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Foi - Page 205

  • "Il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout" (cardinal Müller)

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    Des propos recueillis par Loup Besmond de Senneville sur le site du journal La Croix :

    Cardinal Müller : « Il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout »

    Entretien 

    Dans un entretien accordé à La Croix, le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et auteur d’In buona fede. La religione nel XXI secolo (1), estime que le pape François devrait souligner davantage la dimension transcendantale de l’existence humaine. Mais il se défend d’être un « adversaire » du pape.

    12/03/2023

    La Croix : Quel regard portez-vous sur ce pontificat, dix ans après ses débuts ?

    Cardinal Gerhard Müller : Je suis un théologien et mes catégories sont théologiques et ecclésiologiques. Je considère donc que le plus important pour l’Église est d’annoncer l’Évangile de la volonté universelle de Dieu de délivrer tous les hommes du péché et de la mort. En ces temps de sécularisation, ce qui me semble primordial est d’annoncer l’importance fondamentale de Jésus-Christ comme médiateur entre Dieu et tous les hommes.

    La mission d’un pape, comme principe et base visible de l’unité de l’Église dans la foi en Christ, la Parole de Dieu faite chair, comme on peut le lire dans la constitution Lumen gentium de Vatican II, relève donc du plan théologique, plus que du plan sociologique ou social.

    Jésus n’est ni un prophète, ni le fondateur d’une religion. Il est le fils de Dieu. Cela veut dire qu’il nous faut annoncer toutes les vérités de la foi chrétienne : la Trinité, le salut pour tous les fidèles. C’est cela qui constitue la mesure pour évaluer chaque pontificat.

    Le pape François est un prédicateur qui emploie des paroles simples, et a cette capacité de s’adresser aux gens simples, et pas seulement aux théologiens et aux intellectuels. Mais il serait aussi très nécessaire de pouvoir répondre à notre monde moderne, un monde post-chrétien et antichrétien dans lequel nous vivons, particulièrement en Occident, en annonçant Jésus-Christ. L’écologie est un thème important, de même que le climat et les migrations. Mais ces thématiques ne doivent pas faire oublier que l’amour pour le prochain trouve ses fondements dans l’amour pour Dieu. Cette dimension transcendantale, divine, doit être soulignée, plus élaborée.

    Dans votre livre, vous reprochez au pape François de manquer d’un fondement théologique. Pourquoi ?

    Card. G. M. : Le rôle du pape n’est pas forcément de faire de la théologie au sens académique du terme. Mais la dimension théologique et le rappel de la transcendance de l’existence humaine doivent être présents dans le discours. Nous vivons dans un monde marqué par le naturalisme et le sécularisme, qui a oublié la transcendance. Nous avons été créés avec un corps, dans une situation particulière, dans une époque donnée, avec une dimension sociologique.

    Mais nous ne nous arrêtons pas à ces aspects. La mission du pape, mais aussi des évêques et des prêtres, est de transcender cette immanence. C’est en ce sens que le concile Vatican II parle de l’orientation universelle transcendante de l’homme. Cela consiste à humaniser l’homme par la grâce surnaturelle. C’est la mission de l’Église aujourd’hui. L’originalité chrétienne consiste précisément dans l’alliance entre la nature et la grâce, la raison et la foi.

    L’Église a pour mission de donner des réponses concrètes sur tout ce qui concerne les grands défis de notre monde contemporain, comme le transhumanisme ou l’effacement de la différence fondamentale et structurante entre l’homme et la femme. Aujourd’hui, nous sommes face à un nouveau totalitarisme idéologique.

    Pourtant, le pape dénonce régulièrement la culture du déchet et parle de ces questions. Cela n’est-il pas suffisant ?

    Card. G. M. : Le pape parle, par exemple, contre l’avortement, mais il n’existe aucune initiative d’ampleur en la matière. Il faudrait que le Vatican coordonne une défense de l’anthropologie chrétienne. De l’autre côté, ceux qui promeuvent le transhumanisme et la réduction de l’homme à sa seule dimension économique sont très organisés. En dehors de toute dimension philosophique et anthropologique de l’homme.

    Aujourd’hui, nous aurions besoin d’une nouvelle grande encyclique, pour développer une vision morale forte, non pas pour contredire les évolutions modernes, mais pour les intégrer. Nous ne sommes pas contre la médecine et la communication, mais notre rôle est d’humaniser ces moyens techniques. Les techniques sont faites pour l’homme, et non l’homme pour la technique.

    Que répondez-vous à ceux qui disent que vous êtes l’adversaire du pape ?

    Card. G. M. : Un évêque ne peut pas être l’adversaire du pape. C’est contre sa mission. Il n’existe aucun théologien ou cardinal qui soit plus favorable à la papauté que moi. J’ai écrit des livres sur la structure sacramentelle de l’Église à la suite de Vatican II. Mais, dans l’histoire, il faut reconnaître que certains papes ont aussi commis des fautes. Cela a par exemple été le cas au Moyen Âge. Certains papes ont aussi passé plus de temps à faire de la politique, par exemple en défendant les États pontificaux, qu’à s’occuper de l’Église du Christ. En son temps, le cardinal Roberto Bellarmino a critiqué les papes, non pas pour déstabiliser la papauté mais pour éclairer sa mission.

    Il est très important que tous les papes disposent de bons conseillers. En effet, un pape est seulement un homme, avec toutes les possibilités et les limites qui sont les siennes, en tant que personne. C’est pourquoi il revient au Collège des cardinaux de préparer les décisions et de conseiller les papes. Et pour cela, il ne faut pas que le pape soit seulement entouré de ses amis, qui approuvent tout et attendent une récompense en retour.

    C’est le cas aujourd’hui ?

    Card. G. M. : Tous ont été nommés par François selon son opinion personnelle, et non en fonction de leurs compétences théologiques et pastorales. C’est un peu la critique entendue de toutes parts.

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    (1) Cardinal Gerhard Müller, In buona fede. La religione nel XXI secolo (« De bonne foi. La religion au XXIe siècle »), avec Franca Giansoldati, Éd. Solferino, 2023

  • Dix ans d'un pontificat contrasté, entre autoritarisme et volonté d'ouverture

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via Il Sismografo :

    Entre autoritarisme et volonté d’ouverture, dix ans d’un pontificat contrasté pour le pape François

    Après une décennie sur le siège de Pierre, François déconcerte nombre de catholiques par ses décisions. Alors que le pape rêve d’une Église plus «synodale», un vent de contestation venu d’Allemagne vient gâter cet anniversaire.

