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liturgie - Page 62

  • En marge de « Traditionis Custodes » : regard sur les rites liturgiques dans l’Eglise

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    1 Définitions

    La messe est le rite liturgique par excellence, institué sur l’ordre du Seigneur.

    Un rite, selon la définition du juriste romain Pomponius Festus (IIe siècle après J.-C.) est « un usage confirmé (mos comprobatus) dans l’administration des sacrifices (in administrandis sacrificiis) » (1).

    Le mot liturgie puise son origine étymologique dans deux termes grecs : λαος (λαοί, au pluriel) : peuple et έργειν, agir, qui ont donné λειτουργια : action pour le peuple, action publique.

    Un rite liturgique est donc l’action confirmée par la coutume selon laquelle sont offerts des sacrifices pour le peuple, des sacrifices publics.

    Chrétien ou non, l’homme a toujours recherché la manière juste et digne de louer Dieu ou la divinité. Mais la foi catholique seule nous fait ce don en toute orthodoxie dans le sacrifice parfait accompli par le Christ, de la Cène à la Résurrection par la κενωσις (en grec: évidement, vidange) de la Croix (2).

    « Faites ceci en mémoire de moi ». Le témoignage des premières générations chrétiennes nous assure que cet ordre du Seigneur a été fidèlement suivi et l’Eglise n’a d’autre ambition que de transmettre ce dépôt sacré au long des siècles : par le rite de la messe qui célèbre dans l’Eucharistie le sacrement primordial du sacrifice de Jésus et par ceux des autres sacrements ou de l’office divin qui en découlent.

     2.Diversité des rites

    Chacun sait cependant qu’il existe de nombreux rites légitimes pour la célébration de l’Eucharistie, des autres sacrements et des heures.

    L’Apologie de saint Justin (en l’an 150) nous montre qu’au départ il y eut place pour une certaine improvisation, au sein d’un schéma invariable qui témoigne d’un grand respect pour l’idée de Tradition.

    A cette liberté relative a succédé (à partir de la fin du IIIe siècle) une période de fixation autour des grandes anaphores (prières eucharistiques) dont les textes avaient atteint leur maturité théologique et littéraire. La cristallisation de ces rites différenciés se fit sous l’influence de divers facteurs -culturels, politiques et doctrinaux- que l’on peut résumer comme suit :

    Les grandes métropoles du monde antique vont chacune marquer de leur influence propre les aires d’évangélisation, à partir des principaux patriarcats historiques de l’Eglise. Le premier concile de Nicée (325) proclama leur ordre de préséance en se fondant sur leur apostolicité : Rome, deuxième siège de saint Pierre, à la fois siège de l’Eglise latine et siège universel ; Alexandrie, siège de saint Marc ; Antioche, premier siège de saint Pierre. S’y ajouta le patriarcat honorifique de Jérusalem, ville sainte et siège de saint Jacques. Plus tard encore, Constantinople, siège sans origine apostolique directe, devint également patriarcat à titre honorifique (3).

    Autres sources de diversité : l’évangile gagne des territoires - Ethiopie, Arménie, Perse, Inde même…- situés en dehors de la Βασιλεια Ρωμαιων et, en Occident, à partir de 250, le grec, qui était la langue culturelle véhiculaire de tout l’Empire (la « κοινη ») décline au profit du latin.

    A ces causes, il faut sans doute ajouter aussi l’incidence des querelles christologiques qui ont fortement marqué l’histoire de l’antiquité tardive (4)

    Si les familles liturgiques orientales sont aujourd’hui encore bien vivantes, y compris au sein des Eglises « uniates » (unies à Rome) (5), il n’en va pas de même pour l’Occident où, dès avant la fin du premier millénaire, Rome absorba progressivement tous les rites (gallican, celtique, wisigothique, nord-africain…) apparentés au sien, dans un mouvement spontané d’intégration qui s’est poursuivi jusqu’au concile Vatican II (1962-1965). Des autres familles liturgiques occidentales subsistèrent néanmoins quelques particularités locales (rite mozarabe à Tolède, rite ambrosien à Milan, rite de Braga, rite lyonnais) ou liées à l’histoire de certains ordres religieux (rite dominicain, rite cartusien…).

    3. Requiem pour la forme extraordinaire du rite romain ?

    Plus significative fut la persistance obstinée de la forme traditionnelle du rite romain lui-même après la publication d’un « nouvel ordo missae » par le pape Paul VI en 1970.

    A cette réforme correspondit en effet, pour des raisons qui lui sont aussi (6) extrinsèques, un phénomène de « dissolution du rite » (7) face auquel l’usage de la forme antérieure apparut à un nombre grandissant de personnes comme une sorte de valeur-refuge.

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  • "Un droit spécifique et impératif de la liturgie"

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    De l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur Metablog :

    Le droit liturgique

    Quiconque a un peu étudié la liturgie reconnaît que depuis le début de l'histoire de l'Eglise, il y a un droit spécifique et impératif de la liturgie. La messe ne se présente pas seulement comme une prière improvisée par chaque assemblée, ni même comme une simple réunion de prière qui aurait ses codes. Sa réalité est différente, elle est divine. Elle se présente comme Tradition divine. 

    Mettons-nous, si c'est possible, à la place d'un individu normalement constitué, sans préjugé, et vierge de toute habitude cultuelle... La première fois qu'il a entendu l'ordre divin sur du pain : "Ceci est mon corps livré" ; et sur du vin : "ceci est mon sang versé", Il a dû  trouver que ce n'était pas possible, que son Eglise forçait un peu la note, que l'on pouvait aller au Christ sans avoir besoin de ce rite barbare ou incompréhensible. Allons plus loin : la première fois qu'un individu normalement constitué a entendu l'ordre divin : "Vous ferez cela en mémoire de moi", vous referez, vous, ce geste fou que j'ai fait devant vous au Cénacle... soit il imitait les auditeurs du discours sur le pain de vie, partant définitivement sur la pointe des pieds, soit il ne lui restait plus qu'à s'exécuter sans fioriture, en reprenant le récit de l'Institution à la lettre. C'est ce qui se passe dans le rite latin. 

    C'est aussi ce qu'a fait saint Paul en réponse à ses chers Corinthiens : "J'ai appris du Seigneur lui-même ce que je vous ai aussi enseigné" (I Co. 11, 23), dit-il avant de reprendre à leur intention le récit de la dernière Cène à peu près tel qu'on le trouvera dans les Synoptiques (On date très précisément la Première aux Corinthiens de l'an 50 ; les synoptiques seraient un peu plus tardifs). Cela signifie deux choses pour saint Paul : ce n'est pas moi qui vous ai enseigné ce rite, c'est le Seigneur lui-même. Et aussi : ce n'est pas moi qui ai cru nécessaire de vous l'apprendre, mais aujourd'hui (quinze ans après la Passion), c'est parce que le Christ a pris la peine de me révéler ce rite qu'il a accomplis devant ses apôtres la veille de sa mort, c'est à cause du Seigneur donc, que je vous l'ai enseigné. C'est pourquoi ce rite fait partie du dépôt sacré auquel on ne peut pas toucher sans être anathème (Gal. 1, 8-9). "Je vous ai enseigné et donné en dépôt ce que j'ai moi même reçu" (I Co, 15, 3), "afin que vous vérifiiez si vous l'avez retenu comme je vous l'ai annoncé, puisqu'autrement ce serait en vain que vous auriez embrassé la foi" (15, 2). "Le Mystère de la piété" comme dit Paul dans les Pastorales, vient du Seigneur, au même titre que la foi elle-même. Il est aussi sacré que le kérygme de la résurrection du Seigneur dont il est question au chapitre 15 des Corinthiens. C'est dans cette épître aux Corinthiens que l'on découvre le lien entre la loi de la prière (c. 11) et la loi de la foi (c. 15). 

