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Spiritualité - Page 129

  • De reporter itinérant à séminariste romain

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    De K.V. Turley  sur le National Catholic Register :

    De reporter itinérant à séminariste romain

    Le journaliste anglais et converti Tom Hiney explore un mystère encore plus profond que celui que le sujet de sa biographie, l'iconique auteur de romans policiers Ramond Chandler, a pu concocter.

    25 septembre 2022

    "Je suis sur le point de commencer ce qui sera ma troisième année sur quatre au Beda, un séminaire à vocation tardive à Rome". Tom Hiney s'adressait au Register le 8 septembre depuis sa maison anglaise du Devon, juste avant de retourner à ses études en Italie.  

    "La première année était encore en lockdown, et aucun touriste ne venait [à Rome], même d'autres régions d'Italie", a déclaré Hiney. "Par moments, j'avais l'impression d'avoir la ville entière pour moi, errant seul dans les basiliques avec des reliques apostoliques et le Saint-Sacrement. J'étais déjà amoureux du catholicisme, mais c'était ma lune de miel." Moins de deux ans auparavant, Hiney s'était converti à la foi catholique après avoir quitté l'anglicanisme. "J'étais dans l'armée en tant qu'aumônier anglican et j'étais bien payé, explique-t-il, et avec la perspective d'une bonne pension si je restais, et il m'a fallu beaucoup de courage pour remettre mon préavis afin de redevenir séminariste." Mais il a démissionné, et par la suite, il a été reçu dans l'Église dans une cathédrale de Portsmouth vide, juste au moment où la pandémie de COVID-19 commençait. "Je me suis retrouvé enfermé avec ma mère pendant des mois au milieu du Devon", se souvient-il. "J'avais attendu des années pour recevoir les sacrements en tant que catholique, pour découvrir que la messe et la confession étaient soudainement devenues illégales pour la première fois depuis les Vikings ! C'était bizarre, mais alors que d'autres étaient dans la tourmente, j'étais tranquille avec ma décision et j'ai canalisé les nerfs que j'avais pour terminer un livre que j'essayais de terminer depuis 20 ans : The Song of Ascents était un bébé très fermé." 

    Tout juste publié par Ignatius Press, The Song of Ascents est un livre difficile à classer. Il raconte les histoires d'un roi médiéval attendant une invasion viking, d'un évangéliste jésuite à la cour d'Akbar, d'un prince d'Afrique de l'Ouest dans l'Indiana des années 1890 et d'un compositeur dans la Pologne communiste, ainsi que celles d'un explorateur perdu, d'un général désobéissant et d'un héros de guerre vieillissant (le propre père de l'auteur) - apparemment, tous ces personnages ont poussé Hiney à passer de l'athéisme - ou de ce qu'il décrit comme "toujours à l'extrémité agnostique du spectre athée, athée seulement dans le sens où je ne pensais pas du tout à ces choses" - à l'anglicanisme et finalement au catholicisme. "Ces histoires parlent de personnes qui se tournent vers Dieu dans des moments horribles, avec des cœurs humains chancelants comme le mien, et qui le trouvent fidèle", a-t-il expliqué.   

    M. Hiney a mis en perspective les premiers signes de son entrée dans l'Église. 

    "Étant revenu à la foi en Afrique du Sud", a-t-il répondu, "où j'ai vécu pendant neuf ans, c'est d'abord les magnifiques chants gospel de là-bas que j'ai eu du mal à ignorer. J'ai également rencontré des chrétiens africains très authentiques, qui, pour la plupart, fréquentaient ou dirigeaient de petites églises pentecôtistes ou évangéliques dans les townships. Leur grâce, leur sagesse et leur bonne humeur m'ont vraiment convaincu que ce qu'ils prêchaient et chantaient pouvait être vrai. Une fois que j'ai commencé à lire des livres chrétiens dans cette perspective, j'ai trouvé que beaucoup de livres catholiques que je rencontrais avaient une merveilleuse profondeur. Ce n'étaient pas toujours les livres les plus faciles à lire, mais ils sont restés en moi et m'ont rendu plus patient." 

    Après avoir vécu et travaillé comme journaliste indépendant en Afrique du Sud, Hiney retourne en Angleterre. Là, il a commencé à assister à des services anglicans plus traditionnels qui lui ont fait prendre conscience "de la puissance des paroles de l'Eucharistie, ce qui m'a amené à lire la doctrine catholique de la présence réelle". Puis, au séminaire anglican, il a commencé "à réfléchir profondément à l'unité de l'Église", citant cela comme "la chose qui m'a conduit à demander à être reçu dans l'Église catholique". Il a été ordonné ministre anglican en 2011 et a ensuite servi dans l'armée britannique pendant cinq ans en tant qu'aumônier, avant d'être reçu dans l'Église catholique en 2020. 

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  • Aux funérailles étonnamment chrétiennes de la reine Elizabeth II : le Vatican a raté le coche

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    Lu sur le site « National Catholic Register » :

    « COMMENTAIRE : Incorporant des contributions remarquables de la part des catholiques, l'Église d'Angleterre a fourni un modèle à tous les chrétiens sur la façon dont les funérailles doivent être conduites.

