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Europe - Page 92

  • Enfin une décision de la Cour européenne des droits de l'homme qui pose le respect de l'enfant et de ses droits comme limite à la réalisation des désirs d'enfant !

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    D'Aude Mirkovic sur FigaroVox (source) :

    ... enfin les droits des enfants ! 

    GPA : "La Cour européenne des droits de l'homme protège enfin les droits des enfants !"

    La CEDH a conclu qu'un Etat n'avait pas à reconnaître comme parents les personnes ayant acheté un enfant. Aude Mirkovic s'en félicite, mais invite à ne pas baisser la garde car la Cour s'est fondée en l'espèce sur l'absence de lien biologique entre les "acheteurs" et l'enfant.

    Un Etat n'a pas à reconnaître comme parents les personnes ayant acheté un enfant : voici, en substance, ce qui résulte de la décision rendue hier, le 24 janvier 2017, par la Cour européenne des droits de l'homme dans l'affaire opposant à l'Italie deux de ses ressortissants, Paradiso et Campanelli.
    Il aura quand même fallu cet arrêt de la grande chambre pour invalider une décision rendue en simple chambre il y a un an dans la même affaire et qui disait…. exactement l'inverse ! Si les droits de l'homme et sans doute ceux de la femme se portent bien, il n'en va visiblement pas de même des droits de l'enfant, même si cette affaire pourrait marquer un avant et un après dans la prise en considération, enfin !, des droits de l'enfant comme limite à la réalisation des désirs des adultes.
    En l'espèce, le principal intéressé est un enfant, fabriqué en Russie pour la vente : conçu de gamètes inconnus, porté par une femme engagée à le livrer dès sa naissance, l'enfant est remis à un couple d'Italiens contre son prix, 50 000 euros très exactement.

    Alors que le couple demande, sans complexe, aux autorités italiennes l'enregistrement du certificat de naissance russe les désignant comme parents, le gouvernement italien place l'enfant en vue de son adoption dans une famille d'accueil. Qu'à cela ne tienne, le couple se plaint devant la Cour européenne des droits de l'homme, compréhensive en matière de gestation pour autrui puisqu'elle a déjà condamné (trois fois à ce jour) la France pour avoir refusé, précisément, la transcription sur les registres français d'état civil des actes de naissance des enfants nés de cette pratique à l'étranger.

    Alors que, il y a un an, la cour européenne condamnait l'Italie en raison de l'atteinte portée à la vie familiale des requérants, la grande chambre retrouve la raison pour refuser de reconnaître quelque vie familiale que ce soit dans une situation résultant d'un tel achat d'enfant. S'il suffisait, en effet, de s'occuper d'un enfant pour que naisse une vie familiale protégée par le droit, tous les trafics d'enfants pourraient fleurir et se développer en totale impunité. Au contraire, estime la cour, en exigeant le respect des règles sur l'adoption internationale, "le législateur italien s'efforce de protéger les enfants contre des pratiques illicites, dont certaines peuvent être qualifiées de trafic d'êtres humains". Et la conception d'un enfant délibérément privé de parents pour le rendre disponible à la vente méconnaît sans conteste les règles de l'adoption internationale, laquelle vise à venir en aide à des enfants privés de leurs parents par les malheurs de la vie et non à fabriquer des enfants sans parents.

    A défaut de vie familiale, la cour estime que la vie privée des époux italiens est bel et bien concernée. Pour autant, l'atteinte qu'elle subit du fait de la décision d'éloigner l'enfant et de le confier à l'adoption est justifiée comme poursuivant le but légitime de la "défense de l'ordre" et la protection des "droits et libertés" de l'enfant. Autrement dit, le gouvernement italien n'a pas violé la convention européenne des droits de l'homme en retirant un enfant à ses acheteurs pour le confier à une famille d'accueil en vue de l'adoption. On respire !

    Enfin une décision de la Cour européenne des droits de l'homme qui pose le respect de l'enfant et de ses droits comme limite à la réalisation des désirs d'enfant ! Pourquoi ne pas s'en féliciter, sans réserve ?

    Le soulagement pour l'enfant concerné et tous les autres menacés comme lui est réel. Pour autant, nulle raison encore de baisser la garde car les enfants sont loin d'être tous à l'abri : la cour européenne s'appuie fortement dans l'affaire commentée sur le fait que l'enfant n'était lié biologiquement à aucun de ses acheteurs. Justement, elle se montre bien trop compréhensive dès lors que l'un des clients de la mère porteuse, en général un homme, a fourni ses gamètes pour la conception de l'enfant. En témoigne la troisième condamnation de la France, le 19 janvier dernier, fondée en grande partie sur le lien biologique unissant l'enfant à l'homme l'ayant commandé à la mère porteuse.

    Le fait d'avoir fourni un spermatozoïde donnerait-il donc tous les droits à un homme sur l'enfant à venir, au point de lui imposer une gestation pour autrui pour venir au monde ? Si la France voulait vraiment protéger les enfants de la GPA, elle ferait appel des condamnations iniques subies à répétition : elle pourrait ainsi contraindre la grande chambre à remettre l'enfant au cœur des décisions, comme l'Italie l'a fait hier. Il y aurait alors vraiment un avant, et un après. Pour l'heure, en attendant la France, merci l'Italie !

    Paru sur Figarovox, 25 janvier 2017

  • Pourquoi les pays européens ne figurent pas dans les dix premiers pays du monde à accueillir des réfugiés

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    RV22788_LancioGrande.jpgDe Radio Vatican :

    "Que penser des réfugiés", de Xavier Dijon

    (RV) Entretien - Ces dernières années, les medias nous ont rapporté, images à l’appui, les tragiques péripéties de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants qui fuient l’Afghanistan, le Congo, la Guinée, l’Irak, le Kosovo, la Libye, le Mali, la Somalie, la Syrie et tant d’autres pays en proie à la violence. Jésuite belge, Xavier Dijon, a écrit un livre intitulé : Que penser des réfugiés ? (Editions Jésuite-Fidélité). Cet ouvrage confronte deux idéologies : l’une qui invoque les droits de l’homme et l’autre qui revendique la souveraineté des pays occidentaux.   

