Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Religions - Page 117

  • Anglicans : l'ordination de femmes évêques ou quand l'égalitarisme s'érige en dogme

    IMPRIMER

    Une analyse de Pierre Jovanic parue sur FigaroVox :

    Le synode général de l'Eglise anglicane s'est prononcé en faveur de l'ordination des femmes évêques. Pour Pierre Jovanovic, cette réforme illustre le rejet de toute tradition au nom d'un nouveau dogme, politique et non religieux : l'égalitarisme.

    «Les femmes font de parfaits dentistes et médecins, pourquoi ne feraient-elles pas d'excellents prêtres?» Cette déclaration n'émane pas de Najat Vallaud Belkacem, ou de Caroline Fourest, mais de feu Margaret Thatcher, Premier ministre conservatrice du Royaume-Uni. Peu avant son départ du pouvoir en 1990, elle pesa de tout son poids pour l'ordination des femmes prêtres au sein de l'Eglise anglicane, ce qui fut chose faite quelques années plus tard. Depuis le 14 juillet 2014, conséquence de cette décision, l'accès à l'épiscopat pour les femmes a également été ouvert. Le Synode général, le Parlement de l'Eglise anglicane, composé d'une Chambre des évêques, une Chambre des prêtres et une Chambre des laïcs, réuni à York, a voté en faveur de la mesure à une très large majorité.

    En novembre 2012, pourtant, lors de la dernière réunion du Synode, alors que les évêques et les prêtres y étaient acquis, les laïcs représentant les paroisses, avaient rejeté l'idée de femmes évêques. Une formidable pression politique s'était alors abattue sur l'Eglise, David Cameron déclarant que le Parlement de Westminster allait imposer ce changement de force, si le Synode ne changeait pas d'avis. En effet, l'Eglise anglicane du Royaume-Uni, dite «Eglise d'Angleterre», est une institution d'État. Vingt-six évêques siègent à la Chambre des Lords, et son primat, l'archevêque de Canterbury, est nommé par le Premier ministre, sur proposition d'une commission d'experts religieux et gouvernementaux. Alors que les autorités britanniques souhaitent promouvoir «l'égalité», le clergé anglican ne pouvait échapper à cette mise au pas. Un nouvel exemple de mainmise politique de l'Etat sur l'Eglise, qui ne rajeunit personne.

    Le désir effréné d'égalitarisme, émanant de structures politiques auxquelles l'Eglise est soumise, en vient à changer la doctrine chrétienne, pour lui préférer un commandement nouveau : « ne nous soumets pas à la tradition».

    Au XVIème siècle, en effet, l'Église anglicane s'est séparée de Rome tout en conservant la liturgie catholique et la hiérarchie sacerdotale, avec prêtres et évêques. Cette ambiguïté originelle la place aux carrefours des influences théologiques protestantes et catholiques. Pourtant, c'est sur la base d'arguments idéologiques, et non religieux ou spirituels, que s'est imposée la revendication du sacerdoce féminin, à partir des années 1980. L'Église a été perçue comme un corps de fonctionnaires comme un autre, qui devait offrir les mêmes chances de carrière pour tous. Le désir effréné d'égalitarisme, émanant de structures politiques auxquelles l'Eglise est soumise, en vient à changer la doctrine chrétienne, pour lui préférer un commandement nouveau: «ne nous soumets pas à la tradition».

    Dans la tradition bimillénaire chrétienne catholique et orthodoxe, en effet, le prêtre est «un autre Christ»: Dieu s'est fait homme masculin. Une croyance partagée par Martin Luther, lors de la Réforme, et reprise par l'Église anglicane. La majorité des protestants croient que les ministres du culte suivent l'exemple des Apôtres hommes. Plus profondément, le christianisme enseigne l'égale dignité des sexes, et d'une même force leur différence complémentaire.

    La revendication d'égalité à tout prix entraine un rejet de la tradition, et finalement, de tout dogme et de toute croyance. Les valeurs du monde deviennent les valeurs de l'Eglise

    Cette vision anthropologique, qui assigne des limites aux personnes et affirme que tous les rôles dans une institution ne se valent pas, est intolérable pour l'égalitarisme dominant.

    La revendication d'égalité à tout prix entraîne un rejet de la tradition, et finalement, de tout dogme et de toute croyance. Les valeurs du monde deviennent les valeurs de l'Eglise ; l'Eglise et le monde ne peuvent plus être distingués. Loin d'être une solution miracle contre le recul de la pratique religieuse, cette situation n'a jusqu'à présent pas porté chance à l'Eglise d'Angleterre: deux franges de ses fidèles, l'une de plus en plus importante, se rattachant aux courants protestants évangéliques, et l'autre historiquement proche de Rome, les «anglo-catholiques», multiplient les schismes internes.

