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International - Page 48

  • Arménie : c’est l’avenir du droit international le plus élémentaire, le droit humanitaire qui se joue

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    D'Elisabeth Geffroy sur le site de la Nef :

    26 septembre 2023

    Arménie : l’abandon coupable d’une sœur de l’Occident

    Depuis l’attaque menée par l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabagh le 19 septembre, aucune sanction d’envergure n’a été prise contre l’agresseur, aucun soutien réel n’a été apporté à l’Arménie, la sœur de l’Occident. En quoi cet abandon est-il grave ? Quelle responsabilité abdiquons-nous ? Que dit-il de nous ?

    « Le peuple arménien ne nous était connu que par les coups qui le frappaient », écrivait en 1916 Anatole France. Le siècle qui nous sépare de cette phrase ne l’a hélas pas rendue caduque, et les coups continuent de pleuvoir. La rayure bleue qui traverse son drapeau symbolise la volonté qu’a l’Arménie de vivre sous un ciel paisible. Paisible, leur ciel l’est hélas bien peu depuis le 19 septembre dernier, depuis que des roquettes et des drones azerbaïdjanais sont venus le troubler, depuis que le hurlement des sirènes le déchire en continu… À l’heure où nous écrivons, des dizaines de milliers d’Arméniens du Haut-Karabagh sont sur les routes, fuyant l’invasion qui menace de n’être que la première étape d’une guerre bien plus totale. Depuis quelques mois, l’Azerbaïdjan les avait déjà affamés et affaiblis : aucune nourriture, aucun médicament, aucun gaz ne passaient plus la frontière du Haut-Karabagh. Mais le blocus n’a pas eu raison de la détermination arménienne ; les troupes de Bakou ont alors envahi ce territoire déjà exsangue par les privations.

    Le destin de l’Arménie… et bien plus encore

    L’Arménie joue une part de son destin sur ces plateaux. Dressé sur leurs hauteurs, le monastère d’Amaras, fondé au IVe siècle par le moine qui a aussi créé l’alphabet arménien, témoigne et crie au monde entier que cette terre est arménienne, qu’elle est le berceau civilisationnel de tout un peuple. Elle n’est que plus arménienne depuis l’invasion et son cortège de morts : arménienne par le sang versé. Et pourtant foulée par des semelles azéries. Mais il se joue davantage encore que le sort d’une nation : c’est « l’avenir du droit international le plus élémentaire, le droit humanitaire »[1], qui se décide sur ce petit bout de terre. Un pays n’a pas le droit d’envahir son voisin dès lors qu’il le surpasse militairement. Un soldat conquérant n’a pas le droit de torturer des prisonniers, de mutiler des soldats, d’assassiner des civils. Le droit du plus fort ne prévaut pas. Ces principes simples structurent l’ordre international, sur eux repose la fragile paix du monde. Dès lors, quand un agresseur entreprend de rayer de la carte et de l’histoire son voisin et que la communauté internationale détourne les yeux, c’est cet ordre-là tout entier qu’elle laisse se défaire. Theodore Roosevelt avait tiré la leçon du génocide arménien : « le massacre des Arméniens fut le plus grand crime de la guerre [1914-1918], et ne pas agir contre la Turquie revient à le tolérer. Hésiter à prendre radicalement parti contre l’horreur turque signifie que toute parole garantissant la paix dans le monde à l’avenir n’est que baliverne », écrit-il en 1918.

    Les malheurs de l’Arménie auraient-ils lassé notre pitié ?

    Voulons-nous vraiment, à nouveau, « hésiter à prendre radicalement parti » contre le sombre plan d’Ilham Aliyev qui ressemble en tous points à une épuration ethnique ? Leur sang crie-t-il en vain à nos oreilles ? Les malheurs de l’Arménie auraient-ils lassé notre pitié ? L’Europe creuse le lit de son déshonneur quand elle annonce vouloir acheter plus de gaz à l’Azerbaïdjan. Quand un sursaut nous saisira-t-il enfin, quand allons-nous dénoncer le contrat pétrolier et gazier honteux qui nous lie les pieds et les mains ? Le silence de l’Occident est d’autant plus assourdissant que l’Arménie, premier peuple au monde à avoir adopté le christianisme comme religion d’État, est « unie à nous par les liens de famille », qu’elle « prolonge en Orient le génie latin ». Et Anatole France de continuer par ses mots qui devraient interpeler tous nos dirigeants : « nous comprîmes enfin que c’était notre sœur d’Orient qui mourait, et qui mourait parce qu’elle était notre sœur et pour le crime d’avoir partagé nos sentiments, d’avoir aimé ce que nous aimons, pensé ce que nous pensons, cru ce que nous croyons, goûté comme nous la sagesse, l’équité, la poésie, les arts. (…) Son histoire se résume dans un effort séculaire pour conserver l’héritage intellectuel et moral de la Grèce et de Rome. Puissante, l’Arménie le défendit par ses armes et ses lois ; vaincue, asservie, elle en garda le culte dans son cœur. »

    Mais comment pourrions-nous nous rendre compte que l’Arménie est notre sœur et que c’est un morceau de notre civilisation qu’elle incarne et défend ? Nous ne savons même plus que nous sommes l’Occident, et qu’ailleurs certains « gens sans importance »[2] ont, eux, gardé le sens de qui ils sont et de ce à quoi ils tiennent.

    Heureusement, le peuple arménien n’oublie pas ce que symbolise la rayure rouge de son drapeau : la lutte continue pour la survie, pour le maintien de la foi chrétienne, pour l’indépendance et la liberté de leur patrie. « Un peuple qui ne veut pas mourir ne meurt pas. »[3]

    Elisabeth Geffroy

    [1] François-Xavier Bellamy au Parlement européen le 20 septembre 2023.
    [2] William Saroyan, Mon nom est Aram (1940).
    [3] Anatole France, discours prononcé le 9 avril 1916 à la Sorbonne.

  • Non à l'épuration ethnique au Haut-Karabakh !

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    Editorial de Jeanne-Emmanuelle Hutin sur le site d'Ouest France :

    Haut-Karabakh : « Non à l’épuration ethnique ! »

    « Il est inacceptable d’abandonner les Arméniens du Haut-Karabakh dans ce huis clos. La Russie qui devait garantir la paix selon les accords a laissé faire l’Azerbaïdjan. » Par Jeanne Emmanuelle Hutin, directrice de la recherche éditoriale à Ouest-France.

    27/09/2023

    Dans un odieux silence, un peuple est livré aux mains de ses bourreaux : « S’ils ne partent pas, nous les chasserons comme des chiens, » déclarait le dictateur de l’Azerbaïdjan Ilham Aliev en 2020 au sujet des Arméniens du Haut-Karabakh (1). Après avoir assiégé pendant dix mois ces 120 000 Arméniens dont 30 000 enfants, l’Azerbaïdjan a attaqué ceux qu’il appelle « terroristes » et « séparatistes ».

    Mais les terroristes ne sont-ils pas ceux qui affament et tirent sur les civils ? Et comment appeler « séparatistes » ces Arméniens vivant sur la terre de leurs ancêtres, le « berceau de l’Arménie » , une région autonome même sous le joug de l’Union Soviétique ? « Nous sommes tués parce que nous sommes Arméniens » , constate Hovhannès Guévorkian, le représentant du Haut-Karabakh en France (2).