    J'espère avoir prouvé au paragraphe précédent que ce lien est originaire dans le christianisme. Lorsque saint Prosper d'Aquitaine, au Vème siècle, repère ce lien et martèle sa fameuse formule : "La loi de la prière décide de la loi de la foi" (et non l'inverse), on peut dire qu'il ne fait que reprendre, à travers saint Paul, l'enseignement apostolique. La liturgie n'a jamais été (et surtout pas pour les apôtres), un droit positif confié ad nutum aux premiers épiscopes, ni même au premier des épiscopes, Cephas. C'est à la fois un droit et un devoir pour les chrétiens de faire mémoire de la célébration du Christ, en reprenant les mêmes paroles, dans le même sens que lui.

    Beaucoup plus tard, lorsque le jésuite Suarez, dans la ligne du dominicain Cajétan, reconnaît qu'il existe des possibilités d'excès de pouvoir de la part du pape, et que ce dernier, bien qu'il exerce son pontificat effectivement de droit divin, peut se manifester dans son gouvernement comme "un tyran", lorsqu'il confond le droit divin avec un absolutisme décidément trop humain, notre scolastique donnera comme exemple de tyrannie papale potentielle, le non-respect des cérémonies reçues des apôtres. Pour lui, une réforme liturgique dont les motifs ne seraient pas à chercher dans la quête d'un plus grand respect du dépôt mais seraient exclusivement des calculs humains de type pastoraux,pourrait se trouver à l'origine d'un profond désordre au sein duquel pourrait naître un schisme pontifical. 

    "Moi je n'ai pas peur des schismes" a dit le pape François en 2019 au retour de son voyage à Madagascar. Au point de faire schisme ? L'avenir nous l'apprendra... Disons que la manière dont notre pape dénie tout droit à la liturgie et à sa tradition, pour concentrer tout le droit liturgique sur le droit positif qui émane des papes est particulièrement dangereux. Ce qu'un pape a fait en droit positif, un autre peut le défaire. La liturgie se réduit aux réformes que la papauté lui fait subir pour le meilleur et pour le pire depuis trente ans. Plus personne n'y comprend rien. L'oeuvre liturgique du pape Benoît aura disparu corps et biens devant l'autoritarisme de son successeur.

    Tout est dit dès le premier article de Traditionis custodes. Je cite : « Les livres liturgiques promulgués par les saints pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du concile Vatican II sont la seule expression de la lex orandi du rite romain ». Où l’on apprend cette chose tout à fait nouvelle dans l’Eglise que le droit liturgique serait un droit purement positif, qui provient de l’autorité ecclésiastique et qui n’a pas d’autre source. Pour François, c’est d’ailleurs le seul argument doctrinal qu’il mette en avant dans Traditionis custodes, il n’y aurait donc  de loi de la prière que celle qui sort la dernière de la bouche d’un pontife romain. 

    Fini le respect de la Tradition et de son droit intrinsèque, bien établi pourtant au début de Summorum pontificum. Terminée la distinction si respectueuse justement pour l'Eglise et son histoire, entre les deux formes d'un même rite. Traditionis custodes n'y fait même pas référence lorsqu'il parle sans vergogne pour le pontife précédent, de "l'unique rite romain", en plaçant le rite traditionnel, les centaines de prêtres qui le célèbrent, les dizaines de milliers de fidèles qui y assistent à travers le monde, sous le régime de l'autorisation exceptionnelle, et d'une sorte de loi des suspects (puisque l'autorisation de célébrer le rite traditionnel, pour les plus jeunes est à demander au Saint Siège et que les autorisations toutes à renouveler, seront toujours extra-paroissiales et ne concerneront pas systématiquement la messe du dimanche). 

    Organisée soigneusement par le pape dans Traditionis custodes, on doit assister vraisemblablement à une montée du mépris, oui mépris que François veut partager avec l'actuelle hiérarchie catholique, mépris qu'est censée ressentir l'actuelle hiérarchie catholique pour tous ceux qui déclareront avoir spirituellement besoin de la messe traditionnelle et qui, pour cette raison, seront désormais soumis au régime des autorisations exceptionnelles et donc considérés comme des catholiques de deuxième zone. 

    La paix de l'Eglise promulguée le 7 juillet 2007 par le pape Benoît, n'aura pas duré quinze ans. C'est le pape actuel qui rouvre les hostilités ce 16 juillet 2021. En tant que pape, il aurait sans doute le droit de désigner un ennemi interne à l'Eglise, hérétique ou schismatique. Mais son principe est faux : non le droit liturgique n'est pas un droit positif d'abord, mais, comme l'a enseigné son prédécesseur, un droit fondé sur la tradition et sur les propres paroles du Seigneur. Le pape saint Pie V, auquel François se compare dans son oeuvre liturgique, n'a jamais voulu imposer "sa" messe (en fait la messe du diocèse de Rome) aux communautés chrétiennes qui utilisaient des rite ayant plus de deux siècles d'existence. Saint Pie V savait bien et il avait modestement compris que la tradition est le principal fondement du droit liturgique et cela nous l'avons vu, depuis saint Paul.

  • La lettre ouverte au Pape François publiée dans Il Foglio du 5 août 2021

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    Du site FedeCultura.com :

    Nous publions la lettre publique au Pape François imprimée dans Il Foglio du 5 août 2021, signée par notre directeur Prof. Giovanni Zenone Ph.D. Une lettre écrite dans la douleur et l'angoisse des enfants qui se sentent chassés par leur propre mère et considérés illégitimes et plus les bienvenus dans la famille. Écrit du fond du cœur au Pape qui semble se soucier tant des marginaux, des minorités, des persécutés et qui doit donc entendre le cri de douleur des enfants de l'Église dont il a la charge.

    Très Saint Père,

    Le dernier livre d'Andrea Riccardi, fondateur de Sant'Egidio et voix bien connue du monde catholique progressiste, est intitulé "La Chiesa brucia. Crise et avenir du christianisme".

    Nous n'avons pas écrit de livre, nous n'avons pas fait d'analyse détaillée, mais nous voyons chaque jour le feu lent qui dévore et détruit l'Église catholique en Italie et dans le monde.

    La démission de Benoît XVI, il y a huit ans, a laissé beaucoup de gens dans la désolation et d'autres dans l'espoir. Pendant un certain temps, on a parlé de "l'effet Bergoglio", faisant allusion à une renaissance qui n'a malheureusement jamais eu lieu. Au contraire ! L'"Église en sortie" est restée un slogan sans aucune réalité. Au contraire, la ville sainte de la chrétienté, à l'époque du covide, a été la première à barricader ses églises, donnant au monde le signal d'une désertion totale.

