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Livres - Publications - Page 53

  • La virilité : une vertu qui rend responsable

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    D' sur le site du Figaro Vox :

    Martin Steffens: «La virilité est une vertu qui rend responsable»

    Martin Steffens est agrégé de philosophie, professeur de philosophie en Khâgne, conférencier et chroniqueur pour La Croix et La Vie. Il est notamment de nombreux ouvrages dont L'éternité reçue (éd. Desclée de Brouwer, octobre 2017) et L'amour vrai, Au seuil de l'autre (éd. Salvator, septembre 2018). Il a récemment publié Tu seras un homme: La virilité comme promesse (éd. Cerf, 2021, 198 p., 18€).

    FIGAROVOX. - Vous avez publié «Tu seras un homme: La virilité comme promesse ». Comment définissez-vous la virilité ?

    Martin STEFFENS. – Le sous-titre de mon essai est « La virilité comme promesse ». Peut-être aurais-je dû parler de « masculinité » et éviter ainsi un mot piégé, devenu presque tabou. Mais d'abord je n'aime pas le mot « masculinité ». Le son qu'il rend est assez laid, peu engageant. Surtout la masculinité désigne un simple fait, un donné corporel, et non pas encore une vertu. Or la virilité est un certain rapport, vertueux, à ce donné corporel et, plus généralement, à la puissance de vie qui est humainement la nôtre.

    Aristote dit qu'une vertu est « une disposition acquise », une « habitude », c'est-à-dire quelque chose qu'il faut activer et réactiver. La virilité est de ce côté-là. Elle est la vertu de celui qui prend acte de soi-même comme puissance, et donne à cette force la forme d'un bien : protéger ceux qu'on aime de la violence, croître et vivre pleinement, éviter de se laisser imperceptiblement dissoudre dans le cours anonyme des choses… Si la vertu de courage s'entend à partir de la peur qu'il surmonte, la virilité, de son côté, s'oppose à un autre type de tentation : celle d'abdiquer sa vie, de ne pas en jouer le jeu pleinement. En un sens, elle est le premier mot du courage : le courage d'être. Elle travaille au fond de nos fatigues pour nous en faire quotidiennement ressurgir afin que notre vie tienne quelques-unes des promesses qu'elle apportait avec son premier cri. La virilité est pour moi un certain allant, une façon d'aller aux combats, une manière d'oser, c'est-à-dire de se tromper souvent, franchement et, quand il le faut, et non moins franchement, d'en demander pardon. La virilité consiste en des êtres humains consistants.

    Diriez-vous que la virilité est une vertu exclusivement masculine ?

    Non, la virilité n'est pas propre à l'homme. La virilité c'est une façon d'endosser le tragique de la vie, de répondre de nos actes et de leurs conséquences, même imprévues, surtout quand elles sont imprévues. Sur le bureau du président Truman était inscrit : « la responsabilité commence ici » : s'il y a un problème, il faut frapper ici et frapper fort. Il s'agit finalement, dans la vie, de prendre chair… quitte à prendre cher ! Et de refuser ainsi une existence fantomatique.

    Or ce désir de consistance n'est évidemment pas l'apanage des hommes. J'irais même plus loin : si la virilité est une vertu plus proprement masculine, c'est parce que les hommes sont davantage susceptibles d'en manquer. L'homme est un être plus aisément aérien, je dirais même abstrait... idéaliste au risque d'être idéologue. N'étant pas pourvu de l'organe qui porte la vie, il peut longtemps ignorer le drame de la mort, de la fragilité des êtres. L'étude des peuples primitifs, telle qu'elle fut par exemple menée par Alain Testart (1945-2013), nous montre que l'humanité a toujours distingué deux types de sang : d'une part le sang qui coule spontanément et qui donne la vie, le sang des menstrues ; de l'autre le sang qu'on fait délibérément couler, le sang qui donne la mort en vue de donner la vie : le sang de la chasse, de la guerre et des sacrifices. Si aux hommes revenait quasi exclusivement la charge de ces dernières activités, ce n'était sans doute pas pour en priver la femme, mais parce que, privé du sang qui donne la vie, privé de ce creux dans le ventre pour abriter un autre que soi, l'homme est davantage sujet à se désincarner. Et on le voit bien aujourd'hui : à l'heure où le cueilleur de supermarché a définitivement remplacé le chasseur, à l'heure où la guerre se fait surtout dans des jeux vidéo et où le prêtre n'est plus une figure désirable, l'homme peine à se trouver comme homme.

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  • Le catholicisme a-t-il encore de l'avenir en France ?

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    Le catholicisme a-t-il encore de l'avenir en france ?

    Le catholicisme a-t-il encore de l'avenir en France ?

    source

    Collection La couleur des idées

    256 pages, parution le 02/09/2021

    21,00 €

    Résumé

    Le catholicisme, hier encore religion de la très grande majorité des Français, n'est plus ce qu'il était. Un tiers des enfants seulement sont désormais baptisés en son sein (contre 94 % vers 1965) et le taux de pratique dominicale avoisine les 2 % (contre 25 % à la même date). Un tel changement, qui n'est pas achevé, a des conséquences majeures, aussi bien pour cette religion que pour le pays tout entier, façonné, dans la longue durée, par cette longue imprégnation catholique.

    Dans le prolongement de Comment notre monde a cessé d'être chrétienLe catholicisme a-t-il encore de l'avenir en France ? se penche sur certaines de ses manifestations contemporaines : la mutation anthropologique qu'entraîne le fait de mourir sans croire pour la génération des baby-boomers et ses descendants ; les transformations de la scène funéraire contemporaine et la diffusion de la crémation ; les recompositions de l'ascèse sous la forme du running ; les inquiétudes suscitées par l'islamisme ; la montée des " sans-religion ", notamment chez les jeunes ; l'intérêt largement répandu pour la " spiritualité ", qu'on oppose volontiers désormais à la " religion " ; le devenir minoritaire du catholicisme et les problèmes identitaires que lui pose le phénomène ; la manière dont, dans la longue durée, l'Église s'adapte plus ou moins à la modernité.

    In fine, l'auteur pose la question de savoir si l'on n'a pas plus à perdre qu'à gagner à cette mutation.

    Guillaume Cuchet est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris-Est Créteil. Il a notamment publié Comment notre monde a cessé d'être chrétien. Anatomie d'un effondrement (Seuil, 2018) et Une histoire du sentiment religieux au XIXe siècle (Le Cerf, 2020).

