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International - Page 256

  • Genre : quand le pape pourfend "la colonisation idéologique"

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    De Sandro Magister sur son blog chiesa.espresso :

    François le rebelle. Contre la "colonisation idéologique"

    Il s’agit, affirme le pape, de ceux qui enseignent que "chacun peut choisir son sexe". Dans le même temps, les évêques australiens démontrent que l'idéologie du "genre" est en progression partout dans le monde, au détriment des mariages homme-femme

    ROME, le 8 août 2016 – Mettant fin à la consigne de silence qui avait été donnée initialement, le Saint-Siège a rendu publique, il y a quelques jours, la transcription de l’entretien à huis clos que le pape François a eu à Cracovie avec les évêques de Pologne le 27 juillet, premier jour de sa visite dans ce pays  :

    > Rencontre avec les évêques polonais

    L’une des raisons de cette inhabituelle publication "a posteriori" a probablement été la volonté de couper court aux rumeurs concernant le contenu de cet entretien, en particulier à propos de l’accès des divorcés remariés à la communion, en raison de l’opposition massive des évêques polonais à quelque concession que ce soit dans ce domaine.

    En effet, lorsqu’on lit la transcription de ce long entretien, on n’y trouve aucune référence à l’exhortation apostolique "Amoris lætitia" ni aux controverses qu’elle a suscitées.

    En revanche on y découvre, vers la fin, une vibrante harangue du pape contre l'idéologie du "genre", qu’il qualifie de "véritable colonisation idéologique" à l’échelle mondiale.

    Voici, rapporté textuellement, ce qu’il a déclaré :

    "En Europe, en Amérique, en Amérique Latine, en Afrique, dans certains pays d’Asie, il y a de véritables colonisations idéologiques. Et l’une d’entre elles – je le dis clairement avec nom et prénom – c’est le 'genre'  ! Aujourd’hui, à l’école, aux enfants – aux enfants –   on enseigne ceci  : que chacun peut choisir son sexe. Et pourquoi enseigne-t-on cela  ? Parce que les livres sont ceux des personnes et des institutions qui te donnent l’argent. Ce sont les colonisations idéologiques, soutenues aussi par des pays très influents. Et ça, c’est terrible  ! Quand j’ai parlé avec le pape Benoît – qui va bien et qui a une pensée claire – il me disait  : 'Sainteté, c’est le temps du péché contre Dieu Créateur  !'. C’est intelligent  ! Dieu a créé l’homme et la femme  ; Dieu a créé le monde ainsi, ainsi, ainsi… et nous sommes en train de faire le contraire. Dieu nous a donné un état 'inculte', pour que nous le fassions devenir culture  ; mais ensuite, par cette culture, nous faisons des choses qui nous ramènent à l’état 'inculte'  ! Ce qu’a dit le pape Benoît, nous devons y penser  : 'C’est le temps du péché contre Dieu Créateur  !'".

    Le réseau des grands médias a pratiquement passé sous silence ces phrases de François qui, de plus, sont enrichies d’une citation lourde de sens du pape émérite. Il ne faut pas s’en étonner  : c’est ce qui se produit à chaque fois que François tient des propos qui ne sont pas en harmonie avec l’image dominante que les médias donnent de lui, celle d’un pape ouvert à la modernité.

    Mais ces choses-là, il les a bel et bien dites, comme il l’avait déjà fait en d’autres occasions dans le passé. Et on peut présumer qu’elles n’ont pas été bien accueillies par les gens qui, dans l’Église, militent pour une modernisation drastique de la doctrine catholique en ce qui concerne le "genre", l’homosexualité, le "mariage" de personnes du même sexe.

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  • Ce que l'Eglise fait de son argent

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    De Daniel R. Esparza sur aleteia.org :

    En chiffres. Ce que l’Église catholique fait de ses « richesses »

    Certes, l’Église brasse des sommes absolument faramineuses. Mais elle les utilise pour soutenir plus d’œuvres sociales dans le monde entier que toute autre institution.

    « L’Église catholique est riche et n’a pas besoin d’argent ». Une opinion que l’on retrouve sur Internet, mais fréquemment aussi dans des conversations mondaines, voire dans les milieux professionnels, avec ce sujet qui revient inévitablement sur le tapis : les « richesses de l’Église ». Les commentaires sur la question relèvent souvent de la simple ignorance. Qu’en est-il vraiment ? Prenons, par exemple, le cas de la Banque du Vatican, « la plus puissante de la planète », a-t-on entendu dire plus d’une fois. C’est pourtant faux : il s’agit de l’ICBC, la Banque industrielle et commerciale de Chine, suivie par la Wells Fargo, des États-Unis.

    En vérité, d’après la liste publiée par la plateforme Economipedia, l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), surnommé  la Banque du Vatican, ne figurerait même pas parmi les soixante premières banques du monde, selon sa capitalisation boursière. Elle est en effet chargée d’administrer et de conserver les biens et fonds donnés à l’Institut exclusivement à des fins caritatives. La revue Fortune a publié, en 2014,un article pour expliquer que, si l’Église catholique avait été une entreprise, elle ne compterait même pas parmi les cinq cent plus grandes du monde. 

    Une liste publiée par l’agence Fides à la fin de 2007 donne une petite idée de ce que fait l’Église catholique de ses « richesses » à travers le monde.

    Afrique

    Sur ce continent, l’Église catholique gère :

    12 496 écoles maternelles

    33 263 écoles primaires

    9 838 écoles secondaires

    1 074 hôpitaux

    5 373 dispensaires

    186 léproseries

    753 maisons de retraite pour personnes âgées, malades chroniques, handicapés

    979 orphelinats

    1 997 jardins d’enfants

    1 590  dispensaires de consultations matrimoniales

    2 947 centres d’éducation ou de rééducation

    1 279 instituts divers

    Amérique

    Sur ce continent, l’Église catholique gère :

    15 788 écoles maternelles

    22 562 écoles primaires

    11 053 écoles secondaires

    1 669 hôpitaux

    5 663 dispensaires

    38 léproseries

    3 839 maisons de retraite pour personnes âgées, malades chroniques, handicapés

    2 463 orphelinats

    3 715 jardins d’enfants

    4 827 dispensaires de consultations matrimoniales

    13 652 centres d’éducation ou de rééducation

    4 239 instituts divers

    Asie

    Sur ce continent, l’Église catholique gère :

    13 683 écoles maternelles

    15 698 écoles primaires

    9 298 écoles secondaires

    1 102 hôpitaux

    3 532 dispensaires

    293 léproseries

    2 095 maisons de retraite pour personnes âgées, malades chroniques, handicapés

    3 367 orphelinats

    3 211 jardins d’enfants

    969 dispensaires de consultations matrimoniales

    5 379 centres d’éducation ou de rééducation.

