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Témoignages - Page 58

  • Mgr Gänswein : "Je crois que Traditionis Custodes a brisé le cœur de Benoît XVI"

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    D'Enrico Roccagiachini sur le site "Messa in latino" :

    Mgr Gänswein : "Je crois que Traditionis Custodes a brisé le cœur de Benoît XVI"

    Les déclarations de Mgr Georg Gänswein, dernier secrétaire particulier de Benoît XVI, rendues publiques ce matin, sur la réaction de Benoît XVI au Motu Proprio Traditionis Custodes, par lequel son successeur a tenté de contrecarrer la grande libéralisation de la liturgie traditionnelle opérée par le Motu Proprio Summorum Pontificum (voir aussi ici), font le tour du web.

    Les paroles de l'archevêque Gänswein sont tellement frappantes et dérangeantes que nous nous sentons presque coupables de leur donner la place nécessaire et due en ces moments de deuil. Mais, en même temps, nous estimons qu'il est de notre devoir de rendre justice, dès ces premières heures, à la mémoire de Benoît XVI, et de reconnaître la souffrance qu'il a dû affronter face à la tentative systématique de démanteler les actes les plus importants et les plus féconds de son difficile pontificat. Une tentative que la Providence n'a pas permis de mener à bien, comme le montre le grand élan d'affection et de dévotion dont il fait l'objet en ces heures mêmes.

    Pour en revenir à Mgr Gänswein, il a parlé de Traditionis Custodes dans l'interview qu'il a accordée - probablement avant la mort de Benoît XVI - à Guido Horst, rédacteur en chef de l'hebdomadaire catholique allemand Die Tagespost, qui a été publiée aujourd'hui.

    Voici l'extrait qui nous intéresse ; nous vous en proposons ci-dessous notre traduction (artisanale) :

    "Guido Horst : La levée par le pape Benoît des restrictions sur la célébration de la forme extraordinaire du rite romain selon le missel de 1962 n'a pas duré comme il l'entendait : en tant que pape émérite, il a assisté à la promulgation du Motu Proprio Traditionis Custodes du pape François. A-t-il été déçu ?

    Mgr Gänswein : Cela l'a beaucoup affecté. Je pense que la lecture du nouveau Motu Proprio a brisé le cœur du pape Benoît, car son intention était d'apporter une paix intérieure, une paix liturgique, à ceux qui avaient simplement trouvé un foyer dans l'ancienne messe, pour les éloigner de Lefebvre. Et si l'on pense au nombre de siècles pendant lesquels l'ancienne messe a été une source de vie spirituelle et de nourriture pour de nombreuses personnes, y compris de nombreux saints, il est impossible d'imaginer qu'elle n'a plus rien à offrir. Et n'oublions pas que de nombreux jeunes qui sont nés après Vatican II et qui ne comprennent pas pleinement tout le drame du Concile - que ces jeunes, même s'ils connaissent la nouvelle Messe, ont trouvé un foyer spirituel, un trésor spirituel même dans l'ancienne Messe. Pour enlever ce trésor aux gens.... et bien, je ne peux pas dire que je me sente à l'aise avec ça."

    Il s'agit d'une affirmation totalement fiable, non seulement en raison de l'autorité et de la certitude de la source, mais aussi parce qu'elle confirme - en ajoutant la triste référence à Traditionis Custodes - ce que l'on sait déjà depuis 2016, depuis la célèbre réponse à Peter Seewald dans Ultime conversazioni (Milan, Garzanti, 2016, esp. pp. 189-190) :

    Peter Seewald : La réhabilitation de l'ancienne messe est souvent interprétée comme une concession à la fraternité sacerdotale de Saint Pie X.

    Benoît XVI : C'est absolument faux ! Pour moi, il était important que l'Église préserve la continuité interne avec son passé. Que ce qui était auparavant sacré ne devienne pas d'un moment à l'autre quelque chose de mauvais. Le rite doit évoluer. C'est pourquoi la réforme a été annoncée. Mais l'identité ne doit pas être brisée. La Fraternité sacerdotale Saint-Pie X est fondée sur le sentiment que l'Église s'est reniée elle-même. Cela ne doit pas se produire. Mon intention, cependant, comme je l'ai dit, n'était pas tactique : je me souciais de la chose elle-même. Bien sûr, il est également important que le pape, lorsqu'il voit un schisme se profiler, soit obligé de faire tout son possible pour l'empêcher, y compris en essayant de ramener ces personnes à l'unité de l'Église.

    Ainsi, la référence au lefebvrisme est également bien comprise : le souci qu'une juste exigence - faire en sorte que l'Église n'ait jamais à se renier - ne soit pas satisfaite en s'éloignant d'une certaine manière de l'Église elle-même, où, comme l'a enseigné Benoît XVI en une autre occasion, personne n'est de trop. Et cela se fait en veillant à ce que l'identité ne se brise pas, à ce que ce qui était autrefois sacré ne devienne pas faux d'un moment à l'autre : un objectif important en soi, même en dehors du devoir incontournable d'un pape de faire ce qu'il peut pour prévenir un schisme potentiel.

