Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Religions - Page 83

  • Retour sur l’encyclique « Laudato si » et la question du mal

    IMPRIMER

    gustave doré.jpegDe Monseigneur Léonard interrogé par Drieu Godefridi, in « Un évêque dans le siècle » (éditions du CEP, septembre 2016) sur la question du mal et l’encyclique « Laudato si » (extraits) :

    → Dieu et l’univers (*)

    Mgr Léonard : « […] C’est intelligent de croire en Dieu, c’est tout à fait raisonnable, même si c’est transrationnel d’adhérer à Jésus tel qu’il est présenté dans le Nouveau Testament. Mais, après tout cela, les gens sont confrontés à tout ce qui fonctionne, dans cette admirable mécanique de l’univers, de manière peu sympathique, de notre petit point de vue en tout cas. Et pour les chrétiens qui mettent leur foi en un Dieu qui, en principe, serait tout-puissant et qui serait un père bienveillant, comment est-ce qu’on met cela en rapport avec le mal qui défigure et abîme la vie des hommes sur la terre et avec tout ce qui ne tourne pas rond dans l’univers, y compris dans notre fonctionnement biologique ? »

    → Je me méfie des apologétiques qui justifient le mal

    Mgr Léonard : « […] Je dénonce toujours avec force, y compris dans le monde chrétien, les justifications du mal, qui me paraissent souvent odieuses et qu’on ne devrait jamais employer en présence d’une personne qui souffre […] en disant, comme Spinoza par exemple […],  c’est négatif de votre petit point de vue, parce que vous voyez la mort de votre enfant, de votre petit point de vue de mère. Mais, dans la totalité de la substance, qui nous apparaît dans les deux attributs de l’étendue et de la pensée, cela fait partie du positif. Tout est plein, positif dans la substance ! Votre mal, un peu comme dans le bouddhisme, est donc une illusion liée à la perspective que vous avez. De même, on peut dire, d’un point de vue biologique, que la mort des individus d’une espèce fait partie de l’économie du fonctionnement de la vie. Ne pleurez donc pas vos morts! Oui, cette attitude stoïcienne a une certaine dignité, elle a une grandeur, mais qui passe au-dessus du drame des personnes. Je suis devenu allergique aux pensées systématiques, hégéliennes, pour lesquelles, de manière très subtile, le mal est finalement positif. Je me méfie des aologétiques qui justifient le mal en disant : Dieu permet le mal en vue d’un plus grand bien, le mal fait partie d’un premier état pédagogique de la création. Dieu a fait volontairement une création inachevée pour que ce soit l’homme qui l’achève. C’est joli à dire, comme cela, quand on écrit à son bureau, mais cela n’arrange pas les gens qui sont frappés par la douleur.

    Drieu Godefridi : Alors, que leur dites-vous par rapport à cette question du mal ? 

    → ἐδάκρυσεν ó ἰησοῦς.

    Mgr Léonard : «  D’abord, Jésus est sensible au mal et ne fait jamais de raisonnements pour dire qu’il n’y a pas de mal. L’attitude de Jésus, dans l’Evangile de Jean, devant la tombe de Lazare c’est d’abord de pleurer : « Jésus pleura » (ἐδάκρυσεν ó ἰησοῦς). C’est le verset le plus court de toute la Bible. Ces pleurs sont pour moi plus éloquents que beaucoup de théories. Jésus n’a pas fait une théorie. Il dit bien que la mort de Lazare va servir à la manifestation de la gloire de Dieu. Mais il ne dit pas à Marthe et à Marie : non, ne pleurez pas, la mort de Lazare c’est pour un bien. Non, il pleure ! Ce que je trouve admirable chez lui, c’est qu’il n’a pas expliqué le mal comme tant de religions ou de philosophies l’ont fait. D’abord, il en a éprouvé la dureté. Puis il l’a porté. Cela, c’est quand même unique dans l’histoire religieuse de l’humanité, un Dieu qui non seulement se fait homme mais qui en outre endure l’absurdité de la mort, l’angoisse qui est liée à la mort. L’attitude de Jésus face à sa mort n’est pas du tout héroïque, ce n’est pas une attitude de héros, c’est l’attitude d’un homme qui est submergé par l’angoisse, par la tristesse et qui, pour la première fois dans les Evangiles, où il a toujours une maîtrise des événements, mendie un peu de secours, de réconfort de la part de ses disciples : veillez avec moi, priez avec moi – et ils dorment pendant ce temps-là ! Eh bien, cela me paraît plus crédible que Spinoza, cela me paraît plus humain que le stoïcisme : «  Je savais que mon fils était mortel, donc je ne m’attriste pas de sa mort ». C’est grand, mais en même temps c’est mesquin, pourrait-on dire, d'une telle attitude : cela ne prend pas au sérieux le drame de la vie humaine. »

    Lire la suite

  • La liberté religieuse en recul dans le monde

    IMPRIMER

    D'Eugénie Bastié sur le site du Figaro :

    La liberté religieuse est en recul dans le monde

    L'association Aide à l'Église en Détresse (AED) pointe dans son rapport bisannuel la montée de «l'hyper-extrémisme islamiste» et d'une «nouvelle vague de répression» en Chine notamment, pour expliquer une «nette augmentation de l'intolérance religieuse» dans le monde.