    1 870 instituts divers

    Europe

    Sur ce continent, l’Église catholique gère :

    23 602 écoles maternelles

    17 222 écoles primaires

    10 338 écoles secondaires

    1 363 hôpitaux

    2 947 dispensaires

    3 léproseries

    8 271 maisons de retraite pour personnes âgées, malades chroniques, handicapés

    2 480 orphelinats

    2 524 jardins d’enfants

    5 919 dispensaires de consultations matrimoniales

    10 576 centres d’éducation ou de rééducation.

    2 761 instituts divers

    Océanie

    Sur ce continent, l’Église catholique gère :

    1 695 écoles maternelles

    2 949 écoles primaires

    683 écoles secondaires

    170 hôpitaux

    573 dispensaires

    1 léproserie

    490 maisons de retraite pour personnes âgées, malades chroniques, handicapés, handicapés

    87 orphelinats

    108 jardins d’enfants

    294 dispensaires de consultations matrimoniales

    592 centres d’éducation ou de rééducation.

    207 instituts divers

  • L’Eglise de Pologne résistera-t-elle aux sirènes de la post-modernité ?

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    JPSC

  • Occident, christianisme, islamisme : la première arme est celle de la vérité

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    « L 'islamisme menace la civilisation occidentale et la chrétienté, déclare Philippe Capelle Dumont. Pour le prêtre et philosophe, il faut fourbir les armes élémentaires de protection, mais aussi celles de la vérité et de la bonté. Philosophe et théologien, le père Philippe Capelle Dumont est professeur et doyen honoraire de la Faculté de Philosophie de l'Institut Catholique de Paris. Il est également président de l'Académie catholique de France ». Après les étranges propos du pape François, voici le  billet du P. Capelle-Dumont lu sur le site FigaroVox :

    « Sous une forme brutale et sans préavis, l'islamisme vient de révéler sa vraie nature. Le prêtre égorgé à Rouen par deux agents de Daech, alors qu'il posait, en vertu de la Tradition inspirée qu'il représentait, les gestes les plus élevés de l'échange humano-divin, symbolisera longtemps pour l'Eglise mais aussi pour un peuple et une civilisation, ce qui jusque-là était soigneusement évité voire lâchement dissimulé: le lien entre l'entreprise islamiste, le catholicisme et la survie de l'Occident. Et c'est leur mérite, comme à ceux qui leur ressemblent, de l'avoir compris devant les faux-penseurs hexagonaux. Plus de place dorénavant pour l'alibi psychiatrique du forcené isolé, plus d'étais au prétexte social du chômeur désespéré: c'est nous, dans notre existence citoyenne héritière de vingt siècles d'inspiration judéo-chrétienne, qui sommes, comme tels, visés, inquiétés et menacés par une stratégie de destruction totale.

    La ritournelle de l'indignation et le lexique compassionnel tout à coup se sont épuisés. Exténués, ils demandent où sont les armes à hauteur du combat engagé.

    Les armes de protection d'abord. Elles doivent être fourbies comme aux plus graves heures du destin national. Pensons qu'aucun religieux chrétien n'est désormais en sécurité sur la terre de France dont la beauté doit tant à sa vocation. Demain, l'attaque d'un monastère comme à Tibhirine? On le comprend: le politique qui décide doit moins communiquer sur son effort qu'anticiper sur son effet.

    Mais aussi et plus profondément les armes de la vérité! Inscrits dans la série des attentats contre les chrétiens d'Irak du Pakistan et d'Egypte, il nous faut mobiliser toutes les intelligences quant au fil de de continuité théorique qui désagrège ainsi la vie. Oui, l'islam fondamental qui recèle des richesses de spiritualité n'est pas l'islamisme radical qui pulvérise toute réalité antérieure au message coranique.

     Pour autant, la connexion de facto entre islam et islamisme devrait enjoindre les autorités religieuses à sortir du silence peureux et à dénoncer ardemment, munis de tous les porte-voix, les discours, répandus dans maintes moquées, de la récompense des 70 vierges promis aux kamikazes ou de la dégradation du musicien en porc. Le fameux «vivre-ensemble» dont on se réclame si commodément est impensable et impossible sans les armes de la vérité, celles qui osent dénoncer le lien entre les actes et leurs motifs religieux textuels.

    Les armes de la bonté aussitôt. Le pire serait de s'approprier, au motif de la légitime voire sainte colère, les armes de l'adversité criminelle. La guerre de religions n'est point co-naturelle aux chrétiens. Idéologiquement et politiquement instrumentalisés dans des passés peu glorieux, ceux-ci ne sont pas disponibles pour une confrontation de ce genre ; ils se veulent résolument tournés vers les racines qui font la cohésion humaine.

    L'absence de haine n'est ni l'absence de protection ni l'absence de lucidité. Si l'islamisme pose aujourd'hui un problème majeur comme en d'autres temps le nazisme et le stalinisme, les musulmans, nos frères et sœurs en paient un lourd tribut. Les armes de la protection , de la vérité et de la bonté peuvent-elles nous être communes? La question est en attente.

    Ref. Occident, christianisme, islamisme : la première arme est celle de la vérité

    JPSC

  • JMJ à Cracovie : rencontre cordiale entre le pape et les évêques polonais

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    C’est par une longue rencontre avec les évêques polonais qu’a commencé le voyage du pape, mercredi 27 juillet, en Pologne. Selon  J.-M. Dumont dans « Famille chrétienne », la rumeur d'un « sermon » du pape aux évêques polonais, présentés par certains médias comme trop conservateurs et « insuffisamment en phase » avec les positions de François, s'est révélée fausse. 

