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Structures ecclésiastiques - Page 12

  • A l'hôpital, le pape prépare un consistoire et modifie l'administration du Vatican

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    De  Maitena Urbistondoy sur le site de l'Homme Nouveau :

    Le pape François poursuit son rétablissement et prépare un consistoire

    25 Fév 2025

    Vatican, 25 février 2025 – Après plus de dix jours d’hospitalisation à la polyclinique Gemelli, le pape François continue de montrer des signes d’amélioration. La Salle de presse du Saint-Siège a annoncé ce matin que le Souverain pontife s’est « bien reposé toute la nuit » et que son état de santé, bien que toujours sous surveillance, évolue favorablement. Malgré son état, il a convoqué un consistoire pour approuver plusieurs canonisations.

    Selon les dernières informations médicales, aucun nouvel épisode de crise respiratoire n’a été constaté ces dernières 24 heures. Les résultats des analyses sanguines montrent une progression encourageante, tandis que l’insuffisance rénale légère détectée ces derniers jours demeure sous contrôle. L’oxygénothérapie, toujours nécessaire, a été une nouvelle fois réduite en débit et en pourcentage, signe d’une meilleure autonomie respiratoire du Saint-Père. 

    Le Vatican a confirmé que François a repris progressivement son travail, recevant des rapports et échangeant avec ses collaborateurs les plus proches. Hier soir, comme à son habitude, il a passé un appel à la paroisse catholique de Gaza. 

    Une mobilisation spirituelle 

    Hier soir, lundi 24 février, des centaines de personnes ont convergé vers la place Saint-Pierre pour une récitation du chapelet, dirigée par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège. Malgré la pluie et la grève des transports, des cardinaux, des évêques, des religieux et des laïcs de toutes nationalités se sont rassemblés en prière sous l’icône de Marie. 

    Des rassemblements similaires ont eu lieu dans le monde entier, notamment à Buenos Aires, ville natale de François, où une messe spéciale a été célébrée en son intention.  

    Vers une possible sortie de l’hôpital ? 

    Malgré l’amélioration clinique du pape François, les médecins restent prudents sur l’annonce d’une date de sortie. La complexité de son état de santé, combinée à son âge avancé, impose une vigilance constante. Aucune date officielle n’a donc encore été annoncée, mais selon certaines sources, un retour progressif au Vatican pourrait être envisagé dans les jours à venir si les progrès se confirment. 

    D’ici là, le Saint-Père continue de recevoir l’Eucharistie quotidiennement et de suivre les célébrations depuis son appartement du 10e étage du Gemelli. Il a aussi demandé que l’attention ne soit pas uniquement portée sur sa propre santé, mais aussi sur les nombreux patients hospitalisés à ses côtés. 

    La prochaine mise à jour médicale est attendue dans la journée, alors que le Vatican continue d’appeler les fidèles à la prière pour le prompt rétablissement du pape François.

    Le pape modifie l’administration du Vatican 

    Le pape François a récemment modifié la structure du Gouvernorat de la Cité du Vatican en nommant deux secrétaires généraux. Cette décision, annoncée le 25 février, renforce également les responsabilités de sœur Raffaella Petrini, qui prendra ses fonctions de présidente du Gouvernorat le 1er mars. 

    Le pape, dont l’état de santé restait préoccupant hier soir, a reçu le cardinal Parolin et Mgr Peña Parra pour examiner divers dossiers. Le Vatican a publié plusieurs décrets, notamment pour les Causes des saints et des nominations épiscopales au Canada et au Brésil. 

    Un consistoire pour approuver des canonisations 

    Le pape a également reçu hier, 24 février, le cardinal Parolin et Mgr Peña Parra pour examiner des dossiers de canonisation. Parmi eux figurent le père Emilio G. Kapaun, mort en 1951 dans un camp en Corée du Nord, et Salvo d’Acquisto, jeune militaire italien mort en 1943 après s’être sacrifié pour sauver 22 condamnés. 

    Deux autres décrets concernent le bienheureux José Gregorio Hernández Cisneros, médecin vénézuélien connu pour son dévouement aux pauvres, et Bartolo Longo, fondateur du sanctuaire de Notre-Dame du Rosaire à Pompéi. Le pape a convoqué un consistoire pour approuver ces canonisations, rappelant un précédent historique : Benoît XVI avait annoncé sa démission lors d’un tel consistoire en février 2013. 

    >> à lire également : Pape François : un état toujours critique, mais pas de nouvelle crise respiratoire

  • Le prochain pape ? C'est compliqué...

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    De  sur The Catholic Thing :

    Le prochain pape ? C'est compliqué

    24 février 2025

    La semaine dernière, un cardinal de haut rang s’est plaint du fait que certaines personnes – en particulier des catholiques traditionalistes – espèrent la mort du pape François. Il existe de tels catholiques, et leur manque de respect envers le successeur de Pierre, quel que soit son bilan, est tout simplement inacceptable. Mais la façon dont ils et le monde entier prennent conscience que le pape de Rome pourrait quitter cette vie mortelle pour être remplacé par un autre chef d’une Église qui compte près de 1,4 milliard de membres indique que, malgré tous les problèmes et les échecs flagrants du christianisme dans le monde moderne, son chef historique (à certains égards, même pour de nombreux protestants) compte toujours.

    En ce moment, alors que le pape est dans un état critique, il est naturel que les gens regardent autour d’eux et se demandent : qui serait la personne la mieux placée pour diriger l’Église alors que nous entrons dans le deuxième quart du XXIe siècle ?

    C'est une question à laquelle il est impossible de répondre, et il y a une grande sagesse dans la vieille phrase romaine Chi entra papa in conclave, esce cardinale (« Qui entre dans un conclave en tant que pape en sort en tant que cardinal »). Il y a eu tout simplement trop de « favoris » qui n'ont jamais été choisis. Mais si vous cherchez des informations, le meilleur endroit est The College of Cardinals Report.

    En outre, il est tout à fait normal d’attendre que l’actuel occupant de la chaire de Pierre soit décédé avant de spéculer. Mais il est utile – non seulement pour ceux d’entre nous qui vivront sous le règne du prochain pape, mais pour le prochain pape lui-même – de considérer non pas de qui mais de quoi nous aurons besoin dans les prochaines années. Et la réponse à cette question est simple : c’est compliqué.

    J'ai brièvement scandalisé mes collègues du « Conclave Crew » (le précurseur du groupe papal d'EWTN) la première fois que nous nous sommes tous rencontrés à Rome en 2013. J'étais alors convaincu – et je le suis toujours – que nous n'avons pas besoin d'un autre pape « enseignant », c'est-à-dire d'un pontife et d'une Église qui proposent beaucoup de « choses nouvelles » au monde, à l'exception de la Chose Uniquement Nouvelle, Jésus-Christ, la beauté tam antiqua, tam nova (« toujours ancienne, toujours nouvelle ») selon l'expression de saint Augustin.

    Notre Dieu est peut-être un Dieu de surprises, mais pour l’instant, j’ai le sentiment que nous avons besoin de beaucoup moins de nouveauté, d’intérêt et de « surprise », mais plutôt de choses simples, solides et sensées. Entre Jean-Paul II et Benoît XVI, nous avons reçu un énorme héritage spirituel, moral et social qui a désespérément besoin d’être absorbé à tous les niveaux de l’Église – de la plus petite paroisse aux plus puissants dicastères de Rome – et même au-delà.

    Car même les éléments les plus simples du christianisme ont disparu de la culture et souvent de l’Église elle-même. Une femme sage que je connais m’a récemment fait remarquer qu’en 2023, dans le jeu télévisé populaire « Jeopardy », trois candidats ont été invités à compléter la phrase « Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit _______ ». Aucun n’a été en mesure de le faire.

