Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Economie - Page 25

  • Ecrivons au bourgmestre de Bruxelles pour faire interdire un évènement promouvant commercialement la GPA

    IMPRIMER

    Une initiative d'Action pour la Famille :

    L’organisation américaine Men having babies revient au Hilton de Bruxelles pour promouvoir la gestation pour autrui franchement commerciale les 23 et 24 septembre.

    Envoyez un mail à Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles (cabinet.ph.close@brucity.be
    pour lui demander d’interdire la tenue de cet événement qui incite à une pratique qui traite la femme comme un objet commercial et favorise le trafic des enfants.

    Mettez les mails des conseillers communaux en copie.

    Ecrivez avec vos propres mots en vous inspirant de l’argumentaire ci-dessous.

    L’organisation américaine Men having babies tiendra au HILTON un événement pour promouvoir l’accès à la parentalité via le recours à une mère porteuse aux Etats-Unis ou au Canada. Cette organisation a pour objectif de faciliter la signature de contrats commerciaux de gestation pour autrui (GPA) entre un ou des parents d’intention et les différentes parties impliquées (mères porteuses, cliniques, services juridiques, donneurs de gamètes etc.). Ce type de contrats garantit la remise d’un bébé ‘clé sur porte’ pour un prix qui varie entre 95 000 et 160 000 dollars.

    Cet événement a pour but de promouvoir la gestation pour autrui franchement commerciale. Comme on peut le lire sur leur site www.menhavingbabies.org « Notre annuaire comprend la description détaillée (avec vidéos) de plus de 100 fournisseurs de GPA, et nous présentons les évaluations, les analyses et les coûts concernant des douzaines de sociétés et de cliniques qui pratiquent la GPA. »

    Par la présente, je me permets de vous demander d’interdire par voie d’arrêté la tenue de cet événement pour les raisons suivantes.

    1    Un contrat commercial de gestation pour autrui viole un principe fondamental du droit, à savoir l’indisponibilité du corps humain

    Un contrat commercial de gestation pour autrui oblige la mère porteuse à remettre son enfant aux parents d’intention moyennant une rémunération. Dans un tel cadre,  les organes reproductifs de la mère porteuse sont traités comme des choses qui ont un prix, c’est-à-dire comme des marchandises. Ceci entre en contradiction évidente avec un principe fondamental du droit, à savoir que le corps humain et ses parties sont indisponibles, au sens où ils sont hors commerce et ne peuvent en aucun cas faire l’objet de transactions lucratives.

    C’est pourquoi les contrats de GPA sont nuls et dépourvus de toute valeur légale au regard du droit belge.

    2    La gestation pour autrui commerciale ne respecte pas les droits de l’enfant

    Selon l’article 7 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) de 1989 (signée et ratifiée par la Belgique),  « tout enfant a, dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d’être élevé par eux. » Il faut souligner que, dans la gestation pour autrui, la venue d’un enfant au monde est organisée de telle manière qu’il ne puisse généralement pas connaître sa mère et que – dans tous les cas de figure – il ne soit pas élevé par elle. La pratique de la gestation pour autrui entre ainsi en contradiction avec cet article 7.

    3    La gestation pour autrui commerciale implique la vente d’un enfant

    De plus, dans la gestation pour autrui commerciale, la mère porteuse est payée pour remettre son enfant aux parents d’intention, ce qui revient à leur vendre son enfant. Ceci est totalement contraire aux dispositions de la Convention internationale des droits de l’enfant. En effet, dans son article 35, la CIDE demande que les Etats signataires prennent « toutes les mesures appropriées sur les plans national, bilatéral et multilatéral pour empêcher l’enlèvement, la vente ou la traite d’enfants à quelque fin que ce soit et sous quelque forme que ce soit. » (Art. 35)

    Par ailleurs, de nombreuses associations féministes, tant en Belgique qu’à l’étranger, ont manifesté leur opposition à la légalisation de contrats de gestation pour autrui comme allant à l’encontre de la liberté de la femme. C’est le cas des Femmes Prévoyantes Socialistes en 2016. En outre, la Commission des Affaires Institutionnelles du Sénat s’est prononcée à l’unanimité contre la GPA commerciale, ainsi que l’atteste son Rapport d’information concernant l’examen des possibilités de créer un régime légal de coparentalité du 4 décembre 2015. En Belgique, tous les partis politiques et une très grande majorité de la population sont opposés à la GPA commerciale.

    Pour les raisons exposées ci-dessus, il paraît inacceptable que les autorités de la ville de Bruxelles tolèrent sur leur territoire la promotion d’une pratique contraire aux droits des femmes et des enfants. C’est pourquoi il serait opportun que les autorités communales de la ville de Bruxelles interdisent par voie d’arrêté la tenue au Hilton de l’événement organisé par Men having babies.

    En interdisant cet événement – comme l’article 133 de la Nouvelle loi communale vous y autorise – vous prendriez, Monsieur le Bourgmestre, une décision courageuse. Celle-ci ne manquera pas d’être critiquée par certains. Mais une telle décision serait en plein accord avec les valeurs défendues par votre parti : la liberté des femmes et le respect de leur corps, les droits des enfants et l’opposition à un néo-libéralisme économique effréné pour lequel la recherche de profit va jusqu’à commercialiser des personnes.

    Mails des conseillers communaux

    Malika.Abbad@brucity.be

    Fatima.Abid@brucity.be

    Jean-Marie.Amand@brucity.be

    cabinet.e.ampe@brucity.be

    Mustapha.Amrani@brucity.be

    Clementine.Barzin@brucity.be

    Mohammed.Boukantar@brucity.be

    cabinet.g.coomans@brucity.be

    cabinet.a.courtois@brucity.be

    Dominique.DeBacker@brucity.be

    Bianca.Debaets@brucity.be

    Sbai.Derbaki@brucity.be

    Mohamed.ElHamrouni@brucity.be

    pres.1000@cpasbru.irisnet.be

    Yusuf.Ergen@brucity.be

    cabinet.f.hariche@brucity.be

    kathrine_jacobs@yahoo.fr

    Zoubida.Jellab@brucity.be

    cabinet.k.lalieux@brucity.be

    Catherine.Lemaitre@brucity.be

    cabinet.m.lemesre@brucity.be

    Naima.Maati@brucity.be

    Fabian.Maingain@brucity.be

    Bertin.Mampaka@brucity.be

    mounia_mejbar@hotmail.com

    jm@joellemilquet.be

    Fatima.Moussaoui@brucity.be

    Alain.Nimegeers@brucity.be

    Jacques.Oberwoits@brucity.be

    cabinet.m.ouriaghli@brucity.be

    Sevket.Temiz@brucity.be

    Liesbet.Temmerman@brucity.be

    Celine.Vivier@brucity.be

    Didier.Wauters@brucity.be

    Khalid.Zian@brucity.be


    Action pour la famille-Actie gezin
    http://www.actiegezin-actionfamille.be
    https://www.facebook.com/agaf

  • Et si l'Église se penchait en profondeur sur la question des flux migratoires ?

