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Doctrine - Page 56

  • "Le danger, aujourd'hui, est "l'indietrismo", la réaction contre la modernité" (pape François)

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    Au deuxième jour de son voyage apostolique en Hongrie, le 29 avril, le pape François a rencontré les jésuites du pays et a répondu à leurs questions (source) :

    A la question : "Le concile Vatican II parle de la relation entre l'Église et le monde moderne. Comment réconcilier l'Église et la réalité qui est déjà au-delà de la modernité ? Comment trouver la voix de Dieu tout en aimant notre temps ?"

    le pape a répondu :

    "Je ne saurais y répondre théoriquement, mais je sais que le Concile est toujours en cours d'application. Il faut un siècle pour qu'un Concile soit assimilé, dit-on. Et je sais que la résistance à ses décrets est terrible. Il y a un incroyable restaurationnisme, que j'appelle "indietrismo" (rétrogradation), comme le dit la Lettre aux Hébreux (10, 39) : "Mais nous ne sommes pas de ceux qui reculent". Le flux de l'histoire et de la grâce va des racines vers le haut, comme la sève d'un arbre qui porte des fruits. Mais sans ce flux, on reste une momie. Le retour en arrière ne préserve pas la vie, jamais. Il faut changer, comme l'écrivait saint Vincent de Lérins dans son Commonitory en remarquant que même le dogme de la religion chrétienne progresse, se consolide au fil des années, se développe avec le temps, s'approfondit avec l'âge. Mais il s'agit d'un changement de bas en haut. Le danger aujourd'hui est l'indietrismo, la réaction contre la modernité. C'est une maladie nostalgique. C'est pourquoi j'ai décidé que l'autorisation de célébrer selon le Missel romain de 1962 est désormais obligatoire pour tous les prêtres nouvellement consacrés. Après toutes les consultations nécessaires, j'ai pris cette décision parce que j'ai constaté que les bonnes mesures pastorales mises en place par Jean-Paul II et Benoît XVI étaient utilisées de manière idéologique, pour revenir en arrière. Il fallait arrêter cet indietrismo, qui n'était pas dans la vision pastorale de mes prédécesseurs."

    Commentaire de "Vistemboir" sur le Forum catholique (11/05/2023)

    Le pape François s'en prend (à nouveau) aux tradis... et piétine les tombes de ses prédécesseurs.

    Lors d'une rencontre avec des jésuites en Hongrie le 29 avril (dont le contenu a été publié le 9 mai), le pape François s'en est pris une fois de plus à ceux qu'il appelle les "restaurationnistes", ceux qui souffrent d'"indietrismo" (retard) - une "maladie nostalgique" - et qui résistent aux changements intervenus dans l'Église depuis Vatican II.

    Peu importe ! Des bâtons et des pierres, n'est-ce pas ? Et cela fait des années que l'on entend la même chose. Mais voici la nouveauté : François a dévoilé son véritable programme derrière Traditionis Custodes :

    "Le danger aujourd'hui est l'indietrismo, la réaction contre la modernité... C'est pourquoi j'ai décidé que l'autorisation de célébrer selon le Missel romain de 1962 est désormais obligatoire pour tous les prêtres nouvellement consacrés".

    Parce que, dit François, "les bonnes mesures pastorales mises en place par Jean-Paul II et Benoît XVI étaient utilisées de manière idéologique, pour revenir en arrière."

    Y a-t-il quelque chose de plus idéologique et, franchement, de plus rétrograde que l'actuel Synode sur la Synodalité ? Prenons 2000 ans d'apprentissage, de réflexion et de définition et jetons-les pour pouvoir tout recommencer, en commençant par les dessins de l'homme des cavernes et le vocabulaire primitif !

    ... Mais je m'écarte du sujet.

    Le point décisif survient alors que François semble maintenant faire face à l'accusation selon laquelle son motu proprio contredit les actions de ses prédécesseurs immédiats. Le fait est que, selon François, les choses ne se sont pas passées comme ils l'avaient prévu :

    "Il était nécessaire d'arrêter cet indietrismo, qui n'était pas dans la vision pastorale de mes prédécesseurs.

    Heureusement que ses prédécesseurs ne sont pas là pour se défendre. Mais aux dernières nouvelles, Traditionis Custodes avait brisé le cœur du vieux pape Benoît...

  • L'évêque d'Anvers reconnu comme l'un des siens par l'Eglise d'Allemagne

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    D'Anton de Wit sur kn.nl/news :

    L'évêque d'Anvers reçoit un doctorat honorifique à Bonn

    5 mai 2023

    Le mois prochain, l'évêque Johan Bonny d'Anvers recevra un doctorat honorifique à la Faculté de théologie catholique de l'Université de Bonn en Allemagne. L'évêque est loué pour son approche pastorale et synodale.

    L'évêque Bonny a obtenu de bonnes notes en Allemagne pour sa participation en tant qu'observateur à la Voie synodale. Il a assisté et pris la parole lors des quatrième et cinquième sessions à Francfort, respectivement en septembre 2022 et février 2023.

    Similitude et parenté

    Lors de cette dernière session, il a mentionné certaines différences entre les approches belge et allemande concernant les bénédictions controversées des relations homosexuelles. Mais ses interventions ont surtout été perçues comme un encouragement et une affirmation de ce projet de réforme allemand qui est observé avec méfiance au niveau international.

    "La pensée de Bonny est théologiquement solide, informée par les sciences humaines et culturellement sensible."
    - Déclaration Faculté de théologie catholique de l'Université de Bonn

    Dans son bref discours lors de la quatrième session, Mgr Bonny a parlé de "similitude et de parenté" entre les discussions synodales en Belgique et en Allemagne. "Il n'y a pas de lignes de fracture entre l'Église catholique dans votre pays, dans notre pays et dans d'autres pays de notre région. Au contraire. Nous sommes clairement dans le même bateau ! Nous naviguons dans la même culture. Nous travaillons avec les mêmes personnes, les mêmes familles et les mêmes communautés. Nous traversons la même tempête."

    Éloges

    Il semble que les applaudissements suscités par ses prestations à Francfort se traduisent maintenant par un doctorat honorifique à Bonn. Dans le communiqué de presse de la faculté de théologie catholique de la Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität, Mgr Bonny est largement félicité pour ses opinions :

    "L'évêque Bonny est partisan d'une refonte théologique et ecclésiale en accord avec le Concile Vatican II, comme le préconise le Pape François. Il critique les points de vue étroits, exclusifs et discriminatoires, ainsi que les développements erronés de la doctrine qui font que de plus en plus de personnes se détournent, déçues et blessées."

    Respect des consciences

    La pensée de M. Bonny, poursuit le communiqué, "est ancrée dans son expérience personnelle et pastorale ; elle est théologiquement solide, informée par les sciences humaines et culturellement sensible. Le respect inconditionnel de la conscience personnelle et la demande de moralité personnelle et de soins pastoraux dans l'Église sont au cœur de sa pensée. En outre, il préconise le renforcement des églises locales et une synodalité qui reconnaisse et intègre les caractéristiques sociales et culturelles du lieu".