    Sœur Catherine Aubin l’a interrogé en lui demandant tout d’abord les raisons de l’absence des pays européens dans les dix premiers pays du monde à accueillir des réfugiés. 

  • Le nouveau président du Parlement européen est catholique et monarchiste

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    D’ Hugues Lefèvre et Pierre Jova sur le site de « Famille chrétienne » :

     « C’est grâce à une alliance de circonstance avec les libéraux européens qu’Antonio Tajani, candidat de centre droit et membre du Parti populaire européen (PPE), a été désigné par les députés pour siéger au perchoir du parlement de Strasbourg, mardi 17 janvier. À 63 ans, cet Italien a la double réputation d’être un fidèle du sulfureux Silvio Berlusconi et un commissaire européen expérimenté. Eurodéputé depuis 1994, il a occupé les fonctions de commissaire européen chargé des transports de 2008 à 2010, puis a été en charge de l’industrie jusqu’en 2014. Vice-président du Parlement européen depuis 2014, Antonio Tajani était responsable du dialogue avec les religions. Un rôle dans lequel il fut très actif, comme l’ont rappelé les représentants des évêques de la communauté européenne dans un communiqué du 17 janvier. Fait curieux, le nouveau président de l’hémicycle est un sympathisant monarchiste. Dans sa jeunesse, il a en effet milité au sein du Parti démocratique italien de l’unité monarchique. Un engagement qu’il justifie par son attachement à l’unité nationale italienne forgée par la monarchie en 1870 – abolie en 1946.

    « Un catholique qui s’assume » 

    «  Á  Bruxelles, c’est une figure bien connue », assure Maria Hildingsson, secrétaire générale de la Fédération européenne des Associations familiales catholiques (FAFCE). « C’est un catholique qui s’assume, qui a des convictions. » Lors des élections européennes de 2014, Antonio Tajani s’engage à promouvoir les droits de la famille en signant le manifeste de la FAFCE. De même, en 2016, il soutient publiquement les manifestations contre le mariage homosexuel en Italie. « Je participerai au FamilyDay. Pas contre les unions civiles, mais du côté des enfants qui ont droit à avoir un père et une mère », écrivait-il sur Twitter.

    Ses prises de position inquiètent les groupes de pression LGBT. Le lobby gay ILGA lui reproche d’avoir signé la charte de la fondation Novae Terrae en 2014. Une charte où « seules les familles sont définies restrictivement comme étant celles fondées sur les unions entre hommes et femmes », s’insurge le lobby.

    « Sur les questions éthiques M. Tajani est très solide », confirme Sophia Kuby, la représentante auprès de l’Union européenne d’ADF international, une ONG qui défend les libertés religieuses dans le monde. « Mais évidemment, maintenant qu’il est président, il ne faut pas s’attendre à ce qu’il se prononce trop sur ces questions, car sa mission est d’abord de veiller au bon fonctionnement du Parlement », tempère la lobbyiste qui s’inquiète par ailleurs de l’accord tissé entre le PPE – parti d’Antonio Tajani – et les libéraux pour aboutir à cette élection. Avec cet accord, le candidat de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (ADLE), Guy Verhofstadt, s’est retiré. « Il s’agit de l’ancien Premier ministre belge, un libéral à l’extrême sur toutes les questions de société », confie Sophia Kuby, qui craint que le nouveau président du Parlement soit « à la merci des libéraux ». 

    Pour l’heure, Antonio Tajani s’est engagé à être le président de tous les groupes des députés, ce qui pourrait rompre avec la méthode de son prédécesseur. Car, selon Maria Hildingsson, Martin Schulz a durant son mandat « laissé sur le bord du chemin les petits groupes du parlement ».

    « Nous espérons en tout cas qu’il reste fidèle à ses valeurs, car il est encourageant pour beaucoup de chrétiens de voir au sommet d’une telle institution un homme qui ne fait pas des convictions une honte à cacher », conclut Nicola Speranza, conseiller politique italien à la FAFCE. »

    Ref. Un catholique à la tête du Parlement européen

    JPSC

  • A la Cour européenne des Droits de l'Homme, une décision importante sur la gestation pour autrui

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    Ce 24 janvier, la formation solennelle de la Cour européenne des droits de l’homme, a rendu publique une décision importante renversant une précédente décision de janvier 2015 en matière de gestation par autrui (GPA) dans l’affaire Paradiso et Campanelli c. Italie.

    A l’encontre de sa précédente décision, la Grande Chambre de la Cour a jugé, par onze voix contre six, que les autorités italiennes pouvaient légitimement retirer aux adultes commanditaires la garde d’un enfant obtenu illégalement par GPA. Ce faisant, la Cour rend aux États européens une certaine faculté de lutter contre la GPA internationale. 

    Cette affaire se distingue des précédents arrêts prononcés contre la France (Mennesson, Labassée, etc) en ce que l’enfant n’a aucun lien biologique avec les commanditaires italiens : il a été produit sur commande pour 49000 euros par une société moscovite avec des gamètes de tierces personnes. Les autorités italiennes, constatant la violation des normes internationales et de l’ordre public italien, décidèrent – dans l’intérêt de l’enfant – de le retirer de la garde de ses acquéreurs pour le confier à l’adoption. L’enfant vécut moins de six mois avec ses commanditaires.

