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Ethique - Page 22

  • Comment la Cour européenne des droits de l’homme est en train de construire un droit à mourir

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    De Gregor Puppinck sur gènéthique.org :

    « Comment la Cour européenne des droits de l’homme est en train de construire un droit à mourir »

    28 novembre 2023

    Alors que la Cour européenne des droits de l’homme s’apprête à juger, le 28 novembre, une affaire concernant l’euthanasie, Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur du Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ), estime que l’institution européenne cherche à affirmer de nouveaux droits, aux dépens du bien commun.

    Oserais-je l’écrire ? Il y a dix ans, un ancien juriste de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) m’a montré une feuille de papier présentant les étapes passées de la jurisprudence de cette Cour en matière d’euthanasie. Figuraient aussi sur cette feuille des étapes futures conduisant à la reconnaissance progressive, jugement après jugement, d’un droit de l’homme à la mort volontaire, c’est-à-dire au suicide assisté et à l’euthanasie. Chaque étape, passée et future, de la construction de ce « droit » était clairement indiquée sur une « timeline ». Bien sûr, seules les étapes passées étaient associées à des références jurisprudentielles. Il s’agissait visiblement d’un document juridique stratégique. Bien que présenté comme authentique, je ne peux aucunement l’affirmer, ni le prouver, et mon informateur ne m’a pas permis d’en faire une copie.

    Quoi qu’il en soit, ce document m’a stupéfié, si bien que j’entrepris d’en vérifier l’exactitude. Cela aboutit à la publication d’une étude qui constatait effectivement, et exposait, comment la CEDH construit pas à pas un droit à la mort volontaire. Cette étude décrivait une construction jurisprudentielle ingénieuse, qui, à coups de citations ambiguës, érige sur le vide un « droit » non seulement absent de la Convention européenne des droits de l’homme, mais aussi contraire à sa lettre et à l’intention de ses rédacteurs. En effet, adoptée peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, la Convention européenne des droits de l’homme pose clairement, en son article 2, le principe suivant lequel « la mort ne peut être infligée à quiconque intentionnellement ». Elle ne prévoit aucune exception en cas de consentement de la personne tuée (cf. « Exception d’euthanasie » : « un concept virtuel » pour « entrouvrir la porte »).

    Pourtant, ce principe fondamental n’a pas empêché la Cour de construire un tel droit à recevoir la mort, par glissements successifs. Pour ce faire, elle a déplacé la question de la mort volontaire du terrain de l’article 2 sur celui du fameux article 8 de la Convention. Celui-ci, initialement conçu pour protéger la vie privée et familiale, est interprété de façon extensive par la Cour pour affirmer de nouveaux droits ou pour empêcher l’expulsion d’étrangers. La méthode est simple : il suffit à la Cour de faire entrer une situation ou une pratique dans le champ d’application de la vie privée ou familiale pour obliger les Etats à justifier leurs législations et décisions restrictives en la matière. Dénonçant cette attitude de la Cour, l’ancien juge Küris en vint à écrire que l’article 8 s’était transformé en « article ∞ », tant sa portée est devenue infinie.

    Une conception individuelle et relative de la dignité

    Dans un premier temps, la Cour européenne s’est prononcée sur une série de requêtes introduites par des personnes demandant le droit de mourir. Dans ces affaires Pretty, Haas, Koch, Gross jugées entre 2002 et 2013, les requérants étaient malades, handicapés ou simplement lassés de vivre. La Cour a alors jugé que cette demande de mourir trouvait un fondement dans l’article 8 de la Convention, et que les Etats devaient justifier au cas par cas leurs refus de fournir des poisons aux requérants ; l’article 2 les obligeant seulement à limiter les risques d’abus, afin d’empêcher un individu « de mettre fin à ses jours si sa décision n’intervient pas librement et en toute connaissance de cause ».

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  • Lorsque les médecins s'imaginent être des divinités

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    De George Weigel sur First Things :

    QUAND LES DOCTEURS JOUENT LES DIVINITÉS

    29 novembre 23

    Le Dieu de la Bible ayant largement disparu de la conscience publique en Grande-Bretagne, ce qui se rapproche le plus d'une divinité de remplacement est le Service national de santé britannique. Créé après la Seconde Guerre mondiale, le NHS a fait l'objet d'une affection intense pendant des décennies et, pas plus tard que cette année, 72 % des Britanniques interrogés ont déclaré que le NHS était "crucial" pour leur société. Cette dévotion obsessionnelle et souvent mièvre à un faux dieu a rendu une réforme globale du NHS - ou mieux, son remplacement - pratiquement impossible. Or, le NHS a désespérément besoin d'être réformé ou remplacé. 

    À quel point ? Un article paru le 13 juillet dans le New England Journal of Medicine raconte la triste histoire : 

    Pendant une bonne partie des mois de décembre 2022 et janvier 2023, les médias ont montré des ambulances faisant la queue devant les hôpitaux, incapables de remettre leurs patients ; des patients allongés chez eux avec des hanches fracturées, non pris en charge par les ambulances ; des temps d'attente de plus de 12 heures dans les services d'urgence ; et des couloirs d'hôpitaux bondés de patients incapables d'être admis. Le Collège royal de médecine d'urgence a estimé en décembre que 300 à 500 personnes mouraient chaque semaine à cause de ces retards. Les ambulanciers et les infirmières ont organisé leurs premières grèves en 30 ans pour réclamer des salaires et des conditions de travail. À la mi-mars, à la mi-avril et à la mi-juin, les médecins débutants ont organisé des grèves de trois ou quatre jours, et les médecins confirmés ont prévu des actions similaires. Des centaines de milliers d'opérations et de rendez-vous ont été annulés. 
    Dans le contexte de cette crise aiguë, les listes d'attente pour les consultations de spécialistes se sont allongées et dépassent aujourd'hui les 7 millions de patients (dans un pays de 66 millions d'habitants)....  

    Et comme si ce dysfonctionnement flagrant ne suffisait pas, le fait d'être l'objet d'un culte déplacé de la part du public britannique semble avoir convaincu les médecins du NHS qu'ils sont, en fait, Dieu.  

    Indi Gregory est née le 24 février mais a rapidement éprouvé des difficultés à respirer ; elle a ensuite commencé à souffrir de crises d'épilepsie prolongées. Le bébé est né avec un trou dans le cœur et a dû subir des interventions chirurgicales pour drainer le liquide de ses intestins et de son crâne. Deux mois plus tard, un test génétique a révélé que l'enfant souffrait d'une maladie mitochondriale rare et dégénérative, et on lui a posé un tube respiratoire. Ses parents ont déclaré que leur fille leur répondait même dans ces conditions sévères et que "dans ses bons jours, elle babille, fait des bruits, bouge tous ses membres". 

