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Politique - Page 444

  • Dans dix ou quinze ans, y aura-t-il encore des chrétiens au Moyen-Orient ?

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    Lu sur le site de 20minutes.fr :

    «Certains prédisent que dans dix ou quinze ans, il n’y aura plus de chrétiens au Moyen-Orient»

    INTERVIEW Le directeur de l’ONG Portes ouvertes, Michel Varton, pointe l'extrémisme islamique comme première cause des persécutions de chrétiens dans le monde...

    Dans votre rapport annuel, vous indiquez que la première source de persécutions de chrétiens dans le monde en 2015 est l’extrémisme islamique. Est-ce toujours le cas actuellement ?

    Nous ferons le bilan à la fin de l’année, mais cela devrait toujours rester d’actualité. Depuis sept semaines par exemple, nous avons noté douze agressions d’extrémistes islamiques contre des coptes en Egypte. Mais la violence islamique a deux faces. L’une est visible, ce sont les meurtres notamment, les agressions, nous l’appelons le marteau. L’autre est invisible, c’est l’étau, c’est-à-dire une pression quotidienne, très présente, qui pèse sur la population. Les chrétiens sont victimes de nombreuses discriminations. Un travail peut leur être refusé du fait qu’ils ne sont pas musulmans, comme en Egypte. Il leur est plus difficile de trouver un appartement, d’obtenir une promotion, les prix sont plus chers pour eux… Et les musulmans qui souhaitent se convertir sont vus comme des traîtres et risquent la mort.

    L’Afrique est le continent où vous avez recensé le plus de meurtres de chrétiens en 2015. Comment évolue la situation, plus particulièrement au Nigeria (4028 personnes assassinées sur un total de 7100 dans le monde) ?

    Il y a une forme de persécution qui régresse un petit peu, celle de Boko Haram. Le gouvernement réagit plus efficacement, le groupe est repoussé vers le nord. Mais le plus grand problème actuellement ce sont les nomades musulmans de l’ethnie peule, qui visent spécifiquement les chrétiens pour leur voler leurs terres et leur bétail. Ce groupe est encore plus radical et dangereux pour les chrétiens que Boko Haram. Au printemps, je suis allé à Yola, dans l’est du pays. J’ai rencontré des réfugiés chrétiens qui ont tout perdu. Ils ont vu leur village brûlé. Il y a eu des morts. Ils ont fait appel aux autorités locales, qui n’ont rien fait. Les chrétiens deviennent des réfugiés dans leur propre pays.

    En Syrie, les forces gouvernementales reprennent du terrain à Daesh. Qu’en est-il des chrétiens là-bas ?

    Je suis également allé au printemps à Damas et à Maaloula, un village qui a été attaqué par Daesh. Dans les régions libérées, le danger est repoussé. Des chrétiens sont revenus, mais beaucoup d’autres non. De nombreuses maisons sont détruites. Les réfugiés n’osent généralement pas encore rentrer car la situation n’est pas stabilisée.

    Et en Irak ?

    Très peu sont rentrés. Il faudrait attendre que Mossoul soit repris par l’armée pour avoir une certaine sécurité. Ils ont peur que les islamistes reviennent. Des maisons ont aussi été piégées avec des bombes.

    Meurtres, violences, églises ciblées (2406 en 2015 dans le monde)… Comment se manifestent les autres persécutions de Daesh au quotidien ?

    Dans les régions dominées par Daesh, les chrétiens étaient soit chassés de chez eux, soit devaient payer une taxe pour pouvoir rester. Les églises étaient fermées, il n’y avait plus de messes, ils étaient obligés de se cacher. La plupart sont partis quand ils ont pu. En Irak, on compte environ 250.000 chrétiens contre 1,2 million au début des années 1990. Cette persécution n’a pas commencé avec Daesh par ailleurs. Elle date de la deuxième guerre du Golfe.

    Vous parlez d’une « forme de nettoyage ethnique » dans le rapport. Ce sont des mots très forts.

    Les chrétiens sont visés car ils sont chrétiens, donc mécréants pour Daesh. Avant tous ces groupes extrémistes, les chrétiens étaient tolérés, ils avaient le droit de cohabiter, même s’ils étaient des citoyens de seconde zone. Depuis quelques années, en Afrique et au Moyen-Orient, l’objectif est de les chasser de leurs terres, de les expulser, pour instaurer un califat 100 % musulman.

    Vous indiquez également qu’il n’y a jamais eu une telle migration de chrétiens. Cette communauté est-elle vouée à disparaître des parties du globe où elle est persécutée ?

    J’espère que non. Mais depuis des décennies, le Moyen-Orient se vide de sa population chrétienne. Certains prédisent que dans dix ou quinze ans, il n’y aura plus de chrétiens dans cette région. Enormément de réfugiés se trouvent au Kurdistan, au Liban, en Jordanie, en Turquie… Combien vont retourner chez eux ? Notre but à Portes ouvertes est de les aider dans leur pays. Il faut leur donner un avenir, un espoir. Pour qu’ils restent, ils ont besoin d’une maison, d’un travail, d’une école… S’ils partent, ils risquent de ne pas revenir.

  • Sur le chemin des JMJ : le pape François s’exprime après l'assassinat du P. Jacques Hamel, égorgé à l’église où il célébrait la messe

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    Lu sur le site web de « La Libre » :


    pape en pologne.jpg"Le monde est en guerre", mais pas de religions, a déclaré mercredi le pape François, évoquant, à bord de l'avion qui l'amenait en Pologne, l'assassinat la veille d'un prêtre français. "Ce saint prêtre qui est mort au moment où il offrait une prière pour toute l'Eglise", en est une victime, a dit le pape, à propos de l'attaque revendiquée par le groupe djihadiste Etat islamique contre une église en France lors de laquelle un prêtre âgé de 86 ans a été égorgé.

