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Idées - Page 31

  • "L’Union européenne ne s’assume pas comme puissance et se renie comme civilisation" (Boualem Sansal)

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    Du site du Figaro via artofuss.blog :

    Boualem Sansal: «Où va l’Europe?»

    TRIBUNE – Le grand écrivain algérien, réputé pour son indépendance d’esprit, et qui vit en Algérie envers et contre tout, est tourmenté par le destin du Vieux Continent. L’Union européenne ne s’assume pas comme puissance et se renie comme civilisation, juge-t-il.

    2 juillet 2021.

    Auteur de plusieurs dizaines d’ouvrages, Boualem Sansal a été révélé par Le Serment des barbares (Gallimard, 1999) et a ensuite publié, notamment, Le Village de l’Allemand ou Le Journal des frères Schiller (Gallimard, 2008), couronné par quatre prix, 2084. La Fin du monde (Gallimard, 2015), grand prix du roman de l’Académie française, et Le Train d’Erligen ou La Métamorphose de Dieu (Gallimard, 2019). Dernier roman paru: Abraham ou La Cinquième alliance (Gallimard, coll. «Blanche», 2020, 288 p., 21 €).


    Avant de chercher cela, demandez-vous d’abord: qui la pilote? Comme j’ai eu moi-même à le constater, vous ne tarderez guère, chers amis de là-bas, à découvrir que personne autour de vous ne le sait et ne sait même comment le trouver pour apprendre de lui ce qu’il voudra bien vous révéler: quel est son nom, qui l’a mandaté, où vous mène-t-on et s’il le sait lui-même, qu’il le dise: c’est quoi l’Europe et à quoi elle sert dans le schéma mondial dominé par l’équipe gagnante du millénaire, les onze vraies grandes puissances: les USA, la Chine, l’Allemagne, la Russie, le Royaume-Uni, Israël, la Turquie, l’Iran, le Qatar, l’Arabie, la Corée du Nord. La volonté de puissance et de domination est un cardinal essentiel de leur personnalité.

    Les questions sont ainsi, une fois lâchées, elles se hèlent les unes les autres avec une urgence fiévreuse dans le ton.

    À un certain niveau d’ignorance et de déception, on est condamné à imaginer le pire et le pire n’a pas de fin. Dans ce territoire perdu situé entre le Maroc et la Tunisie, d’où je vous adresse cette alerte, je peux vous le dire, le pire est passé par-là et n’a rien laissé derrière lui, rien. Chacun doit au moins savoir cela pour sa gouverne: c’est quoi, le pire chez lui et à quel stade il est?

    On peut en disputer encore et encore mais à un moment il faut s’arrêter et reconnaître la réalité: l’Europe a toutes les apparences d’une chose qui n’existe pas, n’a jamais existé, comme Europe, la déesse aux grands yeux de la mythologie grecque qui lui a donné son nom. Soit dit en passant, Arès, le dieu de la guerre, eût été tout désigné pour l’accompagner, il aurait transmis un peu de vigueur aux enfants de la belle. La guerre et la gloire, il n’y a que ça de vrai et tout l’art du guerrier est de ne la faire que pour gagner, et en cas de doute quant à son issue, la rendre impossible jusqu’à ce que le vent tourne à son avantage.

    C’est rageant de s’être tant questionné pour au final se voir moins avancé qu’au départ où au moins on avait des illusions et le plaisir d’y croire.Dans ce territoire perdu situé entre le Maroc et la Tunisie, d’où je vous adresse cette alerte, je peux vous le dire, le pire est passé par-là et n’a rien laissé derrière lui, rien. Chacun doit au moins savoir cela pour sa gouverne : c’est quoi, le pire chez lui et à quel stade il est ?

    Oublions cette Europe, la mythique, enlevée et abusée par Zeus puis offerte en cadeau de mariage à un mortel qui n’avait rien de fameux, le roi de Crète, et l’historique, trahie par les siens et livrée au moloch de Wall Street, et regardons un peu cette chose pénible, bien réelle elle, l’Union européenne, une colonie marchande inféconde, sans peuple ni mythologie mais avec un drapeau et un hymne, des institutions dans tous les coins et des démembrements à tous les étages, le tout actionné à hue et à dia par des officiers de la coloniale insipides et arrogants: «Je vous administre de loin, je n’ai pas à venir vous visiter et manger le même pain que vous.» Avez-vous entendu cela? Moi, si, et ça m’a rappelé un temps que les moins de 20 ans…

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  • Décolonialisme: l’université de Kisangani s’insurge contre la « falsification de l’histoire »

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    De Marie-France Cros sut le site web de La Libre Afrique :

    Stan 64 9a67c8188c822b79a6eb12eeeebd6cfc.jpg"La polémique en Belgique au sujet du “décolonialisme” – mouvement d’effacement des œuvres coloniales porté par des organisations antiracistes à la suite des protestations, aux États-Unis, contre l’assassinat du noir Georges Floyd par un policier blanc – se nourrit d’une participation inattendue. L’Université de Kisangani – ex-Stanleyville – s’inquiète, en effet, de la stigmatisation des para-commandos belges qui, le 24 novembre 1964, mirent fin aux exactions des rebelles Simbas dans cette ville.

    En juillet 2020, sept associations d’anciens para-commandos et officiers belges ayant servi en Afrique avaient protesté auprès du Musée royal d’Afrique centrale de Tervuren au sujet de la nouvelle présentation d’une des sculptures de l’époque coloniale ornant la grande rotonde de l’établissement. L’œuvre d’Arsène Matton, “La Belgique apportant la sécurité au Congo” représente la Belgique protégeant dans les plis de son drapeau un homme et un enfant endormi. À cette statue (comme aux quinze autres de la grande rotonde) est maintenant superposé un voile semi-transparent, où est imprimée une image post-coloniale censée créer “un choc visuel et sémantique, permettant une lecture nouvelle d’un lourd patrimoine”.