    Néanmoins, lorsqu'Indi a eu six mois, ses médecins ont décidé qu'ils devaient s'abstenir de tout traitement "invasif" supplémentaire. Les parents d'Indi n'étant pas d'accord, l'hôpital a saisi les tribunaux, où les médecins ont ensuite modifié leur requête et demandé l'autorisation de supprimer les soins intensifs, affirmant qu'il serait plus gentil de la laisser mourir. Les parents ont poursuivi leur bataille juridique ; l'hôpital pédiatrique Bambino Gesù de Rome a proposé d'accepter Indi comme patiente, tandis que le gouvernement italien lui a donné la nationalité italienne et a déclaré qu'il couvrirait tous les frais ; mais le juge a décidé qu'un déménagement à Rome n'était pas dans l'intérêt supérieur de l'enfant. Les parents ont alors demandé qu'Indi soit autorisée à mourir à la maison, mais, probablement sur les conseils des médecins, le juge n'a pas voulu en entendre parler non plus. Le 13 novembre, Indi est donc décédée dans un hospice, dans les bras de sa mère, après que le maintien en vie lui a été retiré.  

    Indi avait été baptisée le 22 septembre et, à travers cette histoire tragique, la foi chrétienne est entrée dans sa famille. Nous pouvons lui en être reconnaissants. Mais pas pour les médecins autoritaires ni pour les tribunaux qui ont pris le parti des médecins plutôt que celui des parents.  

    Il y a sans doute des circonstances où des parents épuisés et désemparés ne peuvent pas faire face à la réalité d'une situation médicale en phase terminale, mais il ne semble pas que ce soit le cas ici. La Grande-Bretagne n'a pas (encore) adopté l'euthanasie ou le suicide médicalement assisté. Mais le personnel du Service national de santé semble croire que certains de ses patients ont le devoir de mourir et que, si leurs proches refusent de coopérer, les médecins et la loi prendront le contrôle de la situation et veilleront à ce que le devoir de mourir soit respecté. C'est ainsi que le statut divin du NHS s'exprime à travers son personnel médical. 

    Je suis l'intrus dans une famille de médecins : mon grand-père maternel était médecin, ma mère était technicienne médicale, mon frère est médecin, ma fille est médecin, mon défunt gendre était médecin et j'ai aujourd'hui un gendre médecin. Ne remettez donc pas en cause l'estime que je porte à la profession médicale. Mais lorsque les médecins s'imaginent être des divinités qui savent de facto "ce qui est le mieux" dans ces cas néo-natals difficiles, l'éthique de l'ancien serment d'Hippocrate semble s'effondrer, car les médecins divinisés revendiquent une autorité qui appartient normalement aux parents - et le font au nom d'une compassion pseudo-divine.   

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la William E. Simon Chair in Catholic Studies.

  • « Trans ? Dieu n'a créé que des hommes et des femmes et non 60 genres. »

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    De Franca Giansoldati sur Il Messaggero :

    Cardinal Müller : « Trans ? Dieu n'a créé que des hommes et des femmes et non 60 genres. »

    «Dieu a créé deux genres, masculin et féminin, et non 60 genres». Le cardinal théologien allemand Gerhard Muller, ancien préfet du Dicastère de la Foi et rédacteur de l'immense œuvre théologique de Joseph Ratzinger, soulève des doutes et conteste le cadre doctrinal appliqué au dernier document du Vatican sur les personnes trans du cardinal argentin, Manuel Fernández, avec, par derrière, l'approbation papale. "Toute atteinte au corps humain est et reste un péché aux yeux de Dieu. Naturellement, il existe des cas très rares dans la nature d'individus qui naissent avec des aspects à la fois masculins et féminins : les hermaphrodites. Nous parlons évidemment de petits pourcentages. Dans la nature, les enfants naissent également sans bras ou avec d’autres handicaps. Cela ne veut pas dire que l’Église doit légitimer la réalité fondamentale avec laquelle nous avons tous été créés, c’est-à-dire hommes et femmes. »

    Votre Éminence, dans le dernier document du Vatican demandé par un évêque brésilien, un transsexuel est autorisé à recevoir le baptême à condition que cela ne génère pas de scandale public...

    « Les hermaphrodites nés avec cette particularité peuvent recevoir le baptême, mais pas ceux qui ont mutilé leur corps. Je me demande si cette réponse a été donnée parce qu'il y a des transsexuels qui demandent aux prêtres ou aux évêques un deuxième baptême mais avec le nouveau prénom qu'ils ont à l'état civil ou qui veulent changer l'acte de baptême dans les archives paroissiales."

    La doctrine a-t-elle changé ?

    "Se mutiler est un péché grave aux yeux de Dieu. Je peux certes me couper l'oreille, mais c'est un péché. Le corps humain est un temple du Saint-Esprit. Il y a des gens qui changent de visage et subissent des opérations pour se transformer en reptile, comme ce citoyen français qui s'est fait opérer à plusieurs reprises parce qu'il voulait ressembler à un extraterrestre.

    Il me semble, entre autres, que derrière ce phénomène se cache une industrie florissante qui rapporte des milliards et des milliards...»

    Le texte du Vatican autorise-t-il le baptême pour ces personnes ?

    «À mon avis, il s'agit d'un texte essentiellement ambigu : il ne le dit pas explicitement, mais les conséquences sont les mêmes. En outre, il est déroutant et préjudiciable que le Magistère se fonde sur la terminologie d'une anthropologie nihiliste et athée, semblant accorder à son faux contenu le statut d'opinion théologique légitime dans l'Église.

    Dans un autre passage il parle d'un utérus à louer...

    «Il ne l'autorise évidemment pas, mais dans la manière peu claire avec laquelle la réponse a été formulée, en mentionnant l'utérus loué, c'est comme s'il l'acceptait indirectement ou pouvait être interprété de cette façon.".

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  • Perspectives romaines : comment comprendre la crise et trouver la voie à suivre

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    Edward Pentin a pris la parole à la Catholic Identity Conference à Pittsburgh le 30 septembre dernier : 

    Perspectives romaines : Comprendre la crise et trouver la voie à suivre

    14 novembre 2023

    Introduction

    Grâce en grande partie au Covid, cela fait 6 ans que j'ai eu l'honneur de prendre la parole à la CIC et, comme nous le savons, beaucoup de choses ont changé depuis.

    Sauf une chose : le Pape François mène toujours sa révolution, et avec plus d'ardeur que jamais, ce qui entraîne des divisions de plus en plus profondes, des persécutions de l'intérieur et du sommet, une atmosphère de peur omniprésente, l'encouragement de la médiocrité et de l'hypocrisie, et la menace imminente d'un schisme formel.

    Le refrain "Jusqu'à quand, Seigneur ?" est devenu de plus en plus fréquent, alors que les fidèles pratiquants regardent, désespérés et impuissants, alors qu'ils sont exclus et marginalisés et que nous sommes plongés dans une crise qui pourrait s'avérer pire que la controverse arienne, selon certains historiens de l'Église.