    IMPRIMER

    Hugues Lefèvre, sur le site de Famille Chrétienne, a recueilli les propos de Marc Fromager, Directeur de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :

    Marc Fromager : " Concernant les migrants, l'Église doit faire un vrai travail de pédagogie "

    Le directeur de l'Aide à l'Église en Détresse (AED) revient sur le message du pape François pour la journée mondiale du migrant et du réfugié. Il estime que le texte ne va pas assez loin dans l'analyse des causes des flux migratoires. Une plus profonde compréhension du phénomène permettrait selon lui de dénoncer notamment les pratiques de l'Occident en Afrique et au Moyen-Orient.

    Comment avez-vous réagi à la lecture du message du pape François sur les migrants ?

    Pour tout vous dire, j'ai d'abord parcouru les réactions occasionnées par le texte avant de le lire… Et le fait de voir certains passages pris et commentés de manière isolée joue à une espèce de dramatisation qui, si on en reste à ce niveau, rend le texte un peu anxiogène. Il faut donc le lire en entier. D'autre part, replaçons le message du pape François dans son contexte. Il ne s'agit pas d'un discours programmatique d'une personne nouvellement élue qui donnerait un cap stratégique et politique précis pour les années à venir. Il s'agit d'un message pour la journée mondiale du migrant qui a lieu chaque année.

    Que retenez-vous de ce message ?

    D'abord, certains points positifs m'ont interpellé. Le fait que le pape rappelle et insiste sur la centralité de la personne humaine. Les migrants ne sont ni des pions, ni une espèce de masse informe, une main d'œuvre ou bien une menace. Ils sont avant tout des personnes. Aussi, le pape évoque à la fin de son message l'opportunité d'évangélisation engendrée par ces flux migratoires. Reste à savoir si, en France par exemple, l'Église a encore les moyens humains, l'énergie et la volonté de s'occuper de ces personnes. Sans parler d'évangélisation proactive, il s'agirait déjà d'être en capacité de répondre aux migrants musulmans qui frappent à la porte des églises.

    Ensuite, j'ai un regret. Je trouve que ce message procède d'une vision un peu pessimiste du monde. Une vision qui consisterait à dire que, quoiqu'on fasse, il y aura toujours autant de migrants. J'aurais attendu que l'Église s'intéresse davantage aux raisons de ces flux migratoires. Car je pense que c'est seulement en identifiant bien les causes que l'on peut s'attaquer aux problèmes. Certes, dans un passage, le pape évoque le fait que l'Église participe à cette recherche des causes mais il ne va pas plus loin. Sur la question complexe des migrants, une analyse plus approfondie du phénomène et un vrai travail de pédagogie de la part de l'Église permettraient à chacun de prendre ses responsabilités.

    Lire la suite

  • L’heure est grave car tout est dans le paraître et dans les techniques de report des problèmes

    IMPRIMER

    De Marc Dugois sur Magistro.fr :

    Les essentiels perdus

    Que ce soit en Belgique, en France ou presque partout en occident, les dirigeants politiques sont perdus. Formés à la démagogie des campagnes électorales et à la discrète recherche de fonds pour les financer, dans un monde dogmatiquement scindé entre droite et gauche et où, être les deux à la fois devient aujourd’hui le nec plus ultra, aucune réflexion de fond ne les encombre, ils "font de la politique".

    Et cela ne marche plus. Les peuples les rejettent et cherchent l’homme providentiel tout en se contentant d’hommes au coups de menton mussolinien façon Trump ou Macron, car les peuples ont été totalement désorientés par des médias qui ont pris le pouvoir au nom de leurs actionnaires. Les voix médiatiques indépendantes comme Zemmour ou Polony en sont écartées et la morale est confiée au Conseil Constitutionnel, au Conseil d’État, au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et au Comité Consultatif National d’Ethique, groupuscules nommés par le pouvoir en place qui leur donne une puissance considérée de plus en plus comme sagesse divine et donc non contrôlable par le peuple. "En même temps" le Président de la République considère qu’il n’est "pas digne d’étaler certains débats sur la place publique" quand le Chef d’État-Major des Armées dit sa vérité aux députés à l’Assemblée Nationale.

    Que Macron et Trump échouent est d’une telle évidence que l’annoncer est sans risque car les essentiels sont perdus. Macron et Trump sont les derniers avatars du système dans les deux pays phares de l’Occident, l’Angleterre, l’Allemagne, le Japon et la Corée du sud n’en étant que les meilleurs techniciens. Si la constitution américaine empêche le totalitarisme, la constitution française le permet et la tentation s’en fera évidemment jour. Espérons que la sagesse et l’humilité l’emporteront !

    Mais quels sont ces essentiels perdus dont nous vivons l’absence par ses innombrables retombées ? Ne faut-il pas mettre provisoirement de côté ces retombées dont tout le monde parle mais qui ne sont que le petit bout de la lorgnette et l’écume des vagues, pour nous concentrer sur ces essentiels perdus dans chacune des 3 bases d’une société, l’économique, l’éducatif et le politique ?

    Mais il faut bien évidemment d’abord prendre conscience de ce qu’est une société. Une société est un groupe d’êtres humains qui, pour pouvoir vivre quotidiennement en groupe, répute comme étant objectifs pour tous ses membres les subjectivités du beau, du bien et du vrai, c’est-à-dire de la richesse, de la clarté et de la justice si l’on fait la symbiose deux à deux de ces trois approches de groupe, objectives pour ce groupe mais subjectives pour tous les autres.