    Nous avons assisté à des processus synodaux qui ont ressemblé à de véritables guerres civiles, avec des manœuvres visant à garantir une démocratie de type soviétique, et qui ont abouti à des documents controversés et, pratiquement, totalement inutiles. Les églises, les confessionnaux et même les coffres du Vatican sont de plus en plus vides : un signe que le peuple de Dieu ne reconnaît pas la voix des pasteurs.

    Les catholiques chinois, avec à leur tête le cardinal Zen, souffrent des accords du Vatican avec la dictature communiste chinoise ; des cardinaux qui ont été à l'avant-garde pendant des années, à vos côtés, comme Becciu, se sont retrouvés dans des scandales économiques sans précédent depuis l'époque de Marcinkus ; d'autres, comme Caffarra, Burke, Sarah, Müller, Pell ont été humiliés, réduits au silence et ignorés ; d'autres encore, très proches de vous, ont empêché la Conférence épiscopale américaine de faire toute la lumière sur l'affaire de pédophilie...

    Comme si cela ne suffisait pas, des ordres religieux conservateurs entiers ont été placés sous mandat et ont dû subir des persécutions inimaginables même aux jours les plus sombres de la Sainte Inquisition ; même des personnalités d'orientation totalement opposée, comme Enzo Bianchi, ont été "pitiénisées" du jour au lendemain, avec une dureté sans précédent. Tout comme les évêques, les prêtres, les religieux... dans tout le pays. 

    L'Église d'aujourd'hui est un véritable "hôpital de campagne" rempli de personnes blessées, qui ont un besoin urgent non pas de discours sur la miséricorde, mais d'une miséricorde réelle, véritable, concrète. De la paix.

    Votre dernière mesure contre la soi-disant messe en latin a encore semé la pagaille et la division, sans aucune raison. Pourquoi refuser ce que votre prédécesseur avait accordé ? Pourquoi humilier un petit groupe de croyants, en les accusant tous sommairement, sans appel, et, comme c'est de plus en plus évident, sans fondement ?

    Ainsi, après 8 ans, " l'Eglise brûle " comme jamais auparavant : elle est divisée et lacérée, en Italie, en Chine, aux États-Unis, en Allemagne... comme à l'époque de Luther.

    Nous aussi, les laïcs - bien que plus libres et non soumis à l'arbitraire croissant du monde clérical - souffrons de ce climat devenu lourd, presque irrespirable, de cette disparition désormais totale de toute pluralité saine. L'Église, qui était autrefois Mère, ressemble de plus en plus à une marâtre, imposant anathèmes, excommunications et commissariats en un flot continu.

    Nous vous en supplions donc humblement : mettez fin à cette guerre civile dans l'Église, comme un Père qui regarde le bien de tous ses enfants, et non comme le chef d'un courant clérical qui semble vouloir utiliser son autorité monarchique, à fond, souvent au-delà des limites du droit canonique, pour réaliser un agenda idéologique personnel.

    Luigi Abeti, Tina Abbate, Francesco Agnoli, Sabrina Caporali, Teresa Di Chio, Claudio Forti, Silvia Frassinito, Giacomo Luigi Mancini, Simone Ortolani, Riccardo Rodelli, Manuela Zanzottera, Giovanni Zenone

    Lettre ouverte au Pape François publiée dans Il Foglio le 5 août 2021

  • "Pro Liturgia" et "Traditionis custodes"

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    Du site "Pro Liturgia" :

    5 août 2021

    Le dernier Motu proprio « Traditionis custodes » du pape François arrive au moment où les fidèles - évêques y compris – vivent une période de grande confusion touchant tant la doctrine que la liturgie c’est-à-dire ce qui constitue le fond et la forme indissociables de la foi catholique.

    Cette confusion apparaît dès qu’on parle aux fidèles, qu’ils soient pratiquants ou pas. Selon eux, le pape François « a supprimé le latin ». Point. C’est ainsi qu’a été reçu et compris le Motu proprio. Grosse erreur : l’usage du latin n’est absolument pas le sujet de « Traditionis custodes ». Le sujet du document pontifical touche uniquement à la forme de la liturgie romaine en usage avant Vatican II, forme dont la conservation avait été demandée, pour diverses raisons, par certains fidèles. Une des raisons ayant été clairement énoncée par Benoît XVI et reprise par le pape François : « Je suis également attristé par les abus de part et d’autre dans la célébration de la liturgie. Comme Benoît XVI, je stigmatise moi aussi que “dans de nombreux endroits les prescriptions du nouveau Missel ne sont pas célébrées fidèlement, mais il est même compris comme une autorisation voire une obligation à la créativité, ce qui conduit souvent à des déformations à la limite de ce qui est supportable”. » (Lettre du pape François accompagnant le Motu proprio ». Remarquons bien ce que disent les deux papes, Benoît et François : les prescriptions du nouveau Missel ne sont pas célébrées fidèlement en de nombreux endroits... Pas « en quelques endroits » comme on a longtemps voulu le faire croire aux fidèles qui déploraient la désacralisation et la banalisation des messes paroissiales, mais « EN DE NOMBREUX ENDROITS ». Et les deux papes ajoutent qu’une « créativité » devenue obligatoire a rendu certaines célébrations insupportables.

    On en arrive à la seconde confusion qui est de loin la plus courante chez les fidèles : les messes paroissiales seraient conformes à la liturgie restaurée à la suite de Vatican II. Or, ceci est totalement inexact : à part dans certains monastères et dans quelques très rares paroisses, les messes s’éloignent toutes plus ou moins des principes liturgiques voulus par le dernier Concile :
    - le face-à-face célébrant(s) - assemblée n’a jamais été voulu par le Concile ;
    - la suppression ou la limitation de l’usage du latin n’a jamais été voulue par le Concile ;
    - l’impossibilité de s’agenouiller n’a jamais été voulue par le Concile ;
    - la limitation drastique de l’usage du chant grégorien (conduisant à l’oubli du répertoire) n’a jamais été voulue par le Concile ;
    - la distribution de la communion par des laïcs n’a jamais été voulue par le Concile ;
    - les commentaires et souhaits de bienvenue n’ont jamais été voulus par le Concile ;
    - l’attention des fidèles portée quasi exclusivement sur les ministres de l’autel n’a jamais été voulue par le Concile ;
    - la généralisation des concélébrations n’a jamais été voulue par le Concile...

    Il faut que ces choses-là soient sues, dites, répétées afin que l’on sache de quoi on parle lorsqu’on évoque les questions de la liturgie de l’ « après-Concile ». Car il est impossible de parler de la liturgie « restaurée » en faisant comme si elle existait partout, comme si elle était partout fidèlement célébrée. Pour qu’elle soit fidèlement célébrée, il faut non seulement que les rites soient bien accomplis à leur bonne place ; il faut aussi que le célébrant soit effacé et que l’ensemble de la célébration soit pacifiante, apaisante, respecte le principe du silence qui naît de la contemplation du Mystère par lequel est évoqué la liturgie céleste. Il faut donc que les fidèles - et en premier lieu les ministres de l’autel - soient nourris de cette « spiritualité liturgique » sans laquelle il manquera toujours l’essentiel à une messe même très « correctement » célébrée.

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  • 6 août : fête de la Transfiguration du Seigneur

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    23762.jpgLa fête de ce jour est une fête votive. Prescrite en Occident par le pape Calixte III, en 1457, après la victoire remportée sur les Turcs grâce à saint Jean de Capistran sous les murs de Belgrade, elle existait déjà au cinquième siècle en Orient. La Transfiguration est chez les orientaux la grande fête d’été, la vieille fête du Christ-Roi.

