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Doctrine - Page 10

  • Pour en revenir à la question "tradi"

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    L'éditorial de Christophe Geffroy, numéro 375 de La Nef (décembre 2024) :

    Retour sur la question « tradi »

    Le cardinal Ratzinger, défenseur de « l’herméneutique de la réforme dans la continuité » (en 1992) © Domaine public

    ÉDITORIAL

    Christophe Geffroy revient ici sur deux points très sensibles dans un certain monde « tradi » : la réception du concile Vatican II et la réforme liturgique qui en est issue. Dans les débats qui ont cours et les légitimes discours critiques, tout l’enjeu est d’envisager le magistère sans rupture fondamentale. Quels garde-fous et quel état d’esprit devons-nous faire nôtres dans ces débats ?

    (...)

    Deux points fondamentaux

    La question « traditionaliste » tourne autour de deux points fondamentaux : celle du concile Vatican II et du magistère qui a suivi ; et celle de la réforme liturgique menée par Paul VI. Le concile marque-t-il une rupture dans l’enseignement traditionnel de l’Église, notamment sur la liberté religieuse ou l’œcuménisme ? Et la messe dite de Paul VI est-elle « déficiente » au point d’être un danger pour la foi ? Au point donc de ne pouvoir être célébrée par les prêtres et fréquentée sans dommages par les fidèles ? On sait que pour la Fraternité Saint-Pie X (FSPX), la réponse à ces deux questions est claire et nette : il y a une rupture doctrinale qui se produit avec le concile, lequel est ainsi rejeté ; et la messe réformée, qualifiée par Mgr Lefebvre de « messe de Luther », est jugée quasiment hérétique, « incélébrable », si bien que les fidèles sont appelés à rester chez eux le dimanche s’ils n’ont à disposition que cette liturgie réformée.

    Historiquement, Mgr Lefebvre ne s’est pas contenté de maintenir l’ancienne messe, il est parti en guerre contre le concile Vatican II et la réforme liturgique, c’est cela qui a braqué le pape Paul VI contre lui. Mgr Lefebvre a souvent soufflé le chaud et le froid, le « froid » atteignant parfois une violence inouïe. À maintes reprises, Paul VI a demandé à Mgr Lefebvre de rétracter sa sulfureuse déclaration du 21 novembre 1974 où il disait notamment : « Nous refusons… et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues. » Et à propos de la réforme liturgique : « Cette Réforme étant issue du libéralisme, du modernisme, est tout entière empoisonnée ; elle sort de l’hérésie et aboutit à l’hérésie, même si tous ses actes ne sont pas formellement hérétiques. Il est donc impossible à tout catholique conscient et fidèle d’adopter cette Réforme et de s’y soumettre de quelque manière que ce soit. » Mgr Lefebvre a toujours refusé de retirer ses propos et ses successeurs, encore aujourd’hui, se réclament de cette déclaration.

    Le débat dans l’Église

    En Église, cette position ne relève pas d’un débat : le refus global d’un concile œcuménique, du magistère ordinaire universel depuis plus d’un demi-siècle et d’une réforme liturgique qui serait un poison donné aux fidèles est ecclésialement injustifiable et intenable, une telle attitude ne peut que jeter un doute sur l’indéfectibilité de l’Église (cf. Mt 16, 18). Cela ne signifie pas, toutefois, qu’il est interdit d’exprimer sa perplexité ou des critiques, l’Église n’est pas une caserne et n’impose pas une obéissance aveugle. Concrètement, l’obéissance à l’Église n’exclut pas un discernement éclairé sur la cohérence du magistère avec ses enseignements constants antérieurs. Mais le questionnement adressé à l’autorité n’est pas de même nature que celui qui régit les débats dans la sphère profane ou politique (1). Son esprit est censé être animé de bienveillance à l’égard du magistère, d’obéissance a priori acquise à l’autorité légitime, et finalement de confiance surnaturelle en l’Église qui est notre Mère, par-delà les incompréhensions parfois suscitées par certain personnel ecclésiastique du moment.

    Revenons au concile et à la messe. Les communautés traditionalistes en pleine communion avec Rome forment un monde qui est loin d’être uniforme ; néanmoins leur conception sur ces sujets n’est pas celle, extrême, de la FSPX. Elles reçoivent Vatican II avec plus ou moins d’enthousiasme et acceptent, soit de célébrer la messe actuelle, soit d’y communier lors de la messe chrismale. Sur la liberté religieuse, par exemple, le Barroux et la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier ont mené des études poussées montrant la continuité du magistère. Seule, me semble-t-il, une minorité dans ce monde « tradi » tient encore une ligne proche de la FSPX en refusant le concile et la messe.

    Assurément, l’une des difficultés aujourd’hui est l’absence de culture du débat sur les questions doctrinales ouvertes : prétendre imposer de force l’acceptation du concile et de la messe réformée sans entendre les objections n’est pas la bonne méthode. Mais force est de constater que des réponses argumentées ont été apportées aux critiques des traditionalistes, aussi bien par des théologiens privés, comme on l’a vu à propos de la liberté religieuse, que par le magistère (sur le subsistit in de Lumen gentium, par exemple, ou l’œcuménisme et le dialogue interreligieux avec Dominus Jesus, sans parler du Catéchisme de l’Église catholique). Et des colloques théologiques ont été organisés par Rome entre des théologiens mandatés par l’Église et ceux de la FSPX. Le débat doctrinal existe donc bel et bien, mais il n’a rien résolu à ce jour, car l’enjeu est davantage une nécessaire conversion des cœurs, de part et d’autre, que l’acceptation d’une démonstration théologique.

    Continuité ou rupture ?

    La question n’est pas de faire ou non des « concessions doctrinales » à propos des réformes de Vatican II. La question est de savoir si l’Église est crédible et propose ainsi un magistère cohérent et sans rupture dans la durée sur ce qui relève de la foi et des mœurs, les autres aspects pouvant dépendre d’une contingence historique qui admet des discontinuités. La question posée par Benoît XVI de « l’herméneutique de la réforme dans la continuité » n’est pas anecdotique, elle est au cœur de toute la problématique actuelle. Car si l’on juge qu’il y a une rupture – pour le déplorer comme certains traditionalistes (qui estiment le magistère infidèle à la Tradition), ou pour s’en réjouir comme certains progressistes (qui abhorrent le passé forcément obscurantiste) –, il faut alors admettre que l’Église s’est trompée sur des points essentiels, soit hier, soit aujourd’hui. La seule ligne ecclésiale conforme à l’essence de l’Église est de ne voir aucune rupture magistérielle, tout en reconnaissant de réelles nouveautés s’inscrivant dans un développement doctrinal homogène, ainsi que saint John Henry Newman l’a explicité, les ruptures ne concernant alors que des points contingents de la doctrine. Cela laisse la porte ouverte à un questionnement sur tel ou tel aspect du concile, non à son rejet.

