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Religions - Page 108

  • Vous avez dit : "droit au blasphème"?

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    Du Père Jean-Benoît Casterman, prêtre de la congrégation de Saint-Jean et éducateur au Cameroun depuis 1990, sur Boulevard Voltaire

    Droit au blasphème. Vraiment ?

    Si nous voulons légitimement critiquer l’islam, nous devons le faire avec autant de bonnes raisons (qui abondent) que de fermeté, mais aussi avec un minimum de respect envers les musulmans.

    Apparemment presque tous les défenseurs de la liberté d’expression, dont la plupart de nos Charlie, revendiquent le droit au blasphème. Dans l’absolu, personne ne peut vous empêcher de blasphémer ou d’insulter. Par exemple, si vous êtes en guerre contre quelqu’un, fût-ce Dieu lui-même. Vous me direz peut-être que, pour vous, Dieu ou la religion n’existent pas. Mais cela existe bel et bien pour l’autre. Or, il s’agit ici du droit social ou de la vie en société. D’où notre question : y a-t-il vraiment un droit au blasphème, donc à l’insulte ? Concrètement, cela revient à se demander si, dans la vie en société, blasphémer est un acte acceptable et légitime.

    Certes, la liberté fait bien partie des droits de l’homme. Mais à condition qu’elle respecte un minimum autrui ; justement pour le « vivre ensemble ». L’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme stipule que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » (voir aussi art. 29 §2).

    Dans ce cas, si vous insultez la religion d’autrui, il y a un réel problème pour le vivre ensemble. Ne me dites pas qu’en blasphémant Dieu ou une religion, vous n’insultez pas des personnes. Désolé, mais si vous insultez une religion, c’est comme se moquer d’une mère ou d’un pays, par exemple. Vous blessez, en conséquence, les personnes dans leur identité religieuse, familiale ou nationale. Vous les considérez comme débiles. Sur ce point, le pape François s’est exprimé dans sa franchise habituelle : « Si mon assistant insulte ma mère, il aura mon poing dans la figure. »

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  • Poser un regard chrétien sur le Nouvel-Age avec le Père J.M. Verlinde

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    Regard chrétien sur le Nouvel-Âge (1/5)

    Le « Nouvel Âge » se présente comme le « nouveau paradigme[1] » qui succède au paradigme judéo-chrétien sur lequel s’était construite la culture européenne jusqu’au milieu du siècle précédent. Il est important dans le contexte de la nouvelle évangélisation, de prendre la mesure de cette rupture de l’horizon de sens sur lequel se faisait hier encore l’annonce de […]

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    Regard chrétien sur le Nouvel-Âge (2/5)

    Rejetant tout énoncé normatif, le Nouvel Âge préconise un relativisme éthique et religieux, conduisant à un subjectivisme radical : chacun est appelé à se libérer des conditionnements moraux et religieux, pour s’engager dans la création de sa propre réalité – en perpétuelle évolution – dont il sera libre d’établir les lois – toujours révisables. La trame […]

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    Regard chrétien sur le Nouvel-Âge (3/5)

    Le naturalisme du Nouvel Âge s’inspire principalement des Traditions orientales, redécouvertes à la fin du XVIIIe et tout au long du XIXe s. Puis dans la seconde partie du XXe s., les religions non chrétiennes hawaïenne, précolombienne, des Indiens d’Amérique, celtique font également leur entrée. De la fusion de ces sources multiples, émerge un syncrétisme, que […]

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    Regard chrétien sur le Nouvel-Âge (4/5)

    Pour le Nouvel Âge, l’homme est une étincelle divine émanée de l’Énergie primordiale impersonnelle, et appelé à se résorber en elle au terme d’un long processus involutif et évolutif qui la conduit à traverser, d’incarnation en incarnation, toutes les strates de la manifestation, jusqu’à la complète dissolution de l’illusion de l’individualité personnelle. L’être humain et […]

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    Regard chrétien sur le Nouvel-Âge (5/5)

    Sur cette trame générale se greffent des courants aussi divers que la théosophie, l’anthroposophie, l’astrologie, la sorcellerie, le chamanisme, l’occultisme, le spiritisme, l’ufologie,… qui ont acquis pignon sur rue […]

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  • L'Inde, terre d'intolérance ?

