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Idées - Page 33

  • D'où vient en nous le désir de Dieu ?

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    De KTO :

    Surnaturel, nature et grâce

    À l'occasion d'une nouvelle impression, sous l'impulsion de 'l'Association Internationale Cardinal Henri de Lubac', du livre intitulé « Surnaturel. Etudes historiques » (Cerf), le magazine 'La Foi prise au mot' s'intéresse cette semaine à la question du surnaturel, de la nature et de la grâce.

    Le terme « surnaturel » ne renvoie pas ici à des manifestations mystérieuses et étranges mais à un concept assez technique de la théologie qui répond à une question fondamentale : d'où vient en nous le désir de Dieu ? En d'autres termes : ce désir est-il inscrit en nous ? Est-ce Dieu qui nous donne le désir de Le chercher ?

    Ces questions théologiques et les réponses qu'on y apporte ont une répercussion directe et concrète sur la société et notre manière d'agir. Toute société et tout homme sous-entendent en effet une définition de l'homme et un rapport au religieux, conscient ou inconscient.

    Régis Burnet est ce soir entouré de Simon Icard, historien de la théologie, et du père Thierry-Dominique Humbrecht, dominicain, spécialiste de saint Thomas d'Aquin.

  • Agitation LGBT dans les milieux cléricaux: ce qui est excessif est insignifiant

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    Selon le quotidien français « La Croix » de ce 2 mai 2021, « lors d’une conférence en ligne organisée par le média britannique The Tablet, Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers (Belgique) a assuré, mercredi 28 avril, que, dans son diocèse, 700 personnes – majoritairement des jeunes – avaient quitté, durant les deux dernières semaines de mars, l’Église. Selon lui, cette vague de départs s’inscrit dans le sillage de la publication, lundi 15 mars, de la note de la Congrégation pour la doctrine de la foi, réaffirmant l’interdiction de bénir les unions de couples homosexuels.

    → ANALYSE. Des évêques fustigent l’interdiction des bénédictions de couples homosexuels

    Dans de nombreux pays, ce rappel du Vatican avait suscité colère et lassitude, au sein des mouvements engagés dans l’accompagnement des personnes homosexuelles catholiques. Dans son intervention, Mgr Bonny a évoqué la réaction « dramatique » de « personnes principalement hétérosexuelles », ayant exprimé leur désaccord frontal avec ce document. Il a indiqué que près de 2 000 personnes avaient par ailleurs demandé l’annulation de leur inscription au baptême dans les registres des diocèses flamands de Belgique, pays pourtant traditionnellement très catholique.

    « Responsabilité devant Dieu »

    Déplorant l’absence de consultation des évêques et du dicastère pour les laïcs, la famille et la vie avant la publication de cette note, Mgr Bonny a également critiqué sa « faiblesse théologique » et son incapacité à refléter les développements contemporains en matière de théologie biblique, de théologie sacramentelle et de théologie morale. « C’est comme si elle avait été écrite à l’époque de Pie XII », a regretté le responsable religieux, connu pour ses prises de position franches en faveur des minorités sexuelles.

    → ENTRETIEN. Homosexualité : « Un travail théologique urgent mais qui prend du temps »

    Estimant que la Congrégation pour la doctrine de la foi doit être « au sommet de l’érudition biblique et théologique, et non derrière un niveau de qualité ordinaire », il a également regretté que le document ne tienne pas compte de ce que les sciences humaines disent aujourd’hui de la sexualité dans la société civile, alors que de nombreux pays ont légalisé le mariage ou le partenariat civil pour les couples de même sexe.

    « Marcher ensemble »

    « Ce n’est pas du tout en phase avec Amoris laetitia », a-t-il encore martelé, avant d’insister sur l’accent mis, par l’exhortation apostolique post-synodale publiée en 2016, sur la recherche de nouveaux éléments positifs. « Ce que nous proposons ici n’est pas d’étendre le mariage sacramentel », poursuivait-il, « il y a différentes façons de s’aimer, de prendre soin les uns des autres et d’assumer sa responsabilité dans l’Église et dans la société ».

    « Mais il y a tellement de possibilités qui viennent des Écritures et de la tradition de l’Église, pour marcher ensemble avec les gens, pour les porter devant Dieu et demander la bénédiction de Dieu sur eux », prônait-il enfin. Ces dernières semaines, de nombreux autres évêques du monde entier avaient eux aussi dénoncé un texte « blessant » et « maladroit ». Une contestation frontale de la ligne du Vatican, loin d’être courante dans leurs rangs. ».