    La remise du titre de docteur honoris causa aura lieu le 6 juin à Bonn. La Rheinische Friedrich-Wilhelms-Universität, fondée en 1818, est considérée comme l'une des universités les plus prestigieuses d'Allemagne, qui a produit une grande variété d'intellectuels, de Joseph Ratzinger à Karl Marx.

  • Un examen papal public de conscience ?

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    Lu sur le site web du National Catholic Register :

    "Le pape François a choisi de laisser passer son 10e anniversaire sans grande cérémonie et peu de commentaires publics. Pourtant, par la suite, il a semblé réfléchir à sa décennie au Siège de Pierre et déplorer que son pontificat soit marqué par des divisions croissantes dans la vie de l'Église. Cela a été plus évident lors de sa récente visite apostolique en Hongrie. Il a également formé ce qui pourrait être considéré comme un examen de conscience papale pendant la Semaine Sainte.

    Quelque chose comme un examen de conscience public peut faire partie des anniversaires papaux importants. A l'occasion de son 20e anniversaire en 1998, saint Jean-Paul II a prêché :

    « Après 20 ans de service dans la Chaire de Pierre, je ne peux manquer de me poser quelques questions aujourd'hui... Êtes-vous un enseignant de la foi diligent et vigilant dans l'Église ? Avez-vous cherché à rapprocher la grande œuvre du Concile Vatican II des hommes d'aujourd'hui ? Avez-vous essayé de satisfaire les attentes des croyants au sein de l'Église, et cette soif de vérité qui se fait sentir dans le monde extérieur à l'Église ? … C'est mon devoir, de faire tout ce que je peux pour que, lorsque le Fils de l'homme viendra, il trouve la foi sur la terre.

    En 1978, quelques semaines à peine avant sa mort, saint Paul VI a marqué le 15e anniversaire de son élection avec une insistance passionnée sur le fait qu'il était resté fidèle au dépôt de la foi à une époque de grande agitation :

    « C'est la foi de l'Église, la foi apostolique. L'enseignement est conservé intact dans l'Église par la présence en elle de l'Esprit Saint et par la mission spéciale confiée à Pierre, pour qui le Christ a prié. … Tel est le dessein infatigable, vigilant et dévorant qui nous a portés en avant durant ces 15 années de notre pontificat. « J'ai gardé la foi ! pouvons-nous dire aujourd'hui, avec la conscience humble mais ferme de n'avoir jamais trahi "la sainte vérité".

    La mort prématurée du bienheureux Jean-Paul Ier et l'abdication du pape Benoît XVI signifiaient qu'aucun des deux n'avait d'anniversaires significatifs en tant que pape.

    Sans faire explicitement référence à son 10e anniversaire, le pape François a utilisé son homélie de la messe chrismale du jeudi saint pour parler des divisions dans l'Église. Et il s'est inclus parmi ceux qui doivent se demander s'ils sont responsables de les fomenter.

    "Nous péchons contre l'Esprit qui est communion chaque fois que nous devenons, même involontairement, des instruments de division", a déclaré le Saint-Père, s'incluant lui-même comme une cause potentielle de division. « Demandons-nous : dans mes paroles, dans mes propos, dans ce que je dis et écris, y a-t-il le sceau de l'Esprit ou celui du monde ?

    Ironiquement, il a donné un exemple de cela dans cette même homélie, ses propres mots causant des blessures et des frictions. Il a déclaré que "nous, les prêtres, sommes impolis", du moins "le plus souvent". Plus de quelques prêtres contesteraient cela, sans parler d'un grand nombre de paroissiens dont l'expérience est tout à fait différente.

    Néanmoins, la rhétorique papale est de moindre importance par rapport aux divisions sérieuses qui sont apparues ces dernières années - des divisions sur la doctrine, la liturgie et la gouvernance, qui compromettent toutes la communion.

    Dans une adresse au clergé et aux religieux de Hongrie, le pape François a fait cette évaluation brutale de l'esprit de division ecclésiale qu'il avait observé ces dernières années :

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  • Liège samedi 13 mai 2023 : Confrérie du Saint-Sacrement réunie à la Basilique Saint Martin

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  • Saint Cyrille de Jérusalem (315 - 387) et la communion dans la bouche ou sur la main (liturgie 37)

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    Liturgie 37 ‒ Saint Cyrille de Jérusalem (315 - 387) et la communion dans la bouche ou sur la main ? (20 mn) 

    https://youtu.be/DZWtb_jZUSo   

    Après la première partie du cours qui abordait l'histoire de la liturgie, nous abordons certains points de la théologie de la liturgie.  

    Le docteur Denis Crouan aborde l'avis de saint Cyrille de Jérusalem sur la communion dans la main : "En se présentant pour recevoir la communion, que le fidèle tendent la main droite, les doigts joints, soutenus par la main gauche, la paume légèrement concave ; et au moment où le Corps du Christ est déposé dans sa main, que le communiant dise : Amen. Cependant, ce texte si souvent cité ne s’arrête pas là. Il se poursuit en proposant ce qui suit et qu’on omet souvent de citer : « Sanctifiez votre œil par le contact avec le Corps Sacré. Alors que vos lèvres sont encore humides, touchez vos lèvres et passez votre main sur vos yeux, votre front et vos autres sens pour les sanctifier. » La pratique de l'Eglise montre que la communion dans la main, parce qu'elle manque de respect, est davantage une tolérance de l'Eglise. Vatican II recommande la communion dans la bouche, à genoux.  

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022-2023 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Institut Docteur Angélique 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan, denis.crouan@wanadoo.fr; 2022-2023 

  • L'Académie Jean-Paul II demande le renvoi de l'archevêque Paglia

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    Lu sur kath.net/news :

    L'Académie Jean-Paul II demande le renvoi de l'archevêque Paglia

    4 mai 2023

    En toile de fond, une déclaration de Paglia sur un éventuel compromis juridique sur l'euthanasie.

    L'Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille a vivement critiqué dans une lettre ouverte les remarques de l'archevêque Vincenzo Paglia, président de l'Académie pontificale pour la vie, sur la légalisation de l'euthanasie.

    Mgr Paglia avait déclaré qu'il considérait comme défendable un compromis juridique qui pourrait dépénaliser le suicide assisté dans certaines circonstances. Il a dit textuellement : "Personnellement, je ne pratiquerais pas le suicide assisté, mais je comprends que dans les circonstances concrètes dans lesquelles nous nous trouvons, un compromis juridique pourrait être le meilleur pour le bien commun".

    Légaliser un mécanisme qui permet à un médecin de fournir à un patient du poison avec lequel il peut se suicider ne pourrait jamais être le meilleur pour le bien commun. Il n'y a aucune différence morale entre cet acte et l'administration d'une surdose de morphine par un médecin. "Tu ne tueras pas s'applique dans les deux situations", peut-on lire textuellement dans la lettre de l'Académie Jean-Paul II.