    Oscar Wilde, converti à la fin de sa vie au catholicisme, disait que «l'Eglise catholique est l'Eglise des saints et des pécheurs, tandis que l'Eglise d'Angleterre est l'Eglise des gens biens». Il critiquait la pesanteur de l'anglicanisme victorien, bourgeois et conformiste, résidant dans une conception de la décence en société. Selon cette perspective, il est décent aujourd'hui que les femmes soient prêtres et évêques. Une logique issue d'un égalitarisme niant la différence des sexes, non de la tradition religieuse.

  • Bientôt des femmes évêques dans l'Eglise anglicane d'Angleterre ?

    IMPRIMER

    Lu sur le site du Monde :

    L'Eglise anglicane d'Angleterre autorise l'ordination de femmes évêques

    Après plus de quinze ans de controverse et au terme de cinq heures de débats, l'Eglise anglicane d'Angleterre a donné son feu vert, lundi 14 juillet, en faveur de l'ordination de femmes évêques. Cette décision – votée par 152 voix pour, 12 contre, et 5 abstentions – avait été prise dès novembre 2013 et devait encore être avalisée par chaque diocèse et adoptée lors d'une assemblée nationale – appelée « synode général » – organisée à York.

    La décision, qui rompt avec plusieurs siècles d'interdiction, était défendue par la plupart des responsables de l'Eglise anglicane, mais aussi le premier ministre britannique, David Cameron. Une première femme évêque pourrait être ordonnée en début d'année prochaine.

    « Aujourd'hui est l'achèvement de ce qui a commencé il y a plus de vingt ans avec l'ordination des femmes comme prêtres. Je suis ravi du résultat d'aujourd'hui », a déclaré l'archevêque de Canterbury, Justin Welby, chef spirituel des 80 millions d'Anglicans dans le monde. Il avait auparavant estimé qu'un nouveau vote « non » ne serait pas compris par l'opinion publique.

    « LA TRADITION BIBLIQUE »

    Bien que l'Eglise d'Angleterre compte encore 26 des 77 millions d'anglicans à travers 160 pays, elle a perdu près de la moitié de ses fidèles ces quarante dernières années. Les femmes, qui peuvent y être ordonnées prêtres depuis 1992, y représentent aujourd'hui un tiers du clergé. Leur accession à l'épiscopat est déjà autorisée dans nombre d'autres branches de l'Eglise anglicane, notamment en Australie, aux Etats-Unis, au pays de Galles, au Canada, ou encore en Afrique du Sud.

    Mais pour certains fidèles anglais, ancrés dans la tradition « anglo-catholique » ou marqués, comme dans les pays du Sud, par une poussée des évangéliques, réputés plus conservateurs, cette réforme va à l'encontre de « la tradition biblique ». Pour apaiser ces opposants, la réforme prévoit que les paroisses traditionalistes ne souhaitant pas être sous l'autorité d'une femme évêque puissent demander à être dirigées par un homme.

    En 2009, l'Eglise catholique a essayé de faire un geste en direction de ces conservateurs, leur proposant d'accueillir en son sein des fidèles, mais aussi des évêques et des prêtres… avec femmes et enfants. Cette main tendue aurait été saisie par quelques centaines de personnes. Le Vatican considère depuis des années que l'ordination de femmes est un « accroc à la tradition apostolique » et constitue « un obstacle à la réconciliation » entre les deux Eglises.

    La réforme doit être endossée par le Parlement britannique avant de recevoir l'assentiment de la reine Elizabeth II, qui demeure, par tradition, à la tête de l'Eglise anglicane. L'anglicanisme est née d'une scission avec l'Eglise catholique au XVIe siècle, après le refus du pape d'accorder au roi Henri VIII l'annulation de son mariage.

    « C'est un grand jour pour l'Eglise et pour l'égalité des droits », s'est réjoui le premier ministre, David Cameron, fervent partisan de cette avancée. La réforme devra ensuite revenir devant un synode général en novembre pour être définitivement entérinée, une étape qui s'annonce comme une formalité.

  • L'ordination de femmes évêques au menu du synode de l'Eglise anglicane d'Angleterre

    IMPRIMER

    Lu sur Radio Vatican :

    Le synode de l’Eglise d’Angleterre s'est ouvert ce vendredi et se tiendra pendant cinq jours à York. Il promet d’être historique, car lundi un vote sur l’ordination des femmes évêques sera de nouveau organisé. Après avoir été rejetée en 2012, à une majorité de six voix seulement, la motion devrait être approuvée. Même l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, s’est prononcé en faveur de cette ordination.