    À la lumière de tout cela, il est facile de comprendre comment le caractère intrinsèquement diviseur et pourri de Traditionis Custodes et, surtout, sa portée idéologiquement anti-traditionnelle, a vraiment brisé le cœur de Benoît XVI. Et elle brise aussi la nôtre, si l'on considère avec quelle et combien d'amertume il a dû vivre les dernières saisons de sa vie terrestre, même s'il savait et voulait offrir efficacement ses souffrances pour que l'Église puisse bientôt sortir, triomphante, de la crise qui la frappe. C'est aussi pour ces raisons que ce que nous avons appris aujourd'hui de l'archevêque Gänswein accroît encore notre gratitude envers le pape émérite.

  • "Le pontificat de la raison"

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    De KTO.TV sur youtube  :

    Le pape Benoît XVI était un des plus grands théologiens de son temps. Parmi les thèmes majeurs de sa théologie figurait le rapport entre foi et raison, qu’il avait magistralement développé avec son prédécesseur. Dès 2008, des grands témoins présentaient le pontificat sous cette lumière. Une Production ROME REPORTS, 2008. Réalisation Edward Pentin.

  • 65 000 personnes ont rendu visite à Benoît XVI durant la première journée de la veillée funèbre

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    De zenit.org :

    65 000 personnes rendent visite à Benoît XVI durant la première journée de la veillée funèbre

    Des milliers de personnes se rendent à la basilique Saint-Pierre pour le dernier adieu à Benoît XVI

    65 000 personnes ont traversé la basilique Saint-Pierre pour rendre hommage et à Benoît XVI, exposé devant l’autel principal de la basilique Saint-Pierre, ce lundi 2 janvier 2023.
  • Benoît XVI : les mathématiques, la beauté, la sainteté comme « voies » vers Dieu 

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    Du Père Lombardi sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Décès de Benoît XVI : les mathématiques, la beauté, la sainteté comme « voies » vers Dieu 

    Pour Benoît XVI, l’expérience de la science, de la beauté et de la sainteté sont des chemins privilégiés apprendre à reconnaître Dieu. Par Federico Lombardi, jésuite, président de la fondation Joseph Ratzinger-Benoît XVI et ancien porte-parole du Vatican.

    2/01/2023

    Dieu existe-t-il vraiment ? Je ne cherche pas une « démonstration de l’existence de Dieu », mais une « voie » qui me conduise vers lui. Cela, bien évidemment, à partir de questions qui se sont posées à moi avec force au cours de mon cheminement. Ou plutôt, à partir d’expériences d’émerveillement qui ont suscité en moi des questions auxquelles je ne pouvais pas et ne peux pas me dérober.

    J’ai retrouvé l’écho de quelques-unes de ces expériences dans certains propos de Joseph Ratzinger qui m’ont aidé à les exprimer et à y réfléchir. Je voudrais en signaler trois : les mathématiques, la beauté, la sainteté.

    La science et la foi

    Dans ma jeunesse, j’ai étudié les mathématiques et, à la fin de mes études, je me suis demandé : comment se fait-il que nous parvenions, avec les instruments mathématiques que notre esprit a élaborés, à décrire la réalité du monde qui nous entoure et son fonctionnement, comment parvenons-nous à le faire, en fin de compte, tellement bien que nous pouvons entrer en relation avec cette réalité, influer sur elle, aller sur la Lune et utiliser l’énergie présente dans les atomes ?

    C’est un fait qui me semble merveilleux et qui me paraît indiquer que notre esprit et la nature qui nous entoure ont une origine commune… 

    J’ai retrouvé exactement ma question et mon début de réponse dans ce que Benoît XVI a dit à un élève de lycée scientifique qui l’interrogeait à propos de la science et de la foi : « Il me semble presque incroyable qu’une invention de l’esprit humain et la structure de l’univers coïncident : les mathématiques, que nous avons inventées, nous donnent réellement accès à la nature de l’univers et elles nous permettent de l’utiliser. La structure intellectuelle du sujet humain et la structure objective de la réalité coïncident donc : la raison subjective et la raison objective dans la nature sont identiques… Bien entendu, personne ne peut prouver – comme on le prouve par l’expérience, dans les lois techniques – que les deux sont réellement le fruit d’une unique intelligence, mais il me semble que cette unité de l’intelligence, derrière les deux intelligences, apparaît réellement dans notre monde » (entretien avec les jeunes du diocèse de Rome, 6 avril 2006).

    Devant l’alternative qui se présente, Benoît XVI invite le jeune homme à ne pas opter pour « la priorité de ­l’irrationnel », mais à ­reconnaître que derrière tout, au début de tout, il y a « une grande Intelligence, à laquelle nous pouvons nous fier ». Cela, c’est le choix fait par le christianisme.

    Merveilles naturelles et artistiques

    De même, j’ai toujours pensé quelque chose de ce genre lorsque j’ai vécu l’expérience de la beauté dans ses diverses dimensions, en contemplant les spectacles merveilleux de la nature ou les manifestations les plus élevées de l’art humain.