    "Le monde est en guerre parce qu'il a perdu la paix", a dit le souverain pontife aux journalistes. Mais, "quand je parle de guerre, je parle d'une guerre d'intérêts, d'argent, de ressources, pas de religions. Toutes les religions veulent la paix, ce sont les autres qui veulent la guerre", a poursuivi le pape qui entame une visite de cinq jours en Pologne à l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ).

    "On répète le terme d'insécurité, mais le vrai terme est la guerre. Depuis longtemps le monde est en guerre fragmentaire. La guerre qui était celle de 1914, puis de 39-45, et maintenant celle-ci. Elle n'est peut-être pas organique, mais organisée, c'est la guerre."

    Après avoir évoqué la mort du prêtre français, le pape a cité d'autres victimes: "combien d'autres chrétiens, innocents, enfants ? ".

    "Pensons au Nigeria. On dit +mais c'est l'Afrique+. C'est la guerre. N'ayons pas peur de dire cette vérité, le monde est en guerre parce qu'il a perdu la paix".

    Faisant allusion aux JMJ, François a dit qu'il fallait espérer que "les jeunes nous diront quelque chose et nous donneront un peu d'espoir en ce moment".

    Ref. Pape François : "Le monde est en guerre, mais pas de religions"

    Les puissances d’argent, la seule explication  ?

    JPSC

     

  • Belgique : une proposition pour prolonger le délai légal pour pratiquer l'avortement jusqu'à 20 semaines

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    BELGIQUE : DEUX DÉPUTÉS PROPOSENT D'ÉTENDRE LE DÉLAI LÉGAL POUR PRATIQUER L'AVORTEMENT

     de genethique.org

    Chaque année, entre 500 et 600 femmes belges traversent la frontière néerlandaise pour avorter. Enceintes de plus de douze semaines, elles n’ont plus le droit à l'avortement dans leur pays, qui n’est plus autorisé qu’en cas complications de la grossesse.

    « Une situation hypocrite », selon la députée sp.a Karin Jiroflée, qui a introduit une résolution à ce sujet avec Monica De Coninck. Les deux députées proposent d’étendre le délai légal pour avorter de douze à vingt semaines, comme c'est le cas aux Pays-Bas.

    Sources: La libre.be (26/07/2016)

  • République Dominicaine : maintien inconditionnel du "droit inviolable à la vie"

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    EN RÉPUBLIQUE DOMINICAINE, LES DÉPUTÉS MAINTIENNENT « LE DROIT INVIOLABLE À LA VIE »

    Le 19 juillet, la Chambre des députés de la République dominicaine a décidé d’éliminer un paragraphe du nouveau Code pénal qui aurait décriminalisé l’avortement en cas de risque pour la vie de la mère, de malformation, d’inceste ou de viol. Le rejet de ce paragraphe a été voté par une majorité écrasante, à 132 voix contre 6.

    L’avortement demeure un crime dans ce pays, passible d’une peine de 2 à 3 ans de prison pour la mère, et 4 à 10 ans pour un professionnel de santé.

    La Chambre a ainsi suivi une décision de la Cour constitutionnelle qui avait déjà invalidé un amendement similaire, introduit dans le Code pénal. En outre, ce vote est conforme à l'article 37 de la Constitution nationale qui stipule que « le droit à la vie est inviolable depuis la conception jusqu'à la mort. La peine de mort ne peut être établie, prononcée ou appliquée, dans tous les cas ».

    Le Sénat devra confirmer ce vote.

    Sources: CFAM, Marianna Orlandi (20/07/2016)

  • Lettre de Mgr Jeanbart, archevêque catholique d'Alep, sur la fin de la guerre en Syrie

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    Mgr Jeanbart vient d'adresser une nouvelle lettre aux chrétiens de Syrie où il écrit, fort de son Espérance : " Oui la paix est proche, il n’y a aucun doute à cela, et avec elle, notre patrie bien-aimée sera le terrain d’une reprise étonnante et admirable. "

    Message aux chrétiens de Syrie (traduit de l’arabe).

    AU COEUR DE LA TEMPETE ET FACE A LA PAIX QUI ARRIVE, RESTEZ ! 

    Au cours des tous derniers jours, une tempête folle a secoué notre existence, une des plus violentes que nous avons dû subir au cours de cette guerre injuste et détestable, dont souffre notre pays depuis plus de cinq ans. Nous avons assisté avec  beaucoup de peine et de regret à‏ la destruction et à la démolition de nombre de maisons appartenant à nos fidèles, et à quelques unes de nos institutions, mais grâce à Dieu, les dégâts se réduisaient en général aux biens matériels. Bref, et malgré tout, l’escalade des bombardements sans discernement et sans précédent, a terrorisé les habitants dans les quartiers résidentiels de la ville, et a occasionné aux maisons et aux commerces de nos fidèles des pertes considérables ; tout cela a semé la peur et le désarroi dans leurs cœurs, et a épouvanté les femmes et les enfants.

    Face à ces événements cruels dont souffrent les citoyens, nous ne trouvons plus de paroles qui puissent justifier ce qui se passe, ni de mots pour consoler les sinistrés, les blessures sont tellement profondes, il ne nous reste plus que les invocations et la prière. Une prière qui les aide à patienter et à accepter leurs malheurs, et qui en même temps, stimule d’autres à se lever et se mettre à travailler pour offrir bénévolement leur aide et leur soutien à ceux qui en ont besoin.  La prière qui fait naître l’espoir dans les esprits et la charité dans les coeurs, est peut-être la seule réponse significative et le baume le meilleur pour calmer les douleurs des victimes innocentes dans ces circonstances de grand désastre et de désolation.