    A noter que le président de la conférence épiscopale allemande, le très synodal Mgr Georg Bätzing, vient de rappeler, sur un ton paisible, que, vivant en couple ou non, les personnes à orientation homosexuelle « ont le droit d’être pastoralement accompagnés dans chaque situation spécifique sur leur chemin à travers la vie ». L’Eglise, mater et magistra, dit-elle autre chose? Et il ajoute ceci qui mérite l’attention de "La Croix" et "The Tablet" comme celle de l’évêque Bonny d’Anvers et autres agités du monde post-moderne:  «  Dans ce contexte, je ne considère pas les campagnes publiques comme un signe utile et une voie supplémentaire ». (Source : https://www.kath.net/news/75044)

    À bon entendeur…

  • Vous avez dit : "dignité" ?

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    De Martin Steffens, philosophe (1), cette chronique sur le site du journal La Croix :

    "à proprement parler" 

    Dignité

    Voilà une déclaration qui intéressera une chronique qui, comme la nôtre, s’intitule « à proprement parler » : « Les partisans de l’euthanasie se gargarisent de mots dont ils dévoient la signification à un point tel qu’ils ne devraient même plus avoir le droit de les prononcer. »

    Michel Houellebecq l’avait promis : il ne prendrait plus la plume, sauf en cas de grand péril. Il donnait comme exemple la légalisation de l’euthanasie. C’est donc chose faite (voir Le Figaro du 5 avril). Parmi les mots dévoyés, Houellebecq mentionne la dignité. Si la vie ne vaut d’être vécue que dans la dignité, c’est tout un chacun qui, dès maintenant, est prestement invité au suicide assisté : « Je n’ai guère eu l’impression, tout au long de ma vie, de manifester une dignité exceptionnelle, écrit Houellebecq, et je n’ai pas l’impression que ce soit appelé à s’améliorer. (…) Bon, et alors ? Si c’est ça, la dignité, on peut très bien vivre sans ; on s’en passe. » Il ajoutait : « Par contre, on a tous plus ou moins besoin de se sentir nécessaires ou aimés. » Il faudrait même dire : nécessaires parce qu’aimés.

    Cette réflexion vient inquiéter l’idée, admise depuis les Lumières, que la dignité serait un attribut de l’Homme et qu’elle consiste principalement en son autonomie. Décrivant en quelques lignes terribles les ravages de la vieillesse sur son corps, Houellebecq indique au contraire que le seul attribut de l’homme, c’est qu’il peut les perdre tous. La dignité est ce dont on manque. Elle est ce que nous prête autrui quand il prend soin de nous. Le bébé humain ne naît ni libre, ni égal en dignité. Il n’est pourvu d’aucun droit qu’il puisse se revendiquer. Il n’est qu’un cri, une supplique, pour celle et celui qui répondront de lui. S’il se sait digne, c’est dans les yeux de sa mère, tant que dure son regard. De même le croyant dans les yeux du Père.

    Aussi n’est-il pas d’expression plus menteuse que celle-ci : « Se draper dans sa dignité ». La dignité est ce dont celui qui m’aime me revêt. Laissé à moi-même, je suis nu. C’est dans cet esprit que s’achevait Sérotonine, le dernier roman de Houellebecq. Prenant le parti du Christ « devant l’endurcissement des cœurs », il demandait : « Ils ont tous les signes, et ils n’en tiennent pas compte. Est-ce qu’il faut vraiment, en supplément, que je donne ma vie pour ces minables ? Est-ce qu’il faut vraiment être, à ce point, explicite ? » La réponse surprend sous la plume d’un romancier qu’on croyait seulement cynique : « Il semblerait que oui. »

    La dignité, un attribut intrinsèque de ma personne ? Elle est au contraire ce qui tombe inlassablement de Dieu sur notre humanité. Elle est une bénédiction qui (re)vient de très loin, pour les frères minables que nous sommes. Elle ne tient jamais qu’à un fil, le fil de la relation. Qui n’a pas compris cela, qui imagine vivre par soi-même et pour soi-même, nie la dimension relationnelle de notre être.

