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Doctrine - Page 55

  • Synodalité en Allemagne : le précédent de Würzburg

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    « La cinquième et dernière session du chemin synodal allemand s’est achevée ce samedi 11 mars. Pour comprendre ce qui inquiète aujourd'hui Rome, il faut revenir à l'expérience originelle de la synodalité en Allemagne, le synode de Würzburg (1971-1975). Un épisode qui a aussi joué un rôle important dans la vie de Joseph Ratzinger-Benoît XVI.

     Publié par Camille Delmas sur le site web « aleteia » :

    « Se tient à Francfort jusqu’à ce samedi 11 mars la cinquième et dernière session du chemin synodal allemand, un processus qui dure depuis plus de trois ans et a pour but de trouver des solutions à la triple crise que traverse l’Église catholique en Allemagne – sécularisation, baisse des vocations, abus. Pour comprendre ce « Synodale Weg » qui inquiète aujourd’hui Rome, il faut revenir à l’expérience originelle de la synodalité en Allemagne, le synode de Würzburg (1971-1975). Un épisode qui a aussi joué un rôle important dans la vie de Joseph Ratzinger-Benoît XVI.

    L’après Concile Vatican II a été une période agitée en Allemagne. L’actualité de la communauté catholique du pays, à l’époque divisée entre République fédérale d’Allemagne et République démocratique d’Allemagne, est alors marquée par l’influence de la crise post-conciliaire des Pays-Bas, qui commence en 1966 avec la publication du « catéchisme hollandais » et se poursuit tout au long du « Concile pastoral » de l’Église des Pays-Bas entre 1966 et 1970. Ces initiatives visent à accélérer l’aggiornamento conciliaire et vont être le vecteur de nombreuses revendications réformistes – notamment sur le célibat des prêtres ou sur l’avortement, le noeud des tensions portant sur l’encyclique Humanae Vitae publiée par Paul VI en 1968.

    Une « germanisation » de Vatican II

    Le catéchisme hollandais, traduit en allemand en 1968, et la création d’un Conseil pastoral national aux Pays-Bas – supprimé en 1980 par Jean Paul II – rencontrent un grand succès en Allemagne. « Ce catéchisme a été reçu très positivement par le public, car les auteurs ont réussi à trouver un langage que les gens d’aujourd’hui pouvaient comprendre », affirmait le jésuite allemand Wolfgang Seibel dans un entretien publié dans la revue Stimmen der Zeit en 2011. Poussés par le Conseil central des catholiques allemands, organisme laïc structurant du catholicisme allemand depuis le XIXe siècle, les évêques de RFA, avec à leur tête le cardinal Julius Döpfner, archevêque de Munich et président de la Conférence épiscopale allemande, décident de mener à leur tour un processus de « germanisation » du Concile Vatican II.

    La voix choisie est celle d’un synode national, qui est convoqué à Würzburg, petite ville à proximité de Francfort. Il s’inspire du « Synode 72″ lancé par les évêques de Suisse. Comme ce dernier, le synode de Würzburg bénéficie d’une dispense du Saint-Siège, les synodes nationaux n’existant pas du point de vue du droit canonique. Approuvés par Rome, les statuts du synode de Würzburg permettent aux laïcs non seulement de participer mais aussi de voter les documents – contrairement au synode romain, dans lequel le vote est réservé aux évêques. Ces derniers bénéficient cependant d’un droit de véto qui sera utilisé deux fois.

    Rapidement surnommé le « Concile allemand », il rassemble les plus grands théologiens du moment : Karl Rahner, qui appelle à l’époque à poursuivre la réforme structurelle de l’Église, Johann Baptist Metz, qui s’illustre en lançant un débat sur le rapport de l’Église au national-socialisme, le futur cardinal Karl Lehmann – qui prend une dimension importante à cette occasion – ou encore Joseph Ratzinger. « Ce qui était particulièrement impressionnant, c’est la quantité d’expertise réunie », se souvient le père Seibel qui rappelle avec nostalgie « l’expérience de la liberté » qu’il a vécu à cette occasion.

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  • Le pape François clarifie : "Je ne suis pas prêt à revoir le célibat sacerdotal mais ce n'est pas un dogme"

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    Ce qu'on pouvait lire sur fanpage.it (Biagio Chiariello) le 11 mars :

    Le pape François ouvert à un revirement sur le célibat des prêtres : "Il pourrait être révisé

    Le célibat est une prescription temporaire, il n'est pas éternel, comme l'ordination sacerdotale", a déclaré le souverain pontife dans un entretien accordé à un portail argentin.

    "Dans l'Église catholique, il y a des prêtres mariés", comme par exemple "dans les Églises catholiques orientales" et donc "il n'y a pas de contradiction à ce qu'un prêtre se marie. Le célibat dans l'Église occidentale est une prescription temporaire". Tels sont les propos du pape François, dans une interview accordée au site internet argentin Infobae et au quotidien local La Nacio, dans laquelle il revient sur certains points sensibles du débat interne à l'Église catholique, comme le célibat des prêtres.

    L'abolir, affirme le souverain pontife, ne servirait pas à augmenter le nombre de vocations. Mais il ouvre une lueur : "Le célibat dans l'Église occidentale est une prescription temporaire, je ne sais pas si elle est résolue d'une manière ou d'une autre, mais elle est temporaire dans ce sens ; elle n'est pas éternelle comme l'ordination sacerdotale, qui est pour toujours, qu'on le veuille ou non.

    "En fait, dans l'Église catholique, il y a des prêtres mariés : tout le rite oriental est marié. Tout le rite oriental est marié. Tout le rite oriental. Ici, à la Curie, nous en avons un qui a une femme et un enfant. Il n'y a pas de contradiction à ce qu'un prêtre soit marié", a ajouté le souverain pontife.
    À la question de l'intervieweur : "Le célibat pourrait donc être révisé ?", le pape a répondu : "Oui. Oui."

    Au cours de l'entretien, Bergoglio a consacré plusieurs passages aux femmes. Au cours des dix dernières années, celles de son pontificat, le nombre de femmes travaillant au Vatican est passé à 1 165, y compris à des postes de direction. "Le Vatican était autrefois très machiste. Mais cela fait partie de la culture, ce n'est la faute de personne. Il en a toujours été ainsi", a admis Bergoglio, précisant toutefois que "le machisme est mauvais" et que "parfois, le célibat peut vous conduire au machisme". (...)

    Le 12 mars, Antonio Palma, sur le même site, revient sur le sujet :

    Célibat et prêtres, le pape François clarifie : "Je ne suis pas prêt à le revoir mais ce n'est pas un dogme"

    "Je ne suis pas encore prêt à réviser le célibat des prêtres mais c'est une question de discipline", a expliqué Bergoglio, ajoutant : "Rien à voir avec un dogme, mais quelque chose qui aujourd'hui est là et demain ne le sera peut-être plus."

    Après le grand tapage médiatique suscité par son ouverture à une éventuelle révision du célibat des prêtres catholiques, le Pape François est revenu sur le sujet, en précisant sa pensée et en prenant un recul partiel par rapport à ses précédentes déclarations. "Je ne suis pas encore prêt à le revoir", a en effet expliqué le souverain pontife dans une nouvelle interview accordée à un journal argentin, Perfil, à l'occasion du dixième anniversaire de son pontificat

    Le célibat des prêtres, en revanche, "est une question de discipline", a expliqué Bergoglio, ajoutant : "Rien à voir avec le dogme, mais quelque chose qui est là aujourd'hui et qui ne sera peut-être plus là demain". Le pontife semble toutefois certain d'une chose : ce ne sera pas lui qui la révisera dans la suite de son pontificat, mais certains de ses successeurs.

    "Dans l'Église catholique, il y a déjà des prêtres mariés : tout le rite oriental est marié. Ici, à la Curie, nous en avons un qui a une femme et un enfant. Il n'y a pas de contradiction pour un prêtre à pouvoir se marier", avait déclaré Bergogio dans l'interview précédente. Un concept réitéré par le souverain pontife lors de cette nouvelle conversation.