    En effet, c’est un « nettoyage ethnique à visée génocidaire » , dénonçait Jean-Louis Bourlanges, le Président de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale. « L’armée azerbaïdjanaise contrôle tous les axes stratégiques et rend toute communication impossible. Nous avons vent d’exactions intolérables, avérées » , explique le chercheur Tigrane Yegavian. Exode contraint. Blessés sans soins. Aucune protection contre les viols, torture, arrestations, pillages et destruction du patrimoine culturel chrétien, l’un des plus anciens du monde.

    Protection internationale

    L’urgence est humanitaire et politique (2). L’ambassadrice d’Arménie en France Mme Tolmajian demande une protection internationale immédiate.

    Mais la Communauté internationale qui n’a jamais reconnu l’indépendance du Haut-Karabakh regarde ailleurs. Elle feint de croire le dictateur Aliev quand il dit que les Arméniens deviendront des « citoyens égaux » alors qu’il réprime de manière sanguinaire toute opposition. Elle fait la sourde oreille aux nouvelles menaces de la Turquie et d’Aliev revendiquant le sud de l’Arménie.

    Il est inacceptable d’abandonner les Arméniens du Haut-Karabakh dans ce huis clos. La Russie qui devait garantir la paix selon les accords a laissé faire l’Azerbaïdjan. Aucune condamnation vigoureuse ne s’est fait entendre même pas de la part du Vatican. Aucune sanction n’est brandie contre le dictateur d’Azerbaïdjan et ses suppôts. Les Européens ont versé 15,6 milliards d’€ à l’Azerbaïdjan en 2022 en échange de son gaz et ils annoncent doubler ces importations d’ici 2027 ! Les intérêts l’emportent !

    Les députés européens protestent : « la faiblesse » et l’inaction des États membres « ont été comprises par Aliev comme un feu vert pour aller de l’avant […] Quelle autre catastrophe devons-nous attendre pour agir ? » , alerte l’eurodéputée Nathalie Loiseau. « S’il n’y a pas une action politique très forte, si on ne fait pas tout pour arrêter la destruction du peuple arménien, l’Arménie est en danger de mort », alerte Mme Tolmajian, ambassadrice d’Arménie en France.

    C’est « la responsabilité du monde d’arrêter ce qui se passe sous ses yeux : le génocide arménien de 2023 » , appelle Luis Moreno Ocampo, ex-Premier procureur de la Cour pénale Internationale (3). Il rappelle que la communauté internationale a l’obligation de prévenir les génocides.

    La passivité honteuse encourage les crimes d’aujourd’hui et prépare ceux de demain. C’est inacceptable. Il est grand temps que la France, membre du Conseil de Sécurité passe des paroles aux actes !

    (1) Haut-Karabakh, Le livre noir, éd. Ellipses

    (2) « Haut-Karabakh : Arméniens en danger », « Liberté & prospective », 25-9-23

    (3) Washington Post le 22-9-22.

  • Migrants : le pape serait-il complètement au sud ?

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    De Louis Daufresne sur "La sélection du jour" :

    Migrants : le pape est-il complètement au sud ?

     « L'Église n'est pas une douane » , s'exclama le pape François à Marseille. La phrase, sans figurer dans son discours, résonna dans sa bouche sur les murs du Pharo comme un cri du cœur lancé aux évêques de la Méditerranée mais aussi à Emmanuel Macron et à Gérald Darmanin. L'aphorisme remua-t-il une opinion ballottée entre la mâchoire d'Antoine Dupont et l'OM écrasée au Parc des Princes ? Pas sûr, d'autant que le président de la République s'empressa de clore le sujet migratoire dès le lendemain soir au JT en disant que  « nous faisons notre part » et qu' « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». .

    Cette séquence, et c'est un comble, permit au locataire de l'Élysée de passer pour un chef plus modéré que le monarque catholique. Le revirement de figures de gauche sur l'immigration, sujet bientôt débattu à l'Assemblée, accrut cette impression de sagesse retrouvée : sur le plateau de C ce soir, Jacques Attali fit un plaidoyer pour les frontières extérieures et Bernard Kouchner déclara sur Radio J qu' "on ne peut pas simplement ouvrir les portes". À neuf mois des élections européennes, alors que l'UE discute du pacte sur la migration et l'asile, un sondage réalisé par Confrontations Europe montre que 50 % des Français sont hostiles à l'immigration légale non européenne. On ne parle même pas des clandestins. C'est dire si le pape stupéfie quand il invite à  « élargir les frontières du cœur, en dépassant les barrières ethniques et culturelles ». Mais déranger, n'est-ce pas le lot des prophètes ?

    On ne peut lui reprocher de faire de la politique ou, plus exactement, d'humaniser la politique, comme ses prédécesseurs, et de monter au front de la dignité humaine. Si le pape ne mettait pas son doigt dans les plaies, nul ne l'écouterait et l'audience de l'Église, y compris dans les media, serait celle du dalaï-lama. François ne veut pas agir comme le prêtre et le lévite du bon Samaritain. Surtout ne pas détourner pas le regard.

    Reste que le discours de François contraste avec celui, plus équilibré, de Benoît XVI jugeant que "les immigrés ont le devoir de respecter les lois et l'identité du pays d'accueil ". S'il postule que  « nos frères et sœurs en difficulté (…) ont le droit tant d'émigrer que de ne pas émigrer », le pontife argentin déroule ensuite un programme à sens unique déjà connu :  « Les migrants doivent être accueillis, protégés, promus et intégrés. » Ces quatre mots disent ce qu'il attend d'une  « responsabilité européenne » devant  « assurer un grand nombre d'entrées légales, régulières et durables ». Point notable : il rejette la tradition républicaine de l'assimilation  « qui (…) reste rigide dans ses paradigmes » pour lui préférer l'intégration, c'est-à-dire venir comme on est.

    François corrige les vieux Européens égoïstes, livrés au  « gaspillage », tentés par les  « nationalismes archaïques et belliqueux » et habités par la peur :  « Ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent l'hospitalité, ils cherchent la vie. »  Celle-ci, à ses yeux, s'épanouit dans le brassage : « Dès l'enfance, ''en se mélangeant'' avec les autres, on peut surmonter beaucoup de barrières et de préjugés en développant sa propre identité dans le contexte d'un enrichissement mutuel. »  Douter de ce modèle multikulti, qui montre ses limites comme au Liban, aboutit selon lui au « naufrage de la civilisation ». Ce mot n'est pas la marque déposée d'une Europe fière de son génie et nostalgique de sa puissance ou de ses vieilles pierres. Pour François, « nous ne sommes pas appelés à regretter les temps passés. (…) L'avenir ne sera pas dans la fermeture qui est (…) une inversion de marche sur le chemin de l'histoire. » 

    Chez lui, la migration n'est pas un problème mais la solution à nos problèmes « L'Église n'est pas une douane » sous-tend que toute frontière doit être franchie, alors que l'Église fait sien le principe de séparation, qu'il s'agisse des baptisés et des non baptisés, des clercs et des laïcs, du bien et du mal, du paradis et de l'enfer, etc. Le Vatican est cerné de remparts et de guérites, le chartreux et la carmélite vivent cloîtrés. L'accueil inconditionnel n'existe pas.

