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Histoire - Page 58

  • Les archives parlent : Pie XII a bien procédé au sauvetage de milliers de juifs

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    De la revue de presse de l'Homme Nouveau ("Au quotidien, n°340") :

    Pie XII, les archives parlent

    Au quotidien n°340 : Pie XII, les archives parlent

    L’ouverture des archives relatives au pontificat de Pie XII a laissé espérer à un certain nombre d’idéologues que les preuves seraient apporter de la collusion de l’Église avec le nazisme. Selon l’historien Jean-Marc Albert, qui publie une tribune libre sur ce sujet dans Valeurs actuelles (10 février 2022), non seulement il n’en est rien, mais c’est le contraire qui se produit.

    les découvertes réalisées par les chercheurs n'ont fait que conforter cette intuition selon laquelle Pie XII a bien procédé au sauvetage de milliers de juifs. Les faits ne sont pas nouveaux, mais depuis la représentation en pleine guerre froide de la pièce le Vicaire, de Rolf Hochhuth, ancien des Jeunesses hitlériennes, les accusations d'attentisme voire de complicité de Rome avec le IIIe Reich ont terni l'image du souverain pontife jusqu'à jeter l'opprobre sur son procès en béatification. Le Vatican a ouvert les archives de la guerre avant le délai de rigueur pour faciliter le travail des historiens dont le père Blet fut une éminente figure. Ce qui est reproché à Pie XII n'est pas tant son “silence” que d'avoir parlé en tant que pape, non comme le responsable d'une organisation humanitaire. C'est selon les principes de la charité, amour du prochain pour l'amour de Dieu, plutôt qu'au nom des droits de l'homme, qu'il a œuvré à sauver des vies et des âmes.

    Dès 1928, un décret romain fustige l'antisémitisme. Encore cardinal, Eugenio Pacelli, futur Pie XII, prononce quarante discours hostiles au nazisme et participe à l'encyclique Mit brennender Sorge (mars 1937) qui, rappelant l'unité de la condition humaine, affirme que « quiconque prend la race, le peuple, ou l'État […] et les divinise par un culte idolâtrique, celui-là renverse et fausse l'ordre des choses ». La vision nazie de l'homme s'inspire de la pensée socialiste révolutionnaire incompatible avec la morale évangélique. Dans son encyclique inaugurale, Summi pontificatus (1939), Pie XII s'en prend aux « idéologies » obsédées par « la race ». Les Alliés diffusent alors clandestinement ce texte en Allemagne. Déplorant leurs plus faibles résultats électoraux dans les régions catholiques, les dignitaires nazis n'auront de cesse de persécuter le catholicisme, “surgeon du judaïsme”. Le SS Heydrich dira que le pape « se fait lui-même le porte-parole des criminels de guerre juifs ». Surtout, la parole de Pie XII est isolée au sein des organisations internationales, poussant Albert Einstein à dire que « l'Église catholique a été la seule à élever la voix contre l'assaut mené par Hitler contre la liberté ».

  • Marie Madeleine retrouvée sous la plume de Chantal Reynier

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    De Gilles Donada sur le site du journal La Croix :

    « Marie de Magdala », de Chantal Reynier, apôtre incomparable

    L’exégète Chantal Reynier restitue à la figure de Marie Madeleine sa singularité, au-delà des défigurations qu’elle a subies au cours des siècles.

    6/02/2022

     

    Marie de Magdala - Chantal Reynier - Babelio

    Marie de Magdala

    de Chantal Reynier

    Cerf, 148 p., 12 €

    Après avoir démontré combien les femmes occupaient, contre toute attente, une place de choix dans le ministère de Paul (Saint Paul, libérateur des femmes), Chantal Reynier, professeure d’exégèse biblique au Centre Sèvres (Facultés jésuites de Paris), passe au crible une éminente figure féminine des Évangiles : Marie de Magdala.

    L’exercice est ardu tant Marie Madeleine a été tenue « prisonnière, jusqu’à en être défigurée, de la réception qui en a été faite au cours des siècles ». Sa destinée cultuelle et surtout culturelle – à laquelle l’autrice consacre deux riches chapitres – pousse sa figure « à l’extrême, mêlant érotisme, occultisme, gnose, sexe, Graal ».

    Celle qui est guérie de sept démons

    Il faut démêler les fils enchevêtrés qui confondent plusieurs Marie : celle qui est guérie de sept démons, présente au pied de la croix, à l’ensevelissement de Jésus et qui bénéficie de la première apparition du ressuscité ; Marie de Béthanie, la sœur de Marthe ; celle qui oint la tête de Jésus ; et la prostituée anonyme qui verse du parfum sur les pieds de Jésus. Cette fusion est imposée à l’Église par le pape Grégoire le Grand, dans un sermon donné à Saint-Jean-de-Latran en 591. Une enquête scripturaire fouillée conclut que l’authentique Marie Madeleine est la femme « de laquelle étaient sortis sept démons ».

    L’allusion à ses démons n’a pas pour but « d’attirer son regard sur son passé mais de mettre en avant ce qu’elle devient grâce au Christ » : une femme, « sujet à part entière, libre et responsable de sa vie ». Marie Madeleine prend la tête du groupe des femmes qui suivent Jésus – présence inédite chez les maîtres religieux du Ier siècle.