    Le roi Charles III suit derrière le cercueil de la reine Elizabeth II, drapé de l'étendard royal avec la couronne d'État impériale et l'orbe et le sceptre du souverain, tel qu'il est réalisé depuis l'abbaye de Westminster. après les funérailles nationales de la reine Elizabeth II le 19 septembre à Londres, en Angleterre.

    Il s'agissait des funérailles d'État les plus grandioses de l'histoire pour le monarque le plus ancien de l'histoire. 

    Avant et après , c'était un enterrement chrétien. 

    L'Église d'Angleterre a rendu un service signalé à tous les chrétiens en fournissant un modèle sur la manière dont les funérailles doivent être conduites, à une époque où les liturgies funéraires tant sacrées que civiques sont devenues plutôt émaciées. 

    La priorité de la prière 

    La reine a été à juste titre et bien louée lors de diverses cérémonies au cours de la semaine dernière. Le jour de ses funérailles était un jour de prière. 

    A partir du moment où le cortège funèbre pénétra dans l'abbaye de Westminster jusqu'au chant de Je suis la Résurrection et la Vie , le mystère de la mort et de la vie éternelle prit le pas sur tous les autres. 

    "Nous ferons tous face au jugement miséricordieux de Dieu", a prêché l'archevêque de Cantorbéry, Justin Welby.  

    L'archevêque a prononcé une magnifique homélie funéraire, modèle pour toute la prédication funéraire chrétienne. Il a prêché des vérités sur le "leadership serviteur" de la reine, mais l'a présentée comme une disciple chrétienne d'abord et comme une monarque ensuite. La journée comprenait l'apogée de la pompe et de l'apparat britanniques, mais l'archevêque Welby a noté que "la mort est la porte de la gloire". 

    La durée de la vie et du règne de la reine a été soulignée lorsque ses restes terrestres sont passés sous les statues des martyrs du XXe siècle installées au-dessus de la grande porte ouest de l'abbaye pour le millénaire. La reine est née trois ans avant la naissance de Martin Luther King Jr., et lorsqu'elle est venue à l'abbaye pour son mariage en 1947, saint Maximilien Kolbe n'était même pas mort depuis une décennie. 

    Complètement absents étaient les discours des officiers laïcs de l'État. Et à ce silence bienvenu s'ajoutait le silence profond, voire palpable, des foules immenses autour de l'abbaye et le long du mail jusqu'au palais de Buckingham. C'était une manifestation de révérence, une vertu publique très requise pour une vie commune saine.  

    La richesse du rituel 

    Le rituel d'un monarque décédé est plus riche que pour tout autre, et les funérailles ont magistralement permis au rituel de parler. La congrégation de la chapelle Saint-Georges à Windsor s'est tenue en silence pendant que les instruments du pouvoir terrestre de la reine - l'orbe, le sceptre et la couronne d'État impériale - étaient retirés du cercueil et placés sur le maître-autel. Puis ils ont chanté Christ Is Made the Sure Foundation . Que dire de plus sur le fondement de toute autorité ? 

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  • Mgr Rey et le motu proprio « Traditionis custodes »…en attente des nouvelles de Rome.

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    Lu dans l’hebdomadaire « Famille chrétienne » sous le titre "Affaire de Fréjus-Toulon : Mgr Rey annonce des mesures radicales"

    Près de trois mois après la suspension des ordinations, Mgr Dominique Rey a rencontré 150 prêtres le 15 septembre pour échanger avec eux et déployer plusieurs grandes mesures pour le diocèse de Fréjus-Toulon. Parmi elles, la suspension de l’accueil de nouvelles communautés.

    Mgr Rey a proposé aux prêtres du diocèse de les rencontrer pour « échanger » sur le sujet de la suspension des ordinations et de l'avenir du diocèse. 

    Comme les séminaristes, de nombreux prêtres peinent à voir clair pour l’avenir de leur diocèse, après avoir été totalement pris de court début juin par l’annonce brutale de la suspension des ordinations. Pour apaiser ce « climat d’incertitude », Monseigneur Rey a organisé une rencontre de 150 prêtres du diocèse, le 15 septembre dernier, indique le diocèse dans un communiqué du 20 septembre. Ils se sont retrouvés dans un lieu très symbolique : le séminaire de la Castille, où les futurs prêtres et diacres commencent tout juste leur année.

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    À Toulon, les séminaristes toujours dans l’attente

    Visites et suspension de l’accueil de nouvelles communautés

    « Aucune nouvelle information n’est parvenue de Rome et le Diocèse ne sait toujours pas quand pourront de nouveau être ordonnés prêtres et diacres », informe d’abord le texte. Avant d’expliquer que la démarche proposée par Mgr Rey aux prêtres était surtout d’« échanger sur le sujet » avec eux. Lors de cette rencontre, il a d’abord « repris en détail le déroulé des événements », puis « exposé les décisions transmises à la Congrégation des évêques. »

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    Fréjus-Toulon : pourquoi Mgr Rey a-t-il tardé à annoncer la suspension des ordinations ?

    Quatre grandes mesures ont été prises. D’une part, la suspension de l’accueil de nouvelles communautés, alors que la « politique d’accueil du diocèse » était l’un des points de vigilance évoqué par Rome pour justifier la suspension des ordinations. D’autre part, « l’accueil de nouveaux prêtres sera désormais soumis à la décision du Conseil presbytéral », indique le communiqué. Le diocèse prévoit aussi l’ « établissement d’un état des lieux des communautés présentes dans le Diocèse avec des visiteurs pouvant porter différents regards (canonique, pastoral, spirituel) ».