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    Lu sur le site de La Croix (Claire Lesegretain) :

    En Inde, la police arrête 200 chrétiens

    Alors qu’ils manifestaient pacifiquement à New Delhi, jeudi 5 février, pour protester contre les attaques d’églises, plus de 200 catholiques ont été retenus dans un commissariat.

    « Ils n’avaient aucune permission de protester là », a justifié Mukesh Kumar Meena, officier de police à New Delhi, pour expliquer l’arrestation, jeudi 5 février, de 200 chrétiens. Ceux-ci venaient de commencer une « marche pacifique de protestation » dans les rues de la capitale indienne, au départ de la cathédrale catholique du Sacré Cœur vers la résidence du ministre de l’intérieur, Rajnath Singh.

    LES HOSTIES À TERRE

    Cette manifestation avait été convoquée par le diocèse de New Delhi après l’attaque, lundi 2 février, de la paroisse Sainte-Alphonse, dans le quartier Vasant-Kunj, au sud de Delhi, au cours de laquelle des individus avaient vandalisé l’église et profané le tabernacle, en répandant les hosties à terre. Cette attaque d’une église catholique, aggravée d’une profanation, était la cinquième dans la capitale de l’Inde depuis deux mois. « Le gouvernement fédéral doit prendre immédiatement toutes les mesures appropriées pour empêcher le renouvellement de tels actes contre les minorités religieuses », avait demandé dès le 2 février Mgr Kuriakose Bharnikulanagara, archevêque de l’éparchie syro-malabare de Faridabad.

    Le 4 janvier, c’était l’église catholique de la Résurrection dans le Secteur 6 de Rohini, au nord-ouest de New Delhi. Et le 1er décembre 2014, la paroisse Saint-Sébastien avait été victime d’un incendie, soupçonné d’être criminel. Pour protester contre l’augmentation de ces violences et contre la passivité de la police, le diocèse a donc appelé, jeudi 5 février, les fidèles à manifester « pour exiger du gouvernement que tous les lieux de culte soient sécurisés et que les enquêtes de justice soient menées jusqu’au bout afin d’arrêter les coupables », comme l’indique le communiqué diocésain.

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  • Quand les chrétiens se font pointer du doigt pour les exactions des terroristes islamistes

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    Koz réagit à la pétition de Reporters sans Frontières qui somme les responsables des cultes d'encourager la liberté d'expression (source) :

    Vous ne me ferez pas taire au nom de la liberté d’expression

    Vous avez dit « pas d’amalgames » et je l’ai dit avec vous. Je suis de ceux qui considèrent que l’islam a un défi spécifique à relever avec la violence et qui refusent dans le même temps d’amalgamer l’islam dans son ensemble à ses fanatiques.

    Vous avez dit « pas d’amalgames », ne demandons pas aux musulmans de se désolidariser du terrorisme. « Pas d’amalgames« , et vous demandez aux chrétiens de se désolidariser de leurs bourreaux. Les assassins de janvier se réclament des organisations qui ont déporté les chrétiens en Irak, de celles qui ont emprisonné Asia Bibi pour avoir exprimé sa foi, de celles qui ont brûlé vifs un jeune couple dans un four à briques pour blasphème, au Pakistan. Les chrétiens n’ont pas attendu les pétitions parisiennes pour verser leur sang et donner des martyrs de la liberté de conscience.

    Vous avez dit « pas d’amalgames » et vous demandez aux chrétiens, après un attentat islamiste, de reconnaître la liberté d’expression. Pire encore, après l’assassinat de quatre d’entre eux, vous allez voir les Juifs pour leur intimer de signer votre pétition. Qui ne signe pas n’est pas démocrate.

