Mathieu Bock-Côté : « Le racialisme est un totalitarisme »
Du site de l'hebdomadaire Le Point (entretien réalisé par Laetitia Strauch-Bonart) via "Pour une école libre au Québec" (également via Memorabilia):
14 Avr 2021
« Privilège blanc », « blanchité », « racisme systémique »… Pour l’auteur de « La Révolution racialiste » (Presses de la Cité), un nouveau régime rééducateur se profile et doit être ardemment combattu.
À ceux qui prendraient les injonctions « diversitaires » du moment pour une vague révolte, le sociologue et essayiste québécois Mathieu Bock-Côté répond sans ambages : « Non, Sire, c’est une révolution. » Après ses explorations sans concession du multiculturalisme et du politiquement correct, le chroniqueur au Figaro complète, dans La Révolution racialiste, un essai dense et incisif, sa trinité anti-woke par le passage au crible de cette tendance croissante qu’ont nos sociétés à caractériser les individus par leur couleur de peau. « Liberté, égalité, racisé. e. s » pourrait être la devise de ces nouveaux sans-culottes, qui invitent l’Occident à expier son « péché blanc ». Bock-Côté, fièrement indépendantiste, est bien placé pour observer (et craindre) un mouvement tout droit venu des États-Unis, inoculé au Québec et qui tente de s’introduire en France. « En temps de révolution, qui est neutre est impuissant », écrivait Victor Hugo. C’est aussi le message de notre auteur — et il est urgent de l’entendre.
Le Point — Qu’est-ce que le « racialisme » ?
Mathieu Bock-Côté — Il s’agit d’une idéologie qui fait de la race le concept fondamental autour duquel construire notre représentation du monde. Il clive les sociétés occidentales entre Blancs et racisés — notre société serait un système producteur de différences raciales dissimulant la suprématie blanche derrière la fiction de l’universalité et racisant les populations minoritaires en les refoulant à la périphérie de la l’ordre social dans une situation de subordination perpétuelle.
Chacun est assigné à sa race : le Blanc doit y consentir pour renoncer à son privilège blanc, le racisé est appelé à en faire un principe de revendication pour inverser le stigmate qui l’a marqué. En fonction de sa position sur le spectre racial, on est soit appelé à l’autocritique pénitentielle, soit transformé en figure messianique. Le racialisme opère un renversement orwellien de notre définition du racisme.