    Dans un premier jugement du 27 janvier 2015, la Cour avait condamné l’Italie à verser 30000 euros au couple, estimant que le retrait de l’enfant avait porté atteinte au respect de leur vie privée et familiale, tout en concédant que l’Italie pouvait refuser de reconnaître la filiation établie en Russie. Pour juger ainsi, la Cour avait estimé que l’achat d’un enfant peut constituer le fondement d’une vie familiale protégée par les droits de l’homme dès lors que les acquéreurs se sont comportés « comme des parents » pendant quelques mois. La Cour en déduisit que la protection de cette « vie familiale » primait le respect de l’ordre public et qu’il était dans l’intérêt de l’enfant d’être élevé par ses acquéreurs. Ce faisant la Cour entérinait une vente d’enfant, paradoxalement au nom de l’intérêt de l’enfant.

    Deux juges « dissidents » Robert Spano et Guido Raimondi, élu depuis Président de la Cour, avaient alors dénoncé cet arrêt en ce qu’il réduisait à néant la liberté des États de ne pas reconnaître d’effets juridiques à la gestation pour autrui, et même la légitimité du choix de l’État en ce sens.

    Dans sa nouvelle décision, et c’est un point important, la Grande Chambre a conclu à l’absence de vie familiale, même seulement de facto (§ 157), entre les requérants et l’enfant compte tenu de l’absence de tout lien biologique entre eux, de la courte durée de leur cohabitation et de la « précarité » juridique de leurs liens, et ce « malgré l’existence d’un projet parental et la qualité des liens affectifs ».

    La Cour a en revanche estimé que la vie privée des requérants a été affectée par le retrait de l’enfant, mais sans entrainer de violation des droits des requérants. La Cour a en effet jugé que le retrait de l’enfant avait pour but légitime la défense de l’ordre et la protection des droits et libertés d’autrui, en particulier celui de protéger les enfants en matière de filiation. Elle a également estimé que l’enfant ne subirait pas un préjudice grave ou irréparable en conséquence de la séparation et que par suite les autorités ont ménagé un juste équilibre entre les différents intérêts en jeu, tout en demeurant dans les limites de la marge d’appréciation dont elles disposaient.

    Il en résulte que le droit au respect de la vie privée et familiale des requérants n’a pas été violé.

    De façon importante et à l’inverse de la première décision, la Grande Chambre rappelle que « la Convention ne consacre aucun droit de devenir parent » et pose que « l’intérêt général » prime « le désir de parentalité » des requérants. Plus encore, il était légitime de retirer l’enfant car « Accepter de laisser l’enfant avec les requérants (…) serait revenu à légaliser la situation créée par eux en violation de règles importantes du droit italien. » (§ 215)

    Par cette décision, la Grande Chambre n’a malheureusement pas saisi l’occasion de condamner la pratique GPA en soi, mais elle rend néanmoins aux États la liberté de refuser le fait accompli et de sanctionner les personnes qui ont recours illégalement à la GPA, cette sanction pouvant aller jusqu’au retrait de l’enfant, comme en l’espèce. Le principe même de cette sanction est avalisé en l’espèce, et c’est seulement sa proportionnalité qui est soumise au contrôle de la Cour.

    Il faut également souligner l'opinion concordante commune aux Juges De Gaetano, Pinto de Albuquerque, Wojtyczek et Dedov qui déclarent :

    « nous estimons que la gestation pour autrui, qu’elle soit ou non rémunérée, n’est pas compatible avec la dignité humaine. Elle constitue un traitement dégradant non seulement pour l’enfant mais également pour la mère de substitution »

    L’ECLJ s’est très fortement engagé sur cette affaire depuis 2012 et n’a eu de cesse de dénoncer la décision de 2015.  L’ECLJ se réjouit de cette décision ; il félicite les autorités italiennes pour leur défense.

    Liens :

    Grégor Puppinck et Claire de La Hougue, « Paradiso et Campanelli c/ Italie : la CEDH entérine une “vente d'enfant par GPA” », RLDC, 5841, mai 2015

    CEDH, Affaire Paradiso et Campanelli, n°25358/12, Deuxième Section, 27 janvier 2015

    Paradiso and Campanelli v Italy :The ECHR validates the sale of a child through surrogacy

    Claire de La Hougue, « CEDH : de la GPA à la vente d’enfants », Valeurs actuelles, 17 février 2015.

    Grégor Puppinck, « GPA : l’engrenage de la CEDH », Le Figaro Vox, 13 février 2015.

    A lire également : gpa : la cour europeenne des droits de l'homme protège enfin les droit des enfants

  • La décision de la CEDH posera aujourd'hui les principes du régime de la GPA en Europe

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    De Gregor Puppinck sur genethique.org ("Le coin des experts") :

    LA DÉCISION DE LA GRANDE CHAMBRE DE LA CEDH POSERA MARDI LES PRINCIPES DU RÉGIME DE LA GPA EN EUROPE

    Le 24 janvier, la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l’homme rendra public sa décision dans l’affaire Paradiso et Campanelli c. Italie en matière de gestation par autrui (GPA). C’est la première fois que la Grande Chambre, « formation solennelle » de la CEDH, se prononcera sur ce thème controversé ; elle posera alors les principes du régime de la GPA dans le cadre de la Convention européenne des droits de l’homme.

    Est en cause dans cette affaire la décision des autorités italiennes de retirer un enfant né par GPA en Russie à un couple d’italiens âgés qui l’avait commandé et acheté (49.000 euros) auprès d’une compagnie russe. Après analyse, il était apparu que l’enfant n’avait aucun lien biologique avec les commanditaires : il a été produit sur commande par fécondation in vitro et GPA pour être vendu. Les juges italiens, constatant la violation des normes internationales et de l’ordre public italien, décidèrent – dans l’intérêt de l’enfant – de le retirer de la garde de ses acquéreurs pour le confier à l’adoption. L’enfant vécut moins de six mois avec ses commanditaires. 