    Permettre aux prêtres de se marier "est une possibilité qui existe dans l'Église catholique, dans toute la partie orientale de l'Église catholique. Je ne sais pas s'il y aura une ouverture ou non, mais c'est une possibilité qui peut être ouverte. En fait, dans l'histoire de l'Église, il y a eu des concessions locales sur cette question, même de notre part", a expliqué François, ajoutant : "Nous verrons quand le moment sera venu pour un pape de réexaminer la question, je n'ai toujours pas envie de la réexaminer, mais il s'agit évidemment d'une question de discipline et non d'un dogme".

    Poursuivant sa réflexion sur les prêtres, au journaliste qui lui demandait si l'on pouvait être "des bergers à l'odeur de brebis" au Vatican, comme il l'a dit à plusieurs reprises, le pape François a répondu que c'était possible et a rappelé l'exemple du cardinal Casaroli qui, à l'époque de Jean XXIII, en plus de son travail fructueux de haut diplomate, visitait également une prison pour mineurs le dimanche. "C'est la grande politique ecclésiale de l'Église", a-t-il souligné.

  • "Il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout" (cardinal Müller)

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    Des propos recueillis par Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    Cardinal Müller : « Il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout »

    Entretien 

    Dans un entretien accordé à La Croix, le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et auteur d’In buona fede. La religione nel XXI secolo (1), estime que le pape François devrait souligner davantage la dimension transcendantale de l’existence humaine. Mais il se défend d’être un « adversaire » du pape.

    12/03/2023

    La Croix : Quel regard portez-vous sur ce pontificat, dix ans après ses débuts ?

    Cardinal Gerhard Müller : Je suis un théologien et mes catégories sont théologiques et ecclésiologiques. Je considère donc que le plus important pour l’Église est d’annoncer l’Évangile de la volonté universelle de Dieu de délivrer tous les hommes du péché et de la mort. En ces temps de sécularisation, ce qui me semble primordial est d’annoncer l’importance fondamentale de Jésus-Christ comme médiateur entre Dieu et tous les hommes.

    La mission d’un pape, comme principe et base visible de l’unité de l’Église dans la foi en Christ, la Parole de Dieu faite chair, comme on peut le lire dans la constitution Lumen gentium de Vatican II, relève donc du plan théologique, plus que du plan sociologique ou social.

    Jésus n’est ni un prophète, ni le fondateur d’une religion. Il est le fils de Dieu. Cela veut dire qu’il nous faut annoncer toutes les vérités de la foi chrétienne : la Trinité, le salut pour tous les fidèles. C’est cela qui constitue la mesure pour évaluer chaque pontificat.

    Le pape François est un prédicateur qui emploie des paroles simples, et a cette capacité de s’adresser aux gens simples, et pas seulement aux théologiens et aux intellectuels. Mais il serait aussi très nécessaire de pouvoir répondre à notre monde moderne, un monde post-chrétien et antichrétien dans lequel nous vivons, particulièrement en Occident, en annonçant Jésus-Christ. L’écologie est un thème important, de même que le climat et les migrations. Mais ces thématiques ne doivent pas faire oublier que l’amour pour le prochain trouve ses fondements dans l’amour pour Dieu. Cette dimension transcendantale, divine, doit être soulignée, plus élaborée.

    Dans votre livre, vous reprochez au pape François de manquer d’un fondement théologique. Pourquoi ?

    Card. G. M. : Le rôle du pape n’est pas forcément de faire de la théologie au sens académique du terme. Mais la dimension théologique et le rappel de la transcendance de l’existence humaine doivent être présents dans le discours. Nous vivons dans un monde marqué par le naturalisme et le sécularisme, qui a oublié la transcendance. Nous avons été créés avec un corps, dans une situation particulière, dans une époque donnée, avec une dimension sociologique.

    Mais nous ne nous arrêtons pas à ces aspects. La mission du pape, mais aussi des évêques et des prêtres, est de transcender cette immanence. C’est en ce sens que le concile Vatican II parle de l’orientation universelle transcendante de l’homme. Cela consiste à humaniser l’homme par la grâce surnaturelle. C’est la mission de l’Église aujourd’hui. L’originalité chrétienne consiste précisément dans l’alliance entre la nature et la grâce, la raison et la foi.

    L’Église a pour mission de donner des réponses concrètes sur tout ce qui concerne les grands défis de notre monde contemporain, comme le transhumanisme ou l’effacement de la différence fondamentale et structurante entre l’homme et la femme. Aujourd’hui, nous sommes face à un nouveau totalitarisme idéologique.

    Pourtant, le pape dénonce régulièrement la culture du déchet et parle de ces questions. Cela n’est-il pas suffisant ?

    Card. G. M. : Le pape parle, par exemple, contre l’avortement, mais il n’existe aucune initiative d’ampleur en la matière. Il faudrait que le Vatican coordonne une défense de l’anthropologie chrétienne. De l’autre côté, ceux qui promeuvent le transhumanisme et la réduction de l’homme à sa seule dimension économique sont très organisés. En dehors de toute dimension philosophique et anthropologique de l’homme.

    Aujourd’hui, nous aurions besoin d’une nouvelle grande encyclique, pour développer une vision morale forte, non pas pour contredire les évolutions modernes, mais pour les intégrer. Nous ne sommes pas contre la médecine et la communication, mais notre rôle est d’humaniser ces moyens techniques. Les techniques sont faites pour l’homme, et non l’homme pour la technique.

    Que répondez-vous à ceux qui disent que vous êtes l’adversaire du pape ?

    Card. G. M. : Un évêque ne peut pas être l’adversaire du pape. C’est contre sa mission. Il n’existe aucun théologien ou cardinal qui soit plus favorable à la papauté que moi. J’ai écrit des livres sur la structure sacramentelle de l’Église à la suite de Vatican II. Mais, dans l’histoire, il faut reconnaître que certains papes ont aussi commis des fautes. Cela a par exemple été le cas au Moyen Âge. Certains papes ont aussi passé plus de temps à faire de la politique, par exemple en défendant les États pontificaux, qu’à s’occuper de l’Église du Christ. En son temps, le cardinal Roberto Bellarmino a critiqué les papes, non pas pour déstabiliser la papauté mais pour éclairer sa mission.

    Il est très important que tous les papes disposent de bons conseillers. En effet, un pape est seulement un homme, avec toutes les possibilités et les limites qui sont les siennes, en tant que personne. C’est pourquoi il revient au Collège des cardinaux de préparer les décisions et de conseiller les papes. Et pour cela, il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout et attendent une récompense en retour.

    C’est le cas aujourd’hui ?

    Card. G. M. : Tous ont été nommés par François selon son opinion personnelle, et non en fonction de leurs compétences théologiques et pastorales. C’est un peu la critique entendue de toutes parts.

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    (1) Cardinal Gerhard Müller, In buona fede. La religione nel XXI secolo (« De bonne foi. La religion au XXIe siècle »), avec Franca Giansoldati, Éd. Solferino, 2023

  • Dix ans d'un pontificat contrasté, entre autoritarisme et volonté d'ouverture

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Entre autoritarisme et volonté d’ouverture, dix ans d’un pontificat contrasté pour le pape François

    Après une décennie sur le siège de Pierre, François déconcerte nombre de catholiques par ses décisions. Alors que le pape rêve d’une Église plus «synodale», un vent de contestation venu d’Allemagne vient gâter cet anniversaire.

    Ce lundi, François passe le cap d’une décennie sur le siège de Pierre. C’est un jour férié au Vatican. À 8 heures, il célèbre une simple messe quotidienne, qu’il a voulue à l’abri des regards, dans la résidence Sainte-Marthe, en compagnie des cardinaux exceptionnellement invités. Discret liturgiquement, François s’est en revanche montré prolixe médiatiquement ces derniers jours. Il a accordé de multiples interviews à la presse: six en deux jours, du jamais vu. Il s’efforce de justifier son action car il sait l’Église catholique tourmentée, divisée sur son pontificat.