    Dernière mesure annoncée : « La mise en application de la charte Saint-Léonce dans le respect du Motu Proprio Traditionis Custodes, avec une visite systématique des groupes concernés sous la responsabilité du référent nommé. » Cette charte de Saint Léonce avait été élaborée par le diocèse dans l’année précédant le motu proprio Traditionis Custodes, pour permettre de « bien articuler l’accueil et l’intégration de ces prêtres et communautés » attachés au rite ancien, indiquait Mgr Rey dans un communiqué après le fameux Motu proprio.

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    Gratitude et soutien envers l’évêque

    « J’ai reconnu des erreurs d’appréciation et de discernement dans l’accueil et le suivi de certaines communautés, mais j’ai aussi mis en valeur les fruits missionnaires et la fécondité des différents charismes et initiatives pastorales du Diocèse. J’ai tenu compte des remarques, des erreurs commises, sans remettre en cause le travail de communion missionnaire à bâtir ensemble », a expliqué l’évêque aux 150 prêtres présents.

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  • « L’euthanasie de papa a réveillé une belle colère en moi. »

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    De Pierre Jova sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    « L’euthanasie de mon père a réveillé une belle colère en moi »

    [Témoignage] Claire Dierckx, Belge de 29 ans, demeure bouleversée par la mort de son père en 2020, atteint de la même maladie neurodégénérative qu’elle.

    22/09/2022

    Lorsque Claire Dierckx sort dans la rue avec son déambulateur, Bruxelles est illuminée par sa joie. La jeune femme de 29 ans partage son quotidien avec les résidents de son habitat solidaire, et avec une maladie qui lui fait perdre progressivement l’équilibre, la parole, la vue. Ce qui ne l’empêche ni d’être juriste pour une agence immobilière, ni de s’engager dans la réinsertion des sans-abri.

    Un enthousiasme contagieux, qui a été forgé au creuset de la désolation. Elle n’a que 10 ans quand son père sent ses muscles le trahir. C’est génétique, aucun espoir de guérison. Le quotidien de cette famille catholique de cinq enfants en est profondément perturbé.

    « C’était lourd pour maman, et pour nous tous. Le plus dur n’était pas que papa soit malade, mais qu’il soit désespéré. » À 17 ans, Claire et sa sœur jumelle ressentent à leur tour les premiers symptômes dans leur corps. « J’ai été plusieurs années dans le déni. Je me disais : “Tout peut disparaître : mon père, ma santé, ma relation amoureuse, mes amis…” Rien ne paraissait stable. »

    « Il avait besoin d’être accompagné »

    Après ses études, Claire ressort transformée d’une retraite spirituelle. « Un prêtre m’a dit : “Il n’y a pas de réponse à la souffrance, mais il peut y avoir beaucoup d’amour”. Depuis, je suis convaincue que le mystère de la vie est de se donner aux autres. » Cet élan l’a conduite pour deux ans de mission humanitaire à Cuba, parmi les handicapés et les enfants des bidonvilles, puis à Bruxelles, auprès des gens de la rue.

    À l’automne 2020, son père, en chaise roulante, annonce à ses enfants réunis dans le salon familial qu’il a demandé l’euthanasie. Ce mot, qui, pour Claire, évoquait vaguement ses cours de droit, la percute de plein fouet. « Papa avait besoin d’être accompagné et écouté, assure-t-elle. Une psychologue a fait deux ou trois “visios” avec lui avant qu’il soit “piqué”. On parle d’une vie humaine ou d’un animal ? Que l’on soit chrétien ou pas, c’est le respect de quelqu’un ! Le grand argument est qu’il faut abréger les souffrances. Mais lui, c’est le désespoir qui le guidait. » Elle tente de le convaincre de rejoindre une institution spécialisée, en vain. Les autres enfants acceptent la décision paternelle.

    « J’ai pensé : “Seigneur, pardonne-leur…” »

    Un mois après, Claire voit arriver Corinne Van Oost, venue seconder le médecin traitant pour l’acte. « Elle se comparait à Marie au pied de la Croix, et justifiait l’euthanasie avec la Bible. J’ai pensé : “Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.” »

    Le jour venu, la fille serre son père une dernière fois dans ses bras, avant de le laisser dans sa chambre avec les deux médecins, la psychologue et un prêtre. C’est Corinne Van Oost qui injecte le produit létal. « Je me suis dit : tout le monde est aveugle, et moi aussi. C’était général. »

    Un terrible signal de renoncement

    Deux ans plus tard, Claire se bat contre le terrible signal de renoncement envoyé. « Il y a une part de moi qui le comprend d’avoir jeté l’éponge, confie-t-elle. Je vois bien que cela va aller de pire en pire. Souvent, je me demande : “Pourquoi continuer ?” Alors, je me rappelle l’audace d’espérer ! Ce n’est pas parce que je perds mes capacités qu’il n’y a pas encore à vivre, à donner et à recevoir. La maladie me rend encore plus dépendante des autres, mais Jésus dit bien qu’il sera difficile pour les riches d’entrer au royaume des Cieux… »

    Elle se bat aussi contre la tentation du ressentiment. « L’euthanasie de papa a réveillé une belle colère en moi. Elle est moins destructrice aujourd’hui, et plus féconde. » D’un air malicieux, Claire nous annonce avoir donné un nom à son déambulateur : « Victor, pour Victoire ! »

  • Le "drame intérieur du chrétien" évoqué par Benoît XVI

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    D'Andrea Gagliarducci sur Catholic News Agency :

    Benoît XVI évoque dans une nouvelle lettre le "drame intérieur du chrétien".