    Ce discours recèle trois impensés :

    - l'impensé de l'histoire : comme celle-ci divise, on se focalise sur la famille humaine à l'instant t, sans la vision dynamique faite de projections dans le passé et l'avenir ;

    - l''impensé des origines : celles-ci s'équivalant toutes, elles se fécondent mécaniquement quand elles entrent en contact l'une avec l'autre ;

    - l'impensé du nombre : il ne change pas la nature des problèmes, toute question se résumant à des trajectoires individuelles.

    Ici, le cœur et la raison s'opposent. L'humanitaire pointe les traitements inhumains infligés par la bureaucratie des États européens à des gens pris isolément, quand le politique jauge lucidement le phénomène dans son ensemble et ses répercussions sur la société. Aujourd'hui, ces deux visions ne se parlent ni ne se comprennent.

    Pour aller plus loin :

    Un pape sans concession sur l’immigration

    >>> Lire sur le JDD

  • "Laudate Deum" : la prochaine exhortation apostolique

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    De Vatican News (Johan Pacheco) :

    Laudate Deum, titre de la prochaine exhortation apostolique

    Le titre de la prochaine exhortation apostolique de François sera "Laudate Deum". La Pape en a fait l’annonce en s'adressant aux participants à une réunion de recteurs d'universités latino-américaines, jeudi 21 septembre, avec lesquels il a abordé divers sujets tels que les migrations, le changement climatique et l'exclusion.

    Le Pape François a reçu en audience, jeudi 21 septembre, dans la Salle Clémentine, au Vatican, quelque 200 participants à la rencontre des recteurs des universités publiques et privées d'Amérique latine et des Caraïbes, promue par le Red de Universidades para el Cuidado de la Casa Común (Ruc) et la Commission pontificale pour l’Amérique latine, les 20 et 21 septembre, sur le thème "Organiser l'espérance", avec la participation de plusieurs préfets et secrétaires de dicastères du Saint-Siège.

    Réfléchissant sur les diverses questions soulevées par les éducateurs, y compris le changement climatique, la migration, la culture du déchet, le Saint-Père les a exhortés à être créatifs dans la formation des jeunes en partant des réalités et des défis d'aujourd'hui. Les recteurs ont posé au Pape des questions sur l'environnement et le climat, auxquelles il a répondu en mettant l'accent sur la déplorable «culture du déchet ou culture de l'abandon». Il a expliqué qu'il s'agit d'une «culture de mauvaise utilisation des ressources naturelles, qui n'accompagne pas la nature vers son plein développement et ne la laisse pas vivre. Cette culture de l'abandon, a-t-il affirmé, nous nuit à tous».

    Le bon usage de la nature

    «Il y a une culture du déchet qui est toujours en cours, un manque d'éducation pour utiliser les choses qui restent, pour les refaire, pour les remplacer dans l'ordre de l'usage commun des choses. Et cette culture du déchet a des répercussions sur la nature». Le Souverain pontife a insisté sur l'urgence de revenir à un usage correct de la nature: «Aujourd'hui, l'humanité est fatiguée de ce mauvais usage de la nature et doit retrouver le chemin d'un bon usage. Et comment utiliser la nature? je dirais un mot qui peut sembler étrange: en dialogue; en dialogue avec la nature».

    À cette fin, le Pape a exhorté les universités à créer des réseaux de sensibilisation: «À ce stade, vous utilisez un mot très beau, qui est “organiser l'espérance”. Récupérer et organiser l'espérance», a déclaré François, «j'aime cette phrase que vous m'avez dite et on ne peut que la considérer dans le contexte de l'écologie intégrale, dans cette dimension selon laquelle les jeunes d'aujourd'hui ont droit à un cosmos équilibré et ils ont droit à l'espérance, et nous devons les aider à organiser cette espérance, à prendre des décisions très sérieuses dès maintenant».

    La nature est pour tous

    Le Pape François a également fait allusion à une "culture régénératrice", l'identifiant comme le fruit «d'une crise économique qui n'est pas toujours au service du développement des plus nécessiteux. Je dirais que parfois, ou souvent, elle n'est pas au service du développement de tous et crée davantage de personnes dans le besoin. C'est une culture de l’expropriation, nous avons tous le droit d'utiliser la nature, de dominer la nature pour la faire grandir et l'utiliser au service du bien commun».

    François  a exprimé sa préoccupation concernant «certaines universités scientifiques abstraites» qui «n'utilisent pas la réalité mais la science, une science abstraite, pas réelle, et qui procèdent donc en fonction de théories économiques, de théories sociales, tout est théorie, mais elles n'arrivent jamais» à la réalité des plus nécessiteux. «Les laissés-pour-compte, les exclus, sont des hommes et des femmes, des peuples entiers que nous laissons dans la rue comme des déchets, n'est-ce pas? Nous devons prendre conscience que nous n'utilisons les richesses de la nature que pour de petits groupes, à travers des théories socio-économiques qui n'intègrent pas la nature, ni les laissés-pour-compte».

    "Laudate Deum", titre de la prochaine exhortation apostolique

    François a appelé à des alternatives pour aider à surmonter la crise environnementale et a cité en exemple l'utilisation de panneaux solaires pour fournir de l'électricité dans plusieurs bâtiments du Vatican dont la salle Paul VI. «Nous devons être très créatifs dans ces domaines pour protéger la nature», car l'électricité est évidemment produite à partir de charbon ou d'autres éléments, qui créent toujours des problèmes dans la nature elle-même, et «les jeunes que nous formons doivent devenir des chefs de file convaincus s sur ce point».

    Dans sa réflexion, le Pape a également annoncé le nom de sa prochaine exhortation apostolique: “Laudate Deum”, qui sera publiée le jour de la fête de saint François d'Assise, le 4 octobre: «un regard sur ce qu’il s'est passé et dire ce qu'il faut faire», a-t-il déclaré.

    La dégradation de l'homme et de l'environnement vont de pair

    Le Saint-Père a également dénoncé le processus de dégradation que subit l'humanité: «Il y a un processus de dégradation de l'environnement, nous pouvons le dire en général. Mais cela mène vers le bas, vers le fond du ravin. Dégradation des conditions de vie, dégradation des valeurs qui justifient ces conditions de vie, parce qu'elles vont ensemble». Et d’expliquer que «l'inégalité» est également «évidente dans le manque d'accès aux biens de première nécessité, et de là découlent toutes ces visions qui sociologiquement, en fait, sans les nommer, font des femmes, des peuples indigènes, des Africains, des personnes avec moins de capacités».

    L'une des formes de dégradation et d'inégalité dénoncées par le Pape François est «l'extractivisme», c'est-à-dire l'accaparement des ressources naturelles. «Lorsque ce modèle “extractiviste” progresse et pénètre dans les personnes», a-t-il souligné, «j'extrais la dignité des personnes, et cela se produit. Un modèle “extractiviste” géologique, pour ainsi dire, n’est jamais isolé, il est toujours accompagné du modèle “extractiviste” humain. La dignité de la personne est extraite, la réduisant en escalve»«Faites entrer cela dans la tête des enfants, dans l'éducation aux valeurs, afin qu'ils sachent comment évaluer ces situations et qu'ils puissent dire clairement que cela s'appelle de l'esclavage».