    1. La Transfiguration. — Nous célébrons aujourd’hui la Transfiguration du Sauveur, événement que les Pères de l’Église comptent parmi les plus grands miracles opérés par Dieu pour rendre témoignage à son Fils.

    C’était pendant la seconde partie de la vie publique ; déjà le regard du Sauveur se portait vers la Croix du Calvaire. Un soir, il se rendit sur le Thabor avec ses trois Apôtres préférés. La nuit survint, et, tandis que le Maître priait, les disciples s’endormirent. Jésus était toujours en oraison lorsque, soudain, l’éclat de sa divinité perça à travers l’enveloppe de sa nature humaine : il est transfiguré. Les disciples s’éveillent, éblouis, et sont témoins du prodige. — Au lieu de nous borner à l’habituel passage de l’Écriture relatant ce miracle, nous ferons bien de nous reporter à tous ceux qui relatent l’événement du Thabor : saint Mathieu, XVII, 1-9 ; Saint Marc, IX, 2-9 ; saint Luc, IX, 28-30 ; le dernier se trouve dans la seconde épître de saint Pierre, I, 10-21.

    Quel est le sens de cette fête ? 

     a) Nous devons contempler avec respect et adoration notre Dieu éternel ; aujourd’hui encore, nous célébrons sa Royauté. 

     b) Nous devons voir en sa Transfiguration l’image de la nôtre, un jour : Nous attendrons le Sauveur... qui transformera notre corps misérable et le rendra semblable à son corps glorieux. 

     c) Ici commence la portée morale de la fête ; sans cesse, il nous faut travailler en vue de cette transfiguration par la pratique de la vie intérieure et spirituelle, par le détachement des choses terrestres. 

     d) Nous avons un sacrement de la Transfiguration : celui de l’Eucharistie. A la messe, le Seigneur Transfiguré est parmi nous ; dans la sainte communion, nous recevons le « germe de la gloire » et le gage de la résurrection future.

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  • Dom Pateau répond à Andrea Grillo

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    source

    Cher Professeur,

    Soyez remercié d’avoir porté attention à l’interview de Famille Chrétienne et d’y avoir répondu par un texte intitulé : Construisons des ponts entre les personnes, pas entre les rites.

    De fait la liturgie est le lieu par excellence pour édifier des ponts : pont avec le Christ afin de retrouver en lui tous les membres du peuple de Dieu.

    Vous relevez à juste titre la difficulté à construire des ponts entre des fidèles qui participent à des formes différentes du rite romain et qu’il serait plus facile d’établir des ponts entre les personnes qui utiliseraient la même forme commune du rite romain. Je vous rejoins.

    Jean-Paul II a promulgué après les sacres d’Ecône le motu proprio Ecclesia Dei, le 2 juillet 1988. Seuls les deux premiers mots du document ont été retenus en guise de titre, c’est dommage ! Le troisième mot est adflicta. La Commission du même nom n’est pas née dans les fastes d’une Église triomphante, mais plutôt sur la croix d’une division entre frères, une division qui dure.Faut-il souligner que les deux premiers numéros de ce texte mentionnent la tristesse : tristesse de l’Églisequi voit s’éloigner de la pleine communion quelques-uns de ses enfants, tristesse « particulièrement ressentie par le successeur de Pierre à qui revient en premier de veiller à l’unité de l’Église ».

    Nous retrouvons cette tristesse chez François qu’il exprime à travers Traditionis Custodes.

    Oui, vous l’avez compris, lassitude et tristesse sont mon pain quotidien autour de la question liturgique. Mon propos dans ces lignes est tout de réconciliation et de paix… de vérité aussi. En cela nous nous retrouvons. Comme vous le dites, j’ai essayé pour pacifier des chrétiens de tous bords de « trouver le ton le plus approprié pour donner du nouveau texte une vision qui ne soit pas source de division, intolérante, d’opposition frontale. »

    Il faut bien reconnaître que beaucoup reçoivent TC comme un signe de rupture et ne comprennent pas. Certains ne se reconnaissent pas dans les fidèles décrits et se sentent agressés. Que dire à ces prêtres, ces fidèles, qui depuis des années travaillent souvent de façon cachée et peu reconnue à soigner des blessures, à ramener dans le troupeau. Ils sont découragés, accusés faussement de refuser Vatican II, de refuser la Messe 69, de parler de la “Vraie Messe”, de la “Vraie Église”.

    TC gère des situations très différentes par une même norme, amalgame sans sembler reconnaître les grandes différences des fidèles assistant au VO, ignore surtout l’existence de fidèles ou de communautés qui ne sont pas opposés à un chemin de réflexion sur la liturgie et qui parfois l’ont même anticipé.

    Comme Abbé, saint Benoît me demande de veiller à conserver toutes les brebis qui me sont confiées, à marcher à leur pas… celles qui courent et celles qui boitent aussi. C’est aussi la sollicitude que partage François pour l’ensemble du troupeau, lui qui demande au pasteur d’être à la fois à l’avant, au milieu et à l’arrière du troupeau.

    Oui, nous sommes d’accord pour travailler autourde deux exigences centrales : construire des ponts entre les fidèles et mettre fin aux batailles liturgiques.

    Voici donc quelques éléments que je vous partage :

    a) Au sujet de Summorum Pontificum et l’introduction de deux formes dans l’unique rite romain.

    Vous reprochez à Benoît XVI, l’usage des termes de “forme extraordinaire” du rite romain comme « quelque chose qui a été inventé en 2007, qui n’a aucun fondement dans le passé ecclésial », une « astuce », un « trucage systématique »… quelque chose qui a apporté la « bataille », non pas la « paix », créant des illusions, des distorsions de perspectives, des mirages et des cauchemars… Une sorte de « folie collective ».

    Le constat me semble vraiment excessif car en bien des endroits, un vrai chemin de réconciliation s’est opéré. Les évêques français le soulignaient dans une synthèse controversée reprenant les résultats de l’enquête de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi sur la mise en œuvre de SP : « Dans la plupart des diocèses, la situation semble apaisée. » Par l’action persévérante et non sans mérite d’évêques, de prêtres, de vrais lieux de paix liturgique et d’enrichissement mutuel se sont peu à peu établis. Cela a demandé et demande beaucoup d’humilité de la part de tous… mais c’est ainsi que grandit l’Église.

