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Idées - Page 55

  • Pour faire face aux bouleversements à venir

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    Du site "Ichtus.fr" :

    PROPORTION IS BEAUTIFUL

    Mathématicien et philosophe, auteur de l’essai 'Une question de taille' (Éd. Stock, collection Les essais, 2014), Olivier Rey invite notre Modernité à retrouver le sens des proportions.

    La sobriété nous sera imposée par les circonstances, par l’état du monde. Les dernières décennies écoulées, de consommation à outrance, ayant fait la preuve que ladite consommation n’apporte nullement un bonheur et un épanouissement sans précédents, la perspective de revenir à des modes de vie plus sobres n’a rien d’effrayant. Ce qui l’est, en revanche, c’est l’ampleur de la transition à effectuer en un temps très restreint. La cure de désintoxication menace d’être très brutale et, comme il n’existe pas d’institution à même de prendre en charge le patient le temps qu’il trouve un nouvel équilibre, la détresse accompagnant le sevrage risque d’engendrer des crises profondes, provoquant de terribles dégâts.

    C’est pourquoi il importe :
    - premièrement, de faire évoluer nos modes de vie aussi vite que possible, pour essayer de devancer,si peu que ce soit, le choc contre le mur de la nécessité, et de lisser, autant que faire se peut, les bouleversements que nous aurons à vivre ;
    - deuxièmement, de donner un sens positif à ces bouleversements. Il s’agit de comprendre que les changements majeurs qui nous attendent portent véritablement en eux la promesse d’une vie meilleure. En être conscient sera une ressource considérable pour nous aider à traverser les phases ingrates de la transition, et à faire que ces phases soient, précisément, les moins ingrates possible.

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  • Vivons-nous une époque apocalyptique ?

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    Du blog de la lettre d'information de Denis Sureau "Chrétiens dans la Cité" (15 juillet) :

    Vivons-nous des temps apocalyptiques?

    Écrivain et peintre catholique canadien de 71 ans, auteur de nombreux et bons romans (notamment Père Elijah, Une île au cœur du monde...), Michael D. O'Brien se pose la question dans un essai intitulé  L'Apocalypse(Salvator, 156 p., 17 €) :  vivons-nous des temps apocalyptiques? Il n'y répond pas en annonçant la fin imminente du monde (sans l'exclure pour autant), ni en disséquant le dernier livre de la Bible, mais en incitant son lecteur à la vigilance et au discernement. Son diagnostic de l'état présent est sans complaisance : "La Bête qui est maintenant tout autour de nous dévore les innocents à des nombreux niveaux de notre société."  Dans notre époque  sombre et antéchristique, dominée par un matérialisme totalitaire "mou" (quoique parfois aussi violent, comme le montre le regain des persécutions) et une apostasie croissante des anciennes nations chrétiennes, l’Église ne peut qu'être un signe de contradiction, une force de résistance. Et pourtant, déplore Michael D. O'Brien, les chrétiens sont souvent tièdes, et donc vulnérables aux tromperies de l'Adversaire. Il veut les secouer, en les aidant à voir le monde avec lucidité mais sans avoir peur, en cultivant foi, espérance et amour. Un essai tonique.

    Voir aussi : https://www.pierre-et-les-loups.net/l-apocalypse-avertissement-esperance-et-consolation-le-nouveau-livre-de-michael-o-brien-306.html

  • L’écologie politique nous rend malthusiens et inhumains

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    De Laurent Alexandre sur le site du "Figaro Vox" :

    L’écologie politique, un anti-humanisme?

    Publié

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour le médecin et essayiste Laurent Alexandre, si la crise environnementale est une réalité, elle ne justifie pas pour autant un discours malthusien. Il s’inquiète en particulier d’une «euthanasie écologique» prônée par certains collapsologues.


    Laurent Alexandre est chirurgien-urologue, diplômé de Sciences Po, HEC et l’ENA, auteur de plusieurs essais dont L’IA va-t-elle aussi tuer la démocratie? coécrit avec Jean-François Copé (JC Lattès, 2019).


    La préoccupation légitime pour l’environnement se transforme en guerre.

    Tous les signes d’un totalitarisme vert se déploient sous nos yeux: propagande massive et manipulation de la jeunesse, recul des libertés, psychiatrisation des opposants et désormais euthanasie écologique passive des inutiles. Luc Ferry avait craint dès 1992, cette dérive de l’écologie politique. Les prêcheurs d’apocalypse écolocatastrophistes instrumentalisent Greta Thunberg pour imposer aux jeunes une réduction massive de leurs libertés en les persuadant qu’on brûlera dans l’enfer du réchauffement climatique, sauf s’ils acceptent une dictature verte moyenâgeuse. L’astrophysicien Aurélien Barrau explique qu’il faut «faire la guerre à la fin du monde» ce qui transforme la préoccupation légitime pour l’environnement en guerre qui justifie le recul des libertés! La bloggeuse Nathalie MP s’alarme: «La guerre a ceci de bien pratique qu’elle autorise tous les états d’urgence, tous les couvre-feux, tous les rationnements et toutes les mesures d’exception».