    ● La situation a empiré dans 14 pays

    La liberté religieuse est en net recul dans le monde. C'est ce que montre le rapport 2016 de l'association Aide à l'Église en Détresse (AED) qui vient en aide aux chrétiens persécutés aux quatre coins du globe. Ce rapport bisannuel, qui couvre donc la période juin 2014-juin 2016, fait un point détaillé sur la situation de 20 pays pratiquant la persécution religieuse. «Sur les 196 pays étudiés, 38 ont montré des preuves indubitables de violations importantes de la liberté religieuse», écrivent les auteurs. Sur ces 38 pays, la situation a empiré dans un tiers des cas (37 %, soit 14 pays). Parmi les pays où la liberté religieuse a empiré, on trouve la Chine, le Pakistan, le Soudan, le Niger, ou encore les pays en guerre comme la Libye et le Yémen. Les pays où il y a eu une amélioration sont rares:  le Qatar, l'Égypte (notamment en raison des signes encourageants pour l'unité nationale entre musulmans et chrétiens donnés par le général Al-Sissi), et le Bouthan.

    Carte de l'intolérance religieuse, établie par l'AED dans son rapport de 2016.



    Lire la suite

  • USA : « Les catholiques se sont sentis méprisés sous Obama »

    IMPRIMER

    Lu sur le site du journal « La Croix» cette interview de Danielle Bean par Gauthier Vaillant. Danielle Bean est redactrice en chef du magazine americain « Catholic Digest » :

    « La Croix : Les électeurs catholiques ont voté en majorité (52 %) pour Donald Trump. Cela vous surprend-il ?

    Danielle Bean : Non, ce n’est pas très surprenant, pas plus que pour une autre catégorie. La défiance à l’égard de l’establishment, qui a été l’un des principaux moteurs de l’élection de Donald Trump, n’est pas spécialement une question de foi… Mais il est vrai que pour beaucoup de catholiques, le choix entre Hillary Clinton et Donald Trump a semblé pendant longtemps impossible à faire. J’ai observé un changement à ce niveau vers la fin de la campagne. Certains ont pris conscience de la nécessité de voter, que ne pas le faire serait du gâchis, même s’il s’agissait de choisir le moindre de deux maux. Quelques-uns ont aussi voté pour un candidat indépendant… Mais il est resté beaucoup de catholiques qui, jusqu’au bout, n’ont pas caché qu’ils resteraient à la maison le jour de l’élection.

    Le positionnement « pro-vie » affiché par Donald Trump a-t-il joué un rôle dans le choix des catholiques ?

    D.B. : La question des positions « pro-vie » ou « pro-choix » des candidats est toujours un débat central chez les électeurs catholiques. Je crois que cette fois-ci, nous avons assisté à des débats d’autant plus importants que la question se posait, de savoir si Donald Trump était réellement « pro-life ». Car il le proclame depuis le début de la campagne, mais par le passé, il s’est longtemps dit favorable à l’avortement. Je ne fais pas confiance à Trump sur ce sujet, comme beaucoup. En revanche, je crois que son colistier, Mike Pence, est vraiment sincère. À titre personnel, j’aurais préféré, de loin, que Mike Pence soit le candidat principal. Il est vrai que Donald Trump, même s’il n’est pas très chrétien lui-même, a su s’entourer de chrétiens, ce qui a rassuré certains électeurs.

    Un autre sujet qui a beaucoup compté, c’est celui de la liberté religieuse. Et il faut bien dire que seul Trump s’est exprimé clairement sur ce sujet. (Il s’est notamment engagé à défendre la liberté religieuse dans une lettre à la Conférence annuelle des responsables catholiques, début octobre, NDLR.) D’autant que beaucoup de chrétiens et de catholiques se sont sentis méprisés, voir persécutés sous Obama. Souvenez-vous des Petites sœurs des Pauvres, obligées de payer pour la contraception de leurs employées…

    > Lire aussi : Sur la contraception, la Cour suprême américaine renvoie à une juridiction inférieure

    Parmi les e-mails des proches d’Hillary Clinton révélés par WikiLeaks au début du mois d’octobre, certains montraient un certain mépris envers les catholiques. Des membres de son équipe de campagne échangeaient même sur la nécessité d’organiser un « printemps catholique » à l’intérieur de l’Église, pour y faire avancer les idées progressistes. Quelles conséquences ont eu ces révélations ?

    D.B. : Cela a été une révélation très importante pour les catholiques américains. Cela a ouvert les yeux sur l’ampleur et la profondeur de ce que le camp progressiste était capable d’organiser dans le but d’interférer avec la religion. Bien sûr, ces e-mails n’ont pas été écrits par Hillary Clinton elle-même, mais par son directeur de campagne. Mais cela a montré de façon choquante une forme de condescendance que beaucoup partagent, dans son camp, envers les croyants.

    Je crois que beaucoup de catholiques avaient déjà ce sentiment. Mais de le voir exprimé aussi clairement, et avec leurs propres mots, a aggravé cette impression. Même si, au final, je crois qu’il y a eu tant de « scandales » et de « révélations » durant cette campagne, des deux côtés, que les gens ont fini par y devenir un peu insensibles.

    Au lendemain de cette élection, la société américaine apparaît très divisée. Les catholiques américains le sont-ils aussi ?

    D.B. : C’est difficile à dire. Il y a des déçus, c’est certain, notamment parmi les médias catholiques, qui sont très polarisés. La campagne électorale a été terrible. Le travail principal, pour les élus et pour l’ensemble de la société, est donc de travailler dès maintenant à retrouver l’unité, à rappeler nos valeurs communes. De ce point de vue, je trouve que la première prise de parole de Donald Trump après son élection a donné des raisons d’espérer.