    À Rome, cet anniversaire révèle les flatteurs et déprime les aigris: «C’est le prophète vraiment adapté à notre temps», assure Mgr Vincenzo Paglia, un de ses prélats italiens de confiance. «Ce pontificat est une catastrophe», avait au contraire affirmé, sous anonymat, le cardinal australien George Pell. Des propos qui ont été authentifiés après sa mort, le 10 janvier dernier. Le cardinal brésilien Scherer, lui, reconnaît que l’actuelle situation est «antagoniste et polarisée» dans l’Église.

    Dix années… L’âge de la maturité pour un pontificat. Les contours de l’action du pape sont précis, les promesses cheminent, les fruits apparaissent, les échecs sont connus. Pourtant, le rayonnement et la postérité d’un pape sont tels qu’il est trop tôt pour établir un bilan. L’ampleur spirituelle échappe à la mesure des géomètres. Pour l’heure, seul un état des lieux est possible. En commençant par la genèse du pontificat: son élection, qui éclaire cette décennie.

    Les cardinaux les plus âgés, qui célèbrent la messe d’anniversaire autour du pape, ne manqueront pas de se souvenir du 13 mars 2013. Après cinq tours de scrutin, par 85 voix (20 pour le cardinal italien Scola, 8 pour le cardinal canadien Ouellet, 2 pour le cardinal italien Vallini), le cardinal Bergoglio, argentin, était élu 266e pape de l’histoire de l’Église catholique.

    La méthode est aussi importante que le but

    Mais au premier tour de scrutin, le soir du mardi 12 mars, l’archevêque de Milan, le cardinal Angelo Scola - favori, considéré comme le candidat de Benoît XVI - était arrivé en tête avec 30 voix, devant Bergoglio, 26 voix, Ouellet, 22 voix, O’Malley, archevêque de Boston, 10 voix, et Scherer, brésilien, 4 voix. Les données chiffrées de ce conclave sont extraites d’un livre de référence sur le sujet, rédigé par le journaliste anglais Gerard O’Connell, ami personnel du pape actuel, L’Élection du pape François, publié en 2019 en anglais, et un an plus tard en France (Artège). Des données fiables.

    On sait par d’autres sources jamais démenties que, en 2005, le cardinal Ratzinger avait été élu pape avec 84 voix et que son outsider, un certain Bergoglio, avait recueilli 26 voix. Il est capital de saisir que ces 26 cardinaux réformistes, déjà à la manœuvre en 2005 et représentant un quart des électeurs, ont maintenu le même bloc uni en 2013 pour soutenir leur candidat jésuite. Ils avaient alors bénéficié, pour renverser la vapeur, de la division et de la déroute des classiques et des conservateurs, encore sidérés par la renonciation inattendue de Benoît XVI.

    Le pontificat d’un pape d’une «Église pauvre pour les pauvres», comme il l’annonçait trois jours après son élection, en ayant choisi le nom de François en référence au «Poverello» d’Assise, pouvait alors s’annoncer comme foncièrement réformateur, même si la mise en œuvre allait s’avérer très prudente.

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  • Le Pape François, dix ans de tourmente et de perplexité

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le Pape François, dix ans de tourmente et de perplexité

    13-03-2023

    Les dix années de pontificat de François, entre tactiques marquées par le mouvement, primat de la praxis, pastoralisme, relativisme moral : des processus qui auraient dû produire quelques vérités nouvelles, ont en réalité scandalisé, embrouillé les esprits et les cœurs et désarticulé l'unité ecclésiale. Et la synodalité, le nouveau dogme, est la synthèse d'un processus dans lequel le moyen compte plus que la fin.

    La décennie de pontificat de François qui s'achève ces jours-ci a suscité un vif mécontentement. C'est comme si quelqu'un était intervenu pour bouleverser toutes les cartes sur la table, laissant tout le monde sans voix tant pour la méthode utilisée que pour les nouveaux contenus concernant des points très sensibles de la foi catholique. Méthode et nouveaux contenus se répondent, au point que la méthode devient contenu et vice-versa.

    Ce fut dix ans de tactique marquées par le mouvement : dire et ne pas dire, affirmer et se rétracter, avancer en disant que l'on recule, faire dire aux autres ce que l'on voudrait dire soi-même, ouvrir et fermer, accepter et condamner, dire et contredire. Au moment où l'on croit avoir compris, François est passé à autre chose. Une de ses interviews venait d'être lue et il en avait déjà donné une autre d'une teneur différente. Dans les entretiens avec Scalfari, on ne sait jamais très bien ce que l'un a dit et ce que l'autre a dit. Les citations de la Bible et du Magistère, souvent partielles et inexactes, les notes de bas de page utilisées pour provoquer de grands changements sans les faire apparaître, les phrases aux mille nuances, l'amour pour ceux qui sont loin et le bourrage d'oreille pour ceux qui sont proches, les commissariats interminables, les interventions politiques, la protection de personnages douteux, la promotion des doutes de la foi faite sans cultiver aucun doute... voilà quelques exemples d'une méthode qui a suscité la perplexité.

    Il est illusoire d'attribuer cette façon de faire au seul tempérament personnel de Bergoglio ou à son jésuitisme. Les changements destinés à rattraper deux cents ans de retard par rapport au monde ont certes nécessité des actes officiels de modification du contenu, comme Amoris laetitia ou la déclaration d'Abu Dahbi, mais aussi des changements dans la praxis et les modes de pensée qu'ils induisent. La relation circulaire entre praxis et théorie, pastorale et doctrine, n'est en effet pas un chapitre particulier de ce pontificat, mais sa ligne directrice. C'est pourquoi le trouble s'est également produit par le biais de la communication et d'un changement de perspective sur le contenu.

    C'est précisément parce qu'il comprend la doctrine dans le cadre de la pastorale que François a été intolérant avec les dogmatiques, les doctrinaires, les rigides, et ouvert avec les aventuriers, les innovateurs, les intolérants. Pour cette même raison, son pontificat a été anti-métaphysique. La 'Fides et ratio' Wojtyla-Ratzinger a été efficacement réduite au silence. Dès son élection, François a déclaré que Kasper était "un grand théologien" et Kasper, à la veille des deux synodes sur la famille, a dit aux cardinaux qu'il n'y a pas de divorcés remariés mais tel ou tel couple de divorcés remariés. C'était la déclaration que la réalité et la morale ne se prêtent pas à une connaissance universelle, comme le font les connaissances fondées sur la métaphysique, et que la norme est toujours à l'intérieur d'une situation, de sorte que chaque situation individuelle devait être rencontrée de l'intérieur et non plus jugée. C'est le pastoralisme qui s'est débarrassé de la doctrine, c'est le postulat de la philosophie nominaliste : l'expérience est faite de situations absolument singulières qui ne peuvent donc pas être jugées. Mais le nominalisme, c'est la philosophie de la Réforme protestante. Après Amoris laetitia, en effet, c'est la conscience du sujet qui est au centre de la vie morale.

    Cela fait également taire 'Veritatis splendor'. Au cours de cette décennie, des changements substantiels ont eu lieu dans la théologie morale catholique, tous dans le sens du remplacement du jugement, qui part de la norme et de la réalité, par le discernement, qui part de la situation et de la conscience. Les commandements du Christ se transforment en idéaux, le péché par exclusion de la grâce devient une étape inadéquate de la vie, la nouvelle loi n'exige pas le respect de la loi naturelle, mais la réinterprète, l'Église doit écouter, intégrer, accompagner sur les chemins de l'existence, et rien d'autre. Dans cette praxis sans contenu, ce serait de la proclamation, la référence au contenu serait plutôt du prosélytisme ou de l'idéologie. Cette nouvelle vision de la théologie morale finit par négliger le naturalisme chrétien, déclarant même dépassée la Doctrine sociale de l'Église dans sa version traditionnelle.