    Dans un premier jugement rendu le 27 janvier 2015, la Cour avait condamné l’Italie à verser 30.000 euros au couple, estimant que le retrait de l’enfant avait porté atteinte au respect de leur vie privée et familiale, tout en concédant que l’Italie pouvait refuser de reconnaître la filiation établie en Russie (lire le jugement).

    Pour juger ainsi, la Cour avait estimé que l’achat d’un enfant peut constituer le fondement d’une vie familiale protégée par les droits de l’homme dès lors que les acquéreurs se sont comportés « comme des parents » pendant quelques mois. La Cour en déduisit que la protection de cette « vie familiale » primait le respect de l’ordre public et qu’il était dans l’intérêt de l’enfant d’être élevé par ses acquéreurs. Ce faisant la Cour entérinait une vente d’enfant, paradoxalement au nom de l’intérêt de l’enfant.

    Ce premier arrêt avait choqué, car il entérine la production sur commande et la vente d’un enfant. À aucun moment la Cour ne s’était interrogée sur la moralité de la GPA, sur l’origine de l’enfant, sur l’exploitation des vendeurs de gamètes et de la mère porteuse à l’origine de son existence. Elle ne s’était pas davantage interrogée sur la violence irrémédiable infligée aux enfants nés de GPA : condamnés « pour leur bien », selon sa logique, à vivre avec ceux-là même qui les ont fait venir à l’existence comme une marchandise (commentaire d'arrêt en Anglais).

    Comme l’avaient souligné les deux juges dissidents, Guido Raimondi et Robert Spano, cet arrêt réduit à néant la liberté des États de ne pas reconnaître d’effets juridiques à la gestation pour autrui, et même la légitimité du choix de l’État en ce sens.

    À la demande du Gouvernement italien, l’affaire a été renvoyée « en appel » devant la Grande Chambre. Aujoud’hui, on peut raisonnablement espérer que la Grande Chambre renverse le premier jugement et reconnaisse le bien-fondé de la décision des autorités italiennes. Si tel est le cas, cette décision préserverait la liberté des États de ne pas reconnaître d’effets juridiques à des gestations par autrui réalisées à l’étranger, au moins en l’absence de lien biologique entre enfant et commendataire, comme en l’espèce. En revanche, lorsqu’un tel lien biologique existe, il est fort probable que la Cour maintienne l’exigence de sa reconnaissance juridique, suivant sa jurisprudence antérieure dans les affaires Mennesson et Labassée contre la France du 26 juin 2014.

  • « La bataille finale entre Dieu et Satan portera sur le mariage et la famille »

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    De Diane Montagna sur le site « Aleteia », le 20 janvier 2017 : il y a des années, Sœur Lucia écrivait une lettre au cardinal Carlo Caffarra : « Toutefois, Notre Dame lui a déjà écrasé la tête »…

    caffarra.jpg « La bataille finale entre Dieu et le royaume de Satan portera sur le mariage et la famille » confiait il y a plusieurs années Sœur Lucia dos Santos, une des trois voyantes de Fatima, au cardinal Carlo Carrara, alors qu’il travaillait à la fondation de l’Institut pontifical Jean Paul II d’études sur le mariage et la famille à Rome.

    Le 16 février 2008, le cardinal Caffarra, alors archevêque de Bologne, se déplace à San Giovanni Rotondo pour célébrer une messe sur la tombe de saint Padre Pio. Après la messe, le cardinal a accordé une interview au média italien Teleradio Padre Pio, publiée sous le titre de « La voix de Padre Pio » dans l’édition de mars du magazine.

    Dans l’interview, le cardinal parle également de sa dévotion pour Padre Pio, ainsi que de la profonde signification qu’ont ce dernier ainsi que d’autres mystiques dans le monde d’aujourd’hui.

    Le cardinal Caffarra est le président fondateur de l’Institut pontifical Jean Paul II d’études sur le mariage et la famille. Il a également servi en tant que membre du Tribunal suprême de la signature apostolique, membre du Conseil pontifical pour la famille et membre de l’Académie pontificale pour la vie.

    Il fut fait cardinal par le pape Benoît XVI en mars 2016. Il fut également l’un des 45 délégués choisis avec soin par le pape François pour assister au Synode ordinaire sur la famille de 2015.

    Voici la traduction française de cette interview accordée par le cardinal Caffarra à Teleradio Padre Pio.

    Monseigneur, vous avez récemment déclaré au Corriere della Sera avoir toujours eu une grande dévotion pour Padre Pio. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?


    Cardinal Caffarra : 
    L’origine de ma dévotion pour lui remonte à mes débuts en tant que prêtre, à cause d’une expérience personnelle unique. Cela faisait des mois que j’étais prêtre et un frère prêtre est venu me voir. Il était bien plus âgé que moi et traversait une profonde crise de la foi. Il m’est difficile de décrire ce qu’une crise de la foi représente pour un prêtre… C’est tout simplement terrible ! Je lui ai dit : « Mon frère, je suis trop faible ; je ne me sens pas de porter un tel fardeau. Va plutôt voir Padre Pio ». Il y est allé et pendant qu’il parlait avec Padre Pio, il a eu une grande expérience mystique. Il a vécu de façon très intense la miséricorde de Dieu. Il est à présent un des meilleurs prêtres que je connaisse. Voilà, tout y est. C’est ainsi que tout a commencé.