    Pour sauver le monde de la catastrophe, il faut réduire au silence ceux qui n’adhérent pas à l’imminence de la fin du monde. «Plus personne de normalement cérébré ne doute de la catastrophe» explique l’astrophysicien. Les gens qui ne croient pas à la fin du monde sont donc décérébrés. Aurélien Barrau doit être prudent: ce sont des mots qu’utilisait l’administration Brejnev au temps de l’URSS pour interner en hôpital psychiatrique les opposants et les bourrer de neuroleptiques comme s’ils étaient schizophrènes. Les opposants aux écologistes ne sont pas nécessairement malades. Faut-il me rééduquer parce que j’ai la conviction que la militante Fred Vargas a tort d’annoncer, contre tout réalisme, qu’à 1,5 degré de plus, la moitié de l’humanité mourra du réchauffement climatique et 6 milliards à plus 2 degrés?

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  • On lit Simone Weil comme on tombe amoureux...

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    De RCF :

    Simone Weil, l'attente comme art d'aimer

    Présentée par Diocèse de Metz

    DURÉE ÉMISSION : 55 MIN

    Simone Weil, l'attente comme art d'aimer

    Par Martin Steffens, professeur de philosophie au lycée Georges de la Tour de Metz, et spécialiste de la figure de Simone Weil.

    On lit Simone Weil comme on tombe amoureux: après cela, rien n'est plus jamais facile. L'amour, pour Simone Weil, relève, d'un non "faire", mais d'une attente. Nous sommes, dit-elle, comme des amoureux en avance sur l'heure du rendez-vous.

  • Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène...

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    Du site de La Nef :

    La science, un chemin vers Dieu

    L’objet de ce livre (1) est de mettre en lumière une idée formulée au XIXe siècle par Louis Pasteur, à savoir que si « un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène ». La même idée a été reprise récemment par le physicien américain Stephen Bar, selon qui les « révolutions » scientifiques du XXe siècle « nous ont ramenés à une conception de l’univers, des êtres humains et de notre place dans l’univers qui est beaucoup plus en conformité avec les idées juives et chrétiennes traditionnelles qu’avec le matérialisme et l’athéisme ».

    Depuis les Lumières, on s’est acharné à nous convaincre qu’il n’y a pas d’autre raison que scientifique. On va jusqu’à nier la possibilité même d’une raison métaphysique et à affirmer qu’il y a incompatibilité entre science et foi chrétienne. Selon Bertrand Russell (1872-1970), il faut nous résigner à « bâtir nos vies sur le solide fondement du désespoir », toute croyance religieuse n’étant que superstition.
    Pour défendre la foi aujourd’hui, il faut, d’une part, expliquer comment on en est venu à prétendre que science et foi sont incompatibles, d’autre part, montrer comment le christianisme, loin d’avoir nui au développement de la science, l’a soutenue et encouragée.

    Première étape : mettre en lumière le fait que le vieux contentieux entre science et religion ne repose nullement sur des considérations scientifiques ou théologiques, mais bien sur un conflit opposant les tenants d’un rejet a priori, et donc dogmatique, du surnaturel et les tenants d’une pensée rationnelle ouverte au surnaturel. On pourrait donc parler d’un conflit entre naturalistes dogmatiques et surnaturalistes rationnels.

    Une telle distinction n’est pas le reflet d’un parti pris idéologique : elle repose sur les témoignages des personnes concernées. Ainsi le biologiste américain Richard C. Lewontin explique que, pour les naturalistes, « la question n’est pas que les méthodes et institutions de la science nous obligent en quelque sorte à accepter une explication matérielle du monde phénoménal, mais, au contraire, que nous sommes forcés par notre adhésion a priori aux causes matérielles de créer un système d’analyse et un ensemble de concepts qui produisent des explications matérielles ». Le philosophe américain Thomas Nagel n’en pense pas moins, pour qui « la crainte de la religion » pèse lourdement sur la pensée de ses collègues naturalistes, à tel point que cette crainte « a des conséquences importantes et souvent pernicieuses sur la vie intellectuelle moderne ». On pourrait multiplier à l’infini de telles citations.

    Mais il n’y a pas que les aveux des naturalistes qui nous autorisent à dénoncer la prétendue incompatibilité entre science et religion. Il y a aussi les données sociologiques. Selon une étude du Pew Research Center effectuée en 1996, par exemple, 40 % des scientifiques américains disent croire en un Dieu personnel et 45 % disent ne pas y croire. Fait plus étonnant encore, plus un scientifique est jeune, plus il est susceptible de croire en un Dieu personnel.

