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Ethique - Page 24

  • « L’être humain est devenu d’une légèreté criminelle à l’égard du vivant »

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    De Danielle Moyse sur Gènéthique :

    « L’être humain est devenu d’une légèreté criminelle à l’égard du vivant »

    29/4/2024

    Danielle Moyse, philosophe, professeur et chercheuse associée à l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux, réagit suite à l’arrêt rendu par la Cour suprême de l’Alabama en le 16 février 2024 qui a autorisé trois couples à demander réparation pour la destruction de leurs embryons cryoconservés (cf. Alabama : la décision de la Cour suprême continue de faire des vagues). Elle dénonce toutes les manipulations des hommes sur le vivant, et sur la vie humaine en particulier.

    Tout le problème commence pour moi, à la cryogénisation. Que les embryons puissent être l’occasion de « stockage », dont on pourra à l’occasion « faire usage » ou non, suivant le bon vouloir de couples, témoigne du fait que l’humanité s’est arrogé les pleins pouvoirs sur l’ensemble des phénomènes, sans s’apercevoir qu’elle allait elle-même être prise dans la réquisition (cf. Embryons congelés : le casse-tête des cliniques, le dilemme des parents).

    Que d’un seul coup, quelqu’un ou quelques-uns se soient en l’occurrence avisés qu’il s’agissait d’un enfant potentiel fait soudain frémir, parce qu’on préfère voir dans ledit embryon un « projet parental » qui n’a pas, en tant que tel, d’existence propre (cf. Le projet parental légitime-t-il la venue de l’enfant ?). Il est vrai que le sort des embryons est « suspendu » à la décision des couples qui en sont l’origine. Pourtant, si l’enfant potentiel n’est que potentiel, le devenir de celui-ci aboutirait bien à l’existence d’un être humain s’il se développait. Le paradoxe c’est de vouloir traiter des embryons comme des pièces en stock, puis ensuite de dire que ce n’en sont pas. Il est vrai que ce n’en sont pas, mais il fallait peut-être s’en apercevoir avant.

    « L’impossibilité de composer avec les objections que nous oppose le réel »

    Le vocabulaire employé est ici décisif. Si on disait : « on va cryogéniser des enfants potentiels », il est possible qu’on ne puisse plus les cryogéniser. De même, tant qu’on parlait de mère porteuse, l’expression était en soi « préventive » contre le développement du phénomène. Dès qu’on parle de gestation pour autrui (GPA), on désigne une action philanthropique qui pourrait emporter l’approbation (cf. Exploitation de la GPA : une forme de traite des êtres humains selon le Parlement européen).

    De l’adoption à la culture de tant de formes possibles de fécondité, hors la procréation, il existe d’autres voies pour parvenir à réaliser un désir d’enfantement (cf. Le désir d’enfant, envers et contre tout ?). Ce n’est pas la même chose, objectera-t-on, mais l’impossibilité de composer avec les objections que nous oppose le réel me paraît la voie la plus sûre pour le détruire. C’est d’ailleurs ce que nous sommes en train de faire.

    Ici, on traite un enfant à venir comme une pièce en stock, puis ensuite on dit « c’était un enfant ». Jusqu’à nouvel ordre, on n’a pourtant pas encore entendu dire qu’on pouvait mettre ses enfants au congélateur ! Il semble que le juge ait reconnu que les parents n’ont pas perdu qu’un « projet », ou un objet, mais un possible enfant. Il dit quelque chose de vrai. Mais le problème est antérieur à la destruction des dits « embryons », il commence dans le projet de les stocker.

    « Nous nous sommes autorisés toutes les manipulations sur le vivant »

    Récemment, une pétition a été déposée parce qu’on projette en Irlande d’abattre 200 000 vaches. On vient de s’apercevoir qu’elles produisent de la pollution. On est ici dans les mêmes logiques : on a produit des stocks de vaches, en oubliant seulement que ce sont des êtres sensibles. D’un seul coup, elles sont devenues gênantes, et on les liquide. Peut-être un malheureux éleveur s’écriera-t-il : « mais ce sont des vaches, ce sont mes vaches ! »

    L’être humain est devenu d’une légèreté criminelle à l’égard du vivant, qu’il a converti en stock à disposition. Et parmi les êtres vivants, il y a l’homme lui-même. Tout cela semble presque relever de la science-fiction : nous nous sommes autorisés toutes les manipulations sur le vivant, et sur la vie humaine en particulier, et de temps en temps la violence, les incohérences de ce dispositif nous éclatent à la figure.

  • De féministes à conservatrices : une transition inattendue

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    D'Hélène de Lauzun sur The European Conservative :

    De féministes à conservatrices : une transition inattendue

    Moutot et Stern ont rompu leurs liens avec la gauche dont elles sont issues et s'en tiennent fermement à la vérité.

    5 mai 2024
     
    « De plus en plus de gens me qualifient de féministe conservatrice. Et ça me va très bien. Si garder le sens des réalités, dire qu'il y a 2 sexes et que 2 + 2 = 4, c'est être conservateur, ne vous inquiétez pas, je suis conservatrice. Je suis conservatrice ! Je suis conservatrice ! »

    Tels sont les mots facétieux que Dora Moutot, féministe convaincue, a postés sur son compte X il y a un peu plus d'un an - un « coming out » plutôt inattendu de la part d'une jeune femme que rien ne prédisposait à de telles déclarations. Diplômée en arts et mode, elle avait lancé un blog sur Le Monde destiné à désinhiber la sexualité des femmes, puis un compte Instagram à succès visant à critiquer les relations sexuelles traditionnelles, qu'elle accusait d'être soumises à la domination masculine. Elle a été rédactrice en chef adjointe de Konbini, un site web destiné aux jeunes qui a déversé son lot d'opinions politiquement correctes sur tous les sujets, de l'écologie à la cause des migrants en passant par le sort des actrices porno - toutes choses qui produiraient normalement une réaction allergique mais saine chez le lecteur moyen de The European Conservative.