    Avez-vous vous-même déjà rencontré Padre Pio ?
    Non, parce que je n’ai jamais eu le courage d’aller le voir, je craignais lui faire perdre son temps ! […] Je pense que Padre Pio s’inscrit dans la lignée des grands mystiques qui partagent cette caractéristique : tous portent avec intensité la Croix du Christ. En effet, leurs épaules supportent la plus grande tragédie humaine d’aujourd’hui : l’athéisme. Padre Pio, sainte Gemma Galgani, sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, Mère Teresa et le Curé d’Ars ont tous fait la profonde expérience de manger avec des pécheurs, de partager leur vie, de porter le poids de l’Agonie de Gethsémani, chacun à sa façon, témoignant ainsi de l’amour du Christ qui prend pour lui les souffrances de celui qui a quitté la maison de son Père et qui ne veut pas y retourner, même s’il sait dans son cœur qu’il y sera bien mieux qu’à garder des cochons… L’humanité s’imagine aujourd’hui pouvoir continuer à vivre comme si Dieu n’existait pas.

    Il existe une prophétie de Sœur Lucia dos Santos, la voyante de Fatima dont le processus de béatification a commencé le 13 février [2008]. Elle concerne « la bataille finale entre le Seigneur et le royaume de Satan. » Et son champ de bataille, c’est la famille. La vie et la famille. Tous ne savent pas que Jean Paul II vous a demandé de mettre au point et de fonder l’Institut pontifical d’études sur le mariage et la famille.


    C’est exact. Quand j’ai commencé cette œuvre que m’a confiée le Serviteur de Dieu [maintenant saint] Jean Paul II, j’ai écrit à Sœur Lucia de Fatima par l’intermédiaire de son évêque (on ne peut pas l’approcher de façon directe). Je ne m’attendais pas à obtenir une réponse de sa part puisque je ne lui demandais que des prières. Cependant, en l’espace de quelques jours, j’ai reçu une très longue lettre de sa main. Elle est maintenant dans les archives de l’Institut. On peut trouver écrit dedans : « La bataille finale entre le Seigneur et le royaume de Satan portera sur le mariage et la famille ». Elle ajoute également : « N’ayez pas peur : tous ceux qui travaillent à la sainteté du mariage et de la famille seront toujours combattus et l’on s’opposera à eux de toutes les façons possibles, parce que ce sont des points décisifs ». Enfin, elle conclut : « Toutefois, Notre Dame lui a déjà écrasé la tête ».

    En parlant à Jean Paul II, on comprenait aussi que la sainteté du mariage était vraiment le point crucial puisqu’il a rapport au pilier de la création lui-même, à l’authenticité de la relation entre un homme et une femme, sur plusieurs générations. Quand on touche à un pilier fondateur, c’est toute la construction qui s’effondre. C’est ce à quoi nous assistons actuellement. Nous avons en effet atteint ce moment crucial, et nous le savons. Et je suis ému quand je lis les meilleures biographies de Padre Pio, de l’attention que portait cet homme à la sainteté du mariage et des époux, parfois même à l’occasion avec une rigueur justifiable.

    Ref. « La bataille finale entre Dieu et Satan portera sur le mariage et la famille »

     Mgr Caffarra est l’un des quatre cardinaux signataires des « dubia » adressés au pape François sur certains aspects de son exhortation post-synodale sur la famille: « Amoris laetitia ».

    JPSC

  • Allemagne : religio depopulata

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    De Vittorio Messori dans la revue « Il vivaio » citée par notre confrère « Diakonos.be » :

     Munich, en Bavière, est un archidiocèse qui compte presque deux millions de baptisés. Séminaristes en 1959: 390. Séminaristes en 2015: 0. Vous avez bien lu, zéro. Pas un seul ! Le bureau diocésain des statistiques - autant l'Eglise allemande regorge d'argent et d'organismes, autant elle souffre d'une grande pauvreté de perspectives spirituelle et d'orthodoxie - vient de publier un document qui compare les chiffres de l'année 1959 (l'année où Jean XXIII a annoncé l'ouverture d'un concile) et 2015. En voici les chiffres, impitoyables et impressionnants: 

     Prêtres: 7.000 contre 2015 aujourd'hui

     Eglises: 3139 contre 1200 aujourd'hui.

     Catholiques déclarés à l'époque où la Bavière était considérée comme un bastion historique de la foi: 99,8% contre 48% aujourd'hui.

     Le document diocésain informe que la moitié des églises encore ouvertes et actives fermeront d'ici cinq ans. Commentaire de la curie diocésaine: "Si cette tendance baissière se poursuit dans les mêmes proportions, la survie du diocèse ne pourra être garantie que pour les 10 prochaines années seulement". Ecclesia fuit. 

     Ce diocèse est gouverné depuis dix ans par le cardinal Reinhard Marx qui est catalogué comme "progressiste" et qui a été nommé 2013 par le pape Bergoglio au sein du groupe de cardinaux censé le conseiller pour gouverner l'Eglise universelle. Ne soyons pas idiots au point d'ignorer que l'état de pré-agonie de l'Eglise de Munich cadre parfaitement avec la crise que nous savons. Il faut tout de même sincèrement se demander quels "conseils" pour une relancer l'Eglise pourrait donner un cardinal archevêque qui dans son propre diocèse, après plus de dix ans en tant qu'évêque, n'a même plus un séminariste et dont on annonce la disparition à brève échéance.

    Note: en juin 2016, la Croix révélait que le diocèse de Munich était le plus riche d'Allemagne avec 5,5 milliards d'euros d'actifs. ...

    Ref. le diocèse de Munich est menacé de disparition

    JPSC

  • La Cour Européenne des Droits de l'Homme confirme l'absence de droit au divorce

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    De Gregor Puppinck sur le site de l'European Centre for Law & Justice :

  • La crise identitaire des catholiques français

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    Lu sur le site de RTL.be :

    Les catholiques français en pleine crise d'identité

    Les catholiques français vivent-ils une crise identitaire, face à l'islam et à la question migratoire? Le débat fait rage au sein de la première religion de France, alors qu'une enquête dresse jeudi un portrait complexe de l'opinion "catho".