    Ces femmes « servent » (diakoneô en grec) en préparant les repas, en assurant la vie quotidienne, et en contribuant avec leurs propres ressources – autre rareté pour l’époque. Elles s’inscrivent dans la dynamique de Jésus qui est « comme celui qui sert » et qui invite ses disciples à faire de même.

    Fidèles jusqu’au bout, elles accomplissent le « parcours “complet” du disciple » en étant avec Jésus durant son ministère, en l’accompagnant – contrairement aux Douze, en fuite – dans sa Passion, sa mort, sa mise au tombeau. Marie Madeleine est, quant à elle, le « témoin privilégié » de sa résurrection, jusqu’à sa montée vers le Père.

    Chargée par Jésus d’annoncer les retrouvailles en Galilée, elle sera gratifiée par la tradition du titre unique d’« apôtre des apôtres ». En allant « au-delà de son désir de “possession” », Marie de Magdala se « laisse orienter par le désir de faire la volonté de Dieu ». Elle « initie à la nouvelle présence de l’absent et change la désolation en allégresse ».

  • Musique liturgique. Diffusion janvier 2022 : « Le Chant des premiers chrétiens », par l’Ensemble Organum (dir. Marcel Pérès) :

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  • Redécouvrir la figure de l’archéologue Giovanni Battista de Rossi

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    De Vatican News :

    Le Pape invite à redécouvrir la figure de l’archéologue Giovanni Battista de Rossi

    Le scientifique italien, considéré comme le fondateur de l’archéologie chrétienne moderne, est évoqué dans une lettre du Souverain Pontife écrite à l’occasion de la remise du prix des Académies pontificales, qui a lieu ce 1er février à Rome.

    Les traces des premières communautés chrétiennes foisonnent à Rome, mais ce n’est qu’au 19e siècle que leur protection et leur analyse s’est formalisée, grâce à une coopération étroite entre le Saint-Siège et des érudits passionnés.

    Parmi eux, l’Italien Giovanni Battista de Rossi (1822-1894), dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance. Comme le rappelle le Pape François dans une lettre adressée au cardinal Gianfranco Ravasi, président du conseil pontifical pour la Culture, on peut voir en de Rossi le fondateur de l’archéologie chrétienne moderne. Son contemporain Theodor Mommsen a déclaré qu'il avait «élevé cette discipline du rang de simple passe-temps érudit à celui de véritable science historique», ajoute le Saint-Père.

    Un modèle pour les universités chrétiennes

    François salue «l’extraordinaire engagement» de Giovanni Battista de Rossi, «savant infatigable qui a jeté les bases d'une discipline scientifique (…) encore présente aujourd'hui dans de nombreuses universités». L’archéologue italien a vécu «avec passion» «ce qui était pour lui une véritable vocation : découvrir et faire mieux connaître la vie des premières communautés chrétiennes de Rome, à travers toutes les sources possibles, à commencer par les sources archéologiques et épigraphiques», souligne le Successeur de Pierre.

    Son exemple «mérite d'être reproposé» là où sont enseignés aujourd’hui l’archéologie chrétienne, mais aussi la théologie et l’histoire du christianisme, estime le Pape.  

    Développement du culte des martyrs

    Dans sa missive, le Saint-Père évoque quelques traits marquants de la vie et de l’œuvre de Giovanni Battista de Rossi. Ses travaux «ont été fortement encouragés par le bienheureux Pie IX qui, le 6 janvier 1852, a créé la Commission d'archéologie sacrée». Celle-ci vise «la protection et la surveillance les plus efficaces des cimetières et des anciens bâtiments chrétiens de Rome et de la banlieue, pour les fouilles et les explorations scientifiques des cimetières eux-mêmes, et pour la conservation et la sauvegarde de tout ce qui a été trouvé ou mis en évidence au cours des fouilles».

    L'archéologue romain était également proche de Léon XIII, «qui l'a voulu comme hôte dans le palais apostolique de Castel Gandolfo pendant la dernière période de sa vie». Le soutien du Pape «s'est également traduit par l'achat par le Saint-Siège de terrains surplombant les catacombes les plus importantes», afin de préserver celles-ci. Ce fut notamment le cas de la catacombe de San Callisto, où fut découverte une crypte des Papes datant du IIIe siècle, ainsi que la tombe de sainte Cécile.

    Giovanni Battista de Rossi a aussi découvert de nombreuses tombes de martyrs romains «et, avec des collaborateurs et de jeunes chercheurs, a relancé le culte de ces martyrs». «Il a perçu et mis en évidence le sens profond de ces nécropoles souterraines, parsemées de milliers de niches funéraires identiques, comme pour exprimer plastiquement la fraternité et l'égalité de tous les membres de l'Église», fait remarquer François.

    Ces nombreux tunnels de catacombes découverts et étudiés par de Rossi sont encore parcourus de nos jours par de nombreux pèlerins, marchant sur les traces des premiers fidèles chrétiens.

    Les lauréats 2022

    Dans sa lettre, le Pape François désigne enfin les vainqueurs 2022 de la Médaille d’or du Pontificat, qui sera remise ce 1er février à Rome, en présence des cardinaux Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, et Gianfranco Ravasi. La médaille d’or revient au professeur Gyözö Vörös, membre de l'Académie hongroise des arts, pour ses recherches sur "Les fouilles archéologiques de Machaerus". La Médaille d'argent du Pontificat est quant à elle décernée ex-aequo au docteur Domenico Benoci, pour sa thèse sur "Les inscriptions chrétiennes de l’aire I de Saint Calixte", et au docteur Gabriele Castiglia, pour sa monographie "Topographie chrétienne de la Toscane centro-méridionale".