    Dans une culture où cela peut se produire, beaucoup des problèmes que l’Église doit résoudre – comme le genre, le climat, l’immigration de masse, la plupart des politiques – sont des préoccupations de luxe du premier monde. Si nous croyons que Dieu est devenu homme pour nous sauver de nos péchés afin de nous préparer à la vie éternelle, alors certaines priorités apparaissent.

    La chose la plus urgente que tout pape doit faire aujourd’hui est d’amener les gens à regarder au-delà des questions matérielles pour se tourner vers les dimensions spirituelles de la réalité afin de se préparer à rencontrer le Seigneur de la Création. Cela a toujours été un problème, bien sûr, mais la situation est pire aujourd’hui étant donné la puissance de la science et de la technologie modernes. En effet, il n’y a pas de moindre tentation de nos jours d’adorer le travail de nos mains numériques – et de plus en plus générées par l’intelligence artificielle. Mais c’est un piège et une illusion, voire une sorte d’idole ouverte.

    Plusieurs prélats ont les dons pour résoudre ce problème et feraient de bons papes, toutes choses égales par ailleurs. Mais toutes choses ne sont pas égales par ailleurs, et le prochain pontife devra également posséder un ensemble de compétences très différentes pour mener à bien une réforme en profondeur du Vatican lui-même, en particulier le fouillis de scandales sexuels et d'irrégularités financières.

    Les élites européennes et même les responsables du Vatican ne sont pas particulièrement ravis de la réforme radicale que Trump, Vance et Musk mènent aux États-Unis. Mais les alternatives sont soit la même chose, soit une situation instable qui peut sembler chaotique mais qui est une période de transition qui doit se produire pour sauver ce qui ne le sera pas autrement.

    Les aspirations pieuses ne suffisent pas pour accomplir de telles tâches dans l'Église. Quiconque accepte ces tâches devra avoir la peau dure. Les papabili dotés de ces compétences ne sont pas légion.

    Et dans le climat médiatique actuel, un nouveau pape devra également posséder les compétences nécessaires pour que son personnage public – c’est-à-dire la façon dont le monde le voit, lui et l’Église – ne soit pas absorbé par la frénésie médiatique autour des habituels sujets « brûlants ».

    Jean-Paul II a pu le faire grâce à ses grands dons de communicateur et à son cœur marial. Benoît XVI était un homme aux dons intellectuels singuliers, peut-être le plus grand théologien à avoir jamais accédé au trône, mais à certains égards, il était trop doux et humble pour apprivoiser les médias. François a su jouer avec les médias lorsqu’il les a encouragés à semer le désordre ou lorsqu’il leur a demandé qui était le juge. Moins lorsqu’il a qualifié l’avortement de « tueur à gages » ou qu’il a déploré l’idéologie du genre comme une forme de colonialisme.

    Notre prochain pape ne devra donc pas être simplement aussi rusé qu'un serpent et aussi doux qu'une colombe. Idéalement, il devra avoir une âme aussi surnaturelle qu'un ermite et un esprit aussi féroce qu'un guerrier. Où trouver un tel personnage ? C'est une grande question. Mais prions le Saint-Esprit pour qu'il nous donne la réponse.

  • Un tour d'horizon des papabili

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    De sur The Remnant :

    Après François : qui sont les Papabili (candidats au prochain conclave) ?

    La santé fragile du pape pousse de plus en plus de personnes à se tourner vers le prochain conclave. Entrent alors en scène les « papabili », les cardinaux les plus susceptibles de succéder à François. En cas de décès du pape François, certains cardinaux jusqu'ici restés réservés et discrets exprimeront-ils ouvertement leurs positions opposées ? Ces douze années ont été difficiles à gérer, même pour les plus proches de la mafia saint-galloise...

    Aujourd'hui, le Collège des cardinaux est composé de 252 membres, dont 138 électeurs, et pas moins de 149 (soit près de 60% du total) ont été créés par François, contre 103 par ses prédécesseurs immédiats. Au cours de ces douze années de pontificat, nous avons assisté à un nombre très élevé de consistoires et de créations de cardinaux, dont beaucoup ont concerné des prélats provenant de régions éloignées du monde et de l'Église, ou - comme on préfère aujourd'hui - de régions "périphériques".

    Apparemment une manière de donner la parole à ces peuples qui jusqu'à présent seraient restés marginalisés dans le gouvernement de l'Église, en réalité, après une analyse plus sérieuse et plus approfondie, il devient clair que ce choix fait partie d'une stratégie très précise de François pour favoriser, après son départ, l'élection d'un pape « à son image et à sa ressemblance » capable et désireux d'achever ou du moins de continuer l'œuvre qu'il a initiée, une profonde révolution néo-moderniste de l'essence de l'Église catholique et en particulier de la papauté.

    Le fait que François ait créé autant de cardinaux « périphériques » a produit deux effets. Le premier est que la plupart des cardinaux d’aujourd’hui ne connaissent pas les dynamiques complexes du pouvoir curial. Le deuxième est que les membres du Collège, pour la plupart, ne se connaissent pas. C’est là que se trouve la base de la deuxième phase de la stratégie : dans l’espoir que les cardinaux choisis se sentent « reconnaissants » envers François pour le titre reçu et conscients qu’ils sont tous, à des degrés divers, alignés sur les tendances les plus progressistes de la théologie catholique contemporaine, ces cardinaux devraient être encouragés, pendant le conclave, à s’unir et à soutenir le Parti François du Collège, ces cardinaux qui portent activement l’agenda bergoglien, qui, comme nous le verrons, n’est pas aussi majoritaire qu’il pourrait le paraître.

    En admettant, sans l’admettre, que le parti de François soit vaincu au conclave, il convient de faire une préface à notre brève analyse des Papabili. L’Église, après la mort de Bergoglio, aura besoin d’un pape très courageux et fort, mais surtout jeune, qui sache remédier résolument à tous les dommages causés au cours de ces années.

    Pour remédier à ce grand manque de connaissances parmi les cardinaux, les vaticanistes bien connus Edward Pentin et Diane Montagna ont entrepris un travail nécessaire et louable. Le College of Cardinals Report est en effet un site immersif et interactif qui permet d'apprendre de manière concise mais non superficielle les données les plus importantes sur le Collège dans son ensemble, ainsi que sur les cardinaux pris individuellement.

    De cette façon, chaque cardinal pourra approfondir sa connaissance de chaque profil de ses collègues les plus « éminents » et voter de manière beaucoup plus consciente. Ce site, s'il était diffusé parmi les princes de l'Église, pourrait servir de tampon à la stratégie susmentionnée de Bergoglio. Attention : je ne dis pas que ce sont là les intentions de Pentin et Montagna, c'est juste mon avis.

    Grâce à cet outil précieux, désormais accessible à tous, nous pouvons identifier 22 cardinaux papabili, et parmi eux, 12 particulièrement influents. Si nous imaginions répartir ces cardinaux de manière « parlementaire », en plaçant à droite les plus favorables à la préservation de la Tradition catholique et à gauche les néo-modernistes les plus radicaux, nous obtiendrions une image comme celle-ci. En rouge, j’ai mis en évidence les cardinaux les plus amis de la Tradition. En violet, j’ai indiqué les cardinaux papabile qui, sans être explicitement ou manifestement amis de la Tradition catholique (en particulier liturgique), peuvent néanmoins être considérés comme alignés sur la ligne ratzingerienne et donc plus conservateurs du point de vue théologique, moral et pastoral. Comme on le voit, dans l’ensemble, les traditionalistes et les conservateurs sont majoritaires, malgré ce que l’on pourrait penser. Cela nous aide peut-être à mieux comprendre pourquoi François a décidé d’utiliser la stratégie précédemment expliquée.