    Sommaire

    Chapitre 1. Comment mourir sans croire ? La disparition annoncée des baby-boomers / Une question d'actualité / Les invasions barbares / Les caractéristiques de la génération / Le système des départs groupés / Le jeunisme / Le nouveau contexte familial / La génération du décrochage religieux / Vers une mutation anthropologique en matière funéraire

    Chapitre 2. L'idéal de la mort légère À propos des transformations de la scène funéraire contemporaine / Les grandes tendances / La décléricalisation des enterrements / Les relations avec les pompes funèbres / La banalisation de la crémation / Eclatement et recompositions de la norme funéraire / Une transition funéraire / Rechristianiser les vivants par les morts ? / La transition post-chrétienne de la mort / La pastorale d'accompagnement des personnes en deuil

    Chapitre 3. L'ascèse n'a pas disparu de notre monde Petite métaphysique sociale du running / Un engouement collectif / Un discernement difficile / Trois hypothèses / L'accélération sociale / Un symptôme de la " crise du milieu de la vie " / Fuir la mort

    Chapitre 4. Spirituels mais pas religieux ? La montée des sans-religions (" nones ") / Un phénomène inédit ? / Une réalité majoritaire chez les jeunes / Une révolution silencieuse / L'expérience de la désaffiliation et ses avatars / Une inconnue dans notre histoire religieuse

    Chapitre 5. " Le Bouddha a plus la cote que Jésus " Le nouveau quiétisme occidental / " Religion " et " spiritualité " / La littérature du nouveau monde post-chrétien / Les avatars de la quête du sens contemporaine / Les raisons d'un succès / Les déficits anthropologiques de la nouvelle spiritualité

    Chapitre 6. " Va-t-en Satan ! " (Jacques Hamel) Le retour du Diable / Le théâtre tragique de Saint-Étienne-du-Rouvray / Le retour d'un refoulé ? / Les données constitutives du personnage dans la Bible / Le recul de Satan : un processus de longue durée / Vatican II et la dédiabolisation du catholicisme

    Chapitre 7. Des cathos de gauche à la Manif pour tous " Identité " et " ouverture " dans le catholicisme / Des catégories problématiques / Les tendances " identitaires " / Le devenir minoritaire du catholicisme français / La faiblesse de la transmission religieuse dans les milieux libéraux / L'" exculturation " tendancielle du catholicisme français / Le déclin des catholiques de gauche / La montée de l'islam et de l'islamisme / Les tendances à l'" ouverture " / Le pape François / L'immigration chrétienne / L'évolution possible de la jeunesse " identitaire "

    Chapitre 8. " L'histoire de l'Église n'est pas un reposoir de Fête-Dieu " (Émile Poulat)... Perplexités pastorales / S'engager " en chrétien " et " en tant que chrétien " / La position de Paul VI en 1975 / Généalogie longue : trois étapes réflexives / Conquête, reconquête et conservation / Le Second Empire et le problème de la rentabilité de l'ouverture / Les prêtres-ouvriers : choc et retour d'expérience missionnaire

    Chapitre 9. Transaction avec la modernité Comment changer de doctrine sans (trop) en avoir l'air / Intransigeance et rapport catholique à la modernité / La distinction de la " thèse " et de l'" hypothèse " / Les trois temps de la dialectique / Les difficultés de la refonte théologique / Le problème doctrinal / Le problème institutionnel / Le problème pastoral / Stratégies d'évitement et de contournement / La tentation de faire taire ceux qui posent les problèmes / La solution pastorale, officielle ou officieuse / La stratégie du caisson noyé

  • WIKIPEDIA : une encyclopédie partisane ?

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    De Ludovic Lavaucelle sur La Sélection du Jour :

    30 août 2021

    UN DE SES FONDATEURS ESTIME QUE L’ENCYCLOPÉDIE WIKIPÉDIA EST DEVENUE PARTISANE

    Larry Sanger (LS), qui fut l’un des deux fondateurs de l’encyclopédie collective en ligne Wikipédia, l’accuse de donner dans l’idéologie partisane. Dans la vidéo en lien ci-dessous (32 minutes), il répond au média en ligne Unherd (UH).

    (0’20’’) UH : Wikipédia est aujourd’hui le 5ème site le plus visité au monde (600 millions de connexions par jour). L’encyclopédie est devenue une référence, mais est-elle fiable ?

    1’05’’ LS : Dès que vous faites une recherche sur un sujet controversé, la réponse est non.

    1’45’’ UH : Qu’est-ce qui a changé depuis sa création au début des années 2000 ?

    1’54’’ LS : Notre vision était d’aider nos visiteurs à se forger leur propre opinion. Sur un sujet controversé, vous aviez sur nos pages une présentation équilibrée de différents points de vue.

    3’36’’ LS : On a assisté à une dérive, surtout depuis ces 5 dernières années. Des organisations influentes contrôlent l’édition. D’ailleurs, depuis 2007, le nombre de contributeurs sur Wikipédia a été divisé par 2 (300 000 actifs aujourd’hui).

    4’39’’ UH : Comment en est-on arrivé là ?

    5’27’’ LS : Un tel jeu d’influences est peut-être inévitable, c’est la rançon du succès. Mais on devrait exiger la transparence ! Or Wikipédia se contente de pseudos…

    6’26’’ UH : Prenons des exemples pour illustrer vos observations. Des comparaisons politiques peut-être ?

    6’49’’ LS : Regardez le profil de Joe Biden sur le site. Vous ne trouverez rien sur l’avis des Républicains à son égard. La page relaie juste les critiques, venant de la gauche, sur son attitude envers les femmes ou d’anciens commentaires jugés racistes.  

    7’46’’ LS : Sur les graves soupçons de corruption en Ukraine qui l’impliquent avec son fils Hunter Biden, on dirait que le résumé a été rédigé par ses avocats ! Rien sur le contenu compromettant de l’ordinateur perdu d’Hunter !

    8’20’’ UH : Sélectionne-t-on les contributeurs selon leurs positions ?

    8’32’’ LS : Pour moi, c’est clair. Les équipes de modérateurs sont devenues politisées.

    9’04’’ UH : Vous voulez dire que les éditions sont politiquement biaisées ?

    9’12’’ LS : Ce n’est pas juste politique. Wikipédia relaie l’opinion des élites dominantes.

    11’28’’ UH : Mais n’est-il pas normal d’avoir une version en ligne avec la pensée dominante, qui découlerait d’un consensus ? Une encyclopédie est-elle utile si elle liste tous les points de vue ?

    11’57’’ LS : Je ne suis pas d’accord ! Prenez le débat sur la légalisation des drogues. Moi qui suis libertarien, je veux aussi y trouver les arguments contre…

    14’24’’ UH Donc Wikipédia fait de la propagande comme les GAFAM ? Depuis la pandémie du COVID-19, les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur pour imposer une vérité officielle…

    15’22’’ LS : Absolument. Le site se contentait de régurgiter les communiqués de l’OMS, des gouvernements. Ce n’est pas étonnant en ce sens que le modèle de Wikipédia n’est pas de faire de l’analyse. Mais le problème est qu’ils sélectionnent leurs sources en se limitant aux institutions et médias « mainstream ».

    17’15’’ UH : Dans un cas aussi complexe que cette pandémie où la situation évolue constamment, comment concilier fiabilité et exhaustivité ?

    17’40’’ LS : Personne n’a dit que la neutralité était chose aisée !