    Et Marguerite Stern ? Dans l'hebdomadaire conservateur Valeurs actuelles, elle déclarait il y a quelques jours : « Sur la place de l'Eglise catholique en France, j'ai un peu changé de position : sans être croyante, je pense qu'elle a un rôle structurant à jouer dans le pays. » C'est cette même femme qui, en d'autres temps, a paradé seins nus autour de Notre-Dame de Paris en tant que membre des FEMEN, un collectif féministe qui s'est fait une spécialité d'exécuter tout ce qui relie encore vaguement la société française à ses racines catholiques traditionnelles. Aujourd'hui, elle envisage de prendre son bâton de pèlerin et de se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. 

    Comme le dirait Hegel (pour les nuls), la ruse de la raison se trouve partout ; et comme le dirait Voltaire (toujours pour les nuls), l'ouverture d'esprit apporte des surprises inattendues. Un esprit authentiquement libre ne peut pas classer définitivement les gens sans prendre le temps de découvrir exactement ce qui se cache derrière. Un esprit authentiquement chrétien sait que même une brebis apparemment perdue mérite que l'on s'occupe d'elle - et qu'elle vous le rendra sûrement un jour ou l'autre. C'est dans cet esprit qu'il nous fallait regarder plus loin que le bout de notre nez et écouter ce que ces deux charmantes dames avaient à nous dire. Nous les avons rencontrées et nous avons passé un excellent moment en leur compagnie.  

    Si Dora Moutot et Marguerite Stern ont été approchées par The European Conservative, ce n'est pas en raison de leurs réalisations passées, mais en tant qu'auteures impertinentes de Transmania, qui dénonce l'avancée inexorable et destructrice de l'idéologie transgenre dans nos sociétés occidentales. 

    C'est la défense originelle de la cause des femmes qui les a amenées à mener un nouveau combat, cette fois contre les méfaits du « transgenderisme », qui n'est pas tant l'existence de personnes transgenres que leur agrégation en un lobby ultra-puissant dont le but est de déconstruire violemment la réalité et les corps - et dont les femmes sont les premières victimes. Anciennement féministes, Stern et Moutot sont devenues « fémellistes ». (féministes). Ce néologisme leur permet de souligner une vérité éternelle, à savoir que les femmes sont les femelles de l'espèce homo sapiens à laquelle nous sommes censés appartenir - même si notre côté « sapiens » laisse franchement de plus en plus à désirer. 

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  • Transhumanisme et transgenrisme : Quand la famille devient obsolète

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    De Susanne Hartfeld sur le Tagespost :

    Transhumanisme et transgenre : Quand la famille devient obsolète

    La transsexualité n’est pas du transhumanisme, mais il existe des preuves suggérant que les transhumanistes promeuvent l’agenda transgenre. Les familles ne peuvent s’attendre à rien de bon de l’une ou l’autre idéologie

    5 mai 2024

    Le transhumanisme est une religion scientifique qui vise à créer un nouvel être humain. La manipulation génétique et la fusion de l’intelligence biologique et artificielle sont pour cela les méthodes privilégiées. Les transhumanistes spéculent que les nouveaux posthumains seront supérieurs aux humains d'aujourd'hui, atteindront un niveau d'évolution plus élevé et deviendront finalement immortels. Des personnes riches et influentes occupant des postes élevés dans les affaires, la politique et la science à travers le monde adhèrent à cette idéologie et favorisent sa mise en œuvre avec beaucoup d’argent.

    La séparation complète de la sexualité et de la reproduction fait partie de l’agenda transhumaniste. Du point de vue des transhumanistes, la sexualité est un acte purement physique qui procure plaisir et satisfaction. À cette fin, les sensations sexuelles désirées peuvent également être évoquées ou augmentées par la pornographie, les drogues et d'autres moyens, tandis que les sensations indésirables peuvent être réduites.

    La mère n'a plus d'importance et l'enfant devient un produit

    Les transhumanistes considèrent la fécondation in vitro comme un premier pas dans cette direction, mais tentent de développer (davantage) des technologies supplémentaires telles que les utérus artificiels, le clonage et la reproduction unisexuée, afin de séparer la conception et la naissance d'enfants des rapports sexuels et de la maternité à l'avenir. . Les processus naturels n’y jouent plus aucun rôle, par lesquels la femme en tant que mère disparaît tout comme l’enfant reçu en cadeau devient un pur produit.

    Ces idées des transhumanistes sur les questions du mariage, de la famille et de la sexualité peuvent être lues dans le livre du transhumaniste allemand Stefan Lorenz Sorgner intitulé Transhumanisme. « L’idée la plus dangereuse au monde ! ? » ou dans l’essai des postgenderistes américains James J. Hughes et Georges Dvorsky intitulé « Postgenderism : Beyond the Gender Binary ».

    Produire industriellement des enfants en masse

    Le magazine MIT Technology Review, qui proclamait fièrement « Nous pouvons désormais concevoir la race humaine » sur sa couverture en mai/juin 2015, a annoncé en septembre 2023 que l’utérus artificiel était sur le point d’être testé sur des humains. Les scientifiques qui travaillent là-dessus – par exemple dans Children ? L’hôpital de Philadelphie, le projet australo-japonais EVE Therapy ou le projet Perinatal Life Support financé par l’UE soulignent qu’il s’agit uniquement d’une amélioration des soins pour les naissances prématurées.