    Lire la suite

  • Le "Passé belge" publie sa première table des matières

    IMPRIMER

    De Paul Vaute sur son blog "Le Passé belge" :

    Une première table des matières

    Depuis que nous avons commencé ce blog, à la mi-décembre 2016, 34 articles y ont été publiés, au rythme d'un par semaine en moyenne. Leur longueur, avec les illustrations, représenterait déjà l'équivalent de quelque 220 pages d'un livre de format in-octavo normal. Un livre ? Il serait plus juste de parler d'une bibliothèque d'histoire de Belgique, en numérique et résumée certes, mais où les références fournies permettent à celles et ceux qui souhaitent approfondir un sujet de remonter aux livres ou aux articles dont nous rendons compte.

    Au moment où "Le Passé belge" va s'accorder une petite pause estivale, voici la table détaillée des matières traitées jusqu'à ce jour. Les textes se retrouvent aisément par la date ou en cliquant dans la liste des catégories. Conformément au cahier des charges que nous nous sommes donné, il est toujours fait écho à des recherches nouvelles ou datant des dernières années. Bien sûr, il faut faire des choix, tant la production historique est riche sous nos cieux. Nous les faisons avec le souci de ne négliger aucun champ, aucune période. Ce n'est pas parce qu'on ne peut pas parler de tout qu'il ne faut parler de rien…

    La suite sur le blog "Le Passé belge"

  • Des avertissements concernant la surpopulation et l’implosion de la population

    IMPRIMER

    De Susan Yoshihara sur le site C-Fam :

    La Journée mondiale de la population (World Population Day) a apporté des avertissements concernant la surpopulation et l’implosion de la population

    NEW YORK, le 14 juillet (C-Fam) Au cours de la célébration de la Journée mondiale de la population cette semaine, les promoteurs de la planification familiale mondiale ont identifié des point critiques tels que les urgences humanitaires et le ralentissement financier mondial pour justifier davantage le financement visant à limiter la population mondiale. Pendant ce temps, leurs critiques ont discrédité les programmes concernant la population et sensibilisé au déclin rapide de la population et à la crise concernant le vieillissement mondial.

    Le principal argument que les promoteurs de la planification familiale utilisaient pour obtenir plus de financement était la théorie d’un «dividende démographique», selon lequel moins d’enfants entraînerait plus d’épargne, d’enseignement supérieur et une meilleure santé par enfant et aussi plus de temps pour les femmes leur premettant de s’engager dans un travail extérieur à la maison . Comme par le passé, les défenseurs ont mis en avant les “Tigres” asiatiques des années 1960 et 1990 comme preuve que la théorie fonctionne. La référence a eu l’effet alternatif de souligner le fait qu’il n’y a pas d’autres exemples marquants que les Tigres. Les pays d’Amérique latine et du Moyen-Orient, qui ont adopté des politiques similaires, n’ont pas eu le même essor de leur croissance économique. En Europe, l’industrialisation n’avait pas pour résultat des familles plus petites, mais c’est plutôt le contraire qui était vrai.

    Cette semaine, les gouvernements des mêmes pays asiatiques ont publié de nouveaux chiffres montrant les effets économiques négatifs à long terme des programmes de planification familiale.

    La Banque de Corée a prévenu que les tendances démographiques pourraient conduire l’économie du pays à générer une croissance proche de zéro en dix ans. La population japonaise a chuté plus rapidement l’année dernière que dans n’importe quelle période depuis le début du sondage gouvernemental en 1968. La semaine dernière, Tokyo a déclaré que, malgré les mesures visant à lutter contre le vieillissement de la population et la perte de pouvoir économique, la population japonaise s’est réduite de 308 084 personnes en 2016, sa huitième année de déclin consécutive. Les jeunes japonais s’abstiennent de relations dans ce que l’on appelle une  sorte d’«épidémie de virginité». La population chinoise vieillit plus rapidement que n’importe où et le nombre de personnes à charge sur chaque travailleur devrait atteindre 44% d’ici 2050.

    Le rapport biennal de la Division population des Nations Unies, publié juste avant la Journée mondiale de la population, a déclaré que la fécondité diminue globalement et que la moitié des pays du monde ont des taux de fécondité inférieurs au niveau de remplacement d’un peu plus de deux enfants par femme. Le nombre de personnes âgées de quatre-vingts ans ou plus devrait tripler d’ici 2050, et la population européenne devrait diminuer de 25 millions à ce moment-là.

    En raison du déclin rapide de la population en Occident, le rapport a qualifié les taux de fécondité africains d’élevés, bien que la fécondité totale soit tombée de 5,1 naissances par femme en 2000-2005 à 4,7 en 2010-2015. Les avocats de ce sujet sur la population ont utilisé le rapport comme preuve d’une crise en Inde et en Afrique, et en particulier au Nigeria, qui selon le rapport projeté dépasserait les États-Unis en tant que troisième nation la plus peuplée d’ici 2050.

    Le Fonds des Nations Unies pour la population et la Fondation Bill et Melinda Gates ont demandé au gouvernement nigérian de déclarer l’état d’urgence en raison de sa forte population prévisionnelle. Les groupes se sont réunis cette semaine avec des défenseurs de la planification familiale à Londres pour recueillir davantage de fonds publics destinés à la planification familiale africaine.

    Joachin Ulasi, directeur de la Commission nationale pour la population du Nigéria à Anambra, a repoussé cela, affirmant que, avec 180 millions de dollars, le Nigeria n’est pas trop peuplé. “Nous avons la chance d’être dans la moyenne (middle-heavy)”, a déclaré Ulasi. “Si vous allez en Grande-Bretagne, vous remarquerez qu’ils ont une population très “pesante” (“heavy”), ce qui signifie qu’ils ont plus de personnes âgées. Au Nigéria, nous avons plus de jeunes qui sont productifs et qui montrent que notre population est de qualité et si nous gérons bien notre population, le Nigéria pourra produire ce dont elle a besoin en tant que nation “.

  • Pourquoi la Belgique affiche-t-elle aujourd'hui un des plus faibles taux de natalité du monde ?