    Ce lundi, François passe le cap d’une décennie sur le siège de Pierre. C’est un jour férié au Vatican. À 8 heures, il célèbre une simple messe quotidienne, qu’il a voulue à l’abri des regards, dans la résidence Sainte-Marthe, en compagnie des cardinaux exceptionnellement invités. Discret liturgiquement, François s’est en revanche montré prolixe médiatiquement ces derniers jours. Il a accordé de multiples interviews à la presse: six en deux jours, du jamais vu. Il s’efforce de justifier son action car il sait l’Église catholique tourmentée, divisée sur son pontificat.

    À Rome, cet anniversaire révèle les flatteurs et déprime les aigris: «C’est le prophète vraiment adapté à notre temps», assure Mgr Vincenzo Paglia, un de ses prélats italiens de confiance. «Ce pontificat est une catastrophe», avait au contraire affirmé, sous anonymat, le cardinal australien George Pell. Des propos qui ont été authentifiés après sa mort, le 10 janvier dernier. Le cardinal brésilien Scherer, lui, reconnaît que l’actuelle situation est «antagoniste et polarisée» dans l’Église.

    Dix années… L’âge de la maturité pour un pontificat. Les contours de l’action du pape sont précis, les promesses cheminent, les fruits apparaissent, les échecs sont connus. Pourtant, le rayonnement et la postérité d’un pape sont tels qu’il est trop tôt pour établir un bilan. L’ampleur spirituelle échappe à la mesure des géomètres. Pour l’heure, seul un état des lieux est possible. En commençant par la genèse du pontificat: son élection, qui éclaire cette décennie.

    Les cardinaux les plus âgés, qui célèbrent la messe d’anniversaire autour du pape, ne manqueront pas de se souvenir du 13 mars 2013. Après cinq tours de scrutin, par 85 voix (20 pour le cardinal italien Scola, 8 pour le cardinal canadien Ouellet, 2 pour le cardinal italien Vallini), le cardinal Bergoglio, argentin, était élu 266e pape de l’histoire de l’Église catholique.

    La méthode est aussi importante que le but

    Mais au premier tour de scrutin, le soir du mardi 12 mars, l’archevêque de Milan, le cardinal Angelo Scola - favori, considéré comme le candidat de Benoît XVI - était arrivé en tête avec 30 voix, devant Bergoglio, 26 voix, Ouellet, 22 voix, O’Malley, archevêque de Boston, 10 voix, et Scherer, brésilien, 4 voix. Les données chiffrées de ce conclave sont extraites d’un livre de référence sur le sujet, rédigé par le journaliste anglais Gerard O’Connell, ami personnel du pape actuel, L’Élection du pape François, publié en 2019 en anglais, et un an plus tard en France (Artège). Des données fiables.

    On sait par d’autres sources jamais démenties que, en 2005, le cardinal Ratzinger avait été élu pape avec 84 voix et que son outsider, un certain Bergoglio, avait recueilli 26 voix. Il est capital de saisir que ces 26 cardinaux réformistes, déjà à la manœuvre en 2005 et représentant un quart des électeurs, ont maintenu le même bloc uni en 2013 pour soutenir leur candidat jésuite. Ils avaient alors bénéficié, pour renverser la vapeur, de la division et de la déroute des classiques et des conservateurs, encore sidérés par la renonciation inattendue de Benoît XVI.

    Le pontificat d’un pape d’une «Église pauvre pour les pauvres», comme il l’annonçait trois jours après son élection, en ayant choisi le nom de François en référence au «Poverello» d’Assise, pouvait alors s’annoncer comme foncièrement réformateur, même si la mise en œuvre allait s’avérer très prudente.

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  • Le Pape François, dix ans de tourmente et de perplexité

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    De Stefano Fontana sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le Pape François, dix ans de tourmente et de perplexité

    13-03-2023

    Les dix années de pontificat de François, entre tactiques marquées par le mouvement, primat de la praxis, pastoralisme, relativisme moral : des processus qui auraient dû produire quelques vérités nouvelles, ont en réalité scandalisé, embrouillé les esprits et les cœurs et désarticulé l'unité ecclésiale. Et la synodalité, le nouveau dogme, est la synthèse d'un processus dans lequel le moyen compte plus que la fin.

    La décennie de pontificat de François qui s'achève ces jours-ci a suscité un vif mécontentement. C'est comme si quelqu'un était intervenu pour bouleverser toutes les cartes sur la table, laissant tout le monde sans voix tant pour la méthode utilisée que pour les nouveaux contenus concernant des points très sensibles de la foi catholique. Méthode et nouveaux contenus se répondent, au point que la méthode devient contenu et vice-versa.

    Ce fut dix ans de tactique marquées par le mouvement : dire et ne pas dire, affirmer et se rétracter, avancer en disant que l'on recule, faire dire aux autres ce que l'on voudrait dire soi-même, ouvrir et fermer, accepter et condamner, dire et contredire. Au moment où l'on croit avoir compris, François est passé à autre chose. Une de ses interviews venait d'être lue et il en avait déjà donné une autre d'une teneur différente. Dans les entretiens avec Scalfari, on ne sait jamais très bien ce que l'un a dit et ce que l'autre a dit. Les citations de la Bible et du Magistère, souvent partielles et inexactes, les notes de bas de page utilisées pour provoquer de grands changements sans les faire apparaître, les phrases aux mille nuances, l'amour pour ceux qui sont loin et le bourrage d'oreille pour ceux qui sont proches, les commissariats interminables, les interventions politiques, la protection de personnages douteux, la promotion des doutes de la foi faite sans cultiver aucun doute... voilà quelques exemples d'une méthode qui a suscité la perplexité.

    Il est illusoire d'attribuer cette façon de faire au seul tempérament personnel de Bergoglio ou à son jésuitisme. Les changements destinés à rattraper deux cents ans de retard par rapport au monde ont certes nécessité des actes officiels de modification du contenu, comme Amoris laetitia ou la déclaration d'Abu Dahbi, mais aussi des changements dans la praxis et les modes de pensée qu'ils induisent. La relation circulaire entre praxis et théorie, pastorale et doctrine, n'est en effet pas un chapitre particulier de ce pontificat, mais sa ligne directrice. C'est pourquoi le trouble s'est également produit par le biais de la communication et d'un changement de perspective sur le contenu.