    Deuxième étape : rappeler l’apport du christianisme au développement de la science. Contrairement aux idées reçues, les racines lointaines de la science moderne ont été plantées, non pas au XVIIe siècle, mais dans le terreau fertile du vieux monde gréco-romain et de l’Occident médiéval chrétien. Comme l’a bien expliqué l’historien américain des sciences Edward Grant, quatre facteurs ont permis à l’Europe médiévale de préparer la voie à la révolution scientifique du XVIIe siècle :
    a) la traduction vers le latin des textes scientifiques grecs et arabes aux XIIe et XIIIe siècles ;
    b) la création à la même époque par l’Église catholique des universités, lesquelles se sont empressées d’utiliser les traductions latines comme point de départ d’une étude des sciences naturelles ;
    c) l’adaptation de la tradition chrétienne à l’enseignement de ces sciences ;
    d) la transformation de la philosophie aristotélicienne. Loin d’avoir retardé ou bloqué le développement de la pensée scientifique, l’Église catholique en a été un puissant vecteur.

    La science ne comporte aucune vérité qui puisse en principe être contraire à la foi en Dieu. Seule une fausse philosophie des sciences peut lui être contraire. Dans la mesure où elle met en lumière la beauté et l’intégrité de sa création, la science ne peut qu’affermir notre relation à Dieu.

    Richard Bastien

    (1) Richard Bastien, Le crépuscule du matérialisme, Salvator, 2019, 192 pages, 20 €.
    Journaliste et économiste canadien, Richard Bastien est membre fondateur de la revue Égards et directeur de la Ligue catholique des droits de l’homme (Ottawa) ; il a précédemment publié Cinq défenseurs de la foi et de la raison. Newman, Chesterton, Lewis, Kreeft, MacIntyre, Salvator, 2018, 200 pages, 20 €.

    © LA NEF n°316 Juillet-Août 2019

  • Le transhumanisme mène à la mort de l'humain

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    Du site de Marianne.net :

    "La nécrophobie des transhumanistes est mortifère"

    Pour Jacques Luzi, le transhumanisme, issu de l'idéologie du Progrès, mène à la mort de l'humain.

    Jacques Luzi est animateur de la revue Écologie et politique et auteur d'Au rendez-vous des mortels : Le déni de la mort dans la culture moderne de Descartes au transhumanisme(La Lenteur).

    Le transhumanisme, qui prétend pouvoir "tuer la mort" est-il un anti-humanisme ? Pour Jacques Luzi, animateur de la revue Écologie et politique et auteur d'Au rendez-vous des mortels : Le déni de la mort dans la culture moderne de Descartes au transhumanisme (La Lenteur), c'est une évidence. Radicalisation du projet moderne d'organiser rationnellement la société autour des technosciences, le transhumanisme rejetterait la finitude de la condition humaine. Jacques Luzi revient avec nous sur cette idéologie défendue principalement, mais pas exclusivement, par des libertariens de la Silicon Valley. 

    Propos recueillis par Kévin Boucaud-Victoire

    Marianne : Comment définissez-vous le transhumanisme ? En quoi représente-t-il un danger ?

    Jacques Luzi : Le transhumanisme est une pensée libertarienne qui prône l’usage dérégulé de la technologie [la rationalisation scientifique de la technique] pour outrepasser les limites de la condition humaine : abolir les frontières de la vie terrestre, étendre indéfiniment des capacités corporelles et intellectuelles par la fusion de l’humain et de la machine "intelligente", accéder à l’immortalité.

    Cette pensée est née dans les années 1980 en Californie, avec la volonté explicite d’affranchir le déploiement des nouvelles technologies (nano, bio, IA) de tout encadrement, dénoncé comme l’expression d’une "technophobie" obscurantiste.

    À présent, ce discours, bénéficiant de moyens financiers gigantesques (émanant des GAFA), s’est internationalisé et a pénétré l’ensemble des milieux politiques. En France, la nébuleuse transhumaniste va de Mélenchon à Luc Ferry, en passant par l’écologiste Didier Coeurnelle.

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  • L'identité selon Bart De Wever

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    De Paul Vaute*,

    L'IDENTITÉ SELON BART DE WEVER

       "Les sociétés qui ne disposent pas d'un consensus minimum sur une série de valeurs et de normes fondamentales sont condamnées à sombrer". Ainsi s'exprime Bart De Wever, en se référant à Alexis de Tocqueville, dans le livre qu'il a publié en avril dernier, avec pour titre très sobre: Sur l'identité [1]. Si le moment de la parution, à quelques semaines du scrutin du 26 mai, était médiatiquement opportun, la vision ici proposée porte bien au-delà d'un horizon électoral. Elle mérite d'autant plus d'être examinée sérieusement.

