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Livres - Publications - Page 51

  • Assiste-t-on à un alignement des comportements dans l’Église sur la pensée woke ?

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    De l'abbé Jean-Marie Perrot sur Res Novae :

    Comportements ecclésiastiques et idéologies déconstructivistes

    Assiste-t-on peu à peu, bien qu’avec une récente accélération, à un alignement des comportements dans l’Église sur la plus radicale des idéologies déconstructivistes de notre temps, à savoir la pensée woke, la cancel culture ? Par ces termes, on désigne de manière commode des analyses intellectuelles et un militantisme qui entendent lutter contre des formes de racisme, d’homophobie, etc., déclarés structurels, c’est-à-dire contre le patriarcat occidental blanc sous toutes ses formes ; le combat pouvant et, à certains égards, devant passer par la disparition sociale des personnes qui le perpétuent et qui, par-là, empêchent l’avènement d’une société apaisée, ouverte et inclusive.

    L’exemplaire cas James Alison

    Un livre récemment traduit en français en porte clairement la marque. Son titre est un programme : La foi au-delà du ressentiment. Fragments catholiques et gays (éditions du Cerf, 2021). Son auteur ne l’est pas moins : James Alison, issu d’une famille anglicane, s’étant converti au catholicisme à l’âge de 18 ans, entra chez les dominicains et devint prêtre en 1988. A la fin de la décennie suivante, il fut suspendu de toute fonction sacerdotale (suspens a divinis) en raison d’une vie ouvertement homosexuelle. En 2017, le 2 juillet, il reçut un appel téléphonique personnel de François qui lui déclara : « Je veux que vous marchiez avec une profonde liberté intérieure, à la suite de l’Esprit de Jésus. Et je vous donne le pouvoir des clés. Est-ce que vous comprenez ? Je vous donne le pouvoir des clés. ».

    En ouverture de son ouvrage, James Alison pose, au nom de la vérité de la foi telle qu’il la présente, une affirmation radicale : « Je n’ai jamais associé le catholicisme à la grande annihilation de l’être dont le monde monothéiste a marqué le désir homosexuel, même s’il s’est plié à ces forces d’annihilation, y a succombé et les a institutionnalisées, même s’il n’a pas été assez courageux pour y résister comme il l’aurait dû. » (p.28) Le hiatus exprimé entre monothéisme et foi chrétienne pourrait intriguer. En fait, en disciple revendiqué de René Girard, James Alison pense la mort de Jésus comme la dénonciation par la victime des schémas sacrificiels qui s’efforcent de réguler les sociétés humaines, prises dans la spirale mortifère des désirs mimétiques. Il découle de celle-ci une violence indifférenciée, de tous contre tous, qui, quand elle s’est exacerbée, demande que la communauté soit réconciliée ; cela se fait autour d’un bouc émissaire, de sa mort, sanglante ou non d’ailleurs. A certains égards, selon René Girard, Jésus fut l’un d’eux. Toutefois, par la liberté qui fut la sienne, par le fait que le récit de sa mort est écrit, non par les bourreaux, mais par ses disciples, Jésus dénonce la fausseté du procédé victimaire et dès lors rend possible une vraie fraternité.

    Selon James Alison, l’évolution des sociétés a conduit l’Église, surtout depuis l’accès de Bergoglio au siège de Pierre, à poser un regard différent sur les personnes homosexuelles. Le pape François, notamment par son « qui suis-je pour juger ? », a dénoncé l’évidence de l’exclusion des LGBT+ ; plus encore, il porte notre regard vers la rigidité des juges et des persécuteurs pour désigner la responsabilité de la situation. Ceci permet de plus librement repenser le récit théologique et moral sur le désordre sexuel, de le déconstruire, en remontant à la création et à la chute originelle ; sans pour autant essayer d’argumenter et de convaincre, car il s’agit moins de réfuter des arguments faux que de dévoiler un système d’oppression : cette mise au jour, à nu, suffit à lui retirer sa légitimité, bientôt ses forces. Toutefois, il convient, selon James Alison toujours, de ne pas tomber dans le ressentiment et de renverser le processus victimaire contre tel ou tel tenant d’une morale conservatrice. Car ce qui est en question, ce n’est pas cette personne, mais, dans l’Église, « un système hypocrite de couverture et d’expulsion » (p.62).

    L’inclusion des exclus

    James Alison n’est pas, nous le croyons, un cas isolé. Sa pensée consonne avec des paroles et des attitudes plus institutionnelles. Évidemment, les choses ne sont pas dites aussi franchement. Pour autant, un profond renouvellement de la conception des frontières de l’Église est opéré actuellement, et il s’avère inquiétant en ce qu’il se dirige dans cette direction.

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  • "Dieu, la science, les preuves" : le livre qui bouleverse nos certitudes

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    Nous évoquions hier la parution de ce livre.

    De Philippe Oswald sur La Sélection du Jour :

    Quand la science croit en Dieu, le livre qui bouleverse nos certitudes

    « Dieu, la science, les preuves » : l'aube d'une révolution ?

    « Un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène » : cet adage aurait pu servir d’exergue au livre-événement de Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies : « Dieu, la science, les preuves » (éditions Guy Trédaniel), qui sera en librairie le 13 octobre prochain. « Événement » n’est pas trop fort : c’est « le livre qui bouleverse nos certitudes » titre Le Figaro Magazine qui lui consacre sa « une » et son dossier de la semaine (en lien ci-dessous).

    Les certitudes ainsi bousculées sont anciennes et ont mal vieilli : elles remontent au scientisme qui n’a cessé de croître du XVIe au XIXe siècle. De Copernic à Freud en passant par Galilée, Laplace et Darwin, le développement des sciences a mis la question de l’existence de Dieu entre parenthèses : « Je n’ai pas besoin de cette hypothèse » disait ainsi Laplace à Napoléon. Le courant de pensée matérialiste athée s’est appuyé sur les succès scientifiques pour exercer en Occident une domination croissante et il se prolonge jusqu’à nos jours avec le transhumanisme qui prétend assurer le salut de l’humanité par la technoscience.

    Mais voilà que ce scientisme tout-puissant auto-proclamé est battu en brèche … par la science elle-même ! Celle-ci s’est comme retournée au cours du XXe siècle, avec une série d'avancées prodigieuses : les découvertes de la thermodynamique, de la Relativité, de la mécanique quantique, de la théorie du Big Bang confortée par celles de l’expansion de l’Univers et de sa mort thermique inéluctable, mais aussi par les observations de la vertigineuse finesse du « réglage » qui a présidé à l’apparition du Cosmos et à l’émergence des atomes, des étoiles et de la vie sur Terre. Cette odyssée scientifique inouïe nous conduit à des années-lumière du matérialisme naïf qui imprègne encore les esprits. A la décharge du plus grand nombre, il est difficile de suivre l’extraordinaire développement des sciences dans l’infiniment petit et l’infiniment grand, et d’en saisir la trajectoire dans une vue synthétique.