    Il en va de même pour la réforme liturgique, comme Benoît XVI l’avait affirmé dans sa magnifique lettre accompagnant le motu proprio Summorum Pontificum. Pour suivre ce pape, la défense – légitime – de la messe de saint Pie V doit être décorrélée du refus – illégitime – de la messe de Paul VI (et bien sûr du concile). Autrement dit, la défense de l’ancien Ordo ne doit pas signifier le rejet du nouvel Ordo et donc le refus de principe de le célébrer. Ces deux messes nous sont données par l’Église : il est compréhensible d’en préférer une, non d’écarter l’autre comme étant mauvaise.
    La nécessaire réconciliation liturgique est à ce prix.

    Christophe Geffroy

    (1) Cf. Congrégation pour la Doctrine de la foi, Donum Veritatis « Sur la vocation ecclésiale du théologien », le 25 mai 1990.

  • La thèse du pape illégitime, une fausse solution à la crise

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    De Mgr Athanase Schneider sur la NBQ :

    La thèse du pape illégitime, une fausse solution à la crise

    Les théories sur l'invalidité présumée de François proposent un faux diagnostic des maux de l'Église et un remède encore pire. Si elles étaient vraies, on aboutirait à une impasse avec de graves conséquences pour le salut des âmes, comme l'explique Mgr. Athanase Schneider dans cet écrit envoyé à La Bussola .

    28_11_2024

    Concernant la récente controverse sur la prétendue invalidité de la démission de Benoît XVI et de l'élection de François, nous publions une intervention, écrite pour La Bussola par Mgr. Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de la Très Sainte Marie à Astana (Kazakhstan).

    ***

    Le principe directeur le plus sûr dans cette question cruciale pour la vie de l'Église devrait être la pratique dominante avec laquelle les cas de renonciation ou respectivement d'élection pontificale présumée invalide ont été résolus. En cela, le sensus perennis ecclesiae s'est manifesté.
    Le principe de légalité appliqué ad litteram ou de positivisme juridique n'était pas considéré comme un principe absolu dans la grande pratique de l'Église, puisque dans le cas de la législation sur l'élection papale, il s'agissait d'une question de droit humain et non divin.

    La loi humaine qui régularise l'accession à la charge papale ou la démission de la charge papale doit être subordonnée au plus grand bien de toute l'Église, qui dans ce cas est l'existence réelle du chef visible de l'Église et la certitude de cette existence pour le corps tout entier de l'Église, clergé et fidèles, puisque cette existence visible du chef et sa certitude sont exigées par la nature même de l'Église. L'Église universelle ne peut exister longtemps sans chef visible, sans successeur de Pierre, puisque de lui dépend l'activité vitale de l'Église universelle, comme par exemple la nomination des évêques et des cardinaux diocésains, nominations qui nécessitent l'existence d'un pape valide. Le bien spirituel des fidèles dépend à son tour d'une nomination valide d'un évêque, car dans le cas d'une nomination épiscopale invalide (dûe à un pape prétendument invalide), les prêtres manqueraient de juridiction pastorale (confession, mariage). De là dépendent aussi les dispenses que seul le Pontife Romain peut accorder, ainsi que les indulgences : tout cela pour le bien spirituel et le salut éternel des âmes.

    L'acceptation de la possibilité d'une période prolongée de sedisvacantia papalis conduit facilement à l'esprit de sédévacantisme, un phénomène sectaire et quasi-hérétique apparu au cours des soixante dernières années en raison des problèmes liés au Concile Vatican II et aux papes conciliaires et post-conciliaires.

    Le bien spirituel et le salut éternel des fidèles constituent la loi suprême du système régulateur de l’Église. C'est pour cette raison qu'il existe le principe de « supplet ecclesia » ou « sanatio in radice » : c'est-à-dire que l'Église complète ce qui était contraire à la loi, dans le cas des sacrements, par exemple la confession, le mariage, la confirmation ou la charge des intentions des messes.

    Guidé par ce principe véritablement pastoral, l'instinct de l'Église a appliqué le « supplet ecclesia » ou la « sanatio in radice » même en cas de doutes sur une renonciation ou une élection pontificale. Concrètement, la « sanatio in radice » d'une élection papale invalide s'est exprimée dans l'acceptation pacifique et moralement universelle du nouveau Pontife par l'épiscopat et le peuple catholique, du même fait que ce Pontife élu (prétendument invalide) a été nommé dans le Canon de la Messe par pratiquement le tout le clergé catholique.

    L'histoire de l'Église est un enseignement sûr sur cette questionLa plus longue sedisvacantia papalis a duré deux ans et neuf mois (du 29 novembre 1268 au 1er septembre 1271). Il y eut évidemment des élections papales non valables, c'est-à-dire des prises de possession non valables de la fonction papale : par exemple, Grégoire VI devint pape parce qu'il avait acheté la papauté avec une grosse somme d'argent à son prédécesseur Benoît IX en l'an 1045. L'Église romaine l'a toujours considéré comme un pape valide et même Hildebrand de Soana, qui devint plus tard le pape saint Grégoire VII, considérait Grégoire VI comme un pape légitime. Le pape Urbain VI avait été élu sous d'énormes pressions et menaces de la part du peuple romain. Certains cardinaux électeurs craignaient pour leur vie. Telle était l'atmosphère de l'élection d'Urbain VI en 1378. Lors du couronnement du nouveau pape, tous les cardinaux électeurs lui ont rendu hommage et l'ont reconnu comme pape au cours des premiers mois. Cependant, après quelques mois, certains cardinaux, en particulier les Français, commencèrent à douter de la validité de l'élection en raison des circonstances menaçantes et de la pression morale qu'ils devaient subir. C'est pourquoi ces cardinaux élurent un nouveau pape qui prit le nom de Clément VII, un Français qui choisit Avignon comme résidence. C'est ainsi que commença l'une des crises les plus désastreuses de toute l'histoire de l'Église, le Grand Schisme d'Occident, qui dura près de quarante ans, déchirant l'unité de l'Église et portant un grave préjudice au bien spirituel des âmes. L'Église romaine a toujours reconnu Urbain VI comme un pape valide, malgré les facteurs invalidants avérés de son élection.