    Mais, rassurez-vous, cela ne risque ni de provoquer un schisme au sein de la communion anglicane ni de compliquer le dialogue avec l'Eglise catholique : 

    Christelle Pire a interrogé Rémy Bethmont, professeur d’histoire et civilisation britanniques à Paris VIII, en Seine-Saint-Denis, sur les conséquences d’un tel changement. Il écarte le risque d’un schisme interne à la communion et ne pense pas que le résultat du vote aura un impact négatif sur les rapports entre les anglicans et les catholiques. (audio sur Radio Vatican)

  • Irak : « Les sociétés arabes ont été kidnappées par des extrémistes»

    IMPRIMER

    Interview de Mgr Yousif Mirkis, archevêque chaldéen de Kirkuk sur le site web de l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED) :

    Irak-2.jpgAED : votre Excellence, craignez-vous la fin de la chrétienté en Irak ?

    Mgr Mirkis: Absolument. Nous sommes en train d’en disparaître, comme ce fut déjà le cas des chrétiens en Turquie, en Arabie saoudite et en Afrique du Nord. Et même au Liban, ils ne sont plus entre-temps qu’une minorité.

    Qu’est-ce que l’Irak perdrait s’il n’y avait plus de chrétiens ?

    L’écologie sociale serait déstabilisée. Chaque société a besoin de toutes ses composantes. C’est ce que l’on a pu observer en Allemagne il y a 80 ans : à l’époque, tout un groupe a été exclu par la société. En Irak, nous sommes actuellement témoins d’un nouveau 1933. D’ailleurs, je perçois beaucoup de parallèles avec l’Europe d’entre-guerre. Tout comme l’Allemagne d’avant 1933 était instable à cause de sa défaite dans la Première Guerre mondiale, le monde arabe a été déséquilibré depuis 1967. C’est à cette époque que nous autres Arabes avons perdu la Guerre des Six-Jours contre Israël. Jusqu’à nos jours, c’est resté un traumatisme. Tout comme la Première Guerre mondiale a engendré la Seconde Guerre mondiale, la défaite de 1967 a engendré la crise actuelle.

    …dont les chrétiens souffrent particulièrement ?

    Les chrétiens appartiennent à une société humiliée. Mais ils ont beaucoup travaillé. Regardez au Liban ou en Syrie. Et bien sûr ici aussi, en Irak. Il importe de savoir qu’il n’existait aucun ghetto chrétien en Irak. Les chrétiens étaient présents dans tous les domaines de la société. Ce sont eux qui démontrent le plus haut niveau d’alphabétisation. Avant 2003, le taux de population chrétienne de l’Irak ne s’élevait qu’à environ 3 %. Pourtant, presque 40 % des médecins étaient chrétiens. La même relation se retrouvait chez les ingénieurs. Je trouve que ce n’est pas anodin. Par ailleurs, nous étions très nombreux parmi les intellectuels, écrivains et journalistes. C’étaient des personnes cultivées, ouvertes face au monde occidental. Les chrétiens constituaient le moteur de la modernisation en Irak.

    Lire la suite

  • La Libye, entre embrasement et contre-révolution

    IMPRIMER

    Sur le site web de « La Croix », sous la signature de Marie Verdier (extraits) :

    La-Libye-aux-mains-des-milices_article_popin.jpg« Le sort du pays, encore incertain entre embrasement et contre-révolution, se joue toutefois ailleurs que dans les urnes : (…)

    Les Libyens doivent élire les 200 membres de la future chambre des représentants appelée à remplacer le Congrès général national (CGN), autorité politique et législative du pays, élue en juillet 2012 lors du premier scrutin libre de l’ère post-Kadhafi.

     Les Libyens vont-ils pouvoir voter ? 

      (…) Seuls 1,5 million de Libyens se sont inscrits sur les listes électorales, quand ils étaient 2,8 millions inscrits en 2012, sur une population de 6 millions. « Ce scrutin est totalement déraisonnable, la situation sécuritaire est très problématique. Nombre de bureaux de vote ne seront même pas ouverts », ajoute Taoufik Bourgou, politologue à l’université de Lyon-III.

    Le général Khalifa Haftar, qui mène une offensive anti-islamiste dans l’est libyen depuis le 16 mai, a annoncé une trêve pour le jour des élections, mais pas les milices islamistes, ce qui fait redouter un regain de violences dans la journée.