    Lire la suite sur Koztoujours.fr

    Lire aussi : Mgr-Pontier-refuse-de-soutenir-l-initiative-de-Reporters-sans-frontieres-2015

  • Islam : faire confiance au pape François

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    D'Henri Hude sur Liberté Politique :

    Le pape François et l’islam : l'enjeu, c'est la paix

    Quel doit être aujourd’hui notre rapport à l’islam ? C’est une des questions qui importent le plus au bien commun. Voici quelques remarques sur la façon dont le pape François touche la question et sur la façon dont sa réponse est reçue.

    Certains demandent pourquoi le pape ne dénonce pas chaque jour à plus haute voix les cruelles persécutions que des groupes islamistes font subir aux chrétiens et à d’autres minorités, au Proche-Orient et en Afrique. La réponse est d’abord que le pape est déjà allé loin en justifiant en août, à son retour de Corée, l’idée d’une intervention internationale.

    Mais enfin, François est tenu à une certaine réserve. Il se trouve dans une situation analogue à celle de Pie XII durant la Seconde Guerre mondiale. Il parle avec grande prudence, n’agit pas en partisan, et stimule énormément ses subordonnés sur le terrain pour qu’ils diminuent les souffrances des persécutés. Tout bien considéré, c’est là ce qui est juste et raisonnable.

    Chacun se souvient des réactions disproportionnées au discours pourtant si rationnel et apaisé de Benoît XVI à Ratisbonne. Chacun vient d’être témoin de l’hypersensibilité de toute une partie du monde musulman à quelques stupides caricatures. Que ne dirait-on donc pas, si à la suite d’un discours trop énergique de François, des centaines de chrétiens étaient lynchés en terre d’islam ?

    L’analogie des deux situations me paraît frappante. Aussi je renvoie aux citations choisies du livre de Pierre Blet sj, Pie XII et la Seconde Guerre mondiale, Perrin, 1997, 2005 (un concentré de ses études monumentales [1]).  

    Une interprétation réaliste de la doctrine de la guerre juste

    François n’est pas un utopiste pacifiste. 

    Du point de vue de la doctrine sur la guerre, son enseignement marque même une inflexion par rapport au pacifisme plus marqué de ses prédécesseurs, un certain retour à une application plus « réaliste » de la doctrine classique de la guerre juste. Au cours de sa conférence de presse dans l’avion de retour d’Asie, il n’hésite pas à dire que l’agression injuste doit être « arrêtée », sans entrer dans la détermination des moyens.

    Tout en démarquant la théorie de la guerre juste de l’impérialisme qui peut en abuser, il légitime le recours à la force armée contre le terrorisme islamiste. Il ajoute que c’est aussi un droit pour l’agresseur que de se voir opposer une résistance, sans laquelle il deviendrait toujours plus mauvais. 

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  • Inde : sale temps pour les chrétiens

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    Inde : le nonce appelle à l'apaisement après les violences anti-chrétiennes (Radio Vatican)

    (RV) Au lendemain d’une énième attaque visant une église catholique, le nonce apostolique en Inde est sorti de sa réserve pour appeler à la lutte contre les discriminations et à la promotion du dialogue et de l’harmonie. Cet appel intervient dans un climat de fortes tensions et de violences anti-chrétiennes. Dernier épisode en date : une église catholique de New Delhi a été saccagée lundi matin par des assaillants qui ont ouvert le tabernacle, volé le ciboire et jeté les hosties à terre. Incendies criminels, messes perturbées par des jets de pierre, autels brisés, statues renversées… c’est la cinquième profanation en l’espace de deux mois contre un lieu de culte catholique, dans la capitale indienne. Les églises de New Delhi ont commencé à s’équiper en urgence de caméras de surveillance.