    « Bienvenue à Cracovie ! », « nous nous réjouissons de ta présence et nous te remercions ! » : c’est par ces mots chaleureux que le cardinal Stanisław Dziwisz, ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II et actuel archevêque de Cracovie, a accueilli hier soir le pape François dans « sa » cathédrale. Un discours prononcé au nom des quelque 130 évêques polonais réunis autour de lui dans le célèbre édifice du Wavel, pour l’une des toutes premières étapes de ce voyage du pape en Pologne : une rencontre à huis clos avec les chefs de l’Église catholique polonaise.

    Cette rencontre s’est déroulée dans « un climat très chaleureux », selon Stanisław Gądecki, archevêque de Poznan et président de la conférence épiscopale polonaise. Ces derniers jours, des rumeurs avaient circulé, laissant entendre que le pape allait « sermonner » les évêques polonais, présentés par certains médias comme trop conservateurs et « insuffisamment en phase » avec les positions du pape François. Apparemment, ces catégorisations médiatiques se sont une nouvelle fois avérées fausses. 

    « Les Polonais aiment le pape, quel qu’il soit » 

    « Les médias progressistes aiment faire croire qu’il y a un fossé entre les évêques polonais et le pape François, estime un bon connaisseur de l’Église polonaise. C’est exactement comme à l’époque communiste : le pape Jean XXIII était présenté comme très bon et les évêques polonais comme pas assez ouverts. Or les Polonais aiment le pape, quel qu’il soit, sont profondément attachés à lui ».

    Si l’on connaît certains thèmes qui ont été évoqués lors de cette rencontre (la sécularisation en Europe, les œuvres de miséricorde, l’intégration des mouvements dans la vie paroissiale, l’accueil des réfugiés), ce n’est que plus tard qu’on saura avec davantage de précision la teneur précise de ce long échange entre le pape et les évêques polonais. Pour l’heure, c’est avant tout la chaleur et l’enthousiasme qui apparaissent à chaque pas de ces premières heures du voyage du pape en Pologne.

    Le discours d’accueil de l’archevêque de Cracovie 

    pape-francois-jmj-2016-eveques-polonais_article.jpg« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Par ces paroles de l’Évangile, je te souhaite la bienvenue à Cracovie, à la cathédrale du Wavel. Dans les murs de ce temple, depuis un millier d’années, est gardée vive la mémoire de la nation polonaise, la mémoire des grands événements de notre histoire, de nos victoires et défaites, de nos souffrances et de nos espérances. Ici bat le cœur de la Pologne ! Ici repose l’évêque de Cracovie et martyr, saint Stanislas, intrépide défenseur des droits de l’homme, qui au XIe siècle a donné sa vie pour défendre le peuple et qui est devenu le patron de l’ordre moral de notre Patrie. Dans cette cathédrale a souvent célébré l’eucharistie l’évêque métropolite de Cracovie, le cardinal Karol Wojtyła. C’est d’ici qu’en octobre 1978 il est parti pour Rome, pour devenir l’évêque de la Ville éternelle. Il est retourné ici plusieurs fois en tant que Jean-Paul II. Aujourd’hui, l’évêque de Rome est venu à nous, pour vivre ces journées, avec les jeunes du monde entier, la fête de la foi, pour nous confirmer tous dans la foi, pour montrer au monde le visage jeune et miséricordieux de l’Église. Comment ne pas remercier le Tout-Puissant pour tout ce que nous sommes en train de vivre, à l’occasion du 1050e anniversaire du baptême de la Pologne et de l’Année sainte de la Miséricorde ? Saint Père, nous te souhaitons la bienvenue avec une grande joie ! Ta présence parmi nous rend plus profonde notre conscience d’appartenir à l’Église universelle, qui dépasse les limites des nations, des cultures et des langues. Nous prêterons une oreille attentive à tes paroles. Nous tiendrons les yeux fixés sur ton amical visage. Saint Père, bienvenue ! Nous nous réjouissons et nous te remercions ! » 

    J.-M. Dumont

    Ref. Les évêques polonais accueillent chaleureusement le pape François

     JPSC

     Les JMJ à Cracovie

  • Dans dix ou quinze ans, y aura-t-il encore des chrétiens au Moyen-Orient ?

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    Lu sur le site de 20minutes.fr :

    «Certains prédisent que dans dix ou quinze ans, il n’y aura plus de chrétiens au Moyen-Orient»

    INTERVIEW Le directeur de l’ONG Portes ouvertes, Michel Varton, pointe l'extrémisme islamique comme première cause des persécutions de chrétiens dans le monde...

    Dans votre rapport annuel, vous indiquez que la première source de persécutions de chrétiens dans le monde en 2015 est l’extrémisme islamique. Est-ce toujours le cas actuellement ?

    Nous ferons le bilan à la fin de l’année, mais cela devrait toujours rester d’actualité. Depuis sept semaines par exemple, nous avons noté douze agressions d’extrémistes islamiques contre des coptes en Egypte. Mais la violence islamique a deux faces. L’une est visible, ce sont les meurtres notamment, les agressions, nous l’appelons le marteau. L’autre est invisible, c’est l’étau, c’est-à-dire une pression quotidienne, très présente, qui pèse sur la population. Les chrétiens sont victimes de nombreuses discriminations. Un travail peut leur être refusé du fait qu’ils ne sont pas musulmans, comme en Egypte. Il leur est plus difficile de trouver un appartement, d’obtenir une promotion, les prix sont plus chers pour eux… Et les musulmans qui souhaitent se convertir sont vus comme des traîtres et risquent la mort.

    L’Afrique est le continent où vous avez recensé le plus de meurtres de chrétiens en 2015. Comment évolue la situation, plus particulièrement au Nigeria (4028 personnes assassinées sur un total de 7100 dans le monde) ?

    Il y a une forme de persécution qui régresse un petit peu, celle de Boko Haram. Le gouvernement réagit plus efficacement, le groupe est repoussé vers le nord. Mais le plus grand problème actuellement ce sont les nomades musulmans de l’ethnie peule, qui visent spécifiquement les chrétiens pour leur voler leurs terres et leur bétail. Ce groupe est encore plus radical et dangereux pour les chrétiens que Boko Haram. Au printemps, je suis allé à Yola, dans l’est du pays. J’ai rencontré des réfugiés chrétiens qui ont tout perdu. Ils ont vu leur village brûlé. Il y a eu des morts. Ils ont fait appel aux autorités locales, qui n’ont rien fait. Les chrétiens deviennent des réfugiés dans leur propre pays.