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  • "‘Signore, ti amo!’" : les dernières paroles de Benoît XVI

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    De Vatican News :

    Les derniers mots de Benoît XVI: «Seigneur, je t'aime»

    Ce sont les dernières paroles prononcées par le pape émérite quelques heures avant de mourir, rapporte Mgr Georg Ganswein, son secrétaire. Dimanche soir les collaborateurs de la Curie romaine ont pu s’incliner devant la dépouille du pape émérite au monastère Mater Ecclesiae.

    «Seigneur, je t’aime», ces mots ont été prononcés en italien dans la nuit du 30 au 31 décembre, vers 3h du matin par Benoit XVI, tandis qu'une infirmière, à ses côtés, veillait sur lui, après avoir pris le relais des assistants du pape émérite. «Benoît XVI», raconte avec émotion son secrétaire, Mgr Georg Gänswein, «d'une voix fluette, mais bien distincte, a dit en italien: "Seigneur, je t'aime !". Je n'étais pas là à ce moment-là, mais l'infirmière me l'a dit peu après. Ce furent ses derniers mots compréhensibles, car après, il n'était plus capable de s'exprimer».

    François au chevet de son prédécesseur

    Samedi matin, immédiatement après avoir été prévenu du décès de Benoit XVI, François s'est rendu au monastère Mater Ecclesiae en voiture vers 10h. Il avait accompli le même geste mercredi le 28 décembre, après avoir alerté le monde sur l'aggravation de l'état de santé de Ratzinger, demandant, au cours de l’audience générale, une «prière spéciale» pour le pape émérite «très malade».

    De nombreuses voix d'Église sont revenues sur l'héritage intellectuel du Pape allemand et la proximité qu'ils avaient noué avec lui. Témoignages.

    La dépouille exposée dimanche soir au monastère

    Le Souverain Pontife a prié à côté du corps qui repose dans la chapelle du Mater Ecclesiae, sous un crucifix, à côté de la crèche et d’un sapin de Noël. Le Pape Benoit revêt la mitre et des vêtements liturgiques de couleur rouge, sans le pallium. Les proches du pape défunt et plusieurs cardinaux ont été les premiers à s’incliner devant sa dépouille, à genoux pour certains, et en prière.

    Lundi 2 janvier, à partir de 9 heures et pendant trois jours jusqu'à la messe des obsèques qui sera présidée par François jeudi 5 janvier à 9h30 place Saint Pierre, la dépouille du pape émérite sera exposée à la vénération des fidèles dans la basilique vaticane. Une cérémonie privée précèdera la translation du corps dans la chapelle du monastère Mater Ecclesiae. Des images seront diffusées successivement, a fait savoir le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni. La dépouille sera ensuite placée dans la basilique, devant l'autel, pour l'adieu des fidèles à partir de 9 heures.

  • Hommage à Benoît XVI : un dossier gratuit de 30 pages

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    De Denis Sureau :

    Hommage à Benoît XVI

    En hommage au défunt pape émérite, j'ai réalisé un dossier PDF sur des publications importantes de Joseph Ratzinger / Benoît XVI en matière de théologie politique et de liturgie.

    Ce PDF gratuit de 30 pages peut être téléchargé sur le site Transmettre :

    https://www.transmettre.fr/produit/hommage-a-benoit-xvi-dossier-pdf/

  • "L'annonce de Dieu a été le centre du pontificat de Benoît XVI" (Georg Gänswein)

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    D'Andreas Thonhauser, Chef du bureau du Vatican pour EWTN, sur le National Catholic Register :

    Le secrétaire personnel de Benoît XVI : "L'annonce de Dieu a été le centre du pontificat de Benoît XVI".

    L'archevêque Georg Gänswein a longuement discuté des dernières années du pape émérite lors d'une vaste interview accordée à EWTN le mois dernier.

    31 décembre 2022

    L'archevêque Georg Gänswein connaît le pape émérite Benoît XVI à titre officiel depuis sa nomination à la Congrégation pour la doctrine de la foi en 1995. Depuis l'élection de Benoît XVI comme pape en 2005, sa démission surprenante en 2013 et ses dernières années au monastère Mater Ecclesiae au Vatican, Mgr Gänswein, 66 ans, a été le secrétaire personnel de Benoît XVI, et le pape émérite a rarement été vu en public sans lui.

    L'archevêque a eu un point de vue unique sur les dernières années de Benoît XVI, qu'il dit avoir été principalement consacrées à la prière.

    Le 22 novembre, un peu plus d'un mois avant que le pape émérite Benoît XVI ne décède le 31 décembre à 9 h 34, heure de Rome, à l'âge de 95 ans, Mgr Gänswein a été interviewé par Andreas Thonhauser, chef du bureau de EWTN au Vatican. Voici la transcription :

    Votre Excellence, comment se portait le Pape émérite Benoît XVI vers la toute fin de sa vie ? 

    Contrairement à ce qu'il pensait, il avait vécu jusqu'à un âge avancé. Il était convaincu qu'après sa démission, le Bon Dieu lui accorderait une année de plus. Personne n'a probablement été plus surpris que lui de voir que cette "année supplémentaire" s'est avérée être plusieurs années de plus. 