    18’45’’ UH : Ne pensez-vous pas néanmoins qu’une encyclopédie « d’opinions » est une chimère ?

    19’12’’ LS : Mais les experts se déchirent sur un grand nombre de sujets ! Pour ceux-là, il me paraît sain de présenter leurs opinions d’une manière équilibrée…

    22’48’’ UH : Vous avez conçu Wikipédia à une époque où l’on a cru à la « fin de l’Histoire ». L’ère des conflits idéologiques était révolue. Cette illusion est vite passée. L’encyclopédie universelle est-elle utopique ?

    23’35’’ LS : A l’époque, le site partageait une grande variété de points de vue !

    24’35’’ UH : Donc vous ne pensez pas que notre connaissance collective se soit fragmentée ?

    24’48’’ LS : Si, les canaux d’informations sont devenus plus nombreux et partisans. Mais le changement par rapport au début des années 2000, c’est la censure.

    26’17’’ UH : Les gens vont-ils, en réaction, rechercher de nouvelles sources pour s’informer ?

    26’35’’ LS : Certains veulent que la loi intervienne pour garantir la liberté d’expression sur des plateformes privées comme Twitter. Je ne crois pas que ça marchera car les intérêts sont trop grands. Et ce n’est pas souhaitable. Je ne veux pas qu’un gouvernement mette son nez dans ce qui s’échange sur une plateforme privée.

    27’37’’ UH : Les gens sont de plus en plus méfiants face à la parole officielle, donc la censure a ses limites. Pensez-vous que de nouvelles innovations pourraient offrir des échappatoires ?

    29’16’’ LS : Je crois en effet que nous sommes à la veille de grands bouleversements technologiques qui permettront de moins dépendre des GAFAM. Ce NAS (Network Attached Storage), par exemple, est un serveur personnel connecté à Internet. Je peux, avec cette petite boite et une bonne connexion, gérer seul mon blog…

    30’14’’ UH : Donc la décentralisation est en cours ?

    30’22’’ LS : Oui, et elle suscite beaucoup d’intérêt et d’espoir !

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  • Une oeuvre inattendue pour la rentrée littéraire

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    De Padreblog :

    UN OVNI POUR LA RENTRÉE LITTÉRAIRE

    30 Août 2021

    Clémentine Beauvais est une romancière connue dans le milieu de la littérature ado. Elle est l’auteur à succès des Petites Reines et traductrice de J. K. Rowling. Agnostique, non baptisée, féministe 2.0 issue de la gauche libertaire, rien ne la prédisposait à enquêter sur son aïeule supposée, sainte Marguerite-Marie, la sainte de Paray-le-Monial. Et pourtant, elle l’a fait. Cela donne une très belle autofiction, drôle et profonde à la fois. Cela donne surtout un magnifique exemple de rencontre entre deux mondes qui ne se parlent plus. 

    Pour vous recommander Sainte Marguerite-Marie et moi (Editions Quasar), Padreblog a rencontré Clémentine Beauvais pour une interview qui approfondit des questions délicates de notre société.

    Padreblog : Ce livre est l’histoire de la rencontre improbable entre deux mondes. Comment tout cela a-t-il commencé ?

    Clémentine Beauvais : Ça reste un mystère pour moi… Il y a d’abord eu une blague de mon éditrice : « Puisque tu es une descendante de sainte Marguerite-Marie, tu ne voudrais pas écrire une biographie décalée à son sujet ? ». Mais plus profondément, c’était une époque de ma vie où j’attendais un bébé et où ma grand-mère était en état de démence de plus en plus avancée. La question de transmission était essentielle à ce moment-là. C’était vraiment le bon moment. Alors je me suis lancée, un peu naïvement, sans réaliser que j’aurais à apprendre beaucoup de choses sur le monde catho, par exemple comprendre ce qu’est le Sacré Cœur, au-delà de Marguerite-Marie.

    A Paray-le-Monial, on parle beaucoup du Sacré Cœur, et paradoxalement, assez peu de la sainte qui a vécu les apparitions. Y a-t-il un malaise ? D’où vient-il ?

    CB : Ça a été une surprise pour moi : me rendre compte que Marguerite-Marie était hyper clivante chez les cathos. De mon regard extérieur, j’aurais cru qu’une sainte qui aime la mortification, c’était une sainte qui allait emporter l’unanimité. La mortification, c’est un super truc de catho, non ? En fait, pas du tout. C’est ce point-là qui la rend clivante. En faisant mes recherches, j’ai compris qu’elle est sainte non pas pour ses pratiques bizarres, mais pour le dépassement qu’elle a su en faire dans l’obéissance à Jésus et à ses supérieurs. Après, ça reste hyper exotique pour moi.

    Vous auriez trois qualités feel good de Marguerite-Marie pour nous aider à vivre aujourd’hui ?

    CB : C’est la question la plus bizarre qu’on m’ait jamais posée sur sainte Marguerite-Marie (elle rit). Quand on la lit, c’est plutôt une championne du feel bad que du feel good. Plus sérieusement, je dirais : l’intensité, la passion et la belle écriture. Intensité et passion, car elle a vécu les choses jusqu’au bout. Et son écriture est fascinante : elle a une manière de raconter, un sens de l’ellipse, de la narrativité qui sont vraiment exceptionnels. C’est vraiment une grande écrivaine de son temps.

    En vous lisant, on voit vos efforts et votre bonne volonté pour aller à la rencontre du monde catho. Comment sont-ils, ces cathos que vous avez rencontrés ?

    CB : Ce qui m’a beaucoup frappée, ce sont les différences qui existent entre les cathos. J’en avais une vision extrêmement monolithique : principalement négative, et surtout très homogène. J’ai apprécié le côté hyper accueillant de ceux que j’ai rencontrés. Franchement, je ne m’y attendais pas, peut-être parce que mon expérience passée des cathos, c’était plutôt quelque chose de fermé, très hermétique.

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  • Un Dictionnaire des auteurs catholiques des îles britanniques

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    Du site des Editions du Cerf :

    Dictionnaire des auteurs catholiques des îles britanniques

    Dictionnaire des auteurs catholiques des îles britanniques

    de Gérard Hocmard

    496 pages - sept. 2021 - À paraître

    29,00€

    De Pélage à Julian Fellowes, en passant par Thomas Becket, Thomas More, William Shakespeare, John Henry Newman, Oscar Wilde, G.K. Chesterton, Graham Greene, Alfred Hitchcock ou J.R.R. Tolkien, ce dictionnaire propose une visite guidée de la galerie des auteurs d’inspiration catholique romaine de Grande- Bretagne et d’Irlande, de la christianisation des deux îles et de la Réforme jusqu’à nos jours.

    Catholiques anglais, irlandais et écossais, tous ont accumulé un héritage intellectuel et spirituel qui ouvre des perspectives non seulement à leurs compatriotes mais également à leurs coreligionnaires du monde entier. Les 500 notices biographiques, assorties d’une introduction historique pour situer le contexte dans lequel la foi de chacun s’est exprimée, dressent un panorama unique des îles britanniques qui pourraient bien être un foyer de catholicisme plus intense et plus vivant qu’il n’y paraît.