    C’est précisément le défi relevé par les deux auteurs de cet essai, respectivement maître es-sciences et polytechnicien : concilier l’accessibilité à un large public et l’exactitude scientifique, au cours d’une longue enquête menée avec une vingtaine de spécialistes de haut-niveau (l’ouvrage est préfacé par Robert Woodrow Wilson, prix Nobel de physique 1978 et codécouvreur du rayonnement de fond cosmologique, lointain écho du Big Bang survenu il y a 13,8 milliards d’années).

    Quel enjeu non seulement intellectuel mais existentiel peut rivaliser avec la question de l’existence de Dieu ? Après avoir été mise entre parenthèses et comme abolie par la science « scientiste », le livre explique pourquoi cette question revient en force avec la révolution conceptuelle des XXe et XXIe siècles. Car toutes les découvertes modernes mises à jour suivent des trajectoires qui convergent vers des conclusions bouleversantes. On peut résumer tout cela en disant qu'alors qu'il y a 100 ans tous les savants étaient persuadés du contraire, il y a aujourd'hui un consensus scientifique pour reconnaître que la vie complexe suppose des ajustements des lois de la nature d’une stupéfiante précision, statistiquement totalement improbable, et les savants sont maintenant également unanimes à reconnaître que l’Univers est en expansion, qu’il a eu un début et qu’il aura une fin. Or si le temps, l’espace et la matière ont eu un commencement et si l’Univers implique un réglage d’une telle complexité, comment ne pas se reposer la question qui hantait déjà les « sages » (à la fois savants et philosophes) de l’Antiquité, d’un « principe premier », d’un être à l’origine de tout, un être transcendant, intelligent, intemporel et immatériel, que la religion appelle Dieu ?

    Sommes-nous alors réellement, comme l'affirme le sous-titre du livre « à l'aube d'une révolution » ? Peut-on sérieusement arriver à des certitudes au sujet de l'existence de Dieu ? Le retour en force de cette question essentielle - véritable retournement épistémologique - n’en est certes qu’à ses débuts, mais à la lecture de l'ouvrage il est possible de partager le raisonnement optimiste des auteurs qui affirment à la fin de leur introduction : « En définitive, Dieu existe ou pas : la réponse existe indépendamment de nous et elle est binaire. C’est oui ou c’est non. Seul notre manque de connaissance a pu être un obstacle jusqu’à maintenant. Mais la mise au jour d’un faisceau de preuves convergentes à la fois nombreuses, rationnelles et provenant de champs du savoir différents et indépendants, apporte un éclairage nouveau et peut-être décisif à cette question. »

    Quand la science croit en Dieu, le livre qui bouleverse nos certitudes
    Le Figaro Magazine 08-10-2021
  • Et si les découvertes de la science étaient suffisantes pour convertir les incroyants d'aujourd'hui ?

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    De sur le site du Figaro :

    Quand la science croit en Dieu, le livre qui bouleverse nos certitudes

     
    Les athées ne peuvent plus s’appuyer sur la science pour démontrer que Dieu n’existe pas. Les croyants peuvent-ils à leur tour invoquer les ­découvertes de la science pour prouver Dieu? pickup - stock.adobe.com

    EXCLUSIF - Les découvertes de la relativité, de la mécanique quantique, de la complexité du vivant, de la mort thermique de l’Univers et, surtout, du Big Bang sont-elles suffisantes pour convertir les incroyants d’aujourd’hui? Les auteurs de Dieu, la science, les preuves en sont convaincus.

    Le 18 décembre prochain, le James-Webb Telescope sera lancé depuis Kourou, en Guyane, et placé en orbite autour du Soleil, à 1,5 million de kilomètres de la Terre. Le remplaçant d’Hubble découvrira-t-il dans la faible lueur de lointaines galaxies le «visage de Dieu»? Les deux auteurs du livre Dieu, la science, les preuves, Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, n’ont pas besoin d’en être convaincus: ils le voient déjà.

    Ils retracent donc avec fougue les étapes de la plus époustouflante odyssée scientifique de l’humanité. En 1992, l’astrophysicien nobélisé George Smoot a photographié la première lumière cosmique d’un Univers encore vagissant, 380.000 ans après le Big Bang. Son image montrait un ovale bleuté, taché de couleurs safran et orangées. C’est à lui que l’on doit d’avoir dit devant la Société américaine de physique: «C’est comme voir le visage de Dieu.»

    Les scientifiques et la foi

    Depuis, les observateurs de ce passé vieux de 14 milliards d’années ne cessent d’accumuler de nouveaux éléments, et les décennies... (la suite est en accès payant)

    ... et sur le site de Livres Hebdo :

    « Dieu, la science, les preuves » : dans les coulisses d’un livre hors norme

    L’ouvrage de Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies, enjeu de cette rentrée pour les éditions Guy Trédaniel, a nécessité trois ans de recherches poussées et réuni de nombreux scientifiques et spécialistes autour d’un objectif commun : présenter les preuves modernes de l’existence de Dieu.

    Mis à jour le 24.08.2021

    C’est une question millénaire et qui opposait, en apparence, science et foi : existe-t-il un dieu créateur ? A rebours des idées reçues, les auteurs Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies s’attachent à y répondre dans Dieu, la science, les preuves, en librairie le 13 octobre prochain, tiré à 50 000 exemplaires par les éditions Guy Trédaniel. Fruit d’un travail rigoureux de plus de trois ans, cet ouvrage divisé en 24 chapitres indépendants fait appel aux avancées scientifiques les plus récentes. « Tout ce que nous expliquons du point de vue de la science, les spécialistes le savaient déjà, mais chacun dans leur domaine. Nous avons voulu écrire un ouvrage de synthèse à destination du grand public, qui montre que tout converge », résume le polytechnicien et entrepreneur Olivier Bonnassies.