    23 sept. 2022

    Dans une nouvelle lettre, Benoît XVI a fait l'éloge de l'histoire d'une femme qui a vécu "le drame intérieur d'être chrétien" et a consacré sa vie à la rencontre spirituelle avec le Christ dans l'adoration eucharistique et d'autres pratiques. 

    Dans une lettre adressée à l'auteur d'une nouvelle biographie, le pape émérite a écrit que son expérience personnelle était similaire à ce que Mère Julia Verhaeghe a vécu. 

    L'écrivain, le père Hermann Geissler, est un ancien fonctionnaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi et un membre de la famille spirituelle "L'Œuvre" que Mère Julia a fondée et que le pape Jean-Paul II a désignée comme famille de vie consacrée en 2001.

    Dans sa lettre à Geissler, mise à la disposition de CNA, Benoît XVI n'a pas caché qu'il avait "la crainte que sa vie puisse être de peu d'intérêt dans son ensemble parce qu'elle manque de tout drame extérieur." Benoît XVI a félicité l'auteur pour avoir rendu "visible le drame intérieur de l'être chrétien, en écrivant une biographie véritablement fascinante. Le chemin extérieur de cette vie, qui mène de la Belgique à Rome en passant par l'Autriche et la Hongrie, avec un point focal en Autriche, devient le reflet du chemin intérieur par lequel cette femme a été conduite." "De cette manière, devient visible le véritable drame de la vie, qui se trouve avant tout dans la rencontre avec Paul et, à travers lui, avec le Christ lui-même, permettant aux autres de le retracer", a ajouté Benoît XVI.  "Tout le drame extérieur et intérieur de la foi est présent dans sa vie. La tension décrite ici est particulièrement captivante parce qu'elle est similaire à ce que j'ai vécu depuis les années 1940."

    La biographie, intitulée "Elle a servi l'Église : Mère Julia Verhaeghe et le développement de La Famille Spirituelle L'Œuvre", explore la période allant de 1950 à 2001, du second après-guerre à la reconnaissance de la Famille, quatre ans après la mort de la fondatrice en 1997. Le livre est divisé en quatre parties et comprend des témoignages, des extraits de lettres de Mère Julia et d'autres documents d'archives. En outre, le livre contextualise la vie et les choix de Mère Julia, en les reliant aux situations de l'époque, dont Mère Julia était une observatrice attentive.

    Dans l'introduction, le Père Thomas Felder et Sœur Margarete Binder ont écrit que "les pages qui suivent racontent l'histoire d'une femme qui n'avait ni une culture particulière, ni une bonne santé, ni aucun moyen économique". Pourtant, ont-ils ajouté, "un feu brûlait dans son cœur". Ce feu est à la base des rencontres qui ont formé sa vie : tout d'abord, celle avec saint Paul ; puis celle avec le pape Pie XII, qui lui est apparu en rêve et qui a prédit le concile Vatican II ; enfin, la rencontre avec le cardinal John Henry Newman, auquel "L'Œuvre" est particulièrement liée. Ces rencontres et ces relations font partie d'un chemin spirituel vers la rencontre avec le Christ. Le livre de Geissler raconte ces rencontres avec délicatesse, sans sensationnalisme, démontrant que la prophétie ne vient que lorsqu'on est ouvert à l'écoute. De la rencontre avec Pie XII naît une grande intuition : l'élément humain et humanisant du Concile Vatican II va tenter de prendre le dessus, en dépassant ce qui doit être le centre de l'Église, à savoir le sacré.

    Face à la sécularisation croissante, la Famille Spirituelle "L'Œuvre", guidée par Mère Julia, met l'accent sur l'adoration eucharistique. C'est une habitude quotidienne dans chaque maison de "l'Œuvre".

    Le livre décrit également comment Mère Julia a ressenti le même enthousiasme et le même souci d'une Europe unifiée, au moment où Bruxelles se préparait à accueillir l'Expo 1958. Sa vision était toujours celle d'un renouveau spirituel, d'un retour au Christ. Il n'y avait peut-être pas de drame extérieur, mais l'agitation de l'âme de Mère Julia à laquelle Benoît fait référence est bonne, ouverte à la réflexion sur les questions de l'époque. 

    Dans le livre de Geissler, on perçoit l'émerveillement constant devant le mystère du Christ, qui la conduit, déjà âgée, à visiter la Terre Sainte et à faire l'expérience du désert. La vie de Mère Julia, racontée dans ce livre, est celle d'une femme qui a su regarder son époque avec le caractère concret qui ne vient que du contact avec Dieu. Benoît XVI, qui a eu 95 ans en avril, a souvent parlé de la nécessité du contact avec Dieu et a affirmé que la rencontre avec Jésus était la réponse aux défis du monde.