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  • François : les résolutions du Synode mondial font partie du magistère ordinaire

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    Du Tagespost :

    François : les résolutions du Synode mondial font partie du magistère ordinaire

    Une note d'accompagnement du Pape confirme que les décisions du Synode mondial sont contraignantes au regard du droit canonique.

    25 novembre 2024

    Le document final du Synode mondial fait partie du magistère ordinaire de l'Église catholique : le pape François a confirmé sa force juridique dans une note d'accompagnement publiée lundi par le Vatican.

    Le pape a annoncé dans la lettre : « Le document final fait partie de la charge d'enseignement ordinaire du Successeur de Pierre » et « à ce titre, je vous demande de l'accepter », a cité l'agence de presse catholique (KNA).

    Les Églises sont déjà obligées de prendre des décisions

    Dans cette note, le pape François a clarifié ses propos antérieurs sur les décisions du synode : « Lors de l'adoption du document le 26 octobre, j'ai dit qu'il "n'est pas strictement normatif" et que "son application nécessitera plusieurs médiations". Cela ne veut pas dire que cela n’oblige pas déjà les Églises à prendre des décisions cohérentes avec les informations qu’elles contiennent. »

    Toutes les églises locales et associations d'églises sont désormais tenues de mettre en œuvre les résolutions pertinentes du document final et les processus qui l'accompagnent. Les connexions expliquées et les conditions préalables doivent être prises en compte.

    Pas de fin au processus synodal

    Néanmoins, le Pape a expliqué que ces mesures ne mettent pas fin au processus synodal. Il souhaitait particulièrement être informé de la mise en œuvre des résolutions lors des visites ad limina régulières des évêques locaux à Rome. Chaque évêque doit l'informer "quelles décisions ont été prises dans l'Église locale qui lui a été confiée au sujet des exigences du document final, quelles difficultés sont survenues et quels fruits elles ont porté", a déclaré François. Les autorités du Vatican et le Secrétariat du Synode du Vatican devraient jouer un rôle clé dans cette phase de mise en œuvre.

    Le Synode mondial, qui traitait essentiellement des nouvelles possibilités potentielles de participation de tous les croyants, s'est réuni au premier tour en octobre 2023, puis à nouveau à partir du 2 octobre de cette année. Avant les deux réunions, des assemblées dites continentales ont eu lieu dans toute l' Église catholique . Les délibérations synodales se sont terminées par de nombreuses résolutions destinées à ouvrir la voie à des réformes fondamentales de l'Église. Cela comprenait, entre autres, une décentralisation de l’Église catholique universelle avec une participation accrue de la base ecclésiale, c’est-à-dire des laïcs, aux décisions importantes. DT/jmo

  • La Royauté sociale de Notre Seigneur

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    Le Christ Roi des individus et des sociétés (source)

    Le Christ est roi de droit sur les individus comme sur les sociétés.

    Comme seconde Personne de la Sainte Trinité, le Christ possède en commun avec le Père et le Saint-Esprit l’empire souverain sur le monde.

    Mais c’est au Christ en tant qu’Il est homme qu’est attribué le titre de Christ-Roi car la notion de royauté est une notion liée à la nature humaine.

    C’est ce qui ressort de la vision du prophète Daniel : “Je regardais dans les visions de la nuit, et voici que sur les nuées vint comme un Fils d’homme. Il s’avança jusqu’au vieillard et on l’amena devant lui. Et celui-ci lui donna puissance, gloire et règne, et tous les peuples, nations et langues le servirent, sa domination est une domination éternelle qui ne passera point, et son royaume ne sera jamais détruit” [[Daniel, VII 13-14.]].

    Ainsi que des paroles de l’archange Gabriel à la Sainte Vierge Marie : “Tu vas concevoir et tu enfanteras un fils… Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père. Il régnera à jamais sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin” [[Luc, I 31 et 33]].

    A Pilate qui le questionne à ce sujet, Jésus répondit sans hésitation : “Tu l’as dit, je suis roi”.

    A Saint Jean, il apparaît comme le “prince du roi de la terre” (Apocalypse I, 5) et le “Roi des rois et Seigneur des Seigneurs” (id. XIX, 16).

    Ce pouvoir royal du Christ découle de l’union de sa nature humaine avec sa nature divine à laquelle tout est soumis. Il découle de l’Incarnation.

    Et cette même union fonde également le second titre que le Christ a à être notre roi, à savoir le droit de conquête.

    Par son sacrifice rédempteur, Jésus a délivré les hommes de l’esclavage du démon.

    Le jour des Rameaux, Il avait annoncé : “Le prince de ce monde va être jeté dehors”.

    Ce qui conduit le Pape Pie XI à écrire dans son encyclique sur le Christ-Roi : “Le Christ nous commande non seulement par droit de nature, mais par un droit acquis, le droit de Rédempteur. Que les hommes oublieux se rappellent tous combien nous avons coûté à notre Sauveur : Vous n’avez pas été rachetés au prix de matières périssables comme l’or ou l’argent, mais par le sang précieux du Christ offert comme un agneau sans tache et sans défaut” [[Encyclique “Quas Primas”, I Pi I-18-19.]].

    Une royauté universelle

    Puisque par nature et par conquête le Christ possède la royauté sur le monte entier, c’est sur tous les hommes que s’étend sa royauté.

    “Son empire ne s’étend pas seulement aux nations catholiques ou seulement à ceux qui, purifiés par le saint baptême appartiennent de choix à l’Eglise, (…) il embrasse aussi tout ce qu’il existe d’hommes n’ayant pas la foi chrétienne, de sorte qu’en toute vérité l’universalité du genre humain est soumise à la puissance de Jésus-Christ” [[Léon XIII, encyclique “Annum Sacrum”.]].

    De plus, comme le Christ a dit : “Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre” (Mat XXVIII, 18), il possède le triple pouvoir : exécutif, législatif et judiciaire.

    Du fait que le pouvoir du Verbe incarné est illimité, il ressort également que sa royauté s’exerce non seulement sur l’homme privé ou sur l’homme en tant qu’il possède une dimension religieuse – privée ou publique – mais encore sur l’homme en tant qu’il est animal social dans les domaines familial et politique.

    Aussi “Sa royauté exige que l’Etat tout entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes chrétiens aussi bien dans la législation que dans la façon de rendre la justice et que dans la formation de la jeunesse à une doctrine saine et à une bonne discipline des moeurs” [[Pie XI, encyclique “Quas Primas”.]].