    Un compromis juridique sur la question du suicide assisté ne serait rien d'autre qu'un pas tactique vers la légalisation de l'euthanasie. Dans la pratique, les médecins verraient dans l'impunité du suicide assisté, qui reste interdit, une hypocrisie morale. La réglementation conduirait finalement à ce que les médecins soient guidés sur la voie de l'euthanasie, craignent les auteurs de la lettre.

    Dans une prise de position, l'Académie pontificale pour la vie a réagi à la critique de la déclaration de l'archevêque Paglia et souligné que ce dernier, conformément à l'enseignement de l'Eglise, rejetait l'euthanasie. En même temps, elle aurait réitéré son soutien à "l'initiative législative" qui spécifierait les conditions dans lesquelles elle devrait être dépénalisée.

    Les auteurs de la lettre demandent aux membres de l'Académie pontificale pour la vie d'exiger du pape François le remplacement de Mgr Paglia. Selon eux, Mgr Paglia n'a pas corrigé ses propos et n'a pas demandé pardon pour sa "trahison scandaleuse des patients les plus vulnérables". Le nouveau président devrait être une personnalité qui proclame clairement et avec courage l'enseignement éternel de l'Eglise et du saint pape Jean-Paul II.

    La lettre est signée par le Dr Thomas Ward, président de l'Académie Jean-Paul II pour la vie et la famille, la vice-présidente Christine de Marcellus Vollmer et le trésorier Steven Mosher.

    L'Académie Jean-Paul II pour la vie et la famille a été fondée en 2017 par d'anciens membres de l'Académie pontificale pour la vie (APV) qui ont été licenciés en 2016 et n'ont pas été nommés à nouveau, alors qu'ils avaient été initialement nommés membres à vie. Fidèles au magistère de l'Église catholique, ils poursuivent leur activité au sein de l'Académie Jean-Paul II, qui fonctionne indépendamment de toute organisation étatique ou religieuse.

  • L'ombre du spectre allemand plane sur le synode du pape

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    De Nico Spuntoni sur Il Giornale :

    Le spectre allemand plane sur le synode de Bergoglio

    30 avril 2023

    François admet au vote soixante-dix membres non évêques, mais risque de susciter la polémique. Et il y a le précédent de l'Allemagne

    Une déclaration sous forme de Foire aux Questions signée par le bureau de presse du secrétariat général du Synode des évêques; il a suffi de retirer le motu proprio Apostolica sollicitudo par lequel Paul VI a institué cet organe en 1965. Une déclaration qui rend le nom même du secrétariat pratiquement obsolète : peut-on encore parler de Synode des évêques après la décision du Pape d'autoriser soixante-dix non-évêques à participer et à voter ?

    Les femmes au centre de l'attention, mais le thème est le laïcat

    La nouveauté d'époque voulue par François verra le jour dans le long et complexe Synode sur la synodalité, qui commencera en octobre et s'achèvera un an plus tard. La nouvelle a été reprise dans le monde entier, en insistant surtout sur l'implication des femmes : le communiqué a en effet annoncé que parmi les soixante-dix membres non évêques, il devra y avoir un quota de 50 % de femmes. Le prestigieux New York Times, par exemple, a annoncé la nouvelle en titrant : "Pope Gives Women a Vote in Influential Bishops Meeting" (Le pape donne le droit de vote aux femmes lors de l'influente réunion des évêques). Une lecture certainement populaire dans les médias et à laquelle même le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du prochain Synode, a fait un clin d'œil dans son commentaire des changements apportés à Gian Guido Vecchi du Corriere della Sera, en affirmant que "le baptême est le même pour les femmes et les hommes". Mais la vraie révolution n'est pas l'accès des femmes au vote, mais celui des non-évêques, notamment des fidèles laïcs.

    Un débat déjà ouvert

    Le feu vert donné aux laïcs pour voter au Synode renvoie les initiés à un autre débat ouvert dans l'Église depuis la promulgation de la constitution apostolique Praedicate Evangelium, qui a réformé la Curie en ouvrant la possibilité à des laïcs de prendre la tête de structures de gouvernement. Le cardinal Gianfranco Ghirlanda, considéré comme l'un des principaux architectes de la réforme, a défendu ces innovations en affirmant que "le pouvoir d'exercer une fonction par procuration est le même, qu'il soit reçu par un évêque, un prêtre, un homme ou une femme consacré(e), un laïc ou une laïque" et en ajoutant que "l'égalité fondamentale entre tous les baptisés, même si elle est différenciée et complémentaire, est le fondement de la synodalité".

    Des cardinaux s'y opposent

    Mais l'implication des laïcs dans cette clé n'a pas plu à tout le monde, bien au contraire. Une forte opposition s'est manifestée lors du Consistoire sur la réforme de la Curie en août dernier, près de trois mois après l'entrée en vigueur de la constitution apostolique. L'une des voix les plus critiques a été celle du cardinal Gerhard Ludwig Müller qui, dans son discours préparé pour l'occasion, avait souligné que "la sacramentalité de l'épiscopat signifie aussi que les évêques ne sont ni des députés ni des délégués du pape" car "ils exercent les pouvoirs spirituels qui leur ont été conférés par le Christ lors de l'ordination au nom du Christ, et non pas sous l'autorité du pape, comme le veut une fois de plus ce papalisme extrême d'aujourd'hui". Le cardinal allemand avait également déclaré que "le pape ne peut pas non plus conférer à un laïc de manière extra-sacramentelle - c'est-à-dire par un acte formel et juridique - le pouvoir de juridiction dans un diocèse ou dans la Curie romaine". Ce concept a également été réitéré dans une récente interview à La Nuova Bussola Quotidiana, dans laquelle le titulaire émérite de l'ancien Saint-Office avait rejeté la possibilité que des laïcs dirigent un quelconque département parce que la Curie "est une institution ecclésiastique". Et une institution ecclésiastique est aussi le Synode, selon ce que Paul VI a écrit dans Apostolica sollicitudo. Mais le cardinal Müller - qui a récemment tonné à nouveau contre "l'apostasie de grandes parties du christianisme à l'égard de Dieu" et la "confusion doctrinale de la foi révélée" lors de la présentation du livre "Èschaton. Jésus de Nazareth et l'avenir du monde" de Cristiano Ceresani - n'a pas été le seul cardinal à rendre public son désaccord sur l'élargissement de l'accès des laïcs aux plus hautes fonctions de la Curie. En effet, le cardinal Paul Josef Cordes l'a également fait dans une contribution dans laquelle il écrit que :

    "Si l'Église ne se réfère pas expressément à l'ordo dans son service d'orientation et que celui-ci n'est pas compris comme ancré dans l'ordo - c'est-à-dire si le gouvernement de l'Église est détaché du sacrement - seule l'autorité monarchique d'un homme mortel, le Pape, reste pour l'orienter".