    D’une vidéo à 1,5 million de vues à un livre de 600 pages

    Non croyant dans sa jeunesse, Olivier Bonnassies trouve dans le livre Y a-t-il une vérité ?, du philosophe Jean Daujat, une première réponse à ses questionnements. L’ouvrage expose les raisons rationnelles de croire en Dieu : « Plus je me renseignais, plus je trouvais des raisons sérieuses de croire », explique le fondateur du site d’actualité chrétienne Aleteia et du Centre international Marie de Nazareth, en Israël. Mais c’est en 2013 qu’il pose la première pierre de ce qui deviendra l’ouvrage de 590 pages à paraître début octobre. Invité par le professeur de philosophie de l’un de ses enfants à présenter les raisons de croire, il en tire une vidéo, « Démonstrations de l’existence de Dieu et raisons de croire chrétiennes », au succès immédiat sur YouTube, et qui cumule aujourd’hui 1,5 million de vues. C’est à ce moment-là que l’ingénieur et industriel Michel-Yves Bolloré, fondateur du groupe France Essor, lui soumet son projet de livre à quatre mains. C’est le début d’un long processus de sélection des thèmes à aborder, de lectures et d’entretiens, avec en ligne de mire la recherche rationnelle de la vérité. « Nous pensions y consacrer un an, le projet nous en a demandé plus de trois », souligne Olivier Bonnassies, pour qui « la question de l’existence de Dieu est devenue intéressante parce qu’elle n’est plus indécidable ».

    20 spécialistes, plus de 200 citations

    Les co-auteurs racontent comment les découvertes scientifiques, qui sont longtemps allées à l’encontre de la foi, peuvent désormais se ranger du côté de l’existence de Dieu dans de nombreux champs du savoir. Ainsi de la question de l’origine de l’Univers, ou du passage de l’inerte au vivant, de l’immense complexité du code génétique et du réglage biologique extrêmement fin nécessaire à la création des protéines, ribosomes et acides aminés, si peu probables qu’ils ne peuvent être dus au hasard. Et les auteurs de citer le généticien français Daniel Cohen - à qui l’on doit la première carte génétique humaine - passé d’athée à agnostique face au « programme écrit dans un langage extraordinairement sophistiqué » qu’est le génome. Einstein, Friedmann, Lemaître, Planck, Gödel, Penrose, Vilenkin, Hawking, Prigogine, Crick, Watson… Michel-Yves Bolloré et Olivier Bonnassies renforcent leur propos avec plus de 200 citations de savants contemporains. Une vingtaine de scientifiques ont contribué par leurs apports et leurs conseils à la rédaction de ce livre. « Nous avons aussi été relus par de grands scientifiques, des membres de l’Académie des sciences, des chercheurs du CNRS », indique Olivier Bonnassies. Le prix Nobel de physique 1978 Robert Wilson, qui a découvert, avec Arno Penzias, le fonds diffus cosmologique, signe lui la préface du livre : « cet ouvrage offre une perspective particulièrement intéressante sur la science, la cosmologie et leurs implications philosophiques ou religieuses ».

    Un documentaire en préparation

    Cet ouvrage de vulgarisation scientifique consacre par ailleurs plusieurs chapitres aux preuves « hors science » de l’existence de Dieu, navigant de la Bible à des miracles inexpliqués, en passant par la personne de Jésus ou le destin du peuple juif. Et il n’est qu’une première étape de travail pour ses deux auteurs, qui ont déjà signé pour la réalisation d’un documentaire sur la question de l’existence de Dieu.

  • Déboulonner la statue du Père Damien ?

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    C'est sans doute ce que l'on fera bientôt en Flandre où la parution d'un livre consacré à l'histoire des missionnaires trouve de larges échos dans la presse. Selon Het Nieuwsblad (6 octobre, p. 6) :

    "Le Père Damien était lui aussi pris dans un système d'exclusion"

    Le missionnaire le plus connu dans la rue flamande est - sans surprise - le Père Damien. Il a reçu des éloges internationaux pour son aide aux lépreux de Molokai, a été proclamé le plus grand Belge et a également été canonisé. Cette semaine, le livre Missionnaires est sorti : Histoire, mémoire, décolonisation, dans lequel l'historien Idesbald Goddeeris a recensé tous les "marqueurs" (statues, noms de rues, plaques commémoratives, etc.) des missionnaires. Sur les 323, 59 sont pour Damien. ... Selon Goddeeris, la vénération du Père Damien est également trop unilatérale pour cette raison. "Nous le connaissons comme l'homme qui a vécu parmi les lépreux pendant des années au risque de sa propre vie. C'est vrai, il les a soutenus et a fondé des hôpitaux. Mais la vérité historique est qu'il faisait en même temps partie d'un système d'exclusion qui opprimait la population locale et ne permettait pas, par exemple, la construction d'hôpitaux dans le reste du pays. Il n'était pas non plus seul sur Molokai. Il recevait de fréquentes visites, même de la reine et du premier ministre d'Hawaï, et se rendait régulièrement dans la capitale, Honolulu, où il était reçu comme une célébrité." (...)

    La culture woke a trouvé dans le Nord du pays une terre d'élection où de très nombreux esprits lui sont acquis d'avance...

  • Mais où sont les neiges d’antan ? à la recherche d’une littérature catholique disparue

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    "Le XXème siècle: un âge d’or des écrivains catholiques ? A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la France connaît une période d’effervescence religieuse, perceptible dans le monde de l’art et de la pensée. Alors que triomphent la séparation des Églises et de l’État, la laïcisation de la société, bien des intellectuels adhèrent à la foi catholique. Qui sont ces hommes ? Quel est leur parcours ? Comment l’Église réagit-elle à ce phénomène ? Comment l’écrivain voit-il son propre rôle après sa conversion ? Et, au fond, l’écrivain catholique ne se pense-t-il pas tout autant nécessaire que le prêtre, pour la conversion des âmes ? L’émission Au risque de l’histoire propose de percevoir le XXe siècle comme un âge d’or des écrivains catholiques. Pour éclairer cette question, Christophe Dickès reçoit les historiens Frédéric Gugelot et Claire Daudin". Diffusé sur KTO, dans la série "Au risque de l'histoire".

    Cliquer sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=KM_XoFKsVOY

    JPSC

  • Tout ce que tes amis savent sur Galilée est faux; voici comment rétablir la vérité

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    De Christopher Graney sur le National Catholic Register (Christopher Graney Christopher Graney est astronome et historien des sciences à la Specola Vaticana (l'observatoire astronomique du Vatican) à Rome et à la Fondation de l'Observatoire du Vatican à Tucson, Arizona (siège du télescope à technologie avancée du Vatican sur le mont Graham) :

    Tout ce que tes amis savent sur Galilée est faux - Voici comment rétablir la vérité.

    Galilée n'a pas prouvé que la Terre bouge. Il n'a pas inventé le télescope. Il n'a pas été excommunié, torturé ou brûlé. Alors, d'où viennent ces idées ?