    Notre prière doit être fervente envers le Seigneur, présent parmi nous, mais invisible, afin qu’il intervienne comme Il l’a fait avec ses apôtres pour calmer cette tempête de violence et de guerre, et pour apaiser l’anxiété des sinistrés et des terrorisés, et raffermir les personnes de bonne volonté dans leur action d’aide humanitaire d’urgence dans les différents domaines : alimentaire, médical, social, habitat.  Chacun d’entre nous doit prendre garde et ne point oublier, même pour une seconde, que nous sommes en proie à une guerre féroce et que nous faisons face à une agression criminelle et injuste qui subtilise nos terres et nos propriétés, les droits de notre peuple et toutes nos ressources humaines, commerciales et civiles autant que notre héritage religieux et culturel.

    Notre position face à cette agression serait : soit la reddition et la fuite, soit la résistance  et le courage de l’affrontement.  Faire front et réagir nous donne la chance de continuer à vivre chez nous ; se laisser abattre par le désespoir et s’enfuir serait une perte de tout ce qui constitue notre patrimoine du passé, notre présent plein de ressources et de tout notre avenir sur la terre de notre pays bien-aimé qui nous a vu naître et nous a beaucoup donné dans le passé ; cette terre généreuse ne manquera pas de nous assurer un avenir brillant si nous savons résister et patienter.  Le choix est évidemment clair : nous persévérons et restons, ou nous nous rendons pour nous enfuir, dispersés dans les quatre coins du monde et aller nous réfugier dans des pays qui ne sont pas les nôtres, pour accepter de vivre de l’aide sociale et de la compassion des bienfaiteurs.

    Certains de ceux qui désirent émigrer, prétendent qu’ils le font pour l’avenir de leurs enfants ; nous ne leur reprochons point cet objectif légitime et louable, mais nous leur demandons de nous répondre franchement et clairement : qui vous a dit que l’éducation de vos enfants sera nécessairement meilleure à l’étranger ? Savez-vous que les sociétés occidentales se débattent dans des problèmes de réforme de leur système pédagogique, et que les valeurs sur lesquelles vous avez été éduqués et que vous espérez transmettre à vos enfants, vous ne les retrouverez pas facilement là-bas ? Savez-vous que l’âge de la majorité permet aux adolescents dans ces pays, de se soustraire très tôt à l’autorité parentale ? Les enfants peuvent contredire leurs parents, et dans certains pays, on leur donne le droit de les poursuivre en justice si, un jour, pour leur propre bien, ils essayaient de les contraindre.  Sans parler du relâchement qui fait que beaucoup de jeunes tombent dans l’insouciance, l’oisiveté, et même parfois la drogue et la violence. Honnêtement, à bien y réfléchir, nous pensons qu’une formation sérieuse pour nos nouvelles générations peut trouver une bonne base chez nous, et peut-être même, meilleure que dans certaines sociétés occidentales vers lesquelles se pressent les uns et les autres. Reconnaissons quand-même honnêtement que les jeunes qui ont pu être éduqués dans nos écoles et nos universités, et qui ont ensuite voyagé en Europe en vue d’une spécialisation académique ou à la recherche d’un emploi, ont récolté le succès. L’application et la discipline qui étaient à la base de leur éducation leur ont été d’un grand secours et ont été à l’origine de leur succès et du respect qui les a entouré partout oú ils ont été.

    Nous ne voulons pas nous étendre sur ce sujet, bien que nous ayons beaucoup à dire à ce propos, mais nous demandons à ceux de nos fidèles qui se ruent vers l’émigration de se calmer un peu et de ne pas se précipiter pour prendre une décision aussi importante,  dont les résultats peuvent être regrettables et sans voie de retour.

    Demandons au Seigneur d’épargner à nos chers fidèles cette dure épreuve, qui ne leur  causera que davantage de désarroi, de désillusion et de stress.  Oui, bien sûr que nous savons que les terroristes qui nous menacent, effrayent les femmes et les enfants ; et nous comprenons très bien que certains cherchent à partir pour trouver tranquillité, paix et sécurité, mais nous réalisons en même temps que le danger qui nous menace décroît et diminue de jour en jour, et tend à disparaître maintenant que la guerre semble approcher de sa fin.

    Nous avons résisté héroïquement durant cinq ans et lutté avec tenacité face à la tentation de l’émigration et nous avons su tenir bon aux pires des moments de la guerre.  Nous n’avons pas voulu écouter ceux qui voulaient nous éloigner de notre terre et de notre patrie, si chère à nos coeurs.  Nous avons supporté les méfaits des destructions, de la pauvreté et de la faim sans nous défaire ; pourquoi donc aujourd’hui et alors que la paix est à nos portes, allons-nous  nous rendre ? Oui la paix est proche, il n’y a aucun doute à cela, et avec elle, notre patrie bien-aimée sera le terrain d’une reprise étonnante et admirable :

    - Nous allons bientôt voir un nouveau pays : démocrate, honorable, pluraliste et respectueux envers ses citoyens dans la diversité de leur appartenance et sans discrimination aucune.

    - Nous allons voir ses portes grandes ouvertes pour accueillir ceux qui désirent investir pour travailler avec sérieux et loyauté.

    - Nous allons voir un  développement sans précédent, des projets nombreux et diversifiés, un marché de l’emploi sans précédent.

    - Nous allons voir nos écoles se rénover, nos universités s’illustrer, nos hôpitaux se qualifier.

    - Nous allons voir les gens se précipiter vers la Syrie, des quatre coins du monde, en quête de travail, de gain et de bénéfices.  Ne soyons pas surpris si nous voyons un jour ceux qui ont accueillis nos compatriotes comme réfugiés, venir chez nous pour trouver du travail.

    La Syrie, ce beau pays oú nous avons pu mener une vie douce et paisible dans le passé, nous allons, avec la grâce de Dieu, pouvoir y retrouver bientôt, dignité et prospérité.  Allons donc de l’avant et faisons confiance au Seigneur car Il est le Tout-Puissant.