    Une position d'autant plus significative que Mgr Cordes a été à la tête du Conseil pontifical pour les laïcs pendant les années de Jean-Paul II et qu'il est considéré comme le grand protecteur des mouvements laïcs au sein de la Curie.

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  • A quand un catéchisme qui enseigne le contenu de la foi ?

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    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    Un catéchisme qui enseigne le contenu de la foi !

    Une vraie réforme de l’Église passera nécessairement par un effort considérable pour rétablir un enseignement du catéchisme catholique, non seulement aux enfants et aux nouveaux baptisés, ou encore aux « recommençants » qui renouent avec l’Église, mais aussi à l’ensemble des fidèles, dont l’ignorance des rudiments de la doctrine chrétienne est souvent abyssale.

    Dans des pays comme la France le catéchisme a longtemps concerné la presque totalité de la population même non pratiquante, 80% des enfants suivaient les cours : la conclusion des années de catéchisme était la cérémonie de communion solennelle (profession de foi) à l’âge de 11-12 ans que pratiquement toutes les familles se faisaient un devoir de fêter, quel que soit leur degré de catholicisme. Ainsi, le catéchisme était « l’œuvre par excellence » selon Mgr Dupanloup, une œuvre missionnaire en continu. Même si les enfants de parents non pratiquants cessaient eux-mêmes de pratiquer après cette cérémonie, ils avaient tous reçu une instruction qui rendait à chacun la religion familière.

    Le trou noir de l’après-Concile

    En France, la grande rupture dans la pratique dominicale en 1965, à en croire Guillaume Cuchet dans Comment notre monde a cessé d’être chrétien que nous avons plusieurs fois sollicité[1], s’est manifestée par le fait, enregistré par le chanoine Boulard, qu’une bonne partie des jeunes de 15-24 ans, enfants de catholiques pratiquants, ont quant à eux cessé de pratiquer. Mais la rupture dans le nombre des enfants catéchisés a mis un peu plus de temps à être ressentie. Elle a tenu au fait que les parents non pratiquants ont cessé d’envoyer leurs enfants au catéchisme, en partie découragés par les prêtres eux-mêmes qui dénonçaient l’« hypocrisie » des communions solennelles immédiatement suivies de l’abandon de la pratique. Ensuite, au fur et à mesure que s’est resserré le nombre des pratiquants, pour arriver aujourd’hui à moins de 2% de la population, le nombre des catéchisés s’est réduit en conséquence et même encore plus vite, dans la mesure où la majorité de ceux qui continuent à pratiquer sont désormais des grands-parents.

    En 1982, 54% des enfants de 11 à 12 ans étaient encore inscrits au catéchisme. Aujourd’hui d’ailleurs, une bonne part des parents qui demandent encore une instruction catéchétique pour leurs enfants les en retirent généralement après la première communion (8-10 ans). Si en 1982, 60% des enfants catholiques de 8 à 11 ans étaient encore inscrits au catéchisme, en 2016-17, ils n’étaient que 16%. Tous les témoignages urbains et ruraux, concordent : jamais le nombre des catéchisés n’a été aussi bas. Qui plus est, la fréquentation des cours par les enfants inscrits est épisodique et s’accompagne souvent d’une assistance à la messe dominicale plus épisodique encore. Elle ne produit qu’un bagage de connaissances si faible que, dans bien des cas, les enfants « catéchisés » ne connaissent même pas les prières élémentaires.

    Mais en outre, la grande faillite catéchétique a été celle du contenu. Elle a commencé à l’époque de l’emblématique Catéchisme hollandais de 1966. L’encadrement du « renouveau », à la fin des années 70, a aggravé la crise par la rédaction de parcours (le plus fameux d’entre eux étant Pierres vivantes de 1981[2]). Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le résultat fut analogiquement semblable à celui du nouvel enseignement de l’histoire et des matières littéraires dans les lycées et collèges : l’instillation d’idées fausses peut-être, mais surtout du néant culturel. Or, il s’agissait ici du contenu du Credo...

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  • Un message fort du Saint Père aux participants du Congrès International WOOMB sur La "révolution Billings" 70 ans après

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    Billings Life: The Billings Ovulation Method

    Message du Saint Père aux participants du Congrès International WOOMB sur La "révolution Billings" 70 ans après : de la connaissance de la fertilité à la médecine personnalisée,

    28.04.2023

    Message du Saint Père

    Nous publions ci-dessous le message que le Saint-Père François a adressé aux participants du Congrès international WOOMB sur La "révolution Billings" 70 ans après : de la connaissance de la fertilité à la médecine personnalisée, qui se tiendra à Rome, à l'Université catholique du Sacré-Cœur, du 28 au 29 avril 2023 :

    Message du Saint-Père

    Chers frères et sœurs !

    J'ai le plaisir d'adresser mes salutations aux organisateurs et à tous les participants du Congrès international WOOMB sur La "Révolution Billings" 70 ans après : de la connaissance de la fertilité à la médecine personnalisée. Je salue chaleureusement cette initiative qui attire l'attention sur la beauté et la valeur de la sexualité humaine.

    Alors que, dans la seconde moitié du siècle dernier, la recherche pharmacologique pour le contrôle de la fertilité se développait et que la culture contraceptive se répandait, John et Evelyn Billings développaient une recherche scientifique attentive et diffusaient une méthode simple, à la disposition des femmes et des couples, pour la connaissance naturelle de la fertilité elle-même, offrant un outil précieux pour la gestion responsable des choix procréatifs. À l'époque, leur proposition semblait moins moderne et moins fiable que l'immédiateté et la sécurité revendiquées des instruments pharmacologiques. En réalité, elle offrait et offre encore des provocations et des pistes de réflexion actuelles et fondamentales, à reprendre et à approfondir : par exemple, l'éducation à la valeur de la corporéité, une vision intégrée et intégrale de la sexualité humaine, le soin de la fécondité de l'amour même lorsqu'il n'est pas fécond, la culture de l'accueil de la vie et le problème de l'effondrement démographique. À cet égard, ce que l'on a appelé la "révolution Billings" n'a pas épuisé sa portée initiale, mais continue d'être une ressource pour la compréhension de la sexualité humaine et pour la pleine appréciation de la dimension relationnelle et générative du couple.

    Une éducation sérieuse dans ce sens semble nécessaire aujourd'hui, dans un monde dominé par une vision relativiste et banale de la sexualité humaine. Il s'agit plutôt d'une perspective anthropologique et éthique, dans laquelle les questions doctrinales sont explorées sans simplifications excessives ni fermetures rigides. En particulier, il faut toujours garder à l'esprit le lien inséparable entre les significations unitive et procréative de l'acte conjugal (cf. St. Paul VI, Enc. Humanae vitae, 12). Le premier exprime le désir des époux d'être un, une seule vie ; l'autre exprime la volonté commune d'engendrer la vie, qui demeure même pendant les périodes de stérilité et de vieillesse. Lorsque ces deux significations sont consciemment affirmées, la générosité de l'amour naît et se renforce dans le cœur des époux, les disposant à accueillir une nouvelle vie. En l'absence de ces deux significations, l'expérience de la sexualité s'appauvrit, se réduit à des sensations qui deviennent rapidement autoréférentielles, et perd sa dimension humaine et sa responsabilité. La tragédie de la violence entre partenaires sexuels - je pense au fléau du féminicide - trouve ici l'une de ses causes principales.