    Justus Sustermans, “Portrait of Galileo Galilei,” ca. 1640
    Justus Sustermans, "Portrait de Galileo Galilei", vers 1640 (photo : Public Domain)

    27 septembre 2021

    Nous avons reçu un message haineux concernant Galilée ici à l'Observatoire astronomique du Vatican. C'était drôle - et pas drôle à la fois. Cela provient d'origines respectables. Et cela renvoie au problème plus large de la vérité aujourd'hui.

    Le "courrier" était constitué de commentaires sur les médias sociaux. Ce printemps, notre nouveau site web, VaticanObservatory.org, a bénéficié d'une certaine couverture médiatique (le National Catholic Register en a parlé). Cette couverture nous a attiré l'attention de certains qui ne pouvaient pas concilier les siècles de travail scientifique de l'Observatoire du Vatican avec l'histoire de Galilée. Ils ont laissé des commentaires affirmant que les catholiques avaient l'habitude de "griller" les gens qui faisaient de la science, et ainsi de suite.

    C'était amusant dans la mesure où ces commentateurs confiants étaient tellement mal informés. Nous avons entendu que Galilée a inventé "le premier télescope spatial", que l'Église a brûlé Copernic sur le bûcher - et Galilée aussi, qu'elle l'a torturé et excommunié, etc. Mais il n'est jamais vraiment drôle de voir des gens répandre avec assurance des informations erronées. Cela l'est d'autant moins que la désinformation est si courante aujourd'hui. 

    Dans le cas de Galilée, il est facile de voir pourquoi la désinformation abonde. Dans les livres pour enfants, dans les livres destinés aux touristes qui se rendent en Italie, et même dans les livres de grammaire, on peut lire que Galilée a été persécuté par l'Église pour avoir prouvé que la Terre est en mouvement, qu'il a été excommunié, et ainsi de suite. Mais Galilée n'a pas prouvé que la Terre est en mouvement. Il n'a pas été excommunié. Il n'a pas inventé le télescope. Il n'a pas été torturé, ni brûlé, et Copernic non plus. Alors, d'où viennent ces idées ? 

    Malheureusement, elles proviennent trop souvent de sources apparemment respectables et érudites ; qui d'autre parlerait d'un scientifique du 17e siècle ? Même récemment, un certain nombre de livres d'apparence respectable ont été publiés pour promouvoir ce que le pape Jean-Paul II a appelé le "mythe" de Galilée :

    L'astronome de Harvard Avi Loeb a publié en 2021 un livre intitulé Extraterrestrial : The First Sign of Intelligent Life Beyond Earth, publié par Houghton Mifflin Harcourt - Loeb écrit que Galilée a été jugé pour hérésie par des personnes qui "refusaient même de regarder dans son télescope", et qu'il a été "forcé d'abandonner ses données et sa découverte" et de se rétracter.

    Le livre de 2020 de l'historien britannique Timon Screech, The Shogun's Silver Telescope : God, Art, and Money in the English Quest for Japan, 1600-1625, publié par Oxford University Press - Screech soutient que les Anglais ont cherché à saper les missionnaires jésuites au Japon en y emportant un télescope en 1611. En effet, les jésuites enseignaient l'astronomie aux Japonais avides de sciences, et un télescope aurait semé la confusion et mis dans l'embarras toute leur mission. En effet, les télescopes permettaient à tout observateur attentif de constater que Copernic avait raison, à savoir que la Terre se déplace autour du soleil, par opposition aux jésuites.

    Le livre Galileo and the Science Deniers (2020) de l'auteur populaire et astrophysicien Mario Livio, publié par Simon & Schuster - Livio soutient que les adversaires de Galilée étaient, comme le dit le titre, des négateurs de la science. Il écrit que Galilée a été contraint d'abandonner "ce qu'il considérait comme les seules conclusions logiques possibles en faveur de ce qui s'apparentait à une version du dix-septième siècle du politiquement correct", à savoir la crainte de conflits avec les Écritures.

    Tout ceci est de la désinformation. Considérez l'idée de "refuser de regarder dans un télescope". Maffeo Barberini - le pape Urbain VIII - a été la force motrice derrière la condamnation de Galilée en 1633 pour suspicion d'hérésie. Barberini avait été un admirateur de Galilée. En 1620, il lui a écrit une lettre à laquelle il a joint un poème qu'il avait écrit et dans laquelle il se référait à Galilée comme à "un frère". Le poème fait l'éloge des découvertes télescopiques de Galilée, notamment les lunes qui encerclent Jupiter et les taches sur le soleil.

    Mais ces découvertes n'ont pas montré que la Terre était en mouvement. Le mouvement de la Terre ne découlait pas logiquement des données disponibles. Les télescopes n'ont pas permis à un observateur attentif de constater que Copernic avait raison. 

    Les livres énumérés ci-dessus contiennent des erreurs, certaines assez fondamentales, malgré toutes les ressources dont dispose, par exemple, un auteur de Harvard ou un éditeur d'Oxford. Comment cela est-il possible ? Peut-être parce que nous savons aujourd'hui que la Terre est en mouvement, et parce que le mythe de Galilée est si familier. Personne ne considère que le mouvement de la Terre n'était peut-être pas scientifiquement évident à l'époque de Galilée. 

    Et l'Église, et en particulier Urbain VIII, est le méchant de l'histoire de Galilée. L'ancien "frère" de Galilée s'est retourné contre lui - pour des raisons incertaines, Urbain est passé de l'éloge de Galilée en poésie à une explosion de rage à la mention de son nom. Galilée n'est ni torturé ni brûlé, mais il est assigné à résidence.

    Pourtant, à l'époque de Galilée, les gens étaient soumis aux châtiments les plus cruels pour des crimes relativement insignifiants. Le pont de Londres est hérissé de têtes de criminels exécutés, empalées sur des poteaux. L'esclavage était introduit dans le Nouveau Monde. Dans une époque aussi cruelle, pourquoi la traque d'un scientifique ayant des amis puissants est-elle si notoire ? 

    Probablement parce que le mythe de Galilée tire sa force de l'idée qu'il a été persécuté pour la science. Il est donc important de comprendre la science de l'époque. Que Galilée ait été logique en soutenant que la Terre est en mouvement, que ses opposants aient été des négationnistes de la science, que toute personne équipée d'un télescope ait pu constater que la Terre bouge - pour répondre à ces questions, il faut d'abord se plonger dans la science telle qu'elle était à l'époque de Galilée, et non se contenter de répéter de vieux mythes.

