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Foi - Page 475

  • L’appel de Mgr Léonard a ses frères évêques : rejoindre la supplique du cardinal Sarah approuvée par Benoît XVI

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    Lu sur le site du bi-mensuel « L’Homme nouveau, l’appel rédigé par Mgr André Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles ce 17 janvier 2020 :

    L’appel de Mgr Léonard a ses frères évêques :  <br>Rejoindre la supplique du cardinal Sarah <br>approuvée par Benoît XVI

    « Mgr Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles, « rejoin[t] entièrement la supplique que le cardinal Sarah, en étroite concertation avec Benoît XVI, adresse au Souverain Pontife ». Il demande fraternellement à tous les évêques qui pensent comme lui d’exprimer fermement leur position : que ne soit pas ouverte de brèche dans le célibat ecclésiastique. « Notre espoir est grand d'être entendus ».

    En tant qu’archevêque émérite de Malines-Bruxelles, je m’abstiens de toute interférence dans le gouvernement des diocèses dont je fus le pasteur, Namur et Bruxelles. Mais je demeure évêque et peux, à ce titre, exprimer des convictions doctrinales ou pastorales, même si elles divergent éventuellement de l’une ou l’autre position de mes anciens collègues de travail.

    Même si la chose est inédite et d’un impact infiniment supérieur, un Pape émérite, Benoît XVI en l’occurrence, peut semblablement collaborer légitimement à un livre projeté par un cardinal et, en concertation avec lui, émettre ses convictions théologiques et pastorales, sans manquer à son devoir de réserve. Il ne s’y exprime forcément plus en tant que successeur de Pierre et sa prise de position n’a pas d’autorité magistérielle. Mais sa parole est néanmoins d’un très grand poids.

    Sa contribution active au livre projeté par le cardinal Sarah n’est en aucune manière une « attaque » contre le pape François. Benoît XVI, pas plus que le cardinal, ne critique son successeur. Ils lui adressent une « supplication » dans un esprit filial, sans rien retrancher de leur obéissance au pape actuel. Exactement comme quatre cardinaux s’étaient adressés au pape François en lui demandant filialement de dissiper leurs « dubia », leurs « doutes », leur perplexité, concernant certains aspects ambigus du chapitre VIII de l’exhortation Amoris laetitia, à savoir ceux qui touchent l’indissolubilité d’un mariage sacramentel valide, avec ses retombées concernant l’accès aux sacrements de la réconciliation et de la communion eucharistique lorsqu’on se trouve dans une situation permanente de cohabitation conjugale avec un partenaire qui n’est pas son conjoint « dans le Seigneur ».

    D’autres ambiguïtés ont surgi ultérieurement. Il est parfaitement pertinent de répondre à la question d’un journaliste en déclarant en substance : « Si une personne homosexuelle cherche sincèrement à faire la volonté de Dieu, qui suis-je pour la juger ? » Mais, comme on ne précise pas en quoi consiste cette volonté de Dieu et quelles sont les conséquences morales qui en découlent, l’opinion publique retient, à tort, de cette réponse ambiguë que les pratiques homosexuelles sont désormais légitimées par l’Église catholique. Ce qui n’est pas vrai.

    Semblablement, quand on signe une déclaration commune, avec un haut responsable de l’islam, suggérant que la diversité des religions correspond à la « volonté » de Dieu, il ne suffit pas de corriger oralement l’ambiguïté de cette formulation (le texte publié demeurant inchangé) en disant que Dieu « permet » simplement cette diversité. Il faudrait encore souligner positivement que le dialogue interreligieux ne peut porter atteinte à l’unicité absolue de la Révélation chrétienne, en laquelle le Dieu unique et trinitaire nous offre son amour sauveur en la personne de Jésus. Ce qui n’empêche pas de saluer des « semina Verbi » (des « semences » du Verbe de Dieu), voire des « reliquia Verbi » (des « restes » du Verbe) dans d’autres religions que le judéo-christianisme.

    D’autres ambiguïtés se sont introduites dans le récent synode sur l’Amazonie, notamment concernant une certaine vénération de la « Pachamama », de la Terre-Mère. Mais, sur ce point, il faut attendre la publication de l’exhortation post-synodale. On peut espérer que notre pape François y dissipera les ambiguïtés de ce synode.

    Une de ces ambiguïtés concernait précisément la question du célibat sacerdotal dans l’Église catholique latine. À cet égard, en communion avec beaucoup d’autres évêques, que j’invite fraternellement à exprimer eux aussi leur ferme position, je rejoins entièrement la supplique que le cardinal Sarah, en étroite concertation avec Benoît XVI, adresse au souverain pontife. Notre espoir est grand d’être entendus, car le pape François a nettement déclaré son attachement au célibat sacerdotal dans l’Église latine. Mais en envisageant quand même des exceptions… Qui, hélas, comme en d’autres matières, sont rapidement universalisées !

    La supplique exprimée dans le livre en question est donc d’une urgente actualité et parfaitement légitime. Jamais il ne faut « attaquer » le Pape. Il faut, au contraire, toujours respecter sa personne et sa mission. Mais il s’impose parfois et il est toujours permis de le « supplier » et de lui demander des « éclaircissements ». Ce que nous faisons.

    + André LEONARD, archevêque émérite de Malines-Bruxelles. »

    Ref. L’appel de Mgr Léonard à ses frères évêques :  rejoindre la supplique du cardinal Sarah approuvée par Benoît XVI

    JPSC

  • Corée du Sud : le nombre de catholiques a augmenté de 48,6 % au cours des vingt dernières années

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Le nombre de catholiques coréens a augmenté de 48,6 % au cours des vingt dernières années

    17/01/2020

    Au cours des vingt dernières années, la Corée du Sud a enregistré une augmentation record de 48,6 % du nombre de catholiques, selon un rapport publié récemment par l’Institut pastoral catholique de Corée (CPIK). Bien que cette tendance ait fortement ralenti ces derniers temps, la communauté catholique s’est considérablement développée, en passant de 3 946 844 baptisés en 1999 à 5 866 510 en 2018. Sur tous les diocèses de Corée du Sud, celui de Suwon, situé juste au sud de Séoul, la capitale, est celui qui a enregistré la plus forte augmentation avec un taux de 89,1 % entre 1999 et 2018, suivi du diocèse de Daejeon, dans le centre du pays, avec 79,6 %, et celui d’Uijeongbu, au nord de la capitale, avec 78,9 %.

    Selon un rapport publié récemment par l’Institut pastoral catholique de Corée (CPIK), l’Église en Corée du Sud a enregistré le taux d’augmentation record de 48,6 % du nombre de catholiques en vingt ans, entre 1999 et 2018. Ainsi, la communauté catholique sud-coréenne est passée de 3 946 844 baptisés en 1999 à 5 866 510 en 2018. Les diocèses de Suwon, au sud de Séoul, de Daejeon dans le centre du pays, et d’Uijeongbu au nord de la capitale, sont ceux qui ont enregistré la plus forte croissance. Une tendance qui s’est cependant ralentie progressivement pour passer en dessous d’1 % ces dernières années. En comparaison, en 2000 et 2001, le taux annuel d’augmentation était respectivement de 3,2 % et 3,9 %. Il a continué de baisser pour atteindre 2 % en 2009 puis 1,7 % en 2010, avant d’augmenter à nouveau légèrement jusqu’à 2,2 % en 2014, l’année de la visite apostolique du pape François à Séoul. Le taux est finalement passé en dessous d’1 % il y a deux ans.

    Le diocèse de Daejeon, érigé en 1962 et suffragant de l’archidiocèse de Séoul, couvre la province de Chungcheong du Sud et la région métropolitaine de Hongseong, la capitale de la province. Sur 3,8 millions d’habitants, 315 000 sont catholiques, soit un peu plus de 8 % de la population locale. Mgr Lazarus You Heung-sik, évêque de Daejeon depuis 2005 et président de la commission des Affaires sociales de la conférence des évêques de Corée (CBCK), fait part de plusieurs facteurs qui ont contribué à cette croissance dans son diocèse. « En 2014, le pape François a rendu visite à notre diocèse à l’occasion de la 6e Journée asiatique de la jeunesse. Quand une telle grâce est reçue, il faut en faire bonne usage et la faire fructifier. C’est pourquoi nous avons ouvert un synode diocésain le 8 décembre 2015, une date qui coïncidait avec l’ouverture du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde [2015-2016] », explique l’évêque. « Le synode diocésain a duré trois ans et cinq mois, jusqu’au 27 avril 2019. C’était une opportunité d’avancer ensemble, aux côtés des prêtres, de religieux et religieuses, des laïcs et des jeunes. Pour marcher ensemble et nous écouter les uns les autres avec humilité, pour un nouvel éveil de la foi et de la vie chrétienne », ajoute-t-il.