    "Au secours, Jésus revient" (Libération), "le réveil des catholiques" (L'Express), "le pouvoir des catholiques" (L'Obs)... Ces dernières semaines, la presse généraliste s'est penchée de manière inattendue sur la place du catholicisme dans un pays largement sécularisé.

    Ces marques d'intérêt ne sont pas sans rapport avec la nette victoire à la primaire de la droite de François Fillon, catholique déclaré qui n'hésite plus à invoquer sa foi chrétienne pour défendre son projet présidentiel.

    Mais peut-on assimiler l'opinion catholique à la droite? Une étude sociologique relayée jeudi dans deux titres du groupe de presse Bayard - le quotidien La Croix et l'hebdomadaire Pèlerin - tente d'y voir plus clair.

    Cette étude Ipsos présente des chiffres qui étayent un ancrage à droite et "confirment que même si les catholiques sont plus réticents au vote FN que le reste des Français, ce parti tend quand même à se banaliser parmi eux", relèvent ses auteurs.

    Cependant, l'enquête identifie six familles de "catholiques engagés" - estimés à près de 12 millions en France parmi les 18 ans et plus, bien au-delà des seuls pratiquants - qui esquissent un portrait relativement divers.

    La première sous-catégorie (45%) est celle des "festifs identitaires", voyant l'Eglise comme une partie de l'identité française, défiants à l'égard du pape François et hostiles aux migrants.

    Derrière arrivent les "saisonniers fraternels" (26%), qui mettent en avant des valeurs d'hospitalité à l'égard des exilés.

    On trouve aussi des "conciliaires" (14%), attachés à une Eglise ouverte après Vatican II, et des "observants" (7%), très sensibles aux combats de la Manif pour tous sur le mariage et la filiation.

    Mais, étonnamment, même les "émancipés" (4%), les plus à gauche, sont décrits comme perplexes voire frileux à l'égard de l'accueil des migrants.

    - "Racines" chrétiennes -

    "La question migratoire est extrêmement clivante, à droite mais aussi à gauche", explique à l'AFP le sociologue du catholicisme Yann Raison du Cleuziou, l'un des auteurs de l'enquête, tout en invitant à la prudence sur l'interprétation de cette étude portant sur 1.007 "catholiques engagés".

    "A gauche, la défiance me semble s'exercer non à l'égard du migrant en soi, mais du musulman: mon hypothèse est que ces catholiques voient dans l'islam un facteur de régression et de conservatisme, notamment par rapport à la condition de la femme ou la laïcité", poursuit-il.

    La question identitaire agite en tout cas les commentateurs catholiques. Journaliste à l'hebdomadaire de droite "décomplexée" Valeurs actuelles, Laurent Dandrieu publie jeudi un épais pamphlet intitulé "Eglise et immigration: le grand malaise" (Presses de la Renaissance). Sa thèse: le pape François a grand tort de marteler "l'unique impératif de l'accueil" de l'étranger, alors que "beaucoup de catholiques ressentent un malaise croissant sur ce sujet".

    "Cette inquiétude dont je me fais le porte-parole, on essaye de la minimiser en disant qu'elle est très droitière. L'étude menée par Bayard me donne raison, on s'aperçoit que cette inquiétude dépasse les clivages politiques", explique à l'AFP Laurent Dandrieu.

    Erwan Le Morhedec, blogueur très actif sous le nom de "Koz", n'est pas de cet avis. Dans un livre à paraître vendredi, "Identitaire - le mauvais génie du christianisme" (Editions du Cerf), ce catholique évoluant dans une droite plus modérée s'inquiète d'une peur "mortifère" exploitée selon lui par une extrême droite aux connexions néo-païennes. Une manipulation qui, juge-t-il, "agresse l'Eglise et subvertit" le message de fraternité évangélique.

    "Si l'identité est une revendication légitime, elle n'est pas la seule qui nous permettra de fonder quelque chose pour plus tard", dit-il à l'AFP. "Notre attention doit être orientée sur notre capacité à produire des fruits plutôt que de revendiquer des racines" chrétiennes, fait-il valoir.

  • Bruxelles : Yvan Mayeur enverra-t-il "une onde positive" au pape ?

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    Du site de LaCapitale.be :

    Bruxelles: Le courrier qu'Yvan Mayeur a reçu du pape

    Ce n’est pas tous les jours qu’un Bruxellois reçoit un courrier du pape François. Cela vient pourtant d’arriver au bourgmestre de la Ville de Bruxelles Yvan Mayeur (PS) qui n’a pas manqué d’en faire état sur sa page Facebook.

    « Il arrive que certains courriers nous interpellent, comme celui-ci par exemple », écrit le maïeur bruxellois sur sa page Facebook.

    Monsieur le Bourgmestre,

    Je vous remercie pour votre participation au colloque organisé à mon initiative à l’Académie Pontificale des Sciences. Pendant ces deux journées, j’en ai suivi de près les travaux et ai eu connaissance des importantes conclusions qui en ont été tirées. J’ai souhaité respecter la liberté de tous et chacun. J’apprécie beaucoup la proposition qui a été formulée de créer un réseau de maires. Je sais vos initiatives, vos batailles personnelles et les obstacles que vous devez surmonter. C’est pourquoi  je souhaite vous exprimer mon admiration et ma gratitude pour votre action avisée et votre persévérance en faveur de nos frères et sœurs réfugiés. Ma porte vous sera toujours ouverte, à vous-même et à ce nouveau réseau.

    En même temps que je demande au Seigneur de ne jamais vous abandonner, particulièrement en ces temps difficiles, je vous accompagne de ma reconnaissance et de mon affection. Je vous prie de bien vouloir prier pour moi ou de penser à moi en bien et de m’envoyer une « onde positive ».