    De même, le catéchisme de l’Eglise catholique rappelle l’existence de “la royauté du Christ sur toute la création et en particulier sur les sociétés humaines” (n° 2105).

    Citant Vatican II, ce catéchisme parle du devoir “d’éclairer et d’orienter toutes les réalités temporelles (…) de telle sorte qu’elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la louange du Créateur et Rédempteur” (n° 696) et ajoute encore qu'”aucune activité humaine, fût-elle d’ordre temporel, ne peut être soustraite à l’empire de Dieu” (n° 912).

    Enfin, la royauté du Christ est de nature telle qu’elle engendre un devoir de culte public de la part des autorités temporelles.

    “Les gouvernants sont tenus, tout comme les citoyens, de rendre au Christ un culte public et de lui obéir” [[Pie XI, encyclique “Quas Primas”.]].

    D’ailleurs, pour les gouvernants, rendre un culte public à Dieu est déjà une exigence d’ordre naturel.

    En effet, la raison humaine peut découvrir que les sociétés comme les individus sont tributaires de Dieu pour tous les biens dont elles bénéficient. Ce qui implique de leur part un devoir public de louange, de demande, de reconnaissance, voire de réparation, puisque c’est en tant qu’autorités publiques qu’elles dépendent de Dieu pour ses bienfaits.

    C’est la raison pour laquelle nous voyons les gouvernants des sociétés anciennes rendre un culte public à Dieu.

    Et certainement qu’à cette réalité peuvent s’appliquer aussi ces lignes de Léon XIII :

    “Quant à la prétention de faire l’Etat complètement étranger à la religion et pouvant administrer les affaires publiques sans tenir plus compte de Dieu que s’il n’existait pas, c’est une témérité sans exemple, même chez les païens. Ceux-ci portaient si profondément gravées au plus intime de leurs âmes, non seulement une idée vague des dieux, mais la nécessité sociale de la religion, qu’à leur sens il eût été plus aisé à une ville de se tenir debout sans être appuyée au sol que privée de Dieu” [[Encyclique “Humani Generis”.]].

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  • "Les sept péchés contre le Saint-Esprit : une tragédie synodale" par le cardinal Müller

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    Du cardinal Gerhard Müller sur First Things :

    Les sept péchés contre le Saint-Esprit : une tragédie synodale

    L« Et quiconque a des oreilles, entend ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2, 11). Ce passage de l’Écriture est fréquemment cité pour justifier une soi-disant « Église synodale », un concept qui contredit au moins partiellement, sinon complètement, la conception catholique de l’Église. Des factions aux motivations cachées ont détourné le principe traditionnel de la synodalité, c’est-à-dire la collaboration entre les évêques (collégialité) et entre tous les croyants et pasteurs de l’Église (sur la base du sacerdoce commun de tous ceux qui sont baptisés dans la foi), pour faire avancer leur programme progressiste. En effectuant un virage à 180 degrés, la doctrine, la liturgie et la moralité de l’Église catholique doivent être rendues compatibles avec une idéologie néo-gnostique éveillée. 

    Leurs tactiques sont remarquablement similaires à celles des anciens gnostiques, dont Irénée de Lyon, élevé au rang de docteur de l’Église par le pape François, a écrit : « Au moyen de leurs plausibilités astucieusement construites, ils détournent l’esprit des inexpérimentés et les prennent en otage. . . . Ces hommes falsifient les oracles de Dieu et se révèlent de mauvais interprètes de la bonne parole de la révélation. Au moyen de paroles spécieuses et plausibles, ils incitent astucieusement les simples d’esprit à s’interroger [sur une compréhension plus contemporaine] » jusqu’à ce qu’ils soient incapables « de distinguer le mensonge de la vérité » ( Contre les hérésies , livre I, préface). La révélation divine directe est utilisée comme arme pour rendre acceptable l’auto-relativisation de l’Église du Christ (« toutes les religions sont des chemins vers Dieu »). La communication directe entre le Saint-Esprit et les participants au Synode est invoquée pour justifier des concessions doctrinales arbitraires (« le mariage pour tous » ; des fonctionnaires laïcs à la tête du « pouvoir » ecclésiastique ; l'ordination de femmes diacres comme trophée dans la lutte pour les droits des femmes) comme le résultat d'une vision supérieure, qui peut surmonter toutes les objections de la doctrine catholique établie.

    Mais celui qui, en faisant appel à l’inspiration personnelle et collective de l’Esprit Saint, cherche à concilier l’enseignement de l’Église avec une idéologie hostile à la révélation et avec la tyrannie du relativisme, se rend coupable de diverses manières d’un « péché contre l’Esprit Saint » (Mt 12, 31 ; Mc 3, 29 ; Lc 12, 10). Il ne s’agit là, comme nous l’expliquerons ci-dessous sous sept aspects différents, que d’une « résistance à la vérité connue » lorsque « un homme résiste à la vérité qu’il a reconnue, afin de pécher plus librement » (Thomas d’Aquin, Somme théologique II-II, q. 14, a. 2).

    1. Considérant le Saint-Esprit comme une personne divine

    C'est un péché contre le Saint-Esprit que de ne pas le confesser comme la personne divine qui, en unité avec le Père et le Fils, est l'unique Dieu, mais de le confondre avec la divinité numineuse anonyme des études religieuses comparées, l'esprit populaire collectif des Romantiques, la volonté générale de Jean-Jacques Rousseau, le Weltgeist de Georg WF Hegel, ou la dialectique historique de Karl Marx, et enfin avec les utopies politiques, du communisme au transhumanisme athée.

    2. Considérer Jésus-Christ comme la plénitude de la vérité et de la grâce

    C’est un péché contre le Saint-Esprit que de réinterpréter l’histoire du dogme chrétien comme une évolution de la révélation, reflétée par des niveaux de conscience avancés dans l’Église collective, au lieu de confesser la plénitude insurpassable de la grâce et de la vérité en Jésus-Christ, le Verbe de Dieu fait chair (Jean 1:14-18).

    Irénée de Lyon, le Doctor Unitatis , a établi une fois pour toutes, contre les gnostiques de tous les temps, les critères de l'herméneutique catholique (c'est-à-dire de l'épistémologie théologique) : 1) l'Écriture Sainte ; 2) la tradition apostolique ; 3) l'autorité doctrinale des évêques en vertu de la succession apostolique.