    L’Église de Corée missionnaire en Asie

    « Pour le diocèse, le synode représente un chemin de discernement communautaire dans l’Esprit Saint. Cela a dynamisé l’engagement des catholiques de la région pour l’annonce de l’Évangile. Les chiffres mis à part, la participation des catholiques à la messe dominicale et au sacrement de la réconciliation est importante », se réjouit Mgr Lazarus You. « Pour moi, la période actuelle est très chargée. Le 10 janvier, j’ai célébré l’ordination de neuf prêtres. En parallèle, je me suis également occupé du transfert de 120 curés et vicaires du diocèse – à Daejeon, les premiers servent en paroisse pour un mandat de cinq ans, et les vicaires pour deux ans. Avant de rejoindre leur nouvelle paroisse, ils sont invités à venir me voir pour un entretien personnel », explique-t-il. « Dans notre diocèse, près de 25 % des baptisés prennent part à la liturgie et aux sacrements de façon régulière, soit 5 % de plus que la moyenne nationale. J’y vois les fruits du synode diocésain. » Interrogé sur la raison de la conversion de tant de Coréens au catholicisme, Mgr You estime que « le monde d’aujourd’hui est victime du matérialisme, de la convoitise et de la compétition égoïste ».

    « Tout le monde pense d’abord à soi et veut dépasser les autres. Comment cela peut-il conduire au bonheur et à la paix ? Nous avons besoin de nous concentrer sur la vie communautaire, avec l’amour mutuel comme nouveau commandement », insiste-t-il.  « Quand on marche ensemble, on partage des expériences de foi sans lesquelles il est difficile d’en parler et de l’expliquer. De telles expériences favorisent une vie chrétienne concrète, sur laquelle le pape François insiste tellement. C’est ce qu’il a souligné le 17 novembre, à l’occasion de la Journée mondiale des pauvres. C’est fondamental : il faut chercher et rejoindre les personnes dans le besoin, pas seulement ponctuellement mais au quotidien, et s’intéresser aux besoins des autres. » Forte de cette augmentation du nombre de catholiques, l’Église en Corée est prête à jouer un plus grand rôle pour l’évangélisation en Asie, en se proposant comme soutien des autres communautés catholiques sur le continent asiatique. « Nous essayons toujours d’aider les autres, parce que c’est comme cela que l’on progresse. En donnant, on reçoit d’autant plus. L’Église coréenne est bien consciente de la nécessité de s’ouvrir aux autres pays, aussi bien matériellement qu’en termes de personnes et de missionnaires fidei donum. Nous continuerons sur cette voie ; nous continuerons d’avancer et de progresser de plus en plus. »

    (Avec Asianews, Séoul)

  • Unité avec les chrétiens (protestants de préférence) mais pas avec les cathos tradis ?

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    Du site "Paix liturgique" (lettre 729 du 15 janvier) :

    SEMAINE DE PRIÈRE POUR L'UNITE DES CHRÉTIENS … MAIS PAS AVEC LES CATHOLIQUES ATTACHÉS A LA TRADITION ?

    « Puisse chaque Église reconnaître aujourd'hui le mal qu'elle a fait à d'autres chrétiens et en demander humblement pardon, et puisse-t-elle entendre la même demande que d'autres chrétiens lui adressent et, à son tour, leur accorder son pardon ». C’est la prière que la Conférence des Evêques de France nous propose pour la Semaine de l’Unité, qui va de dérouler, comme chaque année, du 18 janvier (jadis, fête de la Chaire de saint Pierre) au 25 janvier (fête de la Conversion de saint Paul).

    La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens fut créée à l’initiative de l’abbé Paul Couturier (1881-1953), prêtre de Lyon, en janvier 1933, pour l'unité de tous les baptisés chrétiens, notamment catholiques, orthodoxes, anglicans, réformés. Après le Concile, la Semaine vit l’organisation de prières communes, parfois même de cérémonies communes. Elle est préparée conjointement par le Conseil œcuménique des Eglises, de Genève, et le Conseil Pontifical pour l’Unité des Chrétiens.

    Sur elle pèse aujourd’hui les ambiguïtés de la définition de l’œcuménisme lors du dernier concile, qui n’est ni l’œcuménisme né au sein du monde protestant, lequel considère qu’aucune Eglise chrétienne ne correspond à la vraie et toute spirituelle Eglise du Christ, ni l’unionisme catholique traditionnel, qui cherchait à réintégrer les chrétiens séparés dans des Eglises unies à Rome. L’œcuménisme issu du Concile est une sorte de transaction : il considère que l’Eglise catholique est la vraie Eglise, mais que les autres Eglises chrétiennes ont cependant une réalité surnaturelle et qu’elles sont des Eglises « imparfaites », avec lesquelles une sorte d’unité progressive est possible. L’œcuménisme comme une sorte de compromis entre l’orthodoxie et l’hétérodoxie.

    Quoi qu’il en soit, l’œcuménisme pratiqué par les instances catholiques vise les autres Eglises chrétiennes, pour préparer avec elles par la prière, le dialogue, les efforts de compréhension et la charité l’unité, aussi mal définie qu’elle soit. La Conférence des Evêques nous invite ainsi à la prière et à la charité pour tous les chrétiens. Ou pour presque tous…

    Balayer non devant, mais derrière sa porte

    Car pourquoi, quand on prétend œuvrer pour l’unité, ne pas chercher d’abord à la retisser à l’intérieur de la maison ? N’y a-t-il pas hypocrisie à déborder de mansuétude et de bons sentiments ad extra, et de ne monter que rejet et exclusion ad intra.

    Dans son livre Les dissensions ecclésiales, un défi pour l’Eglise catholique (Cerf, 2019), l’abbé Pierre-Marie Berthe, dans une perspective très centrée sur la Fraternité Saint-Pie-X, regrette cependant à juste titre le « deux poids, deux mesures » des autorités ecclésiales depuis le Concile, qui ne sont que gentillesse, ouverture et dialogue vis-à-vis des chrétiens séparés, mais dont le fond de l’attitude vis-à-vis des chrétiens traditionnels n’est que méfiance et rejet a priori.

    Et malgré tout, 50 ans d’œcuménisme actif n’ont finalement abouti à aucun résultat concret avec les frères séparés. La seule exception n’en est pas une, puisqu’elle se modèle sur l’ancienne pastorale de l’uniatisme, qui réintégrait en corps, dans l’unité romaine, des Eglises orientales séparées. Il s’agit du retour au catholicisme d’un certain nombre d’anglicans – fort traditionnels au demeurant – organisé par la constitution apostolique Anglicanorum cœtibus de Benoît XVI, du 4 novembre 2009, qui permet, pour ces anglicans devenant catholiques, la création d’ordinariats personnels, des sortes de diocèses un peu semblables aux ordinariats militaires (les sujets ne sont pas les habitants d’un territoire, mais sont une catégorie déterminée de personnes, ici d’anciens anglicans bénéficiant des privilèges liturgiques).

    Quelles sont alors les raisons de l’échec de l’œcuménisme ? Ses ambiguïtés fondamentales assurément, avec notamment cette étrange construction théologique de la « communion imparfaite » (Unitatis redintegratio, n. 3 : « Ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le baptême, se trouvent dans une certaine communion, bien qu’imparfaite avec l’Église catholique »). Selon Unitatis redintegratio, on pourrait être dans la communion catholique partiellement, à 30% (les protestants), 40% (les anglicans), 80% (les orthodoxes), si on nous permet d’exprimer ainsi trivialement les choses Or, la théologie et le magistère antérieur tenaient au contraire que la foi – et donc la communion au Christ et à l’Eglise – ne se divise pas : on a ou on n’a pas la foi, et de la sorte on est ou on n’est pas en communion avec le Christ. Sauf, bien entendu pour ces chrétiens apparemment séparé, mais dont la bonne foi, dont Dieu seul juge, fait qu’ils sont en fait invisiblement catholiques.

