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  • Affaire Gaël Giraud : les jésuites s’expliquent après les révélations de La Vie

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    De Camille Meyer sur RCF - Radio Notre-Dame :

    Affaire Gaël Giraud : les jésuites s’expliquent après les révélations de La Vie

    18 décembre 2025

    Accusations contre Gaël Giraud : réaction des jésuites en France

    Face aux révélations visant Gaël Giraud, la Compagnie de Jésus sort du silence. Invité à s’exprimer, le père Grégoire Le Bel, adjoint du Provincial, reconnait la gravité des témoignages tout en expliquant les choix opérés par les jésuites dans la gestion de cette affaire sensible. Il était l'invité de la matinale. 

    Au lendemain des révélations de La Vie mettant en cause le jésuite et économiste Gaël Giraud pour des faits d’emprise spirituelle et psychologique ayant conduit à des abus sexuels, la Compagnie de Jésus a pris la parole. Invité à réagir sur notre antenne, le père Grégoire Le Bel, jésuite et adjoint du Provincial pour la province Europe-Occidentale francophone, a d’abord tenu à redire sa pensée pour les personnes ayant témoigné.

    Soulignant le "courage de briser le mur de la peur, de la honte et du mépris", évoquant des récits  "extrêmement graves", le père Le Bel estime que la Compagnie de Jésus "a toujours essayé de réagir en fonction des témoignages reçus ", alors même que Gaël Giraud conteste formellement l’ensemble des accusations portées contre lui, qu’il qualifie d’allégations.

    Affaire Gaël Giraud : une première alerte dès 2021

    Retraçant la chronologie de l’affaire Gaël Giraud, le père Grégoire Le Bel rappelle qu’en 2021, les jésuites reçoivent le témoignage d’une première femme signalant une relation amoureuse consentie.

    En 2024, une relation sexuelle est évoquée, conduisant au retrait de Gaël Giraud de la vie publique et à une période de probation de près de deux ans, assortie de mesures restrictives strictes. À l’automne 2025, une plaignante requalifie les faits en agressions sexuelles. Quelques jours plus tard, la Compagnie de Jésus effectue un signalement auprès du procureur de la République et ouvre une enquête canonique préliminaire confiée à un enquêteur externe. Aujourd’hui, Gaël Giraud n’exerce plus aucune mission pastorale.

    Pourquoi ne pas avoir pris de mesures plus contraignantes dès 2024 ? "À chaque étape, nous avons pris des mesures proportionnées aux faits qui nous étaient connus", explique le père Grégoire Le Bel, soulignant la nécessité de respecter le rythme des personnes victimes, dont les récits peuvent évoluer dans le temps. Interrogé sur la fin des mesures conservatoires avant la requalification des faits en agression sexuelle, il assume une position de prudence, rappelant que l’Église ne peut ni précipiter ni forcer la parole.

    Gaël Giraud, entre “face brillante” et “face sombre”

    Le responsable jésuite reconnaît la difficulté particulière liée à la personnalité de Gaël Giraud, figure intellectuelle très exposée dans l’espace public. Il évoque une possible "dualité" entre une "face brillante" et une "face sombre", aujourd’hui révélée par l’enquête de La Vie. "C’est un compagnon, un membre de ma famille. Mais en même temps, c’est quelqu’un qui, visiblement, a fait beaucoup de mal", confie-t-il, non sans émotion, tout en reconnaissant la gravité des faits rapportés.

    Violences sexuelles dans l’Église : une responsabilité institutionnelle en question

    Réagissant en fin d’émission, Matthieu Poupard, cofondateur d’Agir pour notre Église et accompagnateur de plusieurs victimes, propose une lecture plus large. Selon lui, "tout récit d’abus est un récit collectif", révélateur de responsabilités institutionnelles.

    Au-delà des personnes mises en cause, ce sont les structures elles-mêmes qui, selon lui, rendent possibles les situations d’emprise et de silence.

  • Quand le vicaire du Christ prend part à la mêlée médiatique

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Quand le vicaire du Christ se joint à la mêlée médiatique

    COMMENTAIRE : Quels sont les avantages, les dangers et les conséquences indésirables des échanges informels du pape Léon XIV avec la presse mardi soir à Castel Gandolfo ?

    C'est devenu une nouvelle convention papale.

    Chaque mardi soir, après sa journée de repos désormais habituelle à la résidence d'été papale de Castel Gandolfo, située juste à l'extérieur de Rome, le pape Léon XIV quitte la ville pour le Vatican, s'arrêtant pour discuter avec la presse. 

    Les journalistes interrogent le Saint-Père sur l'actualité, généralement liée à la politique internationale ou à l'Église catholique, et le pape répond spontanément, sans préparation. Ce format rappelle les points presse improvisés, fréquents lors des rencontres entre personnalités politiques et célébrités et médias. 

    Pour un pape, c'est toutefois une première. Aucun souverain pontife, pas même le pape François, pourtant friand d'interviews en tant que pape, ne s'était jamais adressé à la presse de manière aussi spontanée . Les conférences de presse papales en vol, instaurées par saint Jean-Paul II, sont similaires, mais plus rares et encadrées. 

    Les motivations du pape Léon XIV quant à cette approche médiatique restent floues. Il a inauguré cette pratique en juin, lorsque le journaliste Ignazio Ingrao, de la RAI, la chaîne de télévision publique italienne, l'a interpellé à sa sortie du territoire de Radio Vatican, près de Rome. 

    Le Saint-Père semblait à l'aise pour répondre aux questions d'Ingrao, d'autant plus qu'elles portaient sur des sujets qui le passionnent : le développement durable, l'environnement et les menaces qui pèsent sur la paix mondiale. Mais cet échange était frappant en ce que, pour la première fois en dehors d'un voyage papal, il abolissait une certaine distance, pourtant reconnue, que le pape entretient naturellement en tant que Vicaire du Christ.

    Certains apprécient l'aspect terre-à-terre, spontané et convivial de ces échanges ; d'autres estiment que ces rencontres informelles risquent d'estomper la frontière entre le bureau de Petrine et une célébrité politique, même si elles offrent des avantages en termes de relations publiques et d'image.

    Leur atout réside dans leur capacité à rendre le Pape moins distant, plus accessible, plus humain et plus responsable envers les fidèles, à l'ère de la démocratie, de l'exigence de transparence et de l'information en continu. Ils répondent à l'insatiable soif contemporaine de transparence en toutes choses, devenue particulièrement criante au Vatican suite aux scandales d'abus sexuels commis par des membres du clergé, de malversations financières et de mauvaise gouvernance. 

    La franchise inhérente à ces échanges peut permettre aux fidèles de mieux connaître Léon, encore méconnu et quelque peu énigmatique. Le Saint-Père peut également saisir cette occasion pour enseigner, toucher un public plus large qui n'aurait peut-être pas accès à ses messages déjà publiés, et appliquer son enseignement aux problématiques actuelles les plus brûlantes. 