    Il y a six ans, il semblait que les choses allaient se précipiter. Nous avions eu toutes les retombées des synodes sur la famille et d'Amoris Laetitia ; un groupe d'éminents universitaires et membres du clergé catholique venait d'accuser le pape François d'hérésie ; et nous venions d'apprendre que le cardinal Carlo Caffarra était décédé et que, quelques jours plus tard, le pape François avait effectivement vidé de sa substance l'Institut du pape saint Jean-Paul II pour le mariage et la famille que le cardinal avait fondé. Cette année-là, c'était aussi le 100e anniversaire des apparitions mariales de Fatima, et l'on espérait qu'une intervention divine pourrait mettre un terme à cette sombre période.

    Mais, comme nous le savons, la Vierge a demandé pénitence et réparation à Fatima et, avant cela, à Lourdes. Cela ne s'est pas produit et les bouleversements se sont poursuivis à un rythme soutenu, qu'il s'agisse de la messe traditionnelle qui a été supprimée, de la voie synodale allemande qui a été autorisée à se poursuivre sans contrôle, ou des scandales, liés au pape ou non, qui semblent ne jamais prendre fin.

    Entre-temps, ceux qui soutiennent pleinement cette révolution se réjouissent qu'elle semble être passée à la vitesse supérieure au cours des derniers mois. Bien qu'en réalité, ils n'aient pas encore atteint la plupart de leurs objectifs (un changement clair dans la gouvernance de l'Église, les femmes diacres, le clergé marié et la normalisation de l'homosexualité), avec le Synode sur la synodalité, ils sont plutôt étourdis à l'idée que ceux-ci semblent enfin être à portée de main.

    Bien sûr, il est impossible de savoir avec certitude pourquoi tout cela se produit, ou plutôt pourquoi on le laisse se produire, mais dans cet exposé, j'examinerai quelques théories tirées de sources dignes de confiance à Rome et ailleurs pour explorer ce que tout cela pourrait signifier et vers quoi nous pourrions nous diriger. J'espère qu'ainsi, je pourrai oser offrir au moins quelques lueurs d'espoir au bout de ce tunnel apparemment interminable.

    La grande révélation

    Il y a quelques mois, Joseph Bevan, un ami anglais, fervent catholique et père de dix enfants - dont deux prêtres et une religieuse - a fait un commentaire intéressant et stimulant dans un article qu'il avait écrit pour des médias catholiques.

    "La crise actuelle est absolument essentielle pour le triomphe final de l'Église catholique", a-t-il déclaré. Une partie du plan de Dieu, poursuit-il, doit être d'écraser l'hérésie moderniste au cœur de l'Église, et pour cela, il faut laisser libre cours à l'hérésie pour qu'elle puisse enfin s'éteindre d'elle-même. Ceux qui souhaitent que le pape François soit remplacé par un autre pape Benoît, a-t-il ajouté, ont fondamentalement mal compris la situation."

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  • Sur KTO : Une seule chair - épisode 2

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    De KTO Télévision :

    Une seule chair partie 2

    KTO diffuse la seconde partie du film « Une seule chair » réalisé par Sabrina et Steven J. Gunnell.

    Une seule chair - épisode 2

    20/11/2023

    Aujourd’hui, la vie sexuelle d’un grand nombre de nos contemporains, et de bien des chrétiens, semble d’une grande tristesse et pauvreté : la fameuse « libération sexuelle » des années 60-80 a conduit bien souvent à un immense vide, beaucoup de souffrances et une absence de sens. La société, comme l’Église sont ébranlées et meurtries ces dernières années par de terribles scandales : # MeeToo, Pédophilie, # Balancetonporc, abus sexuels, ... Faut-il à ce point désespérer de l’amour et de la sexualité ? Pourtant, selon la Bible, Dieu s’est immensément réjoui de créer la sexualité et le couple. Il voulait pour chaque couple un brasier d’amour et de joie à l’image de l’amour intense qui circule entre les trois personnes divines. Si le péché originel est venu contrecarrer ce dessein de Dieu poussant l’homme et la femme vers des chemins sans issue, le Christ est venu les guérir en profondeur non seulement dans leur âme mais aussi dans leur sexualité. Comme jamais dans l’histoire, l’Église et l’Esprit Saint appellent les époux sauvés à témoigner combien le Christ vient guérir les coeurs et les corps sexués, malades et assoiffés d’amour. Couples engagés mais aussi experts viendront nous éclairer sur cette Révélation et le chemin de la vraie libération sexuelle qu’elle montre et que le Seigneur veut pour chacun de nous. Une coproduction KTO/Krea Film Maker 2023 - Réalisée par Sabrina et Steven J. Gunnell

    Revoir la 1ère partie

    Voir la 2de partie

  • "une médecine qui renonce au soin et se retranche derrière des procédures déshumanisées et déshumanisantes n'est plus l'art de guérir" (pape François)

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    DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANCOIS

    AUX MEMBRES DE L'ASSOCIATION ITALIENNE DES OTORHINOLARYNGOLOGISTES HOSPITALIERS
    ET DE LA FÉDÉRATION ITALIENNE DES MÉDECINS PÉDIATRES (FIMP)

    Samedi 18 novembre 2023

    Chers frères et sœurs, soyez les bienvenus !

    Je suis heureux de vous rencontrer, en tant que membres de la Fédération italienne des pédiatres et de l'Association italienne des oto-rhino-laryngologistes hospitaliers, et de vous exprimer ma reconnaissance pour votre travail quotidien. En effet, dans vos différentes spécialisations, vous avez choisi de travailler au service des personnes qui ont besoin de soins. C'est beau !

    Vous, pédiatres, en particulier, êtes des points de référence pour les jeunes couples. Vous les aidez dans leur tâche d'accompagner les enfants dans leur croissance. Les enfants sont toujours un don et une bénédiction du Seigneur : dans les Psaumes, il y a cette belle image de la famille réunie autour de la table avec ses enfants "comme des pousses d'olivier" (Ps 128, 3). L'Italie est malheureusement un pays vieillissant : espérons que la tendance puisse être inversée, en créant des conditions favorables pour que les jeunes aient davantage confiance et redécouvrent le courage et la joie de devenir parents. Je ne devrais peut-être pas le dire, mais je le fais : aujourd'hui, les gens préfèrent avoir un chiot plutôt qu'un enfant. Votre tâche est très limitée, mais celle des vétérinaires ne cesse de croître ! Et ce n'est pas bon signe.

    Vous, médecins ORL, traitez certains organes qui sont nécessaires à nos relations et nous permettent de rester en contact avec les autres et la communauté. Dans l'Évangile, nous voyons Jésus s'approcher de personnes sourdes et muettes qui vivaient dans la solitude et l'isolement. Et nous observons qu'en les guérissant, il fait un geste particulier et prononce des paroles particulières. Je pense que ces gestes et ces paroles peuvent vous inspirer, car ils témoignent de la compassion et de la tendresse de Dieu pour nous, en particulier pour ceux qui souffrent de la fatigue des relations.