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  • "Pas d'harmonie totale entre Benoît XVI et François"

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    L’interview de Sandro Magister : « C’est la fin de la concorde entre les Papes. »

    « Si Benoît XVI est intervenu, c’est parce qu’il croit que la crise de l’Église est désormais grave »

    Pour le Vaticaniste de l' «Espresso» , le livre de Sarah a mis en évidence les profonds contrastes entre les Pontifes: « Désormais, leur coexistence se réduira à une formalité ».

    Maurizio Caverzan - La Verità - 16 janvier 2020 (traduction du site "Benoît et moi")

    C’est l’observateur le plus aigu de ce qui se passe dans les Palais Sacrés, 76 ans, auteur de coups journalistiques comme la publication en avant-première, en mars 2018, de la lettre complète de Joseph Ratzinger, manipulée pour simuler son soutien aux théologiens bergogliens, Sandro Magister tient sur le site de l’Espresso le très suivi blog Settimo cielo, publié en quatre langues. Nous nous sommes adressés à lui pour éclairer les faits de ces jours et comprendre comment peut continuer la coexistence entre les deux Papes après la publication tortueuse du livre sur le célibat des prêtres, publié hier en France et attendu pour la fin du mois en Italie.

    Quelle idée vous êtes vous faite de l’essai « Des profondeurs de nos coeurs » écrit par le Cardinal Robert Sarah et Benoît XVI ?

    2019 a été une année clé pour ce que nous appelons, pour simplifier, la coexistence des deux Papes. Parce qu’au cours de cette dernière année, le Pape émérite a décidé de sortir au grand jour sur les questions brûlantes du Magistère et de la pastorale ecclésiastique. En avril dernier, il a confié à un mensuel allemand les Notes sur les scandales d’abus sexuels, dans lesquelles il esquissait une cause de la crise de l’Eglise différente de celle proposée par François. Aujourd’hui, il a décidé de publier une réflexion sur le célibat sacerdotal avant que François ne prononce son Exhortation sur le Synode de l’Amazone. S’il a choisi de rompre le silence qu’il s’était imposé au moment du renoncement, c’est parce qu’il considère la situation de l’Eglise aujourd’hui particulièrement grave ».

    Une situation qui rend « impossible de se taire », comme l’ont écrit les auteurs du livre en citant saint Augustin ?

    Exactement. Un choix qui rappelle celui des grands moines antiques qui, voyant la vie de la communauté en danger, ont abandonné l’isolement pour les secourir. Ainsi, aujourd’hui, le Pape émérite quitte sa position de retraite et de prière pour accompagner l’Eglise de sa voix autoritaire dans un moment de grande incertitude.

    L’affaire fait exploser l’anomalie des deux Papes : est-il urgent de réglementer l’action et la parole de Benoît XVI ?

    Effectivement, ces deux événements récents ont mis en évidence quelque chose de non résolu. La coexistence des deux Papes, l’un régnant et l’autre émérite, est un primum absolu. La figure du Pape émérite n’a pas de codification canonique et est inventée par celui qui l’est pour la première fois. Lequel, au moment de son abdication, a laissé dans le vague les directives relatives aux domaines de son action, montrant qu’il pouvait se comporter de manière originale et créative ».

    Il avait promis une position de retrait et de prière, alors qu’il a récupéré une présence différente?

    La plupart du temps sur des sujets cruciaux. Il ne faut pas oublier que Benoît XVI a attribué la cause des abus sexuels à la perte de la proximité de Dieu d’une grande partie de l’Église, alors que pour François la cause est le cléricalisme. Quant au célibat des prêtres, Ratzinger trouve même son fondement théologique dans l’Ancien Testament, pour lequel le dévouement total à Dieu est incompatible avec un autre dévouement absolu tel que celui requis dans le mariage.

    Certains observent que le célibat des prêtres n’est pas un dogme mais un choix récent de l’Église.

    Ce n’est pas la pensée de Benoît XVI. Il avertit que toucher ce point pivot n’est pas simple car il fonde l’état ontologique du consacré à Dieu ».

    La publication de ce texte est-elle une forme de pression sur le Pape François qui est sur le point de promulguer l’Exhortation du Synode sur l’Amazonie? Quelqu’un a aussi parlé d’interférence dans son Magistère.

    Je crois qu’il doit être compris comme un signal d’alarme lancé par des personnalités de grande autorité, Benoît XVI en particulier, pour attirer l’attention sur la gravité de la décision qui va être prise. Si une ‘fente’ s’ouvre pour l’Amazonie, à terme elle sera valable pour toute l’Eglise.

    Après le retrait de la signature sur la couverture et le choix de préciser que le livre est publié « avec la contribution » de Benoît XVI, on se demande comment le Pape émérite a pas pu ne pas savoir qu’il participait à une publication à double signature.

    Même si l’on peut admettre que le Pape émérite n’avait pas de notions précises sur la forme éditoriale de la publication, le fond de sa pensée ne laisse cependant aucune place à l’interprétation. Et il ne laisse aucun doute sur le fait qu’il a voulu participer à ce livre avec un texte qui lui est propre, et en lisant et en approuvant toutes les autres parties de la publication, comme le démontrent ses lettres rendues publiques par le Cardinal Sarah.

    Selon vous, qu’écrira le Pape François dans le document sur le Synode?

    Pour ce que j’en ai vu durant ces sept années de pontificat, je ne serais pas surpris s’il ouvrait une ‘fente’ aux prêtres mariés, peut-être dans une note de bas de page. D’une part, il pourrait confirmer la doctrine actuelle en général, d’autre part, il pourrait permettre des exceptions qui seront abordées avec des pratiques plus ou moins désinvoltes. C’est ce qui s’est passé pour la doctrine du mariage après le Synode sur la famille.

    Cela se produira-t-il aussi sur le célibat ecclésiastique ?

    Ce ne sont pas les indices qui manquent. Au retour du voyage au Panama, s’adressant aux journalistes dans l’avion, le pape Bergoglio a cité et partagé l’expression de Paul VI:  » Je préfère donner ma vie avant de changer la loi du célibat sacerdotal ». Mais après cette phrase, il se réfère à des situations particulières dans les îles du Pacifique et cite comme intéressant un livre du théologien allemand Fritz Lobinger, devenu évêque en Afrique du Sud, en faveur de l’ordination d’hommes mariés et defemmes, à qui confier la seule tâche d’administrer les sacrements, sans les deux autres fonctions, l’enseignement et le gouvernement, qui sont inextricablement liées au sacerdoce.

    Pourquoi devrions-nous craindre une exception ?

    Parce qu’une exception autorisée en Amazonie ou dans quelque île du Pacifique deviendrait bientôt la règle dans une Église catholique comme celle d’Allemagne, parmi les plus dévastées au monde à cause du déclin des fidèles et de la foi et pourtant curieusement considérée par le Pape François comme l’avant-garde du renouveau ecclésial.

    Dans l’Église orthodoxe, il y a toujours eu des prêtres mariés.

    En attendant, dans l’Église orthodoxe, les évêques sont seulement célibataires. De plus, dans le livre, Ratzinger rappelle que l’Eglise universelle des premiers siècles prévoyait des ministres mariés, mais que ceux qui étaient ordonnés devaient cesser d’avoir des relations avec leurs épouses. Ensuite, lors de l’ordination sacerdotale, seuls les célibataires étaient admis.

    La pénurie de vocations n’est-elle pas une raison suffisante pour admettre des hommes mariés « âgés » à la foi éprouvée?

    Dans l’Eglise naissante aussi, les vocations étaient rares et pourtant le christianisme s’est épanoui malgré tout. Les communautés catholiques du Japon ont survécu héroïquement pendant 250 ans sans un seul prêtre. Ce fut le cas pour de nombreuses communautés cachées dans le monde. Il y a des moyens de compenser l’absence des prêtres.