    C'est précisément parce qu'il comprend la doctrine dans le cadre de la pastorale que François a été intolérant avec les dogmatiques, les doctrinaires, les rigides, et ouvert avec les aventuriers, les innovateurs, les intolérants. Pour cette même raison, son pontificat a été anti-métaphysique. La 'Fides et ratio' Wojtyla-Ratzinger a été efficacement réduite au silence. Dès son élection, François a déclaré que Kasper était "un grand théologien" et Kasper, à la veille des deux synodes sur la famille, a dit aux cardinaux qu'il n'y a pas de divorcés remariés mais tel ou tel couple de divorcés remariés. C'était la déclaration que la réalité et la morale ne se prêtent pas à une connaissance universelle, comme le font les connaissances fondées sur la métaphysique, et que la norme est toujours à l'intérieur d'une situation, de sorte que chaque situation individuelle devait être rencontrée de l'intérieur et non plus jugée. C'est le pastoralisme qui s'est débarrassé de la doctrine, c'est le postulat de la philosophie nominaliste : l'expérience est faite de situations absolument singulières qui ne peuvent donc pas être jugées. Mais le nominalisme, c'est la philosophie de la Réforme protestante. Après Amoris laetitia, en effet, c'est la conscience du sujet qui est au centre de la vie morale.

    Cela fait également taire 'Veritatis splendor'. Au cours de cette décennie, des changements substantiels ont eu lieu dans la théologie morale catholique, tous dans le sens du remplacement du jugement, qui part de la norme et de la réalité, par le discernement, qui part de la situation et de la conscience. Les commandements du Christ se transforment en idéaux, le péché par exclusion de la grâce devient une étape inadéquate de la vie, la nouvelle loi n'exige pas le respect de la loi naturelle, mais la réinterprète, l'Église doit écouter, intégrer, accompagner sur les chemins de l'existence, et rien d'autre. Dans cette praxis sans contenu, ce serait de la proclamation, la référence au contenu serait plutôt du prosélytisme ou de l'idéologie. Cette nouvelle vision de la théologie morale finit par négliger le naturalisme chrétien, déclarant même dépassée la Doctrine sociale de l'Église dans sa version traditionnelle.

    Le pastoralisme a provoqué divers processus qui n'étaient guère guidés par la doctrine, mais qui étaient souvent de nature expérimentale, pensant qu'en ayant une base populaire, ils pourraient intercepter et vivre les suggestions de l'Esprit dans leur cheminement existentiel. Même ces processus, comme le Synode allemand, pour rappeler le plus perturbateur, qui a commencé et s'est ensuite inévitablement compliqué, ont été très déconcertants. Ils n'ont pas été gouvernés à la lumière de la doctrine traditionnelle et au nom de la primauté de Pierre. Ils ont été provoqués et vécus comme des processus qui, à partir d'une confrontation dialectique, auraient dû produire de nouvelles vérités, au moins sur le plan pastoral. Mais au lieu de cela, ils ont scandalisé, confondu les esprits et les cœurs et désarticulé l'unité ecclésiale. Les répercussions négatives sur la conception même du rôle de la papauté sont inquiétantes.

    Tous ces éléments ont convergé dans la perspective de la synodalité, qui est peut-être le trait le plus expressif de la décennie qui vient de s'achever. D'une part, elle est proposée comme un nouveau dogme et une panacée, d'autre part, elle est comprise comme une nouvelle aventure dans laquelle l'essentiel est de savoir comment nous vivons ensemble plutôt que pourquoi et dans quel but. Nous revenons ainsi à la confusion entre théorie et praxis, à l'immanence de la doctrine dans la pastorale, à la coïncidence de la méthode et du contenu.

    Il ne fait aucun doute que l'Église se rétablira. Mais les bouleversements ont eu lieu et laissent derrière eux une grande perplexité.

  • Dieu a soif de notre foi et il veut que nous trouvions en Lui la source de notre bonheur authentique

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    (en visite à la paroisse romaine Sainte Marie Libératrice (quartier du Testaccio), le dimanche 24 février 2008)

    Chers frères et sœurs,

    (...) Dans les textes bibliques d'aujourd'hui, troisième Dimanche de Carême, les éléments de méditation plus que jamais indiqués pour cette circonstance significative nous sont utiles. A travers le symbole de l'eau, que nous retrouvons dans la première lecture et dans le passage évangélique de la Samaritaine, la Parole de Dieu nous transmet un message toujours vivant et toujours actuel: Dieu a soif de notre foi et il veut que nous trouvions en Lui la source de notre bonheur authentique. Le risque de chaque croyant est celui de pratiquer une religiosité non authentique, de ne pas chercher la réponse aux attentes les plus profondes du cœur en Dieu, d'utiliser au contraire Dieu comme s'il était au service de nos désirs et de nos projets.

    Dans la première lecture, nous voyons le peuple juif qui souffre du manque d'eau dans le désert et, pris par le découragement, comme en d'autres circonstances, il se plaint et réagit de manière violente. Il en arrive à se rebeller contre Moïse, il en arrive presque à se rebeller contre Dieu. L'auteur saint rapporte ce qui suit: "Ils mirent Yahvé à l'épreuve en disant: "Yahvé est-il au milieu de nous, ou non?"" (Ex 17, 7).

    Le peuple exige de Dieu qu'il aille à la rencontre de ses attentes et de ses exigences, plutôt que de s'abandonner avec confiance entre ses mains, et dans l'épreuve il perd confiance en Lui. Combien de fois cela arrive-t-il également dans notre vie; dans combien de circonstances, au lieu de nous conformer docilement à la volonté divine, nous voudrions que Dieu réalise nos desseins et exauce chacune de nos attentes; dans combien d'occasions notre foi manifeste-t-elle sa fragilité, notre confiance sa faiblesse, notre religiosité sa contamination par des éléments magiques et purement terrestres. En ce temps quadragésimal, alors que l'Eglise nous invite à parcourir un itinéraire de conversion véritable, accueillons avec une humble docilité l'avertissement du Psaume responsorial: "Aujourd'hui si vous écoutiez sa voix! N'endurcissez pas vos cœurs comme à Meriba, comme au jour de Massa dans le désert, où vos pères m'éprouvaient, me tentaient, alors qu'ils me voyaient agir" (Ps 94, 7-9).