  • Le missel de Vatican II et le missel de Trente devenus inconciliables ?

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    Si quelqu’un dit que la liturgie tridentine reste « lex orandi » : anathema sit ? Réponse de l’abbé Claude Barthe dans la Lettre mensuelle  d'information et d'analyse "Res Novae"  de février 2022 :

    « La violence de l’offensive déclenchée par le pape François contre la liturgie traditionnelle, coupable de prospérer alors qu’elle jure trop visiblement avec la liturgie nouvelle, a surpris jusque dans les milieux progressistes. Cette violence est d’abord dans le fond : Traditionis custodes annule Summorum Pontificum sur un point majeur: « Ces deux expressions de la lex orandi de l’Église [le missel promulgué par Paul VI et le missel promulgué par Pie V et réédité par Jean XIII] n’induisent aucune division de la lex credendi de l’Église ; ce sont en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain », disait Benoît XVI. Ce qu’infirme François : « Les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, sont la seule expression de la lex orandi du Rite Romain ».

    Mais Traditionis custodes n’est pas un retour pur et simple à la promulgation de la réforme par Paul VI. Succédant à Summorum Pontificum, c’est un renforcement de sa signification.

    Rappel sur l’adage Lex orandi, lex credendi

    On prie ce que l’on croit, on croit ce que l’on prie. Le culte divin dont use l’Église est un vecteur privilégié de la profession de foi. Le fameux adage : lex orandi, lex credendi exprime les rapports étroits du culte divin, avec ses prières, gestes, symboles, et de la profession de foi, catéchisme, dogme. « Par la manière dont nous devons prier, apprenons ce que nous devons croire : legem credendi statuat lex supplicandi, que la loi de la prière règle la loi de la foi », disait une lettre aux évêques de Gaule attribuée au pape Célestin Ier, (il s’appuyait sur les « ces formules de prières sacerdotales », les collectes de la messe, pour répondre à l’hérésie pélagienne).

    Pie XII avait donné une précision dans l’encyclique Mediator Dei, que les experts audacieux du Mouvement liturgique auxquels elle s’adressaient auraient dû prendre au sérieux : la liturgie n’est pas un terrain d’expérience qu’approuve ensuite l’Église, comme si le magistère était à la remorque des pratiques, mais c’est d’abord parce qu’elle est soumise au suprême magistère que la prière de l’Église « fixe » la règle de foi comme un des modes d’expression de ce même magistère.

    Ce qui, rapporté aux modifications – généralement très lentes, organiques comme on dit – que l’Église romaine approuve dans telle partie de son culte, ou de celles qu’elle apporte en édictant un office ou une messe, ou en procédant à telle réorganisation dans le calendrier, le rituel, le bréviaire, nous assure qu’au minimum elles ne contiennent pas d’erreur, et qu’elles peuvent aussi apporter des précisions doctrinales (l’institution de la messe et de l’office du Christ-Roi par Pie XI).

    Par la nature de ce qu’est le magistère – la transmission du dépôt révélé –, la formulation postérieure ne contredit jamais l’ancienne, mais elle l’éclaire. Par exempleles mots transsubstantié, transsubstantiation, canonisés au XIIIe siècle par Innocent III et le 4ème concile du Latran, explicitent le terme de conversio du pain et vin en Corps et Sang, utilisé par saint Ambroise dans son De Sacramentis. Parler aujourd’hui de conversio reste parfaitement catholique ; mais en revanche, s’en tenir au terme de conversio en refusant celui de transsubstantiation serait fort suspect.

    On ne peut faire une analogie rigoureuse avec la succession des « formulations » du culte, mais le principe est identique : « De même, en effet, qu’aucun catholique sérieux ne peut, dans le but de revenir aux anciennes formules employées par les premiers conciles, écarter les expressions de la doctrine chrétienne que l’Église, sous l’inspiration et la conduite du divin Esprit, a dans des âges plus récents élaborées et décrété devoir être tenues, […], de même, quand il s’agit de liturgie sacrée, quiconque voudrait revenir aux antiques rites et coutumes, en rejetant les normes introduites sous l’action de la Providence, à raison du changement des circonstances, celui-là évidemment, ne serait point mû par une sollicitude sage et juste[1]. »

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  • Redevenue mosquée, Sainte-Sophie suscite des inquiétudes

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    D'Anne Andlauer sur le site du Figaro via ce blog :

    Turquie: inquiétudes pour Sainte-Sophie, redevenue mosquée par la volonté d’Erdogan

    31 janvier 2022

    ENQUÊTE – L’Unesco attend ce mardi des Turcs un rapport sur l’état de conservation de Sainte-Sophie. Ce symbole d’Istanbul, tour à tour église byzantine, mosquée ottomane puis musée républicain, est redevenu mosquée en juillet 2020. Certaines préoccupations demeurent.

    La seule chose qu’on n’entend plus à l’intérieur de Sainte-Sophie, ce sont les bruits de pas. Les touristes, par centaines à certaines heures, se promènent en chaussettes sur le tapis couleur turquoise qui recouvre le marbre gris. Ils ont les yeux levés vers la grande coupole, les oreilles tournées vers le guide qui commente la visite. C’est un brouhaha multilingue.