    En Syrie, les forces gouvernementales reprennent du terrain à Daesh. Qu’en est-il des chrétiens là-bas ?

    Je suis également allé au printemps à Damas et à Maaloula, un village qui a été attaqué par Daesh. Dans les régions libérées, le danger est repoussé. Des chrétiens sont revenus, mais beaucoup d’autres non. De nombreuses maisons sont détruites. Les réfugiés n’osent généralement pas encore rentrer car la situation n’est pas stabilisée.

    Et en Irak ?

    Très peu sont rentrés. Il faudrait attendre que Mossoul soit repris par l’armée pour avoir une certaine sécurité. Ils ont peur que les islamistes reviennent. Des maisons ont aussi été piégées avec des bombes.

    Meurtres, violences, églises ciblées (2406 en 2015 dans le monde)… Comment se manifestent les autres persécutions de Daesh au quotidien ?

    Dans les régions dominées par Daesh, les chrétiens étaient soit chassés de chez eux, soit devaient payer une taxe pour pouvoir rester. Les églises étaient fermées, il n’y avait plus de messes, ils étaient obligés de se cacher. La plupart sont partis quand ils ont pu. En Irak, on compte environ 250.000 chrétiens contre 1,2 million au début des années 1990. Cette persécution n’a pas commencé avec Daesh par ailleurs. Elle date de la deuxième guerre du Golfe.

    Vous parlez d’une « forme de nettoyage ethnique » dans le rapport. Ce sont des mots très forts.

    Les chrétiens sont visés car ils sont chrétiens, donc mécréants pour Daesh. Avant tous ces groupes extrémistes, les chrétiens étaient tolérés, ils avaient le droit de cohabiter, même s’ils étaient des citoyens de seconde zone. Depuis quelques années, en Afrique et au Moyen-Orient, l’objectif est de les chasser de leurs terres, de les expulser, pour instaurer un califat 100 % musulman.

    Vous indiquez également qu’il n’y a jamais eu une telle migration de chrétiens. Cette communauté est-elle vouée à disparaître des parties du globe où elle est persécutée ?

    J’espère que non. Mais depuis des décennies, le Moyen-Orient se vide de sa population chrétienne. Certains prédisent que dans dix ou quinze ans, il n’y aura plus de chrétiens dans cette région. Enormément de réfugiés se trouvent au Kurdistan, au Liban, en Jordanie, en Turquie… Combien vont retourner chez eux ? Notre but à Portes ouvertes est de les aider dans leur pays. Il faut leur donner un avenir, un espoir. Pour qu’ils restent, ils ont besoin d’une maison, d’un travail, d’une école… S’ils partent, ils risquent de ne pas revenir.

  • République Dominicaine : maintien inconditionnel du "droit inviolable à la vie"

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    EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE, LES DÉPUTÉS MAINTIENNENT « LE DROIT INVIOLABLE À LA VIE »

    Le 19 juillet, la Chambre des députés de la République dominicaine a décidé d’éliminer un paragraphe du nouveau Code pénal qui aurait décriminalisé l’avortement en cas de risque pour la vie de la mère, de malformation, d’inceste ou de viol. Le rejet de ce paragraphe a été voté par une majorité écrasante, à 132 voix contre 6.

    L’avortement demeure un crime dans ce pays, passible d’une peine de 2 à 3 ans de prison pour la mère, et 4 à 10 ans pour un professionnel de santé.

    La Chambre a ainsi suivi une décision de la Cour constitutionnelle qui avait déjà invalidé un amendement similaire, introduit dans le Code pénal. En outre, ce vote est conforme à l'article 37 de la Constitution nationale qui stipule que « le droit à la vie est inviolable depuis la conception jusqu'à la mort. La peine de mort ne peut être établie, prononcée ou appliquée, dans tous les cas ».

    Le Sénat devra confirmer ce vote.

    Sources: CFAM, Marianna Orlandi (20/07/2016)

  • Lettre de Mgr Jeanbart, archevêque catholique d'Alep, sur la fin de la guerre en Syrie

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    Mgr Jeanbart vient d'adresser une nouvelle lettre aux chrétiens de Syrie où il écrit, fort de son Espérance : " Oui la paix est proche, il n’y a aucun doute à cela, et avec elle, notre patrie bien-aimée sera le terrain d’une reprise étonnante et admirable. "

    Message aux chrétiens de Syrie (traduit de l’arabe).

    AU COEUR DE LA TEMPETE ET FACE A LA PAIX QUI ARRIVE, RESTEZ ! 

    Au cours des tous derniers jours, une tempête folle a secoué notre existence, une des plus violentes que nous avons dû subir au cours de cette guerre injuste et détestable, dont souffre notre pays depuis plus de cinq ans. Nous avons assisté avec  beaucoup de peine et de regret à‏ la destruction et à la démolition de nombre de maisons appartenant à nos fidèles, et à quelques unes de nos institutions, mais grâce à Dieu, les dégâts se réduisaient en général aux biens matériels. Bref, et malgré tout, l’escalade des bombardements sans discernement et sans précédent, a terrorisé les habitants dans les quartiers résidentiels de la ville, et a occasionné aux maisons et aux commerces de nos fidèles des pertes considérables ; tout cela a semé la peur et le désarroi dans leurs cœurs, et a épouvanté les femmes et les enfants.

    Face à ces événements cruels dont souffrent les citoyens, nous ne trouvons plus de paroles qui puissent justifier ce qui se passe, ni de mots pour consoler les sinistrés, les blessures sont tellement profondes, il ne nous reste plus que les invocations et la prière. Une prière qui les aide à patienter et à accepter leurs malheurs, et qui en même temps, stimule d’autres à se lever et se mettre à travailler pour offrir bénévolement leur aide et leur soutien à ceux qui en ont besoin.  La prière qui fait naître l’espoir dans les esprits et la charité dans les coeurs, est peut-être la seule réponse significative et le baume le meilleur pour calmer les douleurs des victimes innocentes dans ces circonstances de grand désastre et de désolation.