    Ce voile représente un militaire en arme, avec le texte : “Un para-commando belge à Stanleyville en 1964, lors de l’écrasement des rebelles Simba. L’indépendance formelle du Congo en 1960 est loin d’avoir sonné le glas des interventions étrangères”. La première phrase a fait tiquer les associations plaignantes, qui avaient écrit une lettre ouverte au directeur général du musée, Guido Gryseels, y voyant une “atteinte à l’honneur et à la réputation des para-commandos belges”.

    Plainte en justice

    Ayant opté pour une vision “décoloniale” de son travail, ce dernier avait refusé de changer quoi que ce soit au dispositif. En janvier dernier, les associations de paras avaient donc cité à comparaître devant le tribunal de première instance francophone de Bruxelles, Pierre-Yves Dermagne (PS), du cabinet du ministre du Travail et de l’Économie et compétent pour la Politique scientifique, et le secrétaire d’État Thomas Dermine (PS), qui a la Politique scientifique dans ses attributions.

    L’affaire n’a pas encore été jugée. Mais les paras belges ont reçu un appui inattendu de six chercheurs en histoire du Droit et professeurs de l’Université de Kisangani – nouveau nom de Stanleyville.

    Dans un ouvrage collectif sous la direction du professeur Ursil Lelo di Makungu, vice-doyen à la faculté de Droit de cette université, les auteurs soulignent “la grande difficulté” de “la transmission de la vérité vécue d’un peuple à une certaine période bien précise”. Et d’ajouter que “si la colonisation ne peut pas être considérée comme une valeur, elle ne peut pas non plus être considérée comme une permission pour la falsification de l’histoire”. Et de mettre en garde contre “la falsification de l’histoire par les mouvements antiracistes et décoloniaux en Belgique et en Europe”.

    Les auteurs estiment que l’opération “Dragon Rouge” du 24 novembre 1964 était “une intervention d’humanité”. Et de rappeler que le gouvernement – rebelle à Léopoldville (ancien nom de Kinshasa) – de Christophe Gbenye retenait des centaines d’otages européens à Stanleyville. Lorsque les parachutistes belges prirent la ville, le 24 novembre,  ils “libérèrent environ 2.000 Européens, dont une centaine furent massacrés”, selon l’historien Isidore Ndaywel. Le 26 novembre, une opération de même type avait été menée à Paulis, où d’autres otages européens étaient prisonniers des Simbas. La défaite du gouvernement Gbenye ramènera Stanleyville et sa région dans le giron de l’État central.

    “L’unanimité de l’histoire orale”

    Les auteurs observent une “tension” à l’Onu entre les principes d’intervention humanitaire et de respect de la souveraineté d’un État. Mais assurent que le voile dénigrant l’opération “Dragon Rouge” qui a été déposé sur la statue du Musée de Tervuren “pose problème aussi pour les Stanleyvillois” parce qu’il “frise une contre-vérité face à l’unanimité de l’histoire orale racontée par les anciennes générations […] mais également les survivants de la guerre des rébellions, qui ne cessent de considérer cette opération comme essentiellement une opération d’humanité”.

    Les auteurs insistent : les Boyomais (NDLR : habitants de Stanleyville/Kisangani) “considèrent cette révision volontaire et fantaisiste (NDLR : de l’histoire) comme un manque de respect considérable envers les morts et rescapés bénéficiaires de l’opération “Dragon Rouge”, un acte de mépris envers les otages, les victimes et les morts des graves massacres des rebelles Simbas, qui sont restés impunis”.

    Rappelons que les rebelles Simbas avaient tué plusieurs dizaines d’Européens, missionnaires et civils, et des milliers de Congolais. Le consul de Belgique à Stanleyville, Patrick Nothomb (futur père de l’écrivain Amélie Nothomb) a fait une description saisissante de ces jours de peur dans son livre “Dans Stanleyville”, où il raconte la plus grande prise d’otages du XXè siècle".

    Ref. Décolonialisme: l’université de Kisangani s’insurge contre la « falsification de l’histoire »

    Quand les Congolais du Congo disent non aux falsifications « indigénistes » de leur histoire nationale : à verser au dossier des idéologues du Musée de Tervuren et de la Commission parlementaire belge qui prétendent rectifier l'histoire du Congo. Sur le même thème voir aussi notre écho à la parution de la trilogie  « Le Roi génial et batisseur de Lumumba » et singulièrement le troisième tome: Le Congo, 135 ans et +  publié voici peu par Marcel Yabili, avocat congolais de Lubumbashi (Elisabethville)

    JPSC

  • Fin du sacré, fin de la civilisation ?

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    Un échange entre Michel Onfray et Patrick Buisson où il est question de la perte du sacré et de la spiritualité :

    Fin de civilisation ?  Sur le même sujet, un commentaire de Gérard Leclerc extrait du site web de "France Catholique" :

    "Le cardinal De Kesel, archevêque de Bruxelles-Malines, vient de publier un essai sur la situation des chrétiens dans une société qui n’est plus chrétienne (Foi & religion dans une société moderne, Salvator). Faute de l’avoir lu, je ne me permettrai pas d’interpréter sa pensée. Je m’interroge néanmoins sur l’analyse qu’il peut faire de cette société. S’il lui accorde des crédits, quels sont-ils ? Peut-être ses jugements sont-ils accordés à la complexité du monde actuel. Mais je me pose tout de même une question. Signale-t-il le basculement spirituel, moral, d’une civilisation qui, de chrétienne, est devenue a-chrétienne ? Un Chesterton, un Bernanos étaient particulièrement sensibles à un tel basculement, car pour eux, un monde qui avait perdu le sens de Dieu, était mûr pour les pires déviations.