    Par exemple ?

    Le dimanche, là où personne ne peut célébrer l’Eucharistie, les laïcs peuvent lire les lectures, réciter le credo et distribuer les hosties consacrées et conservées depuis la dernière fois que le prêtre est venu. C’est une pratique qui n’est pas si différente de celle qui est adoptée en apportant la communion aux malades.

    Les partisans de l’ouverture aux prêtres mariés observent que les apôtres avaient tous une femme et des enfants.

    Pas tous. L’apôtre Paul était célibataire. Et bien sûr, Jésus l’était. Quitter la maison et la famille pour suivre Jésus n’était pas une métaphore mais la réalité. Jésus admirait ceux qui, s’identifiant pleinement avec lui « devenaient eunuques pour le royaume des cieux ».

    Dans les lettres exhibées par le Cardinal Sarah, Benoît XVI approuve la forme de publication prévue. Le retrait de la signature est-il dû à des pressions, ou à quelque chose d’autre?

    Les mots parlent clair. L’adhésion du Pape Benoît XVI est évidente. Il n’y avait rien qu’il ignorait. La polémique est née des partisans du pape François pour minimiser la portée du livre et peut-être d’une certaine fragilité de l’archevêque Georg Gänswein, secrétaire du pape Benoît XVI et préfet de la maison papale, pour résister à de telles pressions.

    En mars 2018, lorsque l’instrumentalisation de Ratzinger pour soutenir la publication de certains textes de théologiens bergogliens est devenue évidente, le Préfet du Secrétariat pour les Communications, Mgr Dario Viganò, a démissionné. Quelles seront les conséquences cette fois-ci?

    Je ne pense pas qu’il y en aura. Il n’y a pas de bouc émissaire. Le Cardinal Sarah sera peut être démis de ses fonctions de Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin à l’âge de 75 ans. Il y a un contraste flagrant entre sa position et celle du pape François. Mais dans l’Église, cela ne devrait pas surprendre car les contrastes ont toujours été présents, y compris pendant les pontificats de Benoît XVI, de Jean-Paul II et de Paul VI.

    À votre avis, y a-t-il un lien entre ces deux événements ?

    La similitude est dans la vaine tentative de montrer l’harmonie totale entre Benoît XVI et François.

    Comment la coexistence entre eux pourra-t-elle se poursuivre ?

    Je crains qu’elle ne se réduise de plus en plus à des formalités. Aujourd’hui, les distances sont plus évidentes que ce qu’on aurait pu prévoir immédiatement après l’abdication de Benoît XVI et l’ascension de François. Un motif de plus pour la difficulté objective de la coexistence entre les deux Papes, jamais expérimentée auparavant.

    Quelle est votre évaluation du pontificat de Bergoglio ?

    C’est un pontificat qui met en marche des processus, multipliant les options, mais sans les orienter en même temps. A plusieurs reprises, François a dit que le pasteur ne se place pas tant devant ou au milieu du troupeau, mais derrière, car le troupeau sait déjà où aller. Franchement, cela me semble une dévalorisation du rôle de leadership confié à l’origine au successeur de Pierre, à partir du Nouveau Testament.

  • Joseph Hollanders, un oblat belge de 83 ans, a été assassiné en Afrique du Sud

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    De Kerknet.be :

    L'Oblat flamand Joseph Hollanders tué en Afrique du Sud

    15 JANVIER 2020

    Dans sa maison de Bodibe, près de Lichtenburg en Afrique du Sud, l'oblat flamand Joseph Hollanders (83 ans) a été retrouvé assassiné dimanche.

    Joseph - Jeff pour ses innombrables amis sud-africains - Hollanders (83 ans), un oblat flamand qui travaillait comme missionnaire en Afrique du Sud depuis plus d'un demi-siècle, a été retrouvé assassiné dimanche dans sa maison de la ville de Bodibe, à proximité de Lichtenburg, au nord-ouest du pays. On a probablement été voler dans sa maison; ça s'est produit peu de temps après son retour chez lui après la célébration du dimanche. Après une récente vague de cambriolages dans le village, il avait lui-même pris des mesures de sécurité. Le missionnaire flamand avait informé l'évêque Victor Phalana de Kerksdorp lors de sa visite en décembre.

    "Les agresseurs devaient savoir qu'il était particullièrement vulnérable le dimanche, dans l'après-midi, explique l'évêque Mgr Phalana. Il venait probablement de rentrer de la messe du dimanche. Comment on doit être corrompu pour attaquer un vieil homme sans défense comme Jeff. Tout le monde sait qu'il n'avait pas d'argent, qu'il était au service d'une communauté pauvre. Il a utilisé chaque centime qu'il possédait pour ses ouailles. Il devait tout donner!"

    Un villageois qui avait rendez-vous avec le père Hollanders l'a trouvé lundi matin. Son corps ne portait aucune trace visible de blessure. Mgr. Phalana soupçonne qu'il est décédé d'une crise cardiaque ou d'une strangulation. "Quel grand cœur avait cet homme! Il était plein de vie, d'énergie et de dévouement. Il m'a dit qu'il se sentait en sécurité parce qu'il était très impliqué dans la communauté. Sa communauté faisait partie de sa vie. Notre pays a atteint un point où il n'y a plus de respect pour la vie, l'Église ou un homme de Dieu vieux et sans défense."

    Joseph Hollanders a été emmené à l'église de Bodibe mardi, où un service de deuil a eu lieu. Les funérailles auront lieu le mercredi 22 janvier à 10 heures dans la cathédrale du Christ Sauveur de Klerksdorp, où il sera également enterré.

    Joseph Hollanders est né le 4 mars 1937 à Meeuwen dans le Limbourg. Le 8 septembre 1958, il fait le premier vœu de religieux des Oblats. En 1963, il a été ordonné prêtre et le 31 janvier 1965, il est parti pour l'Afrique du Sud. Il y a travaillé à divers endroits dans la province du Nord-Ouest. Les deux dernières années, Jef a vécu et travaillé à Bodibe. Bodibe est une ville d'environ 25 000 habitants avec une population exclusivement noire. C'est une région très pauvre. Il n'y a pas d'industrie, le chômage est donc élevé. Les jeunes n'ont guère de perspectives d'avenir et la pauvreté est élevée dans de nombreuses familles. Le crime sévit dans la région, principalement en raison du problème des drogues et de l'alcool.

    Source: famille MaroelaMedia / Hollanders

  • Le livre à quatre mains de Benoît XVI et du cardinal Sarah cartonne en librairie

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    De Christophe Henning sur le site du journal La Croix :

    Le livre de Benoît XVI et du cardinal Sarah est déjà un succès de librairie

    Depuis le mercredi 15 janvier au matin, les clients défilent sans discontinuer à « La Procure » à Paris pour acheter le livre signé du cardinal Sarah… et de Benoît XVI. La polémique sur la participation du pape émérite à ce texte attise la curiosité pour un sujet sensible : le célibat des prêtres.

    Le livre « Des profondeurs de nos cœurs » se vend, dès ce mercredi matin, presque comme… des petits pains. En décembre, l’ouvrage est présenté « sous X » par les représentants des éditions Fayard : la pratique est courante en ce qui concerne les « livres événement ». Reste aux libraires à tenter le coup, ou pas. Fin 2019, rien ne filtre sur les auteurs du livre mystère. Fort des conseils, le directeur de la librairie La Procure à Paris réserve 300 exemplaires. Dimanche 12 janvier au soir, apprenant les noms de coauteurs, il lance immédiatement une commande supplémentaire.

    Deux grandes signatures

    « Un livre avec les noms de Benoît XVI et du cardinal Sarah allait évidemment susciter un grand intérêt de nos clients », explique Jean-Baptiste Passé. Sur le podium en tête des ventes de la librairie non loin de Saint-Sulpice, trois noms : le pape François, le frère Adrien Candiard et… le cardinal Sarah. Aux personnalités des auteurs s’ajoute le thème du livre : « Le célibat des prêtres est un sujet particulièrement sensible, nul doute que ce texte publié par deux grandes signatures allait alimenter le débat ! », se réjouissait le libraire.