    Voulons-nous la vérité ou des mythes ? Voulons-nous vraiment apprendre ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, ou voulons-nous simplement confirmer ce que nous savons déjà pour pouvoir le balancer sur les médias sociaux ? Si tout ce que nous voulons, c'est une histoire racontant que Galilée a prouvé que la Terre bouge et qu'il a été renversé par une cabale d'hommes puissants qui ne voulaient même pas regarder dans un télescope et voir par eux-mêmes qu'il avait raison, alors les livres respectables qui répètent les mythes ne posent aucun problème. Pas plus, d'ailleurs, que toutes les autres fausses informations qui abondent aujourd'hui.

    Mais les catholiques doivent rechercher la vérité. C'est l'une des raisons pour lesquelles le Vatican soutient un observatoire astronomique et participe ainsi à la recherche de vérités scientifiques. Il n'y a donc rien de drôle dans le mythe de Galilée. Il n'y a rien de drôle dans la désinformation.

  • Liturgie : A propos du motu proprio « Traditionis custodes » dégradant la forme extraordinaire du missel romain: une question de sémantique

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    « Comment nommer ce missel mis à l’index (tiens…) par le pape François ? La question est-elle superflue ou byzantine ?

    missale-romanum-1962-grand-format.jpgNous ne le croyons pas un instant. Nommer les choses est de la plus haute importance, les Écritures en témoignent à de nombreuses reprises. Le nom c’est l’être et comme le disait Camus : mal nommer les choses c’est ajouter du malheur au monde. Comment donc faut-il nommer ce missel qui est au centre de la question religieuse depuis plus de cinquante ans ? Missel tridentin, de saint Pie V, de saint Jean XXIII, ancien missel, missel traditionnel, missel grégorien, missel en latin, missel de 1962… Écartons immédiatement les appellations de forme ordinaire et extraordinaire que le pape François a biffé de sa plume même s’il serait instructif de revenir sur ce sujet spécifique d’une double forme du rit romain.

    Plus que de missel, il convient de parler de messe et plus largement de liturgie. Quel que soit le respect que l’on porte et que l’on doive à l’objet que le prêtre embrasse, le missel n’est jamais qu’un support alors que la messe est la réalité sacramentelle. On pourrait se passer du livre, pas des prières qu’il renferme (j’ai souvenir d’un chanoine pyrénéen aveugle qui célébrait par cœur la messe votive à la sainte Vierge et nombreux sont les témoignages de prêtres qui ont célébré mentalement dans les camps de tous les totalitarismes dont la modernité est profuse). Quant à la liturgie, elle recouvre des réalités plus vastes puisqu’elle englobe dans une même cohérence cultuelle non seulement la messe, mais encore l’Office divin, les autres sacrements, les sacramentaux et qu’elle va jusqu’à façonner la civilisation.

    C’est donc globalement de liturgie dont nous parlons tous, le pape comme nous autres ; et au fond de cette question s’affrontent deux approches liturgiques.

    Deux approches divergentes de la liturgie.

    L’une, héritière du mouvement liturgique qui inspira la réforme demandée par le concile Vatican II, menée à bien par ses principaux théoriciens, est visible partout. Cette conception liturgique fait du rit un enjeu pastoral. La liturgie est le rassemblement de la communauté qui prie ensemble, fait mémoire et célèbre. Partant de l’idée neuve que la liturgie doit être accessible immédiatement, elle doit faire ressentir l’appartenance à une communauté, elle doit répondre aux attentes concrètes des situations de vie incarnée des participants, elle fait cercle. Pour parvenir à ses fins, elle doit donc user des artifices des modes du temps. Elle assume d’être du monde et de s’en inspirer pour mieux toucher les hommes de ce temps. Tout ceci est demandé textuellement par le concile Vatican II dans Sacrosanctum concilium : révision des livres liturgiques en faisant appel à des experts (n°25) ; promotion de la participation active en favorisant acclamations, actions, gestes et attitudes corporelles (n°30) ; simplicité, brièveté, suppression des répétitions, rites adaptés à la capacité de compréhension des fidèles (n°34) ; utilité de la langue du pays dans toute la liturgie (n°36) ; adaptation des rites à la diversité des assemblées, des régions, des peuples… (n° 38) ; efficacité pastorale (n°40) ; adaptations des rites aux nécessités de notre temps (n°62)… Pour respecter ces principes il est donc nécessaire de réviser continuellement, d’adapter et de dater. Cette compréhension de la liturgie est par nature progressiste et vouée à d’incessantes évolutions puisqu’elle veut répondre aux attentes des hommes du jour.

    L’autre approche, traditionnelle en ce sens que c’est celle constante et ininterrompue de l’Église jusqu’à aujourd’hui compris (même si c’est de manière limitée et restreinte depuis 1969) comprend la liturgie comme le culte public que l’Église rend à Dieu par diverses expressions, artifices et moyens (sens, objets, temps, espace…) car tout vient de Dieu et que tout est pour Dieu. La liturgie c’est la manière concrète pour les hommes de répondre à la première table du décalogue et à la première demande du Pater. Elle est verticale car elle relie le Ciel et la terre, hiérarchique comme toute la création, orientée vers notre source et notre fin. La liturgie c’est la « joie de Dieu » (Alcuin), c’est la lumière du monde ; comment prétendre aménager la lumière ? Comment vouloir l’adapter ? Je ne peux m’empêcher de songer à cette réflexion de Sylvain Tesson sur un sujet pas si éloigné de notre réflexion : « Il fallait que les hommes fussent drôles pour s’imaginer qu’un paysage eût besoin qu’on l’aménageât. D’autres parlaient d’augmenter la réalité. Un jour peut-être s’occuperaient-ils d’éclairer le soleil ? (Sylvain Tesson, Sur les chemins noirs, 2016, Gallimard). La liturgie n’est pas une invention, une création, elle ne nous appartient pas et ne peut être le fruit de notre créativité. Elle n’est pas le fruit d’une volonté mais un héritage. La liturgie est l’expression de la foi catholique, elle s’est longuement sédimentée, sans autre but précis que de rendre gloire à Dieu ; elle est l’aboutissement de 2000 ans de christianisme non sans quelques apports du culte de l’ancienne alliance. Si la codification et la normalisation ont connu des étapes importantes (la Réforme Grégorienne ou le concile de Trente par exemple), le rit ancien est le fruit de la longue et lente maturation spirituelle de tous ceux qui nous ont précédés et avec qui nous sommes en relation par la communion des saints. La liturgie par essence se méfie de la nouveauté et des idées personnelles. La liturgie qui englobe tous les mystères de notre foi et qui rend Dieu présent (par la réunion des baptisés en son nom, par sa Parole et plus encore dans l’Eucharistie), n’est que lentement pénétrable bien qu’elle soit immédiatement aimable. La liturgie, en cachant, possède la paradoxale particularité de désigner : c’est entre autre tout l’usage liturgique des voiles qui attirent l’attention sur ce qu’ils dissimulent par la majesté, la délicatesse et la beauté dont ils usent ; on pourrait en dire autant de la langue sacrée et de l’orientation. Il faut accepter humblement et patiemment cette difficulté à saisir certains aspects des rites, c’est la condition d’un enthousiasme inlassable, d’un émerveillement sans cesse renouvelé et d’un progrès spirituel véritable. De même qu’on ne devient pas saint Jean de La Croix ou sainte Catherine de Sienne un petit matin en laçant ses souliers, on ne peut approcher les réalités insondables que renferme l’écrin liturgique d’un coup de baguette magique ou par une invention de l’équipe d’animation pastorale.