    Il y a deux ans, le biologiste moléculaire Hashem Al-Ghaili avait fait sensation avec une vidéo promotionnelle pour une société fictive appelée EctoLife, dans laquelle il décrivait comment, à l'avenir, des enfants pourraient être produits en masse dans des incubateurs. Il avait réfléchi logiquement aux idées transhumanistes et aux projets scientifiques actuels.

    Conception du genre selon les souhaits individuels

    Dès lors, la famille naturelle ne joue plus de rôle dans le transhumanisme. Elle peut être abolie et remplacée par des relations entre deux adultes ou plus dont les enfants sont créés artificiellement à l’aide du matériel génétique de deux personnes ou plus.

    Les transhumanistes considèrent également le genre biologique comme une restriction déraisonnable à la liberté humaine de développer une identité de genre individuelle. Les transhumanistes promeuvent la conception du genre selon les souhaits individuels et considèrent les formes humaines intermédiaires entre l’homme et la femme comme tout aussi acceptables que la création artificielle d’organes sexuels complètement nouveaux aux fonctions modifiées.

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  • Il ne faut pas compter sur "Les Engagés" pour défendre le droit à la vie de l'enfant à naître

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    Lu sur le Soir de ce 4 mai (p. 12) :

    « Nous sommes favorables à l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution »

    L’abandon de l’ancrage chrétien est l’une des conséquences de la transformation du CDH en Les Engagés. Pour certains, comme Jean-Luc Crucke, cette disparition du lien avec la religion chrétienne a rendu possible une arrivée au sein des troupes renouvelées de Maxime Prévot. Le processus de réflexion interne, qui a mené à la naissance du nouveau mouvement, s’était penché sur des dossiers très symboliques pour les anciens chrétiens-démocrates, comme celui du droit à l’avortement. Question qui reste toujours importante aujourd’hui, et sur laquelle Les Engagés disent « vouloir avancer sans tabou dans un débat serein et non caricatural ». Mais encore ? « D’abord, nous sommes favorables à l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution. Nous sommes aussi en faveur de la dépénalisation de l’avortement, de la réduction du délai de réflexion et de l’allongement du délai pour avorter sans motif médical », avance le bourgmestre de Namur. 

  • Belgique, où vas-tu ?

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    La Belgique de demain sera-t-elle confédérale ? Cette perspective n'est plus à exclure avec ce projet de révision de  la Constitution dans laquelle on veut inscrire en même temps des "droits humains" tels que ceux de l'avortement ou de l'euthanasie. La dérive de nos institutions et les perversions éthiques sont ainsi appelées à "s'inscrire dans le marbre"...

    De l'Echo (Christine Scharff) :

    Élections 2024: le gouvernement ouvre la porte à une réforme de l'État

    Le gouvernement De Croo s'est accordé, vendredi, sur une liste d'articles de la Constitution à réviser. Il ouvre ainsi la porte à une réforme de l'État.

    Les principaux ministres du gouvernement De Croo, réunis en kern ce vendredi, se sont accordés sur la liste des articles de la Constitution qu'ils souhaitent ouvrir à révision. Une liste "ambitieuse", affirme David Clarinval (MR), chargé avec Annelies Verlinden (CD&V) des réformes institutionnelles et du renouveau démocratique.

    "La révision de l'article 195 permettra d'œuvrer à une nouvelle structure de l'État après les élections."

    MINISTRE DE L'INTÉRIEUR

    La liste arrêtée par le gouvernement comprend en effet l'article 195, qui peut être utilisé comme passe-partout institutionnel, puisqu'il règle la procédure de révision de la Constitution elle-même.

    "La révision de l'article 195 permettra d'œuvrer à une nouvelle structure de l'État après les élections", souligne la ministre Verlinden, évoquant des paquets de compétences plus homogènes. "L'objectif est de renforcer l'autonomie des entités fédérées, et le pouvoir de l'État fédéral", assure le Premier ministre Alexander De Croo.

    Une utilisation contestée

    Une utilisation de l'article 195 que le constitutionnaliste Marc Verdussen qualifie de "détournement". "Si l'ouverture de cet article sert à entamer un vrai débat sur la procédure de révision de la Constitution, bravo. Mais si c'est pour, comme en 2010, réviser sous la prochaine législature une série d'articles qui n'ont pas été déclarés ouverts à révision, cela m'inquiète", explique le professeur de droit constitutionnel à l'UCLouvain.

    Son confrère Christian Berhendt (ULiège) tempère. "La liste des articles à réviser est finalement beaucoup plus fournie que les 5 articles envisagés dans le préaccord de 2021. Cela rend d'autant moins impérieuse l'utilisation de l'article 195 comme "passe-partout"."

    Le gouvernement De Croo ouvre aussi une série d'articles à révision afin de permettre un débat sur l'avenir du Sénat, que plusieurs partis souhaitent purement et simplement supprimer.

    De nouveaux droits

    La Vivaldi propose par ailleurs de moderniser les droits fondamentaux. Elle énumère ainsi une série de nouveaux articles qui pourront être insérés dans le titre II de la Constitution. "Cela permettra par exemple d'inclure le droit à la sécurité ou à un procès équitable, mais aussi de débattre de questions éthiques ou du droit à la neutralité de l'État", souligne David Clarinval.