    Puisque cette dimension est aussi politique, la condamnation par laquelle Houellebecq concluait son plaidoyer n’est pas que provocatrice : « Lorsqu’un pays (…) en vient à légaliser l’euthanasie, il perd à mes yeux tout droit au respect. Il devient dès lors non seulement légitime, mais souhaitable, de le détruire ; afin qu’autre chose (…) ait une chance d’advenir. »

    Cette autre chose est déjà advenue. Elle consistait en cette bonne nouvelle : « Nul ne vit pour soi-même et ne meurt pour soi-même. » (Rm 14, 7) Mais elle n’est plus pour notre monde une pierre d’angle. Le combat contre cette loi inique indique, au cœur de notre pays comme en chacun de nous, l’urgence de l’évangélisation.

    (1) Auteur de Marcher la nuit. Textes de patience et de résistance, Desclée de Brouwer, 320 p., 18,90 €.
  • Houellebecq, le bluff euthanasique et sœur Morphine

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    Houellebecq 20313494lpw-20313507-article-michel-houellebecq-confinement-coronavirus-jpg_7089608_1250x625.jpgLe débat euthanasique n’a hélas plus cours en Belgique : le pire est advenu et l’opinion inerte est chloroformée depuis longtemps déjà. Il n’en va pas encore de même en France. Entre autres, l’écrivain Houellebecq démontait, voici peu, la manipulation du discours publicitaire euthanasique avec l’objection retentissante d’un seul mot : la morphine. Oui, mais encore ? L’absence de douleur ne donne pas nécessairement un sens à la vie. Voici un commentaire D’Henri Quantin, lu sur le site web « aleteia » (21 avril 2021) :

    «De la récente tribune percutante de Michel Houellebecq contre l’euthanasie, beaucoup ont essentiellement retenu la conclusion : « Lorsqu’un pays — une société, une civilisation — en vient à légaliser l’euthanasie, il perd à mes yeux tout droit au respect. Il devient dès lors non seulement légitime, mais souhaitable, de le détruire ; afin qu’autre chose — un autre pays, une autre société, une autre civilisation — ait une chance d’advenir. » De la part d’un auteur qui préfère son travail de romancier aux postures des « guignols de l’engagement », la déclaration est de fait frappante. Aucun champion de la rébellion médiatique n’a, à notre connaissance, affirmé aussi clairement le droit non seulement à l’objection de conscience, mais même à l’insurrection salutaire. 

    La souffrance n’est plus un problème

    Il y a tout juste deux ans, le président Macron décorait Houellebecq de la légion d’honneur. À cette occasion, il tenta discrètement de minimiser la portée de sa critique de la Modernité, en le qualifiant de « romantique perdu dans un monde qui est devenu matérialiste ». Il aura sans doute quelques difficultés à réduire le propos à une mythologie adolescente de la révolte, héritée du XIXe siècle. Car l’argument principal de Houellebecq ne se trouve pas dans les nuages, mais dans la réalité la plus simple et dans un progrès décisif de la médecine, tout à fait compatible avec un monde matérialiste : la découverte de la morphine. Déjà au moment où l’État français décida de mettre à mort Vincent Lambert qui « n’était en proie à aucune souffrance du tout […] et n’était même pas en fin de vie », Houellebecq avait fait ce rappel magistral : « Une découverte extraordinaire, qui apportait une solution élégante à un problème qui se posait depuis les origines de l’humanité, a eu lieu en 1804 : celle de la morphine. Quelques années plus tard, on a vraiment commencé à explorer les étonnantes possibilités de l’hypnose. En résumé, la souffrance n’est plus un problème, c’est ce qu’il faut répéter, sans cesse, aux 95 % de personnes qui se déclarent favorables à l’euthanasie. »

    Houellebecq racontait qu’il avait connu lui-même des circonstances dans lesquelles il était prêt à supplier qu’on l’achève et qu’il avait suffi d’une piqûre de morphine pour que son point de vue change presque instantanément. 

    Étatisme et capitalisme réunis

    La grande force de Houellebecq est de mettre à nu en quelques mots les impostures du rouleau compresseur idéologique qui tente d’écraser toute objection. Houellebecq ôte à tous les arguments leurs parures compassionnelles et leurs atours publicitaires. La clé de voûte du « bluff technologique », jugeait Jacques Ellul, est la publicité. Le bluff euthanasique, qui n’est que l’application à l’homme des diktats de l’efficacité technique, fonctionne de la même façon. 