    Les divisions sont encore présentes car nous sommes encore vraiment dans les suites immédiates de l’élection. Et je dois dire que je suis un peu déçue par les manifestations anti-Trump, car je crois qu’il faut respecter le choix démocratique des Américains. Mais j’ai confiance dans le peuple américain et dans les catholiques américains. Nous avons déjà connu des ambiances similaires après d’autres élections. »

    Ref. « Les catholiques se sont sentis méprisés sous Obama »

    JPSC

  • Orthodoxie : le métropolite Hilarion au sujet de l’élection de Donald Trump : «Avec son élection apparaît l’espoir de l’amélioration de tout le système des relations internationales»

    IMPRIMER

    Lu sur le website « Orthodoxie »  cette interview du président du département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou :

    « Le métropolite de Volokolamsk Hilarion a accordé une interview à l’agence russe « Interfax Religion » au sujet de l’élection de Donald Trump, que nous reproduisons intégralement ci-dessous :

    – Monseigneur, comment évaluez-vous la victoire de Donald Trump aux élections présidentielles aux États-Unis ?

    – Les élections présidentielles sont une affaire interne des États-Unis d’Amérique. Nous ne sommes ici que des observateurs extérieurs. Mais j’ai suivi avec grand intérêt le développement des événements, particulièrement lors des dernières heures avant l’annonce des résultats. La chaîne télévisée CNN a fait une retransmission en direct, et le ton des commentaires changeait au fur et à mesure que tous les États, les uns après les autres, donnaient leur préférence à Trump. Mais à quel point ces estimations étaient-elles objectives ? Lorsque les élections elles-mêmes ont commencé, un favori s’est dessiné depuis le début. Cela a amené les commentateurs de CNN à un certain embarras, et je dirais même, à un choc. Ils se sont efforcés de trouver une explication, et chacun le faisait à sa façon. L’un accusait de tout le directeur du FBI, l’autre en est arrivé à dire que la Russie était coupable de tout. Il a dit à peu près ce qui suit : « Ce sont les premières élections dans l’histoire de l’Amérique quand l’ennemi s’en mêle directement ». Et il a nommé la Russie. Or, le peuple américain, au cours de toute la campagne pré-électorale avait la possibilité d’observer les candidats, d’écouter leurs interventions, évaluer leur approche des problèmes internationaux. Et il a fait son choix en conséquence. La rhétorique de Mme Clinton n’a pas convaincu la majorité des électeurs, et même le soutien actif du président en exercice Obama ne lui a pas ajouté des voix.

    – Qu’est-ce qui, à votre avis, a été décisif pour les électeurs américains ?

    – Le choix n’était pas seulement entre deux personnalités. En fait, la question suivante était posée aux Américains : voulez-vous que tout reste comme tel, ou voulez-vous des changements ? Et le peuple américain a voté pour les changements.

    – Qu’est-ce qui est important, pour vous personnellement dans ces élections ?

    – Pour moi, en tant que président du département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, c’est la question du Moyen Orient qui m’a particulièrement intéressé. La politique de l’Amérique au Moyen Orient, à commencer par le renversement de Saddam Hussein et jusqu’aux derniers événements en Syrie, a été, de mon point de vue, à courte vue et erronée. Renversant les uns après les autres les régimes existants dans les pays du Moyen Orient, soi-disant au nom de la démocratie, l’Amérique n’a apporté ni celle-ci, ni la liberté à la région. Au contraire, elle a provoqué le chaos, l’exil massif de la population civile, le génocide des minorités ethniques et religieuses. Les terroristes de « l’État islamique » n’auraient pas eu un tel succès en Syrie et en Irak s’ils n’avaient reçu de soutien international. Trump a parlé de tout cela directement et sans ambiguïté. Il a critiqué le gouvernement américain pour sa politique moyen-orientale, pour son refus de relations d’alliance avec la Russie. Et le peuple américain l’a entendu.

    – Quelle doit être l’attitude des Russes envers l’issue des élections aux États-Unis d’Amérique ?

    – Je ne pense pas que nous devions nous livrer à l’euphorie à l’occasion de la victoire du candidat républicain. Le temps montrera quel président il sera, s’il tient les promesses qu’il a données pendant la campagne électorale. Mais avec son élection apparaît l’espoir d’une amélioration de tout le système des relations internationales, pour la création d’une coalition du monde entier contre le terrorisme. »

    (source Interfax)

    Ref. le métropolite de Volokolamsk Hilarion au sujet de l’élection de Donald Trump : «Avec son élection apparaît l’espoir de l’amélioration de tout le système des relations internationales» 

     JPSC

  • Quelques principes fondamentaux de l’œcuménisme catholique

    IMPRIMER

    Du Père Simon Noël, sur son blog :

    Œcuménisme catholique

    Dans cet article, je voudrais vous présenter quelques principes fondamentaux de l’œcuménisme catholique. Le Christ a prié pour l'unité de tous ceux qui croiraient en lui en faisant dépendre d'une certaine manière la conversion du monde de cette unité:  Ce n'est pas seulement pour eux que je prie, mais aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole, pour que tous soient un. De même que toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé (Jn 17, 20-21).

    La Sainte Trinité est le modèle et la source de l'unité de l'Eglise. Soloviev disait que tant que dure la division de l'Eglise, les âmes sont certes sauvées, car la grâce ne cesse d'agir. Mais le monde n'est pas sauvé, car la division des chrétiens est un scandale pour la foi et empêche la conversion du monde.