    Et voilà qu’éclate la polémique : quelle est la part du pape émérite dans cet ouvrage ? « S’il y a eu usurpation, c’est très grave », reconnaît Jean-Baptiste Passé qui pressent ce que la profession appelle un « hot book ». L’imbroglio autour de l’ouvrage s’est développé dès lundi aux premières heures, jusqu’à tard mardi, veille de la sortie du livre. À l’issue des allers-retours entre Rome et l’éditeur parisien, plusieurs éléments de présentation seront modifiés dans les prochaines impressions, mais rien n’empêchait la commercialisation à la date prévue. « Il n’y a eu ni action en référé devant la justice, ni rappel de l’éditeur, insiste le libraire. Au-delà de la polémique, le contenu du livre peut nourrir la réflexion. » Et les livres se vendent, dès ce mercredi matin, presque comme… des petits pains.

    La prochaine exhortation apostolique

    C’est d’ailleurs une attente forte des clients autour des questions clivantes dans l’Église aujourd’hui : le statut du prêtre, les questions éthiques, la lutte contre les abus… En l’espèce, « les lecteurs ont envie de savoir ce que dit le pape émérite ou l’un des cardinaux les plus en vue au Vatican. Ils cherchent à se positionner alors que deux camps nettement polarisés s’affrontent… »

    La prochaine pièce au dossier sera l’exhortation post-synodale du pape François, attendue avec impatience et qui sera, elle aussi, un succès de librairie. « Le débat sur le fond est légitime, poursuit Jean-Baptiste Passé. Il y a une saine curiosité à s’intéresser au livre. La polémique sur la forme est détestable et jette la suspicion sur le livre. »

    Quarante-huit heures après le lancement du livre Des profondeurs de nos cœurs, on finit par savoir quels sont les passages de Benoît XVI et ce qui relève davantage de la plume du cardinal Sarah. Mais le mal est fait (?!). « Nous avons besoin de textes forts, qui font avancer, dont l’autorité est incontestable, un vrai souffle pour l’Église », souligne Jean-Baptiste Passé. Par exemple ? Le libraire n’hésite pas une seconde : « L’encyclique Laudato Si est un modèle. »

    Des profondeurs de nos cœurs, Benoît XVI, Cardinal Robert Sarah, Fayard, 178 p., 18 €.

    capture d'écran : chez Amazon, "Des profondeurs de nos coeurs" est numéro un des ventes :

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  • Le Parti Communiste Chinois force le clergé catholique à rejoindre l'Eglise officielle ("patriotique")

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    De Tang Zhe sur le site Bitter Winter :

    Le PCC force le clergé catholique à rejoindre l'Eglise officielle

    15/01 /2020

    Lorsque le harcèlement ne suffit pas à «transformer» et à soumettre les prêtres, alors le régime menace leurs proches et terrorise les fidèles.

    Bien que les directives pastorales du Vatican du 28 juin demandent spécifiquement aux autorités chinoises de respecter ceux qui n'ont pas l'intention de rejoindre l'Association patriotique catholique chinoise (APCC), le parti continue de faire pression sur les prêtres de ce qu'on appelait l'Église catholique clandestine pour qu'ils se soumettent. au régime. Comme beaucoup s'opposent à cette politique, le régime augmente les mesures répressives.

    Blâme pour association

    Le 1er septembre, Bitter Winter a raconté l'histoire d'un prêtre âgé du diocèse de Mindong dans la province du Fujian au sud-est. Le prêtre âgé souffre d'un cancer et, malgré cela, il est persécuté parce qu'il refuse de rejoindre l'APCC. Compte tenu de sa position de premier plan au sein de l'Église catholique locale, le gouvernement continue de faire pression sur le prêtre, essayant de le "transformer" de manière à donner l'exemple aux autres religieux du diocèse. Ils ont même tenté de convaincre le prêtre âgé en lui offrant de l'argent, mais il n'a pas voulu faire de compromis.

    Selon des informations récemment reçues, le prêtre, après avoir été retiré de la maison de retraite où il vivait depuis un certain temps, avait trouvé l'hospitalité au domicile d'un parent. Pour le maintenir sous pression, le régime a tenté d'effrayer son partenaire en recourant à la tactique de culpabilité par association. En juin, sa société a été fermée et, le 24 décembre, l'approvisionnement en eau et en électricité de la maison où il vit avec le prêtre a été stopé. Les responsables ont déclaré que "prendre soin du prêtre est un crime" et ont menacé l'homme de démolir sa maison s'il continuait à l'héberger.

    En colère, les responsables du gouvernement ont même menacé de tuer le prêtre en lui disant que s'il mourait, ils auraient «moins de tracas».

    Le prêtre a dit qu'il aurait préféré mourir en prison plutôt que de rejoindre l'APCC. L'homme a déjà subi plusieurs arrestations et dans les années 1970, il avait été emprisonné pour "contre-révolutionnaire".

    Dans le diocèse de Mindong, des proches d'autres objecteurs de conscience catholiques ont également été punis pour avoir été reconnus coupables par association. Le 25 décembre, le personnel affecté par l'administration locale a coupé l'alimentation en eau au domicile du jeune frère d'un prêtre qui a refusé de rejoindre l'APCC. Un parent d'un autre prêtre a été menacé de licenciement et les responsables ont averti les membres de sa famille de leur licenciement en leur disant qu'ils "n'auraient pas une vie paisible" à moins que le prêtre ne fasse un compromis. Pour protéger ses proches, le prêtre a accepté et a rejoint l'Eglise officielle.

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  • 9500 églises ont été ciblées à travers le monde en 2019

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    Selon le rapport de Portes Ouvertes qui ne semble pas évoquer toutes les églises qui, en Europe occidentale, notamment en France ou en Belgique, ont été l'objet de vandalisme ou même de tentatives d'incendie.

    Du site "Portes Ouvertes" :

    Le nombre d'églises ciblées augmente de façon dramatique dans le monde

    15 janvier 2020

    L'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2020 vient de sortir. Que nous montre-t-il sur l'État de la liberté de religion?

    Plus de 260 millions de chrétiens sont fortement persécutés dans le monde. Les arrestations arbitraires de chrétiens et le nombre d'églises ciblées augmentent de manière spectaculaire.

    9500 églises ciblées

    Ce sont surtout les chrétiens en position d'autorité qui sont visés et menacés, arrêtés ou assassinés. Une grande partie des populations des pays du classement de l'Index manifeste une attitude hostile à l'encontre des chrétiens. Que ce soit dans la vie quotidienne, au travail, dans la possibilité de vivre librement leur foi ou dans leurs rapports avec les autorités, ils sont victimes de discriminations et de persécutions massives. Au cours de la période prise en compte pour ses analyses, soit du 1er novembre 2018 au 31 octobre 2019, Portes Ouvertes a répertorié quelques 9500 fermetures, attaques ou destructions d'églises et institutions religieuses, contre 1850 l'année précédente.

    Les pays les plus touchés 

    La Corée du Nord est à nouveau en tête de l'Index (depuis 2002), suivie de l'Afghanistan, de la Somalie, de la Libye et du Pakistan.

    • En Corée du Nord, la dynastie au pouvoir perpétue une exigence de vénération absolue de la part de son peuple. Le calendrier national se calque sur la naissance du fondateur du pays, Kim Il Sung. Le dirigeant actuel, Kim Jong Un, maintient des dizaines de milliers de chrétiens en prison ou internés dans des camps de travail.
    • En Afghanistan et en Somalie (deuxième et troisième rangs), les chrétiens sont généralement des convertis d'arrière-plan musulman. Ils ne peuvent vivre leur nouvelle foi qu'en secret, car le rejet de l'islam est considéré comme un crime passible de mort. Les chrétiens libyens sont confrontés à une situation similaire, encore aggravée par l'instabilité et les conflits que traverse leur pays. 
    • Au Pakistan aussi, la violence contre les chrétiens reste au plus haut niveau. Les attaques contre les filles et les femmes chrétiennes sont toujours d'actualité et les lois antiblasphèmes en vigueur les obligent à être extrêmement prudentes. La situation est telle que les menaces d'assassinat s'étendent à quiconque s'engagerait à faire évoluer ces lois. La mobilisation des chrétiens du monde entier a conduit à l'acquittement de la chrétienne pakistanaise Asia Bibi, qui avait été condamnée à mort suite à une accusation de blasphème montée de toute pièce, et avait passé 9 ans en prison. Du Canada, où elle a trouvé refuge, elle déclarait avoir pardonné à ceux qui l'avaient emprisonnée et exigé sa mort. Elle a demandé au peuple pakistanais de ne pas oublier ceux «qui souffrent en prison depuis des années».