    Avec les nombreux professionnels de la santé, vous constituez l'un des piliers du pays. Le souvenir de la pandémie est encore brûlant : sans le dévouement, le sacrifice et l'engagement des professionnels de la santé, de nombreuses autres vies auraient été perdues. Trois ans plus tard, la situation sanitaire en Italie traverse une nouvelle phase critique qui semble devenir structurelle. Il y a une pénurie constante de personnel, ce qui entraîne des charges de travail ingérables et, par conséquent, une fuite des professions de santé. La crise économique persistante affecte la qualité de vie des patients et des médecins : combien de diagnostics précoces ne sont pas posés ? Combien de personnes renoncent à un traitement ? Combien de médecins et d'infirmières, découragés et fatigués, abandonnent ou préfèrent aller travailler à l'étranger ?

    Ce sont là quelques-uns des facteurs qui compromettent l'exercice du droit à la santé qui fait partie de l'héritage de la doctrine sociale de l'Église et qui est inscrit dans la Constitution italienne en tant que droit de l'individu, c'est-à-dire de tout le monde - personne exclue -, en particulier des plus faibles, et en tant qu'intérêt de la communauté, car la santé est un bien commun. Le système italien de santé publique est fondé sur les principes d'universalité, d'équité et de solidarité, mais ceux-ci risquent aujourd'hui de ne pas être appliqués. Préservez ce système, qui est un système populaire dans le sens du service au peuple, et ne tombez pas dans l'idée peut-être trop efficace - certains disent "moderne" - : seulement la médecine prépayée ou la médecine payée et puis rien d'autre. Non. Ce système doit être soigné, il doit être développé, parce qu'il s'agit d'un système de service à la population.

    Ensuite, deux autres phénomènes opposés et tout aussi dangereux se répandent : d'une part, la recherche de la santé à tout prix, l'utopie d'éliminer la maladie, de supprimer l'expérience quotidienne de la vulnérabilité et de la limitation ; d'autre part, l'abandon de ceux qui sont plus faibles et plus fragiles, dans certains cas avec la proposition de la mort comme seule issue. Mais une médecine qui renonce au soin et se retranche derrière des procédures déshumanisées et déshumanisantes n'est plus l'art de guérir. Au contraire, le malade doit être approché avec l'attitude du Bon Samaritain (cf. Lc 25-37), qui ne regarde pas ailleurs, mais se penche sur le blessé et apaise sa souffrance, sans poser de questions, sans laisser son cœur et son esprit se fermer par des préjugés, sans penser à son propre intérêt. Cette parabole de l'Évangile vous aidera à toujours regarder le visage des patients, petits et grands : à les accueillir et à leur donner de l'espoir, à écouter leurs histoires, à les soutenir dans les moments difficiles. Le mot clé est la compassion, qui n'est pas de la pitié, non, la compassion, c'est une con-patire. C'est un outil de diagnostic irremplaçable ! Après tout, Jésus est le médecin par excellence, n'est-ce pas ? Il y a trois traits de Dieu qui nous aident toujours à avancer : la proximité, la compassion et la tendresse. J'aime à penser que nous tous, guérisseurs de la santé - nous, guérisseurs de la santé spirituelle, vous, de la santé physique et aussi psychique et spirituelle en partie - devons avoir ces trois attitudes : proximité, compassion et tendresse. Et cela aide beaucoup, cela construit la société. Je vous souhaite d'être proches, compatissants et tendres.

    La dernière chose. Ceux qui sont appelés à prendre soin des autres ne doivent pas négliger de prendre soin d'eux-mêmes. Ces dernières années, la résistance des médecins, des infirmières et des professionnels de la santé a été mise à l'épreuve. Des interventions sont nécessaires pour rendre votre travail digne et promouvoir les meilleures conditions pour qu'il soit effectué de la manière la plus efficace. Vous êtes si souvent des victimes !

    Je vous remercie également pour votre engagement associatif : c'est important. J'encourage les jeunes à s'engager dans cette voie professionnelle, qui est une façon exigeante de travailler tout en s'occupant des autres.

    Chers frères et sœurs, que l'intercession maternelle de la Vierge Marie vous accompagne. Je vous bénis de tout cœur, ainsi que vos familles. Et n'oubliez pas de prier pour moi. Je vous remercie.

  • Vooruit fourbit ses armes et fait des questions éthiques un objectif prioritaire

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    Lu sur Het Laatste Nieuws :

    Vooruit se dirige vers les élections avec Freya Van den Bossche et fait de l'avortement un point de rupture : "Ce sera avec nous ou avec l'extrême droite".

    Freya Van den Bossche sera la tête de liste du Vooruit pour la Chambre en Flandre orientale. Le président Conner Rousseau l'a annoncé mardi lors d'une conférence de presse à Gand. Dans le même temps, M. Rousseau indique que les questions éthiques telles que l'avortement, l'euthanasie et la gestation pour autrui constituent des points de rupture dans les négociations. "Ce sera avec Vooruit ou avec l'extrême droite", a-t-il déclaré.

    Igor Bulcke, Fleur Mees / 14-11-23

    Le député Joris Vandenbroucke sera deuxième sur la liste parlementaire. Rousseau lui-même deviendra la tête de liste en Flandre orientale pour le Parlement flamand, comme prévu. Van den Bossche est toujours député flamand et passe donc à nouveau au niveau fédéral.

    Là, Van den Bossche se profilera principalement sur les questions éthiques. "L'euthanasie, l'avortement et la maternité de substitution sont trois dossiers importants pour moi", a déclaré Mme Van den Bossche lors de la conférence de presse. "Je vais essayer d'unir le plus grand nombre de personnes autour de ces thèmes et de montrer à quel point l'adaptation des règles à la réalité est soutenue. Cela fait dix ans que ces dossiers éthiques sont au point mort".

    Les socialistes flamands affirment qu'ils sont fatigués de cette impasse sur ces questions et qu'ils veulent y remédier. La conférence de presse a clairement ouvert l'attaque contre le CD&V, mais des partis tels que le Vlaams Belang et la N-VA ont également été critiqués. "Ce sera avec Vooruit ou avec l'extrême droite. Et si c'est avec l'extrême droite, nous retournerons au Moyen-Âge", a déclaré M. Rousseau. "Le CD&V a profité de la crise de la corona pour organiser le statu quo complet sur les questions éthiques", a-t-il encore déclaré.

  • La leçon arménienne

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    Le-mont-Ararat-vu-de-lArmenie-©Wikimedia-620x330.jpeg

    De quoi l’abandon de l’Arménie par l’Europe est-il le nom ? Que dit-il de nous ? Il pourrait bien nous révéler la mort de nos nations, dissimulée derrière la survivance des « États ».

    Lu (JPS) dans le mensuel « La Nef » (novembre 2023 *) :

    « Je reviens d’Arménie. Cette petite république lovée dans un cirque montagneux à 1750 mètres d’altitude moyenne mais privée d’accès à la mer, entourée de quatre pays limitrophes dont trois surarmés et pratiquant une démographie conquérante sinon hostile, libérée du joug soviétique mais toujours fidèle à l’amitié et l’influence russes, abrite une nation.