    Vers la fin, il était physiquement très faible, très frêle, bien sûr, mais - grâce à Dieu - son esprit était aussi clair que jamais. Ce qui était douloureux pour lui, c'était de voir sa voix devenir de plus en plus faible. Il avait dépendu toute sa vie de l'usage de sa voix, et cet outil s'était progressivement perdu pour lui. 

    Mais son esprit était toujours clair, il était serein, posé, et nous - qui étions toujours autour de lui, qui vivions avec lui - nous sentions qu'il était sur la dernière ligne droite et que cette dernière avait une fin. Et il avait cette fin bien en vue. 

    Avait-il peur de mourir ? 

    Il ne parlait jamais de la peur. Il parlait toujours du Seigneur, de son espoir que, lorsqu'il se tiendrait enfin devant lui, il lui ferait preuve de douceur et de miséricorde, connaissant, bien sûr, ses faiblesses et ses péchés, sa vie. ... Mais, comme l'a dit Saint Jean : Dieu est plus grand que notre cœur. 

    Vous avez passé de nombreuses années à ses côtés. Quels ont été les moments clés pour vous ? 

    Eh bien, pour moi, tout a commencé lorsque je suis devenu membre du personnel de la Congrégation pour la doctrine de la foi, lorsqu'il [le cardinal Ratzinger] en était le préfet. Je suis ensuite devenu le secrétaire. Cela devait durer quelques mois, tout au plus, mais, en fin de compte, cela a duré deux ans. 

    Puis Jean-Paul II est mort, et Joseph Ratzinger est devenu le pape Benoît XVI ; j'ai passé toutes ces années comme secrétaire à ses côtés, et puis, bien sûr, aussi pendant qu'il était pape émérite. Il avait été plus longtemps pape émérite que pape régnant. 

    Ce qui m'a toujours impressionné, et même surpris, c'est sa douceur, sa sérénité et sa bonne humeur, même dans des situations très épuisantes, très exigeantes - et parfois même très tristes, d'un point de vue humain. 

    Il ne perdait jamais son calme, il ne se mettait jamais en colère. Bien au contraire : Plus il était mis au défi, plus il devenait silencieux et pauvre en paroles. Mais cela avait des effets très positifs et bienveillants sur ceux qui l'entouraient. 

    Il n'était cependant pas du tout habitué aux grandes foules. Bien sûr, en tant que professeur, il avait l'habitude de parler devant un grand, voire un très grand, public d'étudiants. Mais c'était lui, en tant que professeur, qui parlait à des étudiants. Plus tard, en tant que pape, toutes ces rencontres avec des gens de différents pays, leur joie et leur enthousiasme, ont été, bien sûr, une expérience très différente. 

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  • Messori sur Ratzinger : "Je n'ai jamais connu un homme aussi bon"

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    De Riccardo Cascioli sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Messori sur Ratzinger : "Je n'ai jamais connu meilleur homme"

    31-12-2022

    Dans une interview accordée à la Nuova Bussola Quotidiana, le célèbre écrivain Vittorio Messori retrace son étroite amitié avec Joseph Ratzinger/Benoît XVI, qui a débuté avec le livre-entretien "Rapport sur la foi" qui a provoqué un séisme dans l'Église en 1985. "Il était le contraire de l'homme fermé et censuré qu'ils voulaient peindre, je n'ai jamais connu une personne plus humble". "Je suis profondément convaincu qu'il est allé au ciel, je ne vais pas prier pour lui, mais je vais le prier pour moi". "Et ce face-à-face après son renoncement..."

    "Je n'ai jamais connu une personne aussi bonne et humble". C'est ainsi que Vittorio Messori se souvient de Joseph Ratzinger, le pape émérite Benoît XVI, quelques heures après sa mort. Au téléphone depuis sa maison de Desenzano sul Garda, devenue un ermitage après la mort, le 16 avril dernier, de son épouse Rosanna, Messori retrace brièvement les étapes de son amitié avec Ratzinger, qui a débuté en 1984 lorsqu'il a insisté pour lui accorder une interview qui deviendrait plus tard "Rapport sur la foi", un livre qui a "mis le monde en émoi".

    La première édition - éditée par les Paulins - est parue en 1985 et a fait l'effet d'une bombe : c'était la première fois qu'un préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi s'adressait à un journaliste et c'était aussi l'année du Synode des évêques, appelé à réfléchir sur le Concile Vatican II vingt ans après sa clôture. Ratzinger a porté des jugements très clairs sur toutes les questions les plus brûlantes de l'après-Concile, du concept de l'Église à la liturgie, du drame de la moralité à la crise du sacerdoce, en passant par la théologie de la libération et l'œcuménisme. Les réactions, comme on peut l'imaginer, ont été violentes de la part de l'aile progressiste et des théologiens à la mode qui digéraient déjà mal le pontificat de Jean-Paul II, commencé en 1978. Wojtyla lui-même avait voulu avoir à ses côtés un Ratzinger réticent en 1981, dans une relation qui est toujours restée très étroite, et ce livre peut aussi être considéré comme un manifeste de ce pontificat.