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  • Une lecture africaine du motu proprio « Traditionis Custodes »

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    Mgr_Pascal_N'KOUE_archeveque_de_Parakou.jpgDe Mgr Pascal N’Koué, archevêque de Parakou au Bénin, dans son bulletin diocésain du mois d’août:

    « Le Pape François, le 16 juillet 2021, a publié un motu proprio : ‘’ Traditionis custodes’’ sur la forme extraordinaire du rite latin. Je crois que ce texte est à lire à la lumière de l’encyclique ‘’Fratelli tutti’’. Un seul troupeau, un seul Pasteur. Les deux formes liturgiques doivent nous aider à cohabiter pacifiquement et nous enrichir mutuellement. Je célèbre les deux formes. Aucun problème. C’est le cœur de l’homme qui est malade et qu’il faut soigner. »

    Ref. Lire Traditionis custodes à la lumière de Fratelli tutti…

    JPSC

  • La messe : un sacrifice sinon rien

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    De l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur Metablog :

    Un sacrifice sinon rien

    La dernière prière du prêtre, au cours de la messe, est résolument sacrificielle, comme pour montrer que le sacrifice est l'essentiel de la liturgie. Cette prière se récite au moment où le prêtre baise l'autel une dernière fois,  manifestant par ce geste combien ce rite qu'il vient de célébrer ne provient pas de lui, de sa foi personnelle ou de sa spiritualité propre, mais s'identifie à l'autel, qui porte, nous l'avons vu au début de ce travail, le sens divin du sacrifice. Voici une traduction de cette prière :

    Que vous plaise, ô sainte Trinité, l'hommage que je vous rends de mon service. Faites que ce sacrifice que j'ai porté aux yeux de votre majesté, malgré mon indignité, vous soit agréable (acceptabile) à vous et qu'à moi ainsi qu'à tous ceux pour lesquels j'ai porté cette offrande, elle soit propitiatoire (propitiabile) autant que vous êtes miséricordieux, par le Christ notre Seigneur

    J'aurais aimé pouvoir faire rimer les traductions des deux adjectifs latins : acceptabile et propitiabile. Difficile de trouver, en français, deux adjectifs assonnants, en des sens si précis et si voisins ! Mais qui a dit que le latin liturgique est un latin de cuisine ? L'homéotéleute aide à articuler la pensée.

    Nous avons vu que la messe comportait toutes les formes de sacrifices. La forme la plus durable est certainement le sacrifice de louange, puisqu'il occupera toute notre éternité, en manifestant notre joie d'être à Dieu. Mais la forme la plus immédiatement importante des quatre genres de sacrifice n'est ni le sacrifice de louange, ni le sacrifice d'action de grâce, ni le sacrifice de demande (appelé aussi impétratoire). C'est le sacrifice qui nous rend Dieu propice, qui nous permet d'être comme d'égal à égal face à son éternité,  Il y a entre Dieu et nous le mur de la finitude et du péché. Dieu lui-même a voulu casser ce mur et nous permettre de vivre de plain pied avec son éternité en devenant ses fils et ses filles. La messe, pour qui la vit, réalise cette transformation. C'est en ce sens d' abord qu'elle est un sacrifice. Par la transformation de notre prière dans la prière du Christ, par la transmutation de notre inefficacité dans l'efficience du Fils de Dieu, elle est le signe décisif du changement de notre condition et de l'arrivée, à la fin des fins, du Royaume de Dieu, éternelle communion qui abolit toute finitude, parce qu'elle nous divinise.

    C'est le cas de l'écrire : un sacrifice sinon rien, sinon le monde ne changera pas et restera toujours dans cet état d'inachèvement désespérant dans lequel nous le voyons tous les jours. La réponse au problème du mal n'est pas à chercher  en arrière, dans le passé de l'humanité ou dans je ne sais quel état parfait de l'humanité adamique. Elle s'écrit, cette réponse, dans le sacrifice de la croix, où le Fils de Dieu affronte par le miracle de son incarnation la Puissance du mal et la fatalité de la mort, en y répondant par l'amour surnaturalisant. A chaque messe, cette réponse se rend tangible pour que le plus d'hommes et de femmes y participent, en s'incluant, par la médiation du rite sacré, dans la prière du Christ, dont ils sont, ces hommes et ces femmes, à la fois la matière première (si j'ose dire) et, encore aujourd'hui, l'enjeu ultime, mais aussi, dans la communion des saints, les agents communicateurs et les imitateurs indignes.

    Ce Mystère ecclésiologique, le pape François, dans son Motu proprio Traditionis custodes, a décidé de le marquer du sceau d'infamie que reçoit, dans sa pensée, tout ce qui est préconciliaire A-t-il décidé de changer de religion, non pas de foi, je le précise : de religion c'est-à-dire de relation à Dieu ? A-t-il décrété que la messe sacrificielle avait fait son temps et qu'elle était le signe d'un autre visage de l'Eglise que le visage qui a triomphé à Vatican II ? Si cette interprétation radicale se révélait juste, ce que l'avenir proche nous dira, ce serait au mépris de ce que voulaient la grande majorité des Pères conciliaires, au mépris de l'Eglise et au mépris du plan divin. 

    Pourquoi au mépris du Plan divin ? Parce que le problème du mal dans cette perspective conciliaire n'aurait pas d'autre solution que les bricolages sans cesse recommencés de notre bonne volonté toujours balbutiante depuis que le monde est monde et qu'Eve a croqué dans la pomme. Le monde redeviendrait incompréhensible, livré à un progressisme, que l'on doit dire à bon droit "imbécile", parce que l'on voit bien que, du problème du mal, il n'a qu'un simulacre de réponse. N'en déplaise aux progressistes d'aujourd'hui, la réponse à donner au terrible problème du mal n'est pas le Parc humain avec contrôle obligatoire, crédit social à la chinoise, et passe sanitaire à la française, pour accéder aux vespasiennes et faire régner une morale publique dominatrice, imposée à force de traçabilité des personnes, par des caméras de surveillance et des logiciels de reconnaissance faciale. Ce monde du Panoptikon que Michel Foucault a seul vu venir, est un terrible simulacre de réponse, parce que, progrès technique aidant, ce monde du contrôle est pire que le problème du mal tel qu'il se donne à voir dans les sociétés ordinairement humaines. Terrible ironie de l'histoire ! Les membres du Club de Davos, Klaus Schwaab en tête, fascinés par les modalités nouvelles de la survie du communisme chinois, entendent solutionner par le contrôle le monde archipelisé qui est le nôtre. Mais leur remède, indéniablement progressiste pourtant par les techniques qu'il met en jeu, s'avèrera pire que le mal, anéantissant chez les hommes l'idée même de liberté.

    Historiquement, la seule réponse au mal est spirituelle, c'est la mort de Jésus sur la Croix et le sacrifice de la messe qui nous permet de nous inclure dans ce mystère. La croix où meurt l'Innocent par excellence semblait pourtant participer du Mystère d'iniquité. Par un retournement sans exemple, elle devient le signe du Mystère de la piété, par lequel nous sommes tous prêtres (c'est-à-dire offrants), et nous devenons les rois de notre propre destinée, en en maîtrisant l'horizon éternel. "Il a fait de nous un royaume et des prêtres" comme dit l'Apocalypse (I, 9). C'est à cette réalité eschatologique que la messe traditionnelle nous permet d'assister et même de participer. Son interdiction par le Motu proprio du pape François a elle aussi un sens eschatologique.

  • L'Eglise vers laquelle on va

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    On peut être reconnaissant au Père Tihon (sur la Libre) d'indiquer aussi clairement dans quelle direction d'aucuns s'emploient à faire évoluer l'Eglise, de transgression en transgression. Mais il est clair que ces transgressions-là ne devraient pas être sanctionnées par Rome comme l'est le recours à l'ancien missel considéré comme une transgression inadmissible aux yeux du Souverain Pontife. Cela met clairement en évidence la dérive à babord de la barque de Pierre, laquelle peut aller dans n'importe quelle direction pourvu que ce ne soit pas dans celle de la Tradition dont les tenants, qualifiés de "rigides" par le pape régnant, sont condamnés à se taire sinon à quitter l'embarcation.