    Notre prière doit être fervente envers le Seigneur, présent parmi nous, mais invisible, afin qu’il intervienne comme Il l’a fait avec ses apôtres pour calmer cette tempête de violence et de guerre, et pour apaiser l’anxiété des sinistrés et des terrorisés, et raffermir les personnes de bonne volonté dans leur action d’aide humanitaire d’urgence dans les différents domaines : alimentaire, médical, social, habitat.  Chacun d’entre nous doit prendre garde et ne point oublier, même pour une seconde, que nous sommes en proie à une guerre féroce et que nous faisons face à une agression criminelle et injuste qui subtilise nos terres et nos propriétés, les droits de notre peuple et toutes nos ressources humaines, commerciales et civiles autant que notre héritage religieux et culturel.

    Notre position face à cette agression serait : soit la reddition et la fuite, soit la résistance  et le courage de l’affrontement.  Faire front et réagir nous donne la chance de continuer à vivre chez nous ; se laisser abattre par le désespoir et s’enfuir serait une perte de tout ce qui constitue notre patrimoine du passé, notre présent plein de ressources et de tout notre avenir sur la terre de notre pays bien-aimé qui nous a vu naître et nous a beaucoup donné dans le passé ; cette terre généreuse ne manquera pas de nous assurer un avenir brillant si nous savons résister et patienter.  Le choix est évidemment clair : nous persévérons et restons, ou nous nous rendons pour nous enfuir, dispersés dans les quatre coins du monde et aller nous réfugier dans des pays qui ne sont pas les nôtres, pour accepter de vivre de l’aide sociale et de la compassion des bienfaiteurs.

    Certains de ceux qui désirent émigrer, prétendent qu’ils le font pour l’avenir de leurs enfants ; nous ne leur reprochons point cet objectif légitime et louable, mais nous leur demandons de nous répondre franchement et clairement : qui vous a dit que l’éducation de vos enfants sera nécessairement meilleure à l’étranger ? Savez-vous que les sociétés occidentales se débattent dans des problèmes de réforme de leur système pédagogique, et que les valeurs sur lesquelles vous avez été éduqués et que vous espérez transmettre à vos enfants, vous ne les retrouverez pas facilement là-bas ? Savez-vous que l’âge de la majorité permet aux adolescents dans ces pays, de se soustraire très tôt à l’autorité parentale ? Les enfants peuvent contredire leurs parents, et dans certains pays, on leur donne le droit de les poursuivre en justice si, un jour, pour leur propre bien, ils essayaient de les contraindre.  Sans parler du relâchement qui fait que beaucoup de jeunes tombent dans l’insouciance, l’oisiveté, et même parfois la drogue et la violence. Honnêtement, à bien y réfléchir, nous pensons qu’une formation sérieuse pour nos nouvelles générations peut trouver une bonne base chez nous, et peut-être même, meilleure que dans certaines sociétés occidentales vers lesquelles se pressent les uns et les autres. Reconnaissons quand-même honnêtement que les jeunes qui ont pu être éduqués dans nos écoles et nos universités, et qui ont ensuite voyagé en Europe en vue d’une spécialisation académique ou à la recherche d’un emploi, ont récolté le succès. L’application et la discipline qui étaient à la base de leur éducation leur ont été d’un grand secours et ont été à l’origine de leur succès et du respect qui les a entouré partout oú ils ont été.

    Nous ne voulons pas nous étendre sur ce sujet, bien que nous ayons beaucoup à dire à ce propos, mais nous demandons à ceux de nos fidèles qui se ruent vers l’émigration de se calmer un peu et de ne pas se précipiter pour prendre une décision aussi importante,  dont les résultats peuvent être regrettables et sans voie de retour.

    Demandons au Seigneur d’épargner à nos chers fidèles cette dure épreuve, qui ne leur  causera que davantage de désarroi, de désillusion et de stress.  Oui, bien sûr que nous savons que les terroristes qui nous menacent, effrayent les femmes et les enfants ; et nous comprenons très bien que certains cherchent à partir pour trouver tranquillité, paix et sécurité, mais nous réalisons en même temps que le danger qui nous menace décroît et diminue de jour en jour, et tend à disparaître maintenant que la guerre semble approcher de sa fin.

    Nous avons résisté héroïquement durant cinq ans et lutté avec tenacité face à la tentation de l’émigration et nous avons su tenir bon aux pires des moments de la guerre.  Nous n’avons pas voulu écouter ceux qui voulaient nous éloigner de notre terre et de notre patrie, si chère à nos coeurs.  Nous avons supporté les méfaits des destructions, de la pauvreté et de la faim sans nous défaire ; pourquoi donc aujourd’hui et alors que la paix est à nos portes, allons-nous  nous rendre ? Oui la paix est proche, il n’y a aucun doute à cela, et avec elle, notre patrie bien-aimée sera le terrain d’une reprise étonnante et admirable :

    - Nous allons bientôt voir un nouveau pays : démocrate, honorable, pluraliste et respectueux envers ses citoyens dans la diversité de leur appartenance et sans discrimination aucune.

    - Nous allons voir ses portes grandes ouvertes pour accueillir ceux qui désirent investir pour travailler avec sérieux et loyauté.

    - Nous allons voir un  développement sans précédent, des projets nombreux et diversifiés, un marché de l’emploi sans précédent.

    - Nous allons voir nos écoles se rénover, nos universités s’illustrer, nos hôpitaux se qualifier.

    - Nous allons voir les gens se précipiter vers la Syrie, des quatre coins du monde, en quête de travail, de gain et de bénéfices.  Ne soyons pas surpris si nous voyons un jour ceux qui ont accueillis nos compatriotes comme réfugiés, venir chez nous pour trouver du travail.

    La Syrie, ce beau pays oú nous avons pu mener une vie douce et paisible dans le passé, nous allons, avec la grâce de Dieu, pouvoir y retrouver bientôt, dignité et prospérité.  Allons donc de l’avant et faisons confiance au Seigneur car Il est le Tout-Puissant.

    17/7/2016 Métropolite Jean-Clément JEANBART

    Archevêque d’Alep

  • Retour sur l’attentat de Nice : l’opinion de Rémi Brague, Prix 2012 de la Fondation Joseph Ratzinger

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    Revendiqué par l’État islamique, l’attentat de Nice nous oblige à désigner notre ennemi pour mieux le combattre. Sans haine. Le point de Samuel Pruvot avec le philosophe Rémi Brague, sur le site « Famille chrétienne » :

    « L’attentat de Nice nous rappelle que la France est en guerre. Pourquoi est-ce si difficile à admettre ?