    "Ils me taquinaient, raconte Messori, quand je disais que j'allais faire une interview du cardinal Ratzinger, à la Congrégation pour la doctrine de la foi, ils disaient que cela n'arriverait jamais, qu'il n'avait jamais quitté la Congrégation. Il avait aussi la réputation d'être très fermé d'esprit et de ne pas vouloir parler. Au lieu de cela, j'ai insisté et, finalement, nous nous sommes retirés dans les montagnes pendant trois jours avec deux religieuses allemandes qui nous ont préparé à manger".
    C'est arrivé à Brixen, invités au séminaire local, en août 1984. Et c'est là qu'est né le livre qui marquera un événement de grande importance pour l'Église.

    C'est probablement dans la confiance que lui a accordée le cardinal Ratzinger que réside l'importance des "Hypothèses sur Jésus", écrites par Messori en 1976, qui ont connu un succès mondial et sont encore largement lues. Le fait est que Ratzinger, dans le "Rapport sur la foi", s'ouvre complètement : "J'avais la certitude d'un homme qui cherchait tout sauf à se cacher, ou à être réticent - raconte encore Messori -. Ce qui m'étonnait, c'est que je lui posais les questions les plus embarrassantes, pensant qu'il éviterait de répondre. Mais non, il répondrait'.

    De là est née une véritable amitié, chaque fois que j'allais à Rome, nous nous voyions et allions déjeuner au restaurant. Et j'en ai eu la confirmation : je n'ai jamais connu un homme aussi bon, aussi serviable, aussi humble. Il me disait sa souffrance d'être appelé à Rome pour diriger la Congrégation pour la doctrine de la foi : "Ce qui me donne le plus d'amertume, me disait-il, c'est de devoir contrôler le travail de mes collègues, qui s'occupent de théologie. J'ai aimé être professeur, être avec les étudiants. Quand j'ai été appelé à Rome pour faire ce travail, je l'ai accepté par obéissance, mais pour moi c'était une souffrance''.

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  • Quand Benoît XVI racontait sa renonciation

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via lescrutateur.com :

    Benoît XVI raconte sa renonciation

    La renonciation surprise du pape Benoît XVI, le 11 février 2013, reste pour beaucoup une énigme. Le livre interview publié le 14 septembre prochain, chez Fayard, intitulé Benoît XVI, dernières conversations, répond, en partie, au mystère de cet homme aujourd’hui âgé de 89 ans, qui révèle être désormais « aveugle de l’œil gauche ». Le pape émérite vit une discrète retraite monastique dans une maison des jardins du Vatican, derrière la basilique Saint-Pierre. C’est là qu’il a accordé une longue interview au journaliste allemand Peter Seewald avec qui il avait déjà réalisé deux livres d’entretiens, Le Sel de la terre en 1996 et Lumière du monde en 2010.

    Contrairement à ces deux ouvrages qui respectaient un ordre chronologique strict - le dernier s’arrêtait aux cinq premières années du pontificat - ce livre revient sur l’ensemble de sa vie. Les réponses sont moins approfondies, mais elles procurent une approche exceptionnelle, souvent intime, de la personnalité de Benoît XVI. Il se livre à une confession très digne et fort lucide. Beaucoup de choses sont déjà connues, mais le morceau de choix est évidemment la renonciation. Benoît XVI - élu à 78 ans en 2005, le pape François a 79 ans - en profite pour remettre les pendules à l’heure. Non, il n’a pas démissionné sous la pression de l’affaire Vatileaks, cette fuite issue de documents volés par son majordome sur son bureau. Au contraire, insiste-t-il, « ces affaires étaient entièrement réglées (…) j’ai pu me retirer parce que le calme était revenu sur ce plan. Il n’y a pas eu de reculade sous la pression ».

    Encore moins ce départ - il avait alors 85 ans - fut-il un abandon, une « descente de la croix » comme certains l’ont affirmé. « C’est un reproche auquel je devais m’attendre », reconnaît-il avec une lucidité et un sens de l’autocritique qui caractérise ce livre. Mais « c’est une autre manière de rester lié au Seigneur souffrant, dans le calme du silence, dans la grandeur du silence et dans la grandeur et l’intensité de la prière pour toute l’Église. Cette démarche n’est donc pas une fuite, mais une autre façon de rester fidèle à ma mission ».

    « J’agissais en toute liberté » 

    Le plus stupéfiant en définitive est « la certitude intérieure » qui a conduit à cette décision. Acquise et mûrie par un Joseph Ratzinger priant : « J’en avais discuté avec le Seigneur assez longtemps. » Il confie : « Je me sens si intimement lié au Seigneur (…) Il est toujours là. » Il pose le point final de cet acte historique : « J’agissais en toute liberté. »

    Sur son successeur, autre élément neuf du livre, le pape émérite est peu disert. Il rappelle que « le pape est le pape quel qu’il soit » et qu’il lui a promis obéissance. Aucun commentaire, donc, sur le fond des réformes engagées, en particulier sur la question des divorcés remariés ou sur la réforme de la curie romaine. Il récuse toutefois le terme de « rupture » ou « d’oppositions » entre les deux pontificats et admet celui « d’infléchissements ».