    "Il est aussi prévu d'insérer des articles nouveaux ayant trait aux droits déjà reconnus dans les conventions européennes et internationales, remarque Marc Verdussen. Cela ouvre des chantiers constitutionnels intéressants et importants, qui devraient permettre de moderniser la Constitution." Le constitutionnaliste regrette, par contre, qu'il ne soit pas prévu que la question du numérique fasse son entrée dans la Constitution.

    En plus de permettre l'insertion d'une série de nouveaux articles, le gouvernement De Croo ouvre aussi dans ce titre II une série d'articles existants à révision, comme l'article 11 bis alinéa 2, pour garantir une représentation hommes-femmes plus équilibrée au sein des gouvernements, l'article 23, pour moderniser le secret de la correspondance, ou l'article 25, sur la liberté de la presse. "L'intention est d'aller de l'avant, pas de reculer sur les droits et libertés", insiste Alexander De Croo.

    Il appartiendra au constituant de décider quelle révision il veut effectuer. Juridiquement, les déclarations du gouvernement actuel ne le lient pas.

    Il appartiendra ensuite au constituant, à savoir les députés et sénateurs désignés suite aux élections du 9 juin, de décider quelle révision il veut effectuer. Seule la liste des articles ouverts compte. Les déclarations d'intention du gouvernement actuel ne le lient pas.

     
  • Les hôpitaux "catholiques" de Bruxelles sont contraints de pratiquer l'avortement

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    La docilité avec laquelle ces hôpitaux "catholiques" se plient aux ukases de la Région bruxelloise nous interroge tout autant que l'absence (à notre connaissance) de protestations de la part de l'archevêché de Malines-Bruxelles, mais qui s'en étonnera ?

    Du site de la RTBF :

    Les hôpitaux bruxellois désormais obligés de pratiquer l’IVG : "On est passés de zéro avortement à trois par semaine"

    C’est un virage à 180 degrés pour certains hôpitaux de la capitale. A commencer par la Clinique Saint-Jean, située au cœur de Bruxelles. En un siècle d’existence, l’hôpital, de tradition catholique, n’avait jamais pratiqué d’interruption volontaire de grossesse (IVG). Mais depuis le 1er janvier 2024, un arrêté de la Région bruxelloise l’y oblige.

    "On n’avait pas développé ça jusqu’à présent car on était bien entourés par des plannings familiaux. Il se fait que la Région bruxelloise nous y a contraints. Je trouve que c’est plutôt un 'plus' pour les patientes" avance le Dr Jean-Paul Van Gossum, chef du service de gynécologie à la Clinique Saint-Jean.

    Cette nouvelle réglementation prévoit que tous les hôpitaux bruxellois, hormis les hôpitaux universitaires que sont Saint-Luc, Erasme et l’UZ, pratiquent l’IVG ou, au moins, redirigent les patientes vers un hôpital du même réseau.

    Je ne me suis même pas posé la question. Pour moi, c’est évident qu’il faut accompagner ces patientes

    Les médecins restent cependant libres d’accepter ou non de pratiquer l’IVG. Dans l’équipe de la Clinique Saint-Jean, un bon tiers des gynécologues a sauté le pas. Pour Irène Paquet, c’était une évidence. "Pour moi, c’est un droit fondamental. En tant que gynécologue, je prends soin des patientes, je les soigne. La détresse qui peut accompagner les grossesses non désirées fait partie, pour moi, d’un principe de base de prise en charge des patientes" explique-t-elle.

    La mentalité des jeunes gynécologues est très différente.

    Les mentalités seraient-elles en train d’évoluer dans le corps médical ? Pour le Dr Jean-Paul Van Gossum, assurément oui. "Effectivement, on est de tradition catholique mais cela change. On n’est plus comme avant. La mentalité des jeunes gynécologues est très différente, avec une ouverture et surtout une prise en charge des patientes dans leur globalité".

    Une demande bien réelle

    Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation, l’hôpital Saint-Jean est passé de zéro avortement à environ trois IVG par semaine. "C’est une petite surprise" avoue le Dr Jean-Paul Van Gossum. "Je pensais que la demande serait moindre".

    C’est une petite surprise

    Le service a donc dû s’organiser. Un système de garde a été mis en place entre les gynécologues pratiquant l’IVG, afin de pouvoir répondre rapidement aux demandes des patientes. Le délai légal pour avorter étant fixé à douze semaines après la conception, il faut pouvoir être réactif et proposer un rendez-vous rapidement.

    Des aménagements ont également dû être prévus dans l’équipe d’accompagnement psychologique. "Les psychologues et les psychiatres ont dû libérer des plages horaires dédiées à cela dans leurs consultations. Cela a donc nécessité une organisation tant des gynécologues, que des psychiatres, que de la salle d’opération qui doit libérer des plages si l’intervention est chirurgicale" détaille le Dr Jean-Paul Van Gossum.

    De quoi compléter l’offre proposée par les plannings familiaux. En 2022, une interruption volontaire de grossesse sur cinq était réalisée dans un hôpital. Une proportion qui pourrait augmenter depuis la nouvelle réglementation. Aux Cliniques de l’Europe, hôpital traditionnellement catholique également, le nombre d’avortements a légèrement augmenté depuis l’arrêté paru en janvier.

    Entre hôpital et planning familial, des différences de prise en charge

    Il existe néanmoins des différences dans la prise en charge entre les hôpitaux et les plannings. A commencer par le coût : en planning, si la patiente est en ordre de mutuelle, elle ne devra débourser que cinq euros maximum. En hôpital, il faut compter au moins une centaine d’euros.