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  • "Des profondeurs de notre cœur" : le grand gâchis de Mgr Georg Ganswein

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    De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana en traduction française sur le site "Benoît et moi" :

    14 janvier 2020

    Livre sur le célibat, le grand gâchis de don Georg

    Après la clameur suscitée par l’anticipation du livre en défense du célibat ecclésiastique, signé par Benoît XVI et le cardinal Robert Sarah, le rétro-pédalage spactaculaire du secrétaire de Ratzinger, Mgr Georg Gänswein, fait discuter. Il a affirmé que le pape émérite était étranger au projet du livre à quatre mains, mais il est démenti par les faits. Et le cardinal Sarah confirme que tout était clair et partagé, et publie les lettres de Benoît XVI qui lui ont été adressées. Et les éditeurs ont également reçu le « bon pour l’impression » de Gänswein. Peut-être qu’après les violentes attaques, les mensonges et les menaces reçues, le secrétaire voulait-il protéger le pape émérite, mais il obtiendra le résultat inverse: séparer le pape émérite du cardinal Sarah n’a fait que faciliter la tâche de leurs ennemis. En attendant, le livre sortira avec la signature du Cardinal Sarah, « avec la contribution de Benoît XVI ». Mais le contenu, qui est ce qui compte, reste le même.

    Commençons par les faits certains. Le livre « Des profondeurs de notre cœur », dont Le Figaro a anticipé quelques pages, provoquant un grand bruit, a été réellement partagé par Benoît XVI et le cardinal Robert Sarah. L’ouvrage est composé de deux essais sur le sacerdoce, avec un accent particulier sur le célibat, écrits respectivement par Benoît XVI et le cardinal Sarah. Puis il y a une introduction et une conclusion signées par les deux: elles ont été écrites par le Cardinal Sarah mais vues et approuvées par Ratzinger. Et le « bon pour impression » est venu directement du secrétaire personnel de Benoît XVI, Mgr Georg Gänswein.

    D’où vient donc tout le chaos de ces heures et le revirement de Gänswein? Le secrétaire de Ratzinger a déclaré A l’ANSA:

    « Le pape émérite savait que le cardinal préparait un livre et lui avait envoyé un texte sur le sacerdoce l’autorisant à l’utiliser comme il le souhaitait. Mais il n’avait approuvé aucun projet de livre à double signature, ni vu et autorisé la couverture ».

    En réalité, les éditeurs sont en mesure de démontrer que Mgr Gänswein ment: il savait très bien que le livre sortirait avec la double signature, et avait donné son accord même s’il était conscient de l’énorme impact qu’aurait la publication. Par ailleurs, dès la soirée du lundi 13 janvier, dès que la nouvelle s’est répandue d’une dispute autour des signatures, le cardinal Sarah – parlant de « diffamations d’une gravité exceptionnelle » – a fait circuler sur les médias sociaux les lettres que Benoît XVI lui avait adressées et dans lesquelles la connaissance du projet du livre par le pape émérite était claire.

    Et encore, l’introduction correspond à la demi-page préparée par le Cardinal Sarah qui fait l’objet de la lettre envoyée par Ratzinger le 25 novembre:

     » Chère Éminence, de tout mon cœur, je voudrais vous dire merci pour le texte ajouté à ma contribution et pour toute l’élaboration que vous avez faite. Cela m’a profondément touché lorsque vous avez compris mes dernières intentions : J’avais en fait écrit 7 pages de clarification méthodologique de mon texte et je suis vraiment heureux de dire que vous avez pu dire l’essentiel en une demi-page. Je ne vois donc pas la nécessité de vous envoyer les 7 pages, puisque vous avez exprimé l’essentiel en une demi-page. Pour ma part, le texte peut être publié sous la forme que vous avez prévue ».

    Le matin du 14 janvier, le cardinal Sarah, avec un communiqué officiel, reconstruit encore tout le processus qui a conduit à la publication du livre: du 5 septembre dernier, quand il est allé voir Benoît XVI à Mater Ecclesiae pour lui demander un « texte sur le sacerdoce catholique, avec une attention particulière au célibat », jusqu’au 3 décembre où, lors d’une visite similaire, il a expliqué à Benoît XVI que « notre livre serait imprimé pendant les vacances de Noël et qu’il paraîtrait le mercredi 15 janvier ». Entre les deux se trouvaient les dates qui marquaient les différents passages, en grande parie déjà documentées avec les lettres diffusées le 13 au soir. Dans la conclusion du communiqué, le cardinal Sarah parle de « polémique abjecte »:

    « Je pardonne sincèrement à tous ceux qui me calomnient ou qui veulent s’opposer au pape François. Mon attachement à Benoît XVI reste intact et mon obéissance filiale au Pape François absolue ».

    Le problème est alors la raison pour laquelle Mgr Gänswein, au nom de Benoît XVI, a fait volte-face avec éclat, avec le double résultat, dramatique, d’avoir mis le Cardinal Sarah en grave difficulté et d’avoir distrait l’attention du contenu du livre qui reste confirmé et perturbant. Par ailleurs, les déclarations les plus pertinentes sur le plan théologique concernant le célibat, qui nient absolument la possibilité d’exceptions motivées par des besoins sociaux, se trouvent dans l’essai de Ratzinger.

    A coup sûr, la publication des anticipations du livre a provoqué un tremblement de terre au Vatican : une véritable bombe alors que l’exhortation post-synodale avec laquelle le Pape François est censé s’ouvrir aux exigences contenues dans les conclusions, précisément en ce qui concerne les exceptions au célibat ecclésiastique. Les réactions des « gardiens de la révolution » ne se sont en effet pas fait attendre: si d’un côté le grand chef de la communication vaticane, Andrea Tornielli, a écrit dans Vatican News un article « normalisant » qui tentait de concilier la position exprimée par Ratzinger avec celle du pape François, de l’autre il a lâché « ses » hommes dans le double but de fermer la bouche du pape émérite et de salir le cardinal Sarah, qui aurait circonvenu un pape émérite décrit comme un pauvre vieux fou. Il est significatif à cet égard que le « dauphin » de Tornielli, Domenico Agasso jr, ait signé le 14 janvier l’article d’ouverture de La Stampa (Vatican Insider), avec le titre sans équivoque « Vatican, le nœud du Pape émérite ». Résumé : « La demande est croissante d’un texte qui prévoit des limites à l’exercice du magistère du pontife démissionnaire ». N’est-ce pas clair ?

    On peut imaginer quel type de pression a été exercée sur Benoît XVI et Mgr Gänswein qui, entre autres, est Préfet de la Maison pontificale, donc dans une position délicate entre Ratzinger et le Pape François. Étant donné la violence des attaques publiques, on peut facilement deviner ce qui s’est passé en privé. Cela ne justifie pas la volte-face de Mgr Gänswein, mais on peut peut-être comprendre que, face aux menaces et aux mensonges qui circulaient, il entendait protéger Benoît XVI. Le problème est qu’il obtiendra le résultat inverse: en séparant le pape émérite du cardinal Sarah, il n’a fait que faciliter l’élimination de leurs ennemis. Et en même temps, il a affaibli la contribution que les essais de Benoît et de Sarah entendent apporter au débat sur le célibat ecclésiastique, pour arrêter l’attaque contre l’identité de l’Église. Le Cardinal Sarah a écrit sur twitter: « Compte tenu de la polémique qui a provoqué la publication du livre ‘Des profondeurs de notre cœur‘, il a été décidé que l’auteur du livre sera pour les publications futures: le cardinal Sarah, avec la contribution de Benoît XVI. Toutefois, le texte complet reste absolument inchangé ».