       Bien sûr, le président de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) ne manque pas de réitérer le credo séparatiste / confédéraliste de son parti, tout en écornant au passage quelques mythes pourtant chers au biotope nationaliste. Nous y reviendrons. Mais l'essentiel du propos est inspiré par une inquiétude, largement partagée, devant ce qui menace aujourd'hui ces fondements sociétaux indispensables évoqués par Tocqueville. Sont visés, d'une part, le relativisme culturel et l'autoculpabilisation du monde occidental, favorisés par "le climat intellectuel prédominant de l'autodestruction postmoderne" [2], d'autre part, l'immigration de masse incontrôlée, implantant dans le pays d'accueil une religion qui défie ses valeurs. Sur ce second point, en dépit de la modération affichée par le commun des fidèles, le mot "défier" n'est pas excessif au regard, par exemple, des résultats du sondage mené par le sociologue néerlandais Ruud Koopmans chez les Belges d'origine turque ou marocaine et se disant musulmans: 60 % ne veulent pas d'un ami homosexuel, 56,7 % estiment que les Juifs ne sont pas dignes de confiance et 63 % sont convaincus que l'Occident veut anéantir l'islam [3].

    HORS DES LUMIÈRES, PAS DE SALUT 

       L'image est trop tentante d'un monde qui se vide spirituellement et axiologiquement, face à une force qui ne peut qu'aspirer à combler le creux. Bart De Wever, qui est historien de formation, sait toutefois qu'"une identité saine ne se replie jamais sur elle-même, mais s'efforce au contraire de rester un instrument dans la quête perpétuelle de synthèse et de cohésion" [4]. D'entrée de jeu, le livre nous convie à un regard admiratif sur l'œuvre de l'empereur Claude (41-54 après J-C) visant à constituer un soubassement sociétal assez fort pour unifier les diversités absorbées par Rome [5]. Mais encore faut-il s'entendre sur ce qui définit la Cité appelée à s'ouvrir à l'autre sans pour autant se perdre. Si l'exercice était relativement aisé pour les Anciens, il en va tout autrement à l'époque actuelle, marquée par les plus grandes dissensions jusque sur les finalités même de notre être collectif. Sont en effet largement rejetées "non seulement les idéologies politiques, mais toute position qui se revendique d'une certaine vérité objective, qui prétend à une validité universelle" [6].  

       Sauf à bâtir sur du sable, nous devons donc nous re-fonder. Sur quelle base ? En phase avec les orientations laïcisantes de la N-VA [7], son chef de file ne voit aucun salut du côté de l'héritage chrétien, même si celui-ci a été pendant des siècles "le code source de la conscience identitaire en Europe". C'est que le match est joué: la sécularisation l'a emporté et le langage de l'Eglise "est devenu pour beaucoup d'entre nous incompréhensible" [8]. Il reste un attachement à quelques traditions, certes, mais "Dieu n'est plus au gouvernail de notre société. Nous ne L'écoutons plus dans le choix ou la conduite de nos relations sociales, certainement pas dans la chambre à coucher" [9]. Et pendant que tombent les unes après les autres les normes qui dictaient les comportements autochtones, les membres de la communauté musulmane, eux, sont de plus en plus nombreux à faire le choix du rigorisme salafiste…

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  • Après les élucubrations de l’instrumentum laboris du synode amazonien convoqué par le pape François

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     Lu sur le site Benoît et moi  (extrait):

    pape amazonie 1548924559385.png« Les élucubrations de l'"Instrumentum Laboris" m'ont fait revenir en mémoire le discours prononcé [par le Saint-Père Benoît XVI] au Sanctuaire de Notre-Dame d'Aparecida le 13 mai 2007, lors de la séance inaugurale des travaux de la CELAM (cf. w2.vatican.va). En voici un extrait, que les Pères synodaux seraient eux aussi bien inspirés de relire:

    La foi en Dieu a animé la vie et la culture de ces pays [d’Amérique latine] pendant plus de cinq siècles. De la rencontre de cette foi avec les ethnies originelles est née la riche culture chrétienne de ce continent exprimée dans l'art, dans la musique, dans la littérature et, surtout, dans les traditions religieuses et dans la manière d'être de ses peuples, unis par une même histoire et un même credo, en donnant ainsi le jour à une grande harmonie également dans la diversité des cultures et des langues. Actuellement, cette même foi doit affronter de sérieux défis, parce que sont en jeu le développement harmonieux de la société et l'identité catholique de ses peuples. A cet égard, la Vème Conférence générale se prépare à réfléchir sur cette situation pour aider les fidèles chrétiens à vivre leur foi avec joie et cohérence, à prendre conscience d'être disciples et missionnaires du Christ, envoyés par Lui dans le monde pour annoncer et témoigner de notre foi et de notre amour.

    Mais, qu'a signifié l'acceptation de la foi chrétienne pour les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes? Pour eux, cela a signifié connaître et accueillir le Christ, le Dieu inconnu que leurs ancêtres, sans le savoir, cherchaient dans leurs riches traditions religieuses. Le Christ était le Sauveur auquel ils aspiraient silencieusement. Cela a également signifié qu'ils ont reçu, avec les eaux du Baptême, la vie divine qui a fait d'eux les fils de Dieu par adoption; qu'ils ont reçu, en outre, l'Esprit Saint qui est venu féconder leurs cultures, en les purifiant et en développant les nombreux germes et semences que le Verbe incarné avait déposés en elles, en les orientant ainsi vers les routes de l'Evangile.