    Athéisme et christianisme

    Ce qui me frappe, aujourd’hui, c’est que ce sont le plus souvent des non-chrétiens, ou des gens éloignés de la pratique religieuse, qui se montrent les plus attentifs au caractère judéo-chrétien de notre civilisation et à la perte irréparable que constitue le naufrage de cet héritage. Le cas de Michel Onfray est particulièrement significatif. Il a commencé sa carrière philosophique à l’enseigne d’un athéisme revendiqué et d’une déconstruction du christianisme. Et voilà qu’il déclare dans Le Figaro du 18 juin : « Je regrette le déclin de la civilisation judéo-chrétienne, je me bats pour elle.  » . De ce déclin, il nous offre une analyse qui fait plus que froid dans le dos et qui devrait singulièrement alerter tous ceux qui, du côté chrétien, chantent les louanges de notre bel aujourd’hui. Le mieux est de le citer longuement.

    «  La fin du sacré tuile avec la prochaine civilisation qui sera probablement post-humaniste. Rien ne pourra moralement interdire son avènement qui s’effectue avec d’actuelles transgressions qu’aucune éthique, aucune morale ne saurait arrêter. L’intelligence artificielle qui crée des chimères faites d’humain et d’animaux, la marchandisation du vivant, l’abolition de la nature naturelle au profit de l’artifice culturel, constituent une barbarie qui, un jour, sera nommée civilisation, car toute civilisation nouvelle est dite un jour barbare par les témoins de ceux qui voient la leur s’effondrer. Nous sommes dans le temps nihiliste du tuilage qui tuile la décomposition et le vivant (…). Eu égard à ce qui nous attend, et en regard de l’idéologie “woke“ qui travaille à l’avènement de ce nouveau paradigme civilisationnel, bien sûr que je regrette la civilisation judéo-chrétienne. Pour l’heure, je me bats pour elle.  »

    Le rôle des non-chrétiens

    Voilà qui contraste avec les complicités des chrétiens qui saluent sans regrets «  feu la chrétienté  ». Faut-il donc un non-chrétien pour mesurer les dégâts irréversibles d’une mutation de civilisation ? Peu importe que je sois en désaccord avec Michel Onfray sur la cause de ce décrochage. Cause qu’il attribue à une Renaissance qui annoncerait les Lumières. Érasme et Pic de la Mirandole sont des génies chrétiens qui attestent combien l’humanisme post-médiéval ne va pas sans un ressourcement aux origines chrétiennes. Fides et ratio marchent de concert. Mais le problème actuel n’est pas là. Il réside dans une déshumanisation consécutive à une déchristianisation. « Ôtez le surnaturel, écrivait Chesterton, et il ne reste plus que ce qui n’est pas naturel. »

    JPSC

  • Chasser le latin et le grec de l'Université ?

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    D'Alice Develey sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    La culture «woke» veut chasser le grec et le latin des universités américaines

    ENQUÊTE – L’Université de Princeton a décidé que le grec et le latin ne seraient plus obligatoires en lettres classiques. Raison: la pression du courant «woke», réduisant la culture antique à une société esclavagiste et raciste. Une dérive dangereuse qui pourrait gagner la France, où l’enseignement classique ne cesse d’être fragilisé.

    24 juin 2021

    En décembre 2020, Andrea Marcolongo est conviée par l’université de Columbia afin de discuter de l’importance du latin et du grec. «Je m’imaginais prendre l’avion, traverser l’Atlantique et arriver à New York pour parler des langues anciennes, c’était assez poétique dans mon idée.» Mais, à cette époque, le monde se confine et voilà l’auteur de La Langue géniale contrainte de mener cette conversation derrière un écran d’ordinateur. Il est 22 heures chez elle lorsque la conférence commence. L’helléniste revient sur son parcours et ses livres, quand un élève l’interpelle: «Comment peut-on lire Homère alors qu’il était raciste et misogyne?» La connexion est bonne, mais Andrea Marcolongo craint d’avoir mal compris: «Je suis désolée, je ne comprends pas votre propos.»L’étudiant répète sa question en la justifiant. «J’avais l’impression qu’on avait lu deux auteurs différents», déplore Andrea Marcolongo.

    On pourrait croire que cette scène est un incident isolé dans la vie universitaire. Or, dans les couloirs des plus prestigieux établissements américains, à Stanford, une cohorte de plus en plus nombreuse brandit des théories indigénistes, raciales et décoloniales, braillant de plus en plus fort.

    À Princeton, Dan-el Padilla Peralta, professeur de lettres classiques, accuse son propre enseignement de perpétuer une «culture blanche» et désire tout simplement l’éradiquer. Une prise de position qui lui a valu les honneurs du New York Times. Conjointement à cette idéologie, sur la page web, Diversity and Equity, de son département, il est écrit, sans équivoque, que la culture gréco-romaine a «instrumentalisé, et a été complice, sous diverses formes d’exclusion, y compris d’esclavage, de ségrégation, de suprématie blanche, de destinée manifeste, et de génocide culturel». Comment s’étonner, dans ces conditions, que les autorités universitaires de Princeton aient décidé qu’il ne serait plus obligatoire pour les étudiants en lettres classiques d’apprendre le latin et le grec? Si travailler sur Aristote ou Ésope risque de transformer les élèves en fascistes…

    Vision identitaire et caricaturale

    «Cela va tout à fait dans le sens des modes intellectuelles d’outre-Atlantique: déconstruction, post-colonialisme, anti-impérialisme, islamo-gauchisme, ultraféminisme», explique à Paris Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences morales et politiques, auteur d’un remarquable roman sur l’Antiquité tardive, Dardanus.