    Graphique de fan du Cardinal Gaetano

    A gauche, on trouve l’aile la plus progressiste des cardinaux papabile. Dans la partie couleur cobalt, on trouve trois cardinaux que l’on pourrait définir comme « modérés », très discrets dans leurs affirmations, mais qui sont très probablement favorables au parti de François. Enfin, on trouve le parti de François dans la partie bleue, ceux que Bergoglio a indiqué à plusieurs reprises comme ses favoris et ses protégés (en fait, ses protégés ont connu des moments de plus ou moins grande faveur de la part du titulaire au fil des ans). Les noms des principaux papabili sont en caractères gras blancs.

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  • Une démission du pape François ? " Elle n'est prévue que dans des cas très graves; de la Croix, on ne descend pas " (cardinal Müller)

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    De Franca Giansoldati sur le Messaggero :

    Une démission du pape François ? " Elle n'est prévue que dans des cas très graves; de la Croix, on ne descend pas " (cardinal Müller)

    Le cardinal et théologien : " L'Église en ce moment a surtout besoin de rester unie "

    23 février 2025

    "La démission d'un pape, de n'importe quel pape, à mon avis, ne peut pas être considérée comme une option. On ne descend pas de la Croix, comme l'indiquent les Écritures". D'une étagère d'un kilomètre de long chargée de livres, le cardinal théologien Gerhard Muller sort un volume rouge, un Évangile, l'ouvre et pointe du doigt un passage.

    En ces jours où circulent des hypothèses de démission et où fleurissent des rumeurs malveillantes de décès (hier encore, les fake news sur la santé de François se sont multipliées malgré les assurances des médecins de Gemelli), vous qui comptez parmi les conservateurs les plus critiques de ce pontificat, qu'en pensez-vous ?

    "Je ne cesserai jamais de le répéter, l'Église, en ce moment historique, a besoin d'unité en son sein. Ce matin encore (hier matin ndlr), j'ai prié dans ma chapelle pour le Pape et pour sa santé. Je suis peiné par ce qui se passe. Nous, les croyants, devons vivre en pleine communion avec l'Église de Rome, dont l'évêque est le pape, symbole éternel de l'unité, principe permanent de la vérité révélée. Il est le successeur de saint Pierre, l'apôtre qui a souffert ici, à Rome, et qui, sous Néron, a trouvé le martyre".

    Pourquoi avez-vous cité l'Évangile de Jean plus tôt ?

    "C'est sur le lac de Tibériade que le Christ a choisi Pierre comme pasteur universel de l'Église. Tout est là, dans ce “suivez-moi”. Pierre a payé sa vie par le martyre. Et Jésus lui a clairement fait comprendre que son choix le mènerait là où il ne voulait pas aller. Pour nous, chrétiens, la maladie et la mort restent une configuration avec le Christ, mort sur la croix et ressuscité, qui nous donne la vie éternelle. Les paroles adressées à Pierre s'appliquent évidemment à tous ses successeurs. Cela signifie que l'on ne descend pas de la croix, même si l'on est fatigué : le pape doit être le premier à témoigner qu'après la mort, il y a une résurrection dans une suite qui offre l'espérance".

    Il ne devrait donc pas y avoir d'institution de la renonciation....

    "Le droit canonique ne l'envisage que dans des cas particuliers et très graves, par exemple en cas d'empêchement cognitif ou d'apostasie. Pour les papes, les critères des dirigeants politiques ou militaires qui se retirent à un moment donné ne devraient pas s'appliquer. Dans l'Église, je ne vois pas de place pour le fonctionnalisme, mais seulement pour le témoignage".

    Benoît XVI, dont vous êtes l'éditeur de l'immense opera omnia et dont vous avez été le collaborateur, s'est donc trompé ?

    "Je l'ai répété publiquement des dizaines de fois : je n'ai jamais compris pourquoi il a fait ce pas. Je ne vois aucune racine théologique à l'introduction du critère du fonctionnalisme dans l'Église. Je suis sceptique quant à la renonciation d'un pape parce qu'il se sent épuisé et qu'il ne peut plus faire face à la situation. Cela porte atteinte au principe de l'unité visible de l'Église incarnée par la figure du pape. C'est pourquoi la renonciation ne peut pas devenir une chose normale, comme la retraite dans une entreprise".

    Pourtant, le droit canonique prévoit ce passage...

    "Dans des cas particuliers. Par exemple, si un pape est atteint de la maladie d'Alzheimer. Mais pas quand il y a des maladies physiques qui ne compromettent pas du tout les facultés cognitives. Le pape François souffre d'une pneumonie bilatérale qu'il soigne heureusement dans un excellent hôpital ; pour le reste, il n'a compromis aucune de ses facultés intellectuelles. Parler de démission est absurde. Et puis dans son séjour, je pense qu'il peut donner un exemple au monde entier, à ceux qui souffrent, aux malades, aux mourants, à ceux qui ont peur de la mort. Le témoignage est inestimable".

    Selon vous, pourquoi les gens ont-ils si peur de mourir ?

    "La cause en est le néo-paganisme. On croit qu'il n'y a pas d'espoir après la mort. Je pense à saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens : "Si, pour des raisons humaines, j'avais combattu à Éphèse contre les bêtes, à quoi cela m'aurait-il servi ? Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons".

    Pourquoi y a-t-il tant de fausses nouvelles sur François qui circulent ces jours-ci ?

    "Je ne sais pas, peut-être pour le sensationnel et peut-être aussi parce que certains pensent à la papauté d'un point de vue politique, sans tenir compte du fait que lorsqu'on souhaite du mal à son prochain, on commet un péché mortel. Dieu seul peut décider de la fin de notre existence terrestre. Ici aussi, il y a un passage de l'Évangile de Luc : « Père, je remets mon esprit entre tes mains »".

    Qu'imaginez-vous pour l'avenir de l'Église ?

    "L'unité, je ne souhaite que l'unité."

    Hier, c'était la fête de la Chaire de saint Pierre....

    "Il y a vingt-quatre ans, l'archevêque Bergoglio a été créé cardinal par Jean-Paul II, tandis que j'ai été créé cardinal par le pape François il y a onze ans. J'ai travaillé avec lui pendant cinq ans à la Doctrine de la foi. Nous avons eu une relation dialectique, sur de nombreux sujets nous avons des approches différentes, mais les relations personnelles et la loyauté que l'on doit toujours au Successeur de Pierre demeurent".

    Revenons au sujet de la renonciation : étant donné qu'en moyenne la vie humaine s'est passablement allongée, il est tout simplement impensable, d'un point de vue théologique, d'imaginer un seuil d'âge pour les papes également. Un peu comme les évêques qui se retirent à 75 ans ou les cardinaux qui cessent d'être électeurs à 80 ans ?

    "Dans le cas de l'évêque de Rome, non. S'il n'a plus la force physique, il peut toujours compter sur les collaborateurs de la curie et les cardinaux qui sont les premiers représentants appelés à l'aider s'il ne peut plus faire certaines choses, la messe à Saint-Pierre, les voyages, etc.

  • La puissance du Christ et la fête de la Chaire de Saint Pierre

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    Du Père Charles Fox sur le CWR :

    La puissance du Christ et la fête de la Chaire de Saint Pierre

    Pour nous qui sommes passagers de la barque de Pierre, l’Église catholique, notre confiance est infailliblement fondée, car le divin passager qui nous accompagne est inviolable.