    Le pastoralisme a provoqué divers processus qui n'étaient guère guidés par la doctrine, mais qui étaient souvent de nature expérimentale, pensant qu'en ayant une base populaire, ils pourraient intercepter et vivre les suggestions de l'Esprit dans leur cheminement existentiel. Même ces processus, comme le Synode allemand, pour rappeler le plus perturbateur, qui a commencé et s'est ensuite inévitablement compliqué, ont été très déconcertants. Ils n'ont pas été gouvernés à la lumière de la doctrine traditionnelle et au nom de la primauté de Pierre. Ils ont été provoqués et vécus comme des processus qui, à partir d'une confrontation dialectique, auraient dû produire de nouvelles vérités, au moins sur le plan pastoral. Mais au lieu de cela, ils ont scandalisé, confondu les esprits et les cœurs et désarticulé l'unité ecclésiale. Les répercussions négatives sur la conception même du rôle de la papauté sont inquiétantes.

    Tous ces éléments ont convergé dans la perspective de la synodalité, qui est peut-être le trait le plus expressif de la décennie qui vient de s'achever. D'une part, elle est proposée comme un nouveau dogme et une panacée, d'autre part, elle est comprise comme une nouvelle aventure dans laquelle l'essentiel est de savoir comment nous vivons ensemble plutôt que pourquoi et dans quel but. Nous revenons ainsi à la confusion entre théorie et praxis, à l'immanence de la doctrine dans la pastorale, à la coïncidence de la méthode et du contenu.

    Il ne fait aucun doute que l'Église se rétablira. Mais les bouleversements ont eu lieu et laissent derrière eux une grande perplexité.

  • Le pape François jette encore un peu plus de confusion sur la réception de la Sainte Communion dans une nouvelle interview

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    De Michael Haynes sur LifeSiteNews :

    Le pape François jette un peu plus de confusion sur la réception de la Sainte Communion dans une nouvelle interview

    Dans une nouvelle interview, le pape François a mis en doute l'enseignement catholique interdisant aux homosexuels pratiquants et aux personnes divorcées et remariées de recevoir la Sainte Communion.

    10 mars 2023

    Dans une interview accordée au média argentin infobae, le Pape François a émis de nouveaux commentaires déroutants sur l'homosexualité et les personnes divorcées et " remariées ", semblant déclarer que ces personnes peuvent recevoir la Sainte Communion sans clarification.

    Cette nouvelle interview a été publiée à l'occasion du dixième anniversaire de l'accession du souverain pontife au trône, et constitue l'une des nombreuses initiatives de ce type qui ont lieu actuellement pour marquer l'événement. 

    Homosexualité : Dieu veut "tout le monde à l'intérieur

    Compte tenu des commentaires réguliers du pape sur l'homosexualité, qui ont semé la confusion pendant un certain temps, infobae a interrogé le souverain pontife sur la réception de la Sainte Communion pour les homosexuels. "En laissant de côté le choix ou la préférence sexuelle, une personne qui s'est conformée au reste des prescriptions de l'Église pourrait-elle recevoir la communion ?

    François a rappelé ses prises de position les plus notables sur la question, depuis son fameux commentaire de 2013 "qui suis-je pour juger" jusqu'à ses récentes remarques dans une interview de janvier condamnant les lois anti-sodomie. Il a réitéré son opposition à ces lois, qualifiant les lois criminalisant l'homosexualité de "problème grave".

    S'arrêtant ensuite, avant de se recentrer apparemment sur la question de l'admission des personnes pratiquant l'homosexualité à la Sainte Communion, François a déclaré : "La grande réponse a été donnée par Jésus : tout le monde. Tout le monde. Tout le monde à l'intérieur". 

    "Quand les invités ne voulaient pas aller au banquet, il fallait aller au carrefour et appeler tout le monde", a-t-il dit, en s'inspirant de manière sélective du passage de l'Évangile. "Les bons, les mauvais, les vieux, les jeunes, les jeunes hommes, les jeunes garçons : tout le monde. Tout le monde. Et chacun résout ses positions devant le Seigneur avec la force qu'il a".

    François a réitéré ses commentaires de 2013 "qui suis-je pour juger", en développant sa suggestion apparente que la Sainte Communion devait être disponible pour tout le monde :

    C'est une Eglise de pécheurs. Je ne sais pas où se trouve l'église des saints, ici nous sommes tous pécheurs. Et qui suis-je pour juger une personne si elle a de la bonne volonté ? S'il appartient à la bande du diable, eh bien, défendons-le un peu.

    Il a dénoncé l'attention portée actuellement aux questions d'homosexualité, affirmant qu'au contraire, le Christ appelle "tout le monde". François a également décrit une situation dans laquelle l'individu ne semble pas disposer de son libre arbitre, affirmant que "parfois nous voulons [résoudre une relation avec Dieu] et parfois nous ne le pouvons pas".

    Je pense qu'il faut aller à l'essence même de l'Évangile : Jésus appelle tout le monde et chacun résout sa relation avec Dieu comme il le peut ou comme il le veut. Parfois nous le voulons, parfois nous ne le pouvons pas, mais le Seigneur attend toujours.

    En termes clairs, cependant, l'Église catholique enseigne que les actes homosexuels sont des "actes de grave dépravation", qualifiant ces actes d'"intrinsèquement désordonnés" et de "contraires à la loi naturelle" puisqu'ils "ferment l'acte sexuel au don de la vie". En outre, le droit canonique stipule qu'en aucun cas ceux qui persistent dans un péché grave et manifeste ne peuvent recevoir la Sainte Eucharistie.

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  • L'assemblée synodale allemande demande au pape de revoir sa position sur le célibat sacerdotal

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    De katholisch.de :

    9 mars 2023

    L'Assemblée synodale demande au Pape de revoir le célibat

    La Voie synodale de l'Église catholique en Allemagne s'est prononcée en faveur d'une révision de la réglementation du célibat à une très large majorité. Le texte adopté jeudi soir à Francfort formule une demande au pape François de "réexaminer le lien entre la consécration et l'obligation au célibat". Une formulation plus ambitieuse, demandant directement au pape de lever le célibat obligatoire, a été rejetée à la majorité des deux tiers.

    L'Assemblée synodale a également décidé de demander au Pape d'examiner si des prêtres déjà ordonnés pouvaient avoir la possibilité d'être relevés de la promesse du célibat sans avoir à renoncer à l'exercice du ministère. En outre, le texte appelle les anciens prêtres à être plus étroitement impliqués dans la vie active de l'Église.

    Le texte "Le célibat des prêtres - renforcement et ouverture" a été accepté avec une majorité de près de 95% des 205 suffrages exprimés. Sur les 60 évêques qui ont assisté à l'assemblée synodale, 44 ont voté pour, 5 contre et 11 se sont abstenus. (KNA)

    Le Chemin synodal adhère au sacerdoce catholique

    Le chemin synodal adhère aux prêtres ordonnés au sens de la tradition catholique. La cinquième assemblée plénière de la voie synodale a adopté jeudi à Francfort un texte théologique fondamental qui stipule : "Pour que ce message (de la sainteté de Dieu) soit proclamé, l'Église a besoin de prêtres". Le travail des prêtres est de transmettre le mystère divin. Le service sacramentel du ministère ordonné appartient « à 'l'essence' du catholique ». Le premier texte adopté lors de cette session plénière a recueilli une majorité de plus de 88 % du total des 201 suffrages exprimés. Parmi les évêques, 77 % ont voté pour ; 93 % des femmes et divers participants ont voté oui.

    Le journal prévient que le "sens profond du sacerdoce sacramentel" ne peut être acquis que si les "éléments de succession qui ont façonné cette profession jusqu'à présent" sont abandonnés. Le texte théologiquement exigeant aborde en détail la question de savoir ce qui distingue le sacerdoce ordonné dans l'Église catholique du sacerdoce général des fidèles. Le texte dit : « En dehors de ses actions sacramentelles, l'existence sacerdotale ne diffère pas de celle de tous les croyants. Et plus loin : "Ce service au peuple de Dieu ne justifie aucune dignité ou sainteté supérieure (...) Dans l'Église, les fonctions ne justifient pas la supériorité de l'une sur l'autre".