    Et assurément, l’Arménie est une nation. Les Arméniens parlent et écrivent une langue multimillénaire, avec un alphabet inventé il y a 1600 ans. Ils prient ensemble le Dieu unique et trinitaire depuis 1700 ans quand le roi Tiridate se convertit au christianisme. Ils professent la fierté de leur noble histoire leur ayant permis de hérisser leurs montagnes de forteresses, d’églises, de monastères et de khatchkars médiévaux, et de résister aux périls sismiques comme aux empires byzantin, sassanide puis seldjoukide qui cherchaient à les dominer et à leur imposer une autre religion. Ils communient avec ferveur dans le cadre d’une civilisation vigoureuse, constituée par un État de droit unique dans la région, par l’amour de la grande musique qui nourrit des compositeurs, un opéra et des conservatoires de qualité internationale, leur cuisine aux saveurs subtiles, et par le partage de mœurs et de valeurs issues d’une tradition ouverte. Ils ambitionnent de construire une société moderne, assurant la prospérité collective et le bien commun, tout en faisant reconnaître leurs droits historiques sur les territoires qui leur ont été arrachés et le génocide dont le peuple a été victime il y a plus de cent ans.

    On retrouve bien là les cinq éléments majeurs de l’identité et de la culture des hommes qui forment une nation : la langue, la religion, l’appropriation de l’histoire passée, le désir de communion collective, et l’adoption d’un même projet d’avenir. Cela n’obère pas la diversité, dans l’harmonie cependant, car pour faire nation, il faut a minima réunir quatre de ces cinq ingrédients, or les Arméniens partagent les cinq.

    Un État-nation ?

    Mais les Arméniens forment-ils pour autant un État ? Ou du moins, est-il réellement viable, ce petit État de 30 000 km2 qu’ils ont pu édifier en 1991, dénué de tout accès à la mer, amputé de son emblème millénaire du mont Ararat, rabougri de ses provinces historiques de l’ouest et du sud qui ont subi l’épuration ethnique post-génocidaire, privé de ses provinces orientales peuplées d’Arméniens mais occupées par le voisin azéri ? L’Arménie est un pays pauvre, dont le PIB le situe au 136e rang mondial (111e si on retient le PIB par habitant), bien loin de ce qu’on pourrait imaginer pour un peuple cultivé, courageux et travailleur, ayant généré une diaspora dynamique et solidaire.

    Et en effet, il n’est plus possible à la fin du XXe siècle de créer un État, fût-ce pour y abriter une nation, sans le soutien actif de puissances mondiales et régionales. Car si elles sont sensibles à la géographie et l’autodétermination des peuples, elles le sont davantage encore à la démographie et aux rapports de force générés par les lobbys comme par certains fanatismes qui ne dédaignent pas de recourir, parfois, à la violence.

    Il en allait autrement au XIXe siècle où, à l’exemple de la France et de l’Angleterre, l’Europe avait popularisé le concept d’État-nation, afin d’optimiser les facteurs de paix intérieure et donc d’assurer le bonheur des peuples. Une nation regrouperait donc sur un territoire harmonieux des hommes partageant au moins quatre des cinq composants mentionnés plus haut et hérités du principe ancien « Cujus regio, ejus religio » qui avait mis fin aux guerres de Religion. On peut qualifier cette initiative des puissances européennes, qui dominaient alors le monde, de sagesse pragmatique en matière de relations internationales : elle avait permis de constituer de nouveaux ensembles stables, dont la cohésion fut longtemps fondée sur la culture et donc les valeurs communes de ces États-nation : Belgique, Grèce, Italie, Allemagne, Petit Liban. Mais à côté de ces succès pérennes, parfois facilités par la dislocation des empires, l’agonie de ces derniers s’accompagna aussi de grandes tragédies, comme les massacres collectifs perpétrés par les Ottomans à l’endroit de certaines de leurs populations chrétiennes.

    La fin de l’État-nation

    Si donc on s’en tient, comme définition pratique d’un État-nation, à la conjugaison d’une nation cohésive et d’un État prospère, la plupart des constructions du XIXe et du XXe siècles sont en régression, voire en train de s’effondrer.

    En effet, les pays européens, sous l’influence de la pensée dominante en provenance d’outre-Atlantique, se sont lancés dans la mondialisation tout en pratiquant la déconstruction de leur corpus civilisationnel, alors même que, déjà sécularisés, ils étaient moins enclins à promouvoir leur propre modèle. Cette double peine grippe et même bloque le processus d’assimilation à la nation des populations nouvelles, faute de leur appropriation d’au moins quatre des cinq composants : défaut de maîtrise de la langue, bellicisme religieux, détestation de l’histoire ancienne commune, effondrement du patriotisme au quotidien, et dérision devant les projets fédérateurs. Finalement, même si l’État reste fort, la nation devient faible car divisée. Et même si cet écartèlement ne conduit pas nécessairement à la guerre civile, du moins à court terme, on trouve désormais au sein d’enclaves extraterritoriales, et même dans certains quartiers bourgeois, des hommes qui détestent le pays où ils vivent et dont parfois ils possèdent le passeport. Et qui se victimisent et revendiquent.

    Les exemples de revendications ayant divisé et affaibli ces pays ne manquent pas : les Palestiniens du Liban affirmant que la route de Jérusalem passait par Jounieh ; les grands partis « islamo-progressistes » qui, en 1958 puis en 1975, refusèrent, voire combattirent la souveraineté libanaise au profit d’une solidarité arabe ; les mouvements « Woke » et « Black lives matter » qui pratiquent l’anachronisme, déboulonnent les statues, censurent les films et réécrivent les livres aux États-Unis d’Amérique ; les viols de Noël 2015 commis contre des femmes allemandes après l’arrivée de deux millions d’immigrés moyen-orientaux et africains ; les violentes émeutes à répétition en France, en 1993, 2005 puis 2023 ; les attaques au couteau dans plusieurs pays européens.

    Qu’en conclure simplement, pour être audible ? On retrouve désormais sur un même territoire, un peuple qui n’est plus une nation, divisé entre des habitants anciens qui n’admirent plus leur civilisation et des habitants nouveaux qui la rejettent. Ces lézardes fissurent les pays démocratiques, jamais les dictatures.

    Aussi, lorsque les grands États-nation brandissent la nécessité de valeurs partagées sans en mentionner l’origine, louent la tolérance, bégaient sur le vivre en commun et promeuvent le métissage et le multiculturalisme, sans rappeler les fondamentaux qui les ont enfantés, ils reconnaissent implicitement que s’il reste un État, il n’y a plus de nation. Et certainement pas de « civilisation judéo-chrétienne », le mot qui fâche.

    Alors comment qualifier les pays d’Europe ? 