    IMPRIMER

    De Paul Vaute sur son blog "Le Passé belge", un sujet très actuel :

    Toujours moins de berceaux, pourquoi ?

    Avec onze ou douze berceaux par an pour 1000 habitants, la Belgique affiche aujourd'hui un des plus faibles taux de natalité du monde. Au XIXè siècle, il était trois fois plus élevé qu'en ce début du XXIè, évoluant entre 30 et 35 ‰. La chute libre a commencé au début du XXè siècle et n'a été, depuis, interrompue durablement que pendant les vingt années de rebond qui suivirent la Seconde Guerre mondiale (autour de 17 ‰). La récupération intervenue après 1918 avait été quant à elle beaucoup plus éphémère et la reprise enregistrée après les années 1980 fut trop légère. Comment expliquer ce déficit qui frappe, à des degrés divers, tous les pays du monde occidental ?

    Il n'est pas douteux que les causes économiques, fréquemment invoquées, jouent ici un grand rôle. Mais elles interagissent avec beaucoup d'autres et n'opèrent pas toujours en conformité avec les prédictions. C'est ce qui ressort de l'éclairage sur la longue durée – de la fin de l'Ancien Régime à nos jours – que jettent Thierry Eggerickx, Sandra Brée et Mélanie Bourguignon, du centre de recherche en démographie de l'Université catholique de Louvain, après avoir confronté les modèles théoriques et les monographies réalisées particulièrement en région wallonne [1].

    Au XVIIIè siècle et encore pendant une bonne partie du XIXè s'impose la vision d'une population connaissant, autour de taux constants sur le long terme, des fluctuations liées aux revenus, eux-mêmes dépendant de la production et des prix agricoles. Quand les conditions deviennent plus difficiles, voire dramatiques (épidémies), les mariages tardifs et les célibats se font plus nombreux: ce sont les freins démographiques classiques. On ne peut cependant s'en tenir à cette simple équation malthusienne entre ressources et habitants, car d'autres formes d'adaptation ont fait leur chemin. Outre les migrations, les développements de la culture de la pomme de terre, de l'artisanat et des activités (proto-)industrielles, parmi d'autres innovations, s'imposent comme autant de réponses favorables, contrairement aux précédentes, à la natalité. Les situations varient toutefois grandement, même à l'intérieur d'une province, les marchés locaux étant alors très cloisonnés.

    Contrairement à une idée reçue, la transition démographique, marquée par la baisse des chiffres de natalité comme de mortalité, n'est pas liée à la première révolution industrielle. Entre 1840 et 1870, alors que la condition ouvrière ne fait pas mentir les sombres tableaux qu'en brossent Emile Zola ou Camille Lemonnier, la fécondité wallonne est en hausse. C'est qu'autour des usines, le mariage n'est plus subordonné à la possession d'une terre et se fait dès lors plus précoce. L'enfant, en outre, est bien plus qu'une "bouche à nourrir": comme dans le monde rural, il travaille dès le plus jeune âge et c'est lui qui subvient aux besoins de ses parents quand la vieillesse les rend moins actifs ou inactifs. En 1866 encore, on compte en moyenne 5,3 enfants par femme dans la grande majorité des cités industrielles wallonnes et bruxelloises, soit bien davantage que dans les villes moyennes comme Namur ou Tournai (3,7) et que dans les campagnes (4,2). La très paysanne Entre-Sambre-et-Meuse a même connu un refluement décisif des cigognes dès les années 1820-1830, prenant ainsi un demi-siècle d'avance sur le reste de la Belgique romane. Les crises agricoles et alimentaires des années 1845-1856 (maladie de la pomme de terre, mauvaises récoltes de céréales, structure vulnérable...) viennent évidemment perturber la croissance. En 1850, dans de nombreuses communes brabançonnes, un habitant sur deux est recensé comme pauvre, selon leMémorial administratif de la Province. La période est marquée par des mouvements migratoires importants vers d'autres régions, voire vers les Etats-Unis. On se marie moins et on procrée moins aussi.

    Le dernier quart du XIXè siècle connaît également une crise économique à incidences démographiques mais qui, cette fois, ouvre sur la grande transition. Une légère stabilisation, tout au plus, précédera la courbe descendante du XXè siècle. Le travail mené par le professeur Eggerickx sur le bassin de Charleroi, concordant avec celui de René Leboutte sur les bassins en aval de Liège, a permis d'y distinguer trois phases: la première, de 1850 à 1873, marquée par une amélioration relative et progressive du niveau de vie, avec les nouvelles habitudes de consommation qui y sont liées et une fécondité élevée; la deuxième, de 1873 à 1886, pendant laquelle la détérioration socioéconomique se traduit par une tendance à l'espacement ou à l'arrêt des naissances; la troisième, à partir de 1886, qui apparaît comme "une phase de légitimation et de généralisation des attitudes contraceptives, sous l'impact de la limitation du travail des femmes et des enfants, du développement de l'instruction, de la sécularisation de la société, de la baisse de la mortalité infantile et de la propagande néomalthusienne".

    Le tournant est pris et on y voit d'emblée mis en avant des facteurs qui ne sont pas que matériels: ils sont aussi (tout autant ou plus ?) idéologiques, culturels, mentaux... Il est remarquable à cet égard que dès l'extrême fin du XIXè siècle, le sociologue belge Hector Denis, dans Le mouvement de la population et ses conditions économiques (1899-1900), avait formulé une ébauche de théorie explicative invoquant notamment "les progrès de l'individuation" qui "ont contrarié la multiplication de l'espèce". Et de constater que "lorsque le salaire réel a reçu une amélioration suffisamment prolongée pour fixer "l'habitude" d'un mieux-être appréciable, la représentation de la perte, pour soi et pour sa descendance, de l'avantage acquis éveille des sentiments d'égoïsme ou d'altruisme familial qui retardent les unions et contrarient la reproduction de l'espèce". Le langage est daté mais cette approche de la progression du contrôle des naissances comme moyen de préserver l'acquis compromis par la crise est apparue pertinente à un René Leboutte pour comprendre la baisse de la fécondité dans les bassins wallons. Les lois qui limitent le travail des plus jeunes dans les mines et les usines n'ont pu que renforcer le courant. L'enfant "source de richesse" s'estompe sous l'effet des sirènes de la consommation en même temps que l'enfant "don de Dieu" est emporté par le flot de la déchristianisation. Entre 1920 et 1940, chez nous comme dans nombre d'autres pays européens, on tombe sous le plancher des 2 enfants par femme, donc sous le minimum minimorum du renouvellement des générations.