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  • Le Christ-Roi aujourd’hui : une doctrine en creux

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    Une réflexion de l’abbé Claude Barthe publiée dans « Res novae » :

    théorie des deux glaives images.jpg« Notre propos dans cet article n’est pas d’examiner des projets politiques qui pourraient avoir en vue, même lointainement, un idéal de chrétienté, mais seulement d’examiner comment le catholicisme d’aujourd’hui, plongé dans une situation d’ultra-laïcité, considère ou plutôt ignore la doctrine du Christ-Roi. Pour saisir le formidable hiatus historique auquel il est confronté, on peut mettre en regard le symbole exprimé dans le narthex de la basilique Saint-Pierre de Rome, par la présence, à droite et à gauche, des statues cavalières de deux « évêques de l’extérieur », Constantin et Charlemagne[1], manifestant ce que l’Église attendait des pouvoirs civils chrétiens : qu’ils soient les protecteurs de l’Église et comme des introducteurs de leurs peuples vers le royaume éternel ; et à l’inverse, le refus symbolique du Président Chirac, à Rome, le 29 octobre 2004, d’insérer dans la constitution de l’Europe la mention, pourtant presque honteuse tant elle était modeste, de ses « racines chrétiennes ».

    L’impossible laïcité

    Rémi Brague dans son ouvrage Sur la religion[2], qui certes apporte des éléments tout à fait opportuns dans le débat sur la présence envahissante de l’islam, exprime sur le fond, de manière assez radicale, la négation devenue commune de la doctrine du Christ-Roi, laquelle, pense-t-il n’a jamais eu de réalité. Selon lui, « l’Église et État n’ont jamais été séparés, parce qu’ils n’ont jamais été unis », il suppose donc que l’État serait par nature neutre. Et du coup, il prend en bonne part le terme de « séparation » de l’intitulé de la loi de 1905, qui abrogeait les dispositions du concordat de 1801[3].

    Et cependant, les pouvoirs religieux et civil sont inséparables et distincts, comme le naturel l’est du surnaturel, du fait que l’un et l’autre exercent une emprise globale sur les mêmes individus qui ne sont pas, de manière schizophrène, spirituels d’une part, et d’autre part temporels, plus précisément politiques, puisqu’ils sont des êtres politiques comme dit Aristote[4]. Pouvoirs inséparables et distincts, et jusqu’à un certain point autonomes[5] – à la différence de la fusion indistincte que prône l’islam.

    Au reste, rendant ainsi à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu, l’homme, dans les deux cas obéit à un pouvoir qui vient de Dieu (Rm 13, 1), dans l’ordre naturel pour le gouvernement de la Cité, et dans l’ordre surnaturel pour le gouvernement de l’Église. Mais César (les détenteurs du pouvoir civil), à l’image du père de famille, ne saurait être neutre, et a des devoirs religieux comme père de la Cité[6] et, comme tel, il doit créer toutes les conditions favorables pour que ceux dont il est chargé s’engagent librement dans la voie du salut éternel. 
    Léon XIII, dans Immortale Dei du 1er novembre 1885,explique que l’homme, destiné par Dieu à la béatitude éternelle que l’Église lui donne les moyens d’obtenir, a également grand besoin de la Cité terrestre pour parvenir à la perfection. C’est en effet le propre de la société civile (dans la mesure où elle cherche à poursuivre son but propre, c’est-à-dire de régler les réalités humaines selon la loi de Dieu), de conduire les membres de la Cité à mener sur la terre « une vie calme et paisible » (1 Tm 2, 2) en leur procurant le bien de la paix, le respect du juste, le cadre d’une vie honnête. Lorsque, au contraire, les institutions ne se réfèrent pas à la loi du Christ, c’est le salut du grand nombre qui est en péril. Et pire encore, lorsque ces institutions se sont données une essence laïque, hostile, du moins étrangère par nature à la loi du Christ.

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  • Bergoglio ou Imbroglio ?