  • La déclaration conjointe entre le pape et l'église luthérienne ne favorisera pas le rapprochement entre Rome et la Fraternité Saint Pie X

    IMPRIMER

    Nous avons publié sur ce blog le texte de la déclaration conjointe entre le pape et l'Eglise luthérienne; peut-être contribuera-t-elle à rapprocher les luthériens des catholiques mais elle ne manque pas d'éloigner la Fraternité Saint-Pie X de Rome :

    Déclaration conjointe entre le pape et l'église luthérienne :
    communiqué du Supérieur du District de France - 2 nov. 2016

    A la lecture de la déclaration conjointe que le pape a faite avec les représentants de l’église luthérienne en Suède le 31 octobre, à l’occasion du cinquième centenaire de la révolte de Luther contre l’Église catholique, notre douleur est à son comble.

    En présence du véritable scandale que représente une telle déclaration où s’enchaînent les erreurs historiques, de graves atteintes à la prédication de la foi catholique et un faux humanisme source de tant de maux, nous ne pouvons rester silencieux.

    Sous le fallacieux prétexte de l’amour du prochain et le souhait d’une unité factice et illusoire, la foi catholique est sacrifiée sur l’autel de l’œcuménisme qui met en péril le salut des âmes. Les erreurs les plus énormes et la vérité de Notre-Seigneur Jésus-Christ sont mises sur le même pied d’égalité.

    Comment « pouvons-nous être reconnaissants pour les dons spirituels et théologiques reçus à travers la Réforme », alors que Luther a manifesté une haine diabolique envers le Souverain Pontife, un mépris blasphématoire envers le saint sacrifice de la messe, ainsi qu’un refus de la grâce salvatrice de Notre-Seigneur Jésus-Christ ? Il a aussi détruit la doctrine eucharistique en refusant la transsubstantiation, détourné les âmes de la très Sainte Vierge Marie et nié l’existence du Purgatoire.

    Non, le protestantisme n’a rien apporté au catholicisme ! Il a ruiné l’unité de la chrétienté, séparé des pays entiers de l’Église catholique, plongé des âmes dans l’erreur mettant en péril leur salut éternel. Nous, catholiques, voulons que les protestants reviennent vers l’unique bercail du Christ qu’est l’Église catholique et prions à cette intention.

    En ces jours où nous célébrons tous les saints, nous en appelons à saint Pie V, saint Charles Borromée, saint Ignace et saint Pierre Canisius qui ont combattu héroïquement l’hérésie protestante et sauvé l’Église catholique.

    Nous invitons les fidèles du District de France à prier et à faire pénitence pour le Souverain Pontife afin que Notre-Seigneur, dont il est le Vicaire, le préserve de l’erreur et le garde dans la vérité dont il est le gardien.

    J’invite les prêtres du district à célébrer une messe de réparation et à organiser une Heure Sainte devant le Très Saint Sacrement pour demander pardon pour ces scandales et supplier Notre-Seigneur d’apaiser la tempête qui secoue l’Église depuis plus d’un demi-siècle.

    Notre-Dame, Secours des chrétiens, sauvez l’Église catholique et priez pour nous !

    Abbé Christian BOUCHACOURT, Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X

    Suresnes, le 2 novembre 2016, commémoration de tous les fidèles défunts

    Source : La Porte Latine du 2 novembre 2016

  • La tentation protestante dans l’Eglise

    IMPRIMER

    Leipzig_Disputation.jpgLe voyage du pape François à Lund et Malmö  pour  le lancement du 5° centenaire de la Réforme nous remet en mémoire la question fondamentale de l’ecclésiologie à laquelle se réfèrent les communautés protestantes et de savoir exactement sur quoi on « dialogue » lorsqu’on parle d’œcuménisme.

    Dans un ouvrage déjà ancien (Entretien sur la foi, 1985) le journaliste Vittorio Messori  (La Stampa) avait abordé, entre autres, cette question avec le Cardinal Ratzinger, alors préfet de la congrégation de la doctrine de la foi :

    Question :

    « Pourquoi le protestantisme –dont la crise n’est certainement pas moindre que celle du catholicisme- devrait-il attirer aujourd’hui des théologiens et des croyants qui, jusqu’au concile, étaient restés fidèles à l’Eglise de Rome ?

    Réponse :

    « Ce n’est sûrement pas facile à expliquer. Une considération s’impose : le protestantisme est apparu au commencement des temps modernes et se trouve en affinité beaucoup plus étroite que le catholicisme avec les composantes qui ont secrété l’époque moderne. Sa configuration actuelle, il l’a trouvée dans une large mesure au contact des grands courants philosophiques du XIXe siècle. Son ample ouverture à la pensée moderne est sa chance et son péril. Aussi des théologiens catholiques qui ne savent plus que faire de la théologie traditionnelle peuvent-ils facilement en arriver à l’opinion que les chemins corrects menant à la fusion de la foi et de la modernité seraient ici déjà tracés ».

    Question :

    Quels principes jouent ici un rôle ?

    Réponse :

    « Le principe « « Sola Scriptura » joue toujours un rôle-clé. Le chrétien moyen d’aujourd’hui déduit de ce principe que la foi naît de l’opinion individuelle, du travail intellectuel et de l’intervention du spécialiste ; une telle conception lui semble plus moderne et plus raisonnable que les positions catholiques. Allons encore un peu plus au fond. A partir d’une telle conception, il va de soi que le concept catholique d’Eglise n’est plus ratifiable et qu’il faut alors se chercher un modèle d’Eglise, ici ou là, dans le vaste champ d’expérimentation du phénomène « protestant ».

    Question :

    Donc, c’est l’ecclésiologie qui, comme à l’accoutumée, revient sur le tapis ?