    Le 19 avril 2005, j’étais dans la cinquième de mes six années de formation au séminaire, en tant que stagiaire dans une paroisse rurale du nord-est de l’archidiocèse de Détroit. Ce matin-là, je devais accompagner mon curé à une réunion du clergé du vicariat dans une paroisse voisine.

    Ce jour-là, un événement ecclésial d'une importance encore plus grande se déroulait à Rome. C'était le deuxième jour du conclave pontifical qui avait eu lieu après la mort du pape Jean-Paul II au début du mois. Ce fut aussi le dernier jour du conclave. La fumée blanche s'élevait de la cheminée de la chapelle Sixtine et les préparatifs étaient en cours pour la présentation de notre nouveau saint-père. Tous les prêtres présents se sont rassemblés autour de la télévision juste à temps pour entendre :

    Annuntio vobis gaudium magnum :

    HABEMUS PAPAM !

    Eminentissimum ac reverendissimum Dominum,

    Dominum Iosephum Sanctæ Romanæ Ecclesiæ Cardinalem Ratzinger,

    Qui sibi nomen imposuit Benedicti decimi sexti .

    Au moment où le nom « Ratzinger » a été prononcé, trois choses se sont produites successivement :

    • Tout d’abord, mon cœur s’est immédiatement rempli d’enthousiasme. C’était exactement le résultat que j’espérais et pour lequel je priais.
    • Deuxièmement, au plus fort de mon triomphe, un pasteur présent a émis un gémissement audible et a fait part clairement de sa déception aux prêtres assemblés.
    • Et troisièmement, en réaction à sa réaction, je suis devenu troublé et quelque peu scandalisé.

    Il faut reconnaître que ce prêtre est venu me voir quelques années plus tard lors d'une cérémonie ecclésiastique et s'est excusé auprès de moi pour sa réaction ce matin-là. Il m'a dit à quel point il trouvait que Benoît XVI avait été un bon pape. J'ai rarement vu un prêtre aussi humble et aussi apologétique, et j'en ai été vraiment édifié.

    En repensant aux réactions contrastées que ce prêtre et moi avons eues lors de l’élection du pape Benoît XVI, quelques pensées me viennent à l’esprit (voici une autre liste de trois choses) :

    • Premièrement, il va de soi que chacun d’entre nous aura une opinion sur les papes individuellement, dans la mesure où ils sont tous des individus dotés d’un ensemble unique de forces et de faiblesses, ainsi que de personnalités, d’approches pastorales et de points d’accentuation distincts.
    • Deuxièmement, nos positions enthousiastes ou critiques à l’égard de certains traits particuliers d’un pape donné doivent toujours être subordonnées à notre respect et à notre charité filiale envers la fonction et la personne du Saint-Père.
    • Troisièmement, et c'est le plus fondamental, nous devons rester fermes dans la foi, confiants que le Seigneur Jésus est présent et actif dans son Église et dans son vicaire, le pape. Je ne veux pas dire dans chaque parole et chaque action de chaque pape . Même la performance de saint Pierre était susceptible d'être critiquée sur certains points. Demandez à saint Paul. Mais je veux dire que nous ne devons jamais sous-estimer la puissance de la présence du Christ dans son Église et ses papes.

    Il faut reconnaître cependant qu'il y a des moments dans l'histoire de l'Eglise où la navigation semble facile et la fidélité relativement aisée, et d'autres où nous nous sentons mis à l'épreuve. Par exemple, le prêtre auquel j'ai fait allusion plus haut s'est senti mis à l'épreuve par l'élection du pape Benoît XVI. Et j'espère que c'est sa fidélité au Seigneur et à l'Office pétrinien qui l'a aidé à changer d'avis, et pas seulement le fait qu'il ait aimé ce que le pape disait ou faisait.

    Il serait insensé de nier qu’aujourd’hui beaucoup se sentent mis à l’épreuve de diverses manières, alors que tant de questions théologiques et pastorales vitales sont débattues dans toute l’Église universelle. Beaucoup de nos fidèles, et je soupçonne qu’ils sont nombreux au sein de notre propre communauté, aimeraient avoir la sécurité qui va de pair avec le fait que les choses soient réglées, bien formulées, complètement et clairement .

    Nous pouvons parfois être tentés de ressentir ce que les disciples ont ressenti lors de la tempête sur la mer de Galilée, lorsqu’ils craignaient de périr pendant que Jésus dormait dans la barque. Nous pouvons être tentés de penser que les tempêtes qui nous entourent représentent une menace mortelle. Nous pouvons être tentés d’oublier que Jésus est avec nous, ou de nous décourager parce qu’il semble endormi.

    Il existe une histoire intéressante sur Jules César qui pourrait nous être utile ici. Un jour, César faisait la traversée de Durazzo, dans l’Albanie actuelle, à destination de la ville italienne de Brindisi. Le capitaine du bateau sur lequel il voyageait eut peur à cause d’une grande tempête qui s’était levée dans la mer Adriatique. Voyant l’inquiétude de l’homme, César lui dit : « Prends courage, mon ami, prends courage et n’aie pas peur. César est ton passager, et la fortune de César est ton chargement. »

    Pour Jules César, une telle déclaration était peut-être une vantardise égocentrique. Ou peut-être avait-il le sentiment divin que la mort en mer n'était tout simplement pas son destin ce jour-là. Je ne sais pas lequel de ces deux cas était possible.

    Mais pour nous qui sommes passagers de la barque de Pierre, l’Église catholique, notre confiance est infailliblement fondée, car le divin passager qui nous accompagne est inviolable.

    Peu importe les tempêtes qui font rage autour de nous, peu importe la quantité d’eau que le bateau du salut semble prendre, le Seigneur est toujours avec nous. Il promet de prendre soin de nous. Et il a plus qu’assez de puissance pour tenir ses promesses.

    Le Christ est toujours présent dans son Église (cf. Mt 28, 20), il est présent dans son vicaire sur terre (cf. LG, 3), et il est particulièrement présent pour nous dans la Sainte Eucharistie, offerte et reçue à chaque célébration du Saint Sacrifice de la Messe (CEC 1324). Quelles que soient les inquiétudes de notre cœur, qu’elles concernent l’Église, le monde, nos familles ou nos propres vocations, nous ne devons pas nous effrayer, nous ne devons pas être parmi les « de peu de foi ».

    Au contraire, nous prions et nous faisons confiance. Nous discernons quand la véritable obéissance nous oblige à exprimer nos inquiétudes et quand il vaut mieux garder le silence. Et nous trouvons la paix dans la ferme conviction que le Christ, le Fils du Dieu vivant, est ici parmi nous et qu’il est le Seigneur de toutes choses. Il a bâti son Église sur le roc de saint Pierre et de sa foi. Puissions-nous persévérer dans la foi de l’Église jusqu’à la mort, jusqu’à ce moment décrit par saint Pierre : « Lorsque le souverain pasteur paraîtra, vous recevrez la couronne incorruptible de la gloire » (1 Pierre 5, 4).

    Remarque : cette note a été publiée à l’origine le 22 février 2024.)