    Spécialiste du paysage culturel de la Grande-Bretagne, Gérard Hocmard a réuni autour de lui pour cet ouvrage ces autres spécialistes du monde britannique et de sa dimension catholique que sont Jean Duchesne, Frédéric Slaby, Jean-François Chappuit.

    • Dimensions : 15.5 x 24
    • ISBN : 9782204145299
    • Poids : 762 grammes

    Avec la collaboration de : Frédéric SlabyJean DuchesneJean-François Chappuit

  • Le pape Pie XII n'était ni silencieux ni inactif face à la Shoah

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    D'Andrea Gagliarducci sur Catholic News Agency :

    La dernière enquête d'un expert dissipe les mythes sur Pie XII et les Juifs de Rome

    public domain pope puis
     
    29 août 2021

    Le pape Pie XII n'était pas silencieux face à la Shoah ni inactif. Il était au contraire très engagé dans le sauvetage des familles juives, s'est constamment exprimé contre le régime nazi et a mis en place une série d'initiatives formelles et informelles qui montrent qu'il était tout sauf "le pape d'Hitler".

    Telles sont les conclusions d'une série d'enquêtes sur des documents d'archives menées par le diacre Dominiek Oversteyns, de la Famille spirituelle "L'Œuvre".

    Les enquêtes d'Oversteyns comprennent "Le livre de la mémoire" de Liliana Picciotto, une chercheuse juive, qui recueille les noms de tous les Juifs italiens déportés et tués ; l'"Histoire des Juifs italiens sous le fascisme" de Renzo De Felice, qui retrace l'histoire de 148 couvents qui ont sauvé de nombreux Juifs, et les archives du Vatican sur Pie XII désormais ouvertes au public.

    Ancien ingénieur, Oversteyns a croisé des données et utilisé la technique mathématique de l'extrapolation pour analyser le nombre de Juifs italiens tués et déportés. Ses études, présentées lors d'une série de conférences et qu'il a partagées avec CNA, mettent en lumière l'intervention de Pie XII avant et après le raid nazi dans le ghetto juif de Rome. 

    Selon son étude, il y avait 8 207 Juifs à Rome avant le raid nazi sur le ghetto juif le 16 octobre 1943.

    Parmi eux, 1 323 - soit 16 % - ont trouvé refuge avant la rafle. Dix-huit sont allés dans les propriétés extraterritoriales du Vatican, 393 dans des villages dans les montagnes autour de Rome, 368 dans les maisons privées d'amis, 500 dans 49 couvents romains différents et 44 dans des paroisses et des collèges pontificaux à Rome, rapporte Oversteyns.

    Pie XII a également pu aider 152 juifs cachés dans des maisons privées sous la protection de DELASEM, la délégation pour l'assistance aux émigrants juifs. Au total, Pie XII a apporté son soutien à quelque 714 Juifs. 

    L'étude souligne également que Pie XII a accueilli au moins 30 érudits juifs au Vatican, où ils ont travaillé et effectué leurs recherches dans les musées et archives du Vatican après avoir été renvoyés de leurs institutions en raison des lois raciales. Parmi eux, Hermine Speier, qui a commencé à travailler au Vatican dès 1934, Fritz Volbach, engagé au Vatican en 1939, et Erwin Stuckold.

    Huit témoignages différents révèlent comment Pie XII a demandé à au moins 49 couvents de cacher et d'héberger des Juifs, et a déclaré ces couvents comme étant des zones extraterritoriales sous l'autorité du Vatican, a découvert Oversteyns. 

    Selon Oversteyns, ces chiffres démontrent que Pie XII était activement en faveur des Juifs bien avant le raid nazi sur le ghetto en 1943. Ce samedi-là, à l'aube, 365 soldats nazis ont raflé 1 351 Juifs. Parmi eux, 61 ont été libérés immédiatement, et 258 autres ont été libérés après avoir été gardés dans un collège militaire. Enfin, avant le départ du train de la gare Tiburtina de Rome pour Auschwitz, deux autres Juifs ont été libérés.

    Un fait peu connu est que Pie XII et ses collaborateurs ont été responsables de la libération de 249 Juifs romains ce jour-là, soit environ un cinquième des personnes raflées, a déclaré Oversteyns.

    Tôt le matin du jour de la rafle, selon les documents d'Oversteyns, Pie XII a contacté l'ambassadeur allemand Ernst von Weizsäcker pour le convaincre d'appeler Berlin et d'arrêter la rafle, mais l'ambassadeur n'a pas agi, dit Oversteyns.

    Ensuite, par l'intermédiaire du père Pancratius Pfeiffer, un prêtre allemand très respecté, supérieur des Salvatoriens, Pie XII a contacté le général Reiner Stahel, chef de l'armée allemande à Rome à l'époque, qui a téléphoné directement à Himmler et l'a convaincu d'arrêter le raid à midi. Au même moment, le commandant SS Dannecker reçoit l'ordre de Berlin de libérer tous les Juifs issus de mariages mixtes et au service des "Aryens".

    Le raid dans le centre de la ville s'est terminé entre 11 et 11 h 20, tandis que dans la périphérie de Rome, il s'est terminé à 13 h 20. Sur les 1 030 Juifs déportés à Auschwitz le 18 octobre, seuls 16 reviendront après la guerre, selon Oversteyns. 

    Les Allemands ont poursuivi leurs activités de recherche, d'arrestation et de déportation des Juifs même après le raid. Du 18 octobre 1943 à janvier 1944, 96 Juifs ont été arrêtés, selon Oversteyns. Puis, à partir du 2 février 1944, 29 Juifs ont été arrêtés dans cinq collèges catholiques et 19 Juifs dans l'abbaye de San Paolo, qui était un territoire extraterritorial du Vatican.

    En mars 1944, la situation s'est encore aggravée. Du 21 mars au 17 avril, une dizaine de Juifs sont arrêtés et déportés chaque jour. Et du 28 avril au 18 mai, cinq Juifs sont arrêtés et déportés chaque jour. Finalement, les Juifs n'ont d'autre choix que de fuir ou de se cacher.

    Pie XII a caché 336 juifs dans des paroisses et des hôpitaux diocésains, selon Oversteyns. Dans le même temps, il a continué à envoyer de la nourriture et une aide financière à DELASEM. 

    Les sources montrent qu'il n'y avait que 160 Juifs au Vatican et dans ses 26 lieux extraterritoriaux. Cela s'explique par le fait que la stratégie de Pie XII consistait à cacher les Juifs romains en petits groupes dans des couvents à Rome.

    Du 10 septembre 1943 au 4 juin 1944, Pie XII a effectué 236 interventions en faveur de Juifs arrêtés à Rome et sur le chemin de la déportation. Suite à ses interventions, 42 juifs arrêtés ont été libérés.