    Depuis l’issue de la guerre dans laquelle Churchill faisait ainsi entrer son pays, l’Europe a connu soixante-dix ans de paix intérieure et de prospérité. Nous en avons pris l’habitude, nous considérons cela comme une chose qui nous est due, comme une évidence qui va de soi. La guerre, la famine, etc. : tout cela, c’est bon pour les autres. « Les gens heureux n’ont pas d’histoire », dit le proverbe. Mais ce n’est pas en s’imaginant sortis de l’Histoire qu’on va se rendre heureux.

    On nous a dit que nous étions en guerre. Mais personne n’a eu le courage de faire comme Churchill et de nous annoncer qu’il n’avait rien d’autre à nous offrir que du sang, de la sueur et des larmes.

    D’où vient cet effet de sidération qui s’est emparé des Français ?

    La sidération est justement ce que cherchent à produire les attentats, et les médias qui les passent en boucle les y aident, bien malgré eux. N’oublions pas que la violence est avant tout un moyen, et il faut se demander quelle fin elle poursuit. Cette fin est la mise en place, dans le monde entier, d’une législation qui serait une forme ou une autre de la charia et qui régirait la morale individuelle, les comportements dans la famille et l’économie, éventuellement le système politique.

    Nous sommes fascinés par les aspects spectaculaires des attentats, des décapitations que l’État islamique met en scène avec beaucoup de soin et de savoir-faire. Mais tout ceci nous détourne de la vraie question, qui est celle du but recherché. Ce but peut être atteint par d’autres moyens, plus discrets, mais au moins tout aussi efficaces, comme la culpabilisation de l’adversaire, la pression sociale, la propagande par répétition inlassable, toutes les formes de ruse.

    Que vous inspire le fait que nos dirigeants politiques peinent à désigner notre ennemi ?

    La peur de nommer l’ennemi est ancienne. Qui, avant la chute du mur, osait nommer le marxisme-léninisme, l’Union soviétique ? On préférait dire de façon vague « les idéologies ». Et les hommes d’Église n’étaient pas en reste dans cette stratégie d’évitement.

    Ce pluriel est un fumigène commode. Il sert encore aujourd’hui, quand on dit : « les religions ». De même, on préfère utiliser l’acronyme Daech, que ne comprennent que les arabisants, plutôt que « l’État islamique », pour éviter de nommer l’islam.

    Est-il vrai qu’il ne faut pas faire d’« amalgame » entre islam et islamisme ?

    La vraie ligne de séparation ne passe pas entre islam et islamisme. Il n’y a entre les deux qu’une différence de degré, non de nature. Ce qu’il faut vraiment et fermement distinguer, c’est d’une part l’islam, avec toutes ses nuances et ses intensités, et d’autre part les musulmans de chair et d’os. Le sens légitime du refus du fameux « amalgame », c’est de ne pas réduire ces personnes concrètes au système religieux qui domine leurs pays d’origine.

    Pour les chrétiens, le pardon des ennemis n’est-il pas devenu impossible ?

    Beaucoup de gens s’imaginent que le pardon des offenses, et même cette demande fantastiquement paradoxale du Christ qu’est l’amour des ennemis, signifierait le refus de voir que nous avons des ennemis.

    Hors de cette perspective chrétienne du pardon et de l’amour de l’ennemi, l’adversaire peut vite devenir l’équivalent du mal absolu : ce sont successivement les aristocrates (Robespierre), une classe qui s’oppose au progrès (Marx), des « insectes » (Lénine), une « race inférieure » (Hitler), ou, face au « parti de Dieu » (Coran V, 56), « les pires des animaux » (Coran VIII, 22).

    Un proverbe allemand dit : « L’homme le plus pieux ne peut pas vivre en paix si cela ne plaît pas à son méchant voisin. » Le pardon des ennemis n’est jamais contre-productif. Ce qu’il produit à coup sûr, c’est la conversion de notre propre cœur, le refus de se laisser entraîner dans la spirale de la vengeance, dans la montée aux extrêmes de la violence. Celui qui est prêt à pardonner se demandera d’abord si celui qui se dit et se veut son ennemi n’a pas, aussi, quelque raison de l’être. Il s’efforcera de se corriger, sans culpabilité. Et il combattra, car il faut combattre, et il le fera avec courage. Mais sans haine.

    Le pardon des ennemis n’est jamais contre-productif. Ce qu’il produit à coup sûr, c’est la conversion de notre propre cœur, le refus de se laisser entraîner dans la spirale de la vengeance, dans la montée aux extrêmes de la violence.

    La violence extrême des terroristes n’est-elle pas de nature à provoquer chez nous un sursaut citoyen ?

    La violence est pour eux un moyen. Les terroristes ne passent pas nécessairement à l’acte. Dans leur optique, il suffit d’une menace qui fera que l’adversaire se couchera sans combattre.

    Toutefois, utiliser la violence physique est peut-être une maladresse contre-productive, dans la mesure où elle peut en effet provoquer le sursaut de l’adversaire. Il serait plus habile de l’endormir par de belles paroles, ou de montrer sa force sans avoir à l’utiliser.

    Dans votre essai « L’Europe, la voie romaine », vous montrez que notre continent a des racines grecques et juives…

    J’ai essayé de montrer, plus exactement, que l’Europe avait suivi l’exemple des Romains, qui avaient eu le courage de se reconnaître, en matière de civilisation, inférieurs aux Grecs qu’ils venaient pourtant de battre et d’envahir, et de se mettre à leur école. D’où cette « voie romaine », au sens de « méthode », qu’évoque mon titre.

    L’Europe est secondaire par rapport aux deux sources de sa culture, la source grecque avec la philosophie (et la science qu’elle rend possible) et la source israélite, l’Ancien Testament avec ses commandements, et avec cette liaison entre le bien moral et Dieu.

    Les chrétiens sont secondaires par rapport aux juifs, un peu comme les Romains sont secondaires par rapport aux Grecs. Ce rapport à l’autre a permis à l’Europe de ne pas hésiter à aller chercher son bien en dehors d’elle-même : chez les Arabes, chez les Byzantins, chez les Chinois, etc.