    En effet, nous perdons de vue le lien entre la sexualité et la vocation fondamentale de chaque personne au don de soi, qui trouve une réalisation particulière dans l'amour conjugal et familial. Cette vérité, bien qu'inscrite dans le cœur de l'être humain, a besoin d'un parcours éducatif pour s'exprimer pleinement. Il s'agit d'une question urgente qui interpelle l'Église et tous ceux qui ont à cœur le bien de la personne et de la société, et qui attend des réponses concrètes, créatives et courageuses, comme le souligne Amoris laetitia, à propos de l'éducation sexuelle : "Le langage du corps requiert le patient apprentissage qui permet d'interpréter et d'éduquer ses désirs pour se donner en vérité. Quand on prétend tout donner d'un coup, il est possible de ne rien donner. C'est une chose de comprendre les fragilités de l'âge ou ses confusions, c'en est une autre d'encourager les adolescents à prolonger l'immaturité de leur façon d'aimer. Mais qui en parle aujourd'hui ? Qui est capable de prendre les jeunes au sérieux ? Qui les aide à se préparer sérieusement à un amour grand et généreux ?" (n° 284). Après la soi-disant révolution sexuelle qui a fait tomber les tabous, il faut une nouvelle révolution des mentalités : découvrir la beauté de la sexualité humaine en feuilletant le grand livre de la nature ; apprendre à respecter la valeur du corps et de l'engendrement de la vie, en vue d'expériences authentiques d'amour familial.

    Une autre dimension de la sexualité, non moins riche d'enjeux pour notre temps, est précisément sa relation avec la génération de la vie. En effet, la connaissance de la fertilité, si elle a une valeur éducative générale, a encore plus d'importance lorsque le couple décide de s'ouvrir à l'accueil d'enfants. La méthode Billings, comme d'autres, représente l'une des formes les plus appropriées pour réaliser de manière responsable le désir d'être parents. Aujourd'hui, la séparation idéologique et pratique de la relation sexuelle de son potentiel génératif a conduit à la recherche de formes alternatives d'avoir un enfant, qui ne passent plus par les relations conjugales, mais utilisent des processus artificiels. Cependant, s'il est bon d'aider et de soutenir un désir légitime de procréation grâce aux connaissances scientifiques les plus avancées et aux technologies qui soignent et améliorent la fertilité, il ne l'est pas de créer des embryons en éprouvette pour ensuite les supprimer, de faire le commerce de gamètes et de recourir à la pratique de l'utérus à louer. À l'origine de la crise démographique actuelle, il y a, avec divers facteurs sociaux et culturels, un déséquilibre dans la vision de la sexualité, et ce n'est pas un hasard si la méthode Billings est aussi une ressource pour traiter naturellement les problèmes d'infertilité et aider les époux à devenir parents en identifiant les périodes les plus fertiles. Dans ce domaine, une plus grande connaissance des processus de génération de la vie, en utilisant les acquisitions scientifiques modernes, pourrait aider de nombreux couples à faire des choix plus conscients et éthiquement plus respectueux de la personne et de sa valeur.

    Il s'agit d'une tâche que les universités catholiques et, en particulier, les facultés de médecine et de chirurgie doivent assumer avec un engagement renouvelé. C'est pourquoi, de même qu'il était fondamental pour M. et Mme Billings de travailler au sein de la Faculté de Médecine de l'Université de Melbourne, il est important que le Centre d'Étude et de Recherche pour la Régulation Naturelle de la Fertilité, qui opère depuis 1976 au sein de l'Université Catholique du Sacré-Cœur, fasse partie d'un des plus prestigieux centres académiques italiens et puisse bénéficier des connaissances scientifiques les plus avancées pour mener à bien sa mission de recherche et de formation.

    En outre, la perspective scientifique de ce congrès international montre à quel point il est fondamental de prêter attention aux particularités de chaque couple et de chaque personne, en particulier en ce qui concerne les femmes. L'horizon de la médecine personnalisée nous rappelle précisément que chaque personne est unique et irremplaçable et qu'avant d'être l'objet d'un traitement pour des dysfonctionnements et des maladies, elle doit être aidée à exprimer au mieux son potentiel, en vue de ce bien-être qui est avant tout le fruit d'une harmonie de vie.

    Enfin, la promotion de la connaissance de la fertilité et des méthodes naturelles a également une grande valeur pastorale, car elle aide les couples à être plus conscients de leur vocation conjugale et à témoigner des valeurs évangéliques de la sexualité humaine. La preuve de cette pertinence est également fournie par le grand nombre de participants à ce congrès, avec des personnes de nombreux pays et de tous les continents réunies à Rome (ou connectées par vidéo). Le retour positif qui ressort de leurs expériences, parfois mûries dans des contextes sociaux et culturels très difficiles, confirme l'importance de travailler assidûment et énergiquement dans ce domaine, également pour promouvoir la dignité de la femme et une culture fondée sur l'acceptation de la vie, valeurs qui sont également partagées avec d'autres religions.

    Il s'agit donc d'un aspect non secondaire de la pastorale familiale, comme l'ont enseigné mes prédécesseurs et comme je l'ai également rappelé dans Amoris laetitia : "En ce sens, l'encyclique Humanae vitae (cf. 10-14) et l'exhortation apostolique Familiaris consortio (cf. 14 ; 28-35) doivent être redécouvertes" (n. 222). Il faut encourager le recours aux méthodes fondées sur les rythmes naturels de la fécondité, en soulignant qu'elles "respectent le corps des époux, encouragent la tendresse entre eux et favorisent l'éducation à une authentique liberté" (Catéchisme de l'Église catholique, n. 2370).

    Chers amis, je vous souhaite un travail fructueux et je vous remercie pour ce que vous faites. Rendez ce précieux service à la communauté ecclésiale et à tous ceux qui veulent cultiver avec passion et générosité les valeurs humaines de la sexualité. Nous devons toujours être conscients que la bénédiction originelle de Dieu se reflète avec une splendeur particulière dans ce domaine de la vie (cf. Gn 1, 26-30) et que nous sommes également appelés à l'honorer dans ce domaine, comme l'exhorte saint Paul : "Glorifiez donc Dieu dans votre corps" (1 Co 6, 20). Je vous bénis de tout cœur et vous demande de prier pour moi.