    La «woke culture», de l’anglais woke, «éveillé», impose une vision identitaire du monde et caricature les questions raciales. Les lettres classiques font les frais de cette maladie qui gangrène le monde américain. Cela explique que, lorsque des «woke» – qui ne comprennent l’histoire qu’en termes de domination et de privilège – étudient la vie à Rome et à Athènes, ils crient au racisme. «Ils détestent l’idée que l’Occident puisse constituer une civilisation dont les fondements sont gréco-romains. Il n’y a que la “blanchité”», analyse Raphaël Doan, agrégé de lettres classiques.

    Bien sûr, les sociétés antiques antéchrétiennes étaient inégalitaires et esclavagistes. Il ne s’agit pas de le nier, mais d’étudier ces faits dans leur contexte. Or, la vérité historique n’intéresse pas les «woke». Qu’importe que les statues de l’Antiquité fussent peintes, à leurs yeux elles sont blanches aujourd’hui! Qu’importe si, comme le remarque Doan, «ni les Grecs ni les Romains ne différenciaient les individus par la couleur de leur peau», l’anachronisme vaut bien une polémique! C’est le règne de l’opinion sur le fait. L’essentiel n’est pas ce qui est vrai, mais ce que l’on ressent comme vrai.

    Les «woke» se sentent blessés et voudraient faire table rase d’un passé qu’ils fantasment. L’ennui, «c’est que cela n’a aucun sens de plaquer des opinions et jugements de valeurs actuelles sur une situation qui date d’il y a deux millénaires», dit encore Jean-Robert Pitte. Cela crée un relativisme historique qui laisse penser que chaque génération est coupable aux yeux de celle qui la suit. Pourquoi serait-ce la faute d’Homère, de Platon ou d’Alexandre si des antiracistes voient dans leurs œuvres de quoi nourrir leurs angoisses et leurs obsessions?

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  • Quand un sociologue prône le recours à la Tradition

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    Du site de l'Harmattan :

    LE RECOURS À LA TRADITION

    La modernité : des idées chrétiennes devenues folles

    Michel Michel - Préface de Fabrice Hadjadj

    Collection : Théôria

    Livre papier : 29 €     JE COMMANDE

    Version numérique : 22,99 €   JE TÉLÉCHARGE LE PDF

    DETAILS

    Dans une modernité en déroute, l'auteur, sociologue, appelle au recours à la Tradition, celle du pérennialisme. Non pas par nostalgie, mais parce que les principes qui fondent le monde moderne (individualisme, croyance au Progrès, « désenchantement du monde » rationaliste) sont, pour paraphraser Chesterton, des « idées chrétiennes devenues folles ». À bien des égards la modernité est la fille révoltée du christianisme. C'est pourquoi il a été plus facile à l'Église « d'aller aux barbares » que de résister à ses propres hérésies. À la fin du XXe siècle, la pastorale ne s'est pas contentée de « s'adapter » au monde, mais semble s'être massivement ralliée à la modernité. Le monde passe ; aussi le ralliement de l'Église à la « religion séculière » prométhéenne qui nous domine est le plus inefficace parce que cette religion est en déclin. La Tradition n'est pas le culte des cendres, mais la préservation du feu. Avec la postmodernité, y recourir est la plus probable arche de salut pour passer le naufrage annoncé.

    • Date de publication : 17 juin 2021
    • Broché - format : 13,5 x 21,5 cm • 288 pages
  • Comprendre et combattre le « racialisme »

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    De Ludovic Lavaucelle sur la Sélection du Jour :

    Pour comprendre et combattre le « racialisme »

    Christopher F. Rufo, journaliste américain à la pointe du combat contre l’idéologie racialiste (« Critical Race Theory » ou CRT), a publié une vidéo qui décrit les origines et le projet politique de la CRT, et propose une stratégie pour contrecarrer ses objectifs (voir vidéo de 17’58’’ en lien ci-dessous).

    Le « racialisme » est dérivé du marxisme (0’27’’). Dès les années 30, des philosophes comme Herbert Marcuse ou Theodor Adorno (dits de « l’école de Francfort ») ont développé la « théorie critique ». C’est une philosophie sociale, inspirée des principes énoncés par Karl Marx, selon laquelle l’homme ne peut s’extirper de sa condition que par une déconstruction des structures sociétales et culturelles.

    Dans les années 60, l’échec communiste était déjà patent et les héritiers de « l’école de Francfort » réprouvaient l’autoritarisme du régime soviétique (1’28’’). L’appel à la lutte des classes n’avait aucune chance de provoquer une révolution dans les démocraties occidentales en plein essor économique.

    Les adeptes de la « théorie critique » (1’58’’) ont cherché un nouvel angle pour justifier leur idéologie progressiste. Profitant des troubles sociaux dans le sillage de la lutte pour les droits civiques, ils ont abandonné la dialectique de la lutte des classes pour la lutte raciale. Sur ce terrain sont nés des mouvements radicaux comme les « Black Panthers ». Ils s’opposaient à l’État Providence inauguré aux Etats-Unis par le Président Lyndon Johnson (2’48’’) et le combat pacifique de Martin Luther King. Il s’agissait de renverser le pouvoir plutôt que de réformer le système. Mais cette radicalisation est restée confinée à l’extrême-gauche…

    Le « racialisme » est né dans les années 90 en puisant ses sources dans la théorie critique et le post-modernisme (3’40’’). Souvent désigné par ses promoteurs par des euphémismes comme la recherche de « l’équité », de la « justice sociale » ou encore « de la diversité et de l’inclusion », le racialisme a pénétré les campus universitaires.