    Mais après ? Autant la relance de la natalité qui suit la Seconde Guerre mondiale peut s'expliquer par la hausse du niveau de vie, autant le grand basculement qui fait passer du baby-boom au baby-bust ne le peut pas. En Belgique comme dans l'ensemble du monde développé, le revirement survient au milieu des années '60, alors que le taux d'emploi et le pouvoir d'achat ne se réduisent pas, bien au contraire. On se trouve toujours au cœur des Trente Glorieuses chères à Jean Fourastié. Débordement du goût pris au confort, qui incite à avoir moins d'enfants pour répondre à des exigences accrues en matière de santé, d'affectivité, de formation, de loisirs… ? Crainte malthusienne devant la perspective d'un marché du travail "saturé" par l'arrivée du grand nombre des enfants nés après 1945, alors que les femmes y sont elles aussi entrées massivement ? Sans doute mais il faut également, soulignent les chercheurs néolouvanistes, compter avec "les mutations qui ont touché la famille traditionnelle – augmentation de la cohabitation hors mariage, du célibat définitif, de la divortialité, des familles monoparentales…" Quand la stabilité et la durabilité du couple est sujette à caution, la femme opte bien souvent pour une attitude attentiste face à la maternité. Et pour obvier à celle-ci, la société moderne regorge de moyens…

    Avec le passage sous les 2 enfants par femme en 1973 et jusqu'à 1,5 en 1980, la Belgique arrive au point où seul le support migratoire empêchera ou retardera l'extinction progressive. Mais en région wallonne, le signal d'alarme d'Alfred Sauvy, non évoqué dans la présente étude, a retenti bien auparavant, dès 1962. Le rapport du spécialiste français sur Le problème de l'économie et de la population en Wallonie a suscité la création du Centre d'étude de la population et de la famille, composé de démographes de toutes les universités belges francophones. Vingt ans plus tard, en 1983, ceux-ci constateront sans fard que nous sommes toujours plus engagés sur la voie de la dépopulation, liée à "l'apparition, dans les nouvelles générations, d'un nouveau système de normes et de valeurs régissant la vie familiale", système "nettement orienté vers l'individualisme, l'épanouissement personnel[2]. Il n'est pas certain qu'aujourd'hui, un groupe pluraliste d'experts pourrait parvenir à un constat moral aussi explicite.

    Ces dernières années, après une embellie de courte durée, la fécondité est repartie à la baisse en 2010, sans qu'on puisse dire, faute de recul, si la crise économique a influé sur ce qui demeure, de toute manière, une tendance globale au déclin. "Aujourd'hui, la maternité n'est plus un destin, mais un projet", titrait en couverture un grand hebdomadaire féminin au début des années '80. Un projet qui subit bien des révisions à la baisse, quand il ne reste pas lettre morte. 

    ---------------

    [1] "Transition de fécondité et évolutions économiques du 18è au 21è siècle. Le cas de la Wallonie", dans Revue belge d'histoire contemporaine, XLVI, 3/4, Bruxelles, 2016, pp. 46-74,https://www.journalbelgianhistory.be/en/system/files/article_summary/005_Bree_Eggerickx_Bourguignon_2016_3_4.pdf (en libre accès).

    [2] La Libre Belgique, 22-23 janv. 1983.

  • Le recours à l’euthanasie s'imposera-t-il demain comme nouveau régulateur démographique ?

    IMPRIMER

    A L’HORIZON 2050, UNE POPULATION FRANÇAISE VIEILLISSANTE, UN ÉQUILIBRE PRÉCAIRE ENTRE LES GÉNÉRATIONS

    Gènéthique vous informe

    L’Insee vient de publier les résultats d’une enquête prospective qui évalue la population française à l’horizon 2050.

    Dans l’hypothèse de la continuité des tendances démographiques actuelles, la population française devrait croître pour atteindre les 74 millions d’habitant soit 8,2 millions de plus qu’en 2013. Mais selon l’Insee, « l’arrivée aux âges de forte mortalité de générations nombreuses du baby-boom »entraînerait une forte hausse des décès dans les années à venir, jusqu’à dépasser le nombre de naissances pour la plupart des régions, donnant lieu à un important vieillissement de la population. Le solde naturel ne serait plus positif en 2050 que dans quatre régions.

    La classe d’âge des séniors de plus de 65 ans sera celle, à l’échelle nationale, dont la croissance resterait la plus importante : de + 2,5% en moyenne annuelle entre 2013 et 2020 à +0,6% entre 2040 et 2050. La proportion des séniors atteindrait 27,2% soit 9,7% de plus qu’en 2013. Le nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus représentera 16 ,4% de la population française en 2050 contre 9,0% en 2013…

    Un vieillissement qui s’explique d’abord par « une baisse du reste de la population » alors même que la croissance du nombre de séniors serait « parmi les plus faibles du pays ». En 2050, seule une personne sur deux compterait parmi les 20-64 ans : soit une diminution de 7,3% par rapport à 2013. Les moins de 20 ans, quant à eux représenteraient 22,3% de la population, soit 2,3 points de moins qu’en 2013. L’Insee précise : «  A l’échelle nationale, il s’établirait en 2050 à 122 personnes de 65 ans ou plus (« seniors ») pour 100 personnes de moins de 20 ans (« jeunes »). En 2013, ce ratio était de 71 séniors pour 100 jeunes ».

    Un scénario alarmant alors que le ministère des solidarités et de la santé vient de publier les chiffres concernant les résidents en établissements d’hébergement[1]. Ils montrent que les personnes accueillies en 2015 sont de plus en plus âgées et plus dépendantes qu’en 2011.

