus ou moins difficile, plus ou moins long. La peur de l’engagement est assez banale. Le drame est quand cette peur dure. Saint Benoît donne comme critère de discernement : « si le novice cherche vraiment Dieu. » Les mots ont leur poids : chercher, vraiment, Dieu.

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  • Sentimentalisme et sensiblerie en liturgie : un constat alarmant

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    De Georges ALSWILLER sur le site Pro Liturgia :

    LE SENTIMENTALISME ET LA SENSIBLERIE EN LITURGIE
    UN CONSTAT ALARMANT

    Il faut le dire sans ambages : le principal venin qui empoisonne la vie ecclésiale en général et la liturgie en particulier à notre époque, c’est le sentimentalisme. Le sentimentalisme aujourd’hui s’immisce partout, s’infiltre partout, déforme tout, défigure tout. Au cours de l’immense majorité des célébrations, c’est le sentimentalisme qui imprègne les chants (plus encore lors des mariages et des funérailles), qui force l’attitude des ministres comme celle des fidèles, qui impose les choix « décoratifs », les manières de prier, de proclamer la Parole de Dieu, etc. Le sentimentalisme va parfois même jusqu’à déformer l’interprétation du chant grégorien, y compris dans les rares endroits où celui-ci est encore interprété.

    Capture d’écran 2019-12-31 à 10.41.08

    A la racine du sentimentalisme - qui réduit la vertu théologale de foi en un vague « sentiment religieux » - il y a cette erreur profonde voulant que l’acte de foi repose uniquement sur le « ressenti », lequel est par nature subjectif, purement émotionnel, et marqué par l’instabilité. Ce sentimentalisme envahissant est déjà ancien dans les pratiques cultuelles en Occident. Durant des siècles, l’art sacré était caractérisé par sa dimension symbolique et hiératique. Il trouvait son fondement non sur le sentiment individuel mais sur l’ordre divin objectif (qui se manifeste à travers le Cosmos et les rythmes de la nature) ainsi que sur l’objectivité des vérités contenues dans la Révélation. Cependant, dès la fin du Moyen-Âge (XIIIe - XIVe siècles) puis surtout à partir de la Renaissance, cette adhésion à un ordre « théologico-cosmique » objectif a été peu à peu relégué au second plan. Oubliant imperceptiblement mais non moins réellement l’objectivité pour faire la part belle à la subjectivité, la pratique cultuelle et l’art sacré en Occident commencent alors une irrémédiable plongée dans le sentimentalisme.

    Alors qu’en Orient, à travers l’art de l’icône et la préservation du symbolisme liturgique, la foi se conservait fidèle à la spiritualité des Anciens, l’iconographie occidentale sous influence d’un humanisme païen se caractérise de plus en plus par une glorification, non pas de l’homme divinisé en Dieu et sauvé par la grâce comme dans l’art sacré traditionnel, mais de l’homme en lui-même, avec ses caractéristiques physiques naturelles, ses affects, ses sentiments. C’est bien cette glorification de la chair et de la psychè - c'est-à-dire, en fait, du sentiment et d'une certaine sensualité - qui apparaît par exemple dans certaines postures théâtrales de la statuaire religieuse.

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  • Des rumeurs autour d'une démission éventuelle du pape François

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    De Margaux Baralon sur le site d'Europe 1 :

    Rumeurs autour du pape François : "Aujourd'hui, tous les papes sont appelés à démissionner"

    2 janvier 2020

    Alors que les rumeurs autour d'une potentielle renonciation du pape François vont bon train, Bernard Lecompte, expert du Vatican, explique sur Europe 1 qu'une démission est forcément à attendre. Depuis que Benoît XVI a montré la voie, les souverains pontificaux ne poursuivront pas leur mission jusqu'à leur mort au détriment de leur santé.

    INTERVIEW

    Certaines images, certaines phrases, circulent et mettent la puce à l'oreille. Mardi, le pape François a repoussé une fidèle qui l'avait agrippé, visiblement irrité. Il est alors apparu fatigué, usé. Avant cela, il avait indiqué que la prochaine encyclique serait probablement publiée par son successeur, et non par lui. Alors faut-il s'attendre à une démission ? Pour Bernard Lecompte, auteur de Tous les secrets du Vatican (éd. Perrin), c'est inévitable. Même si personne ne peut prédire quand exactement.

    "Aujourd'hui, tous les papes sont appelés à démissionner", a expliqué Bernard Lecompte sur Europe 1 jeudi. "Il y a une espèce de jurisprudence Benoit XVI." En 2013, celui-ci avait annoncé sa renonciation, justifiée par son état de santé déclinant. "Le pape François a dit qu'il ferait certainement comme lui", rappelle l'expert du Vatican. "Tous les papes auront une fin de pontificat normale. Car lorsqu'on a 83, 85 ans, on n'a plus la force d'assumer un travail pareil."

    "On n'imagine pas un pape grabataire gérer une communauté d'1,5 milliard de fidèles"

    Beaucoup ont aussi en tête la fin du pontificat de Jean-Paul II, très douloureuse tant il était faible. "Les derniers mois, c'était choquant, [même si] on comprenait bien le message de ce pape qui disait qu'un homme est un homme debout jusqu'à sa mort", analyse Bernard Lecompte. "Aujourd'hui, c'est terminé, on n'imagine pas un pape grabataire gérer une communauté d'1,5 milliard de fidèles."