    En effet, à aucun moment l'annonce de Jésus et de son Evangile ne comporta une aliénation des cultures précolombiennes, ni ne fut une imposition d'une culture étrangère. Les cultures authentiques ne sont pas fermées sur elles-mêmes ni pétrifiées à un moment déterminé de l'histoire, mais elles sont ouvertes, plus encore, elles cherchent la rencontre avec les autres cultures, elles espèrent atteindre l'universalité dans la rencontre et dans le dialogue avec les autres formes de vie et avec les éléments qui peuvent conduire à une nouvelle synthèse dans laquelle soit toujours respectée la diversité des expressions et de leur réalisation culturelle concrète.

    En dernière instance, seule la vérité unifie et la preuve en est l'amour. C'est pour cette raison que le Christ, étant réellement le Logos incarné, "l'amour jusqu'au bout", n'est étranger à aucune culture ni à aucune personne; au contraire, la réponse désirée dans le cœur des cultures est celle qui leur confère leur identité ultime, en unissant l'humanité et en respectant dans le même temps la richesse des diversités, en ouvrant chacun à la croissance dans la véritable humanisation, dans l'authentique progrès. Le Verbe de Dieu, en se faisant chair en Jésus Christ, se fit également histoire et culture.

    L'utopie de redonner vie aux religions précolombiennes, en les séparant du Christ et de l'Eglise universelle, ne serait pas un progrès, mais plutôt une régression. En réalité, il s'agirait d'un retour vers un moment historique ancré dans le passé.

    La sagesse des peuples originaires les conduisit, fort heureusement, à créer une synthèse entre leurs cultures et la foi chrétienne que les missionnaires leur offraient. C'est de là qu'est née la riche et profonde religiosité populaire, dans laquelle apparaît l'âme des peuples latino-américains:

    - L'amour pour le Christ souffrant, le Dieu de la compassion, du pardon et de la réconciliation; le Dieu qui nous a aimés jusqu'à se livrer pour nous;

    - L'amour pour le Seigneur présent dans l'Eucharistie, le Dieu incarné, mort et ressuscité pour être Pain de Vie;

    - Le Dieu proche des pauvres et de ceux qui souffrent;

    - La profonde dévotion à la Très Sainte Vierge de Guadalupe, l'Aparecida, la Vierge des diverses invocations nationales et locales. Lorsque la Vierge de Guadalupe apparut à l'indio saint Juan Diego, elle lui adressa ces paroles significatives: "Ne suis-je pas ici moi qui suis ta mère? N'es-tu pas sous mon ombre et mon regard? Ne suis-je pas la source de ta joie? Ne demeures-tu pas à l'abri sous mon manteau entre mes bras?" (Nica Mopohua, nn. 118-119).

    Cette religiosité s'exprime également dans la dévotion aux saints avec leurs fêtes patronales, dans l'amour pour le Pape et pour les autres Pasteurs, dans l'amour pour l'Eglise universelle comme grande famille de Dieu qui ne peut ni ne doit jamais laisser seuls ou dans la misère ses propres fils. Tout cela forme la grande mosaïque de la religiosité populaire qui constitue le précieux trésor de l'Eglise catholique qui est en Amérique latine, et qu'elle doit protéger, promouvoir et, lorsque cela est nécessaire, purifier également. »

    Ref.La foi chrétienne en Amérique latine

    JPSC

  • Sur RCF : Christianisation, déchristianisation : l'Église face à la raison et aux paganismes

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    Christianisation, déchristianisation : l'Église face à la raison et aux paganismes

    Une émission de RCF présentée par Frédéric Mounier

    LES RACINES DU PRÉSENT - LUNDI 17 JUIN À 21H0 - DURÉE ÉMISSION : 55 MIN

    Christianisation, déchristianisation : l'Église face à la raison et aux paganismes

    © M.MIGLIORATO/CPP/CIRIC - 28 mai 2019 : Fidèles sur la place Saint Pierre lors de l'audience générale au Vatican.

    Se pencher sur l'histoire de l'Église c'est observer l'histoire des hommes et de leurs croyances. Dans une société post-chrétienne, verra-t-on le retour de la raison ou des paganismes?

    L'Église opère toujours dans un monde en mutation, ce qui lui permet d'exister encore, disent les historiens invités de Frédéric Mounier. Au fil de ses 2.000 ans d'histoire en effet, l'Église a du se situer face aux pouvoirs et aussi face aux croyances et aux idéologies, face aux paganismes ou à la raison. Marcel Gauchet définissait le christianisme comme la religion de la sortie de la religion : que reste-t-il après ? Éléments de réflexion. 