    La politique comme vocation la plus noble

    Face à cette situation, le Pape a appelé les recteurs d'université à promouvoir l'éducation aux valeurs humanistes et au dialogue fraternel, en aidant les étudiants à «entrer en politique» comme une «noble vocation». «N'oublions pas que la vocation la plus noble de la personne humaine est la politique. Formons nos jeunes à être des hommes politiques, au sens le plus large du terme. Pas seulement pour agir dans un parti politique, qui est un petit groupe, mais pour avoir une ouverture politique et être capable de dialoguer avec des groupes politiques avec maturité. La politique n'est pas une maladie. À mon avis, c'est la vocation la plus noble d'une société, parce que c'est elle qui fait avancer les processus de développement».

    Une réponse humaine et chrétienne à la crise migratoire

    Le Successeur de Pierre a également évoqué la crise migratoire actuelle: «Le drame migratoire que connaît l'Europe aujourd'hui est extrêmement grave. Et il ne peut pas être résolu par une société d'entraide. Il y a là une question humaniste et chrétienne; une question humaniste et une décision politique, il y a des décisions qui sont humaines et chrétiennes».

    «Je vous demande, a dit le Pape aux recteurs, par respect pour l'humanité qui souffre, d'affronter ce problème dans vos universités, mais avec sa densité humaine». «En résumé, je vous dis que les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Si nous ne parvenons pas à intégrer le migrant, nous échouons», a-t-il ajouté. «Je veux dire tout cela à propos des migrants parce que le problème des migrants me tient très à cœur», a encore dit François affirmant ensuite que «ce qui se fait aujourd'hui, ici en Europe, en les renvoyant, est criminel. Et je ne veux pas utiliser d'euphémismes, je dis les choses telles qu'elles sont».

    Les trois langages humains: la tête, le cœur et les mains

    Après avoir passé en revue toutes ces situations, le Pape a rappelé que la tâche des universités ne devait pas se limiter à «enseigner des choses», mais à «former les garçons et les filles aux trois langages humains, celui de la tête, celui du cœur et celui des mains. Pour qu'ils apprennent à penser ce qu'ils ressentent et ce qu'ils font, à ressentir ce qu'ils font et ce qu'ils pensent, et à faire ce qu'ils ressentent et ce qu'ils pensent». En conclusion, en remerciant l’assistance, François a résumé son propos en invitant les universités à être «créatives face à la réalité et aux défis, éducatrices et pas seulement distributrices d'informations».

  • Tous les chemins mènent à Rome : deux évêques chinois "officiels" participeront au Synode catholique

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Tous les chemins mènent à Rome : Deux évêques chinois "officiels" participeront au Synode catholique

    25/09/2023

    C'est par un chemin tortueux que les évêques Yang Yongqiang, de Zhouchun, et Yao Shun, de Jining, ont été inclus dans la (deuxième) liste des membres du Synode.

    À partir du 4 octobre, l'Église catholique célébrera ce que beaucoup considèrent comme le plus important Synode des évêques de son histoire, au cours duquel des prélats du monde entier discuteront de la nature synodale de l'Église et des relations entre les Églises locales et le Vatican.

    Alors que deux délégués chinois avaient participé au précédent synode en 2018, aucun évêque de Chine continentale ne figurait sur la liste des participants publiée début juillet. Cependant, quelques jours avant l'ouverture du Synode, une deuxième liste a été publiée. Cette fois, elle inclut les évêques Yang Yongqiang de Zhouchun, Shandong, et Yao Shun de Jining, Mongolie intérieure.

    Tous deux sont des évêques "patriotiques" loyaux. Yao était le directeur spirituel du séminaire national de l'Église catholique patriotique contrôlée par le gouvernement lorsque celle-ci était clairement séparée du Vatican, dans les années 1990, et était alors largement considéré comme le membre clé de la commission liturgique de l'Église patriotique. En 2019, il est devenu le premier évêque ordonné après l'accord conclu entre le Vatican et la Chine en 2018. Au moment de la signature de cet accord, Mgr Yang était vice-président de l'Association catholique patriotique chinoise depuis 2016, après avoir occupé des postes de direction au sein de l'Église patriotique au niveau provincial.

    Par ailleurs, il faut reconnaître que le choix de Yang et Yao, émanant probablement du PCC, qui autorise de tels voyages, est quelque peu conciliant à l'égard du Vatican. Leurs nominations épiscopales avaient été parmi celles approuvées secrètement par Rome sous le pape Benoît XVI, en 2010. Bien qu'il ne s'agisse en aucun cas d'un dissident, M. Yao s'est vu refuser l'autorisation de visiter la Mongolie indépendante depuis la Mongolie intérieure chinoise lors du récent voyage du pape en République mongole.

    Pourquoi les évêques de Chine continentale ont-ils été inclus dans la deuxième liste des participants au synode en septembre, mais pas dans la première en juillet ? La réponse est que le PCC, en violation de l'accord conclu entre le Vatican et la Chine en 2018, avait installé Mgr Shen Bin, jusqu'alors évêque de Haimen, comme nouvel évêque de Shanghai sans l'approbation de Rome. Le Vatican avait protesté, ce qui a probablement conduit le PCC à refuser l'autorisation à tout évêque chinois de se rendre à Rome pour le synode. Ce n'est qu'après que le pape François a accepté la nomination de Shen Bin à Shanghai que le PCC a changé d'avis et a autorisé la participation de deux évêques au synode, en choisissant deux évêques qui ne devraient pas faire sourciller Rome - ou moins que d'autres.

    Comme d'habitude, c'est le jeu de la carotte et du bâton. Ceux qui apprécient la carotte devraient considérer que le bâton n'est jamais loin.

  • Le patriarche des Chaldéens dénonce le silence de Rome face à la situation de l'Eglise en Irak

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    D'Asia News via Riposte catholique :

    Irak : le patriarche Sako dénonce le silence du Pape et du Vatican

  • Syrie et Liban : des chrétiens désespérés

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    D'Amy Balog sur zenit.org :

    L’avenir des chrétiens désespérés du Liban et de Syrie

    L’exode massif menace l’avenir du christianisme

     

    Les chrétiens DÉSESPÉRÉS de Syrie et du Liban « n’ont plus confiance en leur pays » et « il n’y a pas de lumière au bout du tunnel », selon un patriarche catholique.

    Les chrétiens du Moyen-Orient choisissent de quitter leur pays malgré les encouragements de l’Église à rester, a déclaré le patriarche grec-melkite catholique Youssef Absi à l’association caritative catholique Aide à l’Église en Détresse (AED).

    Entre 2016 et 2021, la population chrétienne de Syrie a diminué de 6,31% à 3,84%, selon le rapport 2023 de l’AED sur la liberté religieuse dans le monde.

    Le patriarche Absi a déclaré qu’il est de plus en plus difficile de donner de l’espoir aux chrétiens en Syrie et au Liban, où vivent la plupart de ses fidèles, et où les jeunes sont particulièrement susceptibles de partir.

    Il explique : « Il y a toujours eu des vagues d’émigration. Aujourd’hui, c’est un mélange de raisons économiques, sociales et politiques. Les six dernières années depuis que le Patriarche est au pouvoir ont été une période difficile avec la guerre civile en Syrie, la pandémie et les difficultés économiques extrêmes en Syrie et au Liban. Tout cela nous a empêchés de réaliser nos projets plus rapidement ».