    Pourtant, les qualités mêmes qui justifient cette pratique engendrent aussi de nouveaux risques. Depuis que le pape a commencé à accorder ces interviews « à domicile » à Castel Gandolfo début septembre, les médias l'ont amené à commenter spontanément des questions politiques et des problèmes de société, ce qui a provoqué de nombreuses polémiques indésirables et, de l'avis de certains, évitables. 

    L'exemple le plus significatif remonte à octobre, lorsqu'un collègue d'EWTN a interrogé Léon XIV au sujet de la distinction décernée par le cardinal Blase Cupich de Chicago au sénateur démocrate Dick Durbin de l'Illinois, partisan du droit à l'avortement, pour l'ensemble de son œuvre. En réponse, le pape Léon a présenté le débat comme une éthique « pro-vie » unifiée, semblant ainsi contredire les évêques américains qui s'étaient majoritairement opposés à cette distinction. Léon a également affirmé que quiconque s'oppose à l'avortement mais soutient la peine de mort ou le « traitement inhumain des immigrants » ne peut être véritablement qualifié de pro-vie – une critique claire de la politique de l'administration Trump. 

    Le pape a introduit son propos en déclarant qu'il n'était « pas très au fait » de l'affaire du prix Durbin – une remarque qui, de l' avis des observateurs, aurait dû le dissuader de s'exprimer davantage. Au lieu de cela, en répondant de cette manière, Léon XIV s'est livré à une rare incursion papale dans une affaire particulière de séparation de l'Église et de l'État. Bien que Durbin ait décliné le prix peu après, les propos du pape ont contribué à exacerber les divisions entre les différents camps. 

    Lors d'autres points de presse à Castel Gandolfo, Léon s'est immiscé dans la politique d'immigration américaine et a critiqué la politique étrangère des États-Unis, exhortant le président Trump à ne pas lancer d'invasion militaire du Venezuela . 

    Plus récemment, il a déclaré préférer ne pas commenter le plan de paix américain visant à mettre fin à la guerre russo-ukrainienne, car il ne l'avait pas lu en entier. Il a néanmoins affirmé que certains passages représentaient, « malheureusement », un « changement radical dans ce qui fut, pendant de très nombreuses années, une véritable alliance entre l'Europe et les États-Unis ». Sans le nommer, Léon XIV a déclaré que les récentes déclarations du président Trump concernant l'Europe visaient à « briser ce qui, à mon avis, doit être une alliance essentielle aujourd'hui et pour l'avenir ». Les médias ont interprété ses propos comme une rare réprimande papale à l'encontre d'un président américain en exercice. 

    Est-il donc prudent et nécessaire pour un pape de participer à ces échanges ?  

    Un pape n'est ni un homme politique ni un technocrate supranational, mais le vicaire du Christ, oint comme son représentant suprême pour guider les âmes vers le Ciel. Ses déclarations exigent donc non seulement une mûre réflexion et une profonde considération, mais aussi une attention particulière aux réalités transcendantes et éternelles. Sa priorité est de former les consciences, d'affirmer la foi et de préserver l'unité, plutôt que de donner des directives détaillées sur la politique et les affaires temporelles, qui pourraient être instrumentalisées à des fins partisanes. Certains pourraient également prendre ces propos tenus lors d'une interview pour des déclarations magistérielles, alors que ce titre est réservé aux annonces officielles du pape.

    Le pape saint Jean-Paul II, ainsi que les papes Benoît XVI et surtout Pie XII, l’avaient bien compris. Ce dernier se montra extrêmement prudent, évitant les confrontations médiatiques qui auraient pu être perçues comme un acte de partisanerie manifeste.

    Jean-Paul II et Benoît XVI abordaient avec habileté (mais pas toujours) les questions d'actualité brûlantes, selon leur propre perspective et généralement en termes généraux. Ils réagissaient aux événements récents en se référant à la doctrine de l'Église, notamment à son enseignement moral et social, et laissaient aux journalistes le soin d'établir un lien entre cette doctrine et l'actualité du jour. Ce faisant, ils respectaient le principe catholique de subsidiarité, laissant ainsi aux évêques d'un pays ou aux responsables vaticans compétents, tels que le secrétaire d'État, le soin de répondre aux spécificités de ces questions s'ils le souhaitaient.

    Ils respectaient également la distance nécessaire et établie de longue date entre le pape et le peuple. Il ne s'agissait pas d'un motif clérical ni d'une volonté de se croire supérieur aux autres, mais bien du fait que, comme tout prêtre ordonné, il est mis à part, participant à l'autorité et à la médiation du Christ d'une manière que les fidèles ne connaissent pas. Un pape ne doit pas non plus être inaccessible, distant ou physiquement éloigné des gens, mais, par sa certaine distance et son détachement vis-à-vis des affaires temporelles, il reflète l'essence de la sainteté et la dignité de l'office pétrinien. 

    Cette séparation renforce également le mystère qui entoure la fonction papale, consolidant sans doute l'autorité papale – une qualité qui semble aller de soi chez les monarques. Une partie du charme de la reine Élisabeth II résidait dans le fait qu'elle accordait très rarement des interviews aux médias et que, de par son rôle constitutionnel, elle laissait rarement transparaître ses opinions politiques. Cela contribuait à rehausser son aura royale, que les papes possèdent également de par la nature monarchique de leur fonction.

    Enfin, mis à part les journalistes en quête d'un sujet, personne n'exige que le pape Léon XIV partage son point de vue sur une question de politique intérieure particulière avec autant de détails, ni sur aucun autre sujet d'actualité d'ailleurs. Le Saint-Père n'a de comptes à rendre à aucun électorat ; son seul juge est Dieu. Il est également libre de pontifier comme il l'entend, quand et comment, et dispose de nombreuses occasions de le faire, que ce soit dans ses homélies, ses messages ou ses documents magistériels. 

    À l'inverse, ces entretiens spontanés « à domicile » se déroulent selon les conditions d'autrui et exigent une réponse immédiate et non réfléchie, le rendant ainsi vulnérable à la controverse et à la commission d'erreurs doctrinales qui seront probablement interprétées comme magistrales. 

    Compte tenu des problèmes, des risques et des écueils que présentent ces rencontres avec les médias, il serait prudent que le pape Léon XIV et ses conseillers en reconsidèrent le recours. Ils pourraient instaurer des garde-fous et des règles de communication internes. Ou, vu leur faible utilité, les supprimer purement et simplement, ainsi que les conférences de presse en vol. 

    Le silence est d'or. Et à l'ère agitée, versatile et querelleuse des réseaux sociaux, plus que jamais.