    Pour faire évoluer l'Église, des transgressions s'imposent

    L’appareil ecclésiastique romain était à ce point enserré dans des règles sacralisées que c’est souvent de façon conflictuelle que les changements nécessaires finissaient par s’imposer. Voici ce que pourraient être de légitimes transgressions.

    Hors d’Allemagne, nous mesurons mal le degré d’organisation du ‘laïcat’ catholique allemand, le poids du « Zentralkomittee der deutschen Katholiken », l’impact sur l’opinion publique des Katholikentage. Les catholiques engagés ont pris acte du travail de sape de la Curie vaticane pour neutraliser le concile Vatican II, en particulier sur la collégialité. Ils constatent la difficulté de faire passer des réformes devenues urgentes. Ils voient avec plaisir le pape François aller dans le sens du Concile sous l’étiquette synodalité, objet du prochain synode. François a moins de liberté de manœuvre que le ZDK, mais il avance ses pions, avec prudence et discernement (un de ses mots-clés). 

    Par rapport à la discipline officielle, les catholiques allemands ne se contentent pas d’intégrer certaines pratiques devenues courantes : - ne plus refuser l’eucharistie aux croyants de bonne volonté, qu’ils soient divorcés remariés ou qu’ils appartiennent à d’autres églises chrétiennes ; - ne plus tenir compte de l’interdiction de prêcher fait aux laïcs formés et aux professeures de religion ; - s’exprimer publiquement en faveur de l’ordination à la prêtrise de femmes et d’hommes mariés. Pour les acteurs de terrain, ces points n’ont rien de surprenant. Les commentateurs ne manquent pas de souligner qu’ils jouissent d’un « large soutien dans l’opinion », en tout cas dans nos pays. Mais la mobilisation des catholiques allemands s’inspire d’une perspective plus radicale. La synodalité signifie un fonctionnement d’Église très différent de l’actuelle concentration du pouvoir entre les mains du pape et de ses collaborateurs. Il est question d’une Église où tous les baptisés participeraient, de près ou de loin, au fonctionnement de la communauté, selon le vieux principe du droit romain : « Ce qui concerne tout le monde doit être traité par tout le monde », « quod omnes tangit ab omnibus tractari debet ».

    Pas d’évolution sans transgressions

    C’est l’occasion de remettre en lumière la dynamique concrète qui sous-tend l’évolution d’une énorme institution comme l’Église catholique romaine, comme de toute institution. En deux mots, il n’y a pas d’évolution sans transgressions.

    Peu de commentateurs prennent la peine de s’interroger sur l’opportunité de ce type de transgressions et sa légitimité en perspective chrétienne. Pour l’opportunité, on peut juger que, vu les solides freins qui ont conditionné le fonctionnement du Vatican lors des précédents pontificats, il est bon de se rappeler que l’Esprit souffle où il veut et pas seulement sur les membres de l’appareil ecclésiastique. Et donc, de ne pas automatiquement considérer une entorse à la règle comme l’œuvre du mauvais esprit.

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  • Motu Proprio Traditionis Custodes : pas de pass liturgique dans l’Eglise Catholique

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    C'est le titre du dernier billet de l'abbé Viot (*) sur son blog. Son analyse mesurée ne suffit pas à masquer que la mercuriale fulminée par le pape François est excessive, tant sur la forme que sur le fond: elle n’appelle aucunement au dialogue et conduit objectivement à une impasse. Le mieux sera (ou serait), pour les évêque chargés de sa mise en œuvre, de donner un peu de temps au temps et passer par pertes et profits, sans autre commentaire, les dispositions inutilement outrancières et humiliantes : à suivre...

    ________

    (*) Michel Viot, né le 25 mai 1944 dans le XVIIe arrondissement de Paris, est un prêtre catholique français. Dignitaire franc-maçon et « évêque » luthérien de Paris de 1996 à 2001, il quitte ses fonctions pour rejoindre la pleine communion avec l'Église catholique. Ordonné prêtre en 2003, il est d'abord incardiné dans le diocèse de Blois où il exerce notamment la charge d'aumônier de prison, puis rejoint le diocèse de Versailles en 2014 et se voit incardiné au sein du diocèse aux Armées françaises en tant qu'aumônier national des anciens combattants jusqu'en 2018.

    JPSC

  • La rupture ?

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    De Pierre Nespoulos sur la Semaine de Castres et du Tarn :

    La rupture ? 

    Le « motu proprio » (décret pris par le pape François) « Traditionis custodes » soit « Les gardiens de la tradition » (!) secoue ces temps derniers les milieux catholiques, voire au-delà. La possibilité ouverte par Jean-Paul II et libéralisée par Benoît XVI en 2007 de célébrer la messe communément appelée « messe en latin » est désormais abrogée, du moins soumise à de multiples autorisations, doublées de vexations. Le 7 juillet 2007 en effet, Benoît XVI avait ouvert un nouvel horizon à la liturgie traditionnelle et son « Introibo ad altare dei » (je m’approcherai de l’autel de Dieu). Dans un décret devenu célèbre, le motu proprio « Summorum pontificum », il accordait une place nouvelle à l’« ancienne messe » qui avait été marginalisée par le Concile Vatican II, avec l’argument : « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous ». D’ailleurs, n’est-il pas paradoxal que ce qui était le rite millénaire soit désormais appelé « extraordinaire » ?

    La stupéfaction, l’indignation et la colère ont envahi une partie de l’Eglise pour qui cette remise en cause est pour le moins déconcertante, outre le fait qu’elle est une insulte à la face du prélat en retraite. Elle semble ajouter du sel sur des plaies dont on avait l’impression qu’elles étaient cicatrisées. Le compromis de Benoît XVI visant à apaiser le débat entre les diverses sensibilités catholiques est remis en cause de manière absurde, bien plus menée par une volonté disciplinaire que doctrinale. Le message de François est inacceptable tel qu’il est formulé. L’unité de l’Eglise ne peut être visée par des oukases mais par le dialogue fraternel. Je pensais naïvement que l’épithète « conciliant » dérivait de « concile ». L’interprétation (jésuistique?) me semble ici éloignée. Les tenants du courant moderniste imposent leur ligne, pourtant dénoncée par les critiques comme responsable de l’effondrement de la pratique religieuse, car cela ne répond pas à leurs attentes de transcendance, de sacralité, de recueillement, de mystère…

    Il faut que ce soit l’écrivain et philosophe Michel Onfray qui, bien que se revendiquant athée, explique pourquoi la décision du pape François de porter atteinte à la messe en latin dans le patrimoine liturgique le consterne : « La vie de l’Eglise catholique m’intéresse parce qu’elle donne le pouls de notre civilisation judéo-chrétienne bien mal en point. Le christianisme a façonné une civilisation qui est la mienne et dont j’estime que je peux l’aimer et la défendre ». Avant lui, Georges Brassens avait donné son avis de manière plus triviale dans une chanson célèbre « Sans le latin, la messe nous em…, à la grande fête liturgique plus de pompes soudain, plus de mystère magique et les fidèles s’en f… »

    Du passé faisons table rase. Offrons à l’avenir un monde banalisé à coup de cantiques débiles. Quand on pense au sublime héritage de la musique liturgique en latin, Mozart, Haydn, Haendel, Bach ! Est-il urgent de les remplacer par du moderne consensuel bâclé, voire du rap ? Est-ce l’Eglise de la synodalité, du décolonialisme et du paupérisme face à l’Eglise du sacré, de l’identité chrétienne assumée et de l’évangélisation ? La théologie de la Libération était une façon de comprendre le catholicisme fortement coloré de communisme : cela pouvait s’expliquer à défaut de se justifier au regard des régimes très durs d’Amérique latine dont Bergoglio eut à souffrir, mais on ne peut de notre côté ignorer les bases du christianisme qui ont façonné l’Europe. Peu concerné par le destin de l’Europe, le sud-américain François est très préoccupé par les questions sociales et peu par les questions liturgiques. Mais le pape n’est pas le président d’une ONG écolo-humanitaire !