     Qu’attendre de ce scrutin ? 

     (…) Nul ne sait à quoi s’attendre avec ce futur Parlement. Les 1 628 candidats sont des « indépendants », aucune liste de parti n’était autorisée. Les alliances et les blocs au sein de la nouvelle instance se dessineront après les élections. « En quoi le nouveau Parlement sera-t-il plus légitime que l’actuel ? interroge Mattia Toaldo. Il n’y a même pas d’accord entre les différentes factions pour la reconnaissance des résultats. » 

     Y a-t-il un risque d’éclatement du pays ? 

    Tous les yeux sont tournés vers le général Haftar et sa « guerre pour la dignité » menée contre les islamistes. L’ancien chef d’état-major de l’armée libyenne dans les années 1970-1980, désavoué ensuite par le colonel Kadhafi, a passé vingt ans aux États-Unis, avant de revenir en Libye en 2011. « C’est un homme qui peut faire le pont entre l’Est et l’Ouest. Sa tribu, al-Farjani, est à cheval entre Cyrénaïque et Tripolitaine. Les chefs d’état-major des trois armées l’ont rallié, de même que plusieurs tribus et même certains fédéralistes, etc. », explique Medhi Taje.

    Lire la suite

  • Rencontre au jardin d’Eden ?

    IMPRIMER

    54219_vatican-priere_440x260 (1).pngLe site de l’hebdomadaire « La Vie »revient sur la sourate  priée à Allah par un imam de la délégation musulmane devant le pape François dans les jardins du Vatican : «Tu es Notre Maître, accorde-nous donc la victoire sur les peuples infidèles.»

    « L'invocation pour la paix organisée par François et réunissant Mahmoud Abbas et Shimon Peres dans les jardins du Vatican n'en finit pas de faire polémique. Un verset du coran récité par un imam, membre de la délégation musulmane, a créé un vif débat entre catholiques français.

    Après une première polémique lancée par le grand rabbin de Rome sur le sens de la prière au Vatican, un autre débat agite aujourd'hui la «cathosphère» française. En cause ce verset du Coran prononcé au micro par un imam de la délégation musulmane : «Tu es Notre Maître, accorde-nous donc la victoire sur les peuples infidèles.»

    Le site Aleteia raconte ainsi : «Un événement en marge de la prière pour la paix dans les jardins du Vatican, en présence des présidents d’Israël et de Palestine, crée après coup quelque agitation. En ce dimanche de Pentecôte, ces deux personnalités, venant de nations hostiles l’une envers l’autre, ont répondu à l’invitation du Pape François ; les prières se sont élevées l’une après l’autre, tout d’abord juive, puis chrétienne, et enfin musulmane. Un imam, membre de la délégation musulmane, récita – sans que cela soit programmé – en arabe les trois derniers versets de la deuxième sourate du Coran. En voici les dernières phrases retranscrites en français : “Pardonne-nous (Allah), pardonne-nous et prends pitié de nous! Tu es notre maitre et notre protecteur. Soutiens-nous contre le peuple des incroyants ! ”»

    Le 10 juin dernier, c'est le très traditionaliste Bernard Antony, qui avait le premier signalé sur son blog le verset incriminé assortie du commentaire suivant : «Toujours est-il que l’imam, lui, aura pu en effet se glorifier d’avoir, à l’intérieur même du Vatican, récité une prière coranique sans ambiguïté à l’égard des chrétiens et autres mécréants.»

    Un premier débat se fait jour sur la réalité du prononcé. Le blog des Cahiers Libres dénonce d'abord un hoax, persuadé que le verset mentionné n'a pas été dit.

    Lire la suite

  • L'avènement du "christianisme athée"

    IMPRIMER

    Sur le site de l'Observatoire Sociopolitique du diocèse de Fréjus-Toulon, Falk van Gaver esquisse "le drame du christianisme athée" :

    « Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenus folles. »

    (Gilbert Keith Chesterton, Orthodoxie, 1908)

    « Ils nous ont fabriqué ainsi une foi vide, et finalement un Jésus athée, simple incarnation de l’homme. »

    (Olivier Clément, L’Autre soleil, 1972)