    Réponse :

    « Oui, parce que pour l’homme de la rue, aujourd’hui, un concept d’Eglise que l’on représenterait –en langage technique- comme congrégationaliste, ou comme église libre , lui apparaîtrait  comme le plus raisonnable. Ce concept en vient à signifier que l’Eglise serait une forme modifiable d’organisation humaine de la cause de la foi, correspondant du mieux possible à ce que paraissent être les exigences du moment. Nous en avons déjà parlé maintes fois, mais cela vaut la peine d’y revenir : il est presqu’impossible pour la conscience de nombre de nos contemporains de comprendre que, derrière une réalité humaine, puisse se trouver la mystérieuse réalité divine. Tel est le concept  catholique de l’Eglise, comme nous le savons, beaucoup plus ardu à admettre que celui que nous avons esquissé plus haut. D’ailleurs, ce dernier ne s’identifie pas non plus simplement à un concept « protestant » d’Eglise, même s’il s’est formé dans le cadre du phénomène « protestant ».

     

    Lire la suite

  • Déclaration conjointe luthéro-catholique : "le Christ désire que nous soyons un"

    IMPRIMER

    LaVie.fr publie le texte de la déclaration conjointe "prononcée et signée dans la cathédrale luthérienne de Lund, lors d’une cérémonie œcuménique émouvante" :

    Le Christ désire que nous soyons un“ : déclaration conjointe luthéro-catholique 

    « Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui- même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi » (Jn 15, 4).

    D’un cœur reconnaissant

    Par cette Déclaration Conjointe, nous exprimons notre joyeuse gratitude à Dieu pour ce moment de prière commune dans la Cathédrale de Lund, alors que nous commençons l’année commémorative du cinquième centenaire de la Réforme. Cinquante années d’un dialogue œcuménique soutenu et fructueux entre Catholiques et Luthériens nous ont aidés à surmonter beaucoup de différences et ont approfondi notre compréhension et notre confiance réciproques. En même temps, nous nous sommes rapprochés les uns des autres à travers le service commun à nos prochains – souvent dans des circonstances de souffrance et de persécution. Grâce au dialogue et au témoignage partagé, nous ne sommes plus des étrangers les uns pour les autres. Plutôt, nous avons appris que ce qui nous unit est plus grand que ce qui nous divise.

    Du conflit à la communion

    Alors que nous sommes profondément reconnaissants pour les dons spirituels et théologiques reçus à travers la Réforme, nous confessons aussi et déplorons devant le Christ que Luthériens et Catholiques ont blessé l’unité visible de l’Église. Des différences théologiques ont été accompagnées de préjudices et de conflits, et la religion a été instrumentalisée à des fins politiques. Notre foi commune en Jésus-Christ et notre baptême réclament de nous une conversion quotidienne par laquelle nous rejetons les désaccords et les conflits historiques qui empêchent le ministère de la réconciliation. Tandis que le passé ne peut pas être changé, le souvenir et la manière de se souvenir peuvent être transformés. Nous prions pour la guérison de nos blessures et des mémoires qui assombrissent notre regard les uns sur les autres. Nous rejetons catégoriquement toute haine et toute violence, passées et présentes, surtout celles qui s’expriment au nom de la religion. Aujourd’hui, nous entendons Dieu nous demander de mettre de côté tout conflit. Nous reconnaissons que nous sommes libérés par la grâce pour cheminer vers la communion à laquelle Dieu continue de nous appeler tous.

    Notre engagement pour le témoignage commun

    Tandis que nous surmontons ces épisodes de l’histoire qui pèsent sur nous, nous nous engageons à témoigner ensemble de la grâce miséricordieuse de Dieu, rendue visible dans le Christ crucifié et ressuscité. Conscients que la manière dont nous vivons les relations façonne notre témoignage de l’Évangile, nous nous engageons pour d’ultérieurs progrès dans la communion enracinée dans le baptême, alors que nous cherchons à lever les obstacles persistants qui nous empêchent d’atteindre la pleine unité. Le Christ désire que nous soyons un, de façon que le monde puisse croire (cf. Jn 17, 21).

    Beaucoup de membres de nos communautés aspirent à recevoir l’Eucharistie à une même table, comme expression concrète de la pleine unité. Nous faisons l’expérience de la souffrance de ceux qui partagent leur vie tout entière, mais ne peuvent pas partager la présence rédemptrice de Dieu à la table eucharistique. Nous reconnaissons notre responsabilité pastorale commune pour répondre à la soif et à la faim spirituelles de nos fidèles d’être un dans le Christ. Nous désirons ardemment que cette blessure dans le Corps du Christ soit guérie. C’est l’objectif de nos efforts œcuméniques, que nous voulons faire progresser, y compris en renouvelant notre engagement pour le dialogue théologique.

    Nous prions Dieu afin que les Catholiques et les Luthériens soient capables de témoigner ensemble de l’Évangile de Jésus-Christ, invitant l’humanité à écouter et à recevoir la bonne nouvelle de l’action rédemptrice de Dieu. Nous demandons à Dieu inspiration, encouragement et force, en sorte que nous puissions rester ensemble pour servir, en défendant la dignité et les droits humains, surtout ceux des pauvres, travaillant pour la justice, et rejetant toutes les formes de violence. Dieu nous demande d’être proches de ceux qui aspirent à la dignité, à la justice, à la paix et à la réconciliation. Aujourd’hui, de manière particulière, nous élevons nos voix pour la fin de la violence et de l’extrémisme qui touchent de si nombreux pays et communautés, et d’innombrables sœurs et frères dans le Christ. Nous exhortons les Luthériens et les Catholiques à travailler ensemble pour accueillir les étrangers, pour aider ceux qui sont forcés à fuir à cause de la guerre et de la persécution, et pour défendre les droits des réfugiés et de ceux qui cherchent l’asile.