    17/7/2016 Métropolite Jean-Clément JEANBART

    Archevêque d’Alep

  • Retour sur l’attentat de Nice : l’opinion de Rémi Brague, Prix 2012 de la Fondation Joseph Ratzinger

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    Revendiqué par l’État islamique, l’attentat de Nice nous oblige à désigner notre ennemi pour mieux le combattre. Sans haine. Le point de Samuel Pruvot avec le philosophe Rémi Brague, sur le site « Famille chrétienne » :

    « L’attentat de Nice nous rappelle que la France est en guerre. Pourquoi est-ce si difficile à admettre ?

    Depuis l’issue de la guerre dans laquelle Churchill faisait ainsi entrer son pays, l’Europe a connu soixante-dix ans de paix intérieure et de prospérité. Nous en avons pris l’habitude, nous considérons cela comme une chose qui nous est due, comme une évidence qui va de soi. La guerre, la famine, etc. : tout cela, c’est bon pour les autres. « Les gens heureux n’ont pas d’histoire », dit le proverbe. Mais ce n’est pas en s’imaginant sortis de l’Histoire qu’on va se rendre heureux.

    On nous a dit que nous étions en guerre. Mais personne n’a eu le courage de faire comme Churchill et de nous annoncer qu’il n’avait rien d’autre à nous offrir que du sang, de la sueur et des larmes.

    D’où vient cet effet de sidération qui s’est emparé des Français ?

    La sidération est justement ce que cherchent à produire les attentats, et les médias qui les passent en boucle les y aident, bien malgré eux. N’oublions pas que la violence est avant tout un moyen, et il faut se demander quelle fin elle poursuit. Cette fin est la mise en place, dans le monde entier, d’une législation qui serait une forme ou une autre de la charia et qui régirait la morale individuelle, les comportements dans la famille et l’économie, éventuellement le système politique.

    Nous sommes fascinés par les aspects spectaculaires des attentats, des décapitations que l’État islamique met en scène avec beaucoup de soin et de savoir-faire. Mais tout ceci nous détourne de la vraie question, qui est celle du but recherché. Ce but peut être atteint par d’autres moyens, plus discrets, mais au moins tout aussi efficaces, comme la culpabilisation de l’adversaire, la pression sociale, la propagande par répétition inlassable, toutes les formes de ruse.

    Que vous inspire le fait que nos dirigeants politiques peinent à désigner notre ennemi ?

    La peur de nommer l’ennemi est ancienne. Qui, avant la chute du mur, osait nommer le marxisme-léninisme, l’Union soviétique ? On préférait dire de façon vague « les idéologies ». Et les hommes d’Église n’étaient pas en reste dans cette stratégie d’évitement.

    Ce pluriel est un fumigène commode. Il sert encore aujourd’hui, quand on dit : « les religions ». De même, on préfère utiliser l’acronyme Daech, que ne comprennent que les arabisants, plutôt que « l’État islamique », pour éviter de nommer l’islam.

    Est-il vrai qu’il ne faut pas faire d’« amalgame » entre islam et islamisme ?

    La vraie ligne de séparation ne passe pas entre islam et islamisme. Il n’y a entre les deux qu’une différence de degré, non de nature. Ce qu’il faut vraiment et fermement distinguer, c’est d’une part l’islam, avec toutes ses nuances et ses intensités, et d’autre part les musulmans de chair et d’os. Le sens légitime du refus du fameux « amalgame », c’est de ne pas réduire ces personnes concrètes au système religieux qui domine leurs pays d’origine.

    Pour les chrétiens, le pardon des ennemis n’est-il pas devenu impossible ?

    Beaucoup de gens s’imaginent que le pardon des offenses, et même cette demande fantastiquement paradoxale du Christ qu’est l’amour des ennemis, signifierait le refus de voir que nous avons des ennemis.

    Hors de cette perspective chrétienne du pardon et de l’amour de l’ennemi, l’adversaire peut vite devenir l’équivalent du mal absolu : ce sont successivement les aristocrates (Robespierre), une classe qui s’oppose au progrès (Marx), des « insectes » (Lénine), une « race inférieure » (Hitler), ou, face au « parti de Dieu » (Coran V, 56), « les pires des animaux » (Coran VIII, 22).

    Un proverbe allemand dit : « L’homme le plus pieux ne peut pas vivre en paix si cela ne plaît pas à son méchant voisin. » Le pardon des ennemis n’est jamais contre-productif. Ce qu’il produit à coup sûr, c’est la conversion de notre propre cœur, le refus de se laisser entraîner dans la spirale de la vengeance, dans la montée aux extrêmes de la violence. Celui qui est prêt à pardonner se demandera d’abord si celui qui se dit et se veut son ennemi n’a pas, aussi, quelque raison de l’être. Il s’efforcera de se corriger, sans culpabilité. Et il combattra, car il faut combattre, et il le fera avec courage. Mais sans haine.

    Le pardon des ennemis n’est jamais contre-productif. Ce qu’il produit à coup sûr, c’est la conversion de notre propre cœur, le refus de se laisser entraîner dans la spirale de la vengeance, dans la montée aux extrêmes de la violence.

    La violence extrême des terroristes n’est-elle pas de nature à provoquer chez nous un sursaut citoyen ?

    La violence est pour eux un moyen. Les terroristes ne passent pas nécessairement à l’acte. Dans leur optique, il suffit d’une menace qui fera que l’adversaire se couchera sans combattre.

    Toutefois, utiliser la violence physique est peut-être une maladresse contre-productive, dans la mesure où elle peut en effet provoquer le sursaut de l’adversaire. Il serait plus habile de l’endormir par de belles paroles, ou de montrer sa force sans avoir à l’utiliser.