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  • L'Eglise et les chrétiens face à l'esclavage

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    De sur le site de La Libre :

    Église et chrétiens face à l’esclavage

    Olivier Grenouilleau brosse une fresque passionnante de leurs relations depuis 2 000 ans.

    23-09-2021

    Le 3 décembre 1839, une lettre apostolique du pape Grégoire XVI condamnait officiellement l'esclavage et la traite : "Nous conjurons instamment dans le Seigneur tous les fidèles, de quelque condition que ce soit, qu'aucun d'eux n'ose à l'avenir tourmenter injustement les Indiens, les Nègres et autre semblables, ou les dépouiller de leurs biens, ou les réduire en servitude […] ou exercer ce commerce inhumain par lequel les Nègres, comme si ce n'étaient pas des hommes, mais de simples animaux réduits en servitude […], sont achetés, vendus et voués quelquefois aux travaux les plus durs".

    En termes clairs et nets, le Pape expose la position de l’Église catholique sur l’esclavage comme jamais auparavant. Certes, elle avait obtenu au XVe siècle la fin de la détention d’esclaves chrétiens par des chrétiens en Europe, et au XVIe siècle l’abolition par Charles Quint de l’esclavage des Indiens dans l’Amérique espagnole, mais les Portugais n’en tinrent pas compte et la traite des Africains débuta…

    À partir de 1839, la position de l’Église fut définitivement tranchée, et une de ses plus grandes voix, le cardinal Lavigerie (1825-1891), archevêque d’Alger, mena un combat infatigable contre l’esclavage dans l’Afrique musulmane, contribuant ainsi à la conférence antiesclavagiste de Bruxelles (1889), où les puissances coloniales décidèrent une action collective contre la traite.

    Pourquoi un tel retard ?

    Ceci dit, la question se pose : pourquoi les chrétiens ont-ils tant tardé à se mobiliser en faveur de l'abolition de l'esclavage et de la traite qui la nourrit ? Olivier Grenouilleau, éminent connaisseur de ce fléau séculaire (Les traites négrières, 2004, Qu'est-ce que l'esclavage ?, 2014, La révolution abolitionniste, 2017), consacre à cette question un ouvrage d'une érudition et d'une clairvoyance admirables.

    Il commence par rappeler que le Christ apparut dans un monde où l'esclavage était universellement pratiqué, y compris par les Juifs - seuls les stoïciens condamnaient cette pratique - et se recomposait en permanence, impliquant des formes et des populations différentes. Selon les Évangiles, le Christ n'en a pas parlé. Saint Paul l'admettait mais recommandait de ne pas traiter les esclaves "de la même manière qu'un cheval", saint Augustin et Thomas d'Aquin le légitiment. Une grande exception : l'évêque Grégoire de Nysse ((335-395) , se fondant sur le principe selon lequel l'homme a été fait à l'image de Dieu, établit celui de l'inaliénabilité, ici-bas, de la liberté humaine.

    Peu d’intérêt de Calvin et Luther

    Ceci dit, l’Église s’est beaucoup préoccupée au Moyen Age de racheter les esclaves chrétiens des musulmans et d’éliminer l’esclavage en Europe. Au lendemain de la découverte de l’Amérique (1492), nombre de missionnaires espagnols, dont le célèbre dominicain Las Casas, prirent la défense des Indiens. Mais la traite les remplaça par des Noirs !

    Ce même XVIe siècle vit naître la Réforme. Calvin proclama l'esclavage "licite" et Luther, estimant que seuls les catholiques sont véritablement des esclaves (du Pape), condamna toute forme de rébellion sociale et proclama que les subordonnés devaient "s'acquitter de leur plein gré de ce qu'ils savent être agréables à leurs maîtres et à leurs dames" (sic).

    Résumons la suite. Aux XVe-XVIe siècles, la théologie morale s’autonomisa, libérant la parole d’un nombre croissant de prêtres et de laïcs contre l’esclavage colonial. Mais sans résultats. C’est aux XVIIIe-XIXe siècles que des individus-acteurs jouent de plus en plus le premier rôle par rapport aux autorités établies. Chez les Anglo-Saxons, les Églises protestantes apparaissent dépassées, lorsqu’elles ne se divisent pas sur la question comme aux États-Unis et sa Guerre de Sécession.

    Les mouvements abolitionnistes

    À partir du XVIIIe siècle, trois pays voient l'abolitionnisme-mouvement se déployer véritablement : les États-Unis, l'Angleterre et la France. "Chaque fois l'élément religieux joue un rôle, essentiel ou notable". Le renouveau du christianisme évangélique dans l'univers anglo-saxon et, en France, la convergence de catholiques avec des abolitionnistes républicains plutôt anticléricaux conduiront à l'abolition de l'esclavage dans leurs colonies. Mais ailleurs, en Arabie, en Asie ?

    • **** Olivier Grenouilleau | Christianisme et esclavage| Histoire | Gallimard, Bibliothèque des Histoires | 544 pp., 28,50 €, version numérique 20 €
  • Contrairement à la légende du "pape d'Hitler", Eugenio Pacelli était hostile au parti nazi dès son apparition

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    D'Andrea Gagliarducci sur kath.net/news :

    Les interventions de Pie XII contre le national-socialisme

    La "légende noire" du silence de Pie XII face à la Shoah se nourrit d'une autre légende : Que Pacelli n'a rien fait contre le National Socialisme. Ici aussi, les faits disent le contraire.