    Andrea Gagliarducci est un journaliste italien de la Catholic News Agency et analyste du Vatican pour ACI Stampa. Il est collaborateur du National Catholic Register.

  • Regarder mon frère et changer (26e dimanche du T.O.)

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    L'homélie de l'abbé Christophe Cossement pour le 26ème dimanche du temps ordinaire (C) (archive du 29 septembre 2013) :

    Regarder mon frère et changer

    Des lectures d’aujourd’hui nous redécouvrons que l’homme est capable d’accumuler des richesses et vivre dans le luxe tandis que son semblable est dans la misère et n’a pas de quoi vivre. Nous le savions déjà, nous le voyons dans l’actualité et aussi dans notre cœur, mais la Parole de Dieu nous le rappelle, pour nous dire que cela ne va pas.

    Dieu n’est pas indifférent à ce qui se passe. Car ce n’est pas seulement mon semblable qui est en jeu, mais mon frère. Et je ne peux pas me contenter de me dire que ce qui lui arrive n’est pas de ma faute. Qu’est-ce qui motive Jésus à inventer cette histoire pour nous la raconter ? Il veut nous faire remarquer que nous sommes confiés les uns aux autres. Et que la façon dont nous traitons les gens qui vivent près de nous, qui sont nos frères, a un impact plus large: un impact sur la vie de toute la société, et un impact pour la vie future.

    Tout homme est mon frère, non d’abord parce que j’en ai envie mais parce que c’est ainsi, parce que Dieu est le père de tous, parce qu’il nous a confié à tous la création pour que nous y vivions ensemble et que soyons le gardien de notre frère (Gn 4,9 et Mt 23,8). Le christianisme est venu apporter un élément très neuf à la culture des hommes : une sorte de fraternité universelle. Il n’y a plus ni juif ni grec, disait saint Paul. Il y a un lien qui doit dépasser tous les particularismes. Ce dépassement n’a jamais été totalement accompli, et maintenant il est encore plus urgent à réaliser, à l’heure de toutes sortes de replis identitaires. Tandis que les pays pauvres sont regardés de bien loin dans nos écrans de télévision, que les quartiers pauvres se distinguent de plus en plus dans nos villes, il y a l’urgence de retrouver un cœur attentif à chacun.

    La façon dont je traite mon frère a un impact sur la vie de toute la société : c’est le prophète Amos qui nous le rappelle : la ruine du peuple d’Israël, la déportation sont accélérées par l’insouciance des possédants, qui jouissent tranquillement des richesses accumulées. L’individualisme conduit la société à la ruine. Il nous faut tisser de nouveau des liens entre les gens, surmontant le découragement que la complexité des questions économiques pourraient faire naître en nous. Il ne faut pas que nos voisins soient obligés de déménager sans que nous nous soyons souciés de ce qui leur arrive. Il ne faut pas que nous placions notre argent sans nous soucier de savoir dans quoi il sera investi. Il ne faut pas que nous cherchions les produits les moins chers sans nous intéresser à la façon dont ils sont produits. Il ne faut pas que nous achetions des produits de luxe sans savoir ce que nous aurions pu faire de mieux avec cet argent.

    La façon dont je traite mon frère a également un impact sur la vie future, sur la vie éternelle. Car comment pourrai-je vivre dans le Royaume de Dieu si j’ai habitué mon cœur à être indifférent à ce que vit mon frère ? Ce n’est pas que Dieu me donnera une punition extérieure à mon action, comme une sorte de représaille arbitraire. Mais je me serai rendu moi-même incapable de la vie éternelle parce que mon cœur sera endurci, rétréci, incapable de jouir de la présence de mes frères, de tous mes frères. Car au ciel il n’y a pas de quartiers riches et de quartiers pauvres !

    Parfois nous ne voyons pas très bien quoi faire. Ce n’est pas grave, mais il faut laisser la question ouverte dans notre cœur. Si nous n’avons pas de solution maintenant, gardons cet appel de notre frère pauvre très présent à nos oreilles, à nos yeux, à notre cœur, et demandons à l’Esprit Saint de faire jaillir quelque chose, une nouvelle attitude, un nouvel élan d’amour et de justice. Afin que nous ne devions pas attendre que quelqu’un revienne de chez les morts pour que nous changions…

  • Un parcours en ligne inédit pour aimer et suivre le Christ

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    De Mathilde de Robien sur Aleteia.org :

    « Connaître Jésus », un parcours en ligne inédit pour aimer et suivre le Christ

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     23/09/22

    J-6 avant le lancement du parcours "Connaître Jésus". Porté par Aleteia, Magnificat, Mame et Famille chrétienne, ce parcours gratuit et en ligne démarre le 30 septembre. Une occasion exceptionnelle pour mieux aimer le Christ et le faire aimer.