    « Lorsque, vers 1880, des professeurs français essayèrent de constituer une morale laïque, ils dirent à peu près ceci : Dieu est une hypothèse inutile et coûteuse, nous la supprimons, mais il est nécessaire cependant, pour qu’il y ait une morale, une société, un monde policé, que certaines valeurs soient prises au sérieux et considérées comme existant a priori ; il faut qu’il soit obligatoire a priori d’être honnête, de ne pas mentir, de ne pas battre sa femme, de faire des enfants, etc., etc… Nous allons donc faire un petit travail qui permettra de montrer que ces valeurs existent tout de même, inscrites dans un ciel intelligible, bien que, par ailleurs, Dieu n’existe pas. Autrement dit, et c’est, je crois, la tendance de tout ce qu’on appelle en France le radicalisme, rien ne sera changé si Dieu n’existe pas ; nous retrouverons les mêmes normes d’honnêteté, de progrès, d’humanisme, et nous aurons fait de Dieu une hypothèse périmée qui mourra tranquillement et d’elle-même. »

    (Jean-Paul Sartre, « L’existentialisme est un humanisme », 1945)

       Tout est dit, ou à peu près, de ce qu’est la modernité et de son intime paradoxe, sa contradiction fondatrice : une laïcisation de la religion, une sécularisation de la morale – et par là même un moralisme séculier -, bref, un christianisme athée.

    Lire la suite

  • Les monothéismes fauteurs de violence ?

    IMPRIMER

    Religions et violence

    De Philippe Dalleur sur didoc.be (8 juin 2014).

    « Certains prétendent que les religions sont à l’origine de la violence. La Commission Théologique Internationale (CTI) a publié le 6 décembre 2013 une étude critique sur la violence religieusement motivée : Dieu Trinité, unité des hommes : Le monothéisme chrétien contre la violence.

    Ce texte est le fruit de cinq années de travail entre experts. On peut en trouver la version complète en italien ici.

    Les caricatures des religions

    Quelques phrases échantillonnées permettent de synthétiser la teneur de son contenu : « L’excitation de la violence au nom de Dieu » est « la corruption maximale de la religion » ; « Les guerres de religion, ainsi que la guerre à la religion, sont simplement insensées ». Suite aux attentats terroristes du World Trade Center, certains en ont profité pour partir en guerre contre les religions, en particulier monothéistes (c'est-à-dire qui croient en un Dieu unique). Pour eux, le monothéisme, avec ses écritures dépassées et ses dogmes intouchables, serait intrinsèquement porteur de violences : guerres de religion, terrorisme, massacres, tortures, jugements et exécutions sommaires, discriminations sexuelles, manipulations des femmes, des faibles et des enfants, harcèlements moraux, psychologiques et physiques, etc.

    Le biologiste anglais Richard Dawkins a par exemple dirigé en 2006 un documentaire télévisé intitulé The Root of all Evil ?, accusant le monothéisme d’incitations graves à la violence. Colin Howson, un logicien canadien, assimile dans son livre Objecting to God (2012), les religieux à des parasites imbus de pouvoir ; Yahvé à un être violent et cruel ; Jésus à un juge inflexible qui condamne certains à un enfer éternel. Dans la même ligne, on pourrait encore citer Michel Onfray, Piergiorgio Odifreddi, Christopher Hitchens, Peter Atkins, Sam Harris, Daniel Dennett.

    Les religions monothéistes avec leurs saintes écritures seraient les farces les plus tragiques de l’histoire. En bons stratèges médiatiques, ces athées contemporains utilisent habilement la charge émotionnelle de témoignages d’atrocités et d’injustices faites au nom de Dieu, pour inciter à la révolte et pour diaboliser le monothéisme. Leurs attaques biaisées tendent à encourager l’agnosticisme religieux, le laïcisme politique ou l’athéisme, présenté sous un visage humaniste et pacifiste, et condamnent injustement les monothéismes. Ils mettent les religions et Dieu au banc des accusés, au risque de tomber dans le travers de la violence intolérante qu’ils prétendent dénoncer.

    Lire la suite sur didoc.be

    Philippe Dalleur est prêtre, Docteur en Sciences Appliquées et en Philosophie. Il enseigne la philosophie de la biologie à l’Université Pontificale de la Sainte Croix.

  • Pentecôte 2014 à Rome : une rencontre interreligieuse chez le pape François

    IMPRIMER

    De notre compatriote Bruno d’Otreppe, sur le site de « La Vie » (extraits) :

    Lors de son voyage en Terre sainte, le pape François avait invité les présidents israélien et palestinien à le retrouver dans sa « maison » pour prier pour la paix. Rejoints par le patriarche Bartholomée, ils se retrouveront ce dimanche.