    Lire aussi : http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2020/01/16/vigano-quid-du-role-de-mgr-ganswein/

  • Le nom de Benoît XVI ne sera pas retiré de la couverture du livre défendant le célibat sacerdotal

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    De Philippe Carhon sur le site du Salon Beige :

    Des profondeurs de nos cœurs : “Le nom de Benoit XVI ne sera pas retiré de la couverture”

    15 janvier 2020

    Dans l’affaire du livre historique du cardinal Sarah et de Benoit XVI sur le célibat sacerdotal, les loups, qui se sont déchaînés à la fois contre le cardinal Sarah et le pape émérite Benoit XVI, ont remporté une fausse victoire. Benoit XVI ne sera pas mentionné comme co-auteur mais apparaîtra bien sur la couverture. Mgr Georg Gänswein, secrétaire particulier du pape Benoît XVI, a confirmé l’authenticité du manuscrit et la participation réelle de Benoit XVI à ce livre :

    «Nous avons vérifié la traduction du texte original allemand, pas une virgule n’a été modifiée, son texte est à 100 % de Benoît XVI», nous a-t-il affirmé. Le livre est effectivement composé d’une introduction, d’un texte de Benoît XVI, d’un texte du cardinal Sarah et d’une conclusion. Contrairement à ce qui a été écrit, Mgr Gänswein confirme que Benoît XVI savait que l’ensemble serait publié sous forme de livre puisque le pape émérite en a lu les épreuves.

    Explications du Figaro :

    L’annonce de sa publication a eu l’effet d’une bombe à Rome. La violence du déchaînement enregistrée contre Benoît XVI lundi l’a prouvé. Pour deux raisons: le pape émérite sortait de sa promesse de silence ; il prenait la défense d’un sujet ultrasensible, le célibat sacerdotal, deux mois après un synode sur l’Amazonie qui a voté une motion remettant cette discipline en cause. Le pape François n’a toutefois pas été informé de cette initiative. Certains ont donc voulu y voir une guerre entre deux papes. Ce qui n’est pas le propos, théologique et ecclésial, de l’ouvrage, envisagé comme une contribution au débat. Qui plus est, en esprit d’«obéissance filiale» à François. Devant l’ampleur et le choc mondial les pressions se sont donc exprimées au sein du Vatican. Or, dans ce monde clérical, l’obéissance est une vertu première.

    L’édition française, déjà imprimée, sortira telle quelle ce mercredi. Mais le secrétaire particulier du pape Benoît XVI, Mgr Georg Gänswein, a confirmé au Figaro que deux éléments devront être modifiés pour la seconde édition et pour les éditions étrangères. La couverture ne devra plus mettre sur le même plan les deux auteurs mais stipulera: «Cardinal Sarah avec la contribution de Benoît XVI». À ce sujet, des informations fausses ont également circulé mardi, affirmant que le nom de Benoît XVI serait «retiré» de la couverture. Ce que Mgr Gänswein a démenti, par écrit, mardi après-midi au Figaro. Deuxième modification: l’introduction et la conclusion de l’ouvrage ne pourront pas être cosignées comme dans la première édition mais figurera cette précision: «Rédigé par le cardinal Sarah, lu et approuvé par Benoît XVI».

    Que retenir? Que les textes principaux de ce livre ne sont pas mis en cause. Que la puissance et l’audience des analyses de Benoît XVI sont intactes tout comme sont intactes les forces ecclésiales qui s’y opposent. Que Benoît XVI comme le cardinal Sarah, plutôt théologiens et spirituels, n’ont pas mesuré la portée «politique» ecclésiale de cette initiative et qu’il a fallu faire machine arrière sur ce terrain, pour ne pas entrer dans une sorte de magistère parallèle. Dans la nouvelle présentation, l’implication de Benoît XVI est ainsi minorée mais elle subsiste. Et que le débat sur le célibat sacerdotal devrait se cristalliser durement dans les mois qui viennent.

    Et, comme le souligne le Figaro, “il est rare que le Vatican réagisse aussi vite à une information publiée dans la presse. Sauf sujet d’importance (…)”.  Le Saint-Siège a officiellement réagi, lundi, par la voix d’Andrea Tornielli, directeur éditorial de tous les médias du Vatican, qui confirme :

    Un livre sur le sacerdoce signé par le cardinal Robert Sarah, préfet de la Congrégation du Culte divin, avec une contribution de Benoît XVI, sera publié en France le 15 janvier (…) Le Pape émérite et le cardinal Sarah – qui se présentent comme deux évêques en «obéissance filiale au Pape François» qui «cherchent la vérité» dans un «esprit d’amour pour l’unité de l’Église» – défendent la discipline du célibat et avancent des raisons qui, selon eux, déconseillent de la changer. La question du célibat occupe 175 pages du volume, avec deux textes, l’un du Pape émérite et l’autre du cardinal, ainsi qu’une introduction et une conclusion signées par les deux (…)

    Il faut aussi rappeler qu’à ce sujet le Pape François s’est exprimé à plusieurs reprises; lui qui était encore cardinal, dans la conversation du livre avec le Rabbin Abraham Skorka, avait expliqué qu’il était en faveur du maintien du célibat «avec tous les avantages et les inconvénients que cela comporte, car ce sont dix siècles d’expériences positives plus que d’erreurs. La tradition a un poids et une validité».

    En janvier dernier, dans un dialogue avec des journalistes sur le vol de retour du Panama, le Pape a rappelé que dans l’Église catholique orientale, l’option du célibat ou du mariage était possible avant le diaconat, mais il a ajouté, au sujet de l’Église latine: «Cette phrase de Saint Paul VI me vient à l’esprit: “Je préfère donner ma vie avant de changer la loi du célibat“. Cela m’est venu à l’esprit et je veux le dire, parce que c’est une phrase courageuse, à un moment plus difficile que celui-ci, 1968/1970… Personnellement, je pense que le célibat est un don pour l’Eglise… Je ne suis pas d’accord pour permettre le célibat optionnel, non».

    Cette affaire, très politique, ne trompera personne sur le fond. Vous pouvez donc commander dès aujourd’hui la première version française du livre qui vous sera livré, non modifiée. Et ce sera un “collector“…

  • Cafouillages autour du livre de Benoît XVI et du cardinal Sarah

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    De Hugues Lefèvre sur le site de Famille Chrétienne :

    Comprendre la polémique sur le livre du cardinal Sarah et de Benoit XVI

    14/01/2020

    Des profondeurs de nos cœurs

    Le livre Des profondeurs de nos cœurs, dont la publication est prévue le 15 janvier 2020 ©H.LEFEVRE

    La sortie du livre Des profondeurs de nos cœurs (Fayard, 15 janvier) signé du cardinal Sarah et de Benoit XVI suscite une vive polémique. Par cet ouvrage, le pape émérite sort de son silence pour défendre vigoureusement le célibat des prêtres alors que cette question agite particulièrement l’Église depuis le Synode sur l’Amazonie, en octobre dernier. Mais le secrétaire particulier du pape émérite vient de demander que soit retiré « le nom de Benoît XVI comme co-auteur du livre, et de retirer aussi sa signature de l'introduction et des conclusions ». Retour sur une polémique à rebondissements.

    A l’approche de la publication de l’exhortation post-synodale sur l'Amazonie, la sortie d’un livre co-signé par le pape Benoit XVI sur le sujet du sacerdoce et du célibat fait l’effet d’une bombe. Lors du synode, en octobre dernier, il avait été envisagé la possibilité d’ordonner des hommes mariés afin de répondre aux besoins spécifiques de la région. Le pape François s’est toujours montré très prudent sur cette question. Mais après trois semaines de travaux, les Pères du synode avaient notamment voté en faveur de l’ordination d’hommes mariés dans cette zone géographique.

    Le livre de 180 pages qui doit paraître le 15 janvier se compose d’une introduction et d’une conclusion signées par le pape émérite et le cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Le pape Benoit XVI signe par ailleurs un chapitre intitulé « Le sacerdoce catholique ».