    À LIRE AUSSI Sainte-Sophie, la reconquête turque d’un symbole chrétien

    Pendant que les touristes déambulent, s’assoient ou même s’allongent sur le tapis et font un selfie, des fidèles musulmans prient. Plus on avance vers les côtés et le bout de la nef – là où est situé le mihrab – plus on voit d’hommes, imperturbables, réciter le Coran ou se prosterner à toute heure. Des femmes aussi, mais à l’écart, dans une zone qui s’étire à gauche, derrière d’épaisses colonnes et un moucharabieh en bois. Et puis, cinq fois par jour, dans ce mélange de recueillement et d’agitation permanent, résonne l’appel à la prière.

    Un haut-parleur invite les visiteurs à reculer derrière des barrières. Lucia s’attarde quelques instants, puis récupère ses chaussures dans un casier du vestibule. «J’ai été très surprise, confie cette jeune Espagnole en laissant glisser le voile léger qui couvrait ses cheveux. Je ne m’attendais pas à ce que ça soit si grand. Je m’y suis vraiment sentie comme dans une mosquée, pas du tout comme dans un musée.»

    Un édifice redevenu mosquée

    Ainsi va Sainte-Sophie depuis le 24 juillet 2020. Depuis que l’édifice est redevenu mosquée au cours d’une grande prière à laquelle participait le chef de l’État, Recep Tayyip Erdogan. Deux semaines plus tôt, le Conseil d’État l’avait rendu, de droit, au culte musulman, jugeant qu’il n’aurait jamais dû lui être retiré, au motif que le bâtiment appartient à une fondation dont les statuts prévoient son usage comme mosquée. Sainte-Sophie d’Istanbul, née basilique byzantine en 537 sous l’empereur Justinien, convertie en mosquée quand les Turcs ottomans menés par Mehmet II conquièrent Constantinople en 1453, transformée en musée en 1934 par le président-fondateur de la République de Turquie, Mustafa Kemal Atatürk, s’appelle désormais, de nouveau, la grande mosquée Sainte-Sophie.

    «Quand la prière est terminée, des gens du monde entier, musulmans et non-musulmans, visitent Sainte-Sophie. La seule différence avec le musée, c’est qu’ils entrent gratuitement. C’est mieux, non?», s’amuse Ferruh Mustuer, 50 ans, l’un des deux imams affectés au service de la mosquée. «De jour comme de nuit, ceux qui entrent ici sont nos invités, et nous les accueillons de la meilleure des manières. Sainte-Sophie appartient à tous.»

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  • Shoah : les Américains n'ont pas voulu croire Pie XII

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    De Vatican News :

    Pie XII a été très tôt au courant de la Shoah selon un historien

    Le Pape Pie XII (1939-1958) a personnellement sauvé au moins 15 000 juifs et a su très tôt ce qu'était la Shoah. L'historien allemand Michael Feldkamp peut maintenant le prouver grâce aux découvertes faites dans les archives du Vatican. Selon Feldkamp, Pie XII a envoyé un rapport sur la Shoah aux Américains peu après la conférence de Wannsee, mais les Américains ne l'ont pas cru.

    Entretien réalisé par Mario Galgano – Cité du Vatican

    L'archiviste en chef du Bundestag (la chambre basse du Parlement allemand), Michael Feldkamp, participe depuis plusieurs années à des recherches historiques sur le Pape Pie XII. Il a publié sur des sujets tels que la nonciature de Cologne et la diplomatie papale, ainsi que des articles sur les relations entre l'Église catholique et le national-socialisme. Son ouvrage paru en 2000 intitulé "Pie XII et l'Allemagne" visait à faire connaître l'état complexe de la recherche à un public plus large et se voulait également une réponse au livre de John Cornwell intitulé «Le Pape et Hitler, l’histoire secrète de Pie XII». Michael Feldkamp collabore avec l'archiviste du Vatican Johannes Icks.

    Michael Feldkamp, vous avez récemment été dans les archives du Vatican et avez vu des documents jusqu'ici inconnus sur Pie XII, avant et après son élection au trône de Pierre. Selon vous, qu'y a-t-il de nouveau dans la recherche sur Pie XII que le grand public ne connaît pas encore ?

    Tout d'abord, nous, en Allemagne, ne sommes pas les seuls à faire des recherches sur Pie XII. Il n'y a pas que des historiens dans ce domaine, mais aussi des journalistes - dont nous avons également besoin comme multiplicateurs. Ce qui est nouveau maintenant, et ce que nous avons toujours su jusqu'à présent, c'est qu'Eugenio Pacelli, c'est-à-dire Pie XII, était au courant de l'Holocauste très tôt.

    LIRE AUSSI : Seconde guerre mondiale: l’aide massive du Saint-Siège aux Juifs

    En ce qui concerne l'extermination systématique des juifs d'Europe, Pie XII a envoyé un message au président américain Roosevelt en mars 1942 - deux mois après la conférence de Wannsee. Il l'a averti que quelque chose se passait en Europe dans les zones de guerre. Ces messages n'ont pas été considérés comme crédibles par les Américains. Nous savons aujourd'hui (...) que Pie XII était confronté à la persécution des juifs presque quotidiennement. Tous les rapports lui ont été présentés et il a créé son propre bureau au sein de la deuxième section de la Secrétairerie d'État, où le personnel doit s'occuper exclusivement de ces questions. Il y avait Mgr Domenico Tardini - qui devint plus tard un cardinal important lors du Concile Vatican II - et il y avait Mgr Dell'Acqua, lui aussi plus tard cardinal. Il est également considéré comme l'un des principaux auteurs de la Constitution du Concile Vatican II sur la réconciliation avec les juifs (Nostra Aetate).