    Le patriarche a ajouté que les fidèles « sont désespérés » et « n’ont plus confiance en leur pays. C’est pourquoi ils partent ».

    « Nous avons fait beaucoup au début pour les retenir dans le pays, mais la situation ne s’est pas améliorée. Nous faisons toujours tout notre possible pour aider nos fidèles, pour leur fournir les services essentiels. Mais nous ne pouvons pas remplacer les gouvernements. Il n’y a pas de lumière au bout du tunnel, nous ne voyons pas de solution à court terme. Sans soutien, nous ne pouvons plus les convaincre de rester. »

    Le patriarche a déclaré que la situation en Syrie pourrait être améliorée si l’Occident levait les sanctions qui ont un impact négatif sur la population civile.

    Il a fait écho à l’appel lancé par d’autres dirigeants chrétiens du Moyen-Orient en juillet, expliquant : « Je pense que nos amis peuvent faire pression d’une manière ou d’une autre sur leurs gouvernements, et parfois même sur les chefs religieux, pour aider dans cette direction ou pour garantir que les sanctions soient levées ». Il a ajouté : « Nous avons remarqué que l’ACN a doublé, et parfois triplé, son aide au cours de la dernière décennie. Les résultats sont clairement visibles et nous vous remercions du fond du cœur. On voit que vous voulez vraiment être présent en Syrie et au Liban, d’une manière particulière. Ce n’est pas seulement une aide financière ou économique, c’est l’esprit avec lequel ils [l’AED] travaillent, la générosité, l’amour, le sourire. »

    Il a conclu : « Nous rendons grâce à Dieu de nous avoir envoyé des frères et sœurs d’une telle envergure, qui sont des chrétiens engagés ».

  • La star brésilienne du football Ronaldo a été baptisé à l'âge de 46 ans

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    De kath.net/news :

    La star brésilienne du football Ronaldo a été baptisée à l'âge de 46 ans.

    24 septembre 2023

    L’ancienne star du football brésilien a écrit sur Instagram que le sacrement du baptême lui faisait se sentir renaître en tant qu’enfant de Dieu.

    L'ancienne star du football brésilien Ronaldo (nom complet Ronaldo Luis Nazario de Lima) a été baptisé à l'âge de 46 ans. Il a partagé quelques photos de son acceptation dans l'Église catholique sur Instagram.

    Il a littéralement écrit : « Aujourd’hui est un jour très spécial. J'ai été baptisé ! La foi chrétienne a toujours été une partie fondamentale de ma vie depuis que je suis enfant, même si je n'étais pas encore baptisé. Grâce à la Sainte-Cène, je me sens vraiment renaître en tant qu’enfant de Dieu – d’une manière nouvelle, plus consciente et plus profonde.

    Il renouvelle son engagement à « parcourir le chemin du bien, de sa propre volonté, dans la foi en l'amour de Jésus, dans l'amour de la solidarité ». Enfin, Ronaldo a remercié deux prêtres et ses deux parrains.

    La vie de Ronaldo n’a pas seulement été façonnée par son talent de footballeur et les succès sportifs et économiques qui y sont associés. Il souffrait de divers problèmes relationnels et souffrait d’hypothyroïdie. Cela a mis fin à sa carrière de footballeur et a donné lieu à plusieurs reprises à des commentaires moqueurs sur sa prise de poids inévitable.

    Ronaldo a remporté la Coupe du monde avec l'équipe nationale brésilienne en 1994 et 2002. En 1997, il remporte la Coupe des vainqueurs de coupe européenne avec le FC Barcelone et en 1998, la Coupe UEFA avec l'Inter Milan. Aujourd'hui, il est propriétaire et président du club de football espagnol Real Valladolid.

  • La vie de toute personne à naître sera protégée au Chili

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Chili : protéger « la vie de toute personne à naitre »

    24 septembre 2023
     

    Au Chili, le Conseil constitutionnel a adopté, mercredi 20 septembre, un article qui « protège la vie de toute personne à naître », ainsi qu’un autre consacrant la liberté de conscience.

    Chargée de rédiger une nouvelle loi fondamentale, l’assemblée plénière du Conseil constitutionnel discutait ce jour-là les articles et les amendements relatifs au chapitre II concernant les « libertés et droits fondamentaux, garanties et devoirs constitutionnels ».

    Le Conseil constitutionnel a approuvé à une large majorité l’article 16.1 du chapitre protégeant la vie de ceux qui ne sont pas encore nés, et interdisant la peine de mort. Parmi les 50 constituants, 33 ont voté pour.  L’amendement qui affirmait que « chaque être humain est une personne » a en revanche été rejeté le vendredi précédent.

    Si la future Constitution est approuvée, elle pourrait remettre en cause l’IVG. Depuis 2017, elle est autorisée en cas de risque vital pour la femme, de malformation du fœtus et de viol (cf. Le Chili dépénalise l’avortement dans certains cas). La fourniture de la pilule du lendemain pourrait elle aussi être remise en cause.

    Alors que la gauche dénonce un « retour en arrière » vers « une constitution moralisatrice et autoritaire », le constituant républicain Luis Silva considère sur X, anciennement Twitter, que « c’est un grand pas en avant pour le droit à la vie ».

    Renforcement de l’objection de conscience

    Au cours de l’après-midi, le Conseil a en outre consacré l’objection de conscience « individuelle et institutionnelle » (cf. Au Chili, l’objection de conscience à l’avortement est étendue aux institutions) en lui donnant un statut constitutionnel. L’article a été approuvé par 31 voix pour et 19 contre.

    L’actuelle Constitution a été adoptée pendant la dictature d’Augusto Pinochet, même si elle a connu des remaniements depuis. En 2021, une Convention constitutionnelle avait élaboré un premier projet qui prévoyait d’instituer un « droit à l’avortement ». Lors du référendum du 4 septembre 2022, il a été rejeté, 62% des Chiliens étant contre (cf. Chili : Vers l’inscription de l’avortement dans la Constitution ?).

    Le projet actuel sera déposé le 7 octobre. La nouvelle Constitution devra ensuite être soumise à référendum le 17 décembre. Le dernier sondage, publié dimanche dernier, pronostique 57 % de « non ».

     

    Sources : Courrier international (22/09/2023) ; la Tercera, Helen Mora et Nicolas Quinones (20/09/2023)

  • Haut-Karabakh : les Arméniens abandonnés de tous ou presque...

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    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    Les Arméniens du Haut-Karabakh abandonnés de tous ou presque...

    L'Artsakh ou Haut-Karabakh, région arménienne et chrétienne depuis deux millénaires, vient d'être reconquise par l'Azerbaïdjan, musulman et turcophone (le « turc azéri » ou « azerbaïdjanais » étant très proche du turc). L'objectif du président azéri Aliev était clair : chasser « comme des chiens » de leur terre ancestrale les 120 000 Arméniens de l'Artsakh. C'est en train de se réaliser. Contraints le 20 septembre par la disproportion militaire à se plier au cessez-le-feu imposé par l'Azerbaïdjan avec la caution des forces d'interposition russes, les Arméniens du Haut-Karabakh ont été désarmés, et leur capitale, Stepanakert, investie par les Azéris. Pour les habitants, c'est désormais « la valise ou le cercueil » ou du moins la servitude. Ensuite, la menace se reportera sur la République arménienne qui, très affaiblie militairement, tente à présent de protéger ses frontières. Aliev , comme la plupart des dictateurs, annonce ce qu'il va faire : il proclame qu'après avoir réglé le problème du Haut-Karabakh, l'Azerbaïdjan entend faire valoir « ses droits » sur l'Arménie...