    Les racialistes considèrent que le principe d’égalité face à la loi est un camouflage permettant de maintenir l’oppression du « suprémacisme blanc » et du « patriarcat » (4’37’’). Ils rejettent la liberté d’expression et la non-discrimination. Le principe d’équité divise la société entre groupes raciaux concurrents (5’07’’). Pour cela, la discrimination est souhaitable pour que toutes les communautés se retrouvent sur un pied d’égalité.

    On revient aux sources communistes en annulant le droit à la propriété (5’25’’), symbole de la suprématie blanche. Il faut saisir et redistribuer les biens sur une base raciale. Le capitalisme doit faire place au collectivisme.

    On préconise l’ouverture d’un ministère de l’antiracisme avec le pouvoir d’abolir les lois et de contrôler le travail des parlementaires (5’40’’).

    Après être resté confiné dans les milieux universitaires, le racialisme est maintenant omniprésent dans la fonction publique américaine (6’30’’). La théorie est devenue matière d’enseignement dans les écoles publiques, et constitue une base incontournable des formations dans les entreprises multinationales.

    Cette infiltration a été facilitée par le manque de réaction du public (8’58’’). Le « politiquement correct » a découragé toute discussion sur les sujets sensibles. La « cancel culture » a accru la pression grâce aux médias sociaux politisés et à la menace de perdre son travail.

    Les écoles sont devenues des organes de propagande et les départements de ressources humaines des officines de rééducation (9’30’’). On ne traite plus les opposants de « fascistes » mais de « racistes ». Mettre en doute les préceptes racialistes devient une preuve de culpabilité.

    Comme toute idéologie totalitaire, le « racialisme » propose une relecture de l’histoire (10’57’’). Par conséquent, toutes les institutions doivent être remises en question, voire renversées car construites sur 200 ans d’esclavage, de racisme et de violence.

    L’opposition intellectuelle s’est contentée jusqu’à récemment de mettre en évidence ses incohérences (11’50’’). Cela permet aux racialistes de rester sur le terrain abstrait qu’ils affectionnent. Il faut au contraire, explique Christopher Rufo, les confronter aux conséquences politiques de leurs idées (12’30’’).

    Le combat politique se livre à plusieurs niveaux (13’31’’). Des États (républicains) commencent à bannir, par décret, l’endoctrinement racialiste à l’école. Des procès vont aussi être ouverts contre l’appel à la haine raciale ou encore les atteintes à la liberté d’expression. Enfin, la mobilisation de terrain monte, des parents d’élèves et d’employés de toutes origines, contre les pratiques orwelliennes dans les écoles et grandes entreprises.

    Pour élever le débat (15’57’’), il faut promouvoir la recherche de l’excellence et non la diversité comme but en soi. Le courage de se rassembler est la clé de la victoire (17’20’’). On peut réduire au silence un dissident, mais c’est beaucoup plus difficile face à des groupes organisés.

    Pour aller plus loin : What Critical Race Theory has wrought

  • Soljenitsyne plus actuel que jamais

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    De Didier Desrimais sur Causeur via artofuss.blog :

    Soljenitsyne et nous …

    L’actualité brûlante du discours d’Harvard

    En 1978, Soljenitsyne, dans son célèbre discours d’Harvard diagnostique les causes de la décadence de l’Occident : l’absence de spiritualité et le déclin du courage. Il dénonce les trahisons des élites. Pour lui, le communisme, comme le monde occidental, conspirent contre la vie intérieure. Quarante ans après, son discours reste d’une brûlante actualité et jamais l’Occident n’a semblé autant manquer de courage.


    En juin 1978, Alexandre Soljenitsyne, qui réside depuis deux ans aux États-Unis, est invité par l’université de Harvard à prononcer un discours (Le déclin du courage, éditions Les Belles Lettres). Alors que professeurs et étudiants attendent un éloge de l’Occident, le dissident va dire ses quatre vérités au “monde libre” : « Non, je ne peux pas recommander votre société comme idéal de transformation de la nôtre. » Pour Soljenitsyne, si le communisme a ôté toute “vie intérieure” à l’homme, l’Occident, d’une autre manière, ne fait pas autre chose. Cinquante ans plus tard, ce discours peut être lu comme un texte prophétique.

    Le déclin du courage est peut-être ce qui frappe le plus un regard étranger dans l’Occident d’aujourd’hui

    Mobilisés entièrement à vivre dans le confort de « la foire du commerce », préoccupés par cette seule recherche d’un bonheur factice « bien loin de favoriser [leur] libre développement spirituel », les Occidentaux sont devenus faibles. En même temps que s’effondrent la spiritualité, l’art, la recherche de la vérité et l’envie d’une vie commune héritière des siècles chrétiens, la “vie juridique” prend le pas sur tout et « crée une atmosphère de médiocrité morale qui asphyxie les meilleurs élans de l’homme. » Soljenitsyne voit s’élever les réclamations de groupes pour lesquels le bien commun est sans intérêt et seul compte le droit absolu de “moi” : « La défense des droits de l’individu est poussée jusqu’à un tel excès que la société elle-même se trouve désarmée devant certains de ses membres. » Les actuelles revendications diversitaires aboutissent à la prise de pouvoir par des minorités vindicatives. Le désir de chaque “moi” se transforme en droit-créance : la société tout entière doit se plier à ces exigences individuelles au risque de passer pour rétrograde et arriérée. L’absence de courage et l’aveuglement des élites occidentales qui ont accepté et parfois devancé et légalisé les exigences des minorités s’accompagnent d’une effrayante duplicité quand il s’agit de faire passer en catimini les lois les plus destructrices pour notre civilisation, comme cela s’est passé tout dernièrement pour la loi dite bioéthique en France.