    Le nonce s’est donc efforcer d’apaiser les esprits. S’adressant aux 140 évêques indiens réunis en assemblée plénière à Bangalore, Mgr Salvatore Pennachio leur a rappelé que le témoignage chrétien doit toujours être offert dans un esprit de dialogue sincère et de respect, en harmonie avec les autres croyants, pour construire des ponts de fraternité et de solidarité pacifique dans une société meilleure. Le représentant du Saint-Siège s’est également adressé aux chrétiens pour qu’ils œuvrent en faveur de la communion entre tous les membres de la société civile, sans discriminations ni favoritismes.

    Les évêques demandent des mesures urgentes

    « L’Eglise indienne, a-t-il dit, doit continuer à lutter contre toutes les formes d’injustices et agir pour que tous les fidèles aient les mêmes droits et les mêmes chances ». Après les attaques contre les lieux de culte catholique, qui blessent les sentiments religieux, les évêques indiens ont publié une note demandant aux autorités de prendre des mesures urgentes et efficaces pour empêcher les actes de violences contre les minorités religieuses. Ils pressent les autorités de garantir la sécurité et la protection des chrétiens, d’autant que la recrudescence des violences anti-chrétiennes intervient alors que des élections locales sont prévues le 7 février.

    Le Secrétaire de la Commission épiscopale « Justice, paix et développement » s’est dit consterné par le silence du gouvernement. « L’Eglise élève la voix, mais elle n’obtient pas de réponse », a-t-il dit. De son côté, l’archevêque de New Delhi s’est dit convaincu que ces agressions sont bien planifiées et qu’elles s’inscrivent dans une campagne de haine et de propagande, menée par des groupes qui ont intérêt à briser l’harmonie religieuse et la paix sociale de la nation.

    Dans le reste du pays également, les chrétiens font face à différentes sortes d’agression. A la suite de l’arrivée au pouvoir en mai dernier de la droite nationaliste hindoue, les communautés chrétiennes se sentent à la merci des exactions commises par les hindouistes. De grandes campagnes de conversion à l’hindouisme ont d’ailleurs été lancées, encouragée par des parlementaires. 

  • Le testament du djihadiste suicidé

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    Fondazione Internazionale Oasis

     

    Le testament du jihadiste suicide


    Que se déclenche t-il dans l’esprit d’un jeune étudiant pour qu’il se transforme en terroriste sans pitié ? Cette question ressort chaque fois que nous abordons les nouvelles de massacres, d’attentats d’origine islamiste et des centaines de jeunes qui s’enrôlent dans les rangs de l’EIIL. Le testament de sang d’un jihadiste égyptien mort en Syrie et l’entretien avec un ex foreign fighter, parti de Dublin et puis rentré chez lui, aident à entrer dans cette zone d’ombre. Qui exige d’être approfondie.

     
     

    « Égorgez les mécréants pour obtenir la satisfaction du Miséricordieux » !

    Le testament de Islam Yakan, égyptien, qui s’est fait exploser en Syrie dans une voiture piégée

     

    Aller retour d’un foreign fighter

     

     

    Maria Laura Conte

     
     - Entretien avec Sam Najjair, libyen-irlandais qui a combattu en Libye et en Syrie
     
     
     

    L’Islam de al-Azhar, entre extrémistes et modernistes


    Michele Brignone 

     - Le shaykh de la mosquée de al-Azhar réagit à l’appel de al-Sisi qui demande une révolution religieuse dans l’Islam

  • Chine : l’Eglise plus que jamais verrouillée

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    Le Rapport mondial de Human Rights Watch dénonce le musellement croissant des voix critiques et le durcissement d’une répression tous azimuts sous la présidence de Xi Jinping. De Philippe Oswald sur le site « aleteia » :

    « Étrange tout de même, cette indulgence des dirigeants occidentaux pour la dictature rouge chinoise. Les Français, notamment, si prompts à faire la leçon à Poutine, multiplient égards et courbettes envers Xi Jinping. Serait-ce que l’argent n’a pas d’odeur, même pour des dirigeants socialistes ? La perspective de juteux contrats blanchirait-elle le président chinois aux yeux des représentants du « pays des droits de l’homme », si empressé à faire la morale au monde entier ?  