    Visuellement la scène sera sans nul doute d'une grande réussite. Dimanche soir, à 19 heures, c'est dans le calme des jardins du Vatican, sous leurs ombrages gorgés de soleil que se retrouveront Mahmoud Abbas, Shimon Peres, le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée et le pape François afin de prier pour la paix. (…) L'objectif est de faire une « pause » a précisé le custode de Terre sainte, le Père Pierbattista Pizzaballa, lors de la conférence de presse à Rome. Une pause pour prendre le temps de sentir le « besoin de paix ». Ce « geste fort » pourra avoir un impact dans l'opinion publique a-t-il précisé (…).

    Sans liturgie commune, les prières seront bien distinctes en fonction des religions. « Nous ne prierons pas ensemble a encore précisé le custode, nous nous tiendrons ensemble pour prier. »

    Dès lors, le déroulement de la soirée a été établi avec précision. Si les deux présidents arriveront avec un quart d'heure d'écart, ils se retrouveront ensemble dans les jardins du Vatican après avoir été reçus par le pape. Ensuite, la rencontre sera structurée par trois moments de prières, chacun dédié à une religion. 

    Ces trois temps successifs bénéficieront d'ailleurs de la même structure. Une prière célébrant la création divine, un moment de demande de pardon (rappelant que nous sommes tous touchés par le péché), et enfin une invocation à la paix. Chaque religion a choisi des prières issues des textes sacrés ou composées pour l'occasion. C'est après ces trois moments que le pape et les deux présidents prendront la parole, chacun à leur tour, avant d'engager un geste de paix, de planter un olivier et de bénéficier d'un court échange privé (…).

    Réf. Abbas, Peres, Bartholomée et François, une prière pour quoi faire ? Ensemble pour prier mais sans prière commune. Pas de syncrétisme. JPSC

  • Conférence de presse du pape à son retour de Terre Sainte

    IMPRIMER

    Stéphanie Le Bars sur le site web du « Monde » résume les centres de préoccupations évoqués par François :

    « Le rendez-vous prévu au Vatican entre le pape et les présidents israélien et palestinien, le 6 juin, ne sera pas une rencontre « pour faire une médiation ou chercher des solutions » au conflit israélo-palestinien, a précisé le pape François lors d’une conférence de presse tenue lundi 26 mai au soir, dans l’avion qui le ramenait à Rome après trois jours de voyage en Jordanie, dans les Territoires palestiniens et en Israël.

    >> Lire : Une visite au Proche-Orient très politique pour le pape

    Au lendemain de son invitation surprise, acceptée par les deux dirigeants, le pape a confirmé qu’il s’agirait d’une « rencontre de prière, sans discussion et qu’après, chacun rentrerait chez soi ». « Il y aura un rabbin, un musulman et moi », a-t-il aussi déclaré sans préciser le rôle exact des deux responsables politiques dans ce contexte, mais soucieux de se démarquer d'un "round" classique de négociations, aujourd'hui à nouveau dans l'impasse. Sans rentrer non plus dans les détails des tractations qui ont précédé cette annonce, il a aussi déclaré qu’en dépit des «problèmes logistiques » liés à une telle initiative, il s’était dit avant le voyage qu’il «fallait faire quelque chose » pour trouver une solution pacifique à ce conflit « toujours plus inacceptable ».

    « DÉMISSION », PÉDOPHILIE ET « MESSE NOIRE »

    Au cours d’une séance de questions-réponses sans préparation préalable, qui a duré quarante-cinq minutes, le pape, détendu et visiblement enclin à la conversation, a abordé divers sujets. Il a notamment évoqué de manière allusive une possible démission si les forces venaient à lui manquer. « Le cas de Benoît XVI n’est pas unique. Il a ouvert la porte pour des papes émérites. Un pape qui sentirait ses forces décliner devrait se poser la même question que lui. »

    Interrogé sur la manière dont il entendait lutter contre la pédophilie dans le clergé, et alors que des critiques persistent sur les sanctions à l’encontre des religieux coupables d’abus sexuels, il a assuré que les cas de « trois évêques » étaient en cours d’étude et qu’ils n’étaient pas «privilégiés ». Une réflexion est ouverte sur la peine qu'ils encourent, l'un d'entre eux "ayant déjà été reconnu coupable", a ajouté le pape, sans préciser la nationalité des prélats. Rappelant le principe de « tolérance zéro » édicté par Benoît XVI, il a estimé qu’ « abuser un enfant revenait à trahir le corps du Christ, à faire une messe noire », action passible d’excommunication, selon le droit canon. François a annoncé qu’il célébrerait une messe, début juin, dans sa résidence du Vatican en présence de six à huit victimes d’abus sexuels, venus de divers pays et qu’une rencontre serait ensuite organisée avec ces personnes. Une première pour ce pape.