    Plus que jamais, nous réalisons que notre service commun dans le monde doit s’étendre à la création de Dieu qui souffre de l’exploitation et des conséquences d’une cupidité insatiable. Nous reconnaissons le droit des générations futures à jouir du monde de Dieu dans toutes ses potentialités et dans toute sa beauté. Nous prions pour un changement des cœurs et des esprits qui conduise à prendre soin de la création, avec amour et responsabilité.

    Un dans le Christ

    À cette heureuse occasion, nous exprimons notre gratitude à nos frères et sœurs représentant les diverses Communions et Communautés Chrétiennes Mondiales qui sont présentes et se joignent à nous dans la prière. Tandis que nous renouvelons notre engagement à marcher du conflit vers la communion, nous le faisons en tant que membres du même Corps du Christ, auquel nous sommes incorporés par le baptême. Nous invitons nos partenaires œcuméniques à nous rappeler nos engagements et à nous encourager. Nous leur demandons de continuer de prier pour nous, de cheminer avec nous, pour nous soutenir dans l’observance des engagements enracinés dans la prière que nous formulons aujourd’hui.

    Appel aux Catholiques et aux Luthériens du monde entier

    Nous lançons un appel à toutes les paroisses et à toutes les communautés luthériennes et catholiques pour qu’elles soient audacieuses et créatives, joyeuses et pleines d’espérance dans leur engagement à poursuivre la grande aventure devant nous. Au lieu des conflits du passé, le don de Dieu de l’unité entre nous devrait guider notre coopération et approfondir notre solidarité. En nous rapprochant dans la foi au Christ, en priant ensemble, en nous écoutant les uns les autres, en vivant l’amour du Christ dans nos relations, nous, Catholiques et Luthériens, nous nous ouvrons nous-mêmes à la puissance du Dieu Trinitaire. Enracinés dans le Christ et en témoignant de lui, nous renouvelons notre détermination à être des hérauts fidèles de l’amour sans limite de Dieu envers toute l’humanité.

    Lund, 31 octobre 2016

  • Oecuménisme et antéchrist

    IMPRIMER

    Du Père Simon Noël sur son blog :

    Œcuménisme et Antéchrist

    Le grand penseur russe Soloviev, orthodoxe proche du catholicisme, a écrit un Court récit sur l'Antéchrist. 

    Vous pouvez lire un résumé de cette oeuvre en cliquant ici: Court récit sur l'Antéchrist

    Ce récit éclaire particulièrement la situation œcuménique actuelle, car il y a un vrai œcuménisme et il y a un faux œcuménisme. Le Seigneur Jésus a prié pour que tous ses disciples soient un. Le vrai œcuménisme est un effort pour arriver à une pleine unité visible dans la foi au Christ, seul Sauveur du monde, de tous ceux qui croient en lui. Il ne s'agit donc pas d'instaurer une nouvelle religion mais de revenir à la connaissance du Fils de Dieu.

    Un pasteur, avec qui je parlais récemment, me disait son inquiétude de voir son Eglise envisager, par un vote "démocratique", de rendre facultatif le dogme de la Sainte Trinité. Sa même Eglise a récemment accepté le mariage homosexuel. 

    Ainsi donc actuellement nous constatons un double mouvement: celui d'un rapprochement dans la foi entre les chrétiens divisés et celui d'une fuite en avant vers une nouvelle religion humaniste, mondialiste et vide de la foi chrétienne authentique. 

    Est-ce que la venue de l'Antéchrist et de sa nouvelle religion ne pourrait pas favoriser le rassemblement de tous ceux qui croient encore que le Seul Sauveur est Jésus-Christ, Fils de Dieu, fait homme, mort sur la Croix pour nos péchés, ressuscité pour nous donner la vie éternelle et qui reviendra comme juge à la fin des temps? Dans le récit de Soloviev, ces croyants authentiques sont représentés par le pape Pierre, le pasteur protestant Paul et le moine orthodoxe Jean.

    La frontière du schisme traverse maintenant toutes les Eglises à l'intérieur. Elle se cristallise entre autres sur les questions éthiques et anthropologiques. Il ne s'agit pas seulement de la foi au Christ mais aussi de l'acceptation des commandements de Dieu. La doctrine et la morale évangéliques sont au cœur du débat.

    Il nous faut discerner les signes des temps pour être lucides sur les enjeux des débats actuels. Les choses bougent rapidement de plus en plus. Un catholique traditionnel, qui conserve la foi de son enfance, se retrouve plus proche d'un orthodoxe ou d'un protestant évangélique que d'un coreligionnaire adepte d'une nouvelle Eglise, qui renie toute sa Tradition multiséculaire. Il découvre en effet que la foi au Christ qu'on lui a prêchée et qu'il a reçue est fondamentalement la même chez son ami orthodoxe ou protestant évangélique, malgré les divisions historiques qui se sont produites au cours du temps. Tandis qu'il voit une apostasie se profiler par ailleurs, il sent le besoin de se rapprocher de tous ceux qui au fond aiment et servent le même Seigneur, en prenant sa parole au sérieux.

    N'allons-nous pas assister au rassemblement des vrais croyants d'une part et au rassemblement des apostats d'autre part? Dans tout cela la question du nombre en fin de compte importe peu. Mais lorsque nous suivons l'actualité religieuse, le court récit sur l'Antéchrist de Soloviev peut nous donner des points de repères et des critères de discernement qui nous permettront de voir clair et de faire de notre côté les bons choix.