    C'est la fin de l'indépendance du Haut-Karabakh, acquise de haute lutte. Brutalement rattachée par Staline dès 1921 à la république soviétique d'Azerbaïdjan, cette enclave très majoritairement arménienne avait autoproclamé son indépendance en 1991, après la fin de l'URSS. S'ensuivirent plusieurs conflits entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Celui-ci avait été défait par l'Arménie au terme de la guerre de 1991-1994 (qui a fait plus de 30 000 morts) mais l'Azerbaïdjan a pris sa revanche en 2020 : l'Arménie qui soutenait les séparatistes a subi une cuisante défaite en 44 jours de combats. Les Azéris ont alors récupéré les trois quarts des territoires de cette enclave reliée à l'Arménie par une étroite bande, le corridor de Latchine (cf. LSDJ n° 1086). Décidés à en finir avec le résidu indépendant autour de Stepanakert, la « capitale » et ville principale du Haut-Karabakh, les Azéris sont repassés à l'offensive le 19 septembre, remportant une victoire éclair.

    Comment comprendre la passivité des Européens devant la perspective, sinon d'un nouveau génocide des Arméniens, du moins d'une épuration ethnique de grande ampleur ? D'abord, le droit international joue en leur défaveur : aucun pays n'a reconnu l'indépendance du Haut-Karabakh en 1991, avalisant ainsi la « punition » infligée par Staline aux Arméniens lorsqu'il a rattaché le Haut-Karabakh, leur berceau national et religieux (comparable au Kosovo pour les Serbes), à l'Azerbaïdjan musulman. C'est d'ailleurs au nom de ce droit international que les médias ukrainiens, qu'on pourrait croire a priori favorables aux Arméniens, soulignent la légitimité de l'Azerbaïdjan à reconquérir ce territoire...Ils font la comparaison avec leur droit de récupérer les régions que leur a confisquées la Russie, relève Courrier International. Ensuite, l'UE, privée du gaz russe, a conclu via la Commission européenne présidée par Ursula von der Layen, un accord gazier avec l'Azerbaïdjan. Que pèse l'existence de quelque 120 000 Arméniens face au gaz dont l'Allemagne, en particulier, a un impérieux besoin ? Enfin, les Arméniens sont victimes du « complexe jeu d'alliances » qui se déroule actuellement dans cette région, analyse Patrick Saint-Paul dans Le Figaro. Les alliances qui se sont nouées, sur fond de ressources gazières et pétrolières, bousculent en effet « les clivages religieux, ethniques et géopolitiques », explique-t-il.

    D'un côté, les alliés des Arméniens : traditionnellement, la France, les États-Unis et la Russie. Mais s'agissant de leur apporter un soutien militaire, il n'y a plus que...l'Iran ! Le soutien français, bridé par la diplomatie mercantile de l'Union Européenne, s'arrête aux discours compassionnels d'Emmanuel Macron, tandis que les Américains regardent ailleurs. Quant aux Russes, empêtrés dans leur guerre en Ukraine, ils sont d'autant moins disposés à intervenir contre l'Azerbaïdjan qu'ils estiment avoir été trahis par l'Arménie quand celle-ci s'est tournée vers l'Occident, allant même jusqu'à mener des exercices militaires avec les États-Unis. Poutine n'est pas le genre d'homme à passer l'éponge sur un tel affront ! Mais le plus intrigant, c'est que l'Iran chiite vienne en aide à l'Arménie chrétienne contre l'Azerbaïdjan, pays pourtant lui aussi majoritairement chiite… Pourquoi ? Parce que le torchon brûle entre Téhéran et Bakou (la capitale de l'Azerbaïdjan) depuis qu'Aliev a conclu un partenariat stratégique avec deux ennemis de l'Iran : la Turquie et Israël… « Depuis 2016, l'Azerbaïdjan reçoit 70 % de ses importations d'armes d'Israël, qui achète à Bakou 40 % de son pétrole. L'Azerbaïdjan a ouvert une ambassade à Tel-Aviv, devenant ainsi le premier pays à majorité chiite à envoyer un ambassadeur en Israël » rappelle Le Point (en lien ci-dessous). « L'Orient compliqué » (De Gaulle) commence dès le sud du Caucase !

    Pour aller plus loin :

    Haut-Karabakh : les clés pour comprendre le conflit

    >>> Lire l'article du Point

  • Le pape à Marseille : une visite très politique en pleine crise migratoire

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro (via le blog Il Sismografo) :

    Pape François à Marseille: en pleine crise migratoire, une visite très politique

    Récit - Le souverain pontife a insisté sur le fait qu’il ne venait «pas en France» mais dans la Cité phocéenne, où il arrive ce vendredi. -- François est attendu ce vendredi à Marseille pour ce qui apparaît comme une «vraie-fausse» visite du pape en France. Cet aller-retour en Provence - mais «pas en France», a tellement insisté François - sera le plus atypique des quarante-quatre voyages de son pontificat. Pour aucune autre nation, le pape ne s’est livré à une telle contorsion afin de justifier le fait qu’il passe dans une métropole française sans venir «en France».

    Il a pourtant visité cinquante-neuf pays… Le nôtre, où il se rend pour la seconde fois après sa visite express du Parlement européen à Strasbourg en novembre 2014, n’entre pas dans le compte de ses visites officielles d’État. Son voyage éclair en Alsace fut un aller-retour de moins de huit heures montre en main: Parti au petit matin, François était déjà à Rome en début d’après-midi après avoir déjeuné… dans l’avion.

    La veille de son départ à Marseille, une source interne, de longue expérience et très informée des coulisses du Vatican, affirme que François «déteste la France», notamment en raison de son passé «de nation colonisatrice». La politique papale ne pouvant se fonder sur des humeurs et encore moins sur des rumeurs, Le Figaro avait posé directement la question à François dans l’avion du retour des Journées mondiales de la jeunesse de Lisbonne au Portugal, le 6 août dernier. Pour refuser ainsi de la visiter officiellement, le pape avait-il «quelque chose contre la France?» «Non!», avait aussitôt répondu François dans un grand sourire, avant d’expliquer sa «politique» de voyage: «Je visite les petits pays européens. Les grands pays, je le laisse pour après, à la fin.»

    François, qui aura 87 ans en décembre, n’a jamais caché sa dévotion personnelle pour sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Qui sait s’il pense venir un jour à Lisieux? Le 15 août 2004, huit mois avant sa mort, Jean-Paul II s’était recueilli devant la grotte de Lourdes. Il s’agissait de son 104e et dernier voyage, le septième en France.

    «La Méditerranée est un cimetière mais ce n’est pas le cimetière le plus grand»

    François a justifié son déplacement dans la Cité phocéenne par sa participation à un colloque ecclésial sur la Méditerranée: «Le problème de la Méditerranée est un problème qui me préoccupe. C’est pour cela que je vais en France. Il est criminel d’exploiter des migrants. Pas en Europe parce que nous sommes plus civilisés mais dans les “Lager” (camps) d’Afrique du Nord» où sont retenus des migrants. Il a conclu: «Les évêques de la Méditerranée se réunissent avec des politiques pour réfléchir sérieusement sur ce drame des migrants. La Méditerranée est un cimetière mais ce n’est pas le cimetière le plus grand. Le cimetière le plus grand, c’est le nord de l’Afrique. Je vais à Marseille pour cela.»

