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BELGICATHO - Page 1218

  • Les cultes reconnus en Belgique : la laïcité aura bientôt un petit frère.

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    De Claire Lesegretain dans « La Croix »

     " En Belgique, six religions sont officiellement reconnues par l’article 181 de la Constitution de 1830 : le catholicisme, le protestantisme, l’anglicanisme, l’orthodoxie, le judaïsme et l’islam. Ce même article reconnaît également la laïcité comme une « philosophie non confessionnelle ».

    C’est cette appellation que réclame depuis presque dix ans l’Union bouddhique belge (UBB). « L’objectif n’est pas de nous mettre sur un pied d’égalité avec les six autres confessions ou religions officiellement reconnues », explique Carlo Luycks, son président. « C’est logique, puisque nous ne sommes pas une religion : nous n’avons pas un dieu créateur. Chez nous, tout être sensible est un bouddha en puissance. »

    De fait, sur le site Internet de l’Institut d’études bouddhiques (IEB), centre francophone d’étude et d’enseignement sur le bouddhisme à Paris, on peut lire que « le bouddhisme n’est pas une religion puisqu’il ne s’appuie pas sur la croyance en l’existence d’un dieu créateur ».

    Il n’est pas non plus un culte ou un système de foi. Le bouddhisme est plutôt défini comme un art de vivre qui apprend à assumer l’entière responsabilité de ses actions, de ses pensées et de ses émotions. Par bien des aspects, pourtant, le bouddhisme ressemble à une religion : il existe des temples, des rituels, des statues et des actes de dévotion.

    « On a répondu à toutes les exigences »

    Toujours est-il que ce statut de « philosophie non confessionnelle » pourrait bientôt être appliqué au bouddhisme belge. « Un projet de loi pour que le bouddhisme soit officiellement reconnu par l’État belge est en fin de rédaction au cabinet de Koen Geens, ministre de la justice (1) », affirme Carlo Luyckx. Selon lui, le cabinet de Koen Geens est « satisfait car on a répondu à toutes leurs exigences ».

    Ce projet de loi « devrait passer devant le gouvernement avant l’été, puis être présenté au parlement et au Conseil d’État, si bien que, d’ici à la fin de l’année, ce statut devrait être entériné », poursuit Carlo Luyckx.

    Déjà une aide de l’État

    Cette reconnaissance officielle permettra aux « conseillers bouddhistes » (moines, lamas, bonzes…) en Belgique de percevoir un traitement de fonctionnaires, au même titre que les pasteurs, les prêtres ou les imams. « Actuellement, nous comptons une vingtaine d’aumôniers bouddhistes formés, tous bénévoles, dans les hôpitaux, les prisons et l’armée. Mais d’ici dix ans, nous souhaitons en avoir une centaine », précise encore Carlo Luyckx.

    À LIRE : En France, une communauté pour les « bouddhistes engagés »

    La nouvelle loi permettra aussi aux 28 associations bouddhistes membres de l’UBB d’être aidées financièrement, notamment pour l’entretien de leurs bâtiments. « Déjà depuis 2008, nous recevons 162 000 € par an pour nous aider à structurer le bouddhisme », ajoute le président de l’UBB.

    Plus de cent enseignants du bouddhisme

    Surtout, le bouddhisme pourra être enseigné dans les écoles publiques à raison de deux heures par semaine, selon les choix des parents, comme c’est le cas pour les autres religions reconnues par la Constitution belge. « Si des parents bouddhistes exigent que leur enfant reçoive un enseignement bouddhiste, c’est à l’école de trouver un professeur de bouddhisme », souligne Carlo Luyckx. Selon lui, l’UBB pourrait disposer rapidement de « plus de cent enseignants du bouddhisme francophones et néerlandophones ».

    À LIRE : En Belgique, l’Église planche sur ses cours de religion

    Autre avantage de ce statut : « une reconnaissance sociale et morale importante », selon Carlo Luyckx, et des facilités de visas pour les enseignants venant d’Asie. Enfin, des représentants bouddhistes seront désormais invités à la traditionnelle réception annuelle chez le roi de Belgique.

    Si aucun chiffre officiel n’indique le nombre de bouddhistes en Belgique, l’UBB revendique 100 000 pratiquants et membres de ses 28 associations. Et en septembre, près de 10 000 personnes étaient venues au grand stade bruxellois du Heysel écouter une conférence du Dalaï-Lama.

    Ref. Le bouddhisme, une « philosophie non confessionnelle » ou une religion ?

    Une contribution de plus, en tout cas, au relativisme pluraliste des croyances digne du déclin de la République romaine et subsidié par les collectivités publiques.