    CONSTAT DE DÉCHRISTIANISATION

    "L'Église a été peu à peu expulsée de la sphère publique à mesure que s'est autonomisée une conscience individuelle qui a restreint au for privé l'emprise de la religion." Dans son ouvrage, "Une brève histoire de l'Église" (éd. Flammarion) Françoise Hildesheimer décrit un mouvement, qui s'est déroulé sur la longue durée, de sécularisation. Mouvement relativement "précoce" puisqu'on peut grossièrement remonter à l'impulsion donnée par saint Thomas d'Aquin (1225-1274) et ses théories sur la raison humaine. 

    Entre la perte de l'Orient, les divisions au XVIe siècle, la montée de la sécularisation, l'avènement de la raison humaine, la révolution des Lumières, la laïcité à la française et la chute de la pratique contemporaine, Françoise Hildesheimer voit une continuité. "Depuis la Réforme, qu'elle qualifie "de drame absolu" pour l'Église, un spectre hante l'histoire du religieux qui est la perte de son objet."

    LE PROGRÈS A-T-IL REMPLACÉ L'IDÉE DE DIEU ?

    Jusqu'au XVIe siècle environ, on a longtemps cru en Occident que "l'histoire de l'homme est celle que Dieu veut", peut-on résumer avec Didier Le Fur, auteur de "Et ils mirent Dieu à la retraite" (éd. Passés composés). Le concept d'un homme qui "s'autonomise et peut vivre sa vie et son destin, voire pratiquer son salut" a d'abord été "une idée philosophique", rappelle l'historien. Il a fallu du temps pour "nettoyer histoire de ces légendes" et réinterpréter l'histoire.

    Son ouvrage propose une réflexion sur l'histoire en tant que construction, en tant que science qui "accompagne les pouvoirs religieux et politiques". Didier Le Fur écrit : "Personne n'a trouvé les lois de cette histoire parfaite, définitive, jamais non plus il ne réussit à réaliser ce qui habitait l'imaginaire des philosophes de l'histoire : rassurer collectivement sur la raisons de l'existence humaine, et contribuer à apaiser la peur de la mort par une vie sans Dieu."

    APRÈS LE CHRISTIANISME

    20 ans après sa parution, les éditions du Cerf rééditent "Vers une France païenne ?", dont François Taillandier préface la réédition. En 1999, l'ouvrage de Mgr Hippolyte Simon posait une question : en supposant un effacement du christianisme en France, qu'est-ce qui lui succédera ? L'évêque de Clermont avançait pour hypothèse une résurgence du paganisme, ou voire des paganismes.

    Il y a 20 ans, Mgr Simon écrivait : "On peut imaginer dans 20 ans une société française où les banlieues seraient islamisées par des groupes intégristes, où les campagnes seraient peuplées de témoins de Jéhovah, où les milieux médicaux et paramédicaux seraient adeptes du nouvel âge, où les milieux artistiques seraient adeptes du bouddhisme ou de la scientologie et où la petite bourgeoisie demeurerait d'inspiration catholique." Certes, "il ne faut pas caricaturer", comme le dit François Taillandier, mais on peut trouver là un certain nombre de "symptômes" actuels. Comme le dit François Taillandier s'il y a lieu de s'inquiéter de l'émergence des croyances, on peut méditer en quoi celles-ci diffèrent de la foi.

    INVITÉS

    • Françoise Hildesheimer, archiviste paléographe, conservateur général honoraire du Patrimoine, spécialiste de l'histoire politique et religieuse de l'Ancien Régime
    • Didier Le Fur, historien, spécialiste des XVe et XVIe siècles français
    • François Taillandier, romancier, essayiste

    BIBLIOGRAPHIE

    • Une brève histoire de l'Église - Le cas français, IVe-XXIe siècles

    Françoise Hildesheimer - coll. Champs Histoire, éd. Flammarion (2019)

    • Et ils mirent Dieu à la retraite - Une brève histoire de l'histoire

    Didier Le Fur - éd. Passés composés (2019)

    • Vers une France païenne (réédition)

    Hippolyte Simon, François Taillandier - éd. Cerf (2019)

    • Rendez à César - L'Église et le pouvoir, IVe-XVIIIe siècle

    Françoise Hildesheimer - coll. Au fil de l'histoire, éd. Flammarion (2017)

  • Notre simple existence est un défi pour le monde

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    De Samuel Pruvot et Théophane Leroux, avec Erwan de Botmiliau sur le site de Famille Chrétienne :

    Rémi Brague : « Notre simple existence est un défi pour le monde »

    Entretien avec le philosophe Rémi Brague, pour qui la Passion reste la profanation majeure.

    Qu’est-ce qu’un sacrilège ?

    On ne peut pas faire pire que crucifier Dieu. Tout sacrilège perd son pantalon par rap­port à la Passion ! Tout sacrilège est ridicule par rapport à ce qui s’est réellement passé.

    Mesurer la gravité des actes

    Pour le Catéchisme de l’Église catholique, il ne faut pas sous-estimer, d’un point de vue moral, la gravité des actes de profanation même si l’intention des profanateurs n’est pas toujours claire. « Il y a des actes qui par eux-mêmes et en eux-mêmes, indépendamment des circonstances […], sont toujours illicites en raison de leur objet : ainsi le blasphème et le parjure, l’homicide et l’adultère » (§ 1756).

