Du site de la revue "catholica" :
La « réforme de l’Église » peut-elle réussir ?
L’Église, en tant qu’institution humaine hiérarchique d’extension mondiale, est naturellement l’objet de pressions extérieures et d’autres tentatives visant à obtenir de sa part reconnaissance et appui. D’une manière générale, l’Église des temps modernes a conservé son indépendance, s’attirant pour cela des censures cinglantes, et des persécutions ouvertes. En revanche en son intérieur même s’est développé […]
L’Église, en tant qu’institution humaine hiérarchique d’extension mondiale, est naturellement l’objet de pressions extérieures et d’autres tentatives visant à obtenir de sa part reconnaissance et appui. D’une manière générale, l’Église des temps modernes a conservé son indépendance, s’attirant pour cela des censures cinglantes, et des persécutions ouvertes. En revanche en son intérieur même s’est développé à partir du XIXe siècle un courant dit « libéral » désireux de faire alliance avec le monde issu des Lumières, courant pénétrant certains secteurs du clergé et des milieux intellectuels. Ce parti – au sens très large du terme –, longtemps contenu et rejeté par les papes, a pesé de manière forte au cours du XXe siècle, même s’il a longtemps continué d’être rejeté dans son principe, bien que parfois avec certains manques de cohérence en matière politique, comme l’ont illustré les diverses consignes de « ralliement » (France, Belgique, Espagne…) ou autres pactes de conciliation. Pie XII continua de brider le catholicisme libéral dans ses aspects les plus théologiques (Humani generis, 1950), suffisamment pour que la réunion du concile Vatican II apparaisse à ses adeptes comme une occasion exceptionnelle pour conquérir une pleine liberté d’action. Ce qui fut le cas dès la fin de la première semaine de la première session de l’assemblée conciliaire, sous la forme d’une inversion de l’initiative dans la direction des travaux. Les réprimés de la veille sont devenus les maîtres de l’ordre du jour, à même d’orienter sur les points cruciaux débats et rédaction des textes ayant valeur de cadres pour l’avenir. Toute une machinerie s’est mise en place pour ancrer dans la doctrine, la pratique et les signes visibles ce retournement de situation. Et pourtant, au fil des années qui ont suivi, lentement mais sûrement, ce qui avait pu apparaître comme la spectaculaire revanche d’un parti libéral toujours insatisfait ne fut, du point de vue de ses composantes, qu’une demi-victoire, et cela de manière toujours plus évidente – ce qui n’enlève rien au fait qu’une profonde empreinte libérale ait été laissée tant sur les textes conciliaires que sur la théorie et la pratique du demi-siècle qui a suivi. La promulgation de l’encyclique Humanae vitae par Paul VI, en 1968, l’action stabilisatrice de Jean-Paul II et sa dénonciation insistante de la « culture de mort », la destitution du caractère superdogmatique des textes et orientations pastorales conciliaires par Benoît XVI, ainsi que la réhabilitation par ce dernier de la liturgie d’avant 1970 ont été ressenties comme autant de blessures par les tenants de l’activisme libéral.
L’arrivée de Jorge Mario Bergoglio, dans les conditions d’une démission de Benoît XVI non encore limpidement expliquée, a donc constitué l’occasion exceptionnelle d’en revenir aux fondamentaux de la « réconciliation avec le monde », et une nouvelle tentative de revanche.
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