    « La campagne la plus dure de ces dix dernières années »

    On leur conseille la lecture du Rapport mondial 2015 de Human Rights Watch  rendu public à New York le 29 janvier. « Sous le président Xi Jinping, le gouvernement et le Parti communiste chinois ont lancé la campagne d’enquêtes, de détentions et de condamnations à caractère politique la plus dure de ces dix dernières années, marquant un virage radical vers une intolérance à l’égard des voix critiques », lit-on dans ce volumineux rapport sur la situation des droits de l’homme dans plus de 90 pays (la version anglaise comprend 656 pages et la version abrégée en français 186 pages).

    De bonnes vieilles méthodes communistes

    On peut douter qu’il s’agisse d’un « virage radical » tant ces bonnes vieilles méthodes sont inscrites dans les gènes communistes : pour prendre le pouvoir puis le conserver, tous les moyens sont bons, y compris un zeste de douceur et de persuasion le peu de temps que celles-ci restent payantes. Puis retour à la norme : la pure et dure dictature du prolétariat (celle d’un cercle plus ou moins large de prédateurs qui ne reculent devant rien pour garder le pouvoir). C’est ce qui se passe sous l’ère Xi Jinping : « La répression des voix critiques est la pire depuis dix ans et il semble qu’elle ne soit pas prête de s’arrêter », a commenté Sophie Richardson, directrice pour la Chine à Human Rights Watch. 

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  • Quelle chrétienté en Russie ?

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    Lu sur le blog de l’écrivain Jean-Claude Guillebaud:

    1088361_un-neoconservateur-nomme-poutine-web-0204119350866.jpg"Un deuxième séjour sur place m’en a convaincu : ce qui se passe en ­Russie interpelle directement les chrétiens que nous sommes. Je ne parle pas seulement de cette religiosité diffuse qui habite à nouveau le paysage russe après 75 années d’athéisme obligatoire et de persécution communiste. Églises reconsacrées, monastères reconstruits, fêtes ostentatoires… Nos regards très laïcs ne sont plus habitués à cette omniprésence du signe religieux.
    Mardi dernier, j’ai séjourné à Vitebsk, en ­Biélorussie, à 600 km de Moscou. Nous étions le 19 janvier. Pour les orthodoxes, cette date correspond au baptême de Jésus dans les eaux du Jourdain. Ce jour-là, ils apportent de l’eau à l’église pour qu’elle soit bénie. Dans Vitebsk, par 15 degrés Celsius au-dessous de zéro, de longues files d’attente stationnaient donc devant chaque église. Dans certains quartiers, pour éviter aux personnes âgées de souffrir d’un froid dangereux, on avait disposé des camions-citernes d’eau bénite – je dis bien des camions-citernes ! – où les paroissiens venaient remplir leurs flacons. J’ai d’abord été tenté d’ironiser. Je me suis aussitôt interdit de le faire, en pensant à la formule du pape François : « Qui suis-je pour juger ? » Il n’empêche qu’un retour aussi ostentatoire du christianisme nous interroge. Cette nouvelle piété orthodoxe est encouragée et instrumentalisée par le pouvoir de Vladimir Poutine, en Russie, ou d’Alexandre Loukachenko en Biélorussie. L’imbrication du religieux et du politique – traditionnel en ­Russie depuis Ivan IV le Terrible – nous pose problème. Nous y voyons volontiers une manipulation, et ce n’est pas faux.