  • La radio chrétienne nationale belge, 1RCF Belgique, va prochainement arrêter de diffuser en DAB+

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    Lettre aux amis de 1RCF Belgique : arrêt du DAB+ et renforcement des moyens de CathoBel

    9 décembre 2025

    La radio chrétienne nationale belge, 1RCF Belgique, va prochainement arrêter de diffuser en DAB+. Cette décision des évêques accompagne un recentrage sur ses missions médiatiques dans le numérique avec une priorité vers les jeunes.

    1RCF arrete le dabplus

    LETTRE AUX AMIS DE 1RCF BELGIQUE

    Wavre, le 9 décembre 2025

    Chers auditeurs, donateurs et invités de la radio 1RCF Belgique,

    Comme vous l’avez sans doute appris par les médias, la Conférence des évêques de Belgique francophone a décidé de mettre un terme à son soutien à la radio nationale 1RCF Belgique, après sept années de développement et d’accompagnement fidèle. Ce fut un long débat.

    Lancée en 2019, 1RCF Belgique assurait une couverture de l’ensemble de la Belgique francophone en DAB+ et sur internet. Les moyens de 1RCF Belgique (RCF FWB srl) seront transférés au cours du premier semestre 2026 à CathoBel, son actionnaire majoritaire à hauteur de 80 %, afin de contribuer à de nouveaux projets numériques, dont certains spécifiquement destinés aux jeunes.

    Cette décision a surpris l’équipe et a fait l’objet d’un communiqué de presse des évêques le vendredi 4 novembre 2025 sur le site cathobel.be, https://www.cathobel.be/2025/12/leglise-de-belgique-investit-dans-le-numerique-avec-le-souhait-de-toucher-davantage-les-jeunes-et-integre-1rcf-au-sein-de-cathobel/ 

    Gratitude

    Avant de décrypter les principales raisons ayant conduit à cette décision, nous souhaitons, au nom de toute l’équipe des permanents et des bénévoles, ainsi que de nos dizaines de milliers d’auditeurs et de followers, exprimer notre profonde gratitude à la Conférence des évêques pour son soutien constant au projet de média numérique 1RCF, depuis le dépôt de candidature au CSA au début de l’année 2019. Lancer un média à partir d’une page blanche, quelques mois avant le début du confinement, restera un souvenir particulièrement marquant.

    Notre reconnaissance s’adresse également aux nombreux donateurs et mécènes qui ont permis de financer 73% des frais de fonctionnement, soit 1,3 million d’euros depuis 2019. Enfin, nous remercions chaleureusement toutes celles et ceux — bénévoles et permanents — qui ont produit ensemble plus de 9 000 heures de contenus inspirants et accueilli autant d’invités belges.
    Le communiqué sus-mentionné relaie aussi la gratitude exprimée par les évêques pour l’ensemble du travail accompli. 

    Les principales raisons

    La radio FM perd chaque jour des auditeurs et ne représente plus aujourd’hui que 45 % du volume total d’écoute, contre 24 % pour le DAB+, 24 % pour internet et 7 % pour la radio filmée. La transition complète ne s’étalera probablement pas sur 10 mais sur 15 ans, jusqu’aux alentours de 2033 selon certains experts. L’avenir de la radio sera hybride : DAB+ et internet, avec une présence accrue en podcasts et sur les réseaux sociaux. Pour réussir cette mutation, il faut disposer d’une solidité financière suffisante, dans un contexte où les Big Tech renforcent leur emprise sur l’audience et où le nombre de producteurs de contenus numériques augmente, y compris dans le monde chrétien.

    Depuis 2019, 1RCF diffuse simultanément en DAB+ et sur internet et bénéficie d’une forte présence sur les réseaux sociaux. Toutefois, les moins de 35 ans écoutent de moins en moins la radio au profit des plateformes musicales internationales.

    Le coût annuel de la diffusion sur les 34 antennes DAB+ de la RTBF représente 35 % du budget de la radio, soit plus de 100 000 euros par an. Bien que le DAB+ coûte quatre fois moins cher que la FM, cette charge reste très lourde pour une petite structure comme la nôtre, d’autant plus que nous n’avons pas pu obtenir de la RTBF - opérateur unique nommé par le gouvernement - un tarif adapté aux radios qui émettent exclusivement en DAB+. 1RCF paie donc le même prix que les grands réseaux commerciaux (Nostalgie, Bel RTL, etc) et publics (RTBF), ce qui alourdit encore les coûts liés à une transition trop longue.

    Comme beaucoup d’organisations, le budget de l’Église catholique est lui aussi sous pression. Le temps est aux économies, aux synergies et à la clarification des priorités dans sa mission médiatique, notamment pour rejoindre les jeunes générations.

    Notre audience reste modeste et difficile à mesurer avec précision, à l’image de la plupart des médias de niche, y compris catholiques. La concurrence entre médias chrétiens pour attirer l’audience et les dons s’intensifie, même depuis la France, tandis que le nombre de donateurs diminue. Il existe également une confusion entre les radios locales RCF (Bruxelles, Liège et Namur) et la radio nationale 1RCF, chacune devant assurer son autonomie financière et produire une majorité de contenus propres conformément à la réglementation.

    L’idée de lancer un réseau radio national est né en 2018. Initiateur du projet, Jacques Galloy se souvient: “C’est lorsque j’étais président de RCF Liège que je ne concevais plus de dépenser autant pour couvrir seulement la moitié du diocèse de Liège, un si petit bassin de population, donc d’audience. Avec un budget légèrement supérieur, il était devenu possible de monter une radio capable de couvrir tous les francophones de Belgique en DAB+ ou internet, le format successeur de la FM qui est en train de disparaître progressivement. Comme pour Vivacité, la fréquence DAB+ permet des décrochages régionaux. Toutefois, fédérer est un défi humain qui demande de l’humilité et une vision partagée par tout le monde.”

    Après six années de bénévolat à mi-temps, Jacques Galloy souhaitait transmettre la direction opérationnelle de 1RCF. Or, début 2025, la nouvelle direction a été contrainte d’entamer un long traitement médical. Le fondateur a donc prolongé son engagement tout en recherchant une solution durable, notamment à travers un rapprochement avec CathoBel.

    Ces raisons sont compréhensibles. Il s’agit d’un choix stratégique, mais aussi d’un pari sur l’avenir. 

    Le verre à moitié plein

    La création de 1RCF a permis de rejoindre de nouveaux publics de chrétiens et de chercheurs de sens. Le nombre d’auditeurs comme celui des donateurs a progressé de manière continue, avec une croissance moyenne de 15 % par an.

    Sur les 1,8 million d’euros collectés en six années, 27 % provenaient de subventions de la Conférence épiscopale et 73 % de dons et de revenus diversifiés. La radio n'a reçu aucune subvention publique, hormis celle du COVID, et les dons n'étaient pas déductibles ficalement. Ceci sans tenir compte de la valeur des mécénats de compétence.