    Les méthodes d’interruption de grossesse diffèrent également. La méthode médicamenteuse, envisageable jusqu’à sept semaines de grossesse, est proposée partout. Mais au-delà, il faut opter pour une intervention chirurgicale consistant à aspirer le contenu utérin. En planning familial, cette intervention est toujours réalisée en anesthésie locale. En hôpital, on opte la plupart du temps pour une anesthésie générale. Cela explique en partie la différence de coût.

    C’est assez convivial

    Par ailleurs, la prise en charge en planning serait plus personnalisée. "Il y a toujours du thé, du café, une pièce où il y a des lits, des bouillottes. C’est assez convivial et familial" explique Maud Poskin, médecin généraliste au planning familial Plan F. "Si la patiente opte pour la méthode médicamenteuse à la maison, on est présentes par téléphone en permanence" ajoute-t-elle.

    Le planning dispose aussi de pièces où la patiente peut se reposer après l’intervention, seule ou accompagnée.

    "En planning, c’est un accompagnement où on laisse beaucoup le choix, on est dans le non-jugement" ajoute Maud Poskin.

    Il y a des endroits où c’est très culpabilisant

    Des témoignages de femmes révèlent que dans certains hôpitaux, l’interruption volontaire de grossesse était stigmatisée. "Il y avait parfois un côté très jugeant, où on montrait l’échographie en disant 'tu vois, il y a un cœur qui bat'" relate Maud Poskin.

    "Il y a des endroits où c’est très culpabilisant. Du coup, on récupère des femmes qui ont été très mal accueillies dans leur demande. Elles arrivent ici en étant sur la défensive car elles ont été mal reçues avant" poursuit-elle.

    Une réalité qui devrait sans doute évoluer au fil du temps. La nouvelle réglementation bruxelloise aura, en tout cas, permis d’initier le changement dans certaines structures et de faire évoluer la pratique médicale sur le terrain.

  • Quand l'Académie pontificale des sciences prête sa tribune à un gouverneur américain pro-avortement

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    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Gavin Newsom, un "catholique avorteur" à l'Académie pontificale des sciences

    3 mai 2024

    Du 15 au 17 mai, l'Académie pontificale des sciences invite Gavin Newsom, gouverneur de Californie, comme conférencier. Un écologiste ultra qui promeut la transition verte la plus radicale et aussi un avorteur convaincu, ainsi qu'un grand défenseur des thèses LGBT. De quelle écologie va-t-on parler ? De l'intégrale ?

    Hier, la Préfecture de la Maison pontificale a annoncé que le 10 mai au matin, à l'Auditorium de Via della Conciliazione, le Pape François participera aux États généraux de la natalité, dont le thème sera "Être là. Plus de jeunes, plus d'avenir", ce qui démontre l'intérêt des différents gouvernements italiens pour les initiatives visant à promouvoir la natalité.

    C'est une belle confirmation que le pape s'impliquera cette année encore, comme c'est le cas depuis la première édition en 2021 sous le règne de Mario Draghi, dans le défi de notre pays en faveur de la natalité. Mais cela se heurte d'autant plus à l'invitation au Vatican, et comme orateur, à la prochaine session de l'Académie des sciences du 15 au 17 mai, du gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom, super-avorteur et promoteur systématique de l'idéologie LGBT. Donner une telle "tribune" à ceux qui tuent l'être humain sans défense et défigurent l'être créé est un grave scandale.

    Le gouverneur Newsom représente et se bat pour promouvoir l'exact opposé de l'"écologie humaine et intégrale", car c'est précisément l'humain et son intégrité qu'il veut éliminer. La conférence de l'Académie pontificale réunira d'autres maires et gouverneurs du monde entier qui examineront les solutions au changement climatique. M. Newsom, quant à lui, devrait s'adresser au pape François et évoquer les récents incendies, inondations et sécheresses qui ont frappé la Californie, son objectif d'une Californie 100 % verte d'ici à 2045 et l'interdiction, dans dix ans, de la vente de voitures aux hydrocarbures dans l'État.

    Nombreux sont ceux qui, aux États-Unis, considèrent les voyages internationaux de M. Newsom comme des tentatives d'acquérir une expérience internationale en vue de l'élection présidentielle de 2028. "M. Newsom ne va pas dire au pape François qu'il va mettre en danger des millions de Californiens parce que l'énergie verte ne remplace pas l'énergie produite par les usines de combustibles fossiles qui ferment en Californie", a récemment déclaré Russ Wayne, un analyste nord-américain réputé dans le domaine de l'énergie. Peut-être serait-il opportun que le pape François remette en cause la moralité de Newsom qui, en favorisant l'énergie verte à tout prix, condamne des millions de Californiens à la pauvreté énergétique dans les années à venir, ainsi qu'à la mort dans le ventre de leur mère. Pauvres Californiens.

    Veerabhadran Ramanathan, un océanographe de l'université de San Diego qui fait partie de l'Académie pontificale du pape François et a contribué à l'organisation de l'événement, a déclaré au Los Angeles Times que les invitations étaient limitées aux maires et gouverneurs internationaux, y compris deux autres gouverneurs démocrates : la lesbienne pro-avortement et transgenre Maura Healey du Massachusetts et la super-avorteuse Kathy Hochul de New York.

    S'il est vrai que l'écologie intégrale ou humaine, ou quelle que soit la définition que les néo-environnementalistes du pape François veulent lui donner, inclut également l'homme et le plus faible d'entre eux, c'est-à-dire l'enfant mâle et femelle conçu et créé, inviter ceux qui investissent des rivières d'argent en faveur du meurtre des innocents et de la promotion de pratiques chirurgicales et chimiques transsexuelles abusives, violant à jamais les enfants et les filles, est à tout le moins contradictoire et radicalement immoral.