    Les Arméniens que j’ai rencontrés redoutent un nouvel affrontement armé avec leurs deux voisins surarmés, Azerbaïdjan et Turquie, dont la population cumulée dépasse trente fois la leur. Et ces deux voisins peuvent compter, par surcroît, sur la bienveillance d’Israël et des États-Unis – un allié régional et un allié mondial –, et sur la disqualification de facto de l’arbitre russe, durablement affaibli par le conflit ukrainien. Alors, ils m’ont interpellé, en tant que citoyen français : nous comptons sur le support de l’Europe, car ce sont des pays chrétiens comme nous. N’est-ce pas, ajoutent-ils pour se rassurer ?

    Cette assertion, sous sa forme interrogative, m’a été répétée entre les pierres basaltiques du monastère de Tatev, sous la coupole en croix de l’église Sainte-Hripsimé, au fond de la fosse de Saint-Grégoire à Khor Virap, dans la chapelle troglodyte du couvent de Geghardt, face à la majestueuse crinière blanche d’Ararat contemplée depuis les ruines de Zvartnots ou la forteresse d’Amberd, devant les cartes anciennes du plateau arménien exposées au musée Matenadaran, et au son des musiques des compositeurs européens faisant chanter et virevolter les fontaines de la place de la République. Oui, elle m’a été demandée avec insistance devant ces joyaux du patrimoine de l’humanité. Pourquoi ne nous aide-t-on pas ? Nous voulons la paix avec nos voisins, et nous voulons vivre avec tous nos frères arméniens demeurés fidèles dans les villages du plateau. Nous voulons préserver notre civilisation. Elle est tellement proche de la vôtre. Vous êtes chrétiens comme nous : aidez-nous ! Vous le devez puisque vous le pouvez !

    Mais ils sont fous ces Arméniens : nous chrétiens ? La constitution européenne non seulement ne le proclame pas, mais elle ne consent même pas à reconnaître – que dis-je ? nommer – les racines de l’Europe. Par honte, dégoût, peur ? Les Turcs ont beau jeu de fustiger ce qu’ils appellent un « club chrétien », car les membres du club protestent vertueusement : « Non, nous ne sommes pas chrétiens ; peut-être quelques rares nostalgiques nationalistes rances. » Et lorsque la France, attaquée par des hordes d’émeutiers, se rebiffe en parlant de valeurs communes, elle les qualifie de « valeurs républicaines », jamais de « valeurs françaises ». De quoi cet abandon est-il le nom ?

    D’une désagrégation de la nation. Il n’y a plus d’État-nation, cette organisation redoutablement efficace qui avait fondé la prospérité de l’Europe et ses convictions civilisatrices – d’ailleurs, cet adjectif est honni, dans le « gloubi-boulga » des opinions qui se valent toutes et de l’égalitarisme des civilisations. On peut classer les sportifs par leurs victoires, les scientifiques par leurs prix Nobel, les peintres par leur cote chez Sotheby’s, les musiciens par leurs disques d’or, les écrivains par le nombre de lecteurs, les hommes par leur taille, les femmes dans les concours de beauté, les universités par le classement de Shangaï, les entreprises par leur valorisation boursière, les pays par le PIB. Mais pas les civilisations ! On aurait pourtant pu comparer leur apport à l’humanité en matière de systèmes de valeurs, d’aspirations eschatologiques, de découvertes scientifiques, d’innovations technologiques, de patrimoine architectural et artistique. Pourquoi en ce nouveau siècle une telle honte de ce que nous sommes ?

    Question sans réponse. Alors venir en aide à trois millions d’Arméniens qui nous empêchent de bien dormir ? On a déjà milité pour la reconnaissance de leur génocide par les Turcs – dont le nom n’est pas explicitement mentionné. Nous ne sommes d’ailleurs que trente pays à l’avoir reconnu – sur 193 au total, représentés à l’ONU. Même Israël, issu d’un autre génocide, ne le reconnaît pas. On a bien fait notre devoir.

    Alors non, foutez-nous la paix, les Arméniens. Laissez-nous jouir sans entrave, face à notre écran et nos réseaux sociaux, entre un Big Mac bien dodu et une canette de Coca-cola sans sucre. Nous revendiquons le droit à l’abrutissement total et à l’amnésie collective. Khalas ba’a. Vous nous rappelez trop nos racines que nous avons oubliées et notre christianisme que nous avons bradé pour une goutte de pétrole.

    Rideau. »

    (*) Farid Élie Aractingi

    Farid Elie Aractingi, ancien cadre dirigeant dans l’industrie informatique et automobile, est engagé dans des œuvres bénévoles au service de la relation franco-libanaise.

    © LA NEF n°363 Novembre 2023

  • Le Congrès péruvien adopte une loi renforçant le droit constitutionnel à la vie des enfants à naître

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    De Diego Lopez Marina sur CNA :

    Le Congrès péruvien adopte une loi renforçant le droit constitutionnel à la vie des enfants à naître

    13 novembre 2023

    Par 72 voix contre 26 et 6 abstentions, le Congrès péruvien a adopté le 9 novembre un projet de loi qui reconnaît expressément les droits accordés par la Constitution aux enfants à naître.

    Le 12 novembre, le député Alejandro Muñante, l'un des porte-parole du groupe parlementaire pour la vie et la famille au Pérou, a déclaré à ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA, que l'objectif fondamental de la loi était de "consolider le droit à la vie dès la conception, qui est déjà établi dans notre constitution et dans le code civil et le code de l'enfance et de l'adolescence".

    Le législateur a expliqué que pour l'élaboration de cette loi, "il a été jugé nécessaire de pouvoir développer et détailler une liste de droits que notre constitution cherche précisément à protéger dès la conception". Selon l'article 2 de la Grande Charte du pays, au Pérou, "l'enfant conçu est un sujet de droit dans tout ce qui le favorise".

    Quels sont les changements apportés par la nouvelle loi ?

    Le premier article de la "loi qui reconnaît les droits de l'enfant conçu", ou loi 785, récemment adoptée, fait de l'enfant à naître un sujet de droits ayant le statut de personne humaine à part entière. Le deuxième article garantit l'identité génétique distincte de l'enfant conçu, unique et non reproductible, indépendant de la mère et doté d'une personnalité propre.

    L'article 3 de la nouvelle loi reconnaît les droits à la vie, à la santé, à l'intégrité morale, mentale et physique, à l'identité, au libre développement, au bien-être et aux autres droits qui bénéficient à l'être humain à naître.

    Quant au code civil actuel, l'article 1 fait une distinction entre l'enfant conçu et la personne humaine en établissant que "la personne humaine est sujet de droit dès sa naissance" et laisse donc place à l'argument "mais pas dès sa conception".

    Tel qu'amendé, le code civil stipule : "La vie humaine commence avec la conception. La personne humaine est un sujet de droit dès sa conception. L'État péruvien reconnaît et garantit le respect de la dignité de l'enfant conçu, ainsi que son droit à la vie, à l'identité individuelle, à l'intégrité mentale et physique, ainsi qu'à se développer librement dans le ventre de sa mère [c'est-à-dire sans ingérence extérieure]".