    François arrive à Marseille dans un contexte de crise sur l’île de Lampedusa, exposée à une arrivée massive de migrants. Par la voix de son ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, la France a annoncé mardi qu’elle n’accueillerait «aucun migrant de Lampedusa». Cette île italienne, située entre la Tunisie et la Sicile, tient au cœur du pape François. Elle fut la destination de son premier voyage papal en juillet 2013. Il y avait dénoncé la «mondialisation de l’indifférence» face à la mort de migrants en Méditerranée.

    Ce même cri, il devrait le pousser spirituellement, ce vendredi en fin d’après-midi devant le Monument aux héros et victimes de la mer de Marseille, en compagnie de leaders d’autres religions et d’associations d’aide aux migrants.

    Cet appel à la conscience, François devrait l’exprimer sur un mode politique et géopolitique, samedi matin lors des «Rencontres Méditerranéennes» dans le Palais du Pharo. Il s’exprimera devant une soixantaine d’évêques et soixante-dix «jeunes» issus des pays du pourtour méditerranéen. Au petit matin, il aura aussi rencontré des personnes dans la précarité, près de la gare Saint-Charles, une étape ajoutée à la dernière minute.

    De fait, la première version du programme de cette visite dévoilée au printemps devait se limiter à la question migratoire. Initialement, ce voyage se déroulait sur le modèle de celui de Strasbourg: arrivé le samedi matin à Marseille, le souverain pontife prononçait son discours aux «Rencontres Méditerranéennes» avant de repartir en début d’après-midi à Rome.

    Il a fallu toute la force de persuasion du cardinal Jean-Marc Aveline pour que François finisse par accepter de présider une messe au Stade-Vélodrome, samedi après-midi où près de 60.000 fidèles sont attendus. De même, il n’aurait pas rencontré les prêtres, religieux et religieuses de Marseille comme il doit le faire sitôt sa descente d’avion, vendredi à Notre-Dame-de-la-Garde. L’introduction de l’aspect religieux dans la seconde version du programme donne à cette «vraie-fausse» visite papale en France des similitudes avec le schéma habituel des déplacements pontificaux.

    La visite polémique du couple Macron à la messe papale

    Mais c’est un ultime caractère, politique celui-là, qui rapproche cette visite atypique d’une visite officielle, sans en être une pour autant. Cette dernière évolution du programme papale n’est pas venue du cardinal Aveline mais d’Emmanuel Macron.

    S’il n’a pas obtenu tout ce qu’il désirait - il y aurait eu un projet de dîner en l’honneur de François le vendredi soir à Marseille, ce qui ne se fait pourtant jamais pour un pape - le président de la République a réussi à décrocher une petite heure de rencontre, en tête à tête, samedi en fin de matinée, avec photos, caméras et échange protocolaire de cadeaux comme s’il s’agissait d’une visite officielle. Un rendez-vous qui a tout chamboulé, contraignant le pape à arriver la veille à Marseille. Ce qu’il a accepté de bonne grâce même si le Vatican se méfie, par expérience et par principe, de la récupération possible, par les chefs d’État, de la présence d’un pape dans leur pays. François, en homme libre, déteste par-dessus tout être instrumentalisé, au Saint-Siège comme ailleurs. C’est l’une des raisons de son refus de visiter, pour l’heure, son Argentine natale.

    En revanche, la surprise, vue de Rome, a été d’apprendre - sans jugement du Vatican car c’est une pratique courante lors des voyages - que le couple présidentiel assisterait à la messe papale. L’annonce, très tardive, a évidemment créé une polémique laïque en France. Elle a aussi posé une question pour la majorité des catholiques: beaucoup, comme François, sont opposés à une législation qui ouvrirait le droit de décider de sa propre mort. Cette «vraie-fausse» visite officielle du pape en France avive ainsi deux débats politiques cruciaux dans l’Hexagone: l’immigration et l’euthanasie.

  • Haut-Karabakh : la "destruction" des Arméniens de souche est imminente, avertissent les experts

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    De Peter Pinedo sur CNA :

    La "destruction" des Arméniens de souche est imminente, avertissent les experts

    Haut-Karabakh

    21 septembre 2023

    La "destruction" d'une enclave de 120 000 chrétiens arméniens dans la région du Haut-Karabakh est imminente, avertit Siobhan Nash-Marshall, une militante des droits de l'homme basée aux États-Unis.

    "L'impact des récentes attaques et du désarmement qui s'ensuit aboutira presque certainement à la destruction du peuple de l'Artsakh", a déclaré Mme Nash-Marshall à CNA.

    En 2011, Mme Nash-Marshall a fondé la Christians in Need Foundation (CINF) pour aider les chrétiens arméniens de la région et, en 2020, elle a créé une école pour les enfants et les adultes du Haut-Karabakh.

    Mme Nash-Marshall a déclaré qu'à mesure que le gouvernement azéri cherche à affirmer son contrôle sur le Haut-Karabakh, également connu sous le nom d'Artsakh, les Arméniens de souche seront expulsés par la force.

    "Il y a des Artsakhtsi qui ne quitteront pas leur patrie, ces terres que leur peuple habite depuis des millénaires. Ils seront expulsés de force ou pire", a déclaré M. Nash-Marshall.

    Pour les Arméniens qui choisissent de partir, Nash-Marshall a déclaré qu'ils "porteront des cicatrices permanentes semblables à celles des descendants des survivants du génocide".

    Que s'est-il passé ?

    Bien que reconnu internationalement comme faisant partie de l'Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh est composé presque entièrement d'Arméniens chrétiens qui revendiquent leur souveraineté sous les auspices de la République d'Artsakh.

    Mercredi, les Arméniens de souche de la région séparatiste du Haut-Karabakh ont accepté de déposer les armes et de dissoudre leurs forces militaires à la suite d'une offensive brève mais intense de l'Azerbaïdjan le 19 septembre.

    Les attaques, qui comprenaient des tirs de roquettes et de mortiers, ont été perpétrées par l'Azerbaïdjan sous la direction du président Ilham Aliyev.

    En un peu plus d'une journée, plus de 200 chrétiens arméniens ont été tués, dont 10 civils, et de nombreux autres ont été blessés, a rapporté le New York Times.

    Selon le ministère des affaires étrangères de l'Artsakh, les attaques ont également contraint plus de 10 000 personnes, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, à évacuer leur domicile.

    Ruben Vardenyan, ancien ministre d'État de l'Artsakh, a appelé le Conseil de sécurité des Nations unies, qui se réunira jeudi après-midi, à prendre des "mesures concrètes" pour protéger les chrétiens arméniens du Haut-Karabakh.

    "Le Conseil de sécurité des Nations unies doit aller au-delà des simples appels à l'action. Finis les discours creux, nous avons besoin de mesures concrètes", a déclaré M. Vardenyan dans un communiqué publié jeudi X. "Actuellement, 120 000 Arméniens sont confrontés à une situation désastreuse, avec des centaines de morts, de blessés et de disparus. "Actuellement, 120 000 Arméniens sont confrontés à une situation désastreuse, avec des centaines de morts, de blessés et de disparus. Nous demandons de toute urgence l'envoi d'une mission de l'ONU dans l'Artsakh/Nagorno-Karabakh".