  • La foi de Martin Luther

    IMPRIMER

    luther.jpgLuther est ce qu’il est, avec ses erreurs, ses excès, sa violence et, comme l’a dit un jour le théologien Benoît XVI, aujourd’hui encore bon nombre de ses thèses tomberaient sous le coup de la censure de l’Eglise. Mais dépassant le contenu des écrits de l'hérésiarque, il a par ailleurs posé son regard sur l’homme et l’a élevé ensuite sur les enjeux de l’œcuménisme contemporain confronté à la grande apostasie présentement à l’oeuvre au sein même du christianisme.

    Alors que le pape François entame aujourd’hui en Suède une visite commémorative du 5eme centenaire de la Réforme protestante, il n’est peut-être pas inutile de se remémorer , à cet égard, les propos que Benoît XVI adressait aux membres du conseil de l’ «Eglise» évangélique allemande réunis à Erfurt le 23 septembre 2011 :

    « Pour moi, en tant qu’Évêque de Rome, c’est un moment d’émotion de vous rencontrer ici, dans l’antique couvent augustinien d’Erfurt. Nous avons entendu précédemment que Luther a étudié ici. Ici, il a célébré sa première messe en 1507. Contre le désir de son père, il ne continua pas ses études de droit, mais il étudia la théologie et se mit en marche vers le sacerdoce dans l’Ordre de saint Augustin. Sur ce chemin, ce n’était pas ceci ou cela qui lui importait. Ce qui l’a animé, c’était la question de Dieu, qui fut la passion profonde et le ressort de sa vie et de son itinéraire tout entier. « Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ? » Cette question lui pénétrait le cœur et se trouvait derrière chacune de ses recherches théologiques et chaque lutte intérieure. Pour Luther, la théologie n’était pas une question académique, mais la lutte intérieure avec lui-même, et ensuite c’était une lutte par rapport à Dieu et avec Dieu.

    « Comment puis-je avoir un Dieu miséricordieux ? » Que cette question ait été la force motrice de tout son chemin, me touche toujours à nouveau profondément. Qui, en effet, se préoccupe aujourd’hui de cela, même parmi les chrétiens ? Que signifie la question de Dieu dans notre vie ? Dans notre annonce ? La plus grande partie des gens, même des chrétiens, tient aujourd’hui pour acquis que Dieu, en dernière analyse, ne s’occupe plus de nos péchés et de nos vertus. Il sait, en effet, que nous sommes tous que chair. Et si on croit encore en un au-delà et en un jugement de Dieu, alors presque tous nous présupposons en pratique que Dieu doit être généreux, et, qu’à la fin, dans sa miséricorde, il ignorera nos petites fautes. La question ne nous préoccupe plus. Mais nos fautes sont-elles vraiment si petites ? Le monde n’est-il pas dévasté à cause de la corruption des grands, mais aussi à cause de celle des petits, qui pensent seulement à leurs propres intérêts ? N’est-il pas dévasté par le pouvoir des drogues, qui vit du désir de vie et d’argent d’une part, et de l’autre, par l’addiction à la jouissance des personnes qui lui sont adonnées ? N’est-il pas menacé par la disposition croissante à la violence qui se revêt souvent de la religiosité ? La faim et la pauvreté pourraient-elles dévaster autant de parties entières du monde si, en nous, l’amour de Dieu et, à partir de Lui, l’amour pour le prochain, pour les créatures de Dieu, les hommes, étaient plus vivants ? Les questions en ce sens pourraient continuer. Non, le mal n’est pas une bagatelle. Et il ne pourrait être aussi puissant si nous mettions vraiment Dieu au centre de notre vie. La question : quelle est la position de Dieu à mon égard, comment je me situe moi devant Dieu ? - cette question brûlante de Luther doit devenir de nouveau, et certainement sous une forme nouvelle également notre question, non de manière académique mais réellement. Je pense que c’est là le premier appel que nous devrions entendre dans la rencontre avec Martin Luther.

    Lire la suite

  • La réforme protestante : une rupture

    IMPRIMER

    Lu sur le site de l'Homme Nouveau (Philippe Maxence) :

    La Réforme protestante est une rupture : entretien avec Miguel Ayuso

    Ce 31 octobre commencera l’année consacrée au 500e anniversaire de la Réforme protestante. Le 31 octobre 1517, le moine Martin Luther afficha, en effet, ses 95 thèses sur la porte de l’église du château de Wittemberg, en Allemagne. Aujourd’hui, comme l’écrit La Croix, Luther serait considéré chez les catholiques « non seulement comme un réformateur audacieux mais aussi comme un guide spirituel. » C’est un peu vite oublier les conséquences de la Réforme, beaucoup plus profondes qu’on ne l’imagine habituellement. Nous avons abordé cette question avec Miguel Ayuso, président de l’Union internationale des juristes catholiques, professeur de science politique et de droit constitutionnel à l’Université pontificale de Comillas (Madrid), qui a conduit des travaux sur cette question. Nous le remercions vivement de nous avoir accordé cet entretien.

    Dans un très important article publié en France par la revue Catholica, vous vous attachez à expliquer, selon le titre de votre étude, « L’origine protestante de la politique et du droit moderne ». Est-ce une simple extension au domaine politique et juridique du livre de Max Weber sur les origines protestantes du capitalisme ou y a-t-il réellement une spécificité protestante au regard de la politique et du droit ?

    Permettez-moi, pour commencer, de préciser que cette étude publiée dans Catholica, comme d’ailleurs la revue le souligne, est une reprise partielle d’un travail plus étendu qui vient de paraître en espagnol en conclusion d’un ouvrage collectif placé sous ma direction, intitulé Consecuencias político-jurídicas del protestantismo. A los 500 años de Lutero (Conséquences politico-juridiques du protestantisme. À l’occasion des 500 ans de Luther; Marcial Pons, Madrid-Barcelone-Buenos Aires-Sao Paulo, 2016). Ce volume contient les actes des Vèmes Journées hispaniques de droit naturel qui se sont tenues à Mexico en avril dernier.