    Vatican (kath.net/ACI Stampa)

    La légende noire sur le prétendu silence de Pie XII remonte à l'époque précédant le pontificat. C'était à l'époque où Eugenio Pacelli était nonce apostolique en Allemagne, précisément dans les années de la montée du national-socialisme. Et au lieu de protester contre ce qui s'est avéré être une dictature avec toute sa brutalité, y compris l'antisémitisme, Pacelli serait resté inactif. Il aurait même approuvé un Concordat avec l'Allemagne en 1933, alors qu'il était cardinal secrétaire d'État du Vatican, qui était presque une "carte blanche" pour le national-socialisme. Mais est-ce vraiment le cas ?

    Les faits parlent contre elle, et les recherches du diacre Dominiek Oversteyns, basées sur des sources primaires, montrent que le nonce Pacelli est intervenu 326 fois contre le nazisme[1]. Mais un discours en particulier mérite d'être lu avec attention : Il s'agit d'un discours prononcé le 1er septembre 1929, quatre ans avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir, dans lequel le nonce Pacelli, alors nonce, a critiqué à 44 reprises le parti national-socialiste[2].

    Le programme du parti national-socialiste, qui avait tenu son quatrième congrès à Nuremberg trois semaines auparavant, du 1er au 4 août 1929, est remis en question. Lors de ce congrès, la popularité d'Hitler commence à croître, si bien qu'à partir de ce moment et jusqu'en 1933, le parti reçoit en moyenne 11 % de voix supplémentaires à chaque élection nationale.

    Eugenio Pacelli a immédiatement reconnu le danger et a exprimé son inquiétude dans ce discours, dans lequel il a vivement critiqué le programme électoral d'Hitler. Ce n'était pas la seule fois. Du 4 août 1929 au 10 décembre de la même année, le nonce Pacelli a dénoncé la personne d'Hitler et son programme NSDAP à 70 reprises au total. De 1923 à 1929, années de son expérience en tant qu'"ambassadeur" du pape en Allemagne, Pacelli est intervenu 326 fois contre Hitler et le programme nazi. Ces interventions se retrouvent dans 40 discours et huit documents.

    Examinons maintenant brièvement quelques exemples de critiques à l'encontre d'Hitler et du programme de son parti. Nous laissons aux historiens et aux analystes le soin de les examiner plus en détail entre les plis du langage diplomatique, qui - surtout le langage papal - n'est pas toujours direct, mais cela ne signifie pas qu'il ne dénonce pas des situations.

    Dès le début de son discours, Pie XII a critiqué le point 24 du programme national-socialiste, dans lequel Hitler exigeait "la liberté pour toutes les confessions religieuses dans l'État, dans la mesure où elles ne mettent pas en danger l'existence de l'État et ne heurtent pas les sensibilités germaniques".

    Le Nonce Pacelli a critiqué d'une manière très diplomatique. Il a salué les catholiques comme : "tous des camarades dans la foi réunis ici parmi des leaders éprouvés". En appelant les catholiques "camarades dans la foi", Pacelli critiquait directement le point 24 du programme du NSDAP, dans lequel Hitler résumait qu'il était au-dessus de l'Église catholique et au-dessus de Dieu. Mais tout catholique fervent sait que Dieu est au-dessus d'Hitler ! 12 fois dans son discours, Pacelli critiquera le point 24 du programme.

    En utilisant le terme "Glaubensgenossen", le nonce Pacelli a directement critiqué le point 4 du programme du NSDAP, dans lequel Hitler parle de "Volksgenosse" comme étant le seul type de concitoyens ayant le droit de vivre dans son Reich. En bref, Pacelli dépeint ironiquement les catholiques comme des "coreligionnaires", par opposition aux "coreligionnaires" d'Hitler. A quatre reprises dans ce discours, le Nonce Pacelli critiquera ce point du programme.

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  • La pilule de Benoît XVI et la pilule de Houellebecq

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    Le diagnostic répété (93 ans) de Benoît XVI sur les effets sociaux de la pilule contraceptive étonne ou dérange, mais il rejoint aussi celui d’auteurs peu suspects de ringardise, comme Michel Houellebecq. Tous deux, relève Henri Quantin, y ont vu « un palier dans la montée historique de l’individualisme ». Une tribune publiée le 22/09/21 sur le site web « aleteia »:

    « Dans l’introduction ajoutée au recueil de ses textes sur l’Europe, le pape émérite Benoît XVI écrit que la pilule a « transformé les consciences des hommes, lentement d’abord, puis de plus en plus clairement ». La séparation entre la sexualité et la fécondité fût en effet « un bouleversement fondamental », menant peu à peu à l’idée que toutes les formes de sexualité étaient équivalentes. Avec la pilule, le monde est entré dans une nouvelle ère aux deux pans symétriques : une sexualité sans procréation ; une procréation sans sexualité.

    Un crime de lèse-modernité

    benoit-xvi.jpgCertains s’offusqueront sans doute de cette nouvelle attaque contre la pilule, cachet plus adorable, y compris chez certains catholiques déclarés, que l’hostie consacrée. Dans leur certitude de « momies progressistes exsangues » (le terme est de Houellebecq), ils répéteront une fois de plus que l’encyclique Humanae vitae, qui mettait en garde contre la contraception artificielle dès 1968, a vidé les églises. Les historiens sérieux, comme Guillaume Cuchet, ont montré que la dégringolade de la pratique avait eu lieu quelques années plus tôt, mais il reste bien des militants aveugles qui savent, d’une science quasi divine, que l’Église a commis le péché sans rémission, le crime de lèse-modernité.

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  • L’engagement chrétien dans la cité et la bonne manière d’agir dans le monde

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    Du père Jean-Baptiste Bienvenu sur Padre Blog :

    DIEU OU LE MONDE : SE PRÉPARER POUR L’ANNÉE ÉLECTORALE

    21 Sep 2021r
     

    Au début d’une année dont la teneur politique va aller croissant jusqu’à l’élection présidentielle, Don Maxence Bertrand (communauté Saint-Martin) propose avec Dieu ou le monde (éditions du Cerf) une contribution sur l’engagement chrétien dans la cité. Une lecture nourrissante pour chercher la bonne manière d’agir dans le monde, une lecture exigeante pour résister à la tentation d’utiliser l’évangile de manière mondaine, c’est-à-dire avec les moyens et les objectifs du monde. Padreblog est parti à la rencontre de l’auteur.

    Padreblog : Vous pointez le fait que l’engagement des chrétiens dans les activités de l’Église peut prendre le pas sur leur engagement dans la cité qui est leur vocation première. Comment un employé chrétien peut-il changer le monde dans son travail ?