    Le texte dénonce ainsi le soi-disant cléricalisme, considéré comme l'une des causes des abus sexuels dans l'Église. Sur la question du célibat obligatoire et de l'admission éventuelle des femmes à la prêtrise, le texte préconise des examens complémentaires. Entre autres choses, il dit : "Il y a un danger que le mode de vie célibataire conduise à une marginalisation si la nature symbolique d'une grande partie du peuple de Dieu n'est plus soutenue." Le débat sur le texte de base intitulé "L'existence sacerdotale aujourd'hui" a suscité beaucoup de controverses lors des assemblées synodales antérieures car il soulevait la question fondamentale du sens du sacerdoce dans l'Église catholique. (KNA)

  • L'enseignement moral de l'Église 30 ans après Veritatis splendor

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    D'Yves Thibaut sur 1RCF Belgique :

    L'enseignement moral de l'Église 30 ans après Veritatis splendor

    07/03/2023

    VERITATIS SPLENDOR : 30 ANS APRÈS, L'ENSEIGNEMENT MORAL DE L'EGLISE (

    L'Église catholique peut-elle encore être légitime dans la dispense d'un enseignement moral aujourd'hui ? Le père Christophe Cossement, professeur de théologie morale, et le diacre Éric Vermeer, éthicien et accompagnateur spirituel, démontrent plus que jamais la pertinence de l'enseignement magistériel dans notre société, 30 ans après la parution de l'encyclique Veritatis splendor de Saint Jean-Paul II. 

    ©Catéchisme de l'Eglise Catholique

    L'enseignement moral de l'Église catholique a-t-il encore une légitimité dans un contexte de remise en cause et en particulier aujourd'hui dans les domaines de la bioéthique - avec les questions liées à la pratique de l'euthanasie, par exemple - ou bien de la morale sexuelle et familiale ? 

    Un combat pour l'enseignement de la Vérité

    En 1993, le pape Saint Jean-Paul II promulguait l'encyclique Veritatis splendor (splendeur de la vérité), un document conséquent qui allait précéder la parution du Catéchisme de l'Église catholique : le condensé de l'enseignement de la foi et de la morale chrétienne. Son objectif le pape le précisait dès le départ sans ambages, il s'agissait de : "relire l'ensemble de l'enseignement moral de l'Église dans le but précis de rappeler quelques vérités fondamentales de la doctrine catholique qui risquent d'être déformées ou rejetées" dans un contexte de "mise en discussion globale et systématique du patrimoine moral" dans la société et au sein même de l'Église. 

    "J'aurais l'impression de tromper les gens si je ne dispensais pas l'enseignement moral de l'Église ; c'est comme si je leur proposais quelque chose au rabais". 

    C'est l'expérience que fait le père Christophe Cossement, prêtre et curé de paroisse dans le diocèse de Tournai. Certes, dans le monde actuel, il devient rude de prêcher fidèlement l'enseignement magistériel. Mais il en va de la cohérence  pour éviter à tout prix de tomber dans la "démagogie spirituelle". Une problématique que percevait déjà le saint pape polonais il y a maintenant 30 ans. 

    "Il y a une soif des âmes de retrouver une cohérence et une exigence évangélique", reconnait Éric Vermeer, marié et père de famille. Diacre permanent pour le diocèse de Namur, il est aussi accompagnateur spirituel. Il perçoit "un danger de conception subjectiviste de la conscience morale". Le pape polonais a fait de cette encyclique un combat pour la Vérité, à l'heure où certains courants, soutenus par des théologiens, prenaient l'habitude de remettre en cause systématiquement le Magistère. 

    Il n'y a pas d'amour sans vérité ; il n'y a pas de vérité sans amour.

    À la suite de son prédécesseur, Benoît XVI rappelait cette affirmation dans l'encyclique Caritas in veritate en juin 2009

    Un appel urgent à former les consciences

    L'encyclique Veritatis splendor reprend l'évangile du jeune homme riche venant demander à Jésus ce qu'il devait faire pour avoir la vie éternelle (Mc 10). Ces versets sont une base pour toute personne de bonne volonté qui recherche à mener une vie chrétienne vertueuse. Mais Jésus enseignait aussi qu'il n'y a pas que l'exigence de l'accomplissement des commandements pour obtenir la Vie. "Il y a d'une part le rapport entre le bien et le mal, et la vie éternelle ; mais aussi l'observation des commandements avec le soutien de l'Esprit Saint", rappelle à juste titre Éric Vermeer.  

    Le chemin auquel Jésus nous invite est celui d'une ressemblance dynamique avec Dieu.

    Aujourd'hui plus que jamais, il nous faut oser "faire la différence entre la conscience chrétienne et la conscience de sincérité", nous exhorte le diacre éthicien. Car, comme le rappelle le Concile Vatican II : "la conscience est cette présence d'une loi que l'homme ne s'est pas donnée à lui-même" ; autrement dit, elle est cette loi naturelle reçue du Créateur. L'analyse des "sources de la moralité" - l'intention, les conséquences et les circonstances - ne constituent pas nécessairement un acte dont la finalité est bonne et ajustée aux préceptes évangéliques. 

    Pour les deux intervenants, l'Église catholique doit pouvoir continuer à enseigner ces exigences dans une dynamique de croissance spirituelle et de conversion pour devenir ainsi une Église en mission! 

  • Prétendre prouver scientifiquement l’existence de Dieu : une erreur scientifique et religieuse ?

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    Une tribune d'Olivier Bonassies et Michel-Yves Bolloré parue sur le site du journal La Croix :

    « Dieu n’a pas besoin de preuves mais l’homme, lui, en a besoin »

    • Olivier Bonnassies co-auteur du livre "Dieu, la science, les preuves - l’aube d’une révolution"
    • Michel-Yves Bolloré co-auteur du livre Dieu, la science, les preuves - l’aube d’une révolution

    Les auteurs du livre Dieu. La science, les preuves répondent aux critiques de leur démarche, diffusées notamment par La Croix, qui estiment que prétendre prouver scientifiquement l’existence de Dieu est une erreur tant scientifique que religieuse.

    09/03/2023

    C’est avec surprise que nous avons lu dans le journal La Croix plusieurs articles signés par divers théologiens et scientifiques catholiques soutenant qu’il n’existerait pas de preuves de l’existence de Dieu et critiquant au passage notre livre Dieu. La science, les preuves (Guy Trédaniel éditeur) dont c’est l’objet principal.

    Ils sont, selon nous, en contradiction avec l’enseignement dogmatique de l’Église qui affirme qu’il existe des « preuves » au sens « d’arguments convergents et convaincants qui permettent d’atteindre à de vraies certitudes » (Catéchisme de l’Église catholique n. 31 et n. 156) et que « l’existence de Dieu peut être connue avec certitude par la lumière naturelle de la raison » (Vatican I et II), c’est-à-dire par la rationalité sans la foi.

    Confusion entre connaissance et foi en Dieu

    Selon certains d’entre eux, saint Thomas d’Aquin, dans la Somme théologique, n’aurait parlé que de « voies » (via). Mais c’est faux. Il entend bien au contraire « démontrer » (demonstrari) l’existence de Dieu qui, selon lui, est un préambule rationnel de la foi (ST Ia, 2, 2). S’il utilise effectivement le mot « via », c’est dans une phrase très claire où il s’agit de « prouver » (probari) de cinq « manières » l’existence de Dieu. La Somme contre les Gentils – dont le chapitre XIII a pour titre (explicite !) « les preuves de l’existence de Dieu » – contient 670 mots appartenant à ce champ lexical : 72 fois « preuves », 364 fois « prouver », 85 fois « démonstration » et 149 fois « démontrer ». Certes, « Dieu n’a pas besoin de preuves » mais l’homme, lui, en a besoin. Penser le contraire, c’est faire l’éloge de la crédulité.