    Le symbolisme de l'eau revient avec une grande éloquence dans la célèbre page évangélique qui raconte la rencontre de Jésus avec la samaritaine à Sicar, près du puits de Jacob. Nous saisissons immédiatement un lien entre le puits construit par le grand patriarche d'Israël pour assurer l'eau à sa famille et l'histoire du salut dans laquelle Dieu donne à l'humanité l'eau qui jaillit pour la vie éternelle. S'il existe une soif physique indispensable pour vivre sur cette terre, existe également chez l'homme une soif spirituelle que seul Dieu peut combler. Cela transparaît clairement du dialogue entre Jésus et la femme venue puiser de l'eau au puits de Jacob. Tout commence par la question de Jésus: "Donne-moi à boire" (cf. Jn 4, 5-7). Cela semble à première vue la requête d'un peu d'eau, sous le soleil de midi. En réalité, avec cette question, qui s'adresse qui plus est à une femme samaritaine - les relations entre les juifs et les samaritains n'étaient pas bonnes - Jésus ouvre chez son interlocutrice un chemin intérieur qui fait apparaître en elle le désir de quelque chose de plus profond. Saint Augustin commente: "Celui qui demandait à boire, avait soif de la foi de cette femme" (In Io ev. Tract. XV, 11: PL 35, 1514). En effet, à un certain point, c'est la femme elle-même qui demande de l'eau à Jésus (cf. Jn 4, 15), manifestant ainsi que dans chaque personne il y a un besoin inné de Dieu et du salut que Lui seul peut combler. Une soif d'infini qui ne peut être étanchée que par l'eau que Jésus offre, l'eau vive de l'Esprit. Dans quelques instants, nous écouterons ces paroles dans la préface: Jésus "demanda à la femme de Samarie de l'eau à boire, pour lui faire le grand don de la foi, et de cette foi il eut une soif si ardente qu'il alluma en elle la flamme de l'amour de Dieu".

    Chers frères et sœurs, dans le dialogue entre Jésus et la samaritaine nous voyons tracé l'itinéraire spirituel que chacun de nous, que chaque communauté chrétienne est appelée à redécouvrir et à parcourir constamment. Proclamée en ce temps quadragésimal, cette page évangélique prend une valeur particulièrement importante pour les catéchumènes déjà proches du Baptême. Ce troisième dimanche de Carême est en effet lié à ce qu'on appelle le "premier scrutin", qui est un rite sacramentel de purification et de grâce. La samaritaine devient ainsi la figure du catéchumène illuminé et converti par la foi, qui aspire à l'eau vive et qui est purifié par la parole et par l'action du Seigneur. Mais nous aussi, qui sommes déjà baptisés mais toujours en chemin pour devenir de véritables chrétiens, nous trouvons dans cet épisode évangélique un encouragement à redécouvrir l'importance et le sens de notre vie chrétienne, le véritable désir de Dieu qui vit en nous. Jésus veut nous conduire, comme la samaritaine, à professer notre foi en Lui avec force, afin que nous puissions annoncer et témoigner à nos frères la joie de la rencontre avec Lui et les merveilles que son amour accomplit dans notre existence. La foi naît de la rencontre avec Jésus, reconnu et écouté comme le Révélateur définitif et le Sauveur, dans lequel se révèle le visage de Dieu. Une fois que le Seigneur a conquis le cœur de la samaritaine, son existence est transformée et elle court sans attendre pour transmettre la bonne nouvelle à son peuple (cf. Jn 4, 29). (...)

    Et, dans un discours improvisé au même endroit le même jour :

    Aujourd'hui nous avons lu un passage de l'Evangile très actuel. La femme samaritaine dont il parle peut apparaître comme une représentante de l'homme moderne, de la vie moderne. Elle a eu cinq maris et vit avec un autre homme. Elle faisait un large usage de sa liberté, mais cependant elle ne devenait pas plus libre, elle devenait même plus vide. Mais nous voyons aussi que cette femme avait le vif désir de trouver le véritable bonheur, la véritable joie. C'est pourquoi elle était toujours inquiète et s'éloignait toujours plus du véritable bonheur.

    Mais cette femme, qui vivait une vie apparemment si superficielle, également éloignée de Dieu, au moment où le Christ lui parle, révèle qu'au plus profond de son cœur elle conservait cette question sur Dieu:  qui est Dieu? Où pouvons-nous le trouver? Comment pouvons-nous l'adorer? Dans cette femme, nous pouvons voir tout le reflet de notre vie d'aujourd'hui, avec tous les problèmes qui la concernent; mais nous voyons également que dans la profondeur du cœur se trouve toujours la question de Dieu et l'attente qu'Il se montre d'une autre façon.

    Notre activité est réellement l'attente; nous répondons à l'attente de ceux qui attendent la lumière du Seigneur, et en donnant la réponse à cette attente nous aussi nous grandissons dans la foi et pouvons comprendre que cette foi est l'eau qui étanchera notre soif.

  • Lève-toi, Seigneur (graduel du 3e dimanche du carême)

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    Graduale Graduel
    Ps. 9, 20 et 4.  
    R/. Exsúrge * Dómine, non praeváleat homo: iudicéntur gentes in conspéctu tuo. V/. In converténdo inimícum meum retrórsum, infirmabúntur, et períbunt a fácie tua. R/. Lève-Toi, Seigneur ; que l’homme ne triomphe pas ; que les nations soient jugées devant Ta face. V/. Parce que Tu as fait retourner mon ennemi en arrière, ils vont être épuisés, et ils périront devant Ta face.

    Messe du dimanche 15 mars 2020 - IIIème dimanche de Carême

  • Dieu a soif de nous (3ème dimanche du carême)

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    Voilà la réalité que nous montre aujourd’hui l’évangile  : Jésus vient s’asseoir à côté de vous et vous dit  : j’ai soif ! Vous êtes tout étonné, étonnée, car vous vous demandez ce que le Fils de Dieu peut bien attendre de vous. Et pourtant, il faut que nous le sachions tous, le Christ a besoin de nous, il a besoin de notre amour. Sa soif, c’est que nous l’aimions en retour de ce qu’il nous aime. Et même, pour découvrir combien il nous aime il nous faut entrer dans ce choix de l’amour envers lui. Le Christ nous dit  : donne-moi ton cœur car j’ai tant à te donner. J’ai à te donner l’eau vive, qui jaillira en toi comme une source de joie et de paix, pour la vie éternelle.

    Vous me direz  : mais comment aimer le Christ et le Père que nous ne voyons pas. La Samaritaine au bord du puits se demandait la même chose. Jésus lui a répondu que c’était maintenant l’heure des adorateurs en esprit et en vérité. Dire à Dieu de tout son esprit et de tout son cœur  : je t’adore, je t’aime tellement ! « Prier, c’est penser à Dieu en l’aimant » disait sainte Thérèse d’Avila, que Jean-Paul II aimait répéter. Alors nous savons comment aimer, adorer Dieu, car nous savons bien comment penser à quelqu’un en l’aimant. Il ne nous reste plus qu’à le faire, à prendre 10 minutes ou plus pour nous arrêter et penser à Dieu en l’aimant, lui donnant ainsi l’occasion de remplir notre cœur, d’une façon secrète que lui seul connaît, d’une façon pourtant efficace, durable et profonde.