    Comment aimer Jésus si on ne le connaît pas ? Le nouveau parcours « Connaître Jésus » vient justement combler ce besoin de formation autour de Jésus, en nous le faisant découvrir sous différentes facettes : celui qui pardonne, celui qui enseigne, celui qui envoie…

    Mettre en lumière la figure centrale qu’est le Christ pour toucher les cœurs et redynamiser sa foi. C’est le pari du parcours « Connaître Jésus ». Après le succès du Mooc de la Messe et du Mooc des catéchistes qui ont réuni plus de 60.000 participants, voici une nouvelle formation gratuite et en ligne qui s’adresse à tous, catholiques convaincus, chercheurs de sens, catéchumènes… Quels que soient l’âge et l’itinéraire de chacun, ce parcours est conçu pour tous ceux qui ont envie de découvrir qui est Jésus ou d’approfondir sa relation avec Lui, à son rythme. Les séances sont en effet accessibles 24 heures sur 24 et il est possible de revenir sur les contenus publiés précédemment.

    A travers sept séances, composées d’enseignements, de reportages vidéos et de quiz, à suivre seul ou en groupe, « Connaître Jésus » donne la parole à de nombreux et éminents intervenants. Mgr Jean-Philippe Nault, évêque de Nice, et Agnès de Lamarzelle, bibliste et professeur au collège des Bernardins, apporteront notamment leur expertise. Participeront également l’historien Jean-Christian Petitfils, le psychanalyste Jean-Guilhem Xerri, le comédien Mehdi…

    Un contenu de grande qualité, des intervenants passionnants, un accès gratuit pour tous : « Connaître Jésus » est une initiative remarquable qui peut vraiment contribuer à nourrir spirituellement des milliers de personnes, croyantes ou non, des paroisses, des écoles, des aumôneries… Un livret, spécialement conçu pour la formation, contient les textes à étudier, des espaces pour prendre des notes, les quiz, des prières. Il permet ainsi de conserver une trace du parcours.

    Les inscriptions sont ouvertes. Il suffit de cliquer ici, c’est gratuit.

  • Une neuvaine pour les nouveaux évêques de Belgique

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    Communiqué de presse

    Neuvaine pour les nouveaux évêques de Belgique

    Récemment quatre évêques ont atteint la limite d’âge et ont remis leur démission au Saint-Père.

    Il s’agit de Mgr Jean-Luc Hudsyn, évêque auxiliaire pour le Brabant wallon, du cardinal Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai, Mgr Pierre Warin, évêque de Namur.

    Il revient à présent à Mgr Franco Coppola, nonce apostolique près le Royaume de Belgique, de proposer des candidats au pape François pour leur succéder dans ces quatre diocèses.

    Il s’agit de décisions importantes qui vont orienter la vie de nos diocèses pour les années à venir.  Des fidèles de ces différents diocèses proposent de prier spécialement à cette intention afin que l’Esprit Saint éclaire tous ceux qui travailleront au choix de ces quatre successeurs des apôtres.  

    A ce titre, ils seront docteurs de la foi, chargés de l’enseigner et de la transmettre avec fidelité.  Ils dispenseront aux croyants les sacrements, ils guideront le peuple de Dieu.  Ils donneront à de nouveaux membres par le sacerdoce, la charge de porter l’Evangile à tous.

    Que Dieu, par son Eglise, donne les pasteurs dont notre pays a tant besoin.  

    Concrètement, ils proposent à tous les fidèles qui le souhaitent de prier  une neuvaine à cette intention pendant la visite ad limita des évêques de Belgique au Vatican qui se déroulera la semaine prochaine.  La neuvaine commencera le vendredi 23 septembre et  se terminera le 1er octobre, dernier jour de la visite des évêques.

    En pratique, chaque jour les participants à cette neuvaine recevront chaque jour un texte biblique, un petit commentaire, une oraison et la prière à l’Esprit Saint (du Cardinal Mercier, ancien cardinal et primat de Belgique).

    Ceux qui veulent se joindre à cette prière, peuvent le faire de plusieurs façons :

    1. Le site Hozana : https://hozana.org/communaute/11192-pour-les-futurs-eveques-de-belgique
    2. Un groupe WhatsApp : communiquez votre numéro au mail :  neuvaine.eveques@gmail.com
    3. Par email : neuvaine.eveques@gmail.com

    Christian Boland, Braine-l’Alleud

    Pieter en Maylis Laureys, Brussel

    André et Claire Bourguignon, Marche-en-Famenne

    Wivine Muret, Bruxelles

    Christophe et Aude Plumier, Ath

    Bernard de la Croix, Bruxelles

  • "C'est la Parole de Dieu elle-même, confiée aux apôtres, qui est rejetée." (cardinal Pell)

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    Du cardinal George Pell sur First Things :

    DEBOUT AVEC LA PAROLE DE DIEU

    22 septembre 2022

    Il y a longtemps, pendant son séminaire, un jeune prêtre de mes amis a assisté à un cours d'introduction sur la Révélation et les Écritures. La conférencière a dit à la classe qu'il y a une distance considérable entre le message et les instructions réels de Dieu et les textes que nous avons dans l'Ancien et le Nouveau Testament. La conférencière ne disait pas, comme le supérieur général des Jésuites, que nous ne savons pas ce que le Christ a enseigné parce qu'ils n'avaient pas d'enregistreurs à l'époque, pas de téléphones pour capturer le moment. Mais elle allait dans cette direction.