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    Bergoglio 8513869_20171209-142400.jpgNotre confrère « Diakonos.be » publie cette traduction d’un récent article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso :

    « François, le pape qui s’autocontredit. Théorie et pratique d’un pontificat non-infaillible. Bravo à celui qui arrive à comprendre. Lisez plutôt :

    « Prenez quatre éléments : pour apprendre la réalité, il y a le concept et l’intuition et pour expliquer la réalité il y a les deux termes d’une antinomie. Ces quatre éléments entrent en tension entre eux. Nous ne pouvons pas dire que le signe de l’adéquation soit l’équilibre entre la réalité et le fait de la percevoir. Nous devons chercher un signe qui, en lui-même, renferme la tension des quatre éléments. À mon sens, ce signe est la consonance. »

    « La consonance dont le sujet qui connaît a l’expérience en lui-même est, dans ce cas, le reflet de la consonance qu’il y a entre la réalité en soi et la réalité connue. Je m’explique : celui qui connaît a une expérience directe de la consonance qu’il y a entre ce qu’il apprend et ce qu’il exprime. Sur base d’une telle consonance, il peut savoir quand on donne la consonance entre la réalité en elle-même et la réalité apprise. »

    « Saint Ignace utilise cette expérience pour s’assurer du fait qu’un esprit soit bon ou mauvais : la consonance figurée par l’eau qui tombe sur une éponge plutôt que sur la pierre. C’est une consonance ambivalente pour ce qui se réfère à l’identité des esprits, parce qu’il faut prendre son signe positif ou négatif de l’état habituel du sujet, qui soit monte du bien vers le mieux ou qui tombe de mal en pis ».

    Cet extrait que nous venons de citer est le cœur d’un texte inédit de Jorge Mario Bergoglio par lequel « La Civiltà Cattolica » a solennellement ouvert son dernier numéro afin d’en décortiquer le « style d’argumentation ».

    > Interpretare la realtà

    Ce texte remonte aux années 1987-88 et coïncide avec l’apogée du parcours intellectuel du jésuite argentin qui est aujourd’hui pape quand, alors âgé d’un peu plus de cinquante ans, il travaillait à une thèse de doctorat sur la pensée du théologien et philosophe Romano Guardini.

    Cette thèse n’a jamais été achevée, malgré que Bergoglio ait été envoyé en Allemagne pour cette raison. Mais un des chapitres, d’après l’auteur en personne, a été inséré tel quel dans « Evangelii gaudium », le document-programme du pontificat de François. Et il s’agit du chapitre avec les soi-disant « quatre postulats » si chers au pape actuel, selon lesquels le temps est supérieur à l’espace, l’unité prévaut sur le conflit, la réalité est plus importante que l’idée et que le tout est supérieur à la partie.

    À plusieurs reprises, le Pape François a reconnu qu’il avait une dette envers Guardini et en particulier avec son essai de 1925 « Der Gegensatz », en italien « L’opposizione polare ».

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  • Un aspect important de la vie du Prince Philip qui a été largement passé sous silence

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    De Patricia Gooding-Williams sur le site "Daily Compass" (version anglaise de la Nuova Bussola Quotidiana) :

    Le prince qui voulait devenir un virus mortel

    17-04-2021

    Il a fondé le WWF et, pour sauver l'environnement, aurait volontiers sacrifié une partie de l'humanité, déclarant même qu'il voulait se réincarner en virus mortel. Imprégné de l'idéologie néo-malthusienne, il a hérité et promu la culture eugénique. C'est la facette moins connue du mari de la reine Elizabeth, le prince Philip d'Édimbourg, dont les funérailles ont lieu aujourd'hui.

    "Dans l'éventualité où je me réincarnerais, j'aimerais revenir sous la forme d'un virus mortel, afin de contribuer à la résolution de la surpopulation." Cette phrase du prince Philip, dont les funérailles sont célébrées aujourd'hui au château de Windsor, dans le sud de l'Angleterre, met en lumière un aspect important de sa vie qui a été largement négligé par ceux qui commémorent son long héritage après sa mort, le 9 avril 2021.

    Contrairement à certaines de ses gaffes, il ne s'agissait pas d'un de ces commentaires improvisés qui ont assailli sa réputation. Au contraire, elle exprimait une conviction profonde qui a déterminé ses engagements durant sa vie active. La citation tirée d'une interview de 1988 confiée à la Deutsche Press-Agentur se retrouve dans de nombreuses autres interviews et conférences qu'il a données sur le thème de la conservation. La sauvegarde de l'environnement était un rôle qu'il assumait avec dévouement et qu'il appelait toutes les personnes en position de pouvoir à assumer également, car par défaut, elles ont un impact direct sur le comportement de ceux qui leur sont inférieurs.