    Comment ne pas se souvenir de la traversée des 18 mois de confinement, quelques mois seulement après le lancement de la radio, alors que l’équipe permanente ne comptait que trois personnes ?
    En 2025, les contenus de 1RCF ont été vus plus de 3 000 000 de fois sur les réseaux sociaux, touchant notamment de nombreux jeunes en couvrant beaucoup d’évènements “jeunes”. 1RCF Belgique a su combiner une diffusion radio en DAB+ et sur internet pour les plus de 35 ans, avec une forte production de podcasts et une présence dynamique sur les réseaux pour rejoindre les moins de 35 ans.

    Afin de soutenir la longue transition FM/DAB+, le CSA a accordé à 1RCF une réduction exceptionnelle du quota de production propre, de 70 % à 45 % l’été dernier. Cette mesure a permis de réduire les coûts et d’enrichir l’offre.

    La qualité du programme n’a cessé de progresser, en particulier depuis la rentrée de septembre 2025, grâce à l’engagement de l’équipe professionnelle. Bravo à toutes et tous pour ce travail collectif: nous pouvons être fiers du chemin parcouru. 

    Cap sur 2026

    Parce que l’union fait la force, les compétences audio et numériques de 1RCF sont appelées à renforcer l’offre globale de CathoBel. Les modalités de cette intégration restent encore à définir.
    Les initiatives de 1RCF ont largement semé. Nous sommes convaincus qu’elles ont permis l’émergence d’un nouveau relais de croissance pour son actionnaire CathoBel, éditeur de l’hebdomadaire Dimanche, producteur d’émissions radio et TV pour la RTBF et les RCF, ainsi que gestionnaire du site cathobel.be.

    La date de l’arrêt de la diffusion DAB+ doit encore être précisée. Toutefois, l’annonce de l’arrêt prochain du DAB+, en pleine campagne de dons de fin d’année, risque d’impacter les moyens financiers disponibles début 2026.

    Les nouveaux bureaux et studios en construction à Wavre accueilleront la nouvelle organisation unifiée sous la bannière CathoBel autour de l’été 2026.

    Si l’équipe de 1RCF Belgique est naturellement affectée par cette annonce, elle regarde néanmoins l’avenir avec espérance car le numérique demeure une opportunité formidable pour partager la joie de l’Évangile.

    Créons, osons prendre des risques, entreprenons, à l’image de la parabole des talents (Mt 25, 14).

    Merci et à très bientôt pour vivre la nouvelle année avec la rencontre annuelle de Taizé à Paris,

    L’équipe 1RCF Belgique

  • Le pape et la presse : Léon XIV redonne à la papauté ses lettres de noblesse, de spiritualité et de courtoisie

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    Du site Silere non possum :

    Le premier voyage apostolique de Léon. La presse n'est pas parvenue à atteindre ses objectifs.

    Le premier voyage apostolique international de Léon XIV s'est récemment achevé au Liban , dernière étape d'une visite marquée par des gestes publics de réconfort et un message d'espérance adressé aux fidèles libanais. Entre Beyrouth , Annaya et Harissa , le Pape a rencontré des communautés meurtries – priant également devant le mémorial de la terrible explosion d'août 2020 – et a conclu son voyage en célébrant la messe et en lançant au peuple une invitation à une fraternité possible, par-delà toutes les frontières nationales et religieuses. En Turquie, l'accueil des Églises a donné au voyage une dimension œcuménique concrète, tandis qu'au Liban, notamment parmi les jeunes, l'enthousiasme était palpable , unanime , irrésistible : des milliers de jeunes ont entouré le Pontife comme on le fait avec celui qui rouvre l'avenir, non seulement par ses paroles, mais aussi par sa présence. Léon XIV a vécu ces journées visiblement ému, non par un triomphe personnel, mais par la preuve de son appartenance : un peuple qui ne réclame pas de symbole, mais se reconnaît en un père.

    Le comportement de la presse

    La presse internationale a accueilli l'événement avec une froideur surprenante, voire une attention distraite, bien loin de l'implication qui a généralement accompagné les apparitions publiques du Pape ces treize dernières années. Même sa visite à la mosquée a été marquée par un comportement médiatique typique de ces journalistes plus enclins à la manipulation qu'à l'information.

    D'un côté, certains ont tenté de déformer les propos du Pontife pour leur donner un ton anti-islamique; de l'autre, d'autres ont préféré garder le silence, voire remettre en question la véracité des propos rapportés de l'imam. Mais Silère non possum confirme sans l'ombre d'un doute que la seule réponse du Pape à l'invitation de l'imam à se joindre à la prière fut un simple « Non, merci » : une réponse directe, dénuée de toute connotation polémique, suivie du choix explicite de poursuivre sa visite au lieu de culte musulman.

    Ce refus calme et contextualisé n'indique pas une rupture, mais une cohérence ecclésiologique et un respect interreligieux . Dans la tradition islamique, en effet, la prière d'un non-musulman dans une mosquée peut être perçue comme un geste déplacé, voire comme une parodie involontaire du sacré . Léon XIV, en tant que chef de l'Église catholique, a donc choisi une posture non mimétique, évitant les gestes qui auraient pu paraître inauthentiques, tout en manifestant une présence dialogique réelle, poursuivant la rencontre avec les fidèles musulmans comme un signe incontestable de considération , et non de confusion religieuse.

    Des moments de joie, parfois même légers et ironiques, ont marqué plusieurs étapes du voyage, vécus par le Pape avec une simplicité authentique qui a conféré aux rencontres un climat de sérénité manifeste, jamais construite autour d'une table. Léon XIV est apparu à plusieurs reprises visiblement ému par la profondeur des témoignages reçus et par la portée réelle de ses paroles, qui dépassaient le cadre protocolaire pour atteindre le cœur même de ses discours : des paroles vraiesancrées dans la vie. Capable de produire un impact perceptible sur les personnes qu'il rencontrait, le Pape proposait aux jeunes des idées concrètes pour la vie quotidienne de leur foi : non pas des slogans vagues, mais des suggestions pratiques, ancrées dans les questions existentielles qui marquent leur génération. Une approche qui actualise le langage de la proximité pastorale sans perdre la cohérence doctrinale, parlant de l' Évangile incarné, et non d'abstractions spirituelles.

    Pourtant, la presse internationale a largement opté pour une couverture médiatique minimale, nettement inférieure à celle réservée aux déclarations du Pape François, avec lequel de nombreux correspondants avaient tissé une relation lucrative et gratifiante. Le cortège apostolique suivant le Pontife comprenait de nombreux journalistes accrédités au Vatican, dont la présence semble souvent déterminée non par la compétence professionnelle, mais par les liens étroits – personnels ou éditoriaux – que leurs journaux respectifs entretiennent depuis des années avec le Bureau de presse du Vatican. Un détail significatif : un nombre croissant de journalistes choisissent de ne plus prendre l’avion, non seulement en raison d’un climat interne étouffant, mais aussi à cause d’un modèle opérationnel qui relève davantage de la logistique préétablie que du journalisme. 