    Le révérend Charles Fox est professeur adjoint de théologie au Grand Séminaire du Sacré-Cœur de Détroit. Il est titulaire d'un diplôme en théologie dogmatique de l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin (Angelicum), à Rome. Il est également aumônier et membre du conseil d'administration de Saint Paul Street Evangelization, dont le siège est à Warren, dans le Michigan.
  • La sainteté de l'Église et les scandales qui y sévissent

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    De Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana :

    La sainteté de l'Église et les scandales qui y sévissent

    Comme l’expliquent les théologiens, l’Église fondée par Jésus-Christ est le Royaume de Dieu dans ce monde, l’accomplissement de la Rédemption, la perfection de l’œuvre du Saint-Esprit, la manifestation la plus glorieuse de la Sainte Trinité. La glorification de la Sainte Trinité est le but ultime de l’Église et de toute la création. La sainteté de Dieu, Un et Trine, constitue la raison de la sainteté de l’Église, qui est par nature intrinsèquement sainte, pure et immaculée, même si elle est composée de pécheurs. Cette sainteté est attestée par ses membres. Quelle que soit l’ampleur de la corruption au sein de l’Église, il y aura toujours un nombre suffisant de saints qui maintiendront la vraie foi et mèneront une vie de perfection. La sainteté du Corps mystique n'exige pas que tous ses membres soient saints, mais qu'il y ait des saints et que leur sainteté apparaisse comme le fruit des principes et des règles de sainteté confiés par le Christ à l'Église (Corrado Algermissen, La Chiesa e le chiese , Morcelliana 1942, pp. 3-15). 

    Malheureusement, cette dimension surnaturelle de l’Église est étrangère non seulement à ceux qui la combattent, mais parfois même à ceux qui la défendent. L’Église a toujours eu ses détracteurs et ses défenseurs, mais aujourd’hui, le risque existe que même ces derniers la considèrent sur un pied d’égalité avec une entreprise ou un mouvement politique. 

    Le pape François, par exemple, apparaît souvent comme un leader politique plutôt que comme le successeur de Pierre. Mais au-delà de l'exercice douteux de son gouvernement et de la représentation médiatique qui en est faite, il demeure le Vicaire légitime du Christ, le 266e pape de l'Église catholique.

    Les successeurs légitimes des Apôtres sont les cardinaux qui l'entourent et qui seront chargés d'élire son successeur. Cependant, les controverses autour de la figure du Pontife régnant s'étendent également au Sacré Collège, en raison des erreurs professées publiquement par certains cardinaux et des scandales moraux qui, à tort ou à raison, impliquent certains d'entre eux. Les scandales et les erreurs ont accompagné la vie de l’Église depuis ses origines, qui a établi en son sein des tribunaux ecclésiastiques capables de vérifier les accusations et d’imposer aux coupables les sanctions ecclésiastiques appropriées. Un fait nouveau et inquiétant est que les condamnations et les acquittements sont désormais prononcés dans les médias, avant d’être prononcés dans les salles d’audience des tribunaux ecclésiastiques, renversant ainsi cette tradition de discrétion et de justice qui a toujours caractérisé le travail de l’Église en interne. 

    La presse internationale a accordé ces derniers jours une grande importance au cas du cardinal péruvien Juan Luis Cipriani Thorne, archevêque de Lima, qui, selon la reconstitution des faits par le quotidien espagnol  El País du 25 janvier, suivie de l'intervention du cardinal et d'un communiqué de la Salle de presse du Vatican, a été soumis par le Saint-Siège à des mesures limitant son activité publique, son lieu de résidence et l'utilisation des insignes cardinaux. C’est parce que le pape semble le considérer coupable de graves crimes moraux et l’a sanctionné, mais sans que personne ne connaisse les preuves sur lesquelles se fondent ces sanctions. Pour l'instant, le cardinal Cipriani s'est déclaré innocent et a protesté contre le non-respect des règles légales. Comme le cardinal Cipriani, l'archevêque péruvien José Antonio Eguren, impliqué dans les récents événements qui ont conduit à la suppression du Sodalitium Christianae Vitae, a dénoncé avoir été soumis à un processus dans lequel ses droits n'ont pas été respectés, impliquant que le Saint-Siège procède sur le plan juridique en utilisant des pratiques indignes de l'Église du Christ.  

    Le risque est que les abus moraux reprochés à ces prélats se superposent à des abus juridiques tout aussi graves. Cela pourrait faire planer un nuage d'incertitude autour des nombreux scandales qui ont frappé le Collège des cardinaux au cours des dernières années du pontificat, à commencer par le cas du cardinal américain Theodore McCarrick, destitué de l'état clérical par le pape François en février 2019 pour des abus sexuels dans lesquels il était impliqué.

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  • Retour sur le site internet qui passe les cardinaux papabili aux rayons X

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    De Stefano Chiappalone sur la NBQ :

    Les cardinaux aux rayons X : un site Internet révèle ce que pensent les Papabili

    Pas de prédictions mais des profils raisonnés : The College of Cardinals Report passe en revue la spiritualité, la doctrine et les compétences de gouvernance d’un nombre toujours croissant de cardinaux. Qui n’ont pas eu beaucoup d’occasions de se connaître au cours de la dernière décennie, expliquent les conservateurs Edward Pentin et Diane Montagna.

    15_02_2025

    Ils sont de plus en plus nombreux et se connaissent de moins en moins : un problème de taille pour les cardinaux qui tôt ou tard seront appelés à élire le prochain pape sans se connaître beaucoup (y compris celui qui sera élu). Un paradoxe à l'ère du web qui offre une quantité infinie de nouveautés, mais qui manque d'éléments décisifs pour saisir la spiritualité, l'orthodoxie (ou l'hétérodoxie !) et la capacité de gouverner l'homme à qui un jour seront confiées les clés de Pierre. Une lacune récemment comblée par le site  The College of Cardinals Report , édité par les experts du Vatican Edward Pentin et Diane Montagna, qui ont expliqué à La Bussola les raisons et les objectifs de ce projet.

    Edward Pentin, vous êtes le co-fondateur du College of Cardinals Report . Pourquoi créer un site internet spécifiquement dédié aux cardinaux ? Un visiteur du site pourrait se demander : n'y avait-il pas déjà suffisamment de biographies en ligne (sur le site du Vatican ou ailleurs...) ?

    Edward Pentin : La plupart, sinon la totalité, des biographies en ligne de cardinaux, comme celles qui se trouvent sur le site Web du Saint-Siège, ne contiennent que des informations biographiques de base : le lieu de naissance des cardinaux, leur parcours universitaire et les fonctions ecclésiastiques qu’ils ont occupées. Bien que ces informations soient évidemment utiles, le lecteur n’arrive pas à se faire une idée claire de l’homme et de ce qu’il représente. Le rapport du Collège des cardinaux  vise à résoudre ce problème en fournissant des profils détaillés de plus de 40 cardinaux (d’autres sont prévus) et plus de 200 profils concis qui, bien que brefs, visent à donner au lecteur une meilleure idée de qui est un cardinal et de quelle est son orientation. 

    Le besoin d’un tel site est-il apparu récemment, avec l’expansion et l’internationalisation du Sacré Collège, ou y a-t-il eu des tentatives dans le passé pour combler le manque de connaissances parmi les cardinaux ?

    Edward Pentin : Le besoin – et la demande – d’une telle ressource sont devenus particulièrement aigus après 2014, lorsque le pape François a interdit aux cardinaux de se réunir en consistoires, éliminant ainsi une précieuse opportunité pour eux d’apprendre à se connaître. De plus, comme vous le remarquez, depuis son élection comme pape en 2013, François a choisi comme cardinaux des prélats moins connus, issus de régions « périphériques » du monde en développement. Puisqu'il a nommé 110 des 138 cardinaux électeurs (à ce jour), cela signifie que beaucoup d'entre eux ne se connaissent pas.