    Au-delà, pourtant, il faut admettre que l’affaire est à la fois plus profonde et plus considérable. Un admirable petit livre qui nous aide à mesurer la portée du phénomène va paraître dans quelques jours en France : Dans la tête de Vladimir Poutine (Solin/Actes Sud). Son auteur, Michel Eltchaninoff, est rédacteur en chef adjoint de Philosophie magazine. Dans ce texte magistral et jamais gangrené par l’obsession de juger, il éclaire le projet de Poutine : unifier l’immense fédération de Russie grâce à la culture orthodoxe vécue comme une identité. L’entreprise n’est pas seulement religieuse. Depuis Pierre le Grand, la culture russe balance entre les « cosmopolites » qui penchent vers l’Europe et les « slavophiles » qui – comme Dostoïevski ou ­Soljenitsyne – défendent le particularisme russe. C’est donc sur un retour à une version rajeunie du courant slavophile que l’on table aujourd’hui au ­Kremlin, sur un courant chrétien qui voit dans Moscou une « troisième Rome » capable de prendre le relais de Constantinople conquise par les Turcs et d’une Europe en déclin. Les grands écrivains et penseurs de cette sensibilité au début du XXe siècle – comme Nicolas Berdiaev ou Vladimir Soloviev – sont redécouverts. C’est peu de dire que les 170 pages du livre d’Eltchaninoff tombent à pic pour nous arracher aux simplifications méprisantes et aux lieux communs ignares. J’ai lu ce livre avec passion."

    Ref. Quelle chrétienté en Russie ?

    JPSC

  • La présence de communautés chrétiennes attestée en Arabie au 5e siècle

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    Dans le désert d'Arabie, des croix chrétiennes du Ve s.

    Présentation par un archéologue français, Frédéric Imbert

    Rome, 29 janvier 2015 (Zenit.org)

    Des inscriptions assorties de croix chrétiennes, ont été découvertes en Arabie Saoudite, dans la zone de Jabal Kawkab du désert: elles attestent la présence d’une communauté chrétienne en Arabie du Sud au Ve siècle.

    Frédéric Imbert, spécialiste d'épigraphie arabe et islamique, professeur à l'université d'Aix et membre de la mission franco-saoudienne de prospection dans l'émirat de Najrân, a exposé ces découvertes lors d'une conférence au musée de l'Université américaine de Beyrouth.

    Selon le journal L’Orient-Le Jour, une série de noms chrétiens, peut-être des martyrs tués lors d’une persécution, a été découverte en janvier 2014 au sud de Jabal Kawkab dans le secteur de Hima, dit aussi Bîr Ḥimā ou Ᾱbār Ḥimā, « appellations renvoyant à une zone de puits connus depuis la plus ancienne Antiquité ». Pour l’archéologue, ce coin était probablement une zone d’approvisionnement d’eau pour les caravanes qui voyageaient du Yémen à Najran.

    Les inscriptions gravées sur des rochers sur plus d'un kilomètre, « ne sont pas les seules croix connues en Arabie du Sud et de l'Est, mais il s'agit sans doute des plus vieilles croix chrétiennes en contexte daté de 470 de notre ère », a souligné Frédéric Imbert.

    Quant à la langue – difficile à préciser car les inscriptions ne sont que des noms –, il pourrait s'agir « d'une forme tardive et peut-être locale d'araméen », ou « écriture nabatéo-arabe ».

    Les écrits se situeraient à l’époque du règne himyarite de Shurihbil Yakkuf, qui a gouverné l’Arabie du Sud de 470 à 475. Les persécutions des chrétiens auraient commencé au cours de son règne.

    Pour Frédéric Imbert, il est possible que cette communauté chrétienne soit venue d'Irak, avant même l'essor du christianisme dans la région : présent en Arabie à partir du IVè siècle, c'est cependant « au VIè siècle qu’il se diffuse dans la région du golfe Arabo-Persique, dans les régions côtières du Yémen et dans celle de Najrân », grâce aux missionnaires de l'empire perse sassanide et aux missionnaires syriens monophysites qui sont hostiles au concile de Chalcédoine (451).