    Ainsi après avoir limé la natalité par l’avortement, il est à craindre que la voie de l’euthanasie ne soit utilisée comme nouveau régulateur démographique, pour rétablir l’équilibre des classes d’âges et limiter les charges financières liées à une population entrée pour moitié dans les troisième et quatrième âges, n’érode la durée de vie... Un calcul cynique et de mauvais aloi qui, sous prétexte de préserver la qualité de vie, ne serait que le constat de notre inhumanité croissante.

    [1] Cf. 728 000 résidents en établissements d’hébergement pour personnes âgées en 2015

  • Les chrétiens sont-ils capables de transmettre leurs convictions sur l’importance de l’existence, la relativité de l’économique, la valeur de l’engagement, de la solidarité ?

    IMPRIMER

    Lu sur le site de l'Eglise catholique à Paris :

    Entretien du cardinal André Vingt-Trois à l’AFP (12 juillet 2017)

    Politique française, crise des migrants, jihadisme... À quelques mois de son départ du siège d’archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, 74 ans, dessine son “idéal” de société contre une “société de fric”, dans un entretien à l’AFP après des mois de silence médiatique - Réalisé par Benoît Fauchet.

    Vous traversez une épreuve de santé, un syndrome neurologique de Guillain-Barré, maladie auto-immune du système nerveux. Comment le vit-on quand on assume vos responsabilités ?

    Je suis un long chemin de convalescence. J’ai partagé modestement la condition des malades, expérimenté la dépendance. J’ai vérifié que mon identité ne se réduisait pas aux activités que je pouvais mener. C’est une leçon de vie, parce que beaucoup de gens ont tendance à juger la valeur des autres par ce qu’ils font, l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes, pas par leur existence propre.

    Quel regard avez-vous porté sur la présidentielle, lorsque les évêques ont été invités à prendre position entre les deux finalistes ?

    Beaucoup de temps médiatique est consacré à des oppositions entre personnages publics, très peu au contenu des événements. Ce n’est pas sain pour la démocratie. Si on essaye de réfléchir sur les enjeux, ce que le conseil permanent des évêques a fait à deux reprises, on dit +l’Eglise n’a rien à dire+. Mais je ne me souviens pas d’un débat électoral où l’Eglise a dit +il faut voter pour untel+. Au fond certains veulent une parole utilisable pour servir de combustible à la polémique. C’est pour ça que je me tais dans ce genre de débat !

    Quelles attentes avez-vous à l’égard du nouveau pouvoir : le rassemblement, l’apaisement des fractures, y compris sur des sujets sociétaux sensibles comme la PMA (procréation médicalement assistée) et la GPA (gestation pour autrui) ?

    La responsabilité de nos gouvernants est d’incarner un projet collectif. C’est irréductible à une vision purement économique et financière de la société, c’est le principe d’une société animée par un idéal. Qu’est-ce qui fait que les Français vivent ensemble, qu’ils sont une nation, une société organisée autour d’un corpus commun ? Chaque fois qu’on prend des décisions qui effritent ce corpus, on appauvrit les possibilités de permettre aux jeunes d’identifier ce qui est commun. Donner l’impression qu’on peut fabriquer des enfants au gré de ses désirs et les regarder pousser de loin, ce n’est quand même pas donner une image très forte de la transmission intergénérationnelle... Si nous n’avons pas un minimum d’idées et de consensus sur ce qui est bon pour l’Homme, aucun vote ne peut le définir.

    On pourrait penser que l’Église est plus discrète sur les questions de solidarité, l’accueil des migrants : ce n’est pas le cas ?

    Ce qui définit clairement l’identité chrétienne, ça n’est pas l’adhésion à des valeurs, c’est la mise en pratique de convictions. Il n’est pas difficile de tenir des discours enflammés ; ce qui est plus compliqué, c’est de retrousser ses manches et de réaliser quelque chose, qui n’est pas forcément spectaculaire. Ainsi des paroisses et associations dans les quartiers nord de Paris, qui n’ont pas des ressources illimitées, s’engagent sur l’accompagnement et l’intégration des migrants.

    Mais - question plus radicale - veut-on ou non accueillir ces malheureux ? Cette question semble appeler une réponse évidente, qui n’est pas portée par la société. Il faut un objectif suffisamment structurant pour convaincre que l’accueil des pauvres va coûter quelque chose à chacun.

    Comment voyez-vous les tensions que le terrorisme islamiste fait peser sur le monde, notamment sur la France ?

    Nous pouvons espérer que les armées vont arriver à venir à bout du groupe Etat islamique. Mais quand ce sera fini, ce ne sera pas fini ! Ce serait céder à l’illusion de certains courants politiques selon laquelle le terrorisme nous vient d’ailleurs et par des migrants. La majeure partie des terroristes ont surgi dans nos sociétés, trop souvent vides de sens. Il faut développer les mesures coercitives, mais quand on traite les symptômes, on n’a pas soigné la maladie. Notre société ne peut-elle susciter que le rejet ou le fanatisme terroriste, ou bien susciter une compétition positive par les espérances qu’elle porte ?

    Dans quelques mois, atteint par la limite d’âge (75 ans en novembre), vous allez quitter votre siège d’archevêque de Paris. Quels seront les défis à relever par votre successeur ?

    L’Église qui est à Paris est vivante, elle a la capacité de se développer. Comme d’autres, elle est dans une période de cassure entre l’héritage d’une société post-chrétienne et l’avènement d’une société des idoles - une société de fric. Le défi des chrétiens est de savoir s’ils vont être capables de transmettre à la génération qui vient leurs convictions sur l’importance de l’existence, la relativité de l’économique par rapport au spirituel ou au culturel, la valeur de l’engagement, de la solidarité.

  • Le prochain pape pourra-t-il se démarquer de la ligne du pontificat actuel ?

    IMPRIMER

    De Sandro Magister sur son blog "Settimo Cielo" :

    Comment François prépare la place pour son successeur

    François n'a aucun désir de passer dans l'histoire comme un pape "de transition". Ce qu'il fait, il veut que cela dure après son départ. Et pour en être certain, il institutionnalise les choses qui lui sont les plus chères, il les rend stables, en faisant seul d'avance le tirage de tous les nombres. 

    La Journée Mondiale des Pauvres est une de ses créations, officiellement institutionnalisée il y a quelques semaines.