    Mon livre de 2020, The Next Pope , qui dressait le profil de 19 candidats cardinaux de premier plan, était une première tentative pour aborder la question, et le rapport du Collège des cardinauxc'est une extension de celui-ci. Mais il existe souvent des livres détaillant les « candidats en lice » avant un conclave. Le livre de John Allen, Conclave: The Politics, Personalities and Process of the Next Papal Elections, publié en 2002  , est le premier du genre. Ensuite, si l'on remonte au milieu du XVIe siècle, et peut-être même plus tôt, des avis publics, précurseurs des journaux, étaient affichés à Rome qui fournissaient quelques détails sur les principaux candidats. Ces biographies contenaient des notes rudimentaires sur les princes de l'Église, mais étaient souvent basées sur des ouï-dire. Ainsi, au cours des siècles suivants, des diplomates et d'autres écrivains fiables ont compilé des biographies plus complètes et plus fiables des cardinaux et les ont distribuées aux parties intéressées. Le cardinal Walter Brandmüller, président émérite du Comité pontifical des sciences historiques, a déclaré que ces tableaux de cardinaux dataient du XVIIIe siècle. Des manuscrits aussi détaillés constituent un précédent pour ce projet.

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  • Hospitalisation du Pape François : sa démission est déjà signée (Radio Notre-Dame)

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    D'Apolline-Marie Labarrière sur le site de Radio Notre-Dame :

    Hospitalisation du Pape François : sa démission est déjà signée

    Ce vendredi 14 février, alors que le monde entier célèbre la Saint Valentin, une nouvelle peu rassurante secoue le monde catholique et donne un élan d'Amour encore plus grand et partagé dans un esprit d'Eglise et de fraternité. En effet, l'information est tombée peu avant midi : le pape François à l'hôpital Gemelli de Rome. 

    On savait le souverain pontife bronchiteux puisque sa maladie avait empêché la fin du sermon lors du Jubilé des Forces Armées le dimanche 9 février dernier.  Néanmoins, au cours de ces dernières années, plusieurs épisodes avaient entravé l'action du Saint Père, âgé de 88 ans depuis la mi-décembre 2024. Comme la majorité de ses prédécesseurs, le pape François est monté sur le trône de Pierre à l'âge de 76 ans où il est fréquent de commencer à rencontrer des problèmes de santé. Pour rappel, seul, Saint Jean-Paul II était « jeune » lors de son élection puisque devenu pape à 58 ans. 

    Au sujet du Pape François et de sa santé : l'ancien cardinal subit une ablation du lobe supérieur de son poumon lorsqu'il a 21 ans suite à une grave pneumonie. Cette opération rendra son système immunitaire et pulmonaire très fragiles. Opérations du colon en 2021 ou de l'abdomen en 2023, le Saint Père n'en est pas à sa première difficulté de santé devant l'amener jusqu'à l'hôpital, néanmoins, il est tout à fait légitime de s'en préoccuper étant donné les alertes médicales fréquentes ces derniers mois. En raison des problèmes de santé délicats qu'il rencontra à la fin de l'année 2022, le pape François a confirmé qu'il avait déjà signé sa lettre de démission, qui sera effective dans le cas où il souffrirait d'une « incapacité ». La lettre date de plusieurs années et était entre les mains du secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, démissionnaire en 2013. 

    Alors, où se trouve la lettre de démission du souverain pontife ? 

    Dans un entretien, publié en 2022 par le quotidien espagnol ABC (article ici), le sujet de la démission est posé à l'occasion de l'interview-fleuve : « J’ai déjà signé ma démission. Tarcisio Bertone était secrétaire d’Etat. Je l’ai signée et je lui ai dit : “En cas d’empêchement pour raisons médicales ou autres, voici ma démission. Vous l’avez.” Je ne sais pas à qui le cardinal Bertone l’a donné, mais je le lui ai donné lorsqu’il était secrétaire d’État. »

    Il convient de rappeler que le prédécesseur immédiat de François, le pape Benoît XVI, avait pris la décision presque sans précédent de démissionner, invoquant lui aussi des problèmes de santé liés à l'âge. Aucun pape n'avait démissionné depuis au moins 600 ans.

    Dès lors, quelles seraient les conséquences d'un empêchement du Pape nécessitant sa démission ? 

  • Le concept de « synodalité » a-t-il un pouvoir d'exécution ? Au vu de l'histoire du « magistère papal », c'est mitigé

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    De Charles Collins sur Crux :

    Le concept de « synodalité » a-t-il un pouvoir d'exécution ? Au vu de l'histoire du « magistère papal », c'est mitigé

    10 févr. 2025

    La « synodalité » est un thème majeur du pontificat de François, mais ce que le terme signifie dans son registre « franciscain » n'est pas vraiment très clair. Les déclarations du Vatican ont tendance à tourner autour de la signification du terme, et les évêques - dont beaucoup sont des promoteurs et des champions de la synodalité - la décrivent avec leurs propres mots.

    Mais que signifie réellement le terme « synodalité » ?

    Historiquement, les synodes existent sous une forme ou une autre depuis les temps apostoliques. Le Concile de Jérusalem a été le premier rassemblement de ce type, et nous le connaissons parce qu'il fait l'objet d'un chapitre entier dans les Actes des Apôtres.

    Le concile de Jérusalem est souvent cité comme le prototype du concile œcuménique. Il est vrai qu'il était très différent, tant dans sa portée que dans sa structure, des synodes qui se tiennent régulièrement dans les Églises orientales et des synodes diocésains qui se tenaient régulièrement en Occident.

    Il y a aussi le Synode des évêques établi par le Pape St Paul VI après le Concile Vatican II, qui - pour ne pas être trop précis - n'a jamais été beaucoup plus qu'un lieu de discussion.

    Quelle que soit la « synodalité » sous François, elle n'est rien de tout cela. Parfois, il semble que la synodalité soit un conglomérat de parties glanées dans chacun et dans d'autres modes et organes de gouvernance de l'Église dans l'histoire.

    « La synodalité est la marche commune des chrétiens avec le Christ et vers le Royaume de Dieu, en union avec toute l'humanité... avec le désir d'une Église plus proche des gens et plus relationnelle - une Église qui est la maison et la famille de Dieu », a déclaré le Synode des évêques l'année dernière.

    « La synodalité est un chemin de renouveau spirituel et de réforme structurelle qui permet à l'Église d'être plus participative et missionnaire afin qu'elle puisse marcher avec chaque homme et chaque femme, en rayonnant la lumière du Christ », ajoute la déclaration.

    Tout cela est plutôt éthéré et, soyons honnêtes, seul François lui-même sait ce qu'il veut dire.

    De nombreuses personnes - en particulier les conservateurs - s'opposent à cette discussion sur la « synodalité », pensant qu'il s'agit d'un cheval de Troie destiné à permettre aux catholiques plus progressistes de faire avancer leur programme, du moins en Europe et en Amérique du Nord.

    Beaucoup d'encre a coulé pour dire, argumenter et expliquer comment un certain nombre de déclarations papales et même de documents officiels publiés au nom du pape ou avec une sorte d'approbation papale ne sont pas des déclarations ex cathedra - ainsi nommées parce qu'elles viennent « de la chaire » de saint Pierre et que, selon le dogme catholique, elles sont donc protégées par le don papal spécial de l'infaillibilité.

    Il y a beaucoup à dire sur ce point et sur la nécessité de le garder toujours à l'esprit : L'infaillibilité papale est étroitement limitée et il est pratiquement impossible de l'invoquer par erreur.

    Néanmoins, le Magistère de l'Église enseigne aux catholiques d'honorer les opinions du pape, même lorsqu'il ne parle pas ex cathedra ou même « officiellement ».