    Le Christ a soif de nous, soif de nous combler si nous lui ouvrons notre cœur, si nous lui permettons d’entrer par la porte de notre cœur. Cela nécessite de faire la vérité sur nous-mêmes. Mais vous avez vu avec quelle délicatesse Jésus faisait la vérité dans la vie de la Samaritaine. Nous pouvons accepter qu’il fasse de même pour nous, car son amour libère en nous mettant face à nos limites et en nous révélant que nous sommes aimés par-delà ou indépendamment de cela. Un chemin d’intimité et de joie s’ouvre devant nous, dans lequel une fois que nous avons commencé de le parcourir nous pourrons entraîner d’autres qui ont soif de la vraie vie.

  • Le pape François jette encore un peu plus de confusion sur la réception de la Sainte Communion dans une nouvelle interview

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    De Michael Haynes sur LifeSiteNews :

    Le pape François jette un peu plus de confusion sur la réception de la Sainte Communion dans une nouvelle interview

    Dans une nouvelle interview, le pape François a mis en doute l'enseignement catholique interdisant aux homosexuels pratiquants et aux personnes divorcées et remariées de recevoir la Sainte Communion.

    10 mars 2023

    Dans une interview accordée au média argentin infobae, le Pape François a émis de nouveaux commentaires déroutants sur l'homosexualité et les personnes divorcées et " remariées ", semblant déclarer que ces personnes peuvent recevoir la Sainte Communion sans clarification.

    Cette nouvelle interview a été publiée à l'occasion du dixième anniversaire de l'accession du souverain pontife au trône, et constitue l'une des nombreuses initiatives de ce type qui ont lieu actuellement pour marquer l'événement. 

    Homosexualité : Dieu veut "tout le monde à l'intérieur

    Compte tenu des commentaires réguliers du pape sur l'homosexualité, qui ont semé la confusion pendant un certain temps, infobae a interrogé le souverain pontife sur la réception de la Sainte Communion pour les homosexuels. "En laissant de côté le choix ou la préférence sexuelle, une personne qui s'est conformée au reste des prescriptions de l'Église pourrait-elle recevoir la communion ?

    François a rappelé ses prises de position les plus notables sur la question, depuis son fameux commentaire de 2013 "qui suis-je pour juger" jusqu'à ses récentes remarques dans une interview de janvier condamnant les lois anti-sodomie. Il a réitéré son opposition à ces lois, qualifiant les lois criminalisant l'homosexualité de "problème grave".

    S'arrêtant ensuite, avant de se recentrer apparemment sur la question de l'admission des personnes pratiquant l'homosexualité à la Sainte Communion, François a déclaré : "La grande réponse a été donnée par Jésus : tout le monde. Tout le monde. Tout le monde à l'intérieur". 

    "Quand les invités ne voulaient pas aller au banquet, il fallait aller au carrefour et appeler tout le monde", a-t-il dit, en s'inspirant de manière sélective du passage de l'Évangile. "Les bons, les mauvais, les vieux, les jeunes, les jeunes hommes, les jeunes garçons : tout le monde. Tout le monde. Et chacun résout ses positions devant le Seigneur avec la force qu'il a".

    François a réitéré ses commentaires de 2013 "qui suis-je pour juger", en développant sa suggestion apparente que la Sainte Communion devait être disponible pour tout le monde :

    C'est une Eglise de pécheurs. Je ne sais pas où se trouve l'église des saints, ici nous sommes tous pécheurs. Et qui suis-je pour juger une personne si elle a de la bonne volonté ? S'il appartient à la bande du diable, eh bien, défendons-le un peu.

    Il a dénoncé l'attention portée actuellement aux questions d'homosexualité, affirmant qu'au contraire, le Christ appelle "tout le monde". François a également décrit une situation dans laquelle l'individu ne semble pas disposer de son libre arbitre, affirmant que "parfois nous voulons [résoudre une relation avec Dieu] et parfois nous ne le pouvons pas".

    Je pense qu'il faut aller à l'essence même de l'Évangile : Jésus appelle tout le monde et chacun résout sa relation avec Dieu comme il le peut ou comme il le veut. Parfois nous le voulons, parfois nous ne le pouvons pas, mais le Seigneur attend toujours.

    En termes clairs, cependant, l'Église catholique enseigne que les actes homosexuels sont des "actes de grave dépravation", qualifiant ces actes d'"intrinsèquement désordonnés" et de "contraires à la loi naturelle" puisqu'ils "ferment l'acte sexuel au don de la vie". En outre, le droit canonique stipule qu'en aucun cas ceux qui persistent dans un péché grave et manifeste ne peuvent recevoir la Sainte Eucharistie.

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  • La présence de Satan dans le monde moderne (Club des "Hommes en noir")

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    PRÉSENCE DE SATAN DANS LE MONDE MODERNE. L’ANALYSE DU CLUB DES HOMMES EN NOIR

    10 mars 2023
     

    Peut-on tuer sous l’emprise du diable ? Quelle est la part de Satan lorsque nous péchons ? Les réponses du Club des Hommes en noir avec cette semaine autour de Philippe Maxence, les abbés de Tanouärn et Célier, le père Danziec et Jeanne Smits.

  • Un juif et un chrétien face à l’euthanasie : «  la fin de vie n’est pas absurde  »

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    Propos recueillis par Fabrice Madouas ( site web de France Catholique, vendredi 10 mars 2023) :

    « Face au rouleau compresseur de la mort programmée, les opposants peinent à se faire entendre. Quels arguments utiliser pour réveiller la conscience [des Français] ? Débat entre Grégor Puppinck, juriste et catholique, et Elie Botbol, médecin et talmudiste.

    Les sondages et le vote intermédiaire de la Convention citoyenne sur la fin de vie laissent entendre que les Français seraient favorables à la légalisation de l’euthanasie. Qu’en pensez-vous ?

    Élie Botbol : Les sondages donnent un état de l’opinion à l’instant T, qui n’est pas forcément éclairé par une réflexion préalable. La Convention citoyenne me paraît un outil plus intéressant : elle est censée nourrir la réflexion de ses membres en leur fournissant des données objectives aussi bien que des avis. Elle permet la confrontation des arguments. Cela dit, ses premières conclusions me semblent refléter surtout l’esprit de transgression propre aux sociétés sécularisées. Les vents dominants peuvent influencer aussi le jugement…

    Grégor Puppinck : Il y a ce que l’on dit, et il y a ce que l’on vit. En matière de fin de vie, il est prudent de distinguer les idées de l’expérience. Une personne peut avoir une conviction quand elle est en bonne santé et changer d’avis à l’approche de la mort : on aurait tort de ne pas en tenir compte.