    Chaque fois, on ne se demandait pas d’où venaient les inventions, mais si elles étaient utiles ; d’où venaient les idées, mais si elles étaient vraies ; d’où venaient les œuvres, mais si elles étaient belles.

    En quoi est-il nécessaire pour l’Europe de réactiver aujourd’hui son patrimoine génétique intellectuel pour résister durablement à la menace islamiste ?

    On peut effectivement souhaiter que l’Europe, comme vous le dites joliment, « réactive son patrimoine génétique », et travailler à cet effet. J’essaie de le faire dans la mesure de mes capacités.

    Et, de toute façon, il vaut mieux penser en termes de réactivation que de réaction. 

    Samuel Pruvot »

    Ref. Attentat de Nice – Rémi Brague :  « Il faut combattre, sans haine »

    JPSC

    A Lire également : brague-l-erreur-de-l-europe-est-de-penser-l-islam-sur-le-modele-du-christianisme

     

  • La Turquie a-t-elle sa place en Europe ?

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    Le contre-coup d’Etat en cours dans ce pays ramène la question sur le devant de la scène. Retour corrélatif sur le point  de vue de Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, exprimé en 2004, quelques mois avant son accession à la papauté :

    “L'Europe est un continent culturel et non pas géographique. C'est sa culture qui lui donne une identité commune. Les racines qui ont formé et permis la formation de ce continent sont celles du christianisme. [...] Dans ce sens, la Turquie a toujours représenté un autre continent au cours de l'histoire, en contraste permanent avec l'Europe. Il y a eu les guerres avec l'Empire byzantin, pensez aussi à la chute de Constantinople, aux guerres balkaniques et à la menace pour Vienne et l'Autriche... Je pense donc ceci:  identifier les deux continents serait une erreur. Il s'agirait d'une perte de richesse, de la disparition du culturel au profit de l'économie. La Turquie, qui se considère comme un État laïc, mais sur le fondement de l'islam, pourrait tenter de mettre en place un continent culturel avec des pays arabes voisins et devenir ainsi le protagoniste d'une culture possédant sa propre identité, mais en communion avec les grandes valeurs humanistes que nous tous devrions reconnaître. Cette idée ne s'oppose pas à des formes d'associations et de collaboration étroite et amicale avec l'Europe et permettrait l'émergence d'une force unie s'opposant à toute forme de fondamentalisme".  (interviewé par Sophie de Ravinel pour le Figaro Magazine, 13 août 2004).

    Et encore :    

    “Historiquement et culturellement, la Turquie partage très peu avec l’Europe et l’englober dans l'Union européenne serait donc une grande erreur. Il vaudrait mieux que la Turquie serve de pont entre l’Europe et le monde arabe ou forme avec ce dernier son propre continent culturel. L'Europe n’est pas un concept géographique mais culturel, qui s’est formé au cours de l’histoire, parfois conflictuelle, fondé sur la foi chrétienne. C’est un fait que l’Empire ottoman a toujours été en opposition à l’Europe. Bien que Kemal Atatürk ait bâti une Turquie laïque dans les années 20, elle reste le noyau de l’ancien Empire ottoman. Elle est donc très différente de l’Europe, qui est aussi un ensemble d’États laïcs, mais avec des bases chrétiennes, même si l’on tente injustement de le nier. Par conséquent, l’entrée de la Turquie dans l’UE serait antihistorique”. (Joseph Ratzinger dans un discours prononcé le 18 septembre 2004 devant les opérateurs pastoraux du diocèse de Velletri (près de Rome, en Italie), repris par le quotidien suisse catholique de Lugano “Il Giornale del Popolo”).

    JPSC

  • Turquie : vous avez dit "Coup d'Etat" ?

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    L'analyse de Stefano Magni sur la Nuova Bussola Quotidiana (trad. de belgicatho) :

    Coup d’Etat, coup d'Etat monté contre soi, contre-coup d’Etat, la Turquie s’interroge

    Il y a encore beaucoup de zones d’ombre autour  du dernier coup d'Etat en Turquie. Manque l'élément central : qui l'a organisé? C'est une question caractéristique du duel à distance entre le président Recep Tayyip Erdogan et son principal rival (ancien allié), le politologue et prédicateur Fethullah Gulen. Selon Erdogan, c’est lui qui est l'inspirateur du coup d'Etat manqué. Gulen, de son exil volontaire aux États-Unis, a répondu, il s’agit d’une mise en scène d’Erdogan lui-même. Et de nombreux Turcs, avant même d'attendre cette déclaration, le croient.

    L'échange d'accusations sur qui en a été l'organisateur et sur l'inspiration du coup d'Etat, est rendu possible par le profil bas de ses protagonistes actuels. Tous les coups d’Etat ont leur homme fort qui s’impose sur les écrans de télévision promettant l'ordre et la paix sociale, même si c’est au prix de la force. En Turquie, il n'y a rien eu de semblable. Des "militaires" anonymes ont occupé des stations de télévision et des points clés des deux grandes villes pour mettre en place un tout aussi anonyme «conseil de paix». Le mystère de l'absence de visages et d’hommes forts a permis immédiatement aux théoriciens de la conspiration d’entrer en action. L'opposition turque compare le coup d’Etat manqué à l’incendie du Reichstag en 1933, qu’Hitler a attribué aux communistes et qui lui a permis de promulguer des lois et des mesures spéciales qui ont transformé son gouvernement en dictature. Le parallèle entre le coup d'Etat du 16 Juillet et l'incendie du Reichstag a fait le tour du web en Turquie et est devenue un sujet tendance dans les réseaux sociaux. Par ailleurs, depuis la nuit du coup d'Etat manqué, les partisans de M. Erdogan, en Turquie et à l'étranger, ont commencé à accuser les États-Unis d'être derrière le coup d'Etat. Une thèse qui a été relancée hier par le ministre du Travail du gouvernement Yildrim et immédiatement démentie par le secrétaire d'État John Kerry indigné (qui au contraire, lors des moments critiques, avait soutenu Erdogan et délégitimé ses adversaires).