    Depuis le XXe siècle, les catholiques « professionnels », qu'il s'agisse de journalistes, d'universitaires, d'intellectuels publics ou d'apologistes, se réfèrent au « magistère papal » pour désigner l'enseignement particulier d'un pape donné.

    On parle beaucoup du magistère papal dans ce sens, mais il semble qu'il ne tienne pas toujours la route.

    Durant le pontificat de saint Jean-Paul II, celui-ci était célèbre pour son enseignement de la « théologie du corps ». Il a passé les premières années de son pontificat à parler de cette théologie lors de ses audiences du mercredi.

    « La sacramentalité même de la création, la sacramentalité du monde s'est en quelque sorte révélée dans l'homme créé à l'image de Dieu. Par sa corporalité, sa masculinité et sa féminité, l'homme devient un signe visible de l'économie de la vérité et de l'amour, qui a sa source en Dieu lui-même et qui s'est déjà révélée dans le mystère de la création », a-t-il déclaré.

    Plusieurs livres ont été écrits sur les paroles du pape, et la « théologie du corps » est devenue un sujet régulier dans les églises catholiques du monde entier.

    Puis Jean-Paul est mort et Benoît XVI est arrivé à la tête de l'Église, et il a également donné un enseignement unique en 2009 : L'établissement d'un « Tribunal des Gentils » pour l'Église catholique, semblable à l'espace dans le complexe du Temple à Jérusalem où les personnes qui n'étaient pas juives pouvaient adorer le Dieu d'Israël.

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  • Le cardinal Re prolongé dans ses fonctions de cardinal doyen

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    Du Pillar :

    François prolonge le mandat du cardinal doyen

    6 février 2025

    Le pape François a prolongé les mandats du doyen et du sous-doyen du Collège des cardinaux, a annoncé jeudi le Vatican.


    Cardinal Giovanni Battista Ré. Crédit image : Lorenzo Iorfino, CC BY-SA 4.0

    Selon le bureau de presse du Vatican, le pape a « étendu l'approbation accordée par lui à l'élection du Très Éminent Seigneur Cardinal Giovanni Battista Re comme Doyen du Collège des Cardinaux », et a fait de même pour l'actuel sous-doyen, le cardinal Leonardo Sandri.

    L'annonce date les « prolongations » comme ayant été approuvées par le pape le 7 janvier pour Re et le 14 janvier pour Sandri, bien que l'annonce ne précise pas pour combien de temps.

    Re, 91 ans, et Sandri, 81 ans, occupent les fonctions de doyen et de sous-doyen depuis leur élection en 2020 par les membres de l'ordre des cardinaux-évêques, les membres les plus anciens du collège.

    Ces élections font suite à une réforme du poste de doyen effectuée par le pape François le mois précédent, avec laquelle il a transformé la fonction d'une nomination à vie en un mandat renouvelable de cinq ans.

    La nouvelle selon laquelle François a prolongé son « approbation » pour que les deux cardinaux puissent servir intervient après des informations selon lesquelles l'élection d'un nouveau doyen - prévue après l'expiration du mandat de Re le 18 janvier - avait été retardée, même si les évêques cardinaux se seraient réunis à Rome prêts à voter.

    Plusieurs médias ont suggéré que le pape François cherchait à retarder le vote par inquiétude quant à l'issue probable de la nomination du cardinal Sandri au poste de doyen, comme c'est la coutume pour les sous-doyens - bien que les rapports varient quant aux raisons supposées pour lesquelles le pape aurait soutenu ce point de vue .

    Le rôle du doyen du collège est bien défini dans le droit canon. Le doyen agit en tant que premier parmi ses pairs pour le collège, en particulier pendant un interrègne papal, en organisant le conclave pour l'élection d'un pape.

    Mais le mode d'élection du doyen n'est décrit que sommairement dans la loi et la nouvelle de la « prolongation de l'approbation » de François pour Re et Sandri dans leurs fonctions actuelles soulève un certain nombre de questions.

    Le pape approuve l'élection du doyen et du sous-doyen, après leur élection par les cardinaux-évêques. Les normes canoniques prévoient que celui qui est compétent pour approuver une élection pour une période déterminée est également compétent pour leur notifier l'expiration de leur mandat, ce qui déclenche formellement la vacance de la charge.

    Dans le cas de Re, il semble donc qu'il ait continué à exercer son rôle de doyen jusqu'à ce que le pape lui notifie officiellement que son mandat de cinq ans était expiré. Il n'est donc pas clair si une « prolongation d'approbation » formelle était légalement nécessaire.

    Le fait que la prolongation ait été datée de plusieurs semaines avant l'expiration du mandat de Re - bien qu'elle n'ait été annoncée que le 6 février - suggère que le pape agissait de manière préventive pour empêcher les cardinaux-évêques d'élire un nouveau doyen, bien qu'il ne soit pas clair quand ils ont été informés de la décision.

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  • Le Pape comme souverain absolu ? Les délires d'un canoniste

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    Du cardinal Zen sur la NBQ :

    Le Pape comme souverain absolu ? Les délires d'un canoniste

    Le monde n’est pas un seul diocèse dirigé par le pape et la subsidiarité est un principe de droit naturel. Et il n’existe pas de solution « presque infaillible ». Le cardinal Zen répond aux concepts erronés qui gagnent du terrain dans l'Église

    07_02_2025

    Cardinal Zen

    Nous rééditons un article du cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, tiré de son blog, car il réfute les thèses d'un canoniste qui sont révélatrices d'une tendance de certains théologiens progressistes : ils pensent pouvoir soutenir le pontificat actuel en théorisant les pouvoirs absolus du pape.

    Alors que je rangeais les piles d’articles que j’avais lus sur mon bureau, j’ai trouvé un article sur l’autorité du pape écrit par un soi-disant « novice en droit canon » en novembre de l’année dernière, et je voulais depuis longtemps avoir un mot avec ce « novice en droit canon ». Aujourd’hui, au début de cette année jubilaire, je voudrais écrire quelques mots, sans craindre d’être inclus dans le groupe des imbéciles qui « ne connaissent pas grand-chose au droit canonique ».

    Il a déclaré : « L’Église entière est comme un diocèse du pape. Le principe de subsidiarité n’est pas en vigueur dans ce domaine. » Il a également déclaré : « Cela est clairement expliqué par Lumen Gentium (la Constitution Vatican II sur l’Église, ci-après dénommée LG). »
    Je crains que même le cardinal Ghirlanda, SJ, n’ose pas reconnaître ce jeune canoniste comme son élève.

    1. « Lumen Gentium » complète la tâche interrompue par Vatican I. Après que Vatican I ait approuvé le dogme de l’infaillibilité papale, Vatican II a complété en détail les enseignements sur le Collegium Apostolorum et le Collegium Episcoporum.
    À la fin de  LG 20,  nous lisons clairement : « De même que la charge accordée individuellement à Pierre, le premier parmi les apôtres, est permanente et doit être transmise à ses successeurs, de même la charge des apôtres de guider l’Église est permanente et doit être exercée sans interruption par le sacré « Collège » des évêques. « C'est pourquoi le Concile sacré enseigne que les évêques, par institution divine, ont succédé aux apôtres, comme pasteurs de l'Église, et quiconque les écoute, écoute le Christ, et quiconque les rejette, rejette le Christ et Celui qui a envoyé le Christ » (l'Église utilise les termes « Concile » et « Synode » de manière interchangeable, le Concile Vatican II a été appelé « Haec Sacrosancta Synodus »).