    Cela étant, la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme en matière d’euthanasie et de suicide assisté me paraît refléter assez bien l’état de l’opinion publique occidentale : choisir les conditions de sa mort serait un droit reconnu à tous ceux qui voudraient, selon les juges européens, éviter une fin de vie indigne et pénible. Ce «  droit  » est donc justifié par la peur de la déchéance physique et morale. Comment expliquer cette peur sinon par l’absence, par la disparition de l’espérance ? J’y vois la conséquence de la sécularisation de la société, et de sa médicalisation. La sécularisation rend la vie absurde, la médicalisation la prolonge. Il n’est pas étonnant que la population, face à l’absurdité de la vie, et plus encore d’une fin de vie subie, veuille exprimer ce qui lui reste d’humanité en décidant de sa mort. D’un point de vue matérialiste, maîtriser sa mort, c’est exprimer sa volonté, c’est donc agir humainement en prenant le contrôle de sa vie dans ses ultimes instants. Subir sa mort serait inhumain et absurde, la décider serait humain et volontaire. À cette évolution, qui peut sembler inéluctable, j’oppose l’expérience de la fin de vie de nos proches, qui peut nous montrer que la fin de vie n’est pas absurde, malgré ce que l’on en dit.

    Les partisans du suicide assisté fondent leur revendication sur la liberté de l’homme ; ceux qui défendent l’euthanasie disent agir par compassion, pour abréger les souffrances. Ces arguments vous semblent-ils recevables ?

    B.Je crois qu’il faut revenir aux fondamentaux. Si l’on considère la vie pour ce qu’elle nous apporte de jouissances, il est logique qu’on soit prêt à y mettre un terme dès lors qu’elle procure plus de désagréments que de joies. Mais si l’on considère que la vie est un bien en soi, qu’elle a une valeur propre, alors les sacrifices qu’entraîne la fin de vie, les abandons auxquels oblige la vieillesse, sont plus facilement acceptés. Et cela nous renvoie à ce que dit la Bible – que l’homme est à l’image de Dieu. C’est fantastique ! Cela signifie que la vie de l’homme est indisponible, et que la vie du corps et celle de l’esprit sont indissociables. Si la vie participe du divin, si la vie ne se résume pas à nos humaines contingences, si elle est si grande qu’elle échappe à notre échelle de valeur, alors l’homme ne doit la «  manipuler  » qu’avec d’extrêmes précautions, à son début comme à sa fin. Si l’on considère la vie comme un bien inaltérable, inaliénable, incessible, alors nous sommes prêts à trouver les moyens de rendre sa fin acceptable en la sublimant, en y associant les valeurs de réparation ou de rédemption.

    Ref.  la fin de vie n’est pas absurde  

  • L’Union européenne doit accepter de voir en face la montée des actes antichrétiens !

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    Du site du Figaro (via :

    Tribune collective. “L’Union européenne doit accepter de voir en face la montée des actes antichrétiens!”

    6 mars 2023

    TRIBUNE COLLECTIVE – Deux religieuses du quartier Bouffay, à Nantes, vont quitter la ville, épuisées par l’insécurité. Si la montée inquiétante de la violence contre les religions touche l’ensemble des croyants, le christianisme demeure la première cible des actes antireligieux en France comme en Europe. Dans une tribune collective, une vingtaine de personnalités appellent l’Union européenne à réagir et rappellent que tous les actes antireligieux doivent être combattus avec la même force.

    L’actualité récente avec les religieuses contraintes de quitter leur quartier à Nantes en raison del’insécurité tout comme la lecture du dernier rapport parlementaire des députés Isabelle Florennes etLudovic Mendes sur les actes antireligieux et antichrétiens dans notre pays nous rappellent que la haine ne connaît pas de trêve.

    Si la montée inquiétante de la violence contre les religions touche l’ensemble des croyants, lechristianisme demeure la première cible des actes antireligieux en France comme en Europe,selon le ministère de l’Intérieur et l’OSCE.

    L’évaluation précise de ces derniers, tant quantitative que qualitative, est certes complexe, mais il esten revanche une certitude: ce phénomène gagne en amplitude, en gravité et en visibilité.

    Ainsi, ce début d’année assombri par la fusillade dans une église londonienne, les dégradations descalvaires, les actes de vandalisme et les tentatives d’incendie des églises à Champagne- au-Mont-d’Or et à Paris n’est, hélas, que le reflet d’une violence persistante.

    Protéger la liberté de conscience

    Face à cette résurgence de la haine, qui demeure toutefois sans commune mesure avec les crimes et les persécutions commis ailleurs dans le monde, l’heure n’est plus aux demi-mesures et aux effets d’annonce convenus et répétitifs. Tous les actes antireligieux doivent être combattus avec la même force, car ils menacent non seulement l’ensemble des croyants, mais également lesprincipes fondateurs de notre civilisation, au premier rang desquels la liberté de conscience.

    Endiguer ce fléau des violences antireligieuses qui ont quitté le terrain du droit légitime à la critique pour rejoindre celui des délits et des crimes implique une action coordonnée à l’échelle européenne. Dans la mise en œuvre de sa stratégie contre le racisme et les actes de haine, l’Union européenne a adopté la décision-cadre du Conseil du 28 novembre 2008 et, dans le prolongement, a créé des fonctions de coordinateurs en charge de la lutte contre l’antisémitisme et la haine antimusulmane.

    Si un tel combat s’avère indispensable, ce que nul ne conteste, ne serait-il pas juste de l’étendre à la lutte contre ce qu’il faut bien appeler l’antichristianisme

    Un “deux poids, deux mesures” injustifié

    Pourquoi, dans un courrier du 11 novembre 2022 en réponse à une demande formulée à ce propospar l’association La France en partage, la Commission européenne a-t- elle explicitement confirmé son refus de désigner un coordinateur en charge de la lutte contre les actes antichrétiens?

    Pourquoi refuse-t-elle ainsi d’ouvrir les yeux sur une réalité certes déplaisante, mais dont attestent les statistiques et l’expérience quotidienne de nombreux Français?

    Que justifie ce “deux poids, deux mesures” dont on doit bien reconnaître qu’il constitue une discrimination à l’égard de la communauté chrétienne? L’Union européenne ne doit pas oublier que les valeurs communes qui la fondent sont l’égale protection des individus.

    L’Europe serait-elle à ce point mal à l’aise avec la protection de l’identité héritée de son histoire qu’elle refuserait de voir en face la montée des actes antichrétiens?

    Ce qui se joue ici, c’est l’égale garantie des libertés fondamentales de pensée et de croyance en Europe. Mais c’est aussi, dans l’indifférence coupable des pouvoirs publics, le maintien du lien avec ce qui a fondé la culture européenne elle-même, du monachisme des origines aux douze étoiles de son drapeau. Et, avec elle, la pérennité d’un élément essentiel de notre civilisation.