    Les actes antichrétiens ont augmenté de plus de 220 % en dix ans… Les vols dans une église, c’est une vieille histoire : de simples larcins, avec peut-être un petit frisson blasphématoire. Les tags, profanations, etc., restent de l’ordre de la bêtise. La recrudescence de ces dix dernières années est curieuse : qu’est-ce qui a pu se passer dans le cerveau de certains détraqués dans les années 2010 ?

    Les chrétiens sont-ils persécutés sous nos latitudes ?

    Il y a une persécution mais qui est soft, ou plutôt une décision de la part des gens qui ont le pouvoir politique ou médiatique de ne pas nous écouter : nous comptons pour du beurre. Toute mention de ce qui est chrétien est accompagnée d’un ricanement. Que faire contre ? Peut-être montrer que nous sommes plus malins qu’eux et que nous avons à dire quelque chose de plus intéressant. Ça suppose que nous soyons deux fois meilleurs pour réussir à nous faire pardonner le fait que nous sommes chrétiens.

    ▶︎ À LIRE AUSSI. Rémi Brague : « Le christianisme déculpabilise »

    Pourquoi le christianisme suscite-t-il la haine ?

    Jésus l’a dit : le disciple n’est pas plus grand que le maître. Il est tout à fait normal que ce qui arrive au maître arrive aux disciples. Notre simple existence est un défi pour le monde : la transgression que représente l’idée d’un Dieu incarné est énorme. Cela gêne moins de supposer une sorte de division du travail comme dans le psaume : le Ciel est à Dieu, la Terre est aux hommes (1). Les religions païennes – dont l’islam – respectent cette division. Le christianisme, lui, suppose une aventure de Dieu avec l’humanité, laquelle est rendue à son tour capable d’une caractéristique divine : la sainteté. Le paganisme, c’est le refus de l’alliance entre Dieu et son peuple, qui culmine dans l’Incarnation. Et c’est l’usage idolâtrique du divin qui en fait le miroir de nos propres désirs : être tout-puissant, écraser ses ennemis, etc. C’est le rêve de chaque homme pécheur, donc notre rêve à tous si on n’y fait pas attention.

    N’y a-t-il pas aujourd’hui une perte du sens du sacré ?

    C’est un phénomène intéressant de la culture contemporaine : il devient de plus en plus difficile de blasphémer. Où trouver quelque chose de sacré dont on pourrait se moquer ? Toutes les différences sociales étant arasées, il n’y a plus rien d’inviolable.

    Le christianisme passe pour être l’un des derniers lieux du sacré, par contresens, puisqu’il est le lieu de la sainteté, pas de la sacralité. Les chrétiens sont considérés comme étant les seuls à pouvoir être choqués. C’est devenu un fonds de commerce.

    Les chrétiens sont considérés comme étant les seuls à pouvoir être choqués. C’est devenu un fonds de commerce.

    Quelle est la différence entre le sacré et le saint ?

    Le sacré, c’est ce par quoi vous vous soumettez à quelque chose qui demande votre vie. On le reconnaît à ce qu’il se nourrit de sang : la Nation, le prolétariat, la race… Les dieux ont soif. Le saint, c’est ce qui fait vivre, ce qui vous donne la vie, pas ce qui vous la prend. Nous employons le mot « sacré » tous les jours, mais ce qui est vraiment visé, c’est plu­tôt le saint. Le sacré se concentre dans l’individu et ne fait que le ramener à sa vérité de pécheur, puisque ce que je cherche dans l’idole, c’est l’idéal de ce que je devrais être. Cet individu qui n’a d’autres points de fuite que lui-même se trouve obligé de tourner en rond si la contemplation devient impossible : « Circulez, y’a rien à voir… »

    C’est la liberté individuelle qui devient sacrée…

    Nous nous imaginons libres, mais la liberté de l’homme moderne, c’est celle de l’esclave. Aristote dit que les hommes libres sont plus liés que les esclaves. Lorsque le fouet du garde-chiourme s’éloigne, les esclaves font ce qu’ils veulent. Les hommes libres ont la responsabilité, une conscience, un code d’honneur, les règles de la chevalerie et de la courtoisie, etc. Certaines choses se font et d’autres ne se font pas : d’une certaine manière, ils sont moins libres, puisqu’ils ne peuvent pas faire n’importe quoi. Une autre image, c’est la liberté du taxi : un taxi libre est vide, ne va nulle part et peut être pris d’assaut par ceux qui peuvent payer.

    Samuel Pruvot et Théophane Leroux, avec Erwan de Botmiliau

    (1) «  Le Ciel, c’est le Ciel du Seigneur ; aux hommes, Il a donné la Terre  » (Ps 113b, 16).

  • Joseph Ratzinger et Jorge Bergoglio : deux visions politiques très éloignées ?