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, ces dirigeants étaient en contact très étroit avec Pie XII, lui rendant compte quotidiennement des persécutions et des déportations de masse, ainsi que du sort individuel des personnes qui s'adressaient à eux. Et ce qui est passionnant aujourd'hui, c'est que nous pouvons estimer que Pie XII a personnellement sauvé environ 15 000 juifs grâce à ses propres efforts: ouverture de monastères, transformant les cloîtres afin que des personnes puissent y être cachées, etc. Tout ceci est une énorme sensation ! Les pièces d'archives que j'ai trouvées maintenant au Vatican me montrent avec quelle précision Eugenio Pacelli a été informé.

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  • Covid-19 : endémie ou pandémie ?

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    Selon les autorités de santé internationales, le Covid-19 pourrait devenir une maladie endémique, à plus ou moins long terme. Un terme qui, s’il semble moins alarmiste, doit nous obliger à rester vigilants. Explications. Un article publié par Olivia Elkaim sur le site web de l’hebdomadaire « La Vie » :

    « Avec l’augmentation de l’immunité dans la population et avec Omicron, il y aura beaucoup d’immunité naturelle en plus de la vaccination. Nous avancerons rapidement vers un scénario qui sera plus proche de l’endémicité », a avancé Marco Cavaleri, chef de la stratégie vaccinale de l’Agence européenne des médicaments (AEM), à la mi-janvier. De fait, la circulation extrêmement rapide de ce variant et de son « petit frère », le variant dit « BA.2 », encore plus contagieux, pourrait nous faire sortir de la pandémie dans quelques mois.

    A lire aussi : Comment grandir, travailler, aimer, prier, voter avec le Covid ?

    Le docteur Philippe Chambraud, généraliste à Paris, se montre optimiste : « Je me fonde sur trois études en Afrique du Sud, aux États-Unis et en Grande-Bretagne. La pandémie est devenue telle avec ces variants, avec une telle profusion de contaminations, que la population va être immunisée. Par ailleurs, dans l’histoire des pandémies, au bout de deux ou trois ans, ça s’arrête. »

    A lire aussi : La crise sanitaire a-t-elle affaibli l’Occident ?

    Pour autant, ce coronavirus disparaîtrait-il, comme ce fut le cas en 2003 avec le Sars-Cov-1 ? « On conçoit mal comment le Covid-19 pourrait disparaître aujourd’hui, tempère Étienne Decroly, virologue et directeur de recherche au CNRS, dans l’équipe Réplicases virales à l’université d’Aix-Marseille. Ce n’est pas une hypothèse raisonnable dans la mesure où le virus est présent dans la population humaine et dispose de réservoirs potentiels. Il va devenir endémique, car il est désormais très largement diffusé dans la population. Sur le moyen terme, on espère la fin de la pandémie. »

    Trois types de Covid-19

    Épidémie, pandémie, endémie… il faut expliquer ces mots. Au stade épidémique, un agent infectieux se propage de manière locale. Quand il se diffuse de manière mondiale, on parle alors de pandémie. Dans le cas de l’endémie, l’agent pathogène est installé dans la population. Il persiste et advient épisodiquement.

    Quelles sont les maladies endémiques connues ? Les rhumes, par exemple, comme le rappelle Frédéric Langinier, généraliste en Paca. Actuellement, quatre coronavirus circulent en France et nous réinfectent en permanence. À ceux-ci s’ajoutent les trois types de Covid-19 (qui sont aussi des coronavirus) présents sur le territoire : le Delta, l’Omicron BA-1 et son sous-lignage le BA-2, plus transmissible, mais pas forcément plus grave. « On peut espérer qu’avec la fabrication d’anticorps, liée aux multiples infections, l’Omicron devienne un simple rhume qui dure trois à cinq jours », explique le médecin.

    Mais attention, endémie ne signifie pas forcément maladie bégnine. Surtout, elle est là pour toujours. On doit « vivre avec » l’herpès ou le Sida-VIH, qui, en 2020, selon l’ONU, a encore tué environ 680 000 personnes dans le monde… La dengue et le chikungunya sont également endémiques dans les régions tropicales, véhiculé par le moustique – c’est sa piqûre qui transmet ces maladies.

    A lire aussi : Pourquoi le vaccin contre le sida n'arrive pas

    Selon la principale agence fédérale des États-Unis pour la protection de la santé publique, une endémie se traduit donc par « la présence constante et/ou la prévalence habituelle d’une maladie ou d’un agent infectieux dans une population au sein d’une zone géographique ».

    Dans le cas du Covid-19, beaucoup de questions se posent encore. « S’il devient endémique, quel sera son niveau de circulation ?, interroge Étienne Decroly, connu pour ses travaux sur le Sida. L’immunité acquise avec Omicron est telle qu’il est probable que le virus ne soit plus capable d’infecter massivement la population. Mais attention, on ne connaît pas la durée de l’immunité conférée par Omicron, ni même quels variants peuvent apparaître à l’avenir, avec quelle capacité d’échappement immunitaire. »

    Les trois scénarios envisagés pour la suite

    Étienne Decroly déploie plusieurs scénarios. Première hypothèse : la situation actuelle perdure. Le virus circule de manière importante avec une pathogénicité similaire ou accrue. La pathogénicité, c’est le pouvoir pathogène d’un agent infectieux (bactérie, virus ou champignon), c’est-à-dire sa capacité à provoquer des troubles chez son hôte. Mais cette hypothèse n’est pas la plus probable compte-tenu de l’immunité qui s’installe dans la population avec la vaccination et la diffusion d’Omicron.