    La région du Jabal Kawkab affiche des milliers de représentations humaines et animales, de versets, de croix, de vers de poésie, de textes en arabe, en sudarabique, en thamoudéen ou en nabatéen : « Nous travaillons sur ce que j'appelle "le plus vieux livre des Arabes", un livre écrit sur les pierres du désert par des hommes qui vécurent à l'époque où une certaine forme de monothéisme se met en place dans la douleur et l'opposition, les massacres et les guerres. Aujourd'hui, c'est une page de l'histoire des Arabes et du christianisme que nous essayons de retrouver... », conclut Frédéric Imbert.

    Avec Constance Roques

  • Un « hors-série » du bimensuel L’Homme Nouveau : Proche-Orient, ces catholiques persécutés

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    Un nouveau hors-série vient de sortir aux éditions de L'Homme Nouveau sous le titre Proche-Orient, ces catholiques persécutés (68 pages, 7 €). Entièrement consacré aux catholiques persécutés du Proche-Orient, il offre une vision panoramique de nos frères orientaux et leur donne la parole pour entendre leur voix et leur message. Au-delà de l'information sur des Églises catholiques souvent méconnues en France, un hommage à une chrétienté martyre. Lu sur le blog du journal, sous la signature de Philippe Maxence :

    « Ils sont notre honneur

    Beaucoup en parlent et jusqu’au 7 janvier dernier, c’était comme d’une tragédie lointaine. Pour notre part, nous avons décidé de leur donner la parole, comme un premier hommage. Tout simplement parce qu’on entend les faire taire sur leur propre terre, les voir disparaître de leur propre pays. Et, parce qu’aussi, ils sont la mauvaise conscience d’un Occident replié sur son confort, arc-bouté sur des valeurs qui renvoient Dieu dans la sphère privée et qui a tenté d’imposer cette vision dans cette partie du monde, terre de l’Évangile.

    Une histoire pluriséculaire

    Remontant pour certaines aux premières heures du christianisme, héritières en tous les cas d’une histoire pluriséculaire, les Églises catholiques du Proche-Orient ne cessent de témoigner du Christ. Martyres, elles le sont déjà en temps ordinaire puisque, minoritaires, il leur faut témoigner face à un monde majoritairement musulman que Dieu n’est pas soumission mais amour et qu’Il s’est incarné pour sauver l’homme du péché.

    Martyres, elles le sont encore aujourd’hui, en ces temps où la violence s’est réveillée après un long sommeil, laissant s’épanouir la folie de l’État islamique ou la haine d’Al-Qaïda. Chassées, massacrées, poursuivies, exilées, les populations chrétiennes du Proche-Orient vivent à l’image du Christ un terrible chemin de Croix. Peut-être portent-elles ainsi leurs propres péchés ? Quel homme et quelle communauté peuvent se vanter de ne pas en avoir ? Mais elles portent aussi notre péché, notre abandon, notre aveuglement, notre oubli, notre trahison. La France possède en la matière une terrible responsabilité.

    Fidélité au Christ

    Mais au-delà de la tragédie, qui aura eu pour vertu de nous réveiller d’un silence trop complice, nous devons rendre aussi hommage à ces Églises catholiques du Proche-Orient tout simplement parce qu’elles sont nos sœurs aînées dans la foi. Pour celle-ci, – et leur histoire mouvementée en témoigne, au point d’échapper souvent à la compréhension immédiate de nos esprits cartésiens –, elles se sont battues, se querellant jusqu’à plus soif à propos de questions théologiques qui revêtaient une importance capitale. On n’y discutait pas seulement des liens avec Rome ou de la soumission à tel ou tel patriarcat historique. Plus encore, la Personne du Christ, sa nature, sa volonté, sa divinité comme son humanité, furent l’objet de débats, de joutes, d’incompréhensions et de séparations. L’heure n’était pas au relativisme, à l’accord sur le plus petit dénominateur commun, apanage de nos démocraties modernes. Non, l’heure était avant tout à la fidélité au Christ, deuxième Personne de la Sainte Trinité, Verbe incarné et seul Sauveur.