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site diakonos.be :

    De Ratzinger a Bergoglio. Deux visions politiques distantes de plusieurs années-lumière

    Le texte qui ci-dessous est la conférence prononcée par Sandro Magister au colloque d’études organisé le 4 juin 2019 au Palazzo Giustiniani à Rome par la Fondazione Magna Carta sur le thème : « Les catholiques, la politique et les défis du troisième millénaire ».

    *

    Joseph Ratzinger a beaucoup parlé de politique et beaucoup écrit à ce sujet, comme théologien, comme évêque et comme Pape. Mais pour bien comprendre sa vision d’ensemble, il suffit de relire le discours qu’il a prononcé le 22 septembre 2011 à Berlin devant le Bundestag, au cours de son dernier voyage en Allemagne.

    Il a commencé par citer la prière du jeune roi Salomon le jour de sa montée sur le trône, quand il n’a pas demandé à Dieu le succès ni la richesse mais « un cœur docile pour gouverner ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal » (1 Rois 3, 9). Une question qui est en fait « la question décisive devant laquelle l’homme politique et la politique se trouvent aussi aujourd’hui ».

    Ensuite, voici comment Benoît XVI a résumé le rôle joué par le christianisme sur cette question à travers l’histoire.

    « Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n’a jamais imposé à l’État et à la société un droit révélé, ni un règlement juridique découlant d’une révélation. Il a au contraire renvoyé à la nature et à la raison comme vraies sources du droit – il a renvoyé à l’harmonie entre raison objective et subjective, une harmonie qui toutefois suppose le fait d’être toutes deux les sphères fondées dans la Raison créatrice de Dieu.  Avec cela les théologiens chrétiens se sont associés à un mouvement philosophique et juridique qui s’était formé depuis le II.me siècle av. JC.  Dans la première moitié du deuxième siècle préchrétien, il y eut une rencontre entre le droit naturel social développé par les philosophes stoïciens et des maîtres influents du droit romain.  Dans ce contact est née la culture juridique occidentale, qui a été et est encore d’une importance déterminante pour la culture juridique de l’humanité.  De ce lien préchrétien entre droit et philosophie part le chemin qui conduit, à travers le Moyen-âge chrétien, au développement juridique des Lumières jusqu’à la Déclaration des Droits de l’homme ».

    Mais aujourd’hui, a-t-il poursuivi, cet édifice a volé en éclats :

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  • Georges Orwell : 70 ans de prescience

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    La "Sélection du Jour" du 12 juin :

    GEORGE ORWELL, 70 ANS DE PRESCIENCE

    "Dans des temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire." Il y a tout juste 70 ans paraissait le classique dystopique de George Orwell, écrit en 1948, mais publié le 8 Juin 1949. Un livre qui, avec son imaginaire glaçant, son impressionnante capacité d’anticipation, n’a hélas pas vieilli, bien au contraire. "1984" de George Orwell, un roman visionnaire ou satirique ? », s’interrogeait-on en… 1984. Cet ouvrage pensé alors par l’écrivain engagé comme une mise en garde à la gauche britannique adoratrice candide du régime de Staline, dénonce un totalitarisme universel que nous ne connaissons désormais que trop bien :  parti unique interdisant le pluralisme, état ayant le monopole de la vérité,  restrictions des libertés individuelle et d'opinion, contrôle des mots…

    "Ils ne se révolteront que lorsqu'ils seront devenus conscients et ils ne pourront devenir conscients qu'après s'être révoltés", résumait si bien George Orwell. Aujourd’hui, "Big Brother", "police de la pensée" ou "novlangue" sont entrés dans le langage courant. Et les moyens de communication comme de surveillance permettent un contrôle des idées et des opinions dont aucun dictateur du passé n’aurait même rêvé. La Chine d’aujourd’hui, avec ses citoyens fichés par leur smartphone, soumis désormais à un permis à point social et à une omni-surveillance via la la reconnaissance faciale, n’a rien à envier au Parti Unique d'Océania. Les "faits alternatifs" côtoient les "Fake News". Quant aux "Deux minutes de la haine", elles sont désormais partout sur Twitter et les réseaux sociaux. Le passé est réécrit au nom des idéologies et du politiquement correct, tandis qu'une nouvelle langue vient neutraliser peu à peu toute pensée critique. 

    La prescience de George Orwell glace le sang, et nous rappelle à quel point il n’y a parfois qu’un pas entre une démocratie formelle et une dictature en devenir. Sauf si une nouvelle génération, biberonnée à l’esprit critique - entre affaire Snowden, lecture des sagas Hunger Games et Divergente ou visionnage de la série Black mirror - sait décoder d’emblée la double pensée et  la résurgence de la tentation totalitaire. "Qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Qui contrôle le présent contrôle le passé."

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    1984 de George Orwell : la novlangue comme arme idéologique
    Philitt 12-01-2014
    1984 de George Orwell : la novlangue comme arme idéologique
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