    Egalement questionné sur ses engagements à la transparence en matière économique, et alors que l'ancien numéro du Vatican, Tarcisio Bertone, est soupçonné de mouvements de fonds douteux, le pape a affirmé qu'il y aurait "toujours des scandales". "Le problème est d'éviter qu'il y en ait plus". Concernant le cardinal Bertone, il a reconnu que l'affaire d'un possible détournement de 15 millions de la banque du Vatican au profit de l'entreprise de l'un de ses amis, "n'était pas claire" et faisait toujours l'objet d'une enquête.

    >> Voir l'infographie : 25 ans de scandales pédophiles dans l'Eglise catholique

    S'exprimant pour la première fois aussi clairement en tant que pape sur la question du célibat des prêtres, le pape a rappelé qu'il ne s'agissait pas d'un "dogme" et que "la porte est toujours ouverte". Mais, a-t-il précisé, "c'est une règle de vie que j'apprécie ; je pense que c'est un don de Dieu".

    Soulignant un intérêt particulier pour le catholicisme en Asie, il a confirmé ses prochains voyages en Corée du Sud, au Sri Lanka et aux Philippines, et dénoncé les atteintes à la liberté religieuse sur ce continent comme ailleurs dans le monde. « Le Saint-Siège et les évêques œuvrent avec discrétion pour aider» ces fidèles, «martyrs religieux d’aujourd’hui ».

    >> Participer à la discussion : Selon vous, François est-il un pape moderne ? »

    Réf. Démission, pédophilie, célibat, Abbas-Pérès: le pape répond dans l’avion

    JPSC

  • Pour une politique respectueuse d’une transcendance

    IMPRIMER

    foto-lc3a9onard (1).jpgDe Monseigneur André-Joseph Léonard, archevêque de Malines-Bruxelles, Primat de Belgique :

    « Comme beaucoup d’autres citoyens, je suis navré des nombreux abus commis actuellement en matière de démocratie parlementaire. Je pense à tous ceux qui atteignent le sens du couple et de la famille et le respect dû à la dignité de la personne humaine à tous les stades de son développement. Mais je pense aussi à l’enlisement affligeant d’une politique européenne, prolixe en règlements de toute sorte (parfois utiles, certes), mais manquant d’âme , de souffle et d’idéal. Comment les citoyens se passionneraient-ils  pour une politique européenne si bureaucratique, si mercantile ? Plus est en nous ! N’oublions jamais que la politique, au sens fort, est l’œuvre suprême de la raison et donc lieu majeur d’espérance(….)

    Comment promouvoir une vie politique de qualité ? Les chrétiens doivent y apporter leur contribution, en fonction de leurs convictions propres, ce qui mérite d’ailleurs le respect de tous. Car ce serait une grave erreur de vouloir exclure ces convictions de la vie publique, comme si, dans une société séculière, seuls les agnostiques et les athées avaient droit à la parole. Chacun, même dans une enceinte parlementaire, a le droit de faire valoir  ses convictions pourvu qu’elles soient argumentées et ouvertes au débat, selon les exigences mêmes de la raison.

    Mais comment cela est-il possible si, quelles que soient leurs options philosophiques (laïques, franc-maçonnes, agnostiques, athées, islamiques ou chrétiennes), tous ne reconnaissent pas ensemble qu’il y a un ordre idéal du juste qui transcende l’ordre politique ? Ces mots peuvent effrayer certains et réveiller la crainte d’une immixtion de la religion en politique. Mais qu’a signifié, en 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme sinon que l’humanité reconnaissait l’existence de droits qui ne dépendent pas du pouvoir politique, mais sont liés à l’humanité même de l’homme ? Bref, un ordre politique correct dépend de l’engagement de tous, quelles que soient leurs convictions, pour l’existence d’une loi naturelle précédant métaphysiquement toute loi positive. Sinon, sans le sens d’une transcendance, le danger nous guette d’une démocratie arrogante, estimant qu’un vote suffit à fonder le droit."

    In Mgr André-Joseph Léonard, Agir en chrétien dans sa vie et dans le monde,éd. Fidélité, Namur 2011, pp. 65 et sq.