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  • Quand Michel Houellebecq dit n'être plus athée et se dit convaincu de la nécessité de la religion

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    Lus sur le site de LaVie.fr ces propos recueillis par Marie Chaudey et Jean-Pierre Denis :

    Michel Houellebecq : "Je ne suis plus athée"

    La Vie a rencontré l'auteur de Soumission, phénomène littéraire controversé de ce début d'année. Déclin du christianisme, islam, pape, etc, voici des extraits de cet entretien. 

    Depuis la sortie de Soumission, une nouvelle bataille d’Hernani s’est engagée. Comme d’habitude, les jugements de valeur sur la personne de Houellebecq se mêlent à ceux que suscitent ses personnages. Mais cette fois, aux considérations sur la littérature se mélange un vif débat sur l’islam et l’islamophobie. Une partie de la critique littéraire juge l’ouvrage médiocre ou choquant. D’autres trouvent qu’il est troublant ou excellent. Dans la plupart des cas, la question du déclin du christianisme, pourtant centrale dans le roman, est éludée, voire carrément évacuée. Pour en avoir le cœur net, nous avons affronté durant trois heures le brouillard de cigarette, de laconisme et d’ambiguïté qui entoure et dissimule l’étrange M. Houellebecq, nouant le fil d’une vraie conversation. Au lecteur cette fois de juger sur parole. Il a désormais la pièce du dossier qui lui manquait : l’auteur lui-même. Extraits exclusifs d'un entretien à paraître jeudi 29 janvier dans La Vie.

    Vous avez l’air fâché ?

    La déclaration du pape après les attentats contre Charlie m’a consterné. Quand il dit « Si vous parlez mal de ma mère, je vous mets un coup de poing », il légitime le fait de répondre à une agression écrite par une agression physique. Je ne suis pas d’accord du tout, et j’aurais encore préféré qu’il se taise. La religion ne doit pas limiter la liberté d’expression. S’il y a des limites, elles ne sont pas de cet ordre, mais liées à la diffamation, aux atteintes à la vie privée, etc. Et je sais de quoi je parle, pour avoir été souvent poursuivi. Même pour la Carte et le Territoire, j’ai eu droit à un procès en Allemagne de l’association Dignitas, favorable à l’euthanasie – que l’éditeur a d’ailleurs gagné. (...)

    Cela fait longtemps que vous êtes fasciné par la religion...

    Oui. En littérature, dès mon premier livre, Rester vivant (1991), qui est très influencé par saint Paul et son insolence. Et puis il y a eu les Particules élémentaires et mon éventuel baptême dans la Carte et le Territoire. Mais je parlais déjà de ma tentative de conversion dans le livre avec Bernard-Henri Lévy, Ennemis publics. Durant mon enfance, chez mes grands-parents, il y avait zéro religion. Sans véritable antipathie – contrairement à leurs amis communistes, qui étaient davantage anticurés. Pour eux, le Royaume et le progrès étaient de ce monde. Mais la religion est entrée dans ma vie depuis l’âge de 13 ans au moins. Un ami de ma classe avait essayé de me convertir à l’époque. J’ai d’ailleurs conservé la Bible qu’il m’avait donnée. J’en ai lu une bonne partie aujourd’hui. (...) J’ai une vision de la religion plus proche de la magie. Le miracle m’impressionne ! Le moment religieux que je préfère dans tout le cinéma, c’est la fin d’Ordet, le film de Dreyer, qui se termine par un miracle. Voilà ce qui m’ébranle. (...) Je veux savoir si le monde a un organisateur et comment c’est organisé. J’ai fait des études scientifiques. Il y a une vraie curiosité chez moi pour la manière dont tout ça fonctionne. Ce qui fait qu’aujourd’hui je ne me définis plus comme athée. Je suis devenu agnostique, le mot est plus juste. L’un des amis de mon père lui avait dit qu’il se ferait incinérer, qu’il n’y aurait pas de cérémonie religieuse. Mon père lui a rétorqué : « Je te trouve bien présomptueux. » C’est un peu le sens du pari de Pascal.

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