    Outre le canal officiel de la Secrétairerie d'État (par l'intermédiaire du substitut de l'époque, Giovanni Battista Montini, qui deviendra plus tard le pape Paul VI), Pie XII a largement utilisé le canal informel établi par le père Pfeiffer.

    Selon les documents, le père Pfeiffer s'est rendu à la Secrétairerie d'État tous les deux jours pendant les huit mois d'intense persécution nazie à Rome. Lors de ces réunions, il donnait des informations sur les personnes arrêtées et recevait les demandes de libération.

    Selon Oversteyns, l'engagement de Pie XII envers les juifs romains sera plus clair maintenant que les archives vaticanes de son pontificat ont été ouvertes aux enquêteurs.

  • L'Eglise et la franc-maçonnerie

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    Sur France Catholique :

    Expulser Dieu de la cité

    par Véronique Jacquier

    Malgré la multiplicité des obédiences et des rites, la franc-maçonnerie poursuit de différentes manières un objectif unique : arracher à Dieu la société des hommes. 

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    Les papes contre la franc-maçonnerie

    par Véronique Jacquier

    L’Église a toujours été constante dans sa condamnation de la franc-maçonnerie.
     
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    Mgr Rey : «  Le goût pour le secret est inconciliable avec l’Évangile  »

    propos recueillis par Véronique Jacquier

    Les fidèles catholiques ne perçoivent pas toujours l’incompatibilité entre l’Église et la franc-maçonnerie. Entretien avec Mgr Dominique Rey.

    Lire l'article en ligne
     

    Les liaisons dangereuses

    par Véronique Jacquier

    Interroger le lien qui pourrait exister entre la démarche maçonnique et les pratiques démoniaques peut susciter dénégations et ricanements de la part des intéressés. Mais de nombreux signaux rendent cette interrogation légitime.

    Lire l'article en ligne
     

    France Catholique contre Franc-maçonnerie

    par Véronique Jacquier

    Dans les années 30, notre hebdomadaire a été à l’avant-poste dans la lutte contre la maçonnerie.
     
    Lire l'article en ligne
  • Saint Louis, roi de France

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    51HV2NMERAL._SS500_.jpgIl y a une quinzaine d'années, Jacques Le Goff a publié une biographie magistrale de saint Louis qui a été saluée par les spécialistes comme une oeuvre historique innovante et qui rendait justice à ce roi prisonnier de sa légende; en voici une présentation intelligente, due à Pierre Gendron, sur "Spiritualité 2000"

    "Sur la sainteté de saint Louis, comme fil conducteur possible, il y aurait beaucoup à dire. C'est une question sur laquelle Jacques Le Goff apporte un éclairage nouveau. Son travail fait ressortir toute l'actualité de saint Louis comme exemple de saint laïc. Dans ce but, l'auteur procède à l'examen d'un document produit par un contemporain de saint Louis qui a justement l'avantage de représenter le point de vue du laïc. Il s'agit d'un témoin exceptionnel, une figure remarquable de l'entourage du roi, qui fut à la fois grand sénéchal du royaume et dès sa jeunesse un ami: Joinville. (Louis IX, né en 1214 et mort en 1270, a été canonisé en 1297. Jean, sire de Joinville, est né en 1224; il est octogénaire quand il compose son ouvrage, terminé en 1309; et il meurt lui-même en 1317 à l'âge de 93 ans.)

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  • « Le renouveau de l'Eglise passe par le renouveau de la liturgie » :

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    La réforme liturgique mise en oeuvre après le concile Vatican II divise l’Eglise parce que celle-ci est profondément divisée sur des notions comme l’ « esprit du concile » et, tout se tient, « l’esprit de la liturgie ».

    En l’occurrence, qu’est-ce que l’« esprit de la liturgie » ? Le récent motu proprio « Traditionis custodes » du pape François n’est d’aucune utilité pour y répondre, bien au contraire : il attise les divisions. Une Église plus « synodale », se substituant à l’autoritarisme étroit du souverain pontife actuel, ferait-elle mieux ? Quoi qu’il en soit, son prédécesseur Benoît XVI, pape aujourd’hui émérite, a  parlé avec beaucoup de pertinence sur ce thème.

    Sur le site web de son association, le président de « Pro Liturgia » publie une excellente synthèse dans la même ligne :

     Extrait :

    « À moins d’être atteint de cécité ou d’être d’une parfaite mauvaise foi, il est impossible de ne pas reconnaître que nos messes paroissiales attirent de moins en moins de fidèles et n’ont plus de « liturgique » que le nom. Autrement dit : ce qu’on ose encore appeler « célébration liturgique » n’est plus qu’un ensemble de gestes, de mots et de chants dont l’assemblage fait ressembler les messes à un édifice plus ou moins branlant et instable. Le cardinal Ratzinger faisait remarquer que l’Église a toujours besoin d’être réformée. Non pas « déformée » comme l’est la liturgie, mais « réformée » comme doit l’être aussi la liturgie. En parlant d’une nécessaire réforme toujours à reprendre, le cardinal Ratzinger voulait parler d’une « purification ». Mais, dans le temps de crise et de doutes qui est le nôtre, « purifier » ce qui se rapporte à l’Église est une entreprise plus que difficile : il faut, en effet, corriger de nombreuses erreurs, mettre un frein au colportage de fausses informations par les médias ainsi que par certains pasteurs ou théologiens, surmonter les critiques acerbes de ceux qui se complaisent dans une doctrine devenue suffisamment nébuleuse pour ne plus pouvoir être clairement énoncée. C’est dans ce contexte de « réforme » nécessaire qu’il convient de placer la question de la liturgie : car c’est à partir du culte divin que les choses peuvent changer, être purifiées, la liturgie étant, comme l’a souligné le concile Vatican II, la source et le sommet de la vie de l’Église. Pour certains fidèles cependant - certains bons fidèles - la liturgie devrait passer après d’autres priorités : s’occuper de la façon dont il faut célébrer les messes serait, si on les écoute, un luxe inutile ou une occupation de vieux « ritualistes » à la retraite. Bref, une perte de temps. Benoît XVI voyait les choses autrement… »

    Pour lire l’intégralité du texte CLIQUER ICI.

    JPSC

  • Hurrah Raspail !

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    D'Aristide Leucate sur le Boulevard Voltaire :

    Livre : Hurrah Raspail ! Hommages, témoignages & études, sous la direction d’Adrien Renouard et Anne Letty

    -Il y a un peu plus d’un an, le 13 juin 2020, s’en allait, au Septentrion éternel, par-delà les mers, Jean Raspail, consul général de Patagonie, autoproclamé dans cette dignité par décision souveraine de Sa Majesté Orélie-Antoine de Tounens, roi d’Araucanie et de Patagonie.

    Nombre de Patagons à travers le monde se trouvèrent endeuillés, pour certains, inconsolables, pour d’autres, l’âme pesamment chagrinée et mélancolique. C’est que beaucoup le pensaient immortel, indestructible. Mais si l’éternité est le royaume des dieux, l’immortalité reste l’apanage des hommes.