    Petit rappel à la veille d’u n triple scrutin, régional, national et européen. JPSC

  • François en Terre sainte, sous le signe de l'interreligieux

    IMPRIMER

    De Jean Mercier sur le site web de « La Vie » (extraits) :

    Bras dessus, bras dessous. C’est avec deux complices argentins, le rabbin Abraham Skorka et le professeur musulman Omar Abboud, que François se rendra vers les sources du christianisme, du 24 au 26 mai. Un pape qui débarque avec ses vieux copains plutôt qu’en pontife suprême de l’Église romaine ? Il s’agit d’une première sous le signe du dialogue triangulaire entre juifs, chrétiens et musulmans.

    La volonté inter­religieuse (…) était mineure lors du premier pèlerinage dugenre, en 1964, lorsque Paul VI, à Jérusalem, avait snobé les dignitaires musulmans et juifs. Pour le premier voyage d’un pape hors d’Italie depuis 1812, il était venu pour embrasser le patriarche de ­Constantinople Athénagoras, un geste considérable dont la portée s’est un peu effacée de nos jours, mais que François a voulu célébrer en en faisant le prétexte de son déplacement, cette fois pour rencontrer ­Bartholomée, le patriarche actuel, 50 ans plus tard.

    En Israël, des violences antichrétiennes

    Avec ses amis de Buenos Aires, François apportera une note de légèreté. À la différence de Jean Paul II et Benoît XVI, Jorge Mario Bergoglio n’a pas vécu la Seconde Guerre mondiale et ne porte pas sur ses épaules le poids écrasant de l’Histoire, notamment de la Shoah (…).

    Depuis des décennies, Jorge Bergoglio entretient avec le judaïsme une fraternité de proximité, liée à son vécu argentin. En Israël, pourtant, certains juifs ultras le rejettent. À l’approche de sa venue, des incidents se sont multipliés, visant la communauté chrétienne.

    À côté de ces intimidations, les chrétiens locaux doivent ravaler leur frustration que le voyage du pape ne donne pas lieu à de grandes et belles réjouissances populaires. Si Jean Paul II fut attendu par une foule en délire sur les bords du lac de Tibériade et si Benoît XVI fut accueilli en grande pompe à Nazareth, cette fois, les festivités seront réduites à une simple messe dominicale à Bethléem, en présence de 6000 fidèles triés sur le volet… Pendant deux jours, les rues seront désertes sur le passage du pape, volets baissés et magasins fermés par ordre de la police. Rien à voir avec la bousculade de 1964, quand Paul VI était littéralement porté par un peuple en liesse dans les rues de Jérusalem. Giovanni Battista Montini avait versé des larmes sous le coup de l’émotion…

    La mission s’annonce délicate

    Sur place, que va faire François pour marquer les mémoires ? Certains l’attendent sur le terrain œcuménique, annoncé par lui comme primordial, sous forme d’une avancée puissante vers les orthodoxes. D’autres espèrent qu’il profitera de l’occasion pour rappeler que l’Église est née à Jérusalem, et pâtit d’être trop centrée sur Rome.

    Mais le terrain interreligieux reste incontournable.(…). Benoît XVI avait créé la surprise lors de sa première journée en Jordanie, en appelant à une sorte d’insurrection commune des musulmans et des chrétiens pour faire gagner la raison contre l’obscurantisme fondamentaliste.

    Il est probable que François, qui passera aussi à Amman (Jordanie), louera aussi tout ce qu’il y a de positif dans l’islam du royaume hachémite, pays le plus ouvert à la liberté religieuse dans la région. Mais (…)  le dialogue interreligieux ne peut pas être à sens unique. Il faudra remettre les points sur les “i”. L’Église doit prendre la défense des chrétiens persécutés en Égypte et ailleurs. » (…)

    Le message d’une Église prophétique

    L’enjeu n’est pas mince selon David Neuhaus, prêtre, vicaire patriarcal pour les catholiques hébraïques (…) : « Jean Paul II est passé naturellement de l’univers juif et israélien aux réalités arabes, musulmanes et palestiniennes, ce qui signifiait que les murs et les barrières ne sont ni éternels ni sacro-saints. Benoît XVI n’a pas eu peur de dire des vérités que beaucoup ne voulaient pas entendre. François, avec son charisme d’une parole très directe, peut secouer les leaders politiques et les pousser à repenser leur vision des choses. (…) »

    Réf : François en Terre sainte, sous le signe de l'interreligieux

     En conclusion Jean Mercier trace une ligne rouge :  l’ Eglise ne peut se laisser enfermer dans les contraintes définies par la politique. Elle doit être la gardienne d’un discours de vérité, de respect, de raison – et d’amour – dont on dira peut-être un jour qu’il a changé les mentalités. Et pour ce faire, les petites phrases-chocs risquent de ne pas suffire. Surtout en Orient.  JPSC