    Benoît XVI ne cache toutefois pas que « la surprise a été grande pour moi » de voir élire le cardinal Bergoglio : « Je n’avais pas pensé à lui », parce que « personne ne s’y attendait ». Il n’était « pas considéré comme un des candidats les plus probables. En entendant son nom, j’ai été un peu hésitant dans un premier temps », note Benoît XVI, mais cela n’a pas duré : « Quand je l’ai vu s’adresser d’une part à Dieu et d’autre part aux hommes, la joie m’a envahi. Et le bonheur. »

    Il défend son bilan  

    Benoît XVI ne connaissait pas la « cordialité » de François, ni « cette attention extrêmement personnelle » à chacun. Il savait seulement que « c’était un homme très décidé » et qui « n’hésitait pas à dire franchement » les choses. Il voit maintenant un « homme de la réforme pratique » mais aussi un « homme méditatif ». Il constate surtout « une nouvelle fraîcheur dans l’Église, une nouvelle joie, un nouveau charisme qui plaît aux gens. C’est bien ». Mais il y a peu de contacts entre les deux hommes. François « n’a généralement pas l’occasion » de prendre conseil. Benoît XVI se trouve « très content de ne pas avoir à s’impliquer ».

    Cette remarque en dit long sur la personnalité profonde de Benoît XVI, très bien rendue dans l’entretien, son émotion - il rit souvent et pleure parfois - et son humour sur lui-même. Il défend également son bilan sur tous les points sensibles, comme la lutte contre la pédophilie. Oui, c’est un « professeur », qui ne fut peut-être pas la « personne idéale » pour être pape, mais « ce n’est pas non plus inconcevable », puisque l’axe de son pontificat fut de « mettre en évidence la centralité de la foi en Dieu ».

    Celui qui a toutefois subi son élection comme un « fardeau » - il n’a pas de mots assez forts pour en dire le poids - n’aura jamais été un politique : « Je suis fondamentalement hostile aux conjurations et à ce genre de choses, surtout pour l’élection d’un pape (…) je n’ai pas fait de politique en aucune façon. » Au sujet des querelles intestines de l’Église, et parlant de lui, il note : « Les gens savent que ce type-là n’est pas dangereux. »

  • Notre pape Benoît XVI : notre témoignage, par Denis Crouan et Arnaud Dumouch (1927-31 déc. 2022) 

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    Notre pape Benoît XVI : notre témoignage, par Denis Crouan et Arnaud Dumouch (1927-31 déc. 2022) 

    https://youtu.be/DDUHIAfOCpE   

    Notre expérience commune face aux persécutions dans l'Eglise : un pape de la douceur.  

    Son attitude durant son adolescence et sous le troisième Reich  

    Son soutien humble et ferme dans les épreuves face au clergé de la génération "boomers".

    Son apport théologique : comment lire Vatican II dans la continuité des autres conciles.  

    Son encyclique Spe Salvi 47 et son hypothèse sur la Parousie du Christ à l'heure de la mort. 

    Sa renonciation, acte providentiel qui a posé et fortifié le pontificat du pape François, lui-même en butte aux attaques de ses contradicteurs.  

    Sa mort simple. Son départ pour la vision béatifique à laquelle il aspirait. 

  • Benoît XVI restera dans les mémoires comme un "véritable docteur de l'Église d'aujourd'hui" (cardinal Müller)

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Cardinal Müller : Benoît XVI restera dans les mémoires comme un "véritable docteur de l'Église d'aujourd'hui".

    Dans un entretien avec le Register, le cardinal théologien allemand revient sur le profond héritage du défunt pape émérite.

    Benedict XVI, pictured in 2010.

    31 décembre 2022

    Le cardinal Gerhard Müller a rendu hommage au défunt pape émérite Benoît XVI, le décrivant comme un "grand penseur" et un "véritable docteur de l'Église pour aujourd'hui."

    Le préfet émérite du Dicastère pour la doctrine de la foi a également décrit feu Joseph Ratzinger, décédé le 31 décembre à 9h34 à Rome, comme un homme d'une grande sensibilité, d'humour et d'humilité qui possédait "une profonde sagesse en tant que participant à l'amour de Dieu".

    Dans cet entretien accordé au Register, le cardinal théologien allemand - qui a fondé l'Institut Benoît XVI pour rendre accessibles les œuvres rassemblées de Joseph Ratzinger - évoque l'héritage de Benoît XVI à l'Église, répond à certains de ses détracteurs et réfléchit à la manière dont son décès pourrait affecter le très critiqué chemin synodal allemand.

    Votre Éminence, quel est le plus grand héritage de Benoît XVI en termes de théologie et de doctrine ?