    L'idée de Jorge Mario Bergoglio selon laquelle l'Église est comme un «hôpital de campagne» se traduira chaque année dès maintenant, en novembre, par une célébration des œuvres de miséricorde pour les affamés, ceux qui sont nus, sans-abris, étrangers, ou en prison.

    Avec le pape, ce pape qui, à Rome, mangera avec des centaines de pauvres, il sera difficile pour un de ses successeurs de ne pas faire de même. Le pape François conduira la répétition générale à Bologne le 1er octobre prochain, où le programme de la visite prévoit déjà qu'à midi, le pape sera "à déjeuner avec les pauvres à la basilique de San Petronio".

    Ensuite, il y a les «Scholas Occurrentes», un réseau d'écoles qui, né à Buenos Aires lorsque Bergoglio était archevêque de cette ville, relie plus de 400 000 instituts dans le monde entier, peu importe qu'ils soient catholiques ou laïcs.

    Il n'y a rien de religieux dans les réunions de ces écoles; les mots et les concepts qui président sont le «dialogue», l'«écoute», la «rencontre», les «ponts», la «paix», l'«intégration». Et en parcourant même les nombreuses communications que François a adressées aux «Scholas», le silence sur le Dieu chrétien, sur Jésus et l'Evangile, est pratiquement sépulcral.

    Mais en dépit de cela, le pape a érigé les «Scholas Occurrentes» en tant que «pieuse fondation» de droit pontifical, accueille leurs conférences mondiales au Vatican et, il y a trois semaines, le 9 juin, a inauguré un bureau pour eux au sein du Palais pontifical, ce qui rendra la tâche plus compliquée pour les déloger dans le futur.

    Le tournant n'est pas de peu d'importance. Pendant des siècles, les écoles de la Société de Jésus ont été le phare de l'éducation catholique. Alors que ces «Scholas» si chères au pape jésuite innovent davantage par de fréquents matchs de football «pour la paix» qu'il parraine avec, à ses côtés, Maradona, Messi ou Ronaldinho, ainsi que par la rencontre bizarre qui s'est déroulée il y a un an sur le ring à Las Vegas - également convoquée par le pape sous la bannière du dialogue - entre un boxeur catholique et un boxeur musulman, et qui ont tous deux été reçus à Sainte Marthe après que le musulman, qui a perdu au classement au sixième round, a pu quitter l'hôpital .

    Dans le domaine politique, la même chose se passe. Il ne se passe pas un an sans que François ne convoque autour de lui une réunion mondiale de ce qu'il appelle les «mouvements populaires».

    Ce réseau de mouvements n'existait pas avant lui, loin de là. C'est une autre de ses inventions. Il en a confié la sélection à un ami syndicaliste argentin, Juan Grabois, qui va les pêcher chaque fois parmi les irréductibles lors de rassemblements historiques anticapitalistes et anti-mondialistes de Seattle et de Porto Alegre, avec l'accompagnement de groupes indigènistes et environnementalistes, avec des invités éminents comme le président bolivien Evo Morales, en qualité de cultivateur de coca, ou l'ancien président de l'Uruguay José "Pepe" Mujica, au passé de guérillero, qui s'est maintenant retiré pour mener une vie frugale dans une ferme.

    Lors de ces rassemblements, José Bergoglio prononce à chaque fois des discours ardents de trente pages et plus, qui constituent la quintessence de sa vision politique générale, qui prend appui sur le peuple vu comme une «catégorie mystique» appelée à racheter le monde.

    Il y a eu quatre convocations jusqu'à présent: la première à Rome en 2014, la seconde en Bolivie en 2015, la troisième à Rome en 2016, la quatrième - à l'échelle régionale - à Modesto aux États-Unis en février dernier, avec le pape les rejoignant cette fois par vidéoconférence. D'autres suivront.

    Mais ce n'est pas tout. A l'intention de son successeur, François a pris encore plus les devants. Ainsi a-t-il congédié tous les membres de l'Académie Pontificale pour la Vie et en a-t-il nommé de nouveaux. Avec la différence qu'auparavant ils étaient totalement unis contre l'avortement, la procréation artificielle et l'euthanasie, mais qu'aujourd'hui il n'en va plus de même, chaque membre de l'Académie pensant à sa manière. Tout cela parce que c'est le dialogue qui doit être placé en premier lieu.

    __________

    Ce commentaire a été publié dans "L'Espresso" no. 26 de 2017, sur les kiosques le 2 juillet, sur la page d'opinion intitulée "Settimo Cielo" confiée à Sandro Magister.

  • Quand l'infidélité devient un produit commercial banal

    IMPRIMER

    De Martin Van Breusegem en Carte blanche sur le site du Vif :

    L'infidélité, un business juteux

    La nouvelle campagne publicitaire de Gleeden, le site Web qui commercialise l'adultère, se déploie depuis quelques jours dans les principales gares de Belgique. La réalité cachée derrière la pub est loin d'être reluisante...

    Apparue sur la toile en 2009, cette plateforme offre à ses utilisateurs "d'entrer en contact en toute sécurité avec les infidèles du monde entier". La pomme à moitié croquée qui envahit les panneaux d'affichage est aussi brillante que celles de nos supermarchés -société de consommation oblige. La réalité qu'elle cache est quant à elle, loin d'être reluisante.

    Tout est à vendre

    Le Marché s'est emparé de nos chambres à coucher. La révolution numérique n'a fait qu'accélérer ce phénomène, donnant aux géants du Net, les clefs de nos alcôves. La pornographie, qui sature nos écrans et formate nos imaginaires, en est peut-être l'exemple le plus criant. Aujourd'hui, l'industrie du sexe, modifiée comme de nombreux autres secteurs par l'ubérisation, pèse plusieurs centaines de milliards.

    Dans cette nébuleuse, les sites de rencontre, qu'ils soient payants ou non, permettent à leurs utilisateurs de trouver l'âme soeur... ou un plan Q. Si des couples se créent sur Internet, ils peuvent désormais s'y défaire. Avec Gleeden c'est en effet l'adultère qui fait l'objet d'un business.