    Selon l’analogie de l’être et de la foi, les vérités révélées de la foi ne peuvent jamais contredire la raison naturelle, mais peuvent (et le font) entrer en conflit avec son utilisation idéologique abusive. Il n’existe a priori aucune nouvelle connaissance scientifique (qui est toujours faillible en principe) qui puisse remplacer les vérités de la révélation surnaturelle et de la loi morale naturelle (qui sont toujours infaillibles dans leur nature profonde). Le pape ne peut donc ni réaliser ni décevoir les espoirs de changement dans les doctrines révélées de la foi, car « cette fonction d’enseignement n’est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais la sert, en enseignant seulement ce qui a été transmis » ( Dei Verbum , 10).

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  • «Dans la foi, une diversité raisonnable ne peut pas se transformer en relativisme» (cardinal Zen)

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    De Samuele Pinna sur Il Timone :

    «Dans la foi, une diversité raisonnable ne peut pas se transformer en relativisme»
    18 novembre 2024

    «Dans la foi, une diversité raisonnable ne peut pas se transformer en relativisme»

    J'ai lu le livre du cardinal Joseph Zen, Una, santa, catholica e apostolica, d'une seule traite. De l'Église des Apôtres à l'Église « synodale » , édité par Aurelio Porfiri, publié par Ares. Après avoir fini de lire, j'ai imaginé - ne pouvant pas prendre l'avion pour Hong Kong - un dialogue entre moi et le Prélat, en empruntant ses paroles écrites dans le volume susmentionné. Nous vivons des temps de confusion, mais le cardinal nous invite à espérer : le Seigneur a toujours aidé l'Église « une, sainte, catholique et apostolique ». Aujourd'hui, cependant, l'unité de la foi n'est pas du tout une évidence : « Dans une époque moderne où il y a tant de courants de pensée confus - j'imagine la voix claire et ferme du Cardinal - , comment pouvons-nous promouvoir l'unité de la foi dans notre Église ? Cette unité de foi n’exclut pas une diversité saine et raisonnable, mais la diversité ne doit pas se transformer en relativisme , et des principes opposés ne peuvent être acceptés comme s’ils étaient tous deux valables. Insister sur des positions qui contredisent les enseignements traditionnels de l’Église, c’est promouvoir délibérément la division . » Allez, je voudrais maintenant parler de l'Épouse du Christ, car il me semble que l'idée d'ecclésiologie qui est populaire aujourd'hui est extrêmement faible. Ensuite, il y a l'erreur récurrente de penser l'Église comme une réalité formée après le Nouveau Testament, alors que c'est exactement le contraire : « Jésus a voulu bâtir son Église sur les apôtres, non sur un livre ». L'Évangile, écrit sous l'inspiration du Saint-Esprit, doit être interprété dans la Tradition Sacrée vivante. La Tradition sacrée, le Credo et le Magistère sont des éléments indispensables de l'Église. Si je dis : « Je veux le Christ seulement dans l’Évangile. Je ne veux pas de Tradition Sacrée. Je ne veux pas du Credo. Je ne veux pas du Magistère", je n'ai pas la moindre chance de trouver le Christ . C'est Lui qui veut être rencontré dans la Tradition Sacrée à travers le Credo et le Magistère. C'est Lui qui a appelé certains hommes à être des instruments de sa grâce . »

    Je me demande si avec cette pensée « forte » on ne perd pas de vue « les signes des temps » : « Certains considèrent le concile de Trente, l'encyclique Quanta Cura du pape Pie IX et la condamnation du modernisme par le pape Pie comme un refus pour s'adapter aux temps qui changent. Mais lorsqu’un organisme est touché par un virus, il a besoin d’un médicament qui empêche sa propagation. Les médicaments ne sont pas de la nourriture, et encore moins des friandises. Certains n'acceptent pas Veritatis Splendor de Jean-Paul II , mais face à la menace du relativisme éthique, comment le Pape pourrait-il ne pas défendre l'existence de valeurs morales objectives ? ». C'est la tâche, ou plutôt le service de l'autorité : « L'autorité représente Dieu. Sa tâche est de créer un pont entre le Ciel et l'humanité. Si, au lieu de servir de pont ou de passage entre le Ciel et l’homme, il devient un obstacle, il viole la volonté de Dieu. Être leader d’une communauté est une vocation et non une carrière. Celui qui est choisi ne doit pas regarder ses propres intérêts mais doit se soucier de plaire à Dieu et de servir ceux qui lui sont confiés. Au cours des deux mille dernières années, les apôtres et leurs successeurs ont-ils imité leur maître Jésus ? Ont-ils éprouvé un esprit de service ? Il est facile pour un chef religieux d’être idolâtré. Et plus ils sont idolâtrés, plus grande est la tentation de « contrôler les gens ». Pour entretenir la conscience de cette tentation, les papes se définissent généralement comme « le serviteur des serviteurs » .

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  • Lettre du pape François sur le renouveau de l’étude de l’histoire de l’Église (texte intégral)

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    Lettre du pape François sur le renouveau de l’étude de l’histoire de l’Église (texte intégral)

    21 novembre 2024

    Nous publions ci-dessous la lettre du pape François tel que communiqué par le Saint-Siège sur le renouveau de l’étude de l’histoire de l’Église.  

    Chers frères et sœurs,

    Par cette lettre, je voudrais partager quelques réflexions sur l’importance de l’étude de l’histoire de l’Église, en particulier pour aider les prêtres à mieux interpréter la réalité sociale. C’est une question que j’aimerais voir prise en considération dans la formation des nouveaux prêtres et des autres agents pastoraux. J

    e suis bien conscient que, dans la formation des candidats au sacerdoce, une bonne partie de l’attention est consacrée à l’étude de l’histoire de l’Église, comme il se doit. Ce que je voudrais souligner ici va plutôt dans le sens d’une invitation à promouvoir chez les jeunes étudiants en théologie une véritable sensibilité historique. Par cette expression, je veux indiquer non seulement une connaissance approfondie et précise des moments les plus importants des vingt siècles de christianisme qui sont derrière nous, mais aussi et surtout l’émergence d’une claire familiarité avec la dimension historique propre à l’être humain. Personne ne peut vraiment savoir qui il est et ce qu’il entend être demain sans nourrir le lien qui l’unit aux générations qui l’ont précédé. Et ce, non seulement au niveau de l’histoire de l’individu, mais aussi au niveau plus large des communautés. En effet, étudier et raconter l’histoire aide à maintenir allumée « la flamme de la conscience collective »,[1] faute de quoi il ne reste que la mémoire personnelle de faits liés à l’intérêt personnel ou à ses émotions, sans lien réel avec la communauté humaine et ecclésiale dans laquelle nous vivons.