    Mais dans le cas hypothétique de sa réincarnation, le fait que le duc d'Édimbourg veuille revenir sous la forme d'un virus mortel pour "guérir" le monde de sa maladie présumée, la surpopulation, en tuant des millions de personnes, a laissé tout le monde pantois. Qui plus est, il a omis de dire si les immenses souffrances qu'il infligerait à ceux qu'il infecterait le préoccupaient un tant soit peu.

    Pourtant, le contrôle de la population, comme le suggère son commentaire, n'était pas l'objectif principal du prince Philip, il était le moyen d'atteindre une fin. La préservation d'un environnement durable est sa préoccupation et, à son avis, la croissance démographique incontrôlée est le cancer qui, s'il n'est pas traité, conduira à sa disparition. Il voyait la question de la croissance démographique incontrôlée de la même manière non sentimentale qu'il voyait la nécessité d'abattre les animaux afin de maintenir l'équilibre délicat de la durabilité naturelle. Le Prince Philip a très bien expliqué son point de vue en utilisant l'exemple du succès d'un projet des Nations Unies dans les années 1940 qui a éradiqué la malaria au Sri Lanka. "Ce que les gens ne réalisaient pas, c'est que la malaria contrôlait en fait la croissance de la population. La conséquence a été que la population a doublé en 20 ans environ. Maintenant, il faut trouver quelque chose à faire pour tous ces gens et un moyen de les nourrir."

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  • Comment la "révolution woke" s'est emparée des Etats-Unis

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    De Claire Meynial (envoyée spéciale aux États-Unis) sur le site du Point via ce blog :

    Comment le « wokisme » s’est emparé de l’Amérique

    Ils veulent imposer une vision de la société fondée sur la race et le genre. Né aux États-Unis, le mouvement woke (éveillé) gagne le monde.

    15/04/2021

    Cela a commencé en 2014. Meghan Daum, essayiste, a remarqué les interpellations sur Twitter. Sur les campus, on parlait beaucoup d’agressions sexuelles. « Tout nommer ainsi pouvait nuire aux vraies victimes.En tant que femme, je voulais que nous nous percevions comme fortes, pas infantilisées. » L’éditorialiste du Los Angeles Times se rend bientôt à l’évidence : « Le second degré que j’écrivais en 2008, que tout le monde comprenait, ne passait plus. Ces conversations se sont étendues à la race, puis à d’autres sujets. » Meghan Daum réserve désormais ses idées iconoclastes à son podcast « Unspeakable » (indicible). Le podcast est devenu, pour tous les penseurs qui résistent au wokisme, terre d’asile. Ils sont de plus en plus nombreux à prendre le droit de continuer à penser.

    Être « woke » (participe passé du verbe « éveiller » que certains Afro-Américains utilisent à la place de « awake »), c’est, comme le chante, en 2008, l’artiste hip-hop Erykah Badu, être conscient des inégalités. « What if there was no niggas, Only master teacher ? (I stay woke) » : « Et si on arrêtait de traiter les gens de nègres, qu’on ne parlait d’eux qu’avec respect ? (Je fais gaffe) » L’expression « politiquement correct » était employée par les conservateurs, à la fin du XXe siècle, pour dénigrer les méthodes et le langage de gauche à l’université. Le terme « woke » est, lui, revendiqué par la gauche. En 2014, Michael Brown est tué par la police à Ferguson et Black Lives Matter prend de l’ampleur. #StayWoke est affiché sur les pancartes. Le terme est ensuite utilisé par les détracteurs des excès des « progressistes », notamment parce qu’il « annule » ceux qui s’y opposent (à la « call-out culture », celle de l’invective, succède la « cancel culture » : des interventions sont annulées, des profs et des journalistes, licenciés).

    Culture de la sécurité. Dans The Coddling of The American Mind (« Le dorlotement de l’esprit américain »), Jonathan Haidt et Greg Lukianoff exposent les facteurs qui l’ont favorisé. Les enseignants actuels sont des baby-boomers influencés par les manifestations des années 1960. Le ratio entre ceux qui se disent conservateurs et « libéraux » (de gauche) est d’un pour dix-sept (en 2016). Les étudiants, nés dans une Amérique traumatisée par des enlèvements d’enfants, ont été élevés par des « parents paranoïaques » qui les ont surprotégés. Les suicides d’adolescents des années 2010 ont accentué la culture de la « sécurité ». Dressés pour entrer dans une bonne université, ils ont multiplié les cours de chinois ou de piano au détriment du jeu sans supervision adulte, où ils apprennent à interagir et négocier. Résultat, ils pensent, à 18 ans, qu’un intervenant dont les idées les dérangent est « violent » et qu’il faut punir un étudiant qui ne pense pas comme eux, plutôt que de débattre avec lui. Ils en réfèrent à un adulte, le directeur, qui souvent fait de la « sécurité » intellectuelle une priorité. Les réseaux sociaux et les concepts de justice sociale mal maîtrisés accentuent la dérive. Greg Lukianoff est à la tête depuis 2001 de la Fondation pour les droits individuels dans l’éducation (FIRE). Depuis 2013, les étudiants estiment devoir être protégés par (et non de) la direction.