    Si nous voulons vivre en harmonie, il faut lutter de façon égale contre toutes les idéologies de destruction. C’est pourquoi nous prions avec insistance la Commission européenne de reconsidérer sa réponse et de nommer un coordinateur en charge de la lutte contre les actes antichrétiens, visant les personnes et les biens.

    La Commission doit faire ce pas pour confirmer son attachement à l’égale liberté de conscience pour tous. Nous ne pouvons plus nous payer de mots et nous contenter de répéter sans y croire que l’ensemble des croyants bénéficie de la même protection européenne.

    Pour qu’une telle protection existe, elle doit être instituée. Si les instances européennes devaient persister dans leur refus de prendre en compte cette demande, il sera alors impératif de mobiliser l’ensemble des voies politiques et juridiques pour la faire aboutir.

    Signataires:

    Carine Chaix, avocate à la cour, présidente de l’association La France en partage

    Alban du Rostu, directeur général du Fonds du bien commun

    Jérôme Bascher, sénateur, vice-président du groupe France Saint-Siège au Sénat

    Henri de Beauregard, avocat à la cour

    Jérôme Besnard, juriste et essayiste

    Olivier Bonassies, auteur, directeur de l’association Marie de Nazareth

    Loris Chavanette, historien

    Typhanie Degois, ancienne députée LREM

    Denis Duverne, président de l’association Saint-Jean de Passy

    Maxime Bonassies, responsable de l’association M de Marie

    Michel Degoffe, professeur de droit public

    Thomas Delenda, directeur de l’association Hozana

    Jean- Michel Fauvergue, romancier, ancien député LREM

    Julien Le Page, président de SOSCalvaires

    Charles Prats, vice-président de l’Association professionnelle des magistrats

    Gregor Puppinck, juriste, directeur du think-tank ECLJ

    Jean-Bernard Prim, délégué général de l’Alliance Siméon

    Thierry Rambaud, professeur de droit public, avocat à la cour

    Frédéric Rouvillois, professeur de droit public, délégué général de la Fondation du Pont-Neuf

    Joseph Macé-scaron, écrivain

    Nicola Speranza, secrétaire général de la FAFCE

  • L'enseignement moral de l'Église 30 ans après Veritatis splendor

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    D'Yves Thibaut sur 1RCF Belgique :

    L'enseignement moral de l'Église 30 ans après Veritatis splendor

    07/03/2023

    VERITATIS SPLENDOR : 30 ANS APRÈS, L'ENSEIGNEMENT MORAL DE L'EGLISE (

    L'Église catholique peut-elle encore être légitime dans la dispense d'un enseignement moral aujourd'hui ? Le père Christophe Cossement, professeur de théologie morale, et le diacre Éric Vermeer, éthicien et accompagnateur spirituel, démontrent plus que jamais la pertinence de l'enseignement magistériel dans notre société, 30 ans après la parution de l'encyclique Veritatis splendor de Saint Jean-Paul II. 

    ©Catéchisme de l'Eglise Catholique

    L'enseignement moral de l'Église catholique a-t-il encore une légitimité dans un contexte de remise en cause et en particulier aujourd'hui dans les domaines de la bioéthique - avec les questions liées à la pratique de l'euthanasie, par exemple - ou bien de la morale sexuelle et familiale ? 

    Un combat pour l'enseignement de la Vérité

    En 1993, le pape Saint Jean-Paul II promulguait l'encyclique Veritatis splendor (splendeur de la vérité), un document conséquent qui allait précéder la parution du Catéchisme de l'Église catholique : le condensé de l'enseignement de la foi et de la morale chrétienne. Son objectif le pape le précisait dès le départ sans ambages, il s'agissait de : "relire l'ensemble de l'enseignement moral de l'Église dans le but précis de rappeler quelques vérités fondamentales de la doctrine catholique qui risquent d'être déformées ou rejetées" dans un contexte de "mise en discussion globale et systématique du patrimoine moral" dans la société et au sein même de l'Église. 

    "J'aurais l'impression de tromper les gens si je ne dispensais pas l'enseignement moral de l'Église ; c'est comme si je leur proposais quelque chose au rabais". 

    C'est l'expérience que fait le père Christophe Cossement, prêtre et curé de paroisse dans le diocèse de Tournai. Certes, dans le monde actuel, il devient rude de prêcher fidèlement l'enseignement magistériel. Mais il en va de la cohérence  pour éviter à tout prix de tomber dans la "démagogie spirituelle". Une problématique que percevait déjà le saint pape polonais il y a maintenant 30 ans. 

    "Il y a une soif des âmes de retrouver une cohérence et une exigence évangélique", reconnait Éric Vermeer, marié et père de famille. Diacre permanent pour le diocèse de Namur, il est aussi accompagnateur spirituel. Il perçoit "un danger de conception subjectiviste de la conscience morale". Le pape polonais a fait de cette encyclique un combat pour la Vérité, à l'heure où certains courants, soutenus par des théologiens, prenaient l'habitude de remettre en cause systématiquement le Magistère. 

    Il n'y a pas d'amour sans vérité ; il n'y a pas de vérité sans amour.

    À la suite de son prédécesseur, Benoît XVI rappelait cette affirmation dans l'encyclique Caritas in veritate en juin 2009

    Un appel urgent à former les consciences

    L'encyclique Veritatis splendor reprend l'évangile du jeune homme riche venant demander à Jésus ce qu'il devait faire pour avoir la vie éternelle (Mc 10). Ces versets sont une base pour toute personne de bonne volonté qui recherche à mener une vie chrétienne vertueuse. Mais Jésus enseignait aussi qu'il n'y a pas que l'exigence de l'accomplissement des commandements pour obtenir la Vie. "Il y a d'une part le rapport entre le bien et le mal, et la vie éternelle ; mais aussi l'observation des commandements avec le soutien de l'Esprit Saint", rappelle à juste titre Éric Vermeer.  

    Le chemin auquel Jésus nous invite est celui d'une ressemblance dynamique avec Dieu.

    Aujourd'hui plus que jamais, il nous faut oser "faire la différence entre la conscience chrétienne et la conscience de sincérité", nous exhorte le diacre éthicien. Car, comme le rappelle le Concile Vatican II : "la conscience est cette présence d'une loi que l'homme ne s'est pas donnée à lui-même" ; autrement dit, elle est cette loi naturelle reçue du Créateur. L'analyse des "sources de la moralité" - l'intention, les conséquences et les circonstances - ne constituent pas nécessairement un acte dont la finalité est bonne et ajustée aux préceptes évangéliques. 

    Pour les deux intervenants, l'Église catholique doit pouvoir continuer à enseigner ces exigences dans une dynamique de croissance spirituelle et de conversion pour devenir ainsi une Église en mission! 