    Rome, St Jean de Latran, 24 avril 2023

    François

  • Les "amis" romains du pape sont ses ennemis

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    Du Dr Joachim Heimerl sur kath.net/news :

    Les "amis" romains du pape sont ses ennemis

    28 avril 2023

    "Au fond, l'Allemagne est perdue pour l'Eglise catholique : les décisions de la 'voie synodale' sont désormais appliquées à la lettre... les voix d'avertissement, comme celle du cardinal Arborelius (Stockholm), ne sont pas entendues". Par Joachim Heimerl

    Quiconque suit l'actualité ecclésiale de ces dernières semaines remarque que le pape François prend de plus en plus ses distances avec les exigences de réforme que la dérive synodale allemande a engendrées : Il n'y aura pas de "diacres" ou de "prêtres", les "laïcs" pourront certes faire office de lecteurs ou - dans des cas exceptionnels - donner la Sainte Communion, mais ils ne pourront pas prêcher ni même baptiser.

    Ce qui devrait être particulièrement décevant pour les "synodaux" avides de pouvoir, c'est le fait qu'ils ne soient pas associés à la nomination des évêques et qu'ils ne puissent pas s'établir comme nouveaux souverains à la place du Christ dans un système de "conseil" ecclésiastique. - L'Eglise n'est pas un concert de désirs et encore moins un concert "teutonique" ; en fait, tout le monde le sait, sauf en Allemagne où l'on ne semble pas le savoir.

    Le fait que la ligne papale ne soit pas très bien accueillie au pays de Luther ne devrait surprendre personne, et encore moins le pape, comme on peut le supposer.

    Au fond, l'Allemagne est perdue pour l'Eglise catholique : les décisions de la "voie synodale" y sont désormais appliquées à la lettre ; même le pape n'y peut rien. D'autres voix d'avertissement, comme celle du cardinal Anders Arborelius (Stockholm), ne sont pas non plus entendues en Allemagne.

    En revanche, c'est justement à Rome que l'on espère trouver de l'aide : le prochain synode des évêques doit devenir le moteur romain des souhaits de réforme allemands.

    Mais le pape signale clairement que ce ne sera pas le cas : François s'efforce manifestement de freiner les forces centrifuges dans l'Eglise avant le synode afin d'éviter un éclatement définitif.

    Ce sont sans doute les Allemands qui comptent le moins, mais plutôt le fait que l'Eglise universelle dans son ensemble n'a pas compris que la "synodalité" n'est pas une force de démolition et qu'une "Eglise synodale" n'est justement pas une Eglise "parlementaire", c'est-à-dire une Eglise "protestante".

    En d'autres termes, le problème du pape n'est pas tant les Allemands que ceux qui annoncent déjà une "nouvelle foi" au Vatican, comme les cardinaux Grech et Hollerich, qui occupent justement les postes clés du synode mondial, ou encore le préfet du dicastère de la liturgie, le cardinal Roche.

    On sait que Roche poursuit la liturgie traditionnelle avec une haine baveuse, tout comme l'idéologie oblique avec laquelle il défend cette position. Selon Roche, la foi de l'Eglise aurait en effet "considérablement changé" après le Concile Vatican II et, pour cette raison, la "vieille" messe ne lui conviendrait plus. Quiconque s'intéresse de près aux textes conciliaires sait que c'est absurde, mais que cela n'impressionne pas Roche non plus.

    Ce n'est pas Roche lui-même qui importe dans tout cela, mais le fait qu'il fasse partie, avec Grech et Hollerich, des représentants d'un nouveau type, impensable il y a encore quelques années, mais qui a désormais pris le contrôle de la Curie.

    Il est sans aucun doute vrai que les ennemis de l'Eglise sont assis sur les sièges épiscopaux allemands. Mais il est également vrai qu'ils planifient également le renversement à Rome et qu'ils le propagent à grand renfort médiatique : Hollerich lui-même évoque sans cesse une "révolution" ecclésiale, qui se manifeste actuellement par le fait que les laïcs ont désormais le droit de vote au synode des évêques.

    En fait, rien ne s'oppose à cette participation des laïcs, et ce d'autant moins que le synode s'occupe, à la demande du pape, de la "participation synodale". Ce qui est toutefois fatal, c'est que des subversifs comme Hollerich instrumentalisent publiquement de telles décisions afin d'attiser de manière ciblée les "attentes de réforme" et d'augmenter la pression sur le pape. Le fait que "synodal" soit désormais synonyme d'"hérétique" dans le langage ecclésiastique est surtout de son fait ; en tant que "rapporteur général" du synode, il veille en premier lieu à ce que celui-ci tourne au désastre catholique.

    Celui qui a de tels "amis" n'a certainement pas besoin d'ennemis ; le pape ne fait pas exception à la règle. Alors qu'il s'agit pour lui, en plus de la "participation", de la "mission", il s'agit pour Hollerich et ses hommes d'imposer leurs positions hérétiques et de détruire l'Eglise ; leurs véritables alliés se trouvent en Allemagne et non, comme ils aiment le suggérer, sur le siège apostolique.

    Il est certain que cela préoccupe de plus en plus le pape ; François ne veut en aucun cas entrer dans l'histoire comme le pape d'un schisme. Il est actuellement douteux qu'il y parvienne, d'autant plus que le "document de travail" du synode mondial sera publié en mai. Il est clair que ce document portera la signature hostile à l'Eglise de Hollerich. Il est également clair que la pression sur François devrait alors encore augmenter, certainement aussi au nord des Alpes. - L'Eglise est confrontée à une épreuve de vérité que seul Dieu peut encore éviter.

    Joachim Heimerl (voir lien) est prêtre et professeur d'université.

  • Si des laïcs votent aussi, ce ne sera plus le synode des évêques

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Si les laïcs votent aussi, ce n'est plus le synode des évêques

    28-04-2023

    Changement des cartes sur la table avec le processus synodal en cours : les quotas féminins (proportion en fonction du genre) et laïcs dénaturent effectivement le corps établi par saint Paul VI et régi par le droit canonique. Et si l'on voit bien où l'on veut en venir, poussons cependant un soupir de soulagement : une assemblée ainsi redéfinie ne "fait" pas de magistère.

    Dans une autre et énième interview, celle du 10 mars dernier d'Elisabetta Piqué avec François, le pape avait annoncé le " suffrage universel " dans les assemblées synodales de l'Église catholique : " tous ceux qui participent au synode ont le droit de vote. Homme ou femme. Tout le monde, tout le monde. Ce mot "tout le monde" est décisif pour moi".

    Un peu plus d'un mois plus tard, le Secrétariat du Synode, moyennant quelques modifications (le document dans les différentes langues avec les modifications peut être téléchargé ici), a annoncé la transformation de la catégorie des auditeurs en véritables membres avec droit de vote. Selon les souhaits du Pontife, "tout le monde" pourra donc voter. Mais comme, comme dans toute république bananière, le permis de "tout le monde" n'est donné que par le patron, même le Pape a jugé bon de ne pas déroger à la coutume : les 70 nouveaux membres votants non évêques sont décidés par lui. Synodalité donc, mais sans exagération. Scaraffia s'en est également rendu compte : "Je trouve de plus en plus incroyable ce fait du pape synodal centralisateur. Ce n'est pas incroyable, c'est typique d'un certain courant sud-américain.