    Les meilleurs livres sont son Introduction au christianisme et à l'eschatologie : La mort et la vie éternelle et sa trilogie sur Jésus pour un public averti, tandis que les livres sur Augustin et Bonaventure nécessitent une formation théologique universitaire pour une meilleure compréhension. Tout le monde peut également lire ses nombreuses homélies, qui sont édifiantes et renforcent la foi, et qui sont également facilement accessibles dans le recueil des écrits (16 volumes).

    Quel souvenir souhaitez-vous que l'on garde de lui, tant sur le plan doctrinal que, plus largement, en tant que prêtre, évêque, cardinal et pape ?

    Dans toutes ses fonctions et toutes ses tâches, il a été un grand penseur et personnellement un chrétien croyant. Il est un véritable docteur de l'Église pour aujourd'hui.

    Laquelle de ses encycliques est, pour vous, la plus profonde et la plus utile, et celle qui résonne avec notre époque ?

    Je pense que sa première encyclique, Deus Caritas Est (Dieu est amour), parce qu'ici, la somme et l'aboutissement de l'autorévélation du Dieu trinitaire dans son essence, et la relation des trois personnes divines, sont présentés à l'homme contemporain au plus haut niveau magistériel.

    Joseph Ratzinger était un grand partisan de "l'herméneutique de la réforme et de la continuité", soutenant que Vatican II ne représentait pas une rupture radicale mais une reformulation plus pastorale de vérités anciennes et d'une doctrine antérieure, appliquant les enseignements des premiers pères de l'Église au monde contemporain. Dans quelle mesure cette perception du Concile était-elle utile à vos yeux ?

    Cela est évident, car aucun Concile n'a la tâche de fonder une nouvelle Église ou de compléter, corriger ou achever la révélation unique et complète de Dieu en Jésus-Christ. Il suffit de lire les introductions des deux Constitutions dogmatiques sur la Révélation divine et l'Église. On voit alors comment le Concile lui-même s'insère dans toute la tradition doctrinale catholique et, surtout, affirme que le magistère du pape et des évêques, et donc aussi les Conciles, ne sont pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais servent à sa véritable interprétation (Dei Verbum 7-10).

    Certains détracteurs de Joseph Ratzinger ont affirmé que sa théologie pouvait parfois être incohérente car il essayait de concilier des positions contradictoires (par exemple, la modernité avec la tradition), tandis que d'autres disent qu'il était trop rigide et conservateur, ne voulant pas adapter l'Église à son époque. Que répondez-vous à ces critiques ?

    Seuls des ignorants idéologiquement étroits d'esprit peuvent penser cela. Saint Irénée de Lyon, que le Pape François a déclaré "Doctor Unitatis" (Docteur de l'Unité), s'élève contre les gnostiques de tous les temps qui veulent emprisonner le mystère de Dieu dans leur esprit limité, et qu'avec et dans le Christ toute la nouveauté et la modernité inégalée de Dieu est entrée dans le monde. La modernité n'est pas identique à l'immanentisme anti-métaphysique des Lumières et aux idéologies anti-humaines des athéismes philosophiques et politiques des trois derniers siècles. Seule la foi chrétienne est moderne, c'est-à-dire jusqu'au niveau des véritables questions fondamentales sur le sens de la vie et les principes moraux de sa formation. En effet, aucune théorie, aucun être humain ne peut nous racheter et nous soutenir dans la vie et dans la mort, si ce n'est le Verbe de Dieu qui, dans son Fils, a assumé notre humanité et, par sa croix et sa résurrection, nous a rachetés du péché et de la mort et nous a donné l'espérance de la vie éternelle (Gaudium et Spes 10 ; 22).

    Nous ne sommes pas des esclaves mais des citoyens dans la cité de Dieu, des fils et des filles du Père céleste dans le Christ et des amis de Dieu dans l'Esprit Saint.

    Comment était Joseph Ratzinger en tant que personne ? Quels sont les attributs et les qualités personnelles dont vous vous souviendrez le mieux ?

    C'était une personne très fine, très sensible, pleine d'humour, humble et surtout, un homme d'une profonde sagesse, participant à l'amour de Dieu.

    Quel effet pensez-vous que la mort de Benoît XVI aura, le cas échéant, sur le chemin synodal allemand ?

    Je crains que ces protagonistes d'une anthropologie éloignée du Christ ne soient pas impressionnés par l'un des plus grands savants chrétiens de notre temps, car chez eux, si l'Esprit Saint ne provoque pas directement une profonde conversion des cœurs, une idéologie athée étouffe toute graine de foi surnaturelle et révélée.

    Edward Pentin a commencé à faire des reportages sur le pape et le Vatican avec Radio Vatican avant de devenir le correspondant à Rome du National Catholic Register d'EWTN. Il a également réalisé des reportages sur le Saint-Siège et l'Église catholique pour un certain nombre d'autres publications, dont Newsweek, Newsmax, Zenit, The Catholic Herald et The Holy Land Review, une publication franciscaine spécialisée dans l'Église et le Moyen-Orient. Edward est l'auteur de The Next Pope : The Leading Cardinal Candidates (Sophia Institute Press, 2020) et The Rigging of a Vatican Synod ? Une enquête sur les allégations de manipulation lors du Synode extraordinaire sur la famille (Ignatius Press, 2015). Suivez-le sur Twitter à l'adresse @edwardpentin.

