Lu sur le site de l'Aide à l'Eglise en Détresse (France) :
MARC FROMAGER : la troisième guerre d’Irak
Devant les exactions de l’Etat islamique, une coalition menée par les Etats-Unis a été activée, mais son objectif est-il vraiment de contrer cette terrible menace ? Nous publions ci-dessous une analyse de Marc Fromager, directeur d’AED France, rédigée pour le mensuel d’octobre de La Nef.
Officiellement, cette troisième guerre d’Irak a évidemment comme visée de contrer l’Etat islamique (EI) en l’affaiblissant avant de le réduire à néant. Néanmoins, un bref rappel des deux premières guerres d’Irak devrait suffire à nous inspirer, à tout le moins, une certaine circonspection.
Bien entendu, nous n’évoquons ici que les interventions occidentales car sinon, il faudrait également rappeler l’effroyable carnage de la guerre Irak – Iran pendant les années 80, avec un million de morts à la clé dans chaque camp. Cela étant, il y avait également une intervention occidentale puisque nous réussissions à vendre des armes aux deux parties en veillant à un certain équilibre des forces afin de permettre au conflit de durer.
La première guerre du Golfe (1991) avait pour objectif la libération du Koweït, envahi par l’Irak. On avait encore à cette époque le souci de défendre l’intégrité territoriale des pays de la région, ce qui a visiblement disparu. Mais cette première guerre reposait déjà sur un mensonge : les américains auraient laissé croire aux irakiens qu’ils pouvaient prendre le Koweït, alors que ce n’était qu’un piège pour leur permettre d’intervenir en Irak.
Passons sur les douze années d’embargo anglo-américain qui auront fait plus de 500.000 morts, notamment des enfants, faute d’accès à de la nourriture et des médicaments suffisants. La deuxième guerre du Golfe (2003) a entièrement reposé sur un mensonge massif, celui des armes de destruction massive (on se rappelle de Colin Powell avec son petit tube de lait en poudre).