    À ces erreurs vient s’ajouter une confusion entre la connaissance de l’existence de Dieu et la foi en Dieu, qui sont deux notions différentes. Notre livre ne parle pas de foi, qui est un acte d’adhésion et de confiance impliquant la volonté libre, comme le rappelle le Catéchisme, qui reprend saint Thomas d’Aquin : « Croire est un acte de l’intelligence adhérant à la vérité divine sous le commandement de la volonté mue par Dieu au moyen de la grâce » (CEC 155). Ainsi, explique saint Jacques dans son épître, le diable sait que Dieu existe, mais il n’a pas foi en lui (Jc 2, 19). Avoir foi en Dieu consiste donc en bien autre chose que de savoir qu’il existe. Pour autant, la foi comme la connaissance de Dieu ont toutes deux un soubassement rationnel. Rejeter cela, c’est tomber dans le fidéisme.

    Le soutien du cardinal Sarah et de Mgr Léonard

    Nous avons lu également dans certains articles que les théologiens et scientifiques seraient en désaccord avec notre livre, alors que c’est exactement l’inverse, du moins pour ceux de premier plan. Nous avons en effet reçu le soutien écrit et explicite de scientifiques et de théologiens des plus grandes universités et centres de recherche du monde.

    Notre livre a été préfacé par Robert Wilson, Prix Nobel de physique qui a découvert l’écho du big bang, l’édition collector de notre livre récemment publiée s’ouvre sur 15 témoignages enthousiastes de grands scientifiques, philosophes et théologiens de premier plan, dont le cardinal Robert Sarah qui parle d’un livre qui « suscite l’émerveillement », de Mgr André Léonard qui salue « un travail colossal » et de l’académicien, le père Jean-Robert Armogathe, qui le qualifie d’« ouvrage de référence ». À ces nombreux soutiens s’ajoute celui de personnalités internationales issues des mondes juif, musulman, protestant, orthodoxe et franc-maçon.

    Notre Univers a eu un début absolu

    Si l’on en revient maintenant au fond de la question, les preuves classiques de l’existence de Dieu provenant de la philosophie et de la Révélation restent aujourd’hui parfaitement valables, mais elles sont désormais complétées par les découvertes scientifiques des 100 dernières années, qui concourent à démontrer que notre Univers a eu un début absolu et qu’il est le fruit d’un réglage extrêmement fin.

    Or, s’il y a un début au temps, à l’espace et à la matière qui sont liés, comme Einstein l’a montré, c’est que la cause de cette émergence est non temporelle, non spatiale et non matérielle, qu’elle a eu la puissance de tout créer et de tout régler également pour que les atomes puissent exister, que les étoiles puissent brûler 10 milliards d’années et que la vie complexe puisse se développer ; autant de choses qui, on le sait aujourd’hui, étaient extrêmement improbables.

    Une thèse quasi insoutenable

    Rappelons que la célèbre formule de Parménide, « rien ne peut sortir de rien » (« ex nihilo nihil »), est unanimement admise. Or, l’Univers existe. Dès lors, il n’y a que deux possibilités : soit l’Univers est éternel, soit, s’il ne l’est pas, c’est qu’il est sorti des mains d’un dieu créateur. Notre époque a ceci d’extraordinaire qu’elle est en mesure d’apporter de très nombreux arguments (des « preuves » au sens strict du terme, à ne pas confondre avec les démonstrations absolues existant seulement dans le domaine des univers théoriques) montrant qu’aujourd’hui la thèse d’un Univers éternel est quasiment insoutenable. Ces preuves proviennent autant de la thermodynamique que de la Relativité et de bien d’autres domaines.

    Comme le disait le pape Pie XII dans son célèbre discours à l’Académie pontificale des sciences, le 22 novembre 1951 : « La science, la philosophie et la Révélation collaborent harmonieusement à la connaissance de Dieu, unique créateur. Toutes trois sont instruments de vérité et rayons d’un même soleil. » Même si peu en ont pris conscience, nous sommes aujourd’hui, avec le grand retournement de la science, dans une situation totalement nouvelle, dans laquelle tout converge vers une seule et même conclusion : Dieu existe. Il n’est donc pas inutile d’en débattre et de le faire savoir.

  • Woelki et Cordes : des cardinaux contre la dérive allemande

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    De Nico Spuntoni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Woelki et Cordes : les cardinaux contre la dérive allemande

    07-03-2023

    L'archevêque de Cologne Woelki et ses frères "tirent l'oreille" à la Voie synodale qui pousse l'agenda ultra-progressiste en Allemagne. Même le cardinal Cordes, dans un article à paraître, rejette l'assemblée qui s'achève face à l'opposition de Rome. 

    De l'Assemblée plénière de printemps de la Conférence épiscopale allemande qui s'est tenue à Dresde la semaine dernière, on retiendra surtout le sermon de l'archevêque de Cologne, le cardinal Rainer Maria Woelki, qui a invité ses confrères évêques à revenir à l'essentiel et à recommencer à prêcher " la nécessité de se convertir à Dieu et à sa volonté ". Dans le texte prononcé par le cardinal, il était difficile de ne pas lire une critique de la ligne majoritaire de l'épiscopat allemand qui s'est exprimée dans la voie synodale qui s'achève. Les réformes préconisées par l'assemblée ont en effet été présentées dès le départ comme une réponse nécessaire à la crise des abus dans l'Église.

    Cependant, ce point de départ n'a pas empêché les travaux du Chemin d'aborder des questions et de parvenir à des conclusions qui n'ont pas grand-chose à voir avec le véritable problème des abus commis par des clercs. Contre ces positions se sont élevées ces dernières années les voix de ceux qui ont accusé le chemin synodal d'utiliser la lutte contre les abus pour redessiner la doctrine et l'Église en général en suivant l'agenda ultra-progressiste. 

    Le cardinal Woelki a tiré les oreilles de ses confrères, les exhortant à essayer de "prendre conscience de nos péchés, non par haine de soi, mais par amour de Dieu". Le sermon du cardinal a renvoyé l'Église allemande à sa responsabilité pour avoir négligé la tâche de "répondre de plus en plus à la volonté et aux intentions de Dieu".

    Malgré les assurances du président de la Conférence épiscopale, Monseigneur Georg Bätzing, la voie synodale allemande restera surtout dans les mémoires comme une tentative de désengagement à l'égard de Rome en vue de lancer une sorte d'Église nationale, liquidée par François avec une boutade plutôt efficace : "En Allemagne, il y a une très bonne Église évangélique. Nous n'avons pas besoin de deux". Le fait que les travaux sur le tracé aient dépassé les voies autorisées par Rome est démontré par le fait qu'il y a quelques mois, le préfet du dicastère des évêques de l'époque, le cardinal Marc Ouellet, avait demandé en vain que les travaux soient suspendus.

    Parmi les points de friction avec le Saint-Siège figure la proposition approuvée sur la création d'un conseil synodal permanent pour l'Église en Allemagne, composé d'évêques et de laïcs. Dans une lettre datée du 16 janvier, les cardinaux Parolin, Ouellet et Ladaria ont confirmé à cinq évêques allemands qu'ils n'étaient pas obligés de participer au groupe de travail chargé de préparer la création de cet organe. Les trois chefs de dicastère, avec l'approbation de François, avaient expliqué dans cette missive que "ni la Voie synodale, ni un organe établi par elle, ni une conférence épiscopale n'ont la compétence d'établir le Conseil synodal au niveau national, diocésain ou paroissial". 

    Or, un cardinal allemand résidant au Vatican depuis des décennies, le président émérite de Cor Unum Paul Josef Cordes, s'est ouvertement prononcé contre la réalisation de cet organe voté lors des sessions du Chemin. Le cardinal, très proche de Joseph Ratzinger, a justifié son opposition dans un article qui sera publié en avril dans la revue - déjà chère à Benoît XVI - 'Klerusblatt' et que La Nuova Bussola Quotidiana a pu consulter à l'avance.