    Deuxième hypothèse : le virus continue de circuler avec des épisodes hivernaux plus intenses. Il échappe un peu à l’immunité conférée par les vaccins et par les précédentes infections. Dans ce cas, la population à risque devra se faire vacciner chaque année avec un vaccin évolutif, comme celui de la grippe, adapté aux souches circulantes.

    Troisième hypothèse, la plus optimiste : le virus se transforme et n’infecte que les voies respiratoires supérieures, en provoquant une sorte de rhume, comme le suggère aussi Frédéric Langinier…

    A lire aussi : À quand un traitement contre le Covid-19 ?

    Si le Covid-19 devenait endémique, avec des épisodes épidémiques, il n’y aurait plus de désorganisations sociales, économiques et sanitaires telles qu’on en a connu depuis deux ans. En Espagne, les autorités préparent déjà un plan de gestion de cette infection, similaire à celui des autres maladies respiratoires hivernales.

    Ref. Covid-19 : endémie ou pandémie ?

    Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le bilan de la grippe espagnole est estimé de 40 à 50 millions de morts. Cette pandémie est considérée comme l'une des plus meurtrières de l'histoire de l'humanité : en deux années (1918–1919) elle a fait plus de victimes que la Première guerre mondiale. Mais le Covid 19, qui n’a pas encore dit son dernier mot, est entré présentement dans sa troisième année d’existence...

  • Don Bosco à l'honneur sur France Catholique

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    Au sommaire de France Catholique

    Aymeric Pourbaix présente le dernier numéro de France Catholique sur le thème : « Don Bosco : un maître éducateur. »

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    Église : retrouver l’éducation

    par Gérard Leclerc

    Selon l’expression de Jean XXIII, l’Église est à la fois « mater et magistra  ». Sa maternité spirituelle ne va pas sans mission éducatrice.
     
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    Don Bosco : un phare pour la jeunesse

    de notre envoyé spécial, Matteo Ghisalberti

    La tendresse et l’attention envers les jeunes ont été les clefs de voûte de l’œuvre de saint Jean Bosco. Les valeurs qui ont façonné la mission du grand éducateur demeurent vivantes, en particulier à Turin. Reportage.
     
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    « L’éducation : œuvre de Salut »

    propos recueillis par Constantin de Vergennes

    Enseigner, éduquer et guider les enfants vers le Ciel : Jean Bosco et Jean-Baptiste de La Salle, à eux seuls, tracent le portrait de l’éducateur chrétien.

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    Un triptyque essentiel et mystérieux

    par le P. Jean-François Thomas, s.j.

    Parmi les nombreuses grâces et dons particuliers dont bénéficia saint Jean Bosco se trouvent une multitude de  révélations. La plus célèbre d’entre elles donne à méditer sur l’essentiel de la foi : les Trois Blancheurs.
     
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    Une triomphale tournée en France

    par Anne Bernet

    Pour financer le projet colossal de la basilique du Sacré-Cœur de Rome, saint Jean Bosco n’a pas hésité à passer la frontière, en 1883, pour solliciter les dons des Français.

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    Don Bosco : l’ami des jeunes

    par Défendente Genolini

    Saint Jean Bosco, communément appelé Don Bosco, était «  l’ami légendaire des jeunes sans amis  ».
     
  • Motu proprio sur la liturgie : « Pourquoi chercher à éradiquer une mouvance qui est une source précieuse de conversions ? »

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    16-novembre-2013-messe-action-grace-latin-selon-missel-romain-1962les-25-Fraternite-Sacerdotale-Saint-Pierre-presidee-Abbe-Vincent-Ribeton-leglise-Saint-Sulpice-Paris_0.jpgA propos d’un motu proprio qui ne passe décidément pas la rampe :  tribune du journaliste et écrivain Laurent Dandrieu dans le journal « La Croix » du 25 janvier 2021 :

    « TRIBUNE. Le débat continue autour du motu proprio Traditionis Custodes du pape François dans les colonnes de La Croix. Pour le journaliste et écrivain Laurent Dandrieu, le rite ancien ne sent pas le renfermé mais est au contraire « éminemment missionnaire » et à la source de « nombre de vocations » dont l’Église a tant besoin.

    Dans une tribune publiée le 27 décembre dans La Croix, Mgr François Blondel s’en prend aux catholiques traditionalistes. Sa thèse est résumée dès le titre : la « violence réactionnaire » de leurs réactions au motu proprio Traditionis Custodes du pape François montre tout le bien-fondé de celui-ci. Notons que Mgr Blondel ne donne aucun exemple de cette « violence réactionnaire » : pour notre part, nous avons entendu des réactions blessées, un fort sentiment d’injustice, beaucoup d’incompréhension, de la colère même, mais rien qui puisse justifier cette expression.

    Une sorte de réserve d’Indiens ecclésiale

    Blessure, sentiment d’injustice, incompréhension, colère : ces réactions des traditionalistes devant le motu proprio Traditionis Custodes (partagées par beaucoup de fidèles qui ne fréquentent aucunement la liturgie traditionnelle) sont-elles illégitimes ? Mgr Blondel les accuse de ne pas supporter qu’on leur « fasse des remarques » : l’expression paraît faible pour qualifier les mesures extrêmement dures prises à leur encontre par le pape François.