    Une sensibilité historique correcte aide chacun de nous à avoir le sens des proportions, le sens de la mesure et une capacité à comprendre la réalité sans abstractions dangereuses et désincarnées, telle qu’elle est et non pas telle qu’on l’imagine ou qu’on voudrait qu’elle soit. On peut ainsi tisser une relation avec la réalité qui appelle à la responsabilité éthique, au partage, à la solidarité.

    Selon une tradition orale que je ne peux confirmer par des sources écrites, un grand théologien français disait à ses étudiants que l’étude de l’histoire nous protège du “monophysisme ecclésiologique”, c’est-à-dire d’une conception trop angélique de l’Église, d’une Église qui n’est pas réelle parce qu’elle est sans taches ni ses rides. Et nous devons aimer l’Église, comme une maman, telle qu’elle est, sinon nous ne l’aimons pas du tout, et nous n’aimons qu’un fantôme de notre imagination. L’histoire de l’Église nous aide à regarder l’Église réelle pour pouvoir aimer cette Église qui existe véritablement et qui a appris et continue d’apprendre de ses erreurs et de ses chutes. Cette Église, qui se reconnaît également dans ses moments sombres, devient capable de comprendre les taches et les blessures du monde dans lequel elle vit, et si elle essaie de le guérir et de le faire grandir, elle le fera de la même manière qu’elle essaie de se guérir et de se faire grandir, même si souvent elle n’y parvient pas.

    Il s’agit là d’un correctif à cette terrible approche qui nous fait comprendre la réalité uniquement à partir de la défense triomphaliste de notre fonction ou de notre rôle. Cette dernière approche est précisément celle qui, comme je l’ai souligné dans l’encyclique Fratelli tutti, fait considérer l’homme blessé de la parabole du bon Samaritain comme une gêne par rapport à sa propre approche de la vie, puisqu’il n’est qu’une anomalie, un sujet sans place spécifique.[2]

    Éduquer les candidats au sacerdoce à une sensibilité historique semble être une nécessité évidente. D’autant plus qu’à notre époque, « s’accentue une perte du sens de l’histoire qui se désagrège davantage. On observe la pénétration culturelle d’une sorte de ‘‘déconstructionnisme’’, où la liberté humaine prétend tout construire à partir de zéro. Elle ne laisse subsister que la nécessité de consommer sans limites et l’exacerbation de nombreuses formes d’individualisme dénuées de contenu ».[3]

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  • Parce que croire, ça vaut le coup. Entretien inédit avec Ratzinger

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    Du Foglio :

    Parce que croire, ça vaut le coup. Entretien inédit avec Ratzinger

    20 novembre 2024

    Autrefois, beaucoup n’étaient croyants que par conformisme, emportés par le courant. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui sont motivés par l’indifférence. Pourtant, le phénomène religieux reste présent. L'avant-première d'un dialogue inédit avec Joseph Ratzinger

    Nous publions ici une partie de l'entretien, inédit en italien, réalisé avec Joseph Ratzinger (à l'époque préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi) de l'édition allemande de l'Osservatore Romano en 1988. Le texte fait partie de « In dialogue avec le temps propre » (LEV), le nouveau volume, en trois volumes, de l'Opera Omnia de Joseph Ratzinger. Le texte rassemble tous les entretiens avec Ratzinger Benoît XVI et sera présenté demain (jeudi 21 novembre) à la LUMSA de Rome (via di Porta Castello 44) à 17 heures, en présence, entre autres, du Père Federico Lombardi, président de la Fondation Joseph Ratzinger-Benoît XVI, et Mgr. Georg Gänswein, ancien secrétaire particulier de Benoît XVI.

    Nous vivons à une époque d’indifférence. Le nombre de ceux qui ne vont pas à la messe le dimanche augmente et le nombre de ceux qui tournent le dos à l’Église et l’abandonnent est effrayant. Quelle pourrait être la raison de cet éloignement de la foi, ou peut-être « seulement » de l’Église ?

    Notre monde est un monde de réalisation technique. Nous ne sommes pas capables de tout faire, mais beaucoup, et nous espérons bientôt pouvoir faire encore plus. Les hommes doutent de plus en plus que Dieu puisse encore avoir un quelconque pouvoir dans un monde de plus en plus analysé selon les lois naturelles, et que nous puissions encore attendre de lui son aide. À cela s’ajoute le fait que, dans un monde plein de bruit et d’images, l’accès à Dieu est de plus en plus difficile. Tout comme beaucoup n’étaient autrefois croyants que par conformisme, parce qu’ils se laissaient emporter par le courant, de même aujourd’hui beaucoup se laissent emporter par l’indifférentisme sans décision personnelle particulière à cet égard. Malgré tout cela, le phénomène de la religion continue d'être présent de diverses manières : beaucoup de ceux qui personnellement ne pratiquent pas du tout la « religion » espèrent encore qu'elle existe, même s'ils n'ont pas envie d'apporter une grande contribution à cet égard. . En revanche, la religion se répand sous forme de substituts et de dégénérescences (superstition, occultisme, pratiques dites transcendantales) qui paraissent moins fatigantes et promettent à première vue la même chose. Une raison pour tourner le dos à l'Église est bien entendu aussi la condition de profonde insécurité dans laquelle l'Église semble se trouver.

    Le message semble clair et sans équivoque : apporter l’Évangile à tous les hommes. Que faut-il faire pour soutenir de manière crédible la cause du royaume de Dieu dans un environnement de plus en plus laïc ?

    Il n’y a pas de réponse standard. L'Évangile devient crédible là où il y a des gens qui se laissent pleinement saisir par lui et où l'expérience de la vie en devient la confirmation. Pensez à des mouvements tels que les Néocatéchuménaux, Communion et Libération - comment des personnes de tous âges et de toutes conditions sociales se laissent captiver par l'élan de la foi qu'ils voient vivre sans si ni mais. Nous n'avons pas besoin de recettes (il y en a trop), mais de gens qui sont impressionnés par l'Évangile et qui le mettent en pratique.

    Vous, Votre Éminence, êtes préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. D'une manière très particulière, elle se voit confier la tâche de travailler à la juste annonce du message et de la doctrine évangéliques. Le dogme en fait également partie. J'ai lu récemment cet aphorisme : "Le dogme est comme une patrie : certains craignent qu'il les limite, d'autres sont reconnaissants de connaître leur origine à laquelle ils peuvent toujours revenir." Cet aphorisme fait-il mouche ? Et si oui, qui sont ceux qui craignent qu’on leur enlève quelque chose et qui sont heureux d’avoir un refuge sûr ? Que faut-il faire pour les uns et pour les autres ?