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  • Le pape répond aux journalistes dans l'avion qui du Liban le ramène à Rome

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    De Vatican News :

    Léon XIV: «Je pensais prendre ma retraite, mais je me suis soumis à Dieu»

    Lors du vol de retour du Liban vers Rome, Léon XIV a rencontré les journalistes et parlé du rôle du Saint-Siège qui travaille «en coulisses» aux négociations de paix afin que les parties déposent les armes. Au sujet de l'Ukraine, il a souligné l'implication de l'Europe et l'importance du rôle que pourrait jouer l'Italie. Il a répondu à une question sur sa réaction à son élection au conclave et sur sa spiritualité: donner sa vie à Dieu et laisser que lui soit «le chef».

    Retranscription en intégralité de la conférence de presse du Pape Léon XIV à bord de l'avion le reconduisant à Rome:

    «Tout d'abord, je tiens à remercier tous ceux qui ont travaillé dur. Je voudrais que vous transmettiez ce message aux autres journalistes, tant en Turquie qu'au Liban, qui ont travaillé pour communiquer les messages importants de ce voyage. Vous méritez tous également un tonnerre d'applaudissements pour ce voyage». C'est ainsi que le Pape Léon XIV a salué les 81 journalistes présents sur le vol qui le ramenait de Beyrouth, répondant à leurs questions en anglais, en italien et en espagnol. Son voyage apostolique, le Moyen-Orient, la guerre en Ukraine, la présence de l'Europe dans les négociations de paix ou la situation au Venezuela figurent parmi les thèmes abordés par le Souverain pontife, qui a reçu en cadeau d'un correspondant libanais un tableau peint à la main en direct à la télévision, le représentant ces derniers jours sur les lieux symboliques visités au pays du cèdre.

    Joe Farchakh (LBC International): Vous êtes un Pape américain qui mène un processus de paix. Ma question est la suivante: allez-vous utiliser vos contacts avec le président Donald Trump et le Premier ministre Benjamin Netanyahu? Dans l'avion, vous avez déclaré que le Vatican était l'ami d'Israël. Allez-vous soulever la question de l'arrêt des agressions d'Israël contre le Liban? Une paix durable est-elle possible dans la région?

    Tout d'abord, oui, je pense qu'une paix durable est possible. Je pense que lorsque nous parlons d'espérance, lorsque nous parlons de paix, lorsque nous regardons vers l'avenir, nous le faisons parce qu'il est possible que la paix revienne dans la région et dans votre pays, le Liban. En fait, j'ai déjà eu quelques conversations avec certains des dirigeants des pays que vous avez mentionnés et j'ai l'intention de continuer à le faire, personnellement ou par l'intermédiaire du Saint-Siège, parce que le fait est que nous entretenons des relations diplomatiques avec la plupart des pays de la région, et nous espérons, bien sûr, continuer à relayer cet appel à la paix dont j'ai parlé à la fin de la messe d'aujourd'hui (mardi).

    Imad Atrach (Sky News Arabia): Dans votre dernier discours, vous avez clairement appelé les autorités libanaises à négocier, dialoguer, construire. Le Vatican va-t-il faire quelque chose de concret dans ce sens? Lundi soir, vous avez rencontré un représentant chiite. Avant votre voyage, le Hezbollah vous a envoyé un message, je ne sais pas si vous l'avez reçu, si vous l'avez lu. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet? Je vous remercie beaucoup d'avoir visité le Liban, c'était un rêve pour nous.

    C'est un aspect de ce voyage qui n'était pas sa raison principale, car le voyage a été conçu dans une perspective œcuménique, avec le thème de Nicée, la rencontre avec les patriarches catholiques et orthodoxes et la recherche de l'unité dans l'Église. Mais, au cours de ce voyage, j'ai également eu des rencontres personnelles avec des représentants de différents groupes, représentant des autorités politiques, des personnes ou des groupes qui ont quelque chose à voir avec les conflits internes ou même internationaux dans la région. Notre travail n'est pas particulièrement une chose que nous déclarons publiquement, dans la rue, il se fait plutôt en coulisses. C'est quelque chose que nous avons déjà fait et que nous continuerons à faire pour convaincre les parties de déposer les armes, de renoncer à la violence et de se réunir autour d'une table de dialogue. Chercher des réponses et des solutions qui ne soient pas violentes mais qui puissent être plus efficaces.

    (Le message du Hezbollah)

    Oui, je l'ai vu, il est évident que l'Église propose qu'ils déposent les armes et que nous recherchions le dialogue. Je préfère ne pas faire d'autres commentaires pour l'instant.

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  • 29 novembre 2025 (Louvain-la-Neuve) : Colloque sur l'impact des écrans chez les jeunes

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    Colloque sur l'impact des écrans chez les jeunes

    Il reste quelques places pour nous rejoindre pour cet événement unique mettant en lumière les effets des écrans sur la santé, les comportements et le développement des jeunes. Des experts partageront leurs recherches, leurs expériences et des conseils pratiques pour agir.

    Nos enfants et nos jeunes en valent la peine !

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  • L'IA et le sanctuaire : l'appel d'un juriste à tracer les "lignes rouges" contre le totalitarisme numérique

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    Un entretien avec Luigi Trisolino, juriste à la Présidence du Conseil italien, avocat, titulaire d’un doctorat en droit, journaliste et poète catholique engagé sur diakonos.be :

    L'IA et le sanctuaire : l'appel d'un juriste à tracer les "lignes rouges" contre le totalitarisme numérique.

    Un prêtre catholique peut-il confier ses homélies à ChatGPT ? L’intelligence artificielle a‑t-elle vocation à évangéliser, à célébrer la messe ou à rendre la justice à la place de l’homme ? Faut-il craindre un totalitarisme numérique qui réduirait les citoyens à de simples spectateurs d’un monde dirigé par des algorithmes ?

    Luigi Trisolino, juriste à la Présidence du Conseil italien, avocat, titulaire d’un doctorat en droit, journaliste et poète catholique engagé, nous répond sans langue de bois. Face aux risques du transhumanisme, de déshumanisation et de la perte de liberté, il appelle l’Église et les États à tracer des lignes rou ges éthiques claires. Une interview choc qui ose poser la question : jusqu’où laisserons-nous la machine voler ce qui fait notre âme ?

    En exclusivité pour le site Diakonos.be, nous nous avons interrogé Luigi Trisolino, journaliste, juriste et poète italien, qui travaille comme expert juridique à la Présidence du gouvernement italien et auteur de nombreux articles dans les quotidiens italiens. Il est avocat, titulaire d’un doctorat en histoire du droit et philosophie juridique et se décrit volontiers comme « catholique et amateur de bonnes traditions ».