    → ANALYSE. Dans les milieux traditionalistes, « l’incompréhension » domine après le motu proprio du pape François

    En demandant aux évêques de ne pas autoriser de nouvelles célébrations traditionnelles, en exigeant que celles existantes soient chassées des églises paroissiales, en soumettant leur autorisation à un contrôle de la « conformité ecclésiale » de ces communautés (ce qui introduit à leur égard un soupçon de non-communion), en soumettant les nouveaux prêtres désireux de célébrer selon ce rite à une autorisation préalable de Rome (curieuse conception de la synodalité…), le pape dresse un véritable cordon sanitaire autour des traditionalistes, relégués dans une sorte de réserve d’Indiens ecclésiale. Jusqu’à extinction, puisque le pape précise dans une lettre aux évêques que le rite ancien ne sera autorisé que le temps dont ces fidèles auront besoin « pour revenir au rite romain ».

    Une dureté sans trace de « sollicitude paternelle »

    La raison de cette dureté ? Le rite traditionnel, écrit le pape, aurait été instrumentalisé pour rejeter le concile Vatican II et entretenir le « rejet de l’Église et de ses institutions » par des fidèles et des prêtres qui se considéreraient comme « la vraie Église ». Le ton est sec, disciplinaire, sans aucune trace de cette « sollicitude paternelle » affirmée par le Saint-Père au début de son motu proprio. Il justifie le sentiment de blessure et la colère, naturelle quand cette sollicitude à laquelle on vous reconnaît le droit vous est pratiquement déniée.

    → TRIBUNE. Motu proprio : « La nostalgie pour le passé ne peut plus servir de modèle pastoral »

    Quant à l’injustice, elle naît de cette description biaisée dans laquelle les traditionalistes ne reconnaissent rien de ce qu’ils vivent au jour le jour. L’expérience montre au contraire que, grâce à la libéralité du motu proprio Summorum pontificum promulgué en 2007 par Benoît XVI (et abrogé par celui de François), les catholiques « des deux rites » avaient cessé de se regarder en chiens de faïence, pour voir leurs ressemblances plutôt que ce qui les séparait. Contrairement à ce qui est dit, l’immense majorité des traditionalistes ne rechigne aucunement à fréquenter également le rite selon le missel de Paul VI. Dans les paroisses où les deux rites sont célébrés, on a appris à se connaître et à travailler ensemble.

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  • Eglise du Saint-Sacrement à Liège : messe de la fête de la Chandeleur chantée en grégorien le mercredi 2 février 2022 à 18h00

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    Eglise du Saint-Sacrement à Liège

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    Bd d’Avroy, 132 

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    Mercredi 2 février 2022 à 18h 

    Présentation de Jésus au Temple et Purification de Notre-Dame

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    Bénédiction et distribution des cierges

    Procession dans l’église à la lueur des cierges

    Messe grégorienne (Kyriale IX – Credo IV)

     

    → Les cierges sont allumés pour l’Evangile et du Sanctus au Pater

    Bénédiction de saint Blaise (pour protéger la gorge)

    → Avec cette fête, le cycle de Noël prend fin et la crèche est démontée

    Plus de renseignements sursumcorda@skynet.be ou 04 344 10 89

     

  • Benoît XV, un pape prophétique mais injustement négligé

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    Benoît XV, Pape de 1914 à 1922

    De Massimo Scapin sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Benoît XV, un pape prophétique (mais négligé)

    22-01-2022

    Il y a cent ans, le 22 janvier, mourait Benoît XV, né Giacomo della Chiesa. Très cher à Ratzinger, il reste dans les mémoires pour ses propos sur le "massacre inutile" de la Première Guerre mondiale et son engagement pour la paix. Mais il avait des mérites dans bien d'autres domaines, des relations avec les Orientaux à la résolution de la question moderniste. Et il a favorisé la musique sacrée, en promouvant la réforme de Saint Pie X.

    Il y a un siècle, le 22 janvier 1922, le pape de la paix mourait à l'âge de 67 ans : Benoît XV, né Giacomo della Chiesa. Né à Gênes dans une famille noble le 21 novembre 1854, il obtient sa licence en droit à 20 ans, devient prêtre à 24 ans, secrétaire du nonce apostolique à Madrid à 28 ans, minuteur à 32 ans et député à la Secrétairerie d'État à 46 ans, archevêque de Bologne pendant sept ans à 53 ans, créé cardinal à 59 ans et élu pape trois mois plus tard.

    Cette grande figure du XXe siècle est injustement négligée. Il y a eu un regain d'intérêt lorsque Benoît XVI, au début de son pontificat, a déclaré : "J'ai voulu m'appeler Benoît XVI pour me rattacher idéalement au vénéré pontife Benoît XV, qui a dirigé l'Église dans une période troublée à cause de la Première Guerre mondiale. Il a été un courageux et authentique prophète de la paix et il a œuvré avec un grand courage d'abord pour éviter la tragédie de la guerre et ensuite pour limiter ses conséquences néfastes" (Benoît XVI, Audience générale, 27 avril 2005).