    L'article 5 de la loi, qui fait référence aux "droits de la mère enceinte", établit que "l'État garantit l'accès de la mère enceinte à la santé, ainsi que l'information nécessaire aux soins de santé et à la nutrition de l'enfant conçu pendant le processus de gestation".

    L'article 6 final stipule que "dans les situations de risque médical élevé, dans lesquelles la vie de la mère et de l'enfant conçu est en danger, les professionnels de la santé sont tenus d'informer [le patient] du diagnostic, du traitement et de ses effets sur la santé et le développement de la femme enceinte et de l'enfant conçu".

    "Si le traitement met en danger la vie de l'un d'entre eux, poursuit l'article, c'est à la mère ou au conjoint, au partenaire cohabitant ou aux parents jusqu'au deuxième degré de consanguinité et au premier degré d'affinité qu'il appartient de décider des mesures médicales à prendre.

    Pour le député Muñante, cette loi "a permis de réaliser des progrès notables en termes de protection du droit à la vie" et, pour qu'elle entre en vigueur, "il suffit qu'elle soit publiée au Journal officiel péruvien et que le code civil soit modifié en conséquence".

    Diego Lopez Marina est diplômé en sciences de la communication avec une spécialisation en journalisme de l'Université de San Martín de Porres (Pérou). Il a commencé sa carrière professionnelle en 2015, en tant que rédacteur pour le secteur des archives journalistiques du Diario El Comercio. En 2016, il a commencé à travailler comme rédacteur pour ACI Prensa et depuis 2018, il travaille comme rédacteur web.

  • Que signifie éduquer? Une réflexion d’un spécialiste sur la tâche éducative dans le contexte actuel

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    De Gregorio Luri sur didoc.be :

    Que signifie éduquer?

    Une réflexion d’un spécialiste sur la tâche éducative dans le contexte actuel.

    (…)

    En février 2021, a été annoncée la création d’un « groupe d’experts de la Commission européenne » avec pour mission de trouver « une définition » de ce que l’on entend par « éducation et formation de qualité », étant donné que sans cette définition il ne semble pas possible « d’identifier les politiques d’éducation et de formation les plus efficaces ». La Commission européenne reconnaissait ainsi, de facto, qu’elle ne dispose pas d’une définition satisfaisante de ce qu’est une personne éduquée. C’est la raison pour laquelle il devient de plus en plus difficile de parvenir à un consensus sur l’éducation. Pour contourner cette difficulté, nous nous efforçons de trouver un terrain idéologiquement neutre sur lequel fonder notre action éducative de manière non controversée. Beaucoup pensent l’avoir trouvé dans la technologie et l’innovation.

    Il est facile de constater que ce sont les doutes sur ce qui est bon qui alimentent l’essor axiologique du nouveau. Le nouveau ne se réfère plus tant à une position dans le temps qu’à une valeur. Si une chose est présentée comme innovante, cela lui épargne de devoir justifier sa pertinence. Or, si le valable est le nouveau, on pourrait dire que le nouveau est la manifestation du relativisme moderne.

    Je ne nie pas que, dans le domaine de la technologie, l’évaluation positive de la nouveauté possède un fondement. La dernière automobile est sans doute la plus évoluée, mais ne serait-il pas stupide de croire que nous sommes de meilleurs écrivains que Proust simplement parce que nous écrivons après lui ? Qu’elle possède un fondement ne signifie pas qu’elle soit infaillible. La nouveauté d’un produit ne garantit pas son succès. Tout entrepreneur sait que l’innovation n’est pas sans risque. Le dernier produit ne supplante pas toujours le précédent, même s’il est technologiquement supérieur. L’échec n’est pas rare en matière d’innovation. L’investissement dans le domaine de l’innovation est nécessaire pour ne pas se laisser distancer, mais il ne garantit pas une position de pionnier. Si une entreprise échoue dans une innovation technologique, elle peut se retrouver en difficulté, mais l’école peut-elle se permettre un tel risque ? Ma réponse serait oui s’il n’y avait pas de permanences anthropologiques.

    Nous nous sommes laissés influencer par la rumeur selon laquelle environ 65% des enfants qui commencent l’école aujourd’hui devront faire face dans leur vie professionnelle à des technologies qui, à ce jour, n’ont pas encore été inventées pour résoudre des problèmes qui sont inimaginables aujourd’hui. Si cela était vrai, nous devrions également nous occuper des 35 % qui, selon la même rumeur, devront faire face à la permanence des problèmes actuels. Mais on n’en parle pas, car ce qui sous-tend ces annonces, c’est la conviction que l’homme est un être saisonnier, un produit technologique de plus, sujet, comme tout autre, à l’obsolescence. Mais s’il y a des permanences anthropologiques, c’est qu’il y a quelque chose dans l’homme qui n’est pas soumis au passage du temps.

    Savez-vous pourquoi les permanences anthropologiques ont été occultées ? Parce que, pour les rendre visibles, il faut se tourner vers le passé et non pas exclusivement vers l’avenir. Et c’est précisément là qu’apparaît l’un des objectifs d’une éducation humaniste : l’acquisition d’une large perspective sur les choses humaines. Si nous pouvons nous émouvoir aujourd’hui des vers de Sappho, si la Vénus callipyge porte encore bien son nom, si Platon nous fait encore réfléchir, si nous écoutons encore Mozart, si nous sommes encore déterminés à chercher un travail qui nous rend heureux et un amour sûr, si notre position dans le cosmos nous pose encore des questions... c’est qu’il y a des permanences anthropologiques.

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  • Un film pour découvrir la sacralité de l’amour et de la sexualité à la lumière des enseignements de Jean-Paul II

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    Par des témoignages de couples et d'experts de la théologie du corps, le film-enquête « Une seule chair » propose de découvrir la sacralité de l’amour et de la sexualité à la lumière des enseignements de Jean-Paul II.

    De KTO sur youtube :

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    Aujourd'hui, la vie sexuelle d'un grand nombre de nos contemporains, et de bien des chrétiens, semble d'une grande tristesse et pauvreté : la fameuse « libération sexuelle » des années 60-80 a conduit bien souvent à un immense vide, beaucoup de souffrances et une absence de sens. La société, comme l'Église sont ébranlées et meurtries ces dernières années par de terribles scandales : #MeeToo, Pédophilie, #Balancetonporc, abus sexuels, ... Faut-il à ce point désespérer de l'amour et de la sexualité ? Pourtant, selon la Bible, Dieu s'est immensément réjoui de créer la sexualité et le couple. Il voulait pour chaque couple un brasier d'amour et de joie à l'image de l'amour intense qui circule entre les trois personnes divines. Si le péché originel est venu contrecarrer ce dessein de Dieu poussant l'homme et la femme vers des chemins sans issue, le Christ est venu les guérir en profondeur non seulement dans leur âme mais aussi dans leur sexualité. Comme jamais dans l'histoire, l'Église et l'Esprit Saint appellent les époux sauvés à témoigner combien le Christ vient guérir les coeurs et les corps sexués, malades et assoiffés d'amour. Couples engagés mais aussi experts viendront nous éclairer sur cette Révélation et le chemin de la vraie libération sexuelle qu'elle montre et que le Seigneur veut pour chacun de nous. Une coproduction KTO/Krea Film Makers 2023 - Réalisée par Sabrina et Steven J. Gunnell

    https://www.youtube.com/watch?v=HVHLUHDE7TA

  • Les dessous de la destitution d’un évêque américain par le pape François

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    Lu sur le site web il sismografo (13 novembre 2023) :