    Mon ami a demandé innocemment si le Concile Vatican II avait dit quelque chose à ce sujet. La conférencière, confiante dans son expertise, a expliqué que oui. Quel était le titre du document ? La réponse fut rapide comme l'éclair : "Dei Verbum", la Parole de Dieu. Ce n'est que lorsqu'elle s'arrêta pour sourire et apprécier sa contribution que la conférencière réalisa qu'elle avait été court-circuitée. Les Écritures sont les paroles de Dieu pour nous, écrites sous différentes formes et styles et à différentes époques par des auteurs humains. Bien qu'elles n'aient pas été dictées par l'archange Gabriel, comme le prétendent les musulmans pour le Coran, elles restent pour nous la Parole de Dieu.

    Les deux grands thèmes qui ont traversé les quatre sessions du Concile Vatican II à Rome (1962-1965), dans une tension créative, étaient l'"aggiornamento", ou mise à jour des choses, et le "ressourcement", ou retour aux sources pour l'inspiration. Ces deux termes recouvrent bien sûr une multitude de sens. Nous lisons les signes des temps pour mettre l'Église au goût du jour. Mais, comme le demandait le théologien protestant suisse Karl Barth au Pape Paul VI : actualiser avec quoi ? À quelle époque et dans quels lieux se trouve la vérité ?

    Pour les catholiques, quelles sont les sources ? Contrairement aux protestants, les catholiques avaient fait explicitement appel, comme l'avait enseigné le Concile de Trente, à la fois à l'Écriture et à la Tradition. Dei Verbum, ou la Constitution dogmatique sur la Révélation divine, élaborée au cours des quatre sessions, a été l'une des meilleures contributions du Concile, résolvant de nombreuses tensions intellectuelles au sein de l'Église et au niveau œcuménique. Le Dieu de la Bible n'est pas une création humaine, ni un oppresseur, mais se révèle lui-même et son message de salut à travers Jésus-Christ, "le médiateur et la somme totale de la révélation".

    L'Écriture et la Tradition sont liées entre elles, proviennent de la même source divine et tendent vers le même but. La Tradition transmet la Parole de Dieu, qui a été confiée aux apôtres par le Christ Seigneur et l'Esprit Saint. " La Sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la Parole de Dieu " (Dei Verbum, 7-8). Ces perspectives ont été réaffirmées à la quasi-unanimité lors du Synode romain de la Parole de Dieu en 2008.

    En ces temps post-conciliaires, l'Église catholique, comme les autres Églises et dénominations en Occident, est confrontée à quelque chose de nouveau dans son histoire. Elle vit dans des pays où beaucoup, parfois une majorité, sont irréligieux, quand ils ne sont pas anti-religieux. Les anciens païens de l'époque romaine n'étaient pas irréligieux - la plupart étaient superstitieux, croyant en de nombreuses divinités. Tous ceux qui aiment le Christ et leurs communautés chrétiennes s'affligent de l'incroyance occidentale, mais sont souvent amèrement et fondamentalement divisés sur la meilleure façon de renverser cette situation.

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  • Guider les âmes et soulager les souffrances : la mission du Padre Pio (23 septembre)

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    Pio-99.jpgLe 21 juin 2009, lors de sa visite pastorale à San Giovanni Rotondo, le pape Benoît XVI, a évoqué le saint Padre Pio (que l'on fête aujourd'hui). (L'évangile du jour était celui de la tempête apaisée.)

    "... le moment viendra où Jésus éprouvera la peur et l'angoisse: lorsque son heure viendra, il sentira sur lui le poids des péchés de l'humanité, comme une marée montante qui va s'abattre sur Lui. Il s'agira alors d'une tempête terrible, non pas d'une tempête universelle, mais spirituelle. Ce sera le dernier assaut extrême du mal contre le Fils de Dieu.

    Mais en cette heure, Jésus ne douta pas du pouvoir de Dieu le Père et de sa proximité, même s'il dut faire pleinement l'expérience de la distance de la haine à l'amour, du mensonge à la vérité, du péché à la grâce. Il fit l'expérience de ce drame en lui-même de manière déchirante, en particulier au Gethsémani, avant son arrestation, et ensuite durant toute sa passion, jusqu'à sa mort en croix. En cette heure, Jésus fut, d'une part, entièrement un avec le Père, pleinement abandonné à Lui; mais, de l'autre, solidaire avec les pécheurs, il fut comme séparé et se sentit comme abandonné par Lui.

    Certains saints ont vécu intensément et personnellement cette expérience de Jésus. Padre Pio da Pietrelcina est l'un d'eux. Un homme simple, d'origine humble, "saisi par le Christ" (Ph 3, 12) - comme l'apôtre Paul l'écrit de lui-même - pour en faire un instrument élu du pouvoir éternel de sa Croix: pouvoir d'amour pour les âmes, de pardon et de réconciliation, de paternité spirituelle, de solidarité effective avec ceux qui souffrent. Les stigmates, qui marquèrent son corps, l'unirent intimement au Crucifié-Ressuscité. Authentique disciple de saint François d'Assise, il fit sienne, comme le Poverello d'Assise, l'expérience de l'apôtre Paul, telle qu'il la décrit dans ses Lettres: "Avec le Christ, je suis fixé à la croix; je vis, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi" (Ga 2, 20); ou bien: "Ainsi la mort fait son œuvre en nous, et la vie en vous" (2 Co 4, 12). Cela ne signifie pas aliénation, perte de personnalité: Dieu n'annule jamais l'être humain, mais le transforme avec son Esprit et l'oriente au service de son dessein de salut. Padre Pio conserva ses dons naturels, et aussi son tempérament, mais il offrit chaque chose à Dieu, qui a pu s'en servir librement pour prolonger l'œuvre du Christ: annoncer l'Evangile, remettre les péchés et guérir les malades dans le corps et l'esprit.