    La perversion de la presse

    Soljenitsyne critique la presse (et les mass médias en général) : propagandiste, elle pervertit, selon lui, l’opinion publique. Surtout, et c’est une surprise pour cet homme venu de l’Est totalitaire, « si on prend la presse occidentale dans son ensemble, on y observe des sympathies dirigées en gros du même côté (celui où souffle le vent du siècle) […] et tout cela a pour résultat non pas la concurrence, mais une certaine unification. » Cinquante ans plus tard, aux États-Unis, les journaux démocrates mènent la chasse jusque dans leurs colonnes et licencient les journalistes qui ont eu l’outrecuidance de réfléchir et de refuser de s’agenouiller devant les nouvelles lubies diversitaires ou progressistes. En France, nous voyons une vigilante presse de gauche distribuer les bons et les mauvais points et réclamer que soient censurées certaines chaînes d’info, certains éditorialistes ou magazines qui ont l’inconvénient de penser autrement qu’elle. 

    Au mitan de son discours, Soljenitsyne terrasse son auditoire : « Le système occidental, dans son état actuel d’épuisement spirituel, ne présente aucun attrait. La simple énumération des particularités de votre existence à laquelle je viens de me livrer plonge dans le plus extrême chagrin. »

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  • Employer le mot de féminicide n’a rien de neutre

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    Une tribune de Bérénice Levet dans le Figaro relayée par l'Homme Nouveau (Au quotidien, n°227):

    Vigoureuse tribune dans le Figaro (14 juin 2021) de la philosophe Bérénice Levet qui décrypte les sous-entendus idéologiques d’un vocabulaire qui s’impose dans nos vies par le biais des grands médias et des associations féministes.

    Les choses se sont incontestablement précipitées ces derniers temps. Il est désormais entendu qu’un homme qui tue son épouse, son ex-épouse, sa conjointe ou son ex-conjointe commet un « féminicide ». Et, signe des temps, sept ans après le dictionnaire Le Robert, l’édition 2022 du Larousse intronise ce vocable forgé dans l’arsenal du militantisme féministe.

    Le mot n’a en effet rien de neutre. Il est imprégné d’idéologie et charrie avec lui une interprétation de la réalité. L’adopter, c’est ratifier un certain récit, une certaine intrigue.

    Je n’ignore rien de l’atmosphère dans laquelle nous baignons. Mettre en question le mot, ce serait minimiser la chose. Le sophisme est évident, et grossier. Que le meurtre d’une femme soit un mal absolu ne souffre pas de discussion. Quasiment élevée au rang de langue officielle, la langue des féministes a acquis une autorité et une légitimité exorbitantes. Bien parler, bien penser, ce serait dire et penser la condition des femmes en puisant dans les catégories importées pour l’essentiel du féminisme américain. Nous ne devons pas nous laisser intimider. Ce n’est pas seulement la liberté d’expression qui est menacée, mais d’abord, et surtout peut-être, de manière plus préoccupante encore, ce qui la sous-tend, et qui est au fondement de notre civilisation : la passion de comprendre, la passion d’interroger, la passion de la vérité et de la réalité. (…)

    C’est la réalité qui est en jeu, et elle seule doit être notre maître. Nous sommes ses obligés. (…)  N’est-ce pas la moindre des choses que de s’étonner, de se demander : que dit-on lorsque l’on parle de « féminicide » ?

    « Féminicide, lit-on dans Le Larousse : meurtre d’une femme ou d’une jeune fille en raison de son appartenance au sexe féminin. » Le néologisme a en effet été conçu dans les années 1970 pour signifier que les femmes sont tuées parce que femmes, en tant que femmes.

    La lecture de la définition ne rend-elle pas à elle seule éclatante la faille qui est au cœur de ce mot, le vice de forme ? L’homme qui tue sa compagne ou son ex-compagne ne tue pas une femme, il tue sa femme, la femme avec laquelle il vit ou avec laquelle il a vécu, avec laquelle il a peut-être eu des enfants. Féminicide il y aurait si quelque homme ou quelques hommes réunis s’emparaient d’un groupe de jeunes filles ou de femmes et les vouaient à la mort, les exterminaient pour la seule raison d’être nées femmes. Ce serait la seule acception rigoureuse.

    Premier vice, première faille. Ce mot fige chacun des deux sexes dans une essence, d’un côté, l’homme, sempiternel persécuteur, de l’autre, la femme, éternelle victime, perpétuelle proie de cet inaltérable prédateur. Reconduisant toute histoire particulière à une intrigue extrêmement sommaire, mettant aux prises un bourreau et sa victime, le bien et le mal, la victime perd toute singularité, toute unicité, tout visage. Elle n’est plus une femme avec sa personnalité, elle n’est plus un être de chair et de sang, elle devient la représentante d’une espèce, une généralité. D’être unique, elle déchoit au rang de simple représentante d’une espèce. Ce terme, censé rendre hommage aux femmes « tombées sous les coups » de leur compagnon ou ex-compagnon, produit l’effet exactement inverse : la victime se trouve dépossédée de son identité personnelle. Il est des hommages plus généreux, on me l’accordera.