    Monsieur Trisolino, dernièrement, en tant que catholique, vous avez déclaré que « ce qu’on appelle l’IA générative ne pourra et ne devra jamais remplacer la célébration des offices religieux », pas plus que l’« enseignement de notre catéchisme ». Si le christianisme en général est fondé sur des vérités révélées et transmises, pourquoi ces mêmes vérités ne pourraient-elles pas être transmises de manière plus rigoureuse encore par un système d'intelligence artificielle ?

    Jésus-Christ a donné mandat à Pierre de diriger l'Église, et il a demandé à des gens faits de chair, d’os et d'esprit de le suivre pour évangéliser la Terre en tant que témoins du Ressuscité. On me répondra qu'à l'époque de Jésus, il n'y avait pas d'intelligence artificielle, mais seulement l'intelligence humaine. Mais cela n’y change rien. Ce n'est qu’à travers une expérience réelle, dans la rencontre et l'échange entre un être humain et un autre être humain, que l’on peut témoigner de la foi, et avec elle de toutes ces valeurs de la loi naturelle qui nous incitent à prier, à nous engager politiquement et, lorsque c’est nécessaire, à sacrifier une partie de notre vie.

    On peut bien sûr recourir aux moyens que nous donnent la littérature, les arts figuratifs et même numériques, comme c’est d’ailleurs déjà le cas, mais l'unique auteur de chaque message et de chaque expression créative doit rester l'être humain, surtout en ce qui concerne l'évangélisation, la célébration de la liturgie et l’enseignement du Catéchisme de l'Église catholique.

    Cela vaut aussi pour toutes les autres confessions chrétiennes, notamment les orthodoxes. Nous ne devons pas permettre que l’on puisse confier l'évangélisation des peuples à des prêtres ou des pasteurs numériques de nature artificielle. Le monde numérique doit rester un canal médiatique parmi d’autres, afin de pouvoir exercer le libre arbitre, prérogative exclusivement humaine, qui est également un don divin, pour nous les croyants.

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  • L'IA et le sanctuaire : l'appel d'un juriste à tracer les "lignes rouges" contre le totalitarisme numérique

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    Un entretien avec Luigi Trisolino, juriste à la Présidence du Conseil italien, avocat, titulaire d’un doctorat en droit, journaliste et poète catholique engagé sur diakonos.be :

    L'IA et le sanctuaire : l'appel d'un juriste à tracer les "lignes rouges" contre le totalitarisme numérique.

    Un prêtre catholique peut-il confier ses homélies à ChatGPT ? L’intelligence artificielle a‑t-elle vocation à évangéliser, à célébrer la messe ou à rendre la justice à la place de l’homme ? Faut-il craindre un totalitarisme numérique qui réduirait les citoyens à de simples spectateurs d’un monde dirigé par des algorithmes ?

    Luigi Trisolino, juriste à la Présidence du Conseil italien, avocat, titulaire d’un doctorat en droit, journaliste et poète catholique engagé, nous répond sans langue de bois. Face aux risques du transhumanisme, de déshumanisation et de la perte de liberté, il appelle l’Église et les États à tracer des lignes rou ges éthiques claires. Une interview choc qui ose poser la question : jusqu’où laisserons-nous la machine voler ce qui fait notre âme ?

    En exclusivité pour le site Diakonos.be, nous nous avons interrogé Luigi Trisolino, journaliste, juriste et poète italien, qui travaille comme expert juridique à la Présidence du gouvernement italien et auteur de nombreux articles dans les quotidiens italiens. Il est avocat, titulaire d’un doctorat en histoire du droit et philosophie juridique et se décrit volontiers comme « catholique et amateur de bonnes traditions ».

    Monsieur Trisolino, dernièrement, en tant que catholique, vous avez déclaré que « ce qu’on appelle l’IA générative ne pourra et ne devra jamais remplacer la célébration des offices religieux », pas plus que l’« enseignement de notre catéchisme ». Si le christianisme en général est fondé sur des vérités révélées et transmises, pourquoi ces mêmes vérités ne pourraient-elles pas être transmises de manière plus rigoureuse encore par un système d'intelligence artificielle ?

    Jésus-Christ a donné mandat à Pierre de diriger l'Église, et il a demandé à des gens faits de chair, d’os et d'esprit de le suivre pour évangéliser la Terre en tant que témoins du Ressuscité. On me répondra qu'à l'époque de Jésus, il n'y avait pas d'intelligence artificielle, mais seulement l'intelligence humaine. Mais cela n’y change rien. Ce n'est qu’à travers une expérience réelle, dans la rencontre et l'échange entre un être humain et un autre être humain, que l’on peut témoigner de la foi, et avec elle de toutes ces valeurs de la loi naturelle qui nous incitent à prier, à nous engager politiquement et, lorsque c’est nécessaire, à sacrifier une partie de notre vie.

    On peut bien sûr recourir aux moyens que nous donnent la littérature, les arts figuratifs et même numériques, comme c’est d’ailleurs déjà le cas, mais l'unique auteur de chaque message et de chaque expression créative doit rester l'être humain, surtout en ce qui concerne l'évangélisation, la célébration de la liturgie et l’enseignement du Catéchisme de l'Église catholique.

    Cela vaut aussi pour toutes les autres confessions chrétiennes, notamment les orthodoxes. Nous ne devons pas permettre que l’on puisse confier l'évangélisation des peuples à des prêtres ou des pasteurs numériques de nature artificielle. Le monde numérique doit rester un canal médiatique parmi d’autres, afin de pouvoir exercer le libre arbitre, prérogative exclusivement humaine, qui est également un don divin, pour nous les croyants.

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  • Le Soudan et la faillite morale de la gauche moderne

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    D' sur The European Conservative :

    Le Soudan et la faillite morale de la gauche moderne

    Pour l'Occident progressiste, la souffrance n'acquiert de sens que lorsqu'elle peut être attribuée à la culpabilité. Sans ce lien, l'empathie s'avère impuissante.

    À Al-Fashir, au Soudan, les islamistes ont perpétré un massacre si sanglant que les images satellites révèlent des traces de violence. Un véritable génocide. Connaissez-vous Al-Fashir ? Savez-vous où elle se situe et depuis combien de temps dure cette tragédie ?

    Depuis des mois, cette ville antique est assiégée. Des quartiers entiers ont été rasés, des villages réduits en cendres, et des dizaines de milliers de personnes sont mortes de faim dans le désert. Selon les estimations des Nations Unies, près de 25 millions de Soudanais sont confrontés à une famine aiguë, et plus d'un demi-million d'enfants ont déjà péri dans cette famine provoquée par la guerre. Des milices islamistes, armées de drones iraniens, d'armes turques et d'une certitude morale qu'elles prétendent divine, ont transformé la guerre civile soudanaise en un théâtre d'extermination. Des images montrent des soldats dévorant le cœur de leurs victimes. C'est une horreur sans pareille ; non pas primitive, mais absolue ; non pas ancestrale, mais moderne.