    Alors, oui ! Raspail demeure, pour tout Patagon d’ici et des antipodes, l’immortel et altier seigneur, dans la tenue comme dans la fidélité, des hommes oubliés, Alakalufs de Terre de Feu, Peaux-Rouges d’Amérique du Nord, Guanaquis du Pérou, Aïnous du Japon, Ghiliaks des confins de l’Asie, Kalliganos des Caraïbes, Arawaks Taïnos esclavagisés d’Haïti, peuples kaléidoscopiques d’un camaïeu de peuplades, impitoyablement broyés par la modernité et perdus à jamais dans les obscures cimetières monographiques d’ethnographies poussiéreuses…

    Hurrah Raspail ! aurait-on envie de hurler à la face atalienne de ce monde hideux qu’est devenu le nôtre. D’autres l’ont poussé, ce cri. Et cela a donné, sous la direction d’Adrien Renouard – assisté d’Anne Letty –, ce vibrant recueil en hommage à l’un des derniers aventuriers du XXe siècle, après Monfreid, Saint-Loup ou Malraux. D’authentiques Patagons ont mêlé leurs plumes pour témoigner de leur affection, de leur peine, de leur admiration, de leur joie même – celle d’avoir croisé la destinée d’un écrivain-explorateur exceptionnel. De Philippe de Villiers à Jean Sévillia, de Jacques Terpant – « Raspail bis », selon le propre adoubement ubiquitaire de l’auteur des Yeux d’Irène – à Alain Sanders, d’Olivier Maulin à Renaud Camus, de François Bousquet – dynamique patron des Éditions de La Nouvelle Librairie qui offrent à ce livre son plus bel écrin – à Anne Brassié, de Jean des Cars à François Tully – vice-consul chancelier de Patagonie et rédacteur en chef du Moniteur de Port-Tounens, substantiel et incontournable Bulletin de liaison des amitiés patagones – de Jacques de Guillebon à Ivan Rioufol, etc.

    L’ouvrage devrait ravir les inconditionnels du dernier des hussards. Entre autres pépites, on y trouvera deux entretiens inédits, l’un conduit par Philippe Hemsen, précieux animateur d’un site Internet – qui ne l’est pas moins – consacré à l’écrivain, l’autre par Marie de Dieuleveult, chroniqueuse à La Nef mais surtout auteur, en France, du seul travail universitaire – qui plus est de belle qualité – portant sur « les causes perdues » de l’écrivain.

    Au sein de ce mélange commémoratif, Marie de Dieuleveult creuse davantage cette thématique des « causes perdues » et nous gratifie d’une remarquable étude sur « les jeux d’un roi ». Les récifs de l’imaginaire sont les seuls accostages où peuvent, désormais, s’amarrer le sacré et la beauté. Raspail, explique-t-elle, était perpétuellement en « quête » d’« ailleurs mythiques » et de « fidélités nouvelles ». C’est, à notre sens, ce qui le rend si passionnément attachant, bien loin des stupides caricatures journalistiques dans lesquelles s’acharnent à l’encaserner tant de mollusques polygraphes qui ne l’ont jamais lu. En outre, citant La Miséricorde, ultime livre de Raspail, paru en 2015, aussi bernanosien que bloyen, Dieuleveult livre la clé de compréhension d’une œuvre uniment traversée par « une profonde dimension sacrée dans un monde qui en a perdu le sens »« Sans ce dernier roman, conclut-elle, on ne peut comprendre Jean Raspail tout comme on ne peut comprendre ce dernier roman si on le détache du reste de son œuvre. »

    Nous ajouterons que ce livre, par la richesse de ses contributions, permet précisément de mieux comprendre et l’homme et l’œuvre. C’est dire que tout bon Patagon se doit de posséder ce monument.

  • La conversion miraculeuse d'un athée

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    De Marie de Varax sur Famille Chrétienne :

    « À 20 h 30, je suis entré athée dans l’église, à 20 h 31, j’étais croyant »

    « À 20 h 30, je suis entré athée dans l’église, à 20 h 31, j’étais croyant »
    D.R.

    Le jardin embaume du parfum enivrant de dizaines de roses, roses trémières, fleurettes de lilas, et surtout de deux glycines qui croulent sous les grappes violettes. Au milieu de cet Éden, une grange rénovée, en bois et en pierre. Quand la porte s’ouvre après qu’on a fait tinter la cloche suspendue à l’entrée, on tombe nez à nez avec... une crèche ! Notre hôte sourit de cet anachronisme : « Mon cœur est une crèche perpétuelle, depuis la nuit de Noël 2015. »

    Ah, la nuit de Noël !

    Cette nuit où les miracles semblent naturels et s’accomplir sans efforts : en un instant, Claudel crut ; sainte Thérèse de Lisieux sécha ses larmes ; en une minute, Philippe Guillard devint catholique.

    Ce fut à la fois étrange et naturel, nous raconte notre converti. Lui et sa femme s’apprêtaient à réveillonner, comme des milliers de Français. Autour d’un chapon et d’une douzaine d’huîtres, pas en contemplant un santon sur un peu de paille... Tout à coup, poussée par une inspiration irrésistible, Jeanne se tourne vers Philippe et lui dit fermement : « Je dois t’emmener là où tu veux aller. » Stupéfaction de ce dernier : « Quoi ? Mais je ne veux aller nulle part ! » S’ensuit un dialogue surréaliste : « Je t’assure que si, et nous allons y aller. − Mais où veux-tu aller ? − Je t’emmène à la messe ! − À la messe ? ! Non, je ne veux pas y aller, certainement pas ! − Je t’assure que nous allons y aller. » Et voilà que Jeanne, d’autorité, l’entraîne dehors dans le vent et la pluie. L’église n’est pas loin. Ils arrivent pile à l’heure. Jeanne pousse la lourde porte, ils trouvent deux places, tout derrière. L’orgue emplit l’espace. Et soudain, Philippe est envahi d’une lumière, « une lumière bleue, que je saurais plus tard être la lumière incréée, teintée de la couleur mariale », pleine d’une présence vivante, de la Présence, qui l’inonde de joie. En un instant, il croit. « À 20 h 30, je suis entré athée dans l’église, à 20 h 31, j’étais croyant et catholique », résume-t-il.

    La conversion miraculeuse d'un athée

    Comme saint Augustin, Philippe aurait pu s’exclamer : « Tard je T’ai aimée, Beauté ancienne et si nouvelle ! tard je t’ai aimé. Tu étais au-dedans de moi et moi j’étais dehors, et c’est là que je T’ai cherché. » Marqué au fer rouge par une éducation catholique indigente et pleine de caricatures, l’adolescent révolté avait tourné le dos à Dieu. Définitivement, pensait-il.

    Il fallut des années des décennies de patience à Dieu pour lézarder l’épais mur que le scientifique athée avait érigé entre lui et son Créateur.