    L'individu (presque) libre

    Qu'on ne s'y trompe pas : là où Meetic ou Tinder mettent en contact, Gleeden sépare. Dédié aux femmes et hommes mariés, le site se propose de remplacer la réalité du lien marital par l'illusion, de surcroît virtuelle, de l'aventure extra-conjugale. Symptôme de l'indivudalisme ambiant, il participe pleinement à la "dissolution de tous les liens sociaux", dénoncée par Guy Debord dans la Société du spectacle.

    Lire la suite

  • Réfléchir sur les migrations

    IMPRIMER

    De Yves Gazzo sur Magistro :

    Quelques réflexions sur les migrations

    Intervention présentée à l'occasion de l'Assemblée générale des anciens fonctionnaires de l'UE lundi 27 mars

    De nos jours nous avons tendance, en Europe, en France, simples citoyens ou responsables politiques, à commenter, à disserter, à s'opposer, sur le thème des migrations humaines : danger ou apport pour nos sociétés post industrielles et vieillissantes, mais qui restent attractives pour ceux et celles qui sont à la recherche d'un El Dorado, d'un monde simplement meilleur ; au risque de nous faire oublier que les migrations sont multiples, qu'elles concernent des domaines variés avant tout et qu'elles sont évolutives, dans l'espace et dans le temps même si certaines constantes sont à souligner ici ou là et que les déclarations intempestives de responsables politiques sur ce sujet relèvent plutôt de la posture que de la possibilité réelle de contrôler les flux migratoires.

    La diversité des types de migrations 

    Il existe des types très variés de migrations : celles animales bien connues avec les longs déplacements des oiseaux, des animaux en liberté, des occupants des mers ; qui d'entre nous n'a pas admiré la beauté des flamands roses ou des gnous en Afrique de l'est, des oies du Canada aux Etats-Unis, des requins baleine dans le goubet de Djibouti ? Mais souvent certains virus émergent, voyagent aussi et représentent des dangers réels pour les habitants de cette planète. Migrations de l'information, des œuvres d'art, des systèmes politiques, des finances (envois d'argent des émigrés vers leur pays d'origine),… etc.

    Ces thèmes variés, avec le phénomène migratoire en commun feront l'objet de différentes communications au sein de l'Académie des sciences d'outre-mer dont j'assure la présidence, sans oublier les migrations humaines, sujet dont je souhaite vous entretenir aujourd'hui.

    Les migrations humaines aujourd'hui : un mouvement fort et qui n'est pas près de s'arrêter 

    Entre 2000 et 2015 le nombre de migrants a bondi pour atteindre un total de 244 millions de personnes vivant en dehors de leur pays d'origine dans le monde selon les sources des Nations Unies. Parmi elles, 60 millions sont des migrants et des réfugiés hors de leur pays d'origine et environ 6 millions sont "coincés" dans un pays ou une zone de transit ; 1 personne sur 112 est, soit un réfugié soit un demandeur d'asile soit un déplacé intérieur. La gestion hasardeuse de ces populations a aussi contribué à la création de camps de réfugiés de "longue durée". On compte aujourd’hui 32 camps de réfugiés installés depuis plus de 25 ans et ces colonies temporaires sont destinées à devenir des villes permanentes, privées toutefois d'infrastructures et d'activités économiques dignes de ce nom.

    Lire la suite

  • La foi chrétienne peut-elle s'accomoder du libéralisme économique ?

    IMPRIMER

    Du Père Etienne Perrot s.J. sur le site aleteia.org :

    Le libéralisme économique est-il compatible avec la foi chrétienne ? 

    Oui mais. L’Église a fini par s’accommoder, sinon à se rallier, à la démocratie libérale. En revanche, le capitalisme libéral, dominé aujourd’hui par la sphère financière, appelle un discernement critique.

    Un peu d’histoire

    Le libéralisme est à la fois un mouvement historique et une idéologie fondée sur le principe de l’autonomie individuelle. L’enjeu en est le rapport entre, d’une part, la vérité de l’homme dans sa liberté et, d’autre part, la justice sociale. Comme pour le marxisme, l’Église a distingué le libéralisme comme « idéologie condamnable » du libéralisme comme « mouvement historique » avec lequel on peut, dans la pratique, composer. Jean-Paul II, en 1981, dans Laborem exercens (LE 14, 3-4) rappelle en outre le primat du travail sur le capital et promeut la participation, non seulement au profit, mais également au pouvoir dans l’entreprise. Il écorne ainsi le droit exclusif des actionnaires.

    Faire triompher la justice

    Dès l’encyclique inaugurale du 15 mai 1891 Rerum novarum (RN) Léon XIII prend acte de la disparition de l’ancienne organisation du travail qui insérait les ouvriers dans des solidarités corporatives et professionnelles. L’encyclique avance que les deux classes sociales (patrons et ouvriers) ainsi formées ne sont pas antagonistes (RN 15, 1) mais qu’elles doivent se coordonner pour faire triompher la justice. L’originalité la plus remarquable de cette première grande encyclique sociale est qu’elle se situe dans une perspective de réforme de la société. Elle va au-delà d’un appel à la conversion des mœurs et ne se contente pas de promouvoir la sensibilité sociale dont avaient fait preuve tant de chrétiens des siècles passés. Il est vrai que les catholiques sociaux, du XIXesiècle notamment, furent le plus souvent antimodernes et bien peu libéraux.

    Un dilemme à discerner

    Vu sous l’angle d’un mouvement historique dont le catholicisme ne remet pas en cause les deux prémisses institutionnelles, propriété privée et salariat, les effets sociaux du capitalisme libéral ont cependant provoqué une parole de discernement critique : d’un côté l’efficacité de la production favorisée par la concurrence ; de l’autre côté les dérives trop réelles du système de marché laissé à lui-même sans autre règle que celle des préférences individuelles. Le marché libéral a des effets sociaux injustifiables dénoncés dès Rerum novarum. Jean-Paul II dans l’encyclique Centesimus annus (1991) soulignait le dilemme : « Il semble que, à l’intérieur de chaque pays comme dans les rapports internationaux, le marché libre soit l’instrument le plus approprié pour répartir les ressources [sous-entendu productives] et répondre efficacement aux besoins. Toutefois, cela ne vaut que pour les besoins “solvables” parce que l’on dispose d’un pouvoir d’achat. » (CA 34)

    Lire la suite sur aleteia.org