    L'origine du dogme est dans la rencontre avec une personne : Jésus-Christ. Là où cette rencontre fait défaut, le dogme reste une formule vide de sens. C’est pourquoi la rencontre avec Jésus-Christ doit avant tout être transmise. Si cela se produit, tout le reste viendra tout seul, étape par étape : que je puisse avoir une relation avec lui non seulement, mais seulement dans la communauté de son peuple, l'Église ; que cette relation n'est pas un simple sentiment, mais me fait connaître la vérité, c'est-à-dire la participation à sa propre relation avec le Père, donc la connaissance de Dieu et de ses promesses. Tout cela est résumé dans le Credo, qui est une parole de moi-même dans le « nous » de l'Église adressée au Seigneur, par qui à mon tour je me sens en premier lieu interpellé. Ainsi, le dogme, correctement compris, est une dynamique de dépassement continu de soi et, en même temps, de sécurité dans une relation qui perdure au-delà de la mort. 

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  • Quand l'exégèse arc-en-ciel s'invite à la Maison Papale

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    De Luisella Scrosati sur la NBQ :

    Père Pasolini : l'exégèse arc-en-ciel à la Maison Papale

    Jonathan et David, le centurion et le serviteur : le néo-prédicateur du pape promeut une exégèse biblique imaginative pour normaliser l'homosexualité. La proximité importante avec le Père Rupnik et le Centre Aletti. Un autre point pour "l'  équipe supplicans de Fiducia ".

    15_11_2024

    D'abord un soupçon, puis une probabilité, maintenant une certitude. La nomination du nouveau prédicateur de la Maison pontificale, le père capucin Roberto Pasolini, confirme définitivement la volonté du pape François de s'entourer de personnes résolument enclines à considérer l'homosexualité comme une orientation sexuelle normale. Environ un mois après la nomination comme cardinal du père dominicain Timothy Radcliffe, prédicateur du Synode connu pour ses positions homosexualistes, le pape choisit de remplacer le cardinal Raniero Cantalamessa par un autre prédicateur qui n'hésite pas à suivre le critère de la pure fantaisie dans l'interprétation des Écritures pour dire que « gay is normal » ; et même à approuver les bénédictions autorisées par Fiducia supplicans sur la base d'un néant exégétique, ce qui est le comble du néant.

    Mais allons-y dans l'ordre. Fra Roberto Pasolini « vend » au public sa superbe, que nous verrons dans un instant, du haut de son doctorat en théologie biblique à la Grégorienne et de son enseignement dans la même discipline à la Faculté de théologie de l'Italie du Nord à Milan. C'est également à Milan, dans l'église Santa Maria degli Angeli de la Piazza Velasquez, qu'il donne le cours des Dix mots, conçu il y a plusieurs décennies par le père Fabio Rosini. Et avec ce dernier, le capucin a en commun non seulement une passion pour les dix mots, mais aussi pour le père Marko Rupnik, l'ancien jésuite et artiste (fondateur du Centre Aletti) au centre d'un grave scandale d'abus sexuels. On le devine déjà aux couvertures choisies pour sa « trilogie » consacrée à la liberté de l'homme devant Dieu, toutes avec des images rigoureusement tirées du Cycle de Joseph, réalisé par le Centre Aletti dans l'église des Frères mineurs de Mostar ; bref, les hommes aux grands yeux, aux grands yeux noirs, caricaturaux de l'ancien jésuite, qui, mine de rien, est aussi l'auteur de la préface du premier tome, Non siamo stati noi. Fuori dal senso di colpa (2020).

    Que Pasolini ne soit pas étranger à la maison Aletti est également démontré par une série de collaborations : il est intervenu avec deux conférences lors de la rencontre annuelle du Centre à Assise, en juillet 2019 ; il s'est également vu confier quelques réflexions pour la rubrique Briciole di Parola, avec la précision que Pasolini a fréquenté l'Atelier de théologie du Centre Aletti en 2015-2016 et 2016-2017. Un disciple de Rupnik. Ainsi, pendant qu'au Vatican on s'affaire à mettre en place un procès scrupuleux sur l'affaire Rupnik - si scrupuleux qu'on semble toujours revenir à la case départ -, l'ex-jésuite ne semble pas avoir cessé d'exercer une influence discrète sur le pape et ses nominations.

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  • Les cent ans de France Catholique

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    Aller sur le site de France Catholique

  • Dire que toutes les religions (ou même l’athéisme) offrent une voie légitime vers Dieu est faux et dangereux

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    De sur The Catholic Thing :

    Dr. E sur le faux universalisme dans l'Église

    13 novembre 2024

    Il y a près de vingt ans, la revue œcuménique First Things publiait un article du grand théologien américain, le cardinal Avery Dulles, intitulé « Qui peut être sauvé ? ». Après un historique des discussions chrétiennes sur cette question, l’édition imprimée de l’article se terminait brusquement par la phrase « Qui sait ? » Dans la version intégrale, disponible sur le site Web de la revue, Dulles conclut en affirmant que « les adeptes d’autres religions », et même les athées, peuvent être sauvés par la grâce de Dieu, « s’ils adorent Dieu sous un autre nom et mettent leur vie au service de la vérité et de la justice ». À l’époque, en tant que séminariste calviniste rigide, j’interprétais l’erreur de la revue comme une forme d’intervention divine contre une hérésie sotériologique.

    Depuis lors, j’ai beaucoup aimé les écrits du cardinal Dulles ( son livre sur le magistère est excellent), même si je reste un certain scepticisme à l’égard de l’idée qu’un athée puisse « adorer Dieu sous un autre nom » et ainsi être sauvé. Outre le problème évident que pose la définition même d’un athée, de quel nom pourrait-il s’agir ? Même si Son Éminence n’a voulu décrire que ce qui pourrait, dans des circonstances très inhabituelles, être du domaine du possible pour quelqu’un souffrant d’une ignorance invincible, comment cela peut-il concorder avec l’enseignement catholique selon lequel le salut requiert le don de la foi ? Et pourquoi, à une époque d’incroyance croissante et même d’antagonisme envers le catholicisme, trouverions-nous des excuses pour des personnes qui ont besoin de l’Évangile ?