    Le cardinal Cordes y dénonce la façon dont "l'identité mutilée de l'évêque (...) apparaît également dans le parcours synodal allemand", à partir duquel il apparaît "privé de moyens de grâce spécifiques" et perd "sa responsabilité et son autorité particulières dans le diocèse". Le cardinal a critiqué la proposition du Conseil synodal, estimant que "plus regrettable encore que la réduction du ministère spirituel à des catégories politico-empiriques" est "l'auto-sécularisation ecclésiastique à travers le nouveau modèle proposé", où "on omet la référence formelle à Dieu pour l'établissement et la conduite de la communauté de foi", alors que "dans la liturgie de l'ordination épiscopale, (...) l'Église demande à Dieu de lui donner la vie et de la guider", tandis que "dans la liturgie de l'ordination épiscopale, (...) l'Église demande à Dieu de lui donner la vie et de la guider. ...] l'Église demande au candidat "la force qui vient de toi, ô Père, ton Esprit qui gouverne et guide" par l'imposition des mains et la prière".

    L'article de l'ancien collaborateur de Benoît XVI rappelle que "selon la foi de l'Eglise, cependant, une telle demande est plus qu'un vœu pieux" car "un sacrement y est célébré", concluant ainsi que "le leadership de l'Eglise a formellement besoin de l'aide de Dieu". Un rejet sans réserve de l'idée d'un conseil synodal permanent où l'avis des évêques pourrait même être renversé en cas de vote contre à la majorité des 2/3.

  • Vouloir une Église sans prêtres est-ce encore appartenir à celle de Pierre ?

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    Une opinion signée par un ensemble de catholiques (voir ci-dessous) publiée sur le site de La Libre :

    4 mars 2023

    Non, nous ne voulons pas une Église sans prêtres

    Nous tenons à réagir et à nous opposer au contenu d'une brochure publiée par neuf liégeois qui plaident pour l'abolition du clergé. Le vieillissement du clergé était prévisible. Les chrétiens se préparent à y remédier. Afin de soulager les clercs toujours moins nombreux, ils prennent prioritairement en charge les services juridiques, administratifs, financiers et surtout sociaux.

    Concernant ces derniers, il faut souligner d’emblée (en plagiant à peine la réplique de Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand) que “les chrétiens n’ont pas le monopole du cœur” !

    Autrement dit, la générosité et le partage ne suffisent pas à distinguer le disciple du Christ. L’axe horizontal de la croix symbolise certes l’amour du prochain, mais il est supporté par la poutre verticale qui, plantée dans la réalité du sol, s’élève vers Dieu. Ce qui différencie vraiment le disciple de Jésus du philanthrope, c’est la conviction que l’amour humain (fait de compassion et d’entraide mais aussi de don et de pardon) n’est pas d’origine humaine mais qu’il vient du Père, celui que Jésus a fait connaître au monde (Jn 4, 7).

    C’est donc fort opportunément qu’un média pose régulièrement la question : “Et Dieu dans tout cela ? ”. Une manière de répondre aujourd’hui serait de la formuler autrement : “Et le prêtre dans tout cela ? ”.

    De plus en plus souvent, des chrétiens dits “engagés” (soit autant d’apôtres dévoués au prochain que de théologiens pointus) n’hésitent pas à contester, non tant la place du prêtre dans la société, que son véritable rôle au sein de nos communautés. Ambitionnant de rendre l’Église au Peuple de Dieu (selon le titre d'une brochure de 60 pages publiée par neuf catholiques liégeois NdlR1), ils en viennent à contester la plupart des sacrements et, plus spécifiquement, celui de l’ordre qui confère le pouvoir de les administrer. À leurs yeux, lesdits sacrements ne sont que des rencontres privilégiées avec le Seigneur et des signes de fraternité ; selon eux, ils subsisteraient dans l’avenir mais pourraient être conférés par des laïcs (hommes et femmes) spécialement formés, lesquels exerceraient leurs fonctions pendant un mandat temporaire.

    Envisageant de la sorte des communautés “sans prêtres”, ces audacieux promeuvent “un modèle de célébration (eucharistique) indépendant du sacrement de l’ordre”, une messe qui, selon eux, devrait d’ailleurs occuper une place moins importante qu’aujourd’hui dans la pratique religieuse. Comme pour nos frères protestants, seul le baptême est, à leurs yeux, fondamental et, de ce fait, peu sujet à discussion. Considéré civilement comme une institution juridique obsolète, le mariage religieux semble leur apparaître, quant à lui, de moindre intérêt ; fondateur de la famille, il est pourtant le gage de la qualité, de la pérennité et de la fécondité de l’union conjugale.

    Paraissant confondre l’aveu de la faute et le repentir, comme la demande de pardon et son obtention, les mêmes théologiens préconisent de remplacer la confession faite au prêtre par un entretien avec un simple confident. Ils perdent ainsi de vue que le pardon ne peut être accordé que par l’offensé et non par un tiers (à moins qu’il ne soit préalablement investi d’un tel pouvoir). Dans notre monde égoïste, beaucoup en sont d’ailleurs venus à reconnaître leurs torts, bien plus pour retrouver “la paix intérieure” que pour faire “la paix avec autrui” ; c’est dire qu’il importe de garder au sacrement toute sa signification, soit sa valeur de signe visible d’une miséricorde divine invisible !

    Minimisant de la sorte la grâce sacramentelle et craignant que le cléricalisme conduise l’Église à la dérive, ces penseurs suggèrent une solution radicale : supprimer le clergé et confier la responsabilité de la communauté aux chrétiens eux-mêmes. Ils donnent en exemple les premières communautés chrétiennes et rappellent que Jésus n’a expressément ni nommé ni expliqué chacun des sept sacrements aujourd’hui reconnus. Il reste que les apôtres et leurs successeurs en ont affiné la perception et que ce serait certainement une erreur – ici comme en d’autres matières – de faire fi des acquis de vingt siècles d’études, de réflexions et d’expériences. Nos prêtres d’aujourd’hui sont les auxiliaires des évêques, lesquels assurent la succession apostolique. Voici ce qui en fait davantage les gardiens des sacrements que les “pasteurs” du “petit troupeau”. S’ils sont en nombre insuffisant pour absoudre, les visiteurs de prison, d’hôpital et de maison de repos, doivent rappeler autour d’eux qu’à côté de la “communion de désir”, la possibilité existe d’être pardonné lorsque le pécheur exprime un repentir sincère ainsi que l’intention de se confesser dès que possible à un prêtre.

    Ce rapide survol de la contestation met en évidence qu’elle conduit, non à une adaptation de l’eucharistie et de la réconciliation, mais à une sorte de révolution touchant les sacrements essentiels et le rôle du prêtre catholique.

    Vouloir une Église sans prêtre est-ce encore appartenir à celle de Pierre ?

    “Il est plus d’une demeure dans la maison du Père”. C’est parole d’évangile (Jn 14, 2) et c’est une réalité ! Ce qui fait la richesse des familles, des groupes et associations de toute nature, c’est la complémentarité de leurs différences, leur cohésion fondamentale autour d’un même objectif. Comme toujours, la contradiction loyale favorise la compréhension et le progrès. Du respect à la confiance, puis de celle-ci à l’amour, tous tendent – au sein du groupe – à pacifier, parce que seule la paix conduit à l’unité. Comme sa dénomination l’indique, l’Église catholique est universelle, autrement dit “ouverte à tous” ; quels qu’ils soient, Dieu les y invite.