    Il ne reste rien de l’unicité d’une vie. Rien de la singularité d’une histoire, de leur histoire exclusive et prise dans un faisceau de complexités. Que l’ambiguïté, l’ambivalence de certaines histoires individuelles vienne à être rappelée, nos activistes ne se laissent pas ébranler, ils ont à leur disposition, toute dégoupillée, une grenade qu’il tienne pour fatale : l’« emprise ».

    Cela ne retire absolument rien au caractère abominable de ces meurtres que d’admettre qu’ils s’inscrivent dans des histoires fatalement, et en l’occurrence funestement, mêlées, emmêlées. Mais précisément, la complexité, c’est ce avec quoi les militants, quels qu’ils soient au demeurant, sont fâchés, et contre quoi même ils sont en rébellion.

    Si le mot est défendu avec une telle ardeur et une telle obstination par les féministes, c’est qu’il présente, à leurs yeux, au moins, deux vertus : restreindre le terme d’« homicide » aux victimes de sexe masculin et imposer un terme équivalent pour les femmes ; élever le meurtre d’une femme, d’acte individuel au rang de « fait de société » et donc incriminer la structure même de nos civilisations.(…)

    On l’aura compris, employer le mot de féminicide n’a rien de neutre. (…) Nous avons là un exemple remarquable de la manière dont la novlangue féministe s’infiltre dans le langage ordinaire, avec la complicité ardente et zélée des politiques et de la plupart des médias. Et l’effet toxique, recherché par ses militants, est de criminaliser les hommes dans leur ensemble et aussi de jeter la suspicion sur l’hétérosexualité : la rencontre d’un homme et d’une femme, l’homme étant ce qu’il est, dans la logique néoféministe, est toujours susceptible de tourner à la tragédie.

    Le mot est donc une arme dirigée d’abord contre les hommes, contre notre civilisation. Le banaliser engage.

  • Au risque de l’histoire : l’Eglise et les Lumières

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    Une émission de Christophe Dickès sur KTO:

    Au milieu du XVIIIe siècle, le pape Clément XIII remet vigoureusement en cause la philosophie des Lumières. Par son encyclique Christianæ reipublicæ salus (Le salut du peuple chrétien), publiée en 1766, il en condamne les principes et les oeuvres. L’oeuvre de Rousseau mais aussi celle de l’Encyclopédie sont mises à l’Index (fameuse liste de livres dont la lecture était interdite par l’Eglise). Premier texte dogmatique d’un catholicisme intransigeant, Clément XIII peut biaiser ici notre lecture des rapports entre l’Eglise et Les Lumières. Comment en est-on arrivé là ? A-t-il existé des papes « éclairés » ? Rome fut-elle, tout au long du XVIIIe siècle, une capitale culturelle dans le sillage intellectuello-artistique de la Renaissance ? Les Lumières furent-elles d’ailleurs un sérieux sujet de préoccupation de l’Eglise ? Grâce à Albane Pialoux et Olivier Andurand, l’émission Au risque de l’histoire propose de considérer les événements dans leur contexte et toute leur complexité:

    JPSC

  • La place de l’homme dans la nature : la réponse d'Alain de Benoist aux antispécistes

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    De gènéthique.org :

    La place de l’homme dans la nature. Réponse aux antispécistes – Alain de Benoist

    9 Juin 2021

    L’irruption des antispécistes dans l’actualité a au moins le mérite de nous inciter à renouveler notre réflexion sur la place de l’homme dans la nature, et plus particulièrement dans le monde des êtres vivants. En réalité, cette question n’est pas nouvelle : les « philosophes » des « Lumières » récusaient déjà la notion de nature humaine spécifique, prétendant avec Voltaire notamment, qu’entre l’huître et l’homme il n’existe pas de différence de nature, mais seulement de degré.

    Les élucubrations des antispécistes, qui prétendent attribuer aux animaux le statut de personnes, sont donc des avatars des déclarations de Diderot, Helvétius, d’Holbach, d’Alembert et consorts ; mais ils tirent des conséquences extrêmes de leurs postulats en attribuant nombre de caractères anthropomorphiques aux animaux tels que leur niveau de conscience et d’aptitude à la communication et à la vie en société,  leur prétendu rapport au temps, à  leur « histoire », etc…Et de revendiquer pour eux des droits, rattachés ou au moins semblables aux «Droits de l’Homme » !

    Dans cet ouvrage court, mais très dense, fourmillant de références philosophiques, Alain de Benoist nous propose de revenir avec le plus de rigueur possible au bon sens, en revenant à des questions un peu oubliées : quelle est notre part d’animalité ? Disposons-nous d’une nature humaine spécifique qui nous distingue des animaux ? Quels sont les rapports entre nature et culture ?

    Pour Alain de Benoist, il n’est pas question de nier notre part d’animalité, ni de récuser la puissance du fait biologique dans notre « étant », mais il se livre à une comparaison éclairante ; il constate que l’animal est un être « achevé », en ce sens qu’il est pleinement conforme et adapté à une place irrévocablement déterminée dans la nature : il possède tout ce qu’il lui est nécessaire pour cela : mâchoire puissante, pelage ou fourrure, flair, nageoires…En face et en revanche, l’homme apparaît comme un être « en manque » : ses sens, ses forces, et jusqu’à sa physiologie le rendent faible et vulnérable dans un environnement hostile ; pour survivre, puis prospérer, il lui a fallu se vêtir, fabriquer des armes et des outils, communiquer avec autrui, organiser sa vie en société ; c’est cette plasticité qui lui a permis de s’adapter à tous les climats et de « coloniser » la terre entière ; c’est cette ressource inventive que l’auteur appelle « l’esprit », qui le distingue de l’animal, lui permet de conjurer ses faiblesses et d’amasser les éléments qui finissent par constituer une culture.