    Je ne sais pas comment le théologien (et parfois collaborateur de TCT) Eduardo Echeverria réagirait à Dulles. Il partage mes inquiétudes à propos d'une certaine approche œcuménique, de plus en plus populaire dans certains cercles catholiques, qui minimise tellement les différences entre les religions que les revendications de l'Église ne sont plus considérées comme absolues. Ses inquiétudes à propos du relativisme servent de toile de fond à son nouveau livre, Jesus Christ, Scandal of Particularity: Vatican II, a Catholic Theology of Religions, Justification, and Truth , un recueil d'essais déjà publiés.

    « Le relativisme religieux, c'est-à-dire l'idée que toutes les religions sont également des véhicules de salut », écrit Echeverria, « est devenu « de plus en plus courant ». Cela exige une réaffirmation du « caractère définitif et complet de la révélation de Jésus-Christ », selon le document de 2000 de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Dominus Iesus .

    L’une des qualités que j’admire le plus dans l’érudition d’Echeverria est son approche irénique de la tradition protestante dont il est issu. Ses écrits sont parsemés de citations d’un groupe diversifié de penseurs protestants : Robert W. Jenson, Herman Ridderbos, Peter Leithart, Paul Helm, Paul Ricoeur, GC Berkouwer, Wolfhart Pannenberg, Alistair McGrath et Kevin Vanhoozer, entre autres. Peu d’universitaires catholiques font preuve d’une telle familiarité avec l’érudition protestante, et encore moins de protestants connaissant le catholicisme (Carl Trueman est une exception notable).

    Echeverria utilise également une diversité impressionnante de sources catholiques pour étayer ses arguments concernant le salut possible des non-chrétiens. Lumen Gentium §14, par exemple, affirme explicitement que la foi, le baptême et l’Église sont nécessaires au salut. Citant l’analyse de Ralph Martin sur Vatican I, Echeverria note qu’une des conditions nécessaires au salut des invincibles ignorants est « que les non-chrétiens cherchent Dieu [je souligne] avec un cœur sincère ». Rejetant les enseignements universalistes de penseurs tels que Bernard Lonergan, SJ, Echeverria soutient que l’accessibilisme – qui est l’espoir que le salut de Dieu en Christ est présent pour tous, mais pas que les religions non chrétiennes peuvent contribuer au salut – s’aligne le mieux sur l’enseignement du magistère et la tradition catholique.

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  • Le synode sur la synodalité s'est-il achevé sans heurts ? L'analyse du cardinal Zen

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    Du cardinal Zen sur kath.net/news :

    « Le synode sur la 'synodalité' s'est-il achevé sans heurts ? »

    12 novembre 2024

    Le cardinal Zen met en garde : « Nous ne serons plus l'Église une, catholique, apostolique ? Ni l'Église sainte, parce qu'il n'y a plus d'enseignements éthiques fiables qui conduisent les croyants à distinguer le bien du mal ? »

    Le 27 octobre, la XVIe Assemblée ordinaire du Synode des évêques a annoncé sa conclusion. Le pape a immédiatement approuvé le document adopté par le synode et a déclaré qu'il ne rédigerait pas d'exhortation apostolique post-synodale. Toutes les parties ont estimé qu'il s'agissait d'une approche tout à fait « innovante », mais il semble que peu aient souligné que cette approche était plutôt problématique. C'est ce que j'ai ressenti, mais je n'ai pas osé l'exprimer publiquement. Je craignais que ma mentalité pessimiste ne me conduise à des jugements erronés. Mais après avoir lu trois articles, j'exprime maintenant ici courageusement mes inquiétudes pour l'avenir de notre Église.

    Le premier article, « L'Eglise de la révolution permanente », a été écrit le 1er novembre par Jules Gomes. Le second, « Tout, sauf synodal. L'étrange Église voulue par le pape François », écrit par Sandro Magister le 4 novembre. Le troisième article est « Quelques réflexions après le retour de la deuxième session du synode », écrit par l'évêque Robert Barron le 5 novembre.

    Je note les remarques suivantes pour votre information :

    Premièrement, appeler ce synode sur la synodalité un synode des évêques est une appellation erronée.

    La « XVIe Assemblée ordinaire du Synode des évêques », qui a été solennellement ouverte en 2021, est la seizième réunion périodique du « Synode des évêques », créé par le pape Paul VI avec le motu proprio « Apostolica sollicitudo ». L'objectif de la création du « Synode des évêques » par Paul VI est évident : il s'agit de donner au pape, à intervalles réguliers, la possibilité de recueillir l'avis de ses « frères dans l'épiscopat » sur des sujets précis, de sorte qu'il constitue un instrument permettant aux évêques, successeurs des apôtres, d'exercer collégialement leur rôle dans le gouvernement de l'Église.

    Cinq ans après son entrée en fonction, le pape François a apporté des modifications au plan initial du pape Paul VI en publiant la constitution apostolique « Episcopalis communio ». Cependant, lors de cette récente réunion, il n'a même pas respecté les règles qu'il s'était lui-même fixées. Soudain, il a invité, avec son autorité personnelle, 96 laïcs à participer au synode en tant que membres votants.

    Le pape a évidemment le pouvoir de convoquer toute forme de réunion consultative, mais cette fois-ci, il ne pouvait pas dire qu'il avait amélioré le plan initial de Paul VI. Il a utilisé le nom de « synode » pour remplacer le « synode des évêques » par un type hybride de réunion.

    Deuxièmement, quel devrait être le but d'un synode ?

    Nous pouvons voir dans les « synodes » tenus sous le pape François qu'il veut à chaque fois changer les doctrines ou les disciplines de l'Église plutôt que de discuter de la manière dont ces doctrines et disciplines peuvent être protégées.

    Il a profité du synode sur la famille (2015) pour tenter de permettre aux catholiques divorcés et remariés de recevoir la sainte communion. Il a voulu profiter du synode d'Amazonie pour introduire l'ordination de laïcs mariés très respectés (viri probati) comme prêtres. Et en ce qui concerne le synode de cette fois, nous pouvons voir, à travers les deux leaders qu'il a nommés et les documents publiés par le secrétariat, qu'il a quelques objectifs plus larges : changer le système hiérarchique de l'Église (le remplacer par un groupe démocratique de personnes baptisées) ; instituer des diacres femmes (pour ouvrir la voie aux femmes prêtres) ; abolir le célibat sacerdotal ; et changer la doctrine traditionnelle sur l'éthique « sexuelle » (en commençant par la bénédiction des couples homosexuels).

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