    Des années marquées par un « désir brûlant vers quelque chose de plus grand », par la recherche désespérée d’un sens à la vie, dans des chemins de traverse insatisfaisants psychanalyse, franc-maçonnerie, spiritualités orientales... Pour que l’orgueil tombe, et que son cœur puisse s’ouvrir, d’un coup, lors de l’estocade finale de cette nuit de Noël.

    Philippe Guillard raconte, avec une plume trempée dans ses larmes de reconnaissance (1), la céleste mécanique à l’œuvre dans son cœur qui permit ce divin rapt. Dans les deux ans qui ont suivi, le « nourrisson dans la foi » est nourri du miel et du lait de grâces mystiques peu communes : locutions de sainte Thérèse de Lisieux, visions... On comprend qu’après cette période bénie est désormais venu le temps du combat et de la Croix, autrement plus âpre et violent. L’homme se veut discret sur cette nouvelle phase qu’il racontera dans un nouvel ouvrage. Mais il ne regrette rien. « Je Lui ai tout abandonné. » Désormais, « c’est Dieu qui pilote. Le Seigneur a pris le volant et il va très vite ! ».

    (1)Et le Ciel s’est ouvert, par Philippe Guillard, Éditions des Béatitudes, 288 p., 18 €.

     
  • Motu Proprio « Traditionis Custodes » : les portes claquent

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    Andrea Grillo hqdefault (1).jpgD’aucuns se sont réjouis un peu vite de l’ouverture méritante quoique prudente au Motu Proprio « Traditionis custodes » esquissée par le Père-Abbé de l’importante abbaye bénédictine de Fontgombault dans un commentaire publié par l’hebdomadaire « Famille chrétienne ». Cliquez ici: Dom Pateau : « Il faut sortir de ce combat liturgique qui épuise l’Église »

    Voici la réponse fourchue que vient de lui adresser Andrea Grillo (photo ci-jointe) le plus connu des inspirateurs avérés de la prose militante du Motu Proprio signé par le pape François.

    “Cher Père Abbé,

    Dans l’interview publiée par “Famille Chrétienne” le 19/7, reprise avant-hier par le blog Messainlatino dans une traduction italienne, j’ai trouvé avant tout un esprit bénédictin de réconciliation et de paix. En cela, je suis pleinement d’accord avec vous. L’année dernière, avec un groupe de théologiens européens et américains, nous avons écrit un livre électronique sur le thème de la “réconciliation liturgique”, perspective que vous considérez également comme absolument décisive. Vos propos sont également très clairs en soulignant l’objectif de “ne pas rejeter” le texte du nouveau Motu Proprio (=MP) du Pape François, qui abroge “Summorum Pontificum” (=SP). Vous avez eu le courage de prononcer ce mot fort, spécialement dans votre milieu, et j’y trouve un signe de la grande tradition bénédictine qui caractérise non seulement votre Abbaye, mais aussi les Abbayes dans lesquelles j’ai appris à connaître et à reconnaître la force de la liturgie : Sainte Justine à Padoue, Saint Anselme à Rome, Camaldoli dans le Casentino, Dominus tecum à Prad Mill, ainsi que les nombreuses Abbayes féminines (Grandate, Fabriano, Tarquinia…).

    Nous sommes d’accord sur deux exigences tout à fait centrales : construire des ponts est devenu un impératif, ainsi que mettre fin aux batailles liturgiques s’avère être une priorité incontournable pour tous. Vous essayez de trouver le ton le plus approprié pour donner du nouveau texte une vision qui ne soit pas source de division, intolérante, d’opposition frontale. C’est un noble objectif qui vous honore. En même temps, cependant, votre texte semble rester complètement sourd au contenu du MP “Traditiones Custodes” (=TC), et cela me surprend quelque peu. Dès le titre, que vous n’avez peut-être pas déterminé, mais qui semble néanmoins fidèle au contenu de vos propos, la relation entre le texte de François et la construction de ponts est déplacée : ce que François demande, avec TC, c’est de construire des ponts “entre les personnes” dans l’unique rite commun ordinaire, et non “des ponts entre deux formes du rite romain”. Ce malentendu initial, qui trouve de nombreuses confirmations tout au long de votre interview structurée, manifeste une sorte d’ “angle mort” que je tente d’éclaircir, dans une série de brèves observations, que je vous soumets volontiers :

    a)  D’une manière générale, votre option de “ne pas rejeter le texte de François”, si on l’observe attentivement, apparaît plutôt singulière. Pour le fait que, en évaluant le texte de TC, vous le remplissez continuellement avec le contenu de SP. Mais TC a abrogé SP et la logique avec laquelle SP prétendait faire la paix. Si l’intention est de “faire la paix”, il faut donner aux mots leur véritable sens. Vous poursuivez, dans votre discours, en parlant de “deux formes du même rite”, auxquelles les baptisés “auraient droit”. Mais c’est la vision que SP a tenté d’introduire d’une façon disruptive avec des principes que la tradition n’a jamais connus. L’interprétation sur le “missel tridentin” – que vous n’êtes pas le premier à répéter et qui a vu le jour dans les déclarations du Card. Giuseppe Siri en 1951 et de M. Lefebvre après le Concile Vatican II – selon laquelle il n’aurait pas éliminé les “autres formes” du rite romain, est une élucubration sans fondement : vous devriez savoir que les “autres formes”, avec lesquelles le rite tridentin est comparé, avaient des déterminations géographiques ou personnelles très particulières. Ni le rite ambrosien ni le rite dominicain ne sont des “rites universels”, mais un ordo conditionné par des dimensions géographiques ou personnelles qui délimitent structurellement leur impact. Le Concile de Trente n’a jamais conçu, même de loin, “deux formes” du même rite existant dans la même unité d’espace, de temps et de personnes. Seul SP a tenté d’émettre l’hypothèse de l’existence simultanée de deux formes différentes et conflictuelles du même rite romain. Cette “astuce” – car il s’agit d’un trucage systématique – a apporté la “bataille”, pas la “paix”. C’est pourquoi TC a abrogé SP : parce qu’il n’est pas possible de construire des “ponts” entre différentes formes du rite romain, mais seulement des ponts entre les personnes diverses qui utilisent toutes la même forme commune du rite romain.