    Les deux théories du complot impliquent des conséquences pratiques. Le principal accusé est Gulen, l'un des protagonistes d’un islam politique turc depuis les années 90, ancien allié d'Erdogan (au moins jusqu'en 2013) et la tête d'un vaste mouvement politique et religieux, avec des écoles et des ramifications également aux États-Unis et en Europe. Les membres de son mouvement, Hizmet, ou tous ceux qui sont considérés comme étant en contact avec  sa mouvance, sont les premières victimes des purges massives qui ont lieu en Turquie: 9.000 militaires et 3.000 juges arrêtés jusqu’à présent ("et ils vont arrêter 6.000 autres», annonce menaçant le ministre de la Justice). Les États-Unis eux-mêmes sont ciblés: la base aérienne d'Incirlik, également utilisée par les États-Unis pour mener la campagne contre Isis, a été fermée pendant plus de vingt-quatre heures, assiégée littéralement et libérée la nuit dernière seulement. Selon les autorités turques, elle aurait été utilisée par des avions "détournés" par les putschistes et sa fermeture a également été considérée comme une forme de pression pour exiger l'extradition de Gulen. Que le gouvernement des États-Unis, par ailleurs, ne sont pas près de concéder.

    Mais que dire de la thèse de la minorité, c’est-à-dire de la thèse de Gulen à propos d’un coup d’Etat fomenté par le pouvoir lui-même? Il ne s’agit pas d’une vraie accusation à proprement parler, mais bien d’une réplique pour répondre aux accusations du gouvernement turc: "La possibilité existe que ce coup d'Etat ait été orchestré par le gouvernement lui-même, et que ce soit un prétexte pour lancer de nouvelles accusations" contre ses adversaires. Dans la même interview, l'un des rares qui a communiqué avec la presse depuis son exil en Pennsylvanie, États-Unis, Gulen se défend en disant qu'il avait actuellement peu de contacts (vivants et libres) en Turquie. Certainement, il n’aurait pas pu orchestrer un soulèvement militaire de cette taille.

    Celui qui pointe du doigt Erdogan et croit que le coup d'Etat manqué est la version turque de l'incendie du Reichstag, utilise principalement l’argument de savoir à qui profite le crime. Mais ce n’est jamais une méthode logique pour trouver un coupable vu que c’est un raisonnement a posteriori. Mais il est utilisé pour bien décrire la situation actuelle. Une fois qu'il a gagné sa dernière bataille contre l'armée, le président a les mains libres pour mener à bien la réforme constitutionnelle très controversée et aussi pour le rendre encore plus autoritaire ; il peut arrêter tous ses adversaires au sein de l'armée et du pouvoir judiciaire et même les supprimer, en réintroduisant la peine de mort pour haute trahison. La Turquie peut effectivement devenir une dictature, après des années de dérive autoritaire. Ce qui émerge, c’est un pouvoir beaucoup plus arbitraire que celui que mettrait en place une junte militaire, notamment parce qu'il est soutenu par les masses musulmanes. Avec une rhétorique très similaire à celle utilisée par tous les régimes totalitaires, Erdogan a également lancé sa mobilisation permanente ; il continue à répéter le moment magique lors duquel il a appelé le peuple à la résistance et les imams ont lancé leur appel à la mobilisation du haut de leurs minarets. Ce sont les masses «démocratiques» qui ont battu les soldats prisonniers et qui les ont tués quand elles ont pu. Ce sont des masses qui se sentent au pouvoir derrière leur homme fort, cette fois bien visible et fermement campé sur le trône. Cette nuit du 16 juillet apparaît maintenant comme sa révolution. Pas seulement comme un coup d'Etat manqué.

  • L'horrible massacre de Dacca : les réflexions d'un missionnaire

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    Le massacre de Dacca a été un évènement horrible marqué par une volonté délibérée d'exécuter des non-musulmans après les avoir torturés longuement sinon rituellement (voir ICI). Un missionnaire livre ses réflexions sur le site de l'agence Fides :

    ASIE/BANGLADESH - Réflexions d’un missionnaire après le massacre de Dacca 

     

    Dacca (Agence Fides) – Sur le lieu où les terroristes ont massacré 22 personnes le 1er juillet dernier, quelqu’un a porté des fleurs dont une couronne anonyme portant l’inscription « Pardonnez-nous » en anglais. « Je crois qu’elle exprime le sentiment dominant ou dans tous les cas un sentiment très fort qui habite les bengalais après le massacre : la stupeur, l’incrédulité, la peur, la préoccupation pour soi et pour le pays mais aussi la sensation que ces jeunes ont également violé le Bangladesh et l’image qu’il a de soi. La perception de la réalité est désormais différente et pleine de gêne : nous sommes capables de cela ». C’est ce qu’affirme le Père Franco Cagnasso, PIME, missionnaire au Bangladesh, en réfléchissant sur la situation après le massacre

    Le missionnaire, qui anime un blog intitulé « Eclats de Bengale » fait mention du jeune Faraaz Ayaaz Hossain, pris au piège par les terroristes en compagnie d’autres personnes et qui aurait pu être libéré parce qu’il avait su réciter des extraits du coran. « Il pouvait s’en aller mais il est resté sur place pour partager le sort de deux amies, retenues parce que habillées à l’occidentale, étant finalement tué avec elles. Lui aussi était bengalais, lui aussi était musulman. Son choix représente presque un baume qui atténue l’angoisse suscitée par les atrocités dont nous sommes témoins » remarque le missionnaire.

    L’analyse du Père Cagnasso prend en considération le phénomène des écoles coraniques, les médersas, incubatrices de la haine et de la violence, mais rappelle également que les terroristes étaient issus de familles riches, qu’ils avaient étudié non pas dans des médersas mais dans de prestigieuses universités privées et internationales. Selon des sources locales, environ 300 étudiants et jeunes diplômés de l’enseignement supérieur auraient disparu au cours de cette dernière année et pourraient faire partie des nouveaux militants radicaux de haut niveau culturel. « Toutes les formes les plus radicales des idéologies totalitaires et violentes, en tout temps et dans tous les pays, ont eu à leur tête des personnes instruites, avec de nombreux mauvais maîtres dans le monde universitaire. Par ailleurs, est également présent le facteur Internet qui, malheureusement, a ouvert la porte aux dangers du télé-fanatisme, le fanatisme diffusé par les ondes » conclut le missionnaire, indiquant les trois éléments clefs pour comprendre le phénomène du terrorisme au Bangladesh : les médersas, les universités et Internet. (PA) (Agence Fides 12/07/2016)