    Ces lignes ne donnent qu’un aperçu bien parcellaire de cet ouvrage foisonnant de réflexion, de nuances, et de perspectives. Sa lecture, quoique parfois un peu ardue à cause de la complexité du sujet, est un salutaire exercice d’approfondissement de notre condition d’homme, animal exalté par l’esprit.

    Editions: La Nouvelle Librairie

    Nombre de pages: 178

    Date de parution: Décembre 2020

  • "Des passions aux vertus, de la vertu au bonheur"; philo à Bruxelles le 15 juin avec Stéphane Mercier

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    https://www.youtube.com/watch?v=fd8Axmuxe6w

  • Dérivons-nous vers un "totalitarisme soft" ?

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    Du site de La Nef :

    Vers un soft totalitarisme ?

    L’Américain Rod Dreher et le Québécois Mathieu Bock-Côté ont chacun publié un essai percutant sur nos dérives modernes (1). Confrontation de deux intellectuels à contre-courant de l’idéologie dominante.

    • Mathieu Bock-Côté est sociologue, chargé de cours à HEC Montréal et chroniqueur, au Figaro notamment. Il a publié au Cerf Le multiculturalisme comme religion politique (2016) et L’empire du politiquement correct (2019).
    • Rod Dreher est écrivain et journaliste, chroniqueur à The American Conservative, ancien collaborateur du New York Times. D’origine protestante, il s’est converti au catholicisme (1993) puis à l’orthodoxie (2006) et s’est fait connaître en France avec Le pari bénédictin (Artège, 2017).

    La Nef – Comment résumeriez-vous les principaux dangers qui menacent nos démocraties occidentales et jugez-vous qu’il existe un risque sérieux de dérive vers une forme de totalitarisme ?

    Mathieu Bock-Côté – Quoi qu’en disent ceux qui ne veulent rien voir, le régime diversitaire impose partout un contrôle idéologique de plus en plus sévère des populations, comme s’il fallait transformer les sociétés occidentales en vaste camp de rééducation idéologique. Que l’on parle de la situation dans l’université, dans les médias ou dans l’entreprise privée, le wokisme se normalise et vire à l’inquisition. À travers lui, le politiquement correct se fanatise. Au cœur de cette dynamique idéologique, on trouve la diabolisation de celui qu’on appelle l’homme blanc qui doit s’agenouiller, s’autocritiquer et même s’autodétruire, pour que le monde renaisse, sous le signe de la révélation diversitaire. Toutes les sociétés occidentales seraient structurées autour de la suprématie blanche, et elles devraient s’y arracher. C’est ainsi seulement que le « racisme systémique » s’effondrera, ce qui exige toutefois une reconstruction intégrale de toutes les relations sociales et un contrôle permanent de la parole publique, pour éviter que des propos transgressant l’orthodoxie « inclusive » et diversitaire se fassent entendre. Les majorités historiques occidentales prennent le relais du Vendéen et du koulak dans l’histoire du bouc émissaire : elles sont traitées comme le bois mort de l’humanité.

    Alors pour répondre à votre question, je crois, oui, que nous sommes devant une tentation totalitaire : la résistance des peuples est extrême-droitisée, la dissidence est assimilée à la haine, les lois pour combattre cette dernière sont de plus en plus coercitives, la phobisation de l’adversaire politique devient la norme, et à travers cela, on rêve de fabriquer un nouvel homme nouveau, reniant à jamais sa filiation occidentale pour renaître purgé de son passé. L’histoire s’accélère : l’inquisition woke représente le 1793 du régime diversitaire.

    Rod Dreher – Nous sommes déjà dans ce que j’appelle un « soft totalitarisme ». Je l’appelle soft ou doux pour plusieurs raisons. Premièrement, comme il ne ressemble pas à la version soviétique, avec les goulags, il est plus difficile à détecter. Deuxièmement, il fait croire qu’il est plein de compassion envers les victimes. Pourtant, c’est toujours du totalitarisme ! Il y a vingt ans, René Girard l’a compris. Il disait : « Le processus actuel de démagogie spirituelle et de surenchère rhétorique a transformé le souci des victimes en un commandement totalitaire et une inquisition permanente. »

    Un ordre totalitaire est un ordre dans lequel il n’y a qu’un seul point de vue politique acceptable, un ordre dans lequel toute la vie est politisée. Cet ordre est en train de conquérir les institutions de la vie dans l’Anglosphère à une vitesse stupéfiante. Ce qui est doux aujourd’hui va devenir dur.

    Soljénitsyne a dit que le communisme a conquis la Russie parce que « les hommes ont oublié Dieu ». C’est vrai pour nous aussi, à notre époque et dans notre pays. Nous avons tourné le dos à Dieu et constatons qu’il est impossible de construire une civilisation vivifiante sans Lui. Michel Houellebecq est un grand diagnosticien du malaise fatal de l’Occident. Lorsque la dimension transcendante de la vie a été oubliée, ou qu’elle est niée, les gens tentent de combler le vide de Dieu en eux par le sexe, le shopping et l’hédonisme. Et lorsque cela ne fonctionne pas, ils se tournent vers une pseudo-religion politique.

    Le livre de Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme (1951), étudie la façon dont l’Allemagne et la Russie sont tombées dans le totalitarisme. Tous les signes majeurs identifiés par Arendt sont présents aujourd’hui, en particulier notre profond sentiment d’atomisation sociale, notre amour de la transgression et notre mépris de la vérité.

    Lire la suite de ce dialogue sur le site de La Nef

    Lire également : https://lincorrect.org/rod-dreher-la-meilleure-chose-a-faire-est-de-chercher-a-survivre-tout-en-etant-isoles-lincorrect/