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  • Ces bénédictins qui défient le temps

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    De Christophe Geffroy sur le site de La Nef (septembre 2022) :

    Solesmes : les bénédictins qui défient le temps

    L’abbaye de Solesmes, fondée par Dom Guéranger, est l’une des plus prestigieuses de France. Nous avons rencontré le jeune nouveau Père Abbé, Dom Geoffroy Kemlin (43 ans), élu le 17 mai dernier.

    La Nef – Pourriez-vous d’abord nous décrire rapidement votre parcours et comment notamment vous êtes arrivé à Solesmes ?

    Dom Geoffroy Kemlin – Je suis issu d’une famille catholique pratiquante. Mes parents m’ont transmis la foi et l’amour de l’Église, ainsi qu’une éducation catholique, via en particulier le scoutisme. De tout cela, je leur suis profondément reconnaissant. J’ai découvert le missel de 1962 lorsque j’avais douze ans, en participant au pèlerinage de Chartres, et j’ai été tout de suite séduit. Cela a correspondu à un approfondissement réel dans ma vie de foi. Je quittais l’enfance, et dès ce moment, je me suis affirmé comme catholique, désireux de pratiquer et d’approfondir ma foi. Ce qui ne signifie pas que j’étais un saint… Ma vocation s’est affirmée à ce moment-là. Elle était sans doute déjà présente auparavant, mais elle a pris de la consistance dans ces années-là. Je me souviens avoir eu une expérience forte au Barroux. Puis j’ai fait une retraite à Fontgombault quand j’étais en Première. Il me semble que c’est là que j’ai commencé à penser à la vie monastique. Il m’a fallu attendre quelques années avant d’entrer au noviciat, en septembre 1999. Mais une fois au monastère, je me suis assez rapidement retrouvé mal à l’aise par rapport à la liturgie. Ne pas célébrer avec le même missel que le pape et les évêques ne me satisfaisait pas. Néanmoins, cela m’a pris du temps pour prendre la décision de quitter Fontgombault et de rejoindre Solesmes. Je ne l’ai fait qu’en décembre 2001, soit plus de deux ans après mon entrée à Fontgombault. Aujourd’hui, je ne regrette pas cette décision. Ce qui ne m’empêche pas d’entretenir des rapports très fraternels avec le Père Abbé et les moines de Fontgombault.

    Que représentait Solesmes pour vous avant votre entrée, avec le poids important de l’histoire de cette abbaye qui a joué un rôle de premier plan, notamment dans la restauration de la liturgie avec Dom Guéranger ? Ces aspects ont-ils joué dans votre vocation ?

    Solesmes ne représentait pas grand-chose pour moi avant mon entrée à Fontgombault. J’y avais passé trois jours de retraite avec mon lycée quand j’étais en Terminale. J’avais apprécié cette retraite, mais ça n’avait pas été le coup de foudre. En fait, c’est à Fontgombault que j’ai découvert le charisme de Solesmes. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à être attiré par ce monastère. Et en même temps, c’était une connaissance très théorique. D’où ma difficulté à faire le pas. Mais il est clair que ce qui m’attirait à Solesmes – et ce qui m’attire toujours – c’est l’attachement au Siège apostolique, fondé non pas sur une vénération déplacée de la personne du pape, mais sur les paroles du Christ à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » C’est aussi l’attachement à la grande Tradition de l’Église, l’amour de la liturgie, des Pères et de l’histoire de l’Église, etc. C’est cette réception tranquille de la Tradition de l’Église, dans la confiance en l’action permanente du Saint-Esprit en son sein, qui m’a séduit et me séduit encore aujourd’hui.

    Pourriez-vous nous dire un mot de l’histoire de Solesmes et de la congrégation dont elle est la tête ? Quelles sont les abbayes de cette congrégation et qu’ont-elles en commun ?

    Le prieuré de Solesmes a été fondé autour de 1010. Mais l’histoire de la Congrégation de Solesmes – qu’on appelait autrefois la Congrégation de France – ne commence qu’en 1837, lorsque Dom Guéranger, qui avait restauré la vie bénédictine au prieuré de Solesmes, obtient du pape la reconnaissance de son œuvre et la création de la Congrégation bénédictine de France. Aujourd’hui, cette congrégation compte 31 monastères, 23 de moines et 8 de moniales, répartis en Europe, Amérique du Nord et Afrique. Les monastères français de la congrégation sont, outre Solesmes, Ligugé, Ganagobie, Saint-Wandrille, Wisques, Kergonan, Fontgombault, Randol, Triors, Donezan, auxquels il faut ajouter les monastères de moniales de Solesmes, Wisques et Kergonan. Tous, nous sommes unis autour du charisme de Dom Guéranger, c’est-à-dire l’amour de l’Église et de sa Tradition, de la liturgie et de la prière.

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