    Il ne suffit certainement pas, pour soulager la conscience des organisateurs, d'affirmer que Gavin Newsom se déclare catholique, à l'instar des avorteurs dévots Joe Biden et Nancy Pelosi. Il est vrai que Gavin Newsom se vante de ses propres affiches pro-avortement, placées dans plusieurs États, dans lesquelles il utilise des phrases blasphématoires qui polluent les citations de l'Évangile.

    Cependant, à ce jour, s'il n'y a pas de nouvelles de dernière minute, pour l'Église catholique, la Bible, la science (et la raison), la vie humaine est telle dès la conception et doit être respectée et protégée, et il en va de même pour la sexualité biologique, un don du Créateur que l'idéologie et la pratique très dangereuses du "genre et du transgenre" veulent remplacer par des "désirs désordonnés".  Récemment, comme il l'a fait ces dernières années, Gavin Newsom a lancé de nouveaux appels aux habitants d'autres États qui protègent la vie des enfants à naître, pour qu'ils se rendent en Californie afin d'obtenir les avortements souhaités.

    Ces semaines-ci, l'amendement constitutionnel de l'État et 13 autres projets de loi visant à étendre et à rendre l'accès à l'avortement presque gratuit sont en cours d'examen. Sans oublier que la Californie elle-même s'est déclarée le premier "État sanctuaire" en 2022 pour les enfants transgenres de n'importe quel État, punissant même les parents non consentants d'une peine de prison. Que le pape et l'Académie du Vatican fassent ce qu'ils veulent, mais qu'ils crient au scandale.

  • Le sexe est un fait biologique (NHS)

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    Une Synthèse de presse de gènéthique.org :

    NHS : « le sexe est un fait biologique »

    2 mai 2024

    Le 30 avril, le National Health Service (NHS - Royaume-Uni) a publié une mise à jour de sa « Constitution », un manifeste exposant ses principes, valeurs, droits et engagements. Le sexe y est défini comme « le sexe biologique » (cf. Neurosciences : « On naît homme ou femme et on le devient »). Un changement majeur et significatif pour le système de santé qui souligne que « le sexe est un fait biologique ». Les opposants à l’idéologie du genre se félicitent de ce « retour à la raison » (cf. Genre : « la liberté scientifique compromise au profit d’une idéologie politiquement correcte »).

    Chambres et sanitaires non-mixtes

    Le NHS prévoit en outre que les patients ne pourront plus partager leurs chambres, douches et toilettes avec des patients du sexe opposé. Il ne sera ainsi plus possible pour les femmes transgenres [1] d’accéder aux espaces de repos et d’hygiène réservés aux femmes.

    Des patientes s’étaient plaintes d’avoir dû partager un espace de couchage avec des patients de sexe masculin. Les directives du NHS de 2021 permettaient en effet aux patients transgenres d’être placés dans des espaces en fonction de leur « identité de genre », et non de leur sexe biologique.

    Les personnes transgenres pourront également être placées dans des chambres individuelles.

    « Nous voulons un langage qui soit clair et compréhensible »

    Victoria Atkins, secrétaire britannique aux soins sociaux et de santé, souligne qu’« il n’est pas nécessaire d’éradiquer le mot “femme” pour respecter les droits de chacun ». Selon elle, le « langage artificiel », utilisé au nom de l’inclusivité, doit être évité. « Nous voulons un langage qui soit clair et compréhensible pour tous » affirme-t-elle. Il est important que le « sexe biologique soit respecté », au même titre que le droit des individus à l’« intimité, la dignité et la sécurité ».

    Le NHS reconnait d’ailleurs désormais le droit pour les patients de « recevoir des soins et traitements qui leur soient appropriés, correspondent à leurs besoins et à leurs préférences », « y compris pour demander que les soins intimes soient effectués par une personne du même sexe ».

    Un rapport sur les traitements des jeunes transgenres

    Ces changements surviennent quelques semaines après la publication d’un rapport de la pédiatre Hilary Cass qui souligne l’absence de données fiables sur les traitements hormonaux prescrits aux jeunes transgenres, et appelle à la plus grande prudence lors de la prescription de ceux-ci (cf. Transition de genre chez les mineurs : un rapport appelle à la prudence).

    Les modifications doivent faire l’objet d’une consultation de huit semaines allant jusqu’au 25 juin.

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    [1] les femmes transgenres sont des personnes nées de sexe biologique masculin mais qui ne « s’identifient » pas comme telles

    Source : Le Figaro, Jessamine Gas (02/05/2024)

  • Le lobby de l’avortement au Parlement européen

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    De Louis-Marie Bonneau sur le site de l'ECLJ :

    L’EPF de Neil Datta : le lobby de l’avortement au Parlement européen

    2 mai 2024

    Neil Datta a fondé le Forum parlementaire européen pour la Population et le Développement (EPF) en 2000 avec le soutien de la Fédération Internationale du Planning familial (IPPF). Il travaillait alors pour le réseau européen de cette organisation (IPPF European Network) pour coordonner leur programme de lobbying parlementaire. En 2004, Datta est devenu directeur de l’EPF. L’objectif affiché de ce lobby est de coordonner des parlementaires européens pour promouvoir ce qu’ils appellent « les droits sexuels et reproductifs ». Ainsi, plusieurs parlementaires nationaux et européens siègent au Comité exécutif de cette organisation. Seize parlementaires européens font aussi partie du groupe des « députés européens pour les droits sexuels et reproductifs » en son sein. Ces derniers sont les plus actifs dans le soutien aux textes favorables à l’avortement au Parlement européen.