  • Prétendre prouver scientifiquement l’existence de Dieu : une erreur scientifique et religieuse ?

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    Une tribune d'Olivier Bonassies et Michel-Yves Bolloré parue sur le site du journal La Croix :

    « Dieu n’a pas besoin de preuves mais l’homme, lui, en a besoin »

    • Olivier Bonnassies co-auteur du livre "Dieu, la science, les preuves - l’aube d’une révolution"
    • Michel-Yves Bolloré co-auteur du livre Dieu, la science, les preuves - l’aube d’une révolution

    Les auteurs du livre Dieu. La science, les preuves répondent aux critiques de leur démarche, diffusées notamment par La Croix, qui estiment que prétendre prouver scientifiquement l’existence de Dieu est une erreur tant scientifique que religieuse.

    09/03/2023

    C’est avec surprise que nous avons lu dans le journal La Croix plusieurs articles signés par divers théologiens et scientifiques catholiques soutenant qu’il n’existerait pas de preuves de l’existence de Dieu et critiquant au passage notre livre Dieu. La science, les preuves (Guy Trédaniel éditeur) dont c’est l’objet principal.

    Ils sont, selon nous, en contradiction avec l’enseignement dogmatique de l’Église qui affirme qu’il existe des « preuves » au sens « d’arguments convergents et convaincants qui permettent d’atteindre à de vraies certitudes » (Catéchisme de l’Église catholique n. 31 et n. 156) et que « l’existence de Dieu peut être connue avec certitude par la lumière naturelle de la raison » (Vatican I et II), c’est-à-dire par la rationalité sans la foi.

    Confusion entre connaissance et foi en Dieu

    Selon certains d’entre eux, saint Thomas d’Aquin, dans la Somme théologique, n’aurait parlé que de « voies » (via). Mais c’est faux. Il entend bien au contraire « démontrer » (demonstrari) l’existence de Dieu qui, selon lui, est un préambule rationnel de la foi (ST Ia, 2, 2). S’il utilise effectivement le mot « via », c’est dans une phrase très claire où il s’agit de « prouver » (probari) de cinq « manières » l’existence de Dieu. La Somme contre les Gentils – dont le chapitre XIII a pour titre (explicite !) « les preuves de l’existence de Dieu » – contient 670 mots appartenant à ce champ lexical : 72 fois « preuves », 364 fois « prouver », 85 fois « démonstration » et 149 fois « démontrer ». Certes, « Dieu n’a pas besoin de preuves » mais l’homme, lui, en a besoin. Penser le contraire, c’est faire l’éloge de la crédulité.

    À ces erreurs vient s’ajouter une confusion entre la connaissance de l’existence de Dieu et la foi en Dieu, qui sont deux notions différentes. Notre livre ne parle pas de foi, qui est un acte d’adhésion et de confiance impliquant la volonté libre, comme le rappelle le Catéchisme, qui reprend saint Thomas d’Aquin : « Croire est un acte de l’intelligence adhérant à la vérité divine sous le commandement de la volonté mue par Dieu au moyen de la grâce » (CEC 155). Ainsi, explique saint Jacques dans son épître, le diable sait que Dieu existe, mais il n’a pas foi en lui (Jc 2, 19). Avoir foi en Dieu consiste donc en bien autre chose que de savoir qu’il existe. Pour autant, la foi comme la connaissance de Dieu ont toutes deux un soubassement rationnel. Rejeter cela, c’est tomber dans le fidéisme.

    Le soutien du cardinal Sarah et de Mgr Léonard

    Nous avons lu également dans certains articles que les théologiens et scientifiques seraient en désaccord avec notre livre, alors que c’est exactement l’inverse, du moins pour ceux de premier plan. Nous avons en effet reçu le soutien écrit et explicite de scientifiques et de théologiens des plus grandes universités et centres de recherche du monde.

    Notre livre a été préfacé par Robert Wilson, Prix Nobel de physique qui a découvert l’écho du big bang, l’édition collector de notre livre récemment publiée s’ouvre sur 15 témoignages enthousiastes de grands scientifiques, philosophes et théologiens de premier plan, dont le cardinal Robert Sarah qui parle d’un livre qui « suscite l’émerveillement », de Mgr André Léonard qui salue « un travail colossal » et de l’académicien, le père Jean-Robert Armogathe, qui le qualifie d’« ouvrage de référence ». À ces nombreux soutiens s’ajoute celui de personnalités internationales issues des mondes juif, musulman, protestant, orthodoxe et franc-maçon.

    Notre Univers a eu un début absolu

    Si l’on en revient maintenant au fond de la question, les preuves classiques de l’existence de Dieu provenant de la philosophie et de la Révélation restent aujourd’hui parfaitement valables, mais elles sont désormais complétées par les découvertes scientifiques des 100 dernières années, qui concourent à démontrer que notre Univers a eu un début absolu et qu’il est le fruit d’un réglage extrêmement fin.

    Or, s’il y a un début au temps, à l’espace et à la matière qui sont liés, comme Einstein l’a montré, c’est que la cause de cette émergence est non temporelle, non spatiale et non matérielle, qu’elle a eu la puissance de tout créer et de tout régler également pour que les atomes puissent exister, que les étoiles puissent brûler 10 milliards d’années et que la vie complexe puisse se développer ; autant de choses qui, on le sait aujourd’hui, étaient extrêmement improbables.

    Une thèse quasi insoutenable

    Rappelons que la célèbre formule de Parménide, « rien ne peut sortir de rien » (« ex nihilo nihil »), est unanimement admise. Or, l’Univers existe. Dès lors, il n’y a que deux possibilités : soit l’Univers est éternel, soit, s’il ne l’est pas, c’est qu’il est sorti des mains d’un dieu créateur. Notre époque a ceci d’extraordinaire qu’elle est en mesure d’apporter de très nombreux arguments (des « preuves » au sens strict du terme, à ne pas confondre avec les démonstrations absolues existant seulement dans le domaine des univers théoriques) montrant qu’aujourd’hui la thèse d’un Univers éternel est quasiment insoutenable. Ces preuves proviennent autant de la thermodynamique que de la Relativité et de bien d’autres domaines.

    Comme le disait le pape Pie XII dans son célèbre discours à l’Académie pontificale des sciences, le 22 novembre 1951 : « La science, la philosophie et la Révélation collaborent harmonieusement à la connaissance de Dieu, unique créateur. Toutes trois sont instruments de vérité et rayons d’un même soleil. » Même si peu en ont pris conscience, nous sommes aujourd’hui, avec le grand retournement de la science, dans une situation totalement nouvelle, dans laquelle tout converge vers une seule et même conclusion : Dieu existe. Il n’est donc pas inutile d’en débattre et de le faire savoir.