    Publié par Jean-Marie Guénois, dans Le Figaro :

    eveque-americain-revoque.jpg« Opposé à la ligne réformatrice de François, Mgr Strickland avait critiqué les évolutions envisagées par le synode sur l'avenir de l'Église. -- La réunion annuelle des 273 évêques américains à Baltimore (Maryland) s'ouvre ce lundi dans un contexte de crise inattendue: le pape François a «relevé», l'un d’eux, ce samedi 11 novembre. Il s’agit de Mgr Joseph Strickland, 65 ans, évêque de Tyler au Texas, connu pour être la voix épiscopale la plus critique du pontificat aux États-Unis. Un acte très rare. Il l'a remplacé, selon la procédure, par un administrateur apostolique provisoire, Mgr Joe Vasquez, l'évêque d'Austin. Mgr Strickland avait été nommé à ce poste il y a onze ans par Benoît XVI.

    Cette décision romaine est la conséquence d'une visite apostolique qui avait été décidée par Rome en raison de prises de position récurrentes de cet évêque opposé à la ligne réformatrice du pape François. Le prélat publiait habituellement sur les réseaux sociaux, dont son compte X (ex-twitter) aux 160 560 abonnés, ou sur son blog, mais aussi sur ses nombreuses lettres pastorales, toujours disponibles sur le site du diocèse. Il s'exprimait aussi sur une radio catholique très populaire, Virgin Most Powerful Radio, qui vend par exemple des T-shirts «I stand with Strikland», «je suis avec Strickland».

    Depuis longtemps sous la pression de Rome, Mgr Strickland avait dit refuser toute perspective de démission. Il a tenu parole. D'où le passage en force du pape François. La preuve tient dans le libellé du Vatican, samedi, de cette démission imposée. Il tenait en trois lignes, purement administratives, dans le bulletin quotidien de la salle de presse du Saint-Siège en évoquant un «relèvement de charge», ce qui est rarissime. Le terme habituel est celui d'une «acception par le pape de la renonciation» d'un évêque. L'usage veut que, même si ce dernier conteste la décision, et même si elle a été imposée de facto, il doit proposer sa démission au pape qui, alors, «l'accepte» formellement.

    Critique sur le synode

    Le Vatican n'a pas expliqué les raisons de cette mise hors course d'un évêque très classique, non traditionaliste, mais très rigoureux sur l'enseignement de l'Église tel qu'il est aujourd'hui. Des sources proches du dossier indiquent aussi des «problèmes de gestion» dans son diocèse, mais sans précision.

    Mgr Strickland s'est effectivement montré publiquement très critique, comme une majorité de ses confrères américains, sur «le synode de l'avenir de l'Église» dont la première session s'est déroulée au Vatican en octobre dernier, en attendant une seconde assemblée en octobre 2024. Il a critiqué une série de décisions qui pourraient instituer une forme de diaconat féminin, l'ordination à la prêtrise d'hommes mariés, le contrôle par des laïcs du pouvoir épiscopal et la bénédiction de couples homosexuels, même si ce dernier point a été plus contesté que prévu en octobre.

    Dans sa lettre du 22 août 2023 adressée aux catholiques de son diocèse du nord est du Texas, il récuse point par point ces évolutions en s'appuyant sur l'enseignement post-conciliaire de l'Église catholique, avec cette conclusion qui a dû lui coûter cher, puisqu'il a laissé entendre que le pape François serait schismatique: «Il est regrettable que ceux qui ne sont pas d'accord à ces changements [prévus par le synode, NDLR] soient étiquetés “schismatiques”. (…) Mais tenir ferme ne signifie pas que l'on cherche à quitter l'Église. Au contraire, ce sont ceux qui proposeraient des changements sur ce qui ne peut pas être changé selon les commandements du Christ, à son Église, ce sont eux qui sont les vrais schismatiques ». Sans doute l’évêque a-t-il signé son arrêt de mort le 31 octobre dernier, jour où il a cité publiquement une phrase extraite d'une lettre qu'il avait reçue, qualifiant le pape François «d'usurpateur» parce qu'il aurait «poussé le vrai pape dehors pour occuper sur un trône qui n'est pas le sien»…

    Durcissement du pontificat

    Sur son compte X, (ex Twitter ) Mgr Strikland a notamment commenté sa déposition par cette phrase : «Peu importe ce que le jour apporte, réjouissez-vous toujours. Jésus-Christ est la Voie, la Vérité et la Vie, hier, aujourd'hui, et toujours». Si beaucoup apprécient cette mise hors-jeu d'un évêque contestataire – recommandé par les membres de la visite apostolique, une sorte d'audit interne ecclésial - elle confirme un durcissement objectif du pontificat observé depuis la mort du pape émérite Benoit XVI. Son ancien secrétaire personnel, Mgr Georg Gänswein, n'a-t-il pas été renvoyé cet été en Allemagne, sans aucune affectation, après ses propos critiques contre le pontificat?

    Le 21 septembre dernier, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de Benoît XVI, avait pour sa part publiquement conseillé à Mgr Strickland, alors sous le coup de la visite apostolique dans son diocèse, de ne pas accepter la démission qu'on lui demanderait. Elle serait, selon lui, «une révocation arbitraire» qui finirait par porter «atteinte à l'autorité du pape». Car «un évêque ne peut être destitué par le pape, affirmait Müller, que s'il s'est rendu coupable de quelque chose de mauvais, hérésie, schisme, apostasie, crime ou comportement totalement non-sacerdotal».

    Pour ce théologien en effet «Le pape n'a aucune autorité du Christ pour intimider les bons évêques qui vivent à l'image du Christ Bon Pasteur et qui sanctifient, enseignent et conduisent le troupeau de Dieu au nom du Christ, conformément à l'idéal épiscopal de Vatican II».

    Un message aux évêques américains

    Il est certain que le pape ne reviendra pas sur cette décision. Elle est un message clair aux évêques américains considérés comme les plus récalcitrants à son pontificat, et qui commencent donc leur assemblée plénière ce lundi pour trois jours à Baltimore. Pour particulière qu'elle soit – 5340 évêques catholiques sont en fonction dans le monde - , la révocation de Mgr Strickland sera toutefois considérée par beaucoup comme un nouvel acte «autoritariste» de François. D'autant, remarque-t-on dans certains milieux du Vatican, qu'elle n'est fondée sur aucun article du code de droit canonique, donc hors du droit en vigueur.

    Un aspect indéniable de la gouvernance de François, où il est désormais ouvertement critiqué à sa droite comme à gauche. »