    Et pourtant, le tumulte moral du monde demeure étrangement silencieux. Aucune grande manifestation à New York ou à Londres, aucun cri de protestation de la part d'universitaires « anticolonialistes » ou de militants des droits de l'homme, pas même le faible écho des hashtags. Seulement un silence, dense et délibéré, un silence d'autoprotection plutôt que d'ignorance.

    L'esthétique du silence de la gauche

    Ce silence n'est pas l'ignorance ; c'est un mécanisme de défense. La gauche moderne s'est forgée une image de gardienne de la conscience morale, de voix éternelle contre la domination et l'oppression. Mais la souffrance du Soudan ne correspond pas à cette image. Il n'y a pas d'« oppresseur blanc » à condamner, pas de figure coloniale malfaisante à ressusciter. Les coupables sont des islamistes, des Africains, et se positionnent idéologiquement comme victimes de l'Occident. Le cadre moral s'effondre, et la gauche se réfugie dans le silence.

    Il ne s'agit pas d'une simple hypocrisie politique ; c'est une question existentielle. La conscience de l'Occident progressiste ne fonctionne que dans le cadre d'une équation bien connue : la souffrance n'a de sens que lorsqu'elle est liée à une culpabilité. Sans ce lien, l'empathie vacille. Le Soudan est insupportable non pas parce qu'il est lointain, mais parce qu'il est idéologiquement inutilisable. La gauche ne peut absorber ce genre de souffrance ; elle ne peut l'intégrer à son discours moral. Reconnaître le Soudan reviendrait à affronter le mal sans le miroir du péché impérial, et cela exigerait une honnêteté que peu sont prêts à risquer.

    À notre époque, l'indignation est devenue une forme de monnaie d'échange. La souffrance doit être visible, commercialisable et symbolique pour être reconnue. C'est pourquoi la Palestine est devenue sacrée dans l'économie morale de la gauche occidentale : elle offre des images à consommer, des méchants clairement identifiés et un récit simpliste de la vertu. L'enfant palestinien, le soldat israélien, la démocratie blanche, tous soigneusement mis en scène.

    Le Soudan n'offre pas une telle clarté. Point de scènes cinématographiques, point de victimes éloquentes maîtrisant l'anglais, point d'empire commode à accuser. C'est une obscurité sans auteur occidental, et par conséquent, dans l'économie émotionnelle de la gauche, elle ne rapporte aucun profit. L'empathie contemporaine fonctionne comme un capital : elle doit engendrer un retour sur investissement moral. L'indignation doit affirmer l'identité, la pitié doit être un signe de vertu, et le silence devient le prix de la cohérence idéologique.

    Ainsi, le massacre d'Al-Fashir, visible depuis l'espace, passe presque inaperçu. Le sang qu'on ne peut instrumentaliser politiquement est ignoré.

    La théologie du postcolonialisme

    Derrière cette paralysie se cache la théologie de la pensée postcoloniale : la conviction que toutes les souffrances dans les pays du Sud sont une conséquence de la domination occidentale. Cette doctrine, née dans les séminaires des universités occidentales, a substitué la culpabilité à la théologie et le ressentiment à la politique. Elle est incapable d’expliquer pourquoi des musulmans massacrent d’autres musulmans, pourquoi des milices noires persécutent des civils noirs, ou pourquoi des islamistes arabisés réduisent des Africains en esclavage au Darfour.

    La même idéologie qui a idéalisé Che Guevara sanctifie aujourd'hui le Hamas. Le silence sur le Soudan est la conséquence logique de cette vision du monde. La gauche occidentale ne peut condamner les auteurs de ces actes sans renier ses propres principes. Le même mécanisme intellectuel qui excuse la violence djihadiste contre les Israéliens l'aveugle désormais face aux atrocités islamistes en Afrique.

    C’est ce que la gauche postcoloniale appelle « les opprimés ». Il s’agit d’un renversement complet de l’ordre moral : le bourreau devient victime, le fanatique devient révolutionnaire et la barbarie devient résistance. La boussole morale de toute une culture politique tourne en rond, ne pointant nulle part ailleurs que vers l’intérieur.

    Au Soudan, ce qui meurt, ce n'est pas seulement des vies humaines, mais aussi la crédibilité du discours moral occidental. Les intellectuels qui ont consacré leur carrière à condamner l'impérialisme occidental se retrouvent aujourd'hui muets face au racisme arabe, à la suprématie islamique et au despotisme africain. Ce même vocabulaire moral qui prétendait jadis défendre les faibles est devenu un instrument d'aveuglement sélectif.

    L'éthique de la gauche ne vise plus la vérité, mais la cohérence narrative. Le mal n'est reconnu que lorsqu'il s'exprime en anglais, l'oppression que lorsqu'elle peut être imputée à l'Europe. L'universalisme a toujours été conditionnel, et la solidarité toujours de façade. Le Soudan révèle cette supercherie : un théâtre de l'empathie dont la scène s'effondre lorsque la réalité refuse de s'y conformer.

    Un monde sans témoins

    Le plus terrifiant concernant Al-Fashir, ce n'est pas seulement son déclin, mais le fait qu'il se déroule sans témoins. La gauche, jadis obsédée par le langage de la conscience, ne peut même plus feindre d'en posséder un. Elle a troqué le réalisme moral contre une théâtralité morale, faisant de la compassion un costume qu'elle ne porte que par opportunisme.

    Quand la famine fauche un demi-million d'enfants, quand des milices islamistes dévorent les corps de leurs victimes, quand le sang tache la terre au point d'être visible depuis l'orbite, la conscience autoproclamée de l'humanité détourne le regard. Non par ignorance, mais par incapacité à croire.

    Le silence de la gauche dans l'affaire Al-Fashir n'est pas une absence de parole ; c'est l'effondrement du sens.

     
    Ali Bordbar Jahantighi est un étudiant et essayiste politique germano-iranien actuellement basé à New York.
  • Sacré Coeur : un film qui dépoussière, décloisonne et dépolitise cette vérité centrale et vitale du christianisme : Dieu s’est fait Cœur.

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    De Pascal Ide en tribune sur le site du journal La Croix :

    « Le film Sacré-Cœur dépoussière, décloisonne et dépolitise une vérité centrale du christianisme »

    Extrait du film Sacré-Cœur
    Extrait du film Sacré-Cœur  SAJE
    Docteur en philosophie et théologie, le père Pascal Ide livre son enthousiasme après avoir vu le film de docu-fiction Sacré-Cœur. Il se montre particulièrement touché par la proximité de Jésus dans le long-métrage et se réjouit des échanges nourris entre spectateurs après la projection.

    Que j’étais heureux en sortant du cinéma hier soir ! Heureux de cette salle de 175 fauteuils, tous occupés par des spectateurs dont certains me disaient qu’ils avaient dû parfois essayer plusieurs cinémas avant d’en trouver un où il restait des places disponibles. Heureux de la qualité du silence, le silence d’attente avant, d’attention pendant, de méditation après.