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  • Le racialisme : une révolution

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    Mathieu Bock-Côté : « Le racialisme est un totalitarisme »

    Du site de l'hebdomadaire Le Point (entretien réalisé par Laetitia Strauch-Bonart) via "Pour une école libre au Québec" (également via Memorabilia):

    14 Avr 2021

    « Privilège blanc », « blanchité », « racisme systémique »… Pour l’auteur de « La Révolution racialiste » (Presses de la Cité), un nouveau régime rééducateur se profile et doit être ardemment combattu.

    À ceux qui prendraient les injonctions « diversitaires » du moment pour une vague révolte, le sociologue et essayiste québécois Mathieu Bock-Côté répond sans ambages : « Non, Sire, c’est une révolution. » Après ses explorations sans concession du multiculturalisme et du politiquement correct, le chroniqueur au Figaro complète, dans La Révolution racialiste, un essai dense et incisif, sa trinité anti-woke par le passage au crible de cette tendance croissante qu’ont nos sociétés à caractériser les individus par leur couleur de peau. « Liberté, égalité, racisé. e. s » pourrait être la devise de ces nouveaux sans-culottes, qui invitent l’Occident à expier son « péché blanc ». Bock-Côté, fièrement indépendantiste, est bien placé pour observer (et craindre) un mouvement tout droit venu des États-Unis, inoculé au Québec et qui tente de s’introduire en France. « En temps de révolution, qui est neutre est impuissant », écrivait Victor Hugo. C’est aussi le message de notre auteur — et il est urgent de l’entendre.

    Le Point — Qu’est-ce que le « racialisme » ?

    Mathieu Bock-Côté — Il s’agit d’une idéologie qui fait de la race le concept fondamental autour duquel construire notre représentation du monde. Il clive les sociétés occidentales entre Blancs et racisés — notre société serait un système producteur de différences raciales dissimulant la suprématie blanche derrière la fiction de l’universalité et racisant les populations minoritaires en les refoulant à la périphérie de la l’ordre social dans une situation de subordination perpétuelle.

    Chacun est assigné à sa race : le Blanc doit y consentir pour renoncer à son privilège blanc, le racisé est appelé à en faire un principe de revendication pour inverser le stigmate qui l’a marqué. En fonction de sa position sur le spectre racial, on est soit appelé à l’autocritique pénitentielle, soit transformé en figure messianique. Le racialisme opère un renversement orwellien de notre définition du racisme.

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  • "Agir en liberté : le rôle de la volonté"; conférence par Stéphane Mercier, le 20 avril (Philo à Bruxelles)

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  • La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques (recension)

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    Du site "Pour une école libre au Québec" :

    La Révolution racialiste, et autres virus idéologiques (recension)

    8 avril 2021

    Mathieu Bock-Côté, sociologue bien connu, va publier un nouvel essai à Paris le 15 avril 2021. Voici la recension de son nouvel ouvrage par Michel de Jaeghere publiée dans Le Figaro Histoire (avril-mai 2021).

    IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION

    Nous croyons trop souvent avoir affaire à des échappés de l’asile.

    Devant les délires de la cancel culture [culture du bâillon], le boycottage vertueux de Sylviane Agacinski, l’interruption violente des représentations d’une pièce d’Eschyle, ou la justification balbutiante de réunions non mixtes, réservées aux « non-Blancs », par la présidente de l’Unef, nous avons le sentiment d’assister à de déplorables sorties de route, témoignant que la montée de l’intolérance est corrélée à celle de la bêtise. Nous sourions de l’extension illimitée du domaine de la lutte. De la multiplication des phobies traquées par les experts auto proclamés de la sociologie comme par leurs servants du monde médiatique, vigilants de la conscience morale ou professionnels de l’indignation, vérificateurs de faits du politiquement correct associant l’arrogance du bas clergé à la science confuse de Diafoirus, et prompts à recueillir les humeurs des représentants des minorités ethniques ou sexuelles avec une servilité de domestiques.