    Je me garderai bien de décerner des brevets de catholicité en fonction d’une pratique liturgique, vivant en outre dans un diocèse où il n’y a pas de guerre ni ouverte ni larvée entre les rites. Mais je trouve excessif d’imputer aux tenants d’une fidélité à l’Histoire du catholicisme des velléités séparatistes en filigrane, comme, récemment, l’évêque de Dijon ou le Conférence des évêques de France, dans son retour sur expérience du « Summorum pontificum ».

    Si j’étais athée, il me semble qu’un appel vers le catholicisme ne viendrait certainement pas de son modernisme (pour cela j’ai Netflix!) mais par un besoin de sublime, de transcendance et de l’exemple de ceux qui s’agenouillent plus devant la croix que devant l’esprit du temps. Ce « motu proprio » liquidant l’héritage de saint Jean-Paul II et de Benoît XVI  (du vivant de celui-ci, dernier irrespect) réveille les consciences endormies, devant un fallacieux progressisme dont le cheminement suicidaire n’est plus à démontrer : les églises se vident. Dans ces conditions, pousser quelques brebis vers la sortie n’est guère ni habile ni miséricordieux. L’Eglise doit-elle être « dans le vent » de l’évolution sociétale ?  Dans le vent, c’est le destin des feuilles mortes…

  • Motu Proprio « Traditionis Custodes » : les portes claquent

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    Andrea Grillo hqdefault (1).jpgD’aucuns se sont réjouis un peu vite de l’ouverture méritante quoique prudente au Motu Proprio « Traditionis custodes » esquissée par le Père-Abbé de l’importante abbaye bénédictine de Fontgombault dans un commentaire publié par l’hebdomadaire « Famille chrétienne ». Cliquez ici: Dom Pateau : « Il faut sortir de ce combat liturgique qui épuise l’Église »

    Voici la réponse fourchue que vient de lui adresser Andrea Grillo (photo ci-jointe) le plus connu des inspirateurs avérés de la prose militante du Motu Proprio signé par le pape François.

    “Cher Père Abbé,

    Dans l’interview publiée par “Famille Chrétienne” le 19/7, reprise avant-hier par le blog Messainlatino dans une traduction italienne, j’ai trouvé avant tout un esprit bénédictin de réconciliation et de paix. En cela, je suis pleinement d’accord avec vous. L’année dernière, avec un groupe de théologiens européens et américains, nous avons écrit un livre électronique sur le thème de la “réconciliation liturgique”, perspective que vous considérez également comme absolument décisive. Vos propos sont également très clairs en soulignant l’objectif de “ne pas rejeter” le texte du nouveau Motu Proprio (=MP) du Pape François, qui abroge “Summorum Pontificum” (=SP). Vous avez eu le courage de prononcer ce mot fort, spécialement dans votre milieu, et j’y trouve un signe de la grande tradition bénédictine qui caractérise non seulement votre Abbaye, mais aussi les Abbayes dans lesquelles j’ai appris à connaître et à reconnaître la force de la liturgie : Sainte Justine à Padoue, Saint Anselme à Rome, Camaldoli dans le Casentino, Dominus tecum à Prad Mill, ainsi que les nombreuses Abbayes féminines (Grandate, Fabriano, Tarquinia…).

    Nous sommes d’accord sur deux exigences tout à fait centrales : construire des ponts est devenu un impératif, ainsi que mettre fin aux batailles liturgiques s’avère être une priorité incontournable pour tous. Vous essayez de trouver le ton le plus approprié pour donner du nouveau texte une vision qui ne soit pas source de division, intolérante, d’opposition frontale. C’est un noble objectif qui vous honore. En même temps, cependant, votre texte semble rester complètement sourd au contenu du MP “Traditiones Custodes” (=TC), et cela me surprend quelque peu. Dès le titre, que vous n’avez peut-être pas déterminé, mais qui semble néanmoins fidèle au contenu de vos propos, la relation entre le texte de François et la construction de ponts est déplacée : ce que François demande, avec TC, c’est de construire des ponts “entre les personnes” dans l’unique rite commun ordinaire, et non “des ponts entre deux formes du rite romain”. Ce malentendu initial, qui trouve de nombreuses confirmations tout au long de votre interview structurée, manifeste une sorte d’ “angle mort” que je tente d’éclaircir, dans une série de brèves observations, que je vous soumets volontiers :

    a)  D’une manière générale, votre option de “ne pas rejeter le texte de François”, si on l’observe attentivement, apparaît plutôt singulière. Pour le fait que, en évaluant le texte de TC, vous le remplissez continuellement avec le contenu de SP. Mais TC a abrogé SP et la logique avec laquelle SP prétendait faire la paix. Si l’intention est de “faire la paix”, il faut donner aux mots leur véritable sens. Vous poursuivez, dans votre discours, en parlant de “deux formes du même rite”, auxquelles les baptisés “auraient droit”. Mais c’est la vision que SP a tenté d’introduire d’une façon disruptive avec des principes que la tradition n’a jamais connus. L’interprétation sur le “missel tridentin” – que vous n’êtes pas le premier à répéter et qui a vu le jour dans les déclarations du Card. Giuseppe Siri en 1951 et de M. Lefebvre après le Concile Vatican II – selon laquelle il n’aurait pas éliminé les “autres formes” du rite romain, est une élucubration sans fondement : vous devriez savoir que les “autres formes”, avec lesquelles le rite tridentin est comparé, avaient des déterminations géographiques ou personnelles très particulières. Ni le rite ambrosien ni le rite dominicain ne sont des “rites universels”, mais un ordo conditionné par des dimensions géographiques ou personnelles qui délimitent structurellement leur impact. Le Concile de Trente n’a jamais conçu, même de loin, “deux formes” du même rite existant dans la même unité d’espace, de temps et de personnes. Seul SP a tenté d’émettre l’hypothèse de l’existence simultanée de deux formes différentes et conflictuelles du même rite romain. Cette “astuce” – car il s’agit d’un trucage systématique – a apporté la “bataille”, pas la “paix”. C’est pourquoi TC a abrogé SP : parce qu’il n’est pas possible de construire des “ponts” entre différentes formes du rite romain, mais seulement des ponts entre les personnes diverses qui utilisent toutes la même forme commune du rite romain.