    Dans votre essai « L’Europe, la voie romaine », vous montrez que notre continent a des racines grecques et juives…

    J’ai essayé de montrer, plus exactement, que l’Europe avait suivi l’exemple des Romains, qui avaient eu le courage de se reconnaître, en matière de civilisation, inférieurs aux Grecs qu’ils venaient pourtant de battre et d’envahir, et de se mettre à leur école. D’où cette « voie romaine », au sens de « méthode », qu’évoque mon titre.

    L’Europe est secondaire par rapport aux deux sources de sa culture, la source grecque avec la philosophie (et la science qu’elle rend possible) et la source israélite, l’Ancien Testament avec ses commandements, et avec cette liaison entre le bien moral et Dieu.

    Les chrétiens sont secondaires par rapport aux juifs, un peu comme les Romains sont secondaires par rapport aux Grecs. Ce rapport à l’autre a permis à l’Europe de ne pas hésiter à aller chercher son bien en dehors d’elle-même : chez les Arabes, chez les Byzantins, chez les Chinois, etc.

    Chaque fois, on ne se demandait pas d’où venaient les inventions, mais si elles étaient utiles ; d’où venaient les idées, mais si elles étaient vraies ; d’où venaient les œuvres, mais si elles étaient belles.

    En quoi est-il nécessaire pour l’Europe de réactiver aujourd’hui son patrimoine génétique intellectuel pour résister durablement à la menace islamiste ?

    On peut effectivement souhaiter que l’Europe, comme vous le dites joliment, « réactive son patrimoine génétique », et travailler à cet effet. J’essaie de le faire dans la mesure de mes capacités.

    Et, de toute façon, il vaut mieux penser en termes de réactivation que de réaction. 

    Samuel Pruvot »

    Ref. Attentat de Nice – Rémi Brague :  « Il faut combattre, sans haine »

    JPSC

    A Lire également : brague-l-erreur-de-l-europe-est-de-penser-l-islam-sur-le-modele-du-christianisme

     

  • La Turquie a-t-elle sa place en Europe ?

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    Le contre-coup d’Etat en cours dans ce pays ramène la question sur le devant de la scène. Retour corrélatif sur le point  de vue de Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, exprimé en 2004, quelques mois avant son accession à la papauté :

    “L'Europe est un continent culturel et non pas géographique. C'est sa culture qui lui donne une identité commune. Les racines qui ont formé et permis la formation de ce continent sont celles du christianisme. [...] Dans ce sens, la Turquie a toujours représenté un autre continent au cours de l'histoire, en contraste permanent avec l'Europe. Il y a eu les guerres avec l'Empire byzantin, pensez aussi à la chute de Constantinople, aux guerres balkaniques et à la menace pour Vienne et l'Autriche... Je pense donc ceci:  identifier les deux continents serait une erreur. Il s'agirait d'une perte de richesse, de la disparition du culturel au profit de l'économie. La Turquie, qui se considère comme un État laïc, mais sur le fondement de l'islam, pourrait tenter de mettre en place un continent culturel avec des pays arabes voisins et devenir ainsi le protagoniste d'une culture possédant sa propre identité, mais en communion avec les grandes valeurs humanistes que nous tous devrions reconnaître. Cette idée ne s'oppose pas à des formes d'associations et de collaboration étroite et amicale avec l'Europe et permettrait l'émergence d'une force unie s'opposant à toute forme de fondamentalisme".  (interviewé par Sophie de Ravinel pour le Figaro Magazine, 13 août 2004).

    Et encore :    

    “Historiquement et culturellement, la Turquie partage très peu avec l’Europe et l’englober dans l'Union européenne serait donc une grande erreur. Il vaudrait mieux que la Turquie serve de pont entre l’Europe et le monde arabe ou forme avec ce dernier son propre continent culturel. L'Europe n’est pas un concept géographique mais culturel, qui s’est formé au cours de l’histoire, parfois conflictuelle, fondé sur la foi chrétienne. C’est un fait que l’Empire ottoman a toujours été en opposition à l’Europe. Bien que Kemal Atatürk ait bâti une Turquie laïque dans les années 20, elle reste le noyau de l’ancien Empire ottoman. Elle est donc très différente de l’Europe, qui est aussi un ensemble d’États laïcs, mais avec des bases chrétiennes, même si l’on tente injustement de le nier. Par conséquent, l’entrée de la Turquie dans l’UE serait antihistorique”. (Joseph Ratzinger dans un discours prononcé le 18 septembre 2004 devant les opérateurs pastoraux du diocèse de Velletri (près de Rome, en Italie), repris par le quotidien suisse catholique de Lugano “Il Giornale del Popolo”).

    JPSC

  • Turquie : vous avez dit "Coup d'Etat" ?

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    L'analyse de Stefano Magni sur la Nuova Bussola Quotidiana (trad. de belgicatho) :

    Coup d’Etat, coup d'Etat monté contre soi, contre-coup d’Etat, la Turquie s’interroge

    Il y a encore beaucoup de zones d’ombre autour  du dernier coup d'Etat en Turquie. Manque l'élément central : qui l'a organisé? C'est une question caractéristique du duel à distance entre le président Recep Tayyip Erdogan et son principal rival (ancien allié), le politologue et prédicateur Fethullah Gulen. Selon Erdogan, c’est lui qui est l'inspirateur du coup d'Etat manqué. Gulen, de son exil volontaire aux États-Unis, a répondu, il s’agit d’une mise en scène d’Erdogan lui-même. Et de nombreux Turcs, avant même d'attendre cette déclaration, le croient.