    La révolution annoncée quant au rôle du prêtre se veut à ce point progressiste qu’elle en heurte plus d’un et risque de ne pas convaincre. Dans le prolongement de ce qui vient d’être rappelé du pluralisme des opinions, une réflexion paraît alors s’imposer. Une Église qui confisquerait aux prêtres leur mission apostolique serait-elle toujours cette “maison du Père” ? Pour formuler autrement la question : vouloir une Église sans prêtre – et, partant, sans sacrements – est-ce encore appartenir à celle de Pierre ? L’œcuménisme est un superbe mouvement, mais il ne pourrait écarter les catholiques de leur “Credo”. Il s’impose que les responsables de la catéchèse et de la pastorale soient conscients du danger que présente un tel projet, surtout lorsqu’il s’agit d’évangéliser, comme nous avons tous reçu mission de le faire (Mat. 28, 18-19).

    Si Jésus n’est pas Dieu et si son incarnation cesse de se prolonger de nos jours – grâce aux prêtres – dans l’eucharistie, le christianisme n’est plus une religion. En ce cas, il ne “relie” plus l’être humain à la divinité et le disciple de Jésus est pareil à celui de tout autre leader ou gourou ; ce chrétien veut vivre et s’accomplir le mieux possible, mais il ne le fait pas consciemment “à l’image et à la ressemblance” de celui dont il provient et auquel il retourne.

    À supposer qu’il soit possible “sans prêtre” de se comporter en enfant de Dieu et frère (ou sœur) des humains, n’est-il pas à craindre surtout que la soif de pouvoirs des laïcs s’avère plus grande demain que ne l’est aujourd’hui celle des clercs ?

    Signataires :

    Réginald de Changy; Frédéric Close; Jean de Codt; Jacques Galloy; Bernadette Glidden-Huybrechts; Evelyne Guillemare; Philippe Jeanfils; Etienne Jehoulet; Pierre de Macar; Renier Nijskens; Philippe Olivier; Yves d’Oultremont; Philippe Prévinaire; Pierre Reginster; Charles Roberti; Alick Sytor; Louis Thonon; Anne-Victoire d’Ursel; Dominique Verpoorten

    (1) Romain Blondiaux, Roger Franssen, Gaby Hansenne, Jean-Philippe Kaefer, Xavier Lambrecht, Sébastien Louis, Bérengère Noel, Rosalie Speciale et Caroline Werbrouck, Rendons l’Église au peuple de Dieu ! – Pour en finir avec le cléricalisme, Liège 2023, justice.633@hotmail.compp. 60.

  • Des médecins déficients à l'hôpital de campagne catholique

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    De George Weigel sur First Things :

    DES MÉDECINS DEFICIENTS À L'HÔPITAL DE CAMPAGNE CATHOLIQUE

    2 mars 2023

    L'image du Pape François de l'Eglise vue comme un "hôpital de campagne", soignant les blessés sur les champs de bataille sociaux et culturels d'aujourd'hui, résonne chez les catholiques du monde entier. L'image évoque une Église qui vit le commandement du Seigneur dans Matthieu 25 de servir le plus petit de ses frères, et les exemples de cela abondent.  

    L'Église soigne les blessures de ceux qui ont été abandonnés sur les Verdun et les Iwo Jima de la révolution sexuelle. C'est ce que font les catholiques lorsqu'ils fournissent du personnel et soutiennent financièrement les centres de crise pour les femmes enceintes, dont les principaux clients sont des femmes en souffrance abandonnées par des hommes irresponsables. Le Projet Rachel, un programme paroissial au service des femmes et des hommes souffrant de traumatismes post-avortement, est un merveilleux exemple de l'Église comme hôpital de campagne.

    L'Église soigne les blessures de ceux qui luttent pour s'en sortir dans une économie en mutation rapide, en offrant à la fois une aide matérielle et une formation aux compétences qui permettront aux laissés-pour-compte d'entrer dans les réseaux de production et d'échange où la richesse est créée et distribuée.

    L'Église soigne les blessures de ceux qui sont dépendants des poisons du jour - opioïdes et autres drogues, alcool bon marché et sexe en ligne bon marché - et les aide à découvrir le chemin de la véritable liberté.

    Et bien sûr, l'Église soigne les blessures les plus profondes de nos frères et sœurs en leur offrant la médecine curative de l'Évangile et l'amitié avec le Seigneur Jésus-Christ, le Médecin Divin.

    Des mises en garde ont été émises à propos de l'image de l'hôpital de campagne car, mal utilisée, elle peut suggérer que l'Église se contente de panser les plaies au lieu d'offrir un remède à ce qui a causé ces plaies en premier lieu. Ces mises en garde n'étaient pas déplacées. Aujourd'hui, cependant, un danger encore plus grave est apparu. Grâce à l'utilisation - que certains qualifieraient de "détournement" - du "processus synodal" mondial pour promouvoir des programmes incompatibles avec la foi et la pratique catholiques, le défi pastoral consistant à ancrer la synodalité dans la vérité s'est transformé en une véritable menace pour l'unité de l'Église et la proclamation de l'Évangile dans son intégralité.

    Ou pour reprendre l'image d'un ami : L'Église catholique d'aujourd'hui est un hôpital de campagne et certains des médecins de triage, plutôt que de soigner les blessés, insistent pour que l'hôpital ne dise plus aux gens que les mines terrestres vous tueront.   

    L'image ne devrait pas nécessiter beaucoup de déballage.

    Les médecins de triage sont les évêques, qui ont fait le serment solennel d'enseigner ce qui est spirituellement vivifiant et de détourner leur peuple de ce qui est spirituellement mortel, vérités connues par la révélation et la raison. Pourtant, certains évêques ont suggéré que l'Église enseigne (et a enseigné) faussement l'amour humain, l'identité sexuelle, les dispositions nécessaires pour recevoir dignement la sainte communion, ou l'impératif d'être une Église eucharistiquement cohérente - une Église de pécheurs qui cherchent l'absolution du péché grave avant de recevoir le corps et le sang du Seigneur. Et cela est analogue aux médecins de triage dans un hôpital militaire de campagne qui négligent les blessés tout en débattant de la question de savoir si le fait de marcher allègrement sur une mine terrestre, de s'exposer imprudemment à un feu nourri ou de refuser un équipement de protection au combat est mauvais pour la santé.   

    Les médecins de triage déserteurs de l'hôpital de campagne catholique ont cependant rendu service. Car ils ont démontré que la question fondamentale dans l'Église aujourd'hui est la réalité de la révélation divine et son autorité contraignante dans le temps. Dieu a-t-il révélé des vérités sur ce qui fait une vie juste, le bonheur et, finalement, la béatitude ? Si oui, ces vérités nous lient-elles aujourd'hui comme elles l'ont fait lorsqu'elles ont été révélées pour la première fois et enregistrées dans l'Écriture ou la tradition de l'Église ? Lorsque le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, a déclaré en septembre dernier qu'il envisageait qu'une "Église différente" émerge du processus synodal mondial, que voulait-il dire exactement ?

    Différente comment ? Une Église qui est à l'aise avec une idée unitaire de Dieu ? Une Église avec cinq sacrements au lieu de sept ? Des exagérations, dites-vous ? D'accord, et pourquoi pas une Église qui rejette l'idée biblique de la personne humaine ? Si les vérités doctrinales et morales affirmées comme telles dans le Catéchisme de l'Église catholique sont ouvertes au débat et au "discernement synodal" (comme l'ont suggéré avec une admirable candeur, sinon une acuité théologique, le cardinal Jean-Claude Hollerich, S.J., rapporteur général du Synode 2023, et le cardinal Robert McElroy de San Diego), où s'arrête le cliquet du "discernement" ? Comment s'arrête-t-il ? Et pourquoi les propositions émanant de ce "discernement" correspondent-elles uniformément à l'agenda raté de Catholic Lite au cours des cinquante dernières années ?

    Certains évêques, y compris la grande majorité de l'épiscopat allemand, peuvent souhaiter être des médecins de triage débattant de la létalité des mines terrestres. Les parties vivantes de l'Église mondiale pensent qu'il s'agit là d'une grave abdication de la responsabilité d'un guérisseur envers les blessés.

    La chronique de George Weigel est syndiquée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver. 

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.