    b) Toujours au début, puis à plusieurs reprises dans vos réponses, vous soulignez la “dureté” et la “sévérité” de TC, qui se résume dans la perception que vous exprimez ainsi : “Le texte du Pape suggère que tout doit être fait pour que le mode de célébration sous forme extraordinaire disparaisse le plus rapidement possible. Cela inquiète à juste titre les fidèles qui sont attachés à cette forme”. D’une certaine manière, vous semblez évaluer cette histoire sous un angle privilégié. Certains monastères bénédictins, dont le vôtre, avaient en quelque sorte anticipé, sous une forme particulière et non sans éléments de rigidité et d’obstination, la solution que l’on pensait transformer en 2007 en “droit commun”. Dure et sévère a été la précipitation voulue en 2007. Elle a créé des illusions, des distorsions de perspectives, des mirages et des cauchemars. L’invention – à la limite de la mystification – d’une “forme extraordinaire” ajoutée 50 ans plus tard à la forme ordinaire rédigée sur instruction du Concile et rendue “facultative” est une démarche trop dure et trop sévère. Face à cette “dure accélération de la nostalgie”, CT apparaît au contraire comme un acte de modération et de reprise organique de la véritable histoire commune. Ce n’est pas une “prétention absurde de François” que le VO (=Vetus Ordo) disparaisse : c’est toute la tradition qui a toujours su – au moins jusqu’à l’amnésie institutionnelle de 2007 – qu’une réforme générale du rite romain remplace le rite précédent par le nouveau. Et le rite romain se trouve être celui qui résulte de la réforme. Comme cela a toujours été le cas, à travers les âges.

    c) Vous pensez que certains liturgistes “méprisent” la forme extraordinaire du rite romain et que la seule voie vers la paix serait la reconnaissance mutuelle entre les deux “formes” : ceux qui célèbrent le NO (=Novus Ordo) devraient reconnaître le VO et ceux qui célèbrent le VO devraient reconnaître le NO. Mais là aussi, les choses ne peuvent pas fonctionner ainsi, que ce soit sur le plan théologique, spirituel ou pastoral. En ce qui concerne les liturgistes, je ne peux parler qu’en mon nom et je ne me permets pas de parler au nom de tiers. Mais en ce qui me concerne, je n’ai aucun mépris pour le VO : simplement, je ne le connais pas et ne peux pas le connaître : c’est le Concile Vatican II qui le veut ainsi. Parce que c’est la forme du rite romain que le Concile a voulu réformer et qui m’est parvenue sous la seule forme que j’ai jamais célébrée : celle d’après 1969. Je trouve curieux que moi, qui suis né en 1961, je puisse dire cela en toute conscience, alors que vous, qui êtes né cinq ans après moi, pouvez célébrer ordinairement avec la forme extraordinaire. Bien sûr, je sais bien que votre identité française, vos origines vendéennes, l’histoire de l’Église de France, qui a mis en œuvre la réforme liturgique de manière beaucoup plus lente et avec moins de finesse qu’en Italie, parlent d’elles-même ici. En Italie, avec toutes nod limites, nous avons effectivement mis en œuvre et appliqué la réforme. L’accès au rite romain s’est fait dans la nouvelle forme qui est rapidement devenue ordinaire et unique, comme cela s’est toujours produit dans l’histoire de l’Église. C’est mon expérience, depuis le début, qui me parle du rite romain dans la seule forme en vigueur, depuis que j’ai l’âge de raison. Non pas par mépris personnel, mais par invraisemblance traditionnelle.

    d) Vous parlez, en même temps, de “ne pas rejeter le texte de François” et d’”attachement à la forme extraordinaire”. Le premier est une “norme”, le second une “affection”. Je crois qu’il y a là le côté le plus délicat de la question, qui ne peut être résolu ni par des “décrets d’en haut” ni par le “populisme d’en bas”. Avec TC, la façon d’aborder la question a changé. Il n’y a plus de “forme extraordinaire” du rite romain (quelque chose qui a été inventé en 2007 par SP et qui n’a aucun fondement dans le passé ecclésial) mais une seule forme du rite (celle dite “ordinaire”) et quelques concessions à l’usage du rite “non en vigueur”, qui sont destinées avec le temps à être réduites à néant. C’est la physiologie ecclésiale, pas la pathologie de François. Ainsi, le défi de faire la paix passe des “ponts entre deux formes rituelles” aux ponts “entre les fidèles qui utilisent la seule forme commune”. Beaucoup des choses que vous désignez comme “inaliénables” dans la VO doivent être découvertes, introduites ou reconnues dans l’Ordo voulu par le Concile Vatican II. Et ne serait-ce pas un petit signe de paix si une abbaye bénédictine comme la vôtre, qui a nourri une certaine hostilité à l’égard de Vatican II, se donnait progressivement à la découverte des trésors liturgiques du NO et les mettait en commun, dans l’expérience monastique et dans l’expérience ecclésiale. Et aidait ainsi toute l’Église à vivre la continuité de l’essentiel du depositum fidei (=dépôt de la foi) dans la nouvelle formulation de sa présentation.

    e) Les paroles des jeunes qui disent “la réforme n’est pas terminée” sont importantes et tout à fait vraies. La réforme ne fait que commencer. Mais cela ne justifie pas une réponse décevante : soit parce qu’elle leur fait croire qu’ils peuvent rester de ce côté de la réforme, dans un rite artificiel qui n’a plus aucun fondement ; soit parce qu’elle leur fait croire au manque de style et au laisser-aller d’une routine sans soin et sans expérience vivante. Le travail commun, transgénérationnel, sur le seul rite commun est l’horizon que le Pape François a voulu, avec autorité, remettre au centre de l’attention. Contre le détournement introduit dans l’église par la théorie de la “double forme”, qui a trompé et chagriné tout le monde. Sur un plan strictement théologique, il y a eu, au cours de ces 14 années, une sorte de “folie collective” dont François nous a réveillés, avec des mots d’une grande clarté, en vue d’une véritable réconciliation. Ce travail de réconciliation ne peut être réalisé par l’invention d’une “compétition” entre deux formes rituelles, la seconde ayant été créée pour corriger et amender la première.

    Cher Père Abbé, vous dites bien : ” Il est temps de construire des ponts “, en supprimant les lectures idéologiques. Tout d’abord, celles qui créent artificiellement un régime de “concurrence déloyale” entre des formes rituelles qui n’ont pas été faites pour ça et qui ne peuvent coexister, sinon exceptionnellement, que par un indult. Je comprends le désarroi de ceux qui s’étaient bercés de l’illusion qu’ils pouvaient vivre “universellement” avec cette contradiction embarrassante. Mais pour consoler les déçus et les trompés, nous devons utiliser les mots de TC, pas ceux de SP : sinon la blessure ne sera pas guérie et les ponts ne seront que la dénomination opportuniste par laquelle nous continuerons à appeler et à construire de nouveaux murs infranchissables”. 

    (traduzione dall’italiano al francese di Pierre Vignon)

    http://www.cittadellaeditrice.com/munera/cher-pere-abbe-sur-la-paix-liturgique-en-dialogue-avec-dom-pateau/

    Bref, un dialogue avorté: cela commence bien! Pour mémoire, l’abbaye de Fontgombault compte, sauf erreur, une soixantaine de moines auxquels il faut ajouter quelques 170 moines issus d’un essaimage de cette abbaye-mère vers ses quatre abbayes filles fondées (Triors, Randol, Donezan) ou reprise (Wisques) par elle en France et une cinquième abbaye fondée aux Etats-Unis (Clear-Creek)...

    JPSC