    L'échange d'accusations sur qui en a été l'organisateur et sur l'inspiration du coup d'Etat, est rendu possible par le profil bas de ses protagonistes actuels. Tous les coups d’Etat ont leur homme fort qui s’impose sur les écrans de télévision promettant l'ordre et la paix sociale, même si c’est au prix de la force. En Turquie, il n'y a rien eu de semblable. Des "militaires" anonymes ont occupé des stations de télévision et des points clés des deux grandes villes pour mettre en place un tout aussi anonyme «conseil de paix». Le mystère de l'absence de visages et d’hommes forts a permis immédiatement aux théoriciens de la conspiration d’entrer en action. L'opposition turque compare le coup d’Etat manqué à l’incendie du Reichstag en 1933, qu’Hitler a attribué aux communistes et qui lui a permis de promulguer des lois et des mesures spéciales qui ont transformé son gouvernement en dictature. Le parallèle entre le coup d'Etat du 16 Juillet et l'incendie du Reichstag a fait le tour du web en Turquie et est devenue un sujet tendance dans les réseaux sociaux. Par ailleurs, depuis la nuit du coup d'Etat manqué, les partisans de M. Erdogan, en Turquie et à l'étranger, ont commencé à accuser les États-Unis d'être derrière le coup d'Etat. Une thèse qui a été relancée hier par le ministre du Travail du gouvernement Yildrim et immédiatement démentie par le secrétaire d'État John Kerry indigné (qui au contraire, lors des moments critiques, avait soutenu Erdogan et délégitimé ses adversaires).

    Les deux théories du complot impliquent des conséquences pratiques. Le principal accusé est Gulen, l'un des protagonistes d’un islam politique turc depuis les années 90, ancien allié d'Erdogan (au moins jusqu'en 2013) et la tête d'un vaste mouvement politique et religieux, avec des écoles et des ramifications également aux États-Unis et en Europe. Les membres de son mouvement, Hizmet, ou tous ceux qui sont considérés comme étant en contact avec  sa mouvance, sont les premières victimes des purges massives qui ont lieu en Turquie: 9.000 militaires et 3.000 juges arrêtés jusqu’à présent ("et ils vont arrêter 6.000 autres», annonce menaçant le ministre de la Justice). Les États-Unis eux-mêmes sont ciblés: la base aérienne d'Incirlik, également utilisée par les États-Unis pour mener la campagne contre Isis, a été fermée pendant plus de vingt-quatre heures, assiégée littéralement et libérée la nuit dernière seulement. Selon les autorités turques, elle aurait été utilisée par des avions "détournés" par les putschistes et sa fermeture a également été considérée comme une forme de pression pour exiger l'extradition de Gulen. Que le gouvernement des États-Unis, par ailleurs, ne sont pas près de concéder.

    Mais que dire de la thèse de la minorité, c’est-à-dire de la thèse de Gulen à propos d’un coup d’Etat fomenté par le pouvoir lui-même? Il ne s’agit pas d’une vraie accusation à proprement parler, mais bien d’une réplique pour répondre aux accusations du gouvernement turc: "La possibilité existe que ce coup d'Etat ait été orchestré par le gouvernement lui-même, et que ce soit un prétexte pour lancer de nouvelles accusations" contre ses adversaires. Dans la même interview, l'un des rares qui a communiqué avec la presse depuis son exil en Pennsylvanie, États-Unis, Gulen se défend en disant qu'il avait actuellement peu de contacts (vivants et libres) en Turquie. Certainement, il n’aurait pas pu orchestrer un soulèvement militaire de cette taille.

    Celui qui pointe du doigt Erdogan et croit que le coup d'Etat manqué est la version turque de l'incendie du Reichstag, utilise principalement l’argument de savoir à qui profite le crime. Mais ce n’est jamais une méthode logique pour trouver un coupable vu que c’est un raisonnement a posteriori. Mais il est utilisé pour bien décrire la situation actuelle. Une fois qu'il a gagné sa dernière bataille contre l'armée, le président a les mains libres pour mener à bien la réforme constitutionnelle très controversée et aussi pour le rendre encore plus autoritaire ; il peut arrêter tous ses adversaires au sein de l'armée et du pouvoir judiciaire et même les supprimer, en réintroduisant la peine de mort pour haute trahison. La Turquie peut effectivement devenir une dictature, après des années de dérive autoritaire. Ce qui émerge, c’est un pouvoir beaucoup plus arbitraire que celui que mettrait en place une junte militaire, notamment parce qu'il est soutenu par les masses musulmanes. Avec une rhétorique très similaire à celle utilisée par tous les régimes totalitaires, Erdogan a également lancé sa mobilisation permanente ; il continue à répéter le moment magique lors duquel il a appelé le peuple à la résistance et les imams ont lancé leur appel à la mobilisation du haut de leurs minarets. Ce sont les masses «démocratiques» qui ont battu les soldats prisonniers et qui les ont tués quand elles ont pu. Ce sont des masses qui se sentent au pouvoir derrière leur homme fort, cette fois bien visible et fermement campé sur le trône. Cette nuit du 16 juillet apparaît maintenant comme sa révolution. Pas seulement comme un coup d'Etat manqué.

  • Les femmes sont les premières victimes d'une conception idéalisée de la maternité

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    De genethique.org :

    LE "REGRET D'ÊTRE MÈRE", EXPLICATION D'UN TABOU PAR THÉRÈSE HARGOT

    Lundi, Libération, publiait un article fracassant : « Le regret d’être mère, ultime tabou », écho d’une étude[1] sur le phénomène du regret de la maternité. Thérèse Hargot, philosophe et sexologue, auteur du livre Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque)[2], réagissait sur les réseaux sociaux, reprochant au quotidien de ne pas aller au bout des remises en question que son analyse impose. Contactée par Gènéthique, elle s’explique. 

    Gènéthique: Pourquoi avez-vous réagit à cet article ? 

    Thérèse Hargot: L’article est courageux. Il montre l’impossibilité des femmes à dire leurs regrets par rapport à la maternité. Mais tout en analysant les causes qui ont conduit à ce tabou, l’article ne fait que constater sans démonter le système qui a produit ce tabou. 