    Article paru dans Valeurs Actuelles le 27 avril 2024.

    La stratégie inavouée du contrôle démographique dans les pays pauvres

    Parmi ces seize députés, il est possible de citer Predrag Matić, Sophie in’t Veld, la française Irène Tolleret ou encore Robert Biedroń, le président de la Commission pour les droits des femmes au Parlement européen. Neil Datta les fédère et organise pour eux, et d’autres députés nationaux, des « voyages d’études » dans les pays en développement. Est-il étonnant que des membres d’un forum sur la population et le développement, soient connus comme faisant partie des députés les plus engagés dans la promotion de l’avortement ? À vrai dire, le fait que ce forum ait été créé par le Planning familial mondial (IPPF) n’est pas étranger à cet apparent paradoxe. En effet, pour ces groupes, l’avortement, la stérilisation et la contraception ont d’abord été promus comme une méthode de réduction démographique.

    Ainsi, depuis sa création dans les années 1950, l’IPPF s’est particulièrement engagé sur ces questions considérant qu’une démographie importante, dans les pays en développement, était source de problèmes économiques et de santé publique. Il est ainsi notamment devenu membre permanent du Comité de coordination du Programme de reproduction humaine (HRP) de l’OMS en 1977. Ce Programme est à l’origine des principaux travaux scientifiques ayant permis de concevoir les contraceptifs et les abortifs les plus utilisés aujourd’hui. C’est donc sans surprise que Neil Datta a décidé de s’allier avec le HRP le 25 août 2023. Il n’est pas non plus surprenant de constater que les deux organisations sont financées de manière importante par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), très engagé sur ces thématiques. Le FNUAP est ainsi un des premiers financeurs de l’EPF avec plus de 250 000 euros versés en 2021.

    Pourtant aujourd’hui, dans les institutions, « avortement » et « contraception » ne sont pas synonymes de « démographie », mais plutôt de « santé des femmes » et de « droits sexuels et reproductifs ». Ce glissement de vocabulaire témoigne d’une stratégie marketing de dissimulation de l’objectif démographique, commencée en 1994 lors de la Conférence mondiale sur la population du Caire. Le discours y était devenu plus consensuel en raison du rapport de force engagé par le Saint-Siège face au Planning familial mondial. Dans cette même logique, en 2022, l’EPF pour la Population et le Développement a officiellement changé de nom pour adopter celui d’EPF pour les Droits Sexuels et Reproductifs.

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  • La dimension politique de la défense de la loi naturelle; le cas français

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    Si l'article ci-dessous concerne la France, nul n'aura de difficulté à s'en inspirer pour analyser la situation dans notre pays, en épinglant tout particulièrement la passivité des évêques face à la multiplication de lois contraires à l'ordre naturel chrétien.

    De l'abbé Claude Barthe sur Res Novae :

    La dimension politique de la défense de la loi naturelle

    L’avalanche de lois « sociétales » en France depuis plus d’un demi-siècle, toutes étant des atteintes directes à la loi naturelle, a provoqué dans une partie du monde catholique une délégitimation diffuse ou expresse des institutions politiques les ayant édictées, cela au sein du déferlement individualiste de l’après-68 et de cette sorte d’explosion en plein vol de l’Église en état de Concile.

    Le « mariage » homosexuel et la constitutionnalisation de l’avortement ont porté chez ces mêmes catholiques le climat à l’incandescence. D’où la question : que faire ? En France, la Manif pour tous, contre le « mariage » homosexuel, et la Marche pour la vie, contre les lois du « droit » à l’avortement, ont mobilisé un militantisme catholique très conséquent. Avec un succès malheureusement nul quant à l’abrogation ou l’aménagement des lois en question, même s’il est sensible dans l’ordre du témoignage public et d’une certaine cohésion apportée aux groupes y résistant au sein d’une société hostile. Mais l’effet ne pourrait-il pas être plus important, non pas sans doute quantitativement mais qualitativement ?

    D’où un débat lancé par le bimensuel L’Homme nouveau, avec un article du 9 mars 2024 de Thomas Lassernat, « « Les Survivants », lutter sans renforcer le système ? »[1], qui estimait que les formes récurrentes de militantisme pro-vie n’avaient fait que renforcer les structures institutionnelles qui engendraient les mauvaises lois. Puis avec un dossier, « Cinquante ans de résistance à l’avortement : peut-on faire un bilan ? » (6 avril 2024), avec deux articles de Michel Janva[2] et Jean-Pierre Maugendre[3], qui répondaient à la position de Lassernat en estimant avec des nuances que la manifestation publique est la seule présentement possible pour mettre le débat sur la place publique, et un article de Philippe Maxence[4], appelant à s’interroger en priorité sur une sortie de la démocratie moderne et citant la phrase du radio-message de Pie XII de juin 1941 : « De la forme donnée à la société, en harmonie ou non avec les lois divines, dépend et s’infiltre le bien ou le mal des âmes. »

    Dans la ligne de celle de Philippe Maxence, nous voulons ici émettre des réflexions sur les plus grands fruits que pourrait porter ce combat catholique, à savoir un début au moins de remise en cause de sa source institutionnelle, mais aussi plus immédiatement de ses métastases dans l’Église, et par le fait une consolidation de l’ensemble du monde catholique dans sa détermination à faire régner le Christ dans les institutions.