    La plupart des gens ne se souviennent de Benoît XV que pour son opposition à la Première Guerre mondiale, à "la plus sombre tragédie de la haine et de la démence humaines" (Benoît XV, Homélie, 30 juillet 1916). Ils rappellent l'auteur de l'Exhortation apostolique 'Dès le début', envoyée le 1er août 1917 aux chefs des peuples belligérants, dans laquelle sont indiquées des solutions particulières, propres à mettre fin à "cette lutte formidable qui, chaque jour davantage, apparaît comme un inutile massacre".

    Pourtant, à y regarder de plus près, il y a beaucoup à dire sur son bref pontificat, qui a duré un peu plus de sept ans. En fait, comme l'écrivait le cardinal Giuseppe Siri (1906-1989), archevêque de Gênes, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Benoît XV : "Si quelqu'un se lève pour le scruter à fond, il rendra justice au grand pape et rendra l'histoire plus honnête" (J. F. Pollard, Il papa sconosciuto. Benedetto XV, 1914-1922, e la ricerca della pace, San Paolo, Milan 2001, p. 5). En examinant les nombreux domaines dans lesquels le pape génois était impliqué, nous trouvons : le rapport avec le monde oriental, en constituant une Sacrée Congrégation spéciale pour l'Église orientale et en fondant à Rome un institut pour les études de l'Orient chrétien ; le problème des missions, en promouvant l'organisation autonome des Églises locales dans les territoires de mission et la libération du conditionnement politique et économique par les nations européennes ; la question moderniste, en la résolvant avec prudence ; la discipline ecclésiastique, en promulguant le Code de droit canonique, voulu par saint Pie X ; la musique sacrée.

    Si saint Pie X peut être appelé le grand pape de la musique sacrée, Benoît XV a également un mérite considérable pour la réforme décrétée par le pape Sarto. Il en a encouragé la mise en œuvre à plusieurs reprises par sa parole et sa main généreuse : au début de son pontificat, le 23 septembre 1914, lorsqu'il a reçu à Rome les représentants de l'Association italienne de Santa Cecilia et de l'École pontificale de musique sacrée ; lors d'audiences aux évêques et aux mélomanes ; lorsqu'il a béni les nouvelles institutions de musique sacrée aux États-Unis et en Espagne ; et lorsqu'il a envoyé des messages aux participants des congrès de musique liturgique ou sacrée.

    L'école, fondée par saint Pie X en 1910 et inaugurée le 3 janvier 1911, a en réalité été fondée par Benoît XV qui, le 10 juillet 1914, par un rescrit de la Secrétairerie d'État, l'a déclarée "pontificale" et lui a accordé la faculté de conférer des grades académiques. Après un incendie qui s'est déclaré dans la soirée du 22 novembre 1914 dans ses premiers locaux très modestes de Via del Mascherone, 55, près de la Piazza Farnese, l'école, grâce à Benoît XV, a déménagé, peut-être le 15 mars 1915, au Palazzo dell'Apollinare, alors siège du Vicariat de Rome.

    Le 7 mai 1915, Benoît XV accorde à l'École pontificale sa première audience. Après l'avoir encouragée à poursuivre "avec constance dans la voie qu'elle avait commencée", à se développer, à se perfectionner et à se maintenir "digne des plus nobles traditions des Instituts pontificaux romains", il ajoutait : "Notre encouragement s'est limité jusqu'à présent à donner à l'Ecole des locaux plus vastes et un siège plus digne ; mais nous espérons, dans des circonstances meilleures, pouvoir contribuer à lui donner une plus grande impulsion et un développement plus vigoureux" (Il primo decennio della Pontificia Scuola Superiore di musica sacra in Roma, in La Civiltà cattolica, quad. 1674, Rome 1920, p. 528).

    Le Comité auxiliaire de l'Institut pontifical de musique sacrée, fondé au début de 1915 à New York par l'écrivain et musicienne Justine Ward (1879-1975), a pris une part active à ce développement, avec le double objectif de restaurer la musique sacrée aux États-Unis et de soutenir l'École pontificale de Rome. Avec un autre bienfaiteur américain, Herbert D. Robbins, Ward fit don du grand orgue Tamburini opus 74 à trois claviers et trente registres, situé dans l'historique Sala Gregorio XIII, la salle académique ou Aula Magna de l'Institut, inaugurée le 6 novembre 1921 par le célèbre organiste et compositeur Marco Enrico Bossi (1861-1925), qui interpréta pour la première fois ses Tre momenti francescani, op. 140 (voir E. Cominetti). 140 (cf. E. Cominetti, Marco Enrico Bossi, Gioiosa Editrice, Sannicandro Garganico 1999, pp. 49, 110).

    Enfin, concernant l'intérêt du pontife génois pour la musique sacrée, il ne faut pas oublier la lettre 'Non senza vivo' du 19 septembre 1921, envoyée au cardinal Vincenzo Vannutelli (1836-1930), évêque d'Ostie et de Palestrina et doyen du Sacré Collège des cardinaux, à l'occasion de l'inauguration de la statue de Giovanni Pierluigi à Palestrina. Benoît XV voulait y "promouvoir de plus en plus cette ferveur de restauration musicale qui, heureusement commencée par Notre prédécesseur de vénérable mémoire, dans la première année de son pontificat, s'est répandue et intensifiée dans toutes les régions du catholicisme". Il ne voulait pas que la ferveur allumée par les "sages normes" de son prédécesseur se refroidisse, "surtout en ce qui concerne la polyphonie classique qui, comme on l'a si bien dit, a atteint le sommet de sa perfection dans l'école romaine par l'œuvre de Giovanni Pierluigi da Palestrina".