    Pour entrer dans le vif du sujet, ce que l’on appelle la Réforme protestante a constitué la véritable Révolution religieuse, de telle sorte que furent bouleversés tant la théologie que son présupposé métaphysique et qui, à partir de là, a eu des incidences décisives en philosophie pratique. Mon travail en particulier et, de façon générale, le livre qu’il conclut traitent des conséquences des théories et des options de Luther sur le plan éthique, politique et juridique, c’est-à-dire celui de la philosophie de la praxis. Le poids qu’a représenté le luthérianisme sur celui-ci a été à ce point déterminant qu’il est possible d’affirmer qu’il a marqué une « inflexion » qui a caractérisé toute la modernité. À telle enseigne que l’on pourrait dire que le protestantisme s’est diffusé rapidement plus pour des raisons temporelles que religieuses : en cas contraire, son établissement et sa diffusion ne pourraient s’expliquer.

    Lire la suite sur le site de l'Homme Nouveau

  • Libération : première messe après Daech à Qaraqosh, ville symbole des chrétiens d’Irak

    IMPRIMER

    De Laurence Desjoyaux sur le site web de « La Vie »

    77319_irak-qaraqosh-premiere-messe-3.JPG

    « Dimanche 30 octobre, Mgr Petros Mouche, archevêque syriaque catholique de Qaraqosh, est revenu pour la première fois dans sa ville depuis l’offensive de Daech en août 2014. Il y a célébré une messe dans la cathédrale Al Taheera.

    Longuement, il se prosterne sur le seuil de la cathédrale Al Taheera – l’Immaculée –, embrassant le sol recouvert de gravas et de cendres. Une semaine après l’entrée des troupes de la 9e division de l’armée irakienne dans Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak, Mgr Petros Mouche, l'évêque syriaque catholique de la ville, a enfin pu y revenir pour célébrer la toute première messe de l’après-Daech.

    Des coups de canon sourds se font entendre régulièrement. Les combats opposent toujours l’armée aux djihadistes de l’État islamique à cinq kilomètres de là seulement, dans le village de Minara. Des tirs et des explosions éclatent encore de façon sporadique dans certains quartiers de la ville. À l’intérieur de la cathédrale, entièrement brûlé, recouvert de suie et de cendres du sol au plafond, un autel sommaire a été préparé : un meuble en bois posé sur des grosses pierres trouvées dans les gravats, une nappe, neuf petites bougies et une croix simple. L’évêque fait le tour de l’édifice avec un encensoir et de l’eau bénite, de l’eau rapportée de Lourdes, comme pour laver le lieu du saccage qu’il a subi.

    La dernière messe célébrée dans cette église a eu lieu le 6 août 2014, dans l’après-midi, pour la fête de la Transfiguration. « Quand nous l’aurons restaurée, nous referons une grande cérémonie de dédicace », promet Mgr Petros Mouche. Les hymnes en syriaque s’élèvent au milieu d’un certain désordre. Des soldats vont et viennent, assistant debout à la messe. Dans sa rapide homélie sur l’évangile de la profession de foi de Pierre, l'évêque insiste sur deux points : l’importance de la confiance en la grâce de Dieu et l’unité entre les chrétiens. Un message à peine voilé aux chrétiens des différentes milices qui se disputent déjà le droit d’assurer la sécurité de Qaraqosh après la libération de Daech.
     

    Un rayon de soleil passe par les vitraux brisés et noircis. Le credo qui s’élève en arabe prend ici une dimension particulière. Les djihadistes de Daech ont cru pouvoir effacer des centaines d’années de présence chrétienne dans la région en détruisant les croix, en attaquant à la masse les visages des statues et des bas-reliefs et en brûlant les églises. Dans la cathédrale se trouve encore un échafaudage calciné qui leur a servi à aller démolir une croix en hauteur. La célébration de la messe, un peu plus de deux ans après la prise de la ville, vient leur donner tort. « Ma présence ici aujourd’hui est un signe d’encouragement pour tous les chrétiens de cette ville qui sont loin de chez eux depuis deux ans, explique Mgr Petros Mouche. En venant, je veux leur dire qu’il sera possible de rentrer un jour... » Il avoue être rassuré que la cathédrale soit debout, bien que brûlée. « Cette église est vraiment un symbole pour nous, si elle avait été détruite je ne sais pas si nous aurions eu la force de rentrer. »

    Après la messe, l’évêque et les prêtres qui l’accompagnent ne peuvent résister à l'envie de faire le tour de Qaraqosh. Il s’agit aussi d’évaluer l’ampleur des dégâts. Tout ici rappelle des souvenirs. « Viens voir ma chambre ! » insiste Abouna Nehad, l’un des prêtres qui vivait dans le presbytère attenant à la cathédrale Al-Taheera, Pour monter à l’étage, il faut enjamber des gravats, faire attention aux fils qui pendent du plafond. Le lieu a été méthodiquement mis à sac. Il sent encore le brûlé. Comme partout, pas une croix n’est intacte, du moindre chapelet à celles qui ornaient autrefois les clochers de la dizaine d’églises de la ville. Le père Nehad ramasse un crucifix en métal brisé en deux. « Ils ont peur de la croix ! » s’exclame le prêtre ».


     Ref. Première messe après Daech à Qaraqosh, ville symbole des chrétiens d’Irak

    JPSC