    Sincèrement,

    François

    « Sans partager les croyances on peut partager des convictions, comme celle de se battre ensemble pour que le monde soit plus juste, pour tout le monde, précisément », ajoute Yvan Mayeur, qui précise. «  Le Pape François et les Villes s'engagent ensemble en faveur des réfugiés. »

  • D'après Michel Onfray, la civilisation judéo-chrétienne européenne est en phase terminale

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    Jean-Pierre Snyers nous écrit : "La civilisation judéo-chrétienne européenne est en phase terminale". Tel est le diagnostic du philosophe  (de gauche et athée) Michel Onfray dans une interview publiée le 11 janvier 2016 par le quotidien belge "Le Soir". En voici un extrait... "Avec le Concile Vatican II, l'Eglise a rayé d'un trait de plume vingt siècles de théologie, d'ontologie, de patristique, de scolastique, de philosophie, d'herméneutique... Elle a bradé les oeuvres d'Augustin et de Thomas d'Aquin pour se concentrer sur une morale moralisatrice de boy-scout réduite à une règle du jeu humaniste selon laquelle il vaut mieux faire le bien que le mal, faire la paix plutôt que la guerre, "construire des ponts plutôt que des murs" selon la métaphore cimentée du pape François. La religion chrétienne a perdu tout caractère transcendant au profit de la plus plate immanence". Comme on le voit, les catholiques dits rigides et identitaires ne sont pas les seuls à faire ce constat. Hélas, ils ne sont pas écoutés par ceux qui, à bord du navire, refusent de voir que cette mer qu'est leur idéologie mondialiste risque d'engloutir à jamais ce qui fut durant deux millénaires la foi de l'Eglise apostolique.

    Sur le site de l'Express.fr, Alexis Lacroix présente le dernier livre de Michel Onfray :

    decadence-par-michel-onfray_5774739.jpgL'Occident est "en phase terminale" estime Michel Onfray

    Depuis que la "chute" de l'Occident est un marqueur polémique, il fallait l'audace de Michel Onfray pour titrer son livre Décadence. Analyse.

    Il fallait oser. Oser, depuis que le terme de "décadence" est le marqueur polémique de la "rhétorique réactionnaire", titrer un livre ainsi. Décadence? Près de 700 pages d'un ouvrage dense et très ambitieux, d'un captivant précis de décomposition scandé d'aperçus philosophico-théologiques, qui électriseront ceux que hante la prescience du déclin, en donnant aussi à réfléchir à ceux qui résistent encore à l'hypothèse de la chute inéluctable. 

    Michel Onfray, d'ailleurs, est conscient que cette divergence de sensibilités renvoie à deux conceptions irréconciliables du temps. Au cours de deux millénaires, l'Occident judéo-chrétien européen a fait triompher l'idée d'un temps prometteur; il a érigé la confiance dans le potentiel progressiste, voire émancipateur, du temps en véritable "code culturel". Or, ce qui est en train de (re)surgir, depuis que le visage de l'homme s'efface comme un dessin tracé dans le sable, c'est une temporalité non plus prometteuse, mais "cyclique": celle que les Anciens appelaient l'éternel retour. 

    La triste sagesse du penseur

    Dès la première page, avec le commentaire de l'allégorie picturale de Monsu Desiderio, Onfray installe ce qui apparaît comme un nouveau rapport à l'Histoire, ou un nouveau régime d'historicité: un devenir qui ne promet plus le progrès illimité, mais la ruine et la destruction. Surprise? En un certain sens, oui. On savait le fondateur de l'Université populaire de Caen sensible au socialisme libertaire d'un Proudhon ou d'un Camus, on le savait prompt à manier le "marteau" nietzschéen, pour déboulonner les idoles contemporaines; on le découvre ébranlé par l'axiome célèbre de Paul Valéry: "Nous autres, civilisations, savons désormais que nous sommes mortelles." Car, ainsi qu'il l'écrit, "ce qui fut grand est appelé à devenir poussière".  

    Onfray se dévoile habité par la triste sagesse d'un penseur comme Oswald Spengler (même s'il se défie de l'automatisme "mécanique" de sa théorie): à cette aune, l'histoire du monde n'est plus celle d'un progrès du droit et de l'autonomie, mais la ronde de civilisations qui, l'une après l'autre, éclosent, prennent leur essor, étincellent, dominent, puis périclitent tels des astres morts. Onfray n'en démord pas: notre civilisation - l'Occident judéo-chrétien européen, justement - se trouve "en phase terminale".

    Finis Europae? Vive l'apocalypse joyeuse? C'est précisément pour que le lecteur prenne l'entière mesure de ce qui arrive que l'auteur l'entraîne dans un récapitulatif minutieux des accomplissements de cette civilisation. Copieux flash-back subdivisé en deux parties, les temps de la vigueur et les temps de l'épuisement, ces derniers eux-mêmes découpés en une agonie à trois temps: "Dégénérescence", "Sénescence", "Déliquescence". 

    Le temps des deux barbaries

    Néanmoins, comme sous l'effet d'un déterminisme, ces moments de l'esprit dévalent le toboggan du devenir vers une fin implacable: notre présent. L'Europe, qui pensait s'être mise à l'abri des secousses mondiales, est réveillée en sursaut par des trépidations telluriques. La plus débattue de ces trépidations consiste dans les guerres dites "asymétriques", du 11 Septembre américain au 13 Novembre français: "L'Occident hyperindustriel, armé jusqu'aux dents, disposant d'armes de guerre sophistiquées à l'extrême, y compris, pour les Etats-Unis, d'avions furtifs, de sous-marins à propulsion nucléaire lanceurs d'engins atomiques, d'un état-major formé à l'école dans laquelle on analyse les guerres de Thucydide et de Napoléon, de Hitler et de Giap, de César et de Staline, s'est trouvé mis à mal par quatre hommes armés d'un cutter aux Etats- Unis et, pour la France, d'armes achetées d'occasion sur un marché parallèle." 