    Toujours dans le respect scrupuleux de la bureaucratie parallèle nécessaire à tout gouvernement dictatorial, le pouce vers le bas ou vers le haut sera exercé par le pape sur une liste de 140 personnes, explique le Secrétariat, "identifiées (et non élues) par les sept Réunions internationales des Conférences épiscopales et l'Assemblée des patriarches des Églises orientales catholiques (20 pour chacune de ces réalités ecclésiales)". La moitié des élus doit nécessairement être dans le quota rose. Une folie, une dette payée au politiquement correct.

    Les 70 seront issus d'une sorte de présélection, sur la base de la "culture générale" des candidats (test avec croix ou réponse libre ?), de "leur prudence" (c'est-à-dire le degré de soumission), mais aussi de leurs "connaissances, théoriques et pratiques" (de quoi ? Sujet de choix ?), et enfin de "leur participation à divers titres au processus synodal", condition fondamentale pour comprendre si le candidat a déjà fait preuve d'une loyauté absolue envers le système. Orthodoxie, intégrité de la vie morale, mérites particuliers au service du prochain : des critères dépassés. Et, ce qui n'est pas moins important, au Synode se rendra non pas une représentation de l'Église réelle, mais l'Église "individuée", c'est-à-dire celle qui a été sélectionnée selon les critères tout à fait vagues et subjectifs mentionnés ci-dessus.

    Revenons au quota féminin : 35 choisies, auxquelles s'ajoutent, en vertu d'un autre changement voulu par le pape, 5 religieuses élues par les organisations de supérieures majeures (qui seront rejointes par autant d'homologues masculins) et l'élue par excellence, la sous-secrétaire Sœur Nathalie Becquart, première femme à avoir le droit de vote dans un synode d'évêques par la volonté du pape. À l'époque, en février 2021, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, avait déclaré : "Avec la nomination de Sœur Becquart et sa possibilité de participer avec droit de vote, une porte a été ouverte, nous verrons ensuite quelles autres étapes pourront être franchies à l'avenir". Les mystérieuses mesures futures, du moins les plus proches, étaient déjà assez évidentes : si un laïc peut voter à un synode d'évêques, on ne voit pas pourquoi 70 ne pourraient pas voter, et peut-être même la moitié des membres demain. Qu'ils soient hommes ou femmes.

    Avec le vote des laïcs au sein du Synode, nous pouvons supposer sans risque qu'il ne s'agit plus du Synode des évêques, tel qu'il est défini et réglementé par les canons 342-348. Le canon 342 est presque tautologique : "Le synode des évêques est une assemblée d'évêques qui [...] se réunit à des moments déterminés pour favoriser une union étroite entre le Pontife romain et les évêques eux-mêmes". Et voilà que même la Constitution apostolique Episcopalis Communio, signée par François, enseigne que les membres du Synode des évêques sont les évêques, selon le can. 346, auxquels s'ajoutent les membres des instituts religieux cléricaux. Il y a également d'"autres participants", y compris des laïcs, qui n'ont toutefois pas le droit de vote.

    Malgré les assurances "de maintenir la spécificité épiscopale de l'Assemblée convoquée à Rome", il n'est pas au pouvoir du Pape d'ordonner qu'une réalité soit différente de ce qu'elle est ou de supprimer le principe de non-contradiction. Le Synode des évêques est tel parce qu'il compte des évêques parmi ses membres ; si un quota, qui semble être d'environ 1/4, n'est pas constitué d'évêques, ni lié à la constitution hiérarchique de l'Église par l'ordre sacré, alors il ne s'agit plus du Synode des évêques, mais de celui des chrétiens. Ce qui n'est ni mieux ni moins bien, mais simplement autre chose.

    La décision du pape François nous fait donc pousser un soupir de soulagement. La direction que prendra le Synode à partir de là, en termes de contenu et de discipline, est assez claire, et ce n'est pas une bonne perspective. Mais maintenant au moins nous savons que le document qui sortira de l'Assemblée ne sera tout simplement pas un document du Synode des évêques, et donc que toute ratification par le Souverain Pontife (cf. can. 343) sera tout simplement nulle et non avenue.

    Deuxième considération : le sacerdoce féminin est plus proche qu'on ne le pense. Et la position négative exprimée par François n'est pas du tout rassurante. D'abord parce que le pape a montré qu'il pouvait tranquillement dire et écrire une chose et faire (ou laisser faire) exactement le contraire. La question de la bénédiction des couples de même sexe est assez évidente. Tout comme la Constitution apostolique mentionnée plus haut. Par ailleurs, il est un fait que plus d'une prémisse a été posée dans le sens de conférer les ordres sacrés aux femmes : la réouverture de la question du diaconat féminin, avec la mise en place, en avril 2020, d'une nouvelle commission d'étude sur le sujet ; puis le Motu Proprio Spiritus Domini (2021), qui a admis les femmes aux ministères de lecteur et d'acolyte (voir ici et ici) ; puis la nomination de trois femmes au Dicastère des évêques (voir ici). Et maintenant, les femmes (et les laïcs en général) sont mises sur un pied d'égalité avec les évêques, en tant que membres d'un Synode des évêques. Beaucoup, beaucoup trop de fenêtres Overton ont été ouvertes.

    Enfin, comme l'a écrit le frère Gerard Murray, la possibilité pour les laïcs de voter pendant l'Assemblée du Synode des évêques a radicalement déformé sa nature, puisque le Synode n'est plus la communion des pasteurs de l'Église avec le pape pour discuter et trouver des solutions aux besoins de l'Église universelle, dans le cadre de leur mission divine de "sanctifier, enseigner et gouverner le troupeau du Christ". Ce qui doit être constitué est tout à fait différent : "des personnes qui ne sont pas sacramentellement conformées par l'Ordre Saint au Christ, le Grand Prêtre", mais qui seront "traitées juridiquement comme des égaux des évêques". Le rapporteur général du synode, le cardinal Jean-Claude Hollerich, s'est empressé de mettre les mains dans le cambouis, déclarant qu'il s'agirait d'un "changement important, mais pas d'une révolution". Ce qui, en mode communicationnel orwellien, signifie : c'est une révolution, mais vous ne devez pas le penser.

    Au contraire, la vérité est clairement exprimée par Frère Murray : "Cette innovation doit être rejetée par les évêques de l'Église. Elle est en conflit avec l'enseignement dogmatique de l'Église sur la nature du sacrement de l'ordre, en particulier sur la nature de l'épiscopat".