    La Révolution racialiste, le nouveau livre de Mathieu Bock-Côté, vient mettre fin à notre insouciance. Il nous révèle qu’il ne suffit pas d’éteindre nos télévisions non plus que de déserter les réseaux sociaux pour échapper au cirque. Les thèmes mis en circulation, depuis cinquante ans, par les tenants du décolonialisme, pourfendeurs du racisme systémique ou militants de l’indigénisme qui ont prospéré sur les campus américains ou dans les universités françaises, ne relèvent pas d’une polémique absurde. Ils forment une « idéologie toxique », un corpus doctrinal d’une cohérence redoutable.

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  • Quand est venu le temps de la peur...

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    De la Revue Catholica (Bernard Dumont), numéro 151 :

    Le temps de la peur

    5 Avr 2021

    En 2009, Jacques Attali, qui assume volontiers un rôle de conseiller du prince, avait émis une sentence qui acquiert aujourd’hui un relief particulier : « L’Histoire nous apprend que l’humanité n’évolue significativement que lorsqu’elle a vraiment peur[1] ».

    La formule est grandiloquente mais elle suggère une intention politique derrière la généralité du propos. Pour ceux qui entendent profiter d’une occasion telle que l’actuelle attaque virale mondiale pour orienter le cours des choses dans le sens qui leur convient, il est utile d’obtenir la soumission des masses par un moyen psychologique plutôt que seulement par l’usage de la force. Dans cette optique que l’on peut qualifier d’économique, il est tout naturel que l’utilisation de la peur soit un ingrédient privilégié de la fabrique du consentement, de la propagande de guerre à la « communication sociale »[2]. Il s’agira donc d’alterner séduction et menace, promesse de protection et annonce des pires calamités en fonction de l’acceptation ou du rejet des contraintes imposées.

    Parmi les nombreuses – et inégales – analyses des manipulations qui se sont multipliées depuis l’irruption du dernier coronarirus, un documentaire belge[3] produit l’extrait d’une conférence donnée par un important virologue, belge lui aussi, Marc Van Ranst, en 2019, au Royal Institute of International Affairs, à Londres. Cet autre conseiller du prince y explique avec complaisance comment il avait déjà procédé, dix ans auparavant, pour obtenir une réaction massive en faveur de la vaccination contre le virus H1N1. Tout d’abord, il avait pris contact avec des journalistes afin d’être considéré comme « l’expert incontournable » et toujours disponible, ensuite il leur avait répété avec insistance un message alarmiste et compté sur eux pour le diffuser avec toute la dramatisation souhaitée, sur le thème : le vaccin ou la mort[4]. La peur est donc utilisée non pas tant pour briser les résistances que pour obtenir l’acceptation volontaire de toutes sortes de contraintes, y compris lorsqu’elles sont déclassées pour être remplacées par d’autres présentées comme tout aussi impératives. Que le procédé puisse servir à satisfaire des intérêts particuliers ou des projets de domination sous couvert d’expertise, ou qu’il soit simplement un instrument de fortune au sein d’une société de masse sensible aux émotions plus qu’aux arguments élaborés, le fait est là.

    L’instrumentalisation de la peur a fait l’objet d’études scientifiques, au même titre que d’autres éléments entrant dans le champ de la psychologie des masses. Serge Tchakhotine, disciple de Pavlov, estime, dans son maître livre Le viol des foules par la propagande politique, une première fois réédité en 1952, et adapté à la situation alors actuelle du monde, que l’« on vit sous deux facteurs capitaux, qui ont la même origine – la peur, la Grande Peur Universelle. D’un côté, c’est la peur de la guerre […] celle de la bombe atomique ; de l’autre, la peur qui est à la base de méthodes actuelles de gouvernement : le viol psychique des masses. » Un peu plus loin, Tchakhotine précise, sur le même registre : « Aujourd’hui, le viol psychique des masses est sur le point de devenir une arme d’une extrême puissance et épouvantablement dangereuse. Les découvertes scientifiques récentes contribuent à ce danger dans une mesure jusqu’alors insoupçonnée même dans ce domaine. C’est la télévision qui menace de devenir un véhicule terrible du viol psychique.[5] »

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