    Cependant, rien ne dit que les bruits qui courent à Rome sont fondés. Certains avancent que le souverain pontife n'a pas de voyages prévus. "Mais il a dit qu'il irait en Irak, au Liban, à Chypre, au Sud-Soudan", rappelle Bernard Lecompte. "Le Vatican est une ville de rumeur. Seul le pape François lui-même sait quand il démissionnera." 

    Lire également : Vers une prochaine démission du pape François ? "Il y a quelques signaux", estime le journaliste Antoine-Marie Izoard

  • Eglise : des temps troublés

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    De Christophe Geffroy, en éditorial, sur le site de la Nef (31 décembre) :

    Troubles dans l’Église

    La proposition du synode sur l’Amazonie d’ordonner prêtres des diacres permanents mariés, ainsi que le flou autour de l’évocation des « ministères féminins », ont créé un trouble certain dans l’Église latine. D’aucuns y voient une manœuvre soigneusement préparée, notamment par l’Église d’Allemagne, pour faire progresser cette vieille revendication des milieux les plus « avancés », en la faisant adopter pour l’Amazonie, créant ainsi une brèche par laquelle s’engouffrera le reste du monde – ou en tout cas certaines Églises comme celles d’Allemagne, de Belgique ou de Suisse.

    Parmi les commentateurs, les plus « papistes » essaient de minimiser le problème comme si cela n’était qu’une loi « disciplinaire » et de peu d’importance ; en face, les plus critiques voient déjà poindre l’ombre de l’hérésie…

    Aujourd’hui, cependant, nul ne sait ce que fera le pape. Certes, il va forcément reprendre à son compte un grand nombre de propositions du synode, et probablement celle de l’ordination d’hommes mariés pour l’Amazonie, mais cela n’est pas une certitude et l’on ignore, si tel était le cas, ce qu’il décidera précisément.

    Quelle attitude envers le Magistère ?

    En attendant l’exhortation post-synodale, on peut réfléchir sur l’attitude à avoir à l’égard du pape alors que s’installe une certaine confusion dans les esprits. Je l’ai souvent écrit ici, l’Église n’est pas une caserne et l’obéissance n’y est pas aveugle – la raison y a toute sa place. Il est donc légitime d’éclairer humblement son intelligence pour entrer dans la compréhension du Magistère qu’il faut s’efforcer de recevoir avec un préjugé toujours favorable. Le Magistère lui-même a différents degrés d’autorité : le simple propos d’un pape n’est pas au même niveau que ce qu’il enseigne dans une encyclique. Bref, les débats d’un synode ne relèvent pas du Magistère et il est légitime d’en discuter et d’en critiquer certains aspects. Mais quand il s’agit du Magistère, même au degré le moins élevé (non infaillible), la prudence s’impose et l’on n’a pas à critiquer le pape comme on le ferait pour un chef de parti politique. On peut néanmoins toujours exprimer des doutes et poser des questions à l’autorité compétente – ce qu’avaient fait quatre cardinaux dans des Dubia adressées à François concernant Amoris laetitia, dont on s’étonne qu’elles soient restées sans réponse, alors que ce procédé est parfaitement traditionnel et respectueux de la fonction papale (à la différence des pétitions qui ont circulé et dont la méthode est en elle-même plus que discutable).

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  • La révolution sexuelle des années 60, la pédophilie et les prêtres modernes

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    La révolution sexuelle des années 60, la pédophilie et les prêtres modernes

    Chronique d’Eugénie Bastié sur l’affaire Matzneff et quand l’intelligentsia défendait la pédophilie.

    Le « cas Matzneff » est entendu. Mis à part quelques gloires éteintes de Saint-Germain-des-Prés, personne ne songe à défendre l’octogénaire qui fit littérature de ses relations sexuelles avec des mineurs, parfois des enfants. C’est étrange, mais c’est ainsi : dans la société médiatique dans laquelle nous vivons, il suffit d’un livre que presque personne n’a lu pour faire chuter un homme dont les écrits affichaient clairement depuis longtemps les pratiques indéfendables. Et chacun désormais de vouloir rejoindre la meute et d’exhiber sa vertu en jetant sa pierre. Ce qui était ringard est devenu tendance : les plus fervents progressistes reprennent aujourd’hui la morale hier seule défendue par ceux qu’on traitait de vieux bourgeois grincheux et frustrés.

    Voilà notre société liquide mise face à l’abîme de son relativisme moral. La polémique a fait remonter à la surface des archives sidérantes. En 1990 sur le plateau d’« Apostrophes », un Matzneff souriant qui évoque son amour des collégiennes devant un Bernard Pivot complaisant et une Denise Bombardier solitaire dans son indignation.



    En 1982, dans cette même émission, un Cohn-Bendit échevelé en blouson de cuir qui choque l’écrivain Paul Guth par ces mots racontant ses expériences sexuelles avec des enfants : « On se fait des papouilles (…) la sexualité d’un gosse c’est absolument fantastique. Quand une petite fille de cinq ans commence à vous déshabiller, c’est fantastique… c’est un jeu absolument érotico-maniaque », déclenchant les ricanements des autres invités. Lorsqu’en 2009, François Bayrou affirma dans un duel télévisé face à l’écologiste « Je trouve ignoble d’avoir poussé et justifié des actes à l’égard des enfants », ce fut lui qui fut accusé de « dérapage » et cloué au pilori par des médias défendant Cohn-Bendit.

    Les indignations à rebours et les complaisances d’un autre âge pourraient nous pousser à relativiser toute norme. Les licences d’aujourd’hui deviendront-elles demain des tabous ? Ce serait oublier le contexte précis dans lequel s’est déployée cette indulgence : celui d’une révolution sexuelle prétendant abolir tout ordre moral.

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