    LG dit plus clairement dans la section 27 :  « Les évêques, en tant que vicaires et ambassadeurs du Christ, gouvernent les Églises particulières qui leur sont confiées par le conseil, l'exhortation, l'exemple et aussi par leur autorité et leur pouvoir sacré, dont ils n'utilisent que pour l'édification de leur troupeau dans la vérité et la sainteté, se rappelant que celui qui est plus grand doit devenir comme le petit, et celui qui est le chef comme le serviteur. Ce pouvoir, qu'ils exercent personnellement au nom du Christ, est propre, ordinaire et immédiat, même si son exercice est réglé en dernière instance par l'autorité suprême de l'Église et peut être circonscrit par certaines limites, au profit de l'Église ou des fidèles.

    La charge pastorale ou le soin habituel et quotidien de leurs brebis leur est entièrement confié ; ils ne doivent pas non plus être considérés comme des vicaires des Pontifes romains, car ils exercent une autorité qui leur est propre, et sont appelés à juste titre « prélats », chefs du peuple qu’ils gouvernent. (Les évêques sont nommés par le pape, mais leur autorité divine vient de Dieu, tout comme le pape est élu par les cardinaux, mais son autorité divine vient de Dieu.)

    2. Quant au principe de subsidiarité, il s’agit fondamentalement d’un principe de droit naturel, qu’il est d’autant plus nécessaire de respecter dans une grande organisation comme l’Église. Si l’évêque d’un diocèse le gère « avec compétence », le pape et les « responsables » centraux de l’Église ne devraient pas trop interférer. Si un évêque se révèle incompétent, le pape et les autorités centrales doivent le traiter strictement selon le processus disciplinaire.
    D’autre part, il convient que le Pape, même dans l’exercice de son autorité « infaillible », consulte ses frères évêques, qui sont les héritiers du Collège des Apôtres. À deux reprises dans l’histoire, le pape a utilisé son autorité « Ex Cathedra » (la Proclamation de l’Immaculée Conception et l’Assomption au Ciel du Corps et de l’Âme de la Vierge Marie), après avoir largement consulté les évêques du monde entier et les théologiens des universités catholiques. C'est un bon exemple.

    3. Et ce canoniste « novice » continue : « en ce qui concerne le Synode et qui peut y participer, nous nous référons à l’article 460 du Code de droit canonique ».
    Bien sûr, puisqu'il considère le Pape comme « évêque du seul diocèse au monde » et que le Synode qui se déroule dans le diocèse est le « Synode diocésain », dont il est question dans Pars II, sectio II, titulus III, cap. I du Droit canonique (460-468).

    Mais le Pape n’est pas l’évêque du seul diocèse au monde ! Et le dernier Synode n’est pas du tout un Synode diocésain ! Le Synode des Évêques est mentionné dans le Code de droit canonique Pars II, section I, chap. II (342-348)!
    Code de droit canonique 346 §1 : « Le synode des évêques réunis en assemblée générale ordinaire est composé de membres dont la majorité sont des évêques élus par les conférences des évêques selon la méthode déterminée par le droit du synode ; d’autres évêques sont désignés par la même loi ; d’autres encore sont nommés directement par le Pontife romain ; à ceux-ci s'ajoutent quelques membres (Supérieurs généraux) des instituts religieux cléricaux, élus conformément à la même loi". (Ces derniers membres non épiscopaux, sont comme les abbés des monastères de l'Église primitive, qui avaient de nombreux clercs sous leur juridiction, sont semblables aux évêques, portent la mitre et tiennent le bâton pastoral dans la liturgie.)
    Il est « créatif » de permettre aux non-évêques (laïcs, hommes et femmes) de participer au Synode des évêques avec droit de vote. Mais le droit canon n’encourage jamais la « créativité », il exige une stricte observance !

    4. Dans la conclusion de ce « chef-d’œuvre », notre « juriste » va jusqu’à dire que « tout ce qu’il (le Pape) dit sur la foi et la morale devient immédiatement « presque infaillible » ».
    Le Code de droit canonique n’utilise jamais le mot « quasi » ; « presque » et « infaillibilité » ne vont pas ensemble ; « presque infaillible » est toujours faillible !

  • Quand la synodalité est contredite par les faits; journal de guerre de l’Église syro-malabare

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Quand la synodalité est contredite par les faits. Journal de guerre de l’Église syro-malabare

    En l’espace de quelques semaines, le Pape François a élevé de simple prêtre à évêque, puis cardinal et enfin préfet du Dicastère pour le dialogue interreligieux l’Indien George Jacob Koovakad, 51 ans, qui est depuis quatre ans – et sera encore à l’avenir – l’organisateur de ses voyages à travers le monde.

    Fort heureusement, le nouvel élu ne devra s’occuper que du dialogue « ad extra » avec les autres religions parce que pour ce qui est du dialogue « ad intra », il est issu d’une Église qui ne pourrait pas être plus divisée, et même en opposition frontale avec le Pape.

    Mgr Koovakad appartient à l’Église catholique syro-malabare, qui compte 4,5 millions de fidèles qui résident pour la plupart dans le Sud de l’Inde, dans l’État du Kerala, où il a été ordonné évêque le 24 novembre dernier. Il s‘agit d’une Église dont les origines remontent aux premiers siècles, elle a été fondée par l’apôtre Thomas dont le tombeau est vénéré à Chennai (Madras), elle appartient à la famille syro-orientale, avec un gouvernement autonome de modèle synodal et elle est dotée d’une liturgie eucharistique propre, y compris la très ancienne anaphore d’Addai et Mari qui est la seule à ne pas inclure les paroles de Jésus sur le pain et le vin offerts comme son corps et son sang.

    Depuis le XVIè siècle, après l’arrivée des Portugais, l’Église syro-malabare a été fortement latinisée, avant de récupérer, avant et après le Concile Vatican II, certaines de ses caractéristiques ancestrales. L’une d’elles concerne la position des célébrants pendant la « Qurbana », la messe. En 2021, le synode de l’Église syro-malabare tout entière a défini définitivement et à l’unanimité que les célébrants devaient être tournés vers le peuple pendant la liturgie de la parole et la bénédiction finale, mais avec le dos au peuple et tournés vers l’autel pendant la liturgique eucharistique.

    C’est là que les romains s’empoignèrent. Car la quasi-totalité des nombreux prêtres du siège primatial, l’archéparchie d’Ernakulam-Angamaly, désobéirent à l’ordre et s’obstinèrent à célébrer toute la messe tournés vers le peuple. L’archevêque majeur de l’archéparchie, le cardinal George Alancherry, déjà mal vu de ses fidèles et durement mis en cause dans une affaire de malversation, ainsi que son administrateur apostolique nommé par le Pape, l’archevêque Andrews Thazhath, par ailleurs ancien président de la Conférence épiscopale indienne, se sont retrouvés presque seuls contre tous à défendre la décision du synode.

    Le climat s’était dégradé à tel point que Mgr Thazhath devait célébrer la messe sous protection policière pendant que les factions rivales s’affrontaient physiquement jusque dans les églises et qu’il a fallu fermer la cathédrale de Sainte-Marie à Ernakulam pendant plusieurs mois.

    Pendant ce temps, à Rome, le Pape François avait mis en branle le synode sur la synodalité, avec l’intention ouvertement déclarée d’étendre à toute l’Église ce modèle de gouvernement collégial. Et c’est donc le Pape qui souhaitait avant toute chose que les normes décidées par le synode syro-malabar de 2021 soient respectée.

    À l’été 2023, pour mettre un terme à la controverse, le Pape a dépêché en ces terres rebelles, en tant que délégué expert en la matière, le jésuite Cyril Vasil, archevêque de l’éparchie grecque catholique de Košice en Slovaquie et ancien Secrétaire du Dicastère pour les Églises orientales.

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