    Dans cet ouvrage, ils implorent le pape François de ne pas autoriser l’ordination d’hommes mariés dans l’Église latine, même de manière exceptionnelle. A tel point que ce plaidoyer pour le célibat est perçu par certains comme une attaque voilée contre le pape François. Le 12 janvier, dès l’annonce par le Figaro de la parution du livre, certains commentateurs, dubitatifs, se sont demandés si le pape émérite était bel et bien d’accord de la publication d’une telle réflexion sous cette forme.

    La genèse du livre selon le cardinal Sarah

    Sur son compte twitter, le cardinal Sarah a démenti ces accusations. Dès le lundi 13 janvier, il a expliqué que le livre ne s’opposait « rigoureusement pas au pape ». Et d’ajouter : « nous avons travaillé dans un esprit filial. Il est malsain de vouloir sans cesse opposer les hommes d’Église. » Le lendemain, alors que la polémique continue, il fait parvenir un communiqué pour expliquer la genèse de ce livre. On y apprend que ce projet remonte au 5 septembre 2019, après une visite au monastère Mater Ecclesiae où habite Benoît XVI. « J’ai écrit au Pape émérite pour lui demander s’il était possible qu’il compose un texte sur le sacerdoce catholique, avec une attention particulière concernant le célibat ». Le cardinal guinéen précise qu’il a fait alors part au pape émérite que ces réflexions « pourraient ne pas être opportunes à cause des polémiques qu’elles provoqueraient peut-être dans les journaux ». Selon le cardinal, Benoît XVI lui aurait répondu qu’il avait déjà commencé un travail sur le sujet qu’il pourrait reprendre et transmettre.  « J’ai donc immédiatement proposé au Pape émérite la parution d’un livre qui serait un immense bien pour l’Église, intégrant son propre texte et le mien ». Et de préciser dans le communiqué : « j’ai finalement envoyé, le 19 novembre, un manuscrit complet au Pape émérite comportant, comme nous l’avions décidé d’un comme accord, la couverture, une introduction et une conclusion communes, le texte de Benoit XVI et mon propre texte ». Le pape émérite aurait alors exprimé « sa grande satisfaction concernant les textes rédigés en commun ».

    Deux versions contradictoires

    Seulement, deux heures après la parution de ce communiqué, le cardinal Sarah publie un nouveau message sur son compte Twitter : « Considérant les polémiques qu’a provoqué la parution de l’ouvrage Des profondeurs de nos cœurs, il est décidé que l’auteur du livre sera pour les publications à venir : cardinal Sarah, avec la contribution de Benoît XVI. En revanche, le texte complet demeure absolument inchangé. »

    Nouveau rebondissement quelques minutes plus tard avec la réaction du secrétaire particulier du pape émérite, Mgr Georg Gänswein, via le site Vatican News. Selon lui, si le pape savait que le cardinal était en train de préparer un livre, et que Benoit XVI « lui avait envoyé un bref texte sur le sacerdoce en l’autorisant à en faire l’usage qu’il voulait […], il n’avait approuvé aucun projet pour un livre à double signature, ni n’avait vu et autorisé la couverture. » Mgr Gänswein, explique par ailleurs avoir demandé au cardinal Robert Sarah de « contacter les éditeurs du livre en les priant de retirer le nom de Benoît XVI comme co-auteur du livre, et de retirer aussi sa signature de l'introduction et des conclusions.» Le secrétaire particulier précise qu’il « s'agit d'un malentendu, sans mettre en doute la bonne foi du cardinal Sarah ».

    En fonction des éléments dont nous disposons à l’heure actuelle, il reste difficile de retracer la genèse exacte de ce livre puisqu’il existe aujourd’hui deux versions incompatibles. Une chose est certaine, ces oppositions apparentes entre le pape émérite, le cardinal Sarah et le pape François créent un climat peu propice à la réflexion de fond sur le sacerdoce.

    Hugues Lefèvre

    Lire également : http://yvesdaoudal.hautetfort.com/archive/2020/01/14/turbulences-6205219.html

  • Pourquoi il faut baptiser les petits enfants

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    Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à St Germain l’Auxerrois (Paris 4e) (source)

    Dimanche 12 janvier 2020

    – Baptême du Seigneur –

    Pour la plupart, vous qui êtes ici, je suppose que vous êtes baptisés. Pourquoi sommes-nous baptisés ? A quoi sert le baptême ?

    Dans les années 1980, beaucoup de parents chrétiens qui eux-mêmes avaient reçu le baptême dans l’enfance ont jugé qu’il était préférable de différer le baptême de leurs propres enfants. Le prétexte était de ne rien leur imposer pour qu’ils puissent choisir eux-mêmes plus tard. Aujourd’hui, parmi les nombreux catéchumènes adultes qui seront baptisés dans la nuit de Pâques, beaucoup disent relever de ce choix parental. Certains ont éprouvé au fond d’eux-mêmes un manque alors qu’ils sentaient ce désir de connaître Dieu. Au fond, c’est comme si le baptême n’était qu’une appartenance à un parti politique quelconque qu’il faudrait choisir en fonction de son opinion ou de son évolution personnelle provoquée par les rencontres que permet la vie. Ou bien, la religion ne serait qu’un produit ordinaire que l’on peut choisir en fonction de ses goûts comme on le fait pour les produits de consommation courante dans les grandes surfaces.

    Cela veut dire que le baptême n’est pas du tout compris. Pourquoi le Christ lui-même s’est fait baptiser alors qu’il n’en avait pas besoin comme Jean-Baptiste le signale dans cet évangile ? Le baptême nous fait devenir enfants de Dieu alors que nous ne sommes que des créatures. Nous accédons à un statut extraordinaire et inatteignable par nos propres forces ou notre propre volonté. Jésus n’a pas besoin de baptême puisqu’il est vraiment Fils de Dieu et engendré par le Père de toute éternité. Mais, c’est dans notre humanité qu’il a voulu recevoir cette filiation qu’accompagne le don de l’Esprit Saint pour que nous-mêmes puissions devenir enfants de Dieu par adoption. Cela va très loin puisque Jésus va jusqu’à accepter notre condition mortelle. Sa plongée dans les eaux qui l’engloutissent en est le symbole.

    Il est dit dans l’évangile que les cieux s’ouvrirent. Cela répond à une grande prière du prophète Isaïe : « Ah, si tu déchirais les cieux et si tu descendais » (Is 64,1). Cela se réalise aujourd’hui au baptême de Jésus. En hébreu, les cieux se traduisent exactement par « les eaux d’en haut », c’est-à-dire la sphère divine. Nous arrivons péniblement à marcher sur la Lune, peut-être sur Mars, mais même si nous arrivions à circuler dans l’ensemble du cosmos, nous ne serions que dans le monde créé. Le monde divin, incréé, nous est définitivement inaccessible quelles que soient nos inventions techniques. Il fallait donc que Dieu vînt jusqu’à nous. C’est parce que Jésus assume jusqu’au bout notre humanité que nous pouvons recevoir par lui la divinité qui nous fait entrer dans le ciel pour partager l’éternité de Dieu. C’est ce fameux « accomplissement ».

    Les parents, qui ont raison de penser à leurs enfants et à leur avenir, les obligent à aller à l’école pour préserver cet avenir. Ils ne leur demandent pas leur avis parce qu’ils veulent le meilleur pour eux. Nous pensons tous à notre avenir et ce qui se passe aujourd’hui à propos des retraites en est bien l’expression. Mais notre avenir ne s’arrête pas à nos retraites, Dieu soit loué !

    Alors je crois que les parents devraient être véritablement plus soucieux de l’avenir éternel de leurs enfants. Si nous croyons vraiment que Jésus nous ouvre les portes du Ciel, qu’il est le Fils de Dieu et qu’il nous aime au point de donner sa vie, il est grave et inconséquent de ne pas faire du baptême une priorité pour nos enfants. Peut-être n’est-ce simplement qu’un manque de foi et le reflet de notre société sécularisée ?

    Pourtant, peut-on se permettre de laisser les enfants sans cette perspective magnifique d’un avenir éternel dans l’amour auprès de Dieu. Oui, le baptême nous divinise car, nous dit saint Paul, par lui « nous sommes morts avec le Christ pour ressusciter avec le Christ » (Rm 6,8). Quelle grâce et quelle merveille !

    +Michel Aupetit, archevêque de Paris.