    G: A votre avis, que faut-il remettre en cause ? 

    TH: Si on veut permettre de nouveau aux femmes d’exprimer un regret d’être mère, il faut remettre en question le droit à l’avortement qui impose un nouveau devoir de la maternité, celui d’être une mère heureuse. Aujourd’hui, avec le « droit à l’IVG », toute mère a forcément choisi de l’être, sinon elle aurait avorté. L’enfant est systématiquement perçu comme le fruit d’un désir dont les femmes portent l’entière responsabilité. Elles se doivent donc d’être heureuses et d’assumer leur choix. Elles n’ont plus d’espace pour exprimer l’ambivalence d’un désir qui ne peut être aujourd’hui que blanc ou noir, enfant ou IVG. Pas de nuances de gris… Et ce type d’injonction crée chez les femmes toutes sortes de pathologies : de vraies dépressions, des pressions meurtrières… parce qu’elles n’ont plus de lieu pour dire : être mère c’est difficile, je regrette, je n’y arrive pas… Ce qui est le lot commun de toute mère à un moment ou un autre. Le danger est plus fondamental, et de ce fait, plus pervers parce qu’il n’a pas le droit de se dire. L’autre raison qui empêche les femmes d’avouer leur regret ou leurs difficultés, c’est que si elles s’expriment dans ce sens, le refrain qu’elles vont entendre en boucle c’est « tu n’avais qu’à avorter », alors que ces femmes veulent seulement exprimer une part d’ombre de la maternité. Ces femmes qui regrettent, ne remettent pas en cause d’avoir gardé leur enfant. Elles ne veulent pas avorter. Mais elles n’ont plus le droit d’exprimer cette émotion et tout devient très lourd. Elles ont besoin d’être écoutées. La loi qui devait libérer les femmes en leur donnant libre accès à l’IVG, tourne au drame en les plaçant face à un tabou. Leur souffrance est d’autant moins acceptable que jamais, la maternité n’a été à ce point valorisée. 

    G: Pensez-vous que les questions de PMA, de GPA, du droit à l’enfant, puisse entretenir ce tabou ? 

    TH: Non seulement elles l’entretiennent, mais elles le renforcent ! Avec les débats autour de la PMA et de la GPA, leurs émotions sont frappées d’un interdit encore plus fort ! Les revendications du droit à l’enfant de certaines communautés sonnent comme l’équivalent d’un droit au bonheur, être « mère » c’est s’accomplir. Comment dire après qu’on n’en a assez ? 

    G: L’article semble déplorer que l’enquête exclut l’homme. Qu’en pensez-vous ? 

    TH: C’est malheureusement très symptomatique des questions qui entourent la maternité. Je trouve très dommage que l’homme n’ait plus sa place, parce qu’elle était un bon contrepoint à l’ambivalence du désir, très propre à l’expérience de la maternité, aux femmes. Traditionnellement, la loi protégeait l’enfant. Avec le droit à l’IVG, la loi ne joue plus son rôle. Dans une famille, l’ambivalence du désir de la femme est normalement assumé par l’homme. Je m’explique : comme femme, j’attends de mon homme qu’il m’écoute et qu’il continue à me protéger et à protéger les enfants. Il est très masculin de dire : « Il y a des choses qui se font et d’autres qui en se font pas. Tu veux que l’enfant meurt ? C’est non ». Or tout est fait, déjà avec la contraception, pour faire de la maternité une affaire de femme, où l’homme est peu engagé. Quand l’homme n’est pas dans son rôle, quand la solution proposée à l’ambivalence du désir de la femme est l’IVG, la femme ne va plus oser exprimer à l’homme sa colère, ses sentiments, avec les dégâts qui s’en suivent pour elle-même et pour la relation à son enfant. Parce qu’elle sait qu’il est possible de le tuer. Avec l’IVG, les femmes ont revendiqué une libération qu’elles sont seules à assumer. Et le tabou est d’autant plus fort qu’inconsciemment, les femmes ont intériorisé ce tabou, elles s’autocensurent. 

    G: Le constat est dur, que faut-il faire ? 

    TH: Le jour où je veux un enfant, s’il ne vient pas, c’est la catastrophe ! Le jour où ça vient et que je regrette, c’est la catastrophe aussi… Il faut témoigner d’autre chose : retrouver le sens de la vie non pas comme un but, mais comme un fruit. Accueillir la complexité de la maternité comme quelque chose qui nous dépasse. Et l’accepter libère ! Dire que c’est difficile, pleurer, crier sa colère, avouer qu’on souhaite ne plus être mère, est une expérience libérante qui aide à mieux la vivre. Je trouve très dommage que l’article publié dans Libération, se contente juste de déplorer la situation sans remettre en cause le système, sans remettre en cause le « droit » à la contraception et le « droit » à l’avortement qui a conduit à une nouvelle conception de la maternité, idéalisée, dont les femmes sont les premières victimes.

     
    [1] « Regretting Motherhood : A Sociopolitical Analysis », in Signs (Journal of women in culture and Society, vol. 40).
    [2] « Une jeunesse sexuellement libérée (ou presque) », Editions Albin Michel, 2016. 
  • La protection des familles doit devenir l’une des priorités majeures de l’Union européenne

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    Communiqué de presse de la COMECE (Commission des Episcopats de la Communauté européenne)

    Rencontre de la COMECE et de la CEC avec la Présidence Slovaque de l’UE

    Une délégation menée par le Secrétaire d'Etat slovaque aux affaires européennes, Ivan Korčok, a reçu ce mardi à Bratislava des représentants de la Conférence des Eglises européennes (KEK) et de la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE).