  • Spe Salvi : l'espérance selon Benoît XVI

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    Cette encyclique du pape Benoît appelle les chrétiens à s'appuyer, dans l'espérance, sur la foi en Jésus et la prière. Spe salvi (Sauvés dans l'espérance) concerne la deuxième vertu théologale. L’hebdomadaire « La Croix » y avait consacré, en son temps, cette brève réflexion qui nous concerne tous et singulièrement le jour de la mort d’un pape dont la profession de foi, son témoignage radical, impressionne toujours  les esprits religieux : même, peut-être, au sein de l’Europe apostate.

    « L'espérance n'est pas chose facile, simple et évidente. Elle ne peut se contenter de grands mots, de grandes envolées et de grandes théories. On peut être à bout, vidé de tout espoir, de toute espérance, on peut être "triste à mourir"... et espérer encore. C'est bien de cette "espérance" là dont nous parle Benoît XVI dans cette encyclique : "Spe salvi".

    Que veut dire espérer ? C'est la question à laquelle Benoît XVI tente de répondre. Si la première et la seconde parties de son texte sont difficiles à lire (c'est une analyse historique et théologique de notre monde à travers la lecture de l'Ecriture et des auteurs de la Tradition chrétienne), la seconde (entre les paragraphes 32 et 41) est de loin la plus explicite.

    Benoît XVI fait bien la différence entre la "grande espérance", qui n'est que Dieu seul, qui "embrasse l'univers et et qui peut nous proposer et nous donner ce que, seuls, nous ne pouvons atteindre", et les "petites espérances" qui, dans la vie de chaque jour, viennent nous conforter. Cette "grande espérance" est la certitude que, même quand il n'y a plus rien à attendre de la vie, quand tout paraît perdu, on peut toujours encore espérer.

    Prière, ferment d'espérance

    Pour être capable de cette "grande espérance", pour en faire "l'apprentissage" nous dit Benoît XVI, il y a la prière : "Si je ne peux plus parler à personne, je peux toujours parler à Dieu. Celui qui prie n'est jamais totalement seul". Dans la prière l'homme fait l'expérience du désir de Dieu. Et ce désir élargit le coeur, et le prépare à recevoir le don que Dieu fait de sa présence et de son règne. Mais il n'y a pas que la prière. Il y a aussi la souffrance. Et c'est là, entre autre, que le pape étonne.

    Dans les très beaux paragraphes 35, 36 et 37 , il développe avec beaucoup de clarté le rôle de la souffrance comme lieux d'apprentissage de l'espérance. C'est dans l'expérience du mal que notre courage et par la même notre espérance se fortifient. Parce qu'uni à Dieu, qui s'est fait homme pour compatir à la souffrance humaine, l'homme fait vaincre la lumière : "la souffrance, sans cesser d'être souffrance, devient malgré tout chant de louange" .

    Plus loin, comme surprenante conclusion à cette avant-dernière partie, Benoît XVI revient avec délicatesse sur une "forme de dévotion" dont on entendait plus parler depuis longtemps : "offrir à Dieu ses souffrances" Tout en reconnaissant le caractère désuet de la formule, Benoît XVI (para 40) invite à en revisiter le sens : "les petits ennuis du quotidien pourraient acquérir un sens et contribuer à l'économie du bien, de l'amour entre les hommes".

    L'espérance d'un amour toujours possible

    Mais c'est aussi très certainement dans la toute dernière partie de son encyclique que Benoît XVI donne de l'espérance sa plus juste et sa plus profonde signification. Quelle belle espérance en effet de savoir que "l'amour puisse parvenir jusqu'à l'au-delà, que soit possible un mutuel donner et recevoir, dans lequel les uns et les autres demeurent unis par des liens d'affection au-delà des limites de la mort (...) Qui n'éprouverait le besoin de faire parvenir à ses proches déjà partis pour l'au delà un signe de bonté, de gratitude ou encore de demande de pardon ?"

    La suite de ce paragraphe 48 est une superbe exhortation à ne pas ...désespérer . Aucune relation n'est perdue, personne n'est isolé, seul, nos "existences sont en profonde communion entre elles. (...) .Nul ne vit seul, nul ne pèche seul. Nul n'est sauvé seul. Continuellement la vie des autres entre dans ma vie: en ce que je pense, dis, fais réalise. Et vive versa" Et ce qui est vrai dans nos vies terrestres, se réalise aussi dans la mort affirme Benoît XVI, donnant ainsi à notre existence tout son sens.

    Ces paroles (à l'image de celles de l'anima Christi, XIVe s., NdB) peuvent-elles toucher nos contemporains, avides de guérir de tout ce qui les oppresse, leur fait peur, les empêchent de vivre ? "Pour rencontrer l'espérance, il faut être allé au bout du désespoir" écrivait Georges Bernanos. C'est, en résumé, tout ce qu'exprime cette encyclique. »

    Spe Salvi : l'espérance selon Benoît XVI