    Or, dans l'espoir d'éclairer cette paradoxale impuissance des hyperpuissances, Onfray convoque un placide stratège allemand, contemporain de Hegel, Carl von Clausewitz. Il sollicite le cours que ce dernier a prononcé à Berlin, au cours de l'année 1811-1812. Son intitulé? "Conférences sur la petite guerre" ("Vorlesungen über den kleinen Krieg"). Et le philosophe de déplorer que l'on soit "passé à côté de ce moment polémologique majeur", car "la petite guerre est la vérité de notre époque". Vérité d'un présent, précise Onfray, où "les bombes atomiques ne peuvent rien contre le jeune djihadiste décidé à mourir".  

    "Le néant est toujours certain"

    Logique: la petite guerre, disait Clausewitz, est bien souvent la guerre du faible au fort, c'est-à-dire d'une troupe physiquement plus restreinte face à une troupe plus nombreuse, et "il est indispensable d'attaquer par surprise l'ennemi que l'on veut assaillir, quand on est si faible que l'on peut espérer le succès uniquement par le moyen de la confusion que l'on saura semer chez l'ennemi". C'est bien des assauts de Daech contre les populations civiles désarmées d'Europe que rend compte la "petite guerre". 

    A ce stade de son analyse, Onfray, cependant, hésite. Il semble se déprendre de toute forme de certitude, s'accorder une suspension du jugement. Convaincu de la disparition imminente des "empires territorialisés", il pointe un tout autre péril - la reprogrammation de l'existence humaine par le transhumanisme. "Le transhumanisme comme [...] achèvement de la puissance en mort réelle de l'homme, met-il en garde, semble obéir au programme de l'effondrement de l'étoile. Le nihilisme entrera dans sa plus grande période d'incandescence." 

    Deux barbaries, donc, se sont manifestées: le sanglant songe califal des terroristes, d'un côté; le rêve scientiste et glacé de la posthumanité, de l'autre. Et si, pour l'heure, l'issue du drame reste imprédictible, il n'est nulle raison de se réjouir. Dans un cas comme dans l'autre, "le néant est toujours certain". 

    DÉCADENCE, par Michel Onfray. Flammarion, 660p., 22,90€.

    Un extrait :

    «La civilisation du rock, de la BD, du cinéma et de la télévision, de la boîte de nuit et de la tabagie, de la pilule et du divorce, de l’alcool et des produits stupéfiants, du Frigidaire et de l'automobile, de la bombe atomique et de la guerre froide, de l'amour libre et des loisirs, de l'argent et des objets, avance en broyant tout sur son passage. Vatican II ne peut rien y faire. II semble même qu'en ayant voulu être un remède le concile a augmenté la maladie: en faisant de Dieu un copain à tutoyer, du prêtre un camarade à inviter en vacances, du symbolique une vieille lune à abolir, du mystère de la transcendance une plate immanence, de la messe une scénographie décalquant le schéma de l'émission télévisée, du rituel une aventure puisant indistinctement dans le succès des chansons du moment ou dans l'art naïf des croyants les plus allumés, du message du Christ un simple tract syndicaliste, de la soutane un déguisement de théâtre, des autres religions des spiritualités valant bien celle du christianisme, l'Eglise a précipité le mouvement en avant qui annonçait sa chute.»

    Lire également la réaction de Dominique Daguet sur le site de France Catholique : 

    Michel Onfray a-t-il raison de prédire le trépas du christianisme ?

  • A l’Ulg, l’Union des Etudiants Catholiques de Liège et le Groupe « Ethique sociale » organisent un nouveau cycle de lunchs débats inauguré par Mgr Delville le mardi 17 janvier 2017 : les inscriptions sont ouvertes

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    ulg_17 janv 2017.jpg

     aimable rappel: les inscriptions sont reçues jusqu'au 12 janvier inclusivement (téléphone, email ou réservation en ligne, comme indiqué ci-dessous)  

    « Le christianisme médiéval, creuset de l’Europe », par Monseigneur Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, professeur honoraire d’histoire du christianisme à l’Université catholique de Louvain (U.C.L.) : un lunch-débat organisé  le mardi 17 janvier 2017 à 18h00, à la Salle des professeurs dans le bâtiment du Rectorat de l'Université de Liège, place du XX août, 7, 1er étage (accès par la grande entrée : parcours fléché).

    Participation aux frais : 15 € (à régler sur place) – 5 € pour les étudiants

    Inscription nécessaire au plus tard trois jours ouvrables à l’avance (12 janvier 2017)

    soit par téléphone : 04 344 10 89

    soit par email : info@ethiquesociale.org 

    Plus de renseignements et  s’inscrire en ligne, cliquez ci-dessous:

    http://www.ethiquesociale.org/

      

    CYCLE DE CONFÉRENCES 2017

    L’EUROPE, SES FONDEMENTS, AUJOURD’HUI ET DEMAIN 

    Le cycle complet comportera quatre rencontres :

    Mardi 17 janvier 2017

    1. Le christianisme médiéval, creuset de l’Europe

    par Mgr Jean-Pierre DELVILLE, évêque de Liège

    L’Europe a-t-elle des racines spirituelles, et plus précisément des racines chrétiennes ? Les invasions germaniques qui ont suivi la chute de l’Empire romain ont bouleversé l’Europe. Le christianisme, et plus spécifiquement l’Église latine, s’est alors affirmé comme fondement de valeurs créatrices d’une culture commune, enracinée dans une histoire des peuples où la mémoire biblique et l’héritage chrétien jouent un rôle majeur.

    Lire la suite