    Heureux de voir les spectateurs longuement demeurer sur le trottoir comme à une sortie de messe – j’ai d’ailleurs retrouvé des paroissiens, sauf que, si ceux-ci y parlent rarement de l’évangile et de l’homélie, ici, ils échangeaient sur leurs impressions (faudrait-il passer des extraits de film pendant la prédication ?)… Heureux d’entendre que chacun était rejoint par un ou des passages différents du long métrage, signe s’il en est de sa richesse et de sa variété.

    Heureux, plus encore, de percevoir que les spectateurs étaient des expérimentateurs qui ne se contentaient pas de donner un avis extérieur, mais parlaient à la première personne et osaient confier que tel ou tel aspect du documentaire les avait rejoints : « Je n’avais jamais compris le lien si étroit entre l’Eucharistie et le Sacré-Cœur » ; « D’avoir vu tous les députés du San Salvador se consacrer au cœur du Christ, cela m’a reboosté dans mon espérance pour notre pays » ; « D’entendre les paroles de l’absolution, cela m’a rendu la confession plus proche » ; « Waouh ! Je l’ai vu deux fois ! Passer ainsi de Jésus qui a vécu il y a deux mille ans aux témoignages de Rodrigue à Bondy ou des détenus à vie dans ce quartier de haute sécurité, cela me le rend tellement actuel ! » ; etc.

    Jésus si proche

    Et je continue à être heureux quand je me souviens des multiples scènes qui se sont engrangées dans le « trésor de ma mémoire ». Si je devais sélectionner, parmi beaucoup d’images et de paroles, ce qui m’a le plus touché, c’est assurément la personne de Jésus, je veux dire son intense désir de rejoindre personnellement chacun au plus intime, de vivre un intense Cœur à cœur.

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  • Qui est vraiment Léon XIV ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Pape Léon XIV : Qui est-il vraiment ?

    Le pape Léon XIV a prononcé un discours le 23 octobre devant les participants à la Rencontre mondiale des mouvements populaires, remettant ainsi en lumière une question centrale : qui est réellement Léon XIV ?

    C'est une question que presque tout le monde s'est posée, même insignifiante, depuis le début de son pontificat encore très jeune, et il est plus que juste de dire que les remarques de Léon à cette occasion le faisaient beaucoup ressembler à son prédécesseur controversé.

    Le discours aux mouvements populaires rappelait en tous points un discours du pape François . Tous les points forts du pape sud-américain y étaient présents, de l'idée que le centre est mieux perçu depuis les périphéries au soutien de l'Église aux luttes des mouvements populaires pour la terre, le logement et l'emploi, en passant par l'exaltation de la recherche de solutions par la base par les mouvements populaires, car les solutions ne peuvent être l'apanage des élites.

    C'est la deuxième fois en un mois que Léon XIV se fait l'écho du pape François . La première fois, c'était avec la publication de Dilexi Te, une autre exhortation au ton et à l'approche typiquement franciscains. À cette occasion, Léon XIV avait pourtant clairement indiqué qu'il avait hérité d'un projet de son prédécesseur et que tout devait être adapté à un climat, un environnement et une éducation différents.

    Dans le cas du discours aux mouvements populaires, cependant, les remarques étaient celles de Léon XIV – ou du moins de ses rédacteurs fantômes – qui émaillaient de plus en plus leurs discours de citations du pape François . L'auteur du discours, cependant, l'avait fait approuver et lire par le pape ; on peut donc supposer que Léon XIV en approuvait le contenu et le ton.

    Le fait est que l’adresse aux mouvements populaires est à la fois en continuité et en contradiction avec ce qu’a été jusqu’à présent le pontificat de Léon XIV.

    En abordant les mouvements populaires, Léon XIV a choisi de s'adresser à un monde sud-américain unique, que certains ont résumé comme « le Forum social apporté au Vatican ». Il l'a fait du point de vue d'un évêque missionnaire en Amérique du Sud. Il a néanmoins embrassé ces luttes, se réappropriant la culture originelle des peuples engagés dans les mouvements populaires.

    Dans un message adressé aux réseaux des peuples autochtones et aux théologiens de la théologie autochtone le 14 octobre dernier, Léon XIV avait certes affirmé l'importance des cultures originelles. Il avait cependant également souligné que « tout notre discernement historique, social, psychologique ou méthodologique trouve son sens ultime dans le mandat suprême de faire connaître Jésus-Christ ».

    Il manque une référence au Christ dans les discours aux mouvements populaires, ce qui est intéressant car Léon XIV a constamment réaffirmé la centralité du Christ dans ses écrits et ses remarques hors texte – voir par exemple son dialogue avec les participants au Jubilé des Équipes synodales . Il est fait référence à la civilisation de l'amour voulue par Jésus, mais cette civilisation de l'amour semble avoir une construction particulièrement sociale, plutôt que réelle.

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  • Un homme profane l'autel de la basilique Saint-Pierre

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    De National Catholic Register (NCR) :

    Un homme profane l'autel de la basilique Saint-Pierre

    Vue de la basilique Saint-Pierre pendant la messe de la solennité de l'Immaculée Conception, avec le baldaquin du Bernin et l'autel papal décoré de fleurs blanches, le 8 décembre 2024.
    Vue de la basilique Saint-Pierre pendant la messe de la solennité de l'Immaculée Conception, avec le baldaquin du Bernin et l'autel papal décoré de fleurs blanches, le 8 décembre 2024. (photo : Daniel Ibáñez / EWTN News)

    Un homme a uriné vendredi sur l'autel de la confession de la basilique Saint-Pierre avant d'être emmené par les agents de sécurité de la célèbre basilique, selon les médias.

    L'homme a escaladé l'autel et « a uriné sous le regard médusé de centaines de touristes », selon l' édition romaine du Corriere della Sera. La vidéo de la profanation a été largement diffusée sur les réseaux sociaux.

    Il Tempo rapporte que l'homme « a été rapidement rejoint par des policiers en civil présents dans la basilique » et a été escorté hors de l'église.

    Ce dernier journal a affirmé que le pape Léon XIV avait été « choqué d'apprendre la nouvelle », bien que le bureau de presse du Saint-Siège n'ait pas publié de déclaration sur l'incident au 11 octobre.

    Ce n'est pas la première fois cette année qu'un vandale s'attaque à l'autel d'où le pape dit la messe.

    En février, un homme a profané l'autel en grimpant dessus et en jetant au sol six candélabres qui se trouvaient sur l'autel .

    En juin 2023, alors que la basilique allait fermer, un Polonais s'est approché du maître-autel, s'est déshabillé et est monté sur l'autel. Des photos publiées en ligne montraient les mots « Sauvez les enfants d'Ukraine » écrits au marqueur sur son dos. Le Vatican a procédé à un rite pénitentiel après cet acte de profanation .