    M. Vardenyan a déclaré que sans l'aide de la communauté internationale, "le risque d'un nettoyage ethnique massif augmentera inévitablement".

    Le peuple arménien du Haut-Karabakh, qui n'est plus approvisionné en raison du blocus azéri du corridor de Lachin, a un besoin urgent de nourriture, de médicaments et de médecins.

    "Il est impératif que vous agissiez maintenant ! a déclaré M. Vardenyan. "Nous vous implorons de montrer que les mots ont du poids et que l'agression et le recours à la force ne peuvent conduire à une paix durable. Les dictateurs doivent être tenus pour responsables des souffrances qu'ils infligent à l'humanité, et la haine dirigée contre un groupe ethnique, en l'occurrence les Arméniens, est inacceptable."

    Pourquoi ce conflit ?

    L'Arménie et l'Azerbaïdjan se disputent la région du Haut-Karabakh depuis des décennies.

    Depuis décembre 2022, l'unique route reliant le Haut-Karabakh à l'Arménie, connue sous le nom de corridor de Lachin, a été bloquée d'abord par des manifestants alignés sur l'Azerbaïdjan, puis par l'armée azerbaïdjanaise.

    Ce blocus a entraîné ce que M. Vardenyan a précédemment qualifié de "catastrophe humanitaire", en raison d'une grave pénurie de nourriture et de produits de première nécessité.

    Pour la première fois depuis novembre 2020, les tensions dans le Haut-Karabakh ont débouché sur un véritable conflit militaire mardi, l'Azerbaïdjan lançant des frappes de missiles et des offensives sur l'Artsakh.

    Mme Nash-Marshall estime qu'il est probable que le gouvernement azerbaïdjanais poursuive son blocus du corridor de Lachin.

    "Le blocus, à mon avis, était un moyen pour Aliyev. Il a enfermé les personnes qu'il voulait détruire", a déclaré Mme Nash-Marshall. "Maintenant qu'il a envahi les terres de ceux qu'il veut détruire, va-t-il ouvrir la porte de leur prison ?

    Elle craint également que le succès des Azéris ne les encourage à entamer la construction d'une voie ferrée qui traverserait le corridor de Zangezur, dans la province arménienne de Syunik.

    "Une autre partie de moi s'inquiète du précédent que constitue la violation du cessez-le-feu par Aliyev, à savoir le blocus de Lachin", a ajouté Mme Nash-Marshall. "Aliyev va-t-il commencer la construction du corridor de Zangezur à Syunik ?

    Réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies

    Le Conseil de sécurité des Nations unies, à la demande de la France, a tenu une réunion d'urgence jeudi après-midi pour traiter du conflit du Haut-Karabakh.

    Au cours de cette réunion, qui s'est tenue à New York, les représentants de 16 nations différentes, dont les États-Unis, la Russie et la Chine, ont condamné la violence qui s'est déchaînée au cours du conflit, en particulier la violence contre les civils.

    Les représentants ont également salué le cessez-le-feu, mais ont souligné qu'il fallait faire davantage pour protéger les droits de l'homme des Arméniens du Haut-Karabakh.

    Catherine Colonna, ministre française de l'Europe et des affaires étrangères, a déclaré que "ce qui est en jeu, c'est la possibilité pour le peuple arménien du Haut-Karabakh de pouvoir vivre dans le respect de ses droits, de son histoire et de sa culture".

    "La France a pris note de la déclaration faite hier par le Président Aliyev, affirmant sa volonté de vivre en paix avec les Arméniens du Haut-Karabakh et de préserver leurs droits", a déclaré M. Colonna.

    Colonna a ajouté que "si l'Azerbaïdjan veut vraiment parvenir à une solution pacifique et négociée, il doit ici et maintenant fournir des garanties tangibles", notamment que l'Azerbaïdjan s'engage à ne pas utiliser la force meurtrière contre les Arméniens du Haut-Karabakh, à amnistier les autorités qui se sont rendues, à autoriser l'aide humanitaire internationale dans la région et, surtout, à "rétablir sans condition et sans délai le trafic sur le corridor de Lachin".

    Les ministres des affaires étrangères de l'Arménie, Ararat Mirzoyan, et de l'Azerbaïdjan, Jeyhun Bayramov, étaient également présents à cette réunion d'urgence. Les deux ministres ont accusé leurs nations respectives de violer le droit international et d'être responsables de la flambée de violence.

    Malgré les demandes de la France, M. Bayramov n'a pas donné de garanties supplémentaires, se contentant de réitérer la position d'Aliyev selon laquelle le gouvernement azerbaïdjanais souhaite réintégrer pacifiquement la population du Haut-Karabakh au sein de l'Azerbaïdjan.

    Comment la communauté internationale réagit-elle ?

    S'adressant à plus de 15 000 personnes sur la place Saint-Pierre le 20 septembre, le pape François s'est dit troublé par les nouvelles qu'il avait reçues concernant le Haut-Karabagh, où "la situation humanitaire déjà critique est maintenant aggravée par de nouveaux affrontements armés".

    "Je lance un appel sincère à toutes les parties concernées et à la communauté internationale pour qu'elles fassent taire les armes et s'efforcent de trouver des solutions pacifiques pour le bien des populations et le respect de la dignité humaine", a déclaré le pape à la fin de l'audience générale de mercredi.

    Au Congrès américain, le représentant Chris Smith, R-New Jersey, qui a convoqué une audition d'urgence sur la question du Haut-Karabakh au début du mois de septembre, a demandé au président Joe Biden de prendre des mesures immédiates pour aider les Arméniens de la région.

    "Aujourd'hui plus que jamais, le président Biden doit immédiatement pousser le Conseil de sécurité des Nations unies à établir un mandat et une mission de maintien de la paix pour protéger les Arméniens vivant dans le Haut-Karabakh", a déclaré M. Smith dans un communiqué de presse publié mercredi.

    "Le peuple du Haut-Karabakh se trouve dans une situation de grave danger", a-t-il poursuivi. "Ils ont été forcés de désarmer et d'abandonner leur indépendance à un dictateur impitoyable dont le gouvernement a commis à plusieurs reprises des abus horribles contre eux pendant de nombreuses années, a exprimé sa volonté de les nettoyer ethniquement, et a même initié un génocide par la famine avec le blocus du corridor de Lachin."

    "Tragiquement, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev, a pris le bluff de l'administration Biden en disant qu'il ne tolérerait pas d'attaque", a ajouté M. Smith. "Je demande instamment au président Biden de dépêcher immédiatement des diplomates et des observateurs experts dans la région du Haut-Karabakh pour surveiller la situation et signaler immédiatement toute atrocité ou abus. Les Arméniens qui vivent dans le Haut-Karabakh ont, comme toujours, le droit de continuer à vivre dans leur ancienne patrie - et de le faire en toute sécurité.

    Peter Pinedo est correspondant de CNA à Washington. Diplômé de l'Université franciscaine, Peter a travaillé auparavant pour Texas Right to Life. Il est premier lieutenant dans la réserve de l'armée américaine.