  • Paglia donne la priorité au pragmatisme politique plutôt qu'au témoignage prophétique

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Paglia donne la priorité au pragmatisme politique plutôt qu'au témoignage prophétique

    COMMENTAIRE : Comme cela a été le cas auparavant, le président de l'Académie pontificale pour la vie commence souvent par la situation politique et voit ensuite où l'Évangile et la Tradition catholique peuvent s'intégrer.

    26 avril 2023

    La déclaration de l'Académie pontificale pour la vie (APV) aurait dû être une histoire comme celle d'un chien qui mord un homme qui ne valait guère la peine d'être publiée. Pourtant, elle était là, affirmant que son président, Mgr Vincenzo Paglia, "réitère son "non" à l'euthanasie et au suicide assisté, en pleine adhésion au magistère".

    Ces dernières années, le fait que le président de l'APV adhère pleinement au magistère est devenu, de manière surprenante, une sorte d'histoire d'homme qui mord le chien. Les raisons de cette situation méritent d'être notées et sont révélatrices de l'environnement général à Rome.

    L'APV a été fondée par le pape Jean-Paul II pour faire progresser l'enseignement et le témoignage de l'Église sur le caractère sacré de la vie humaine en s'appuyant sur les meilleurs travaux d'érudition dans diverses disciplines. Ainsi, lorsque Mgr Paglia a déclaré la semaine dernière qu'une éventuelle loi italienne supprimant les sanctions pénales pour l'euthanasie et le suicide assisté serait "faisable" et que "la médiation juridique pourrait être le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons", il a frappé beaucoup de monde comme étant contraire non seulement à l'enseignement catholique, mais aussi à l'objectif de l'APV. 

    De nombreux cercles catholiques et pro-vie ont réagi violemment, notamment en raison de l'histoire de l'archevêque. Il s'agit de l'un des curieux personnages qui ont pris de l'importance au cours du pontificat du pape François.

    Les détails du discours original de l'archevêque Paglia et la clarification ultérieure de l'APV sont maintenant bien connus. Cette controverse fait écho à une précédente, lorsqu'il avait qualifié la loi italienne sur l'avortement de "pilier" de la société. Dans ce cas également, l'APV a apporté une clarification, expliquant que l'archevêque Paglia ne faisait que constater un fait sociopolitique et n'approuvait pas l'autorisation d'avortement en tant que telle. Son penchant pour de telles déclarations a incité un site d'information catholique à titrer son article sur la dernière en date : "Qu'a dit l'archevêque Paglia cette fois-ci ?"

    Pourquoi l'archevêque Paglia parle-t-il d'une manière qui semble être en désaccord avec le magistère sur les questions de vie, d'autant plus que saint Jean-Paul II a été exceptionnellement clair sur l'avortement et l'euthanasie dans son encyclique Evangelium Vitae de 1995 ?

    La réponse se trouve dans son point de départ. Mgr Paglia part de la situation politique et voit ensuite où l'Évangile et la tradition catholique peuvent s'intégrer. Cette approche n'est pas sans valeur, car les évêques confrontés à un environnement politique hostile doivent souvent faire de tels calculs. Mais Mgr Paglia n'est pas un évêque diocésain devant naviguer dans une situation pratique délicate ; il est à la tête d'une académie chargée d'apporter clarté et lumière à l'enseignement de l'Église. 

    Dans la dernière querelle sur l'euthanasie comme dans la précédente sur l'avortement, l'archevêque a pris comme point de départ le pragmatisme exigé par la politique, plutôt qu'un témoignage prophétique. Les dirigeants politiques se trouvent parfois dans des situations complexes, voire confuses, mais l'archevêque Paglia n'est pas un politicien. Pourtant, en s'inspirant de calculs politiques, il est parvenu à s'embrouiller terriblement.

    Dans ses récents commentaires sur l'euthanasie, Mgr Paglia a parlé de l'évolution de l'enseignement de l'Église sur la peine de mort. Le pape François a modifié le Catéchisme de l'Église catholique pour la déclarer "inadmissible". Le Saint-Père - comme Jean-Paul avant lui - aurait considéré l'enseignement sur la peine de mort et sur l'euthanasie comme faisant partie du même principe concernant le caractère sacré de la vie. 

    Cependant, Mgr Paglia a adopté une approche différente, suggérant que si l'enseignement sur la peine de mort pouvait évoluer vers son "inadmissibilité", alors peut-être que l'enseignement sur l'euthanasie pourrait évoluer vers sa "faisabilité". 

    Du point de vue de l'enseignement moral catholique, il s'agit là d'une comparaison étrange et incorrecte. 

    D'un point de vue politique, en revanche, elle a du sens : Le consensus politique est contre la peine de mort en Italie, et l'enseignement catholique l'affirme ; donc si le consensus politique en Italie autorise l'avortement et peut favoriser l'euthanasie, alors il pourrait être possible pour l'enseignement catholique de s'adapter à cette situation.

    C'est la priorité du pragmatisme sur l'enseignement prophétique. 

    La dernière bévue de l'archevêque Paglia, corrigée une fois de plus a posteriori par une déclaration de l'APV, reflète un phénomène plus large à Rome qui mérite d'être souligné. Par exemple, au moment où le discours de l'archevêque a été rapporté, une autre interview papale a été publiée, dans laquelle le Pape François a parlé de son intention de visiter l'Argentine l'année prochaine dans le contexte de la politique.

    La décision de ne pas se rendre en Argentine est un mystère depuis le début du pontificat, il y a dix ans. Jean-Paul et Benoît ont tous deux visité leur pays d'origine dans l'année qui a suivi leur élection, et tous deux ont effectué trois voyages en l'espace de dix ans. Étant donné que le pape François a visité de nombreux autres pays d'Amérique du Sud, la décision de ne pas se rendre en Argentine a suscité des réactions négatives dans son pays d'origine. Dans son entretien avec La Nacion, le pape François a expliqué que c'était la situation politique qui l'avait empêché de se rendre dans ce pays. 

    C'est une explication quelque peu invraisemblable. Cela aurait-il pu être le cas pendant toute une décennie ? Si le Saint-Père avait été aussi désireux de visiter sa patrie qu'il l'a été, par exemple, de visiter la République centrafricaine ou l'Irak, cela n'aurait-il pas déjà eu lieu ? 

    La réponse est néanmoins instructive. Tout d'abord, la dynamique politique est prise en compte, avec une évaluation de ceux qui pourraient chercher à tirer profit de la visite papale. Ce n'est qu'ensuite que les priorités pastorales sont prises en compte. 

    La visite de 2014 à Strasbourg, qui ne comprenait qu'un discours au Parlement européen, et non des visites pastorales, est un autre exemple de la priorité accordée à la politique. 

    Un pasteur doit tenir compte du politique lorsqu'il exerce son rôle prophétique. Les événements récents à Rome suggèrent que la priorité a été donnée au pragmatisme. 

    Le père Raymond J. de Souza est le rédacteur en chef fondateur du magazine Convivium.