    Don Maxence : Nous avons la grâce d’avoir de très belles communautés chrétiennes en France, peu nombreuses, mais souvent accueillantes, ferventes et missionnaires. La vie familiale de nos paroisses est fondamentale pour la mission de l’Église. Beaucoup d’énergie s’y déploie et c’est une grande grâce ! Mais, en effet, à la suite du Christ et forts de ce soutien communautaire, il nous faut entrer dans le monde et garder une énergie et une audace pour traduire l’évangile en acte dans la vie du monde, dans la vie professionnelle, dans la vie publique, dans la vie sociale. Ces engagements qui, sur le plan de la mission, sont apparemment silencieux, sont en réalité éloquents et féconds : le témoignage exemplaire d’un employé peut vraiment être une semence de la grâce. La bonté, le service, l’honnêteté, la bienveillance et la paix sont autant d’attitudes chrétiennes qui témoignent d’une vraie force d’âme et évangélisent en profondeur.

    Vous déployez, à la suite de saint Paul, la figure de l’ambassadeur. Comment cette image peut-elle s’appliquer aux chrétiens dans l’année électorale qui se profile ?

    Saint Paul évoque l’image de l’ambassadeur pour parler du chrétien dans le monde. L’image est géniale, parce que l’ambassadeur est un homme épris de son pays, de sa culture et de sa langue et il veut communiquer tout cela. Mais il ne peut le faire qu’en rencontrant et en connaissant vraiment ceux auxquels il s’adresse. Dans cette année qui risque d’être tendue médiatiquement, il nous faudra demander un surcroît de paix et de profondeur. Il faudra surtout distinguer ce que veut dire « agir avec les moyens du monde » et « agir de façon mondaine ». Agir avec les moyens du monde : électoraux, intellectuels ou politiques, oui ! Agir de façon mondaine : par l’anxiété, la colère déversée sur des réseaux sociaux, la fascination pour une personnalité politique, non ! Notre espérance est une ancre dans le ciel, pas sur la terre (Hébreux 6, 19).

    La force de l’évangile, c’est d’affirmer le surcroît de vie que nous apporte le salut (en grec, zoè), au-delà de la préservation de la vie biologique (bios). Comment votre livre peut-il éclairer les lecteurs pris dans les convulsions du Covid ?

    L’expérience que nous avons de la vie divine, de ce surcroît de vie, nous la trouvons ordinairement dans l’Église et dans les sacrements. C’est une magnifique participation à la vie de Dieu, anticipée dès ici-bas. C’est aussi l’assurance que Dieu conduit notre histoire. Il est le bon berger qui nous ramène à la maison. Dans les épreuves du désert, Israël est souvent tombé dans le piège des ruminations intérieures alors que Dieu éprouvait sa confiance (Deutéronome 8, 1-5). Notre foi ne nous épargne pas les épreuves, mais nous éduque à la confiance et à la paix intérieure. Ce livre voudrait aider à discerner les racines de nos actions, de nos jugements et de nos engagements. Pour que notre vie soit imprégnée de l’évangile. 

    En écho à Blaise Pascal, vous décrivez l’attitude de « chercher en gémissant ». Y a-t-il dans le rapport des catholiques au monde une tentation idéaliste qui les empêche d’assumer cette nécessaire souffrance ? 

    Chercher en gémissant, c’est en effet consentir à l’imperfection de ce monde sans résignation, mais sans idéalisme non plus. Dans telle ou telle situation éprouvante et parfois malveillante, quel bien puis-je tout de même accomplir ? Je ne peux pas trouver des prétextes pour attendre que les conditions soient meilleures pour agir chrétiennement. Je crois profondément à l’originalité et à l’inventivité de l’Esprit-Saint. Au XIXème siècle, en pleine crise industrielle, les pères de familles disparaissent dans les usines et désertent malgré eux leur famille et leurs enfants. La crise est industrielle mais elle devient rapidement familiale et éducative. Saint Jean Bosco aurait pu s’insurger contre l’industrie et ses méfaits, il aurait pu attendre et espérer des temps meilleurs. Mais, docile à l’Esprit-Saint, il a pris la question de la pauvreté à bras le corps et il a fondé des écoles. Aujourd’hui, la crise n’est plus industrielle, elle est spirituelle, sociale, sanitaire… Quelle sera la réponse de Dieu ? Quelle sera la sainteté du XXIe siècle ?  

    [Propos recueillis par le père Jean-Baptiste Bienvenu]

  • Rien n’est joué concernant l’avenir du catholicisme en France

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    De Laurent Ottavi sur Aleteia.org :

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    Guillaume Cuchet : « Le catholicisme aura l’avenir qu’on voudra bien lui donner »

    18/09/21

    Rien n’est joué concernant l’avenir du catholicisme en France, telle est l’opinion de l’historien Guillaume Cuchet qui répond aux questions d’Aleteia sur la situation des catholiques dans la société d’aujourd’hui, alors qu’ils sont devenus une minorité. Si les chrétiens ont des combats à livrer, en particulier dans le domaine de la culture, leurs motivations doivent être évangéliques, et pas idéologiques.

    Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Est et spécialiste de l’histoire des religions, Guillaume Cuchet défend la thèse selon laquelle la crise du catholicisme a des racines profondes, bien antérieures au concile Vatican II, même si celui-ci fut un déclencheur. Dans son nouveau livre, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ?, il explore les effets de la déchristianisation sur la société. Pour lui, l’avenir du catholicisme passe par une prise de conscience, « la responsabilité de chacun », et par la culture. 

    Aleteia : Votre livre précédent, Comment notre monde a cessé d’être chrétien ?, exposait les causes lointaines de la déchristianisation de notre société. Dans Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ?, voulez-vous montrer qu’il n’y a rien d’irréversible à cette évolution ?

    Guillaume Cuchet : J’ai cherché à prolonger mes courbes pour rejoindre la situation que nous avons sous les yeux, avec toutes les incertitudes que comporte l’exercice, parce qu’à mesure que l’historien se rapproche du présent, il perd évidemment son principal outil de travail qui est le recul. Il y a une tendance lourde à la déchristianisation qui remonte au XVIIIe siècle, même si elle n’est pas linéaire et qu’elle est passée par des phases, tantôt ascendantes, tantôt descendantes. L’Église était plus en forme en 1860 qu’en 1810, par exemple. Il y a aussi des scénarios plus probables que d’autres. Mais, en dernière analyse, l’avenir du catholicisme est une question posée à notre liberté, individuellement et collectivement. Il aura l’avenir qu’on voudra bien lui donner. Donc je propose d’y réfléchir un peu froidement tant qu’il en est encore temps : on peut vouloir laisser filer les choses mais autant savoir ce qu’on fait.

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