    La désintégration progressive de la morale publique au nom du « droit nouveau » (Immortale Dei, 1885)

    La Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 a consacré la rupture révolutionnaire : désormais, le pouvoir n’émane plus de Dieu, comme l’affirme saint Paul aux Romains 13, 1 mais « le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la nation » (art. 3), et la loi « expression de la volonté générale » (art. 6) est décrochée de sa référence à la loi de Dieu.

    Cependant, tous les éléments de l’ordre social traditionnel n’ont pas disparu d’un coup et des pans entiers de la loi naturelle ont par exemple subsisté dans la législation concernant le mariage et la famille qui, sauf par le divorce, n’ont été profondément remis en cause qu’à partir des années soixante du siècle dernier[5]. Il reste que, dans le principe, la société politique avait d’un coup cessé de répondre aux principes du droit naturel et chrétien. Et cette novation s’est manifestée dès août 1792.

    La journée du 10 août, consécration de la Révolution a été immédiatement suivie par la loi 30 août 1792 instituant que « le mariage est soluble par le divorce » puis par celle du 20 septembre 1792, instituant la laïcisation de l’état civil et du mariage, le mariage civil étant le seul reconnu par la loi. À quoi s’est ajoutée sous le consulat l’obligation de faire précéder le mariage religieux, s’il avait lieu, par le mariage civil (loi du 10 germinal An X –  8 avril 1802), ce qui sera consacré par le Code civil et par le Code pénal. Cette disposition tyrannique au regard de la liberté de l’Église ne sera d’ailleurs jamais abrogée, pas même lors de la séparation de l’Église et de l’État de 1905 : la célébration en France du mariage religieux reste soumis à la célébration préalable du mariage républicain.

    La Restauration réaffirma l’indissolubilité du mariage et abolit le divorce par la loi du 8 mai 1816, obtenue par Louis de Bonald qui, contre les Lumières, considérait le mariage comme « pierre angulaire de la société » et le divorce comme « un poison révolutionnaire ». Il fut rétablit par la IIIème République, avec la loi Naquet du 27 juillet 1884, et subit ensuite divers aménagements, notamment la possibilité de le décider contractuellement par consentement mutuel des époux (loi du 11 juillet 1975).

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  • Il faut protéger les enfants de la pornographie

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    De Louis-Marie Bonneau sur le site de l'ECLJ :

    Protéger les enfants de la pornographie

    30/4/2024

    Le vendredi 19 avril 2024, l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) a adopté à l’unanimité plusieurs textes important relatifs à « La protection des enfants contre la violence en ligne » en citant les travaux de l’ECLJ en la matière. En effet, l’ECLJ a développé depuis plusieurs années une expertise dans le domaine, dans le but de comprendre l’étendu et la gravité du phénomène afin de pouvoir y apporter une réponse. 

    Laisserait-on un enfant regarder ce qui se passe dans une maison close ? C’est pourtant à cela que revient la pornographie laissée en ligne à la portée de la jeunesse, sans compter le métavers et ses potentialités multisensorielles. En 2013, le Parlement européen a constaté que l’usage de la pornographie se banalise chez les jeunes et imprègne leur construction. Quant à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), elle se dit « vivement préoccupée par l’exposition sans précédent des enfants aux images pornographiques, qui nuit à leur développement psychique et physique ». L’ECLJ a récemment publié un rapport sur les moyens à mettre en œuvre pour protéger les enfants et les adultes de la pornographie. Avant cela, il s’agit néanmoins de comprendre l’ampleur du phénomène.

    Une exposition de plus en plus massive à la pornographie

    Si les contenus pornographiques sont normalement réservés aux majeurs, des études montrent que les mineurs y sont de plus en plus exposés. En effet, selon une étude IFOP de 2017, « au cours de leur vie, 63 % des garçons et 37 % des filles de 15 à 17 ans ont déjà au moins une fois surfé sur un site pour y voir des films pornographiques ». Il en va de même aux États-Unis où un récent sondage révèle que 73 % des jeunes de 13 à 17 ans ont été exposés à la pornographie en ligne. La tendance est à l’augmentation.

    C’est aussi l’abaissement de l’âge du premier visionnage pornographique qui inquiète : en 2016 par exemple, près de 49 % des étudiants américains de sexe masculin déclaraient avoir découvert la pornographie avant l’âge de 13 ans et ce phénomène atteint désormais les enfants dès l’école primaire. La fréquence de visionnage de pornographie par les jeunes est également préoccupante. Ainsi, en 2022, 59 % des jeunes américains de 13 à 17 ans déclaraient avoir regardé intentionnellement de la pornographie au moins chaque semaine. D’après l’IFOP, en France en 2017, 36 % des adolescents de sexe masculin décaleraient surfer sur des site X une fois par mois ou plus.

    Ce phénomène si massif peut s’expliquer de diverses façons. Tout d’abord, l’entrée dans l’ère numérique a mis la pornographie à portée de clic. Elle infiltre même l’enceinte des écoles via les smartphones de plus en plus répandus chez les mineurs. D’après le rapport de 2016 de Ennoncence, une autre raison est le « marketing féroce de l’industrie du porno » et « différentes techniques utilisées par [celle-ci] pour attirer des internautes malgré eux » (clics publicitaires, détournement de page d’accueil, sites clandestins, utilisation de mots-clés cachés, sites de téléchargement, de streaming et de live streaming illégaux). Il faut dire que l’exposition des mineurs à la pornographie en ligne rapporte gros à cette industrie : de l’ordre de 789 millions de dollars par an, une telle exposition accidentelle générant environ 147 millions de dollars, sans compter que ces mineurs sont les clients de demain.

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