    La rencontre entre la Présidence slovaque du Conseil de l'Union européenne et des représentants des Eglises s’est concentrée sur la situation actuelle de l'Union européenne suite au référendum sur le « Brexit » ainsi que sur la crise des réfugiés et de la migration, y compris la réforme du règlement de Dublin. Il a également été question des politiques en matière d’aide au développement et de paix, mais également du soutien aux familles dans le cadre des compétences de l'Union européenne.

    Le Secrétaire d'Etat Korčok a salué le travail accompli par les Eglises dans la sphère publique ainsi que leur recherche de solutions pour l'ensemble de la société européenne. Il a également demandé un soutien dans la communication avec les citoyens européens, en particulier sur les questions directement liées à l'existence de l'Union européenne. Ivan Korčok a souligné que la Slovaquie souhaitait faire avancer l’intégration européenne et qu’une large part des difficultés auxquelles l’Europe est actuellement confrontée ne résultait pas d’un échec du projet européen.

    Les représentants de la CEC et de la COMECE ont souligné l'importance du rôle des Eglises dans le dialogue sur l'avenir de l'Europe. Michael Kuhn a annoncé que la COMECE allait initier un processus de réflexion dont le point d’orgue sera un congrès en 2017 sur l'intégration européenne, le développement de la démocratie et les nouveaux défis pour l'UE. La CEC a présenté sa récente lettre ouverte « Quel avenir pour l'Europe ? », qui invite ses membres et partenaires à débattre de l'avenir du continent et à façonner l'Europe comme notre maison commune. Abordant la question du flux constant de réfugiés et de migrants vers l'Europe, les représentants des Eglises ont souligné que ces personnes vulnérables devaient bénéficier d’un traitement humain. La solidarité entre les États membres de l'UE est sur ce point essentielle. Une révision en temps voulu du règlement de Dublin, le traitement des causes profondes de cette crise, ainsi qu’une réponse coordonnée de l'UE sont nécessaires pour éviter une nouvelle tragédie humaine.

    « Lors de cet échange, j’ai eu l’opportunité d’exprimer notre conviction commune que la protection des familles devait devenir l’une des priorités majeures de l’Union européenne » a déclaré au terme de la rencontre Mgr Jozef Hal’ko, évêque auxiliaire de Bratislava.

    « Le message résolument pro-européen de la présidence slovaque nous encourage. Il existe des divergences d’opinion entre les gouvernements de l’UE dont il faut discuter. Cependant, il ne faut ni leur donner trop d’importance ni les dramatiser » a souligné le Père Heikki Huttunen, Secrétaire Général de la CEC. « Les Eglises bénéficient d’un réseau particulier qui leur permet de connaître les expériences des différentes parties de l’Europe. Ce réseau doit nous servir à renforcer notre sentiment de communion et l’envie de continuer le chemin ensemble. »

    La rencontre de la CEC et de la COMECE avec la présidence slovaque du Conseil de l'Union européenne a eu lieu en vertu de l'article 17 du Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. Celui-ci consiste en un engagement de l'UE à un dialogue ouvert, transparent, et régulier avec les Eglises et les communautés religieuses.

  • La prédication du père Michel Zanotti-Sorkine au lendemain du massacre de Nice

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  • Il y a 70 ans, quand le général Mihaïlovic était assassiné par les communistes yougoslaves

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    De Miloslav Samardjic* sur le site de France Catholique

    70e anniversaire de l’assassinat du Général Mihaïlovic par les communistes yougoslaves

    Par Miloslav SAMARDJIC *

    Beaucoup a été écrit sur le général Draja Mihaïlovic, mais ce n’est que maintenant que des documents, disponibles depuis une dizaine d’années, sont enfin analysés et lui rendent vraiment justice sur son rôle dans la 2de Guerre mondiale. Quant à son procès, à l’issue duquel il fut assassiné, il y a 70 ans, le 17 juillet 1946, la plaidoirie complète n’en a été publiée qu’en 2015.

    L’avocat de la Défense, le Dr Dragic Joksimovic savait que son client était déjà condamné à mort. Il savait aussi que le même sort lui serait réservé s’il décidait de remplir sa mission, mais cela ne l’a pas découragé. Le 8 juillet 1946, dans la grande salle de l’immeuble qui était, avant guerre, celui de la Garde royale, le président du Tribunal militaire de la Yougoslavie socialiste, fondée moins de neuf mois plus tôt, le colonel Mihailo Djordjevic, a appelé, à 19 h 15 précises, le Dr Joksimovic, à faire sa plaidoirie pour ce procès qui durait depuis presque un mois.

    Le général Draja Mihaïlovic, 53 ans, était le commandant de l’Armée Royale yougoslave, plus connue dans la population comme les «  Tchetniks  », pendant la Seconde Guerre mondiale. C’était un officier spécialisé dans la guérilla et dans le renseignement, qu’il avait étudiés en France avant la guerre. Il avait multiplié les actes de résistance contre l’occupation allemande et ses alliés. Le général de Gaulle l’avait décoré de la Croix de Guerre en 1943, mais c’est au milieu de cette année-là que les Alliés occidentaux, et notamment Churchill, l’avaient trahi au profit des communistes yougoslaves, par un réalisme politique qui se révélera une faiblesse inutile. Mihaïlovic, privé de tout secours, malade, incroyablement calomnié, poursuivit la lutte pour la liberté jusqu’en mars 1946 où il fut capturé par ruse, emprisonné puis horriblement torturé durant deux mois.

    Le Dr Joksimovic, 53 ans lui aussi, visiblement exténué et de santé fragile, s’est levé et a demandé à la cour que lui soient accordées deux faveurs. La première était de laisser la parole à un confrère défendant un autre accusé parce que, debout depuis quatre heures du matin et habitant loin, il tenait maintenant à peine sur ses jambes. Le juge Djordjevic lui a répondu  : «  C’est maintenant votre tour, voulez vous parler oui ou non  ?  ».

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