    b) Toujours au début, puis à plusieurs reprises dans vos réponses, vous soulignez la “dureté” et la “sévérité” de TC, qui se résume dans la perception que vous exprimez ainsi : “Le texte du Pape suggère que tout doit être fait pour que le mode de célébration sous forme extraordinaire disparaisse le plus rapidement possible. Cela inquiète à juste titre les fidèles qui sont attachés à cette forme”. D’une certaine manière, vous semblez évaluer cette histoire sous un angle privilégié. Certains monastères bénédictins, dont le vôtre, avaient en quelque sorte anticipé, sous une forme particulière et non sans éléments de rigidité et d’obstination, la solution que l’on pensait transformer en 2007 en “droit commun”. Dure et sévère a été la précipitation voulue en 2007. Elle a créé des illusions, des distorsions de perspectives, des mirages et des cauchemars. L’invention – à la limite de la mystification – d’une “forme extraordinaire” ajoutée 50 ans plus tard à la forme ordinaire rédigée sur instruction du Concile et rendue “facultative” est une démarche trop dure et trop sévère. Face à cette “dure accélération de la nostalgie”, CT apparaît au contraire comme un acte de modération et de reprise organique de la véritable histoire commune. Ce n’est pas une “prétention absurde de François” que le VO (=Vetus Ordo) disparaisse : c’est toute la tradition qui a toujours su – au moins jusqu’à l’amnésie institutionnelle de 2007 – qu’une réforme générale du rite romain remplace le rite précédent par le nouveau. Et le rite romain se trouve être celui qui résulte de la réforme. Comme cela a toujours été le cas, à travers les âges.

    c) Vous pensez que certains liturgistes “méprisent” la forme extraordinaire du rite romain et que la seule voie vers la paix serait la reconnaissance mutuelle entre les deux “formes” : ceux qui célèbrent le NO (=Novus Ordo) devraient reconnaître le VO et ceux qui célèbrent le VO devraient reconnaître le NO. Mais là aussi, les choses ne peuvent pas fonctionner ainsi, que ce soit sur le plan théologique, spirituel ou pastoral. En ce qui concerne les liturgistes, je ne peux parler qu’en mon nom et je ne me permets pas de parler au nom de tiers. Mais en ce qui me concerne, je n’ai aucun mépris pour le VO : simplement, je ne le connais pas et ne peux pas le connaître : c’est le Concile Vatican II qui le veut ainsi. Parce que c’est la forme du rite romain que le Concile a voulu réformer et qui m’est parvenue sous la seule forme que j’ai jamais célébrée : celle d’après 1969. Je trouve curieux que moi, qui suis né en 1961, je puisse dire cela en toute conscience, alors que vous, qui êtes né cinq ans après moi, pouvez célébrer ordinairement avec la forme extraordinaire. Bien sûr, je sais bien que votre identité française, vos origines vendéennes, l’histoire de l’Église de France, qui a mis en œuvre la réforme liturgique de manière beaucoup plus lente et avec moins de finesse qu’en Italie, parlent d’elles-même ici. En Italie, avec toutes nod limites, nous avons effectivement mis en œuvre et appliqué la réforme. L’accès au rite romain s’est fait dans la nouvelle forme qui est rapidement devenue ordinaire et unique, comme cela s’est toujours produit dans l’histoire de l’Église. C’est mon expérience, depuis le début, qui me parle du rite romain dans la seule forme en vigueur, depuis que j’ai l’âge de raison. Non pas par mépris personnel, mais par invraisemblance traditionnelle.

    d) Vous parlez, en même temps, de “ne pas rejeter le texte de François” et d’”attachement à la forme extraordinaire”. Le premier est une “norme”, le second une “affection”. Je crois qu’il y a là le côté le plus délicat de la question, qui ne peut être résolu ni par des “décrets d’en haut” ni par le “populisme d’en bas”. Avec TC, la façon d’aborder la question a changé. Il n’y a plus de “forme extraordinaire” du rite romain (quelque chose qui a été inventé en 2007 par SP et qui n’a aucun fondement dans le passé ecclésial) mais une seule forme du rite (celle dite “ordinaire”) et quelques concessions à l’usage du rite “non en vigueur”, qui sont destinées avec le temps à être réduites à néant. C’est la physiologie ecclésiale, pas la pathologie de François. Ainsi, le défi de faire la paix passe des “ponts entre deux formes rituelles” aux ponts “entre les fidèles qui utilisent la seule forme commune”. Beaucoup des choses que vous désignez comme “inaliénables” dans la VO doivent être découvertes, introduites ou reconnues dans l’Ordo voulu par le Concile Vatican II. Et ne serait-ce pas un petit signe de paix si une abbaye bénédictine comme la vôtre, qui a nourri une certaine hostilité à l’égard de Vatican II, se donnait progressivement à la découverte des trésors liturgiques du NO et les mettait en commun, dans l’expérience monastique et dans l’expérience ecclésiale. Et aidait ainsi toute l’Église à vivre la continuité de l’essentiel du depositum fidei (=dépôt de la foi) dans la nouvelle formulation de sa présentation.

    e) Les paroles des jeunes qui disent “la réforme n’est pas terminée” sont importantes et tout à fait vraies. La réforme ne fait que commencer. Mais cela ne justifie pas une réponse décevante : soit parce qu’elle leur fait croire qu’ils peuvent rester de ce côté de la réforme, dans un rite artificiel qui n’a plus aucun fondement ; soit parce qu’elle leur fait croire au manque de style et au laisser-aller d’une routine sans soin et sans expérience vivante. Le travail commun, transgénérationnel, sur le seul rite commun est l’horizon que le Pape François a voulu, avec autorité, remettre au centre de l’attention. Contre le détournement introduit dans l’église par la théorie de la “double forme”, qui a trompé et chagriné tout le monde. Sur un plan strictement théologique, il y a eu, au cours de ces 14 années, une sorte de “folie collective” dont François nous a réveillés, avec des mots d’une grande clarté, en vue d’une véritable réconciliation. Ce travail de réconciliation ne peut être réalisé par l’invention d’une “compétition” entre deux formes rituelles, la seconde ayant été créée pour corriger et amender la première.

    Cher Père Abbé, vous dites bien : ” Il est temps de construire des ponts “, en supprimant les lectures idéologiques. Tout d’abord, celles qui créent artificiellement un régime de “concurrence déloyale” entre des formes rituelles qui n’ont pas été faites pour ça et qui ne peuvent coexister, sinon exceptionnellement, que par un indult. Je comprends le désarroi de ceux qui s’étaient bercés de l’illusion qu’ils pouvaient vivre “universellement” avec cette contradiction embarrassante. Mais pour consoler les déçus et les trompés, nous devons utiliser les mots de TC, pas ceux de SP : sinon la blessure ne sera pas guérie et les ponts ne seront que la dénomination opportuniste par laquelle nous continuerons à appeler et à construire de nouveaux murs infranchissables”. 

    (traduzione dall’italiano al francese di Pierre Vignon)

    http://www.cittadellaeditrice.com/munera/cher-pere-abbe-sur-la-paix-liturgique-en-dialogue-avec-dom-pateau/

    Bref, un dialogue avorté: cela commence bien! Pour mémoire, l’abbaye de Fontgombault compte, sauf erreur, une soixantaine de moines auxquels il faut ajouter quelques 170 moines issus d’un essaimage de cette abbaye-mère vers ses quatre abbayes filles fondées (Triors, Randol, Donezan) ou reprise (Wisques) par elle en France et une cinquième abbaye fondée aux Etats-Unis (Clear-Creek)...

    JPSC