    JPSC 

  • Bonny soit qui mal y pense

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    Lu sur le site  « 7 sur 7 »:

    « L'Eglise catholique belge présente ses excuses aux enfants métis issus de la colonisation pour la manière dont ils ont été traités par les ordres et les institutions catholiques, a indiqué mardi l'évêque d'Anvers Johann Bonny lors d'un colloque au Sénat sur la question métisse.

    Au Congo, au Rwanda et au Burundi, de nombreux enfants sont nés d'une union entre un homme blanc et une femme africaine. A l'époque coloniale, les blancs et les noirs vivaient de manière séparée et ces enfants perturbaient donc l'ordre social établi. Bon nombre d'entre eux n'étaient pas reconnus par leur père et furent envoyés dans des institutions religieuses pour recevoir une éducation, notamment au pensionnat des Soeurs à Save au Rwanda.

    Enfants exilés

    A la fin des années 50, alors que l'indépendance approchait, des centaines d'enfants métis ont également été envoyés en Belgique, sans le consentement écrit de leurs mères. Ils ont ensuite été confiés à des familles d'accueil ou d'adoption. Ils grandirent en Belgique, tout en étant considérés comme des étrangers et en perdant contact avec leurs familles en Afrique.

    Combat pour une reconnaissance

    L'association Métis de Belgique appelle l'Etat belge à reconnaître les enlèvements forcés et la discrimination ciblée dont ont été victimes les enfants métis. Le colloque organisé au Sénat devait permettre de donner une caution scientifique à une résolution sur la question métisse, susceptible d'être déposée ultérieurement au Sénat et à la Chambre des représentants.

    Documentation

    Les évêques ont appelé les institutions catholiques de Belgique, d'Afrique et de Rome à mettre toute documentation en leur possession sur les métis à disposition, afin de permettre à ces personnes de retrouver des parents en Afrique. »

    Ref. L'Eglise belge présente ses excuses aux métis

    collège ND de la victoire.jpgLe souci d’intégration des métis dans la société coloniale belge date au moins de la fin des années 1940. Il en était notamment ainsi des établissements scolaires à dominante  européenne (la photo ci-jointe date des années 1950 au collège Notre-Dame de la Victoire à Bukavu) où ils étaient admis sans aucune trace de discrimination  La culture du parent européen était, dans l’esprit du temps, considérée comme valorisante pour l’enfant,  qu’il soit ou non issu d’une relation adultérine.

    Qu’à la veille d’une indépendance anarchique, brutale et sanglante, il se soit soucié de régler le cas de son petit mulâtre pris entre deux mondes, est tout à fait à l’honneur du parent belge, a fortiori si l’enfant n’était pas reconnu. Savoir si le degré d’émancipation sociale de la femme indigène à l’époque garantissait le plein consentement « écrit » (sic)  de la mère est une question un peu anachronique.

    La relecture idéologique du passé déforme le réel: les "repentances" de l'Eglise d'aujourd'hui sur  celle d'hier appartiennent à la loi du genre.   

    JPSC

  • Curés et fabriciens vont-ils devoir prêter serment devant leurs bourgmestres ?

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    Lu sur Le Soir de ce jour (26/4) (p. 4) (via la Revue de presse succincte de l'Archevêché):

    Les prêtres aussi devront prêter serment devant le bourgmestre 

    Le décret « Cultes » veut lutter contre l’islam radical, mais les obligations vaudront pour tous les cultes . … Un des dispositifs envisagés suscite toutefois un certain émoi dans la communauté catholique. Il figure à l’article 10 du texte du gouvernement qui fixe les obligations pour les organes qui gèrent les cultes reconnus, et donc en l’espèce, les fabriques d’église. En voici l’essentiel : « Pour les membres des organes de gestion dont le ou les ministres du culte, (obligation de) prêter serment, entre les mains (…) du bourgmestre de la commune sur le territoire de laquelle est implanté le lieu affecté principalement à l’exercice du culte. » Ce serment portera sur le respect de la Constitution, de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales et l’ensemble des législations existantes. Mais il prévoit aussi l’obligation « de ne pas collaborer à des actes contraires » aux textes précités et de « déployer les efforts nécessaires à ce que la communauté cultuelle locale, en ce compris l’ensemble de ses membres, ne soit pas associée à des propos ou à des actes contraires à ces textes. » … Il faut dire que des élus du CDH remuent ciel et terre pour dénoncer une mesure qu’ils considèrent comme inutile voire vexatoire et qui va à l’encontre de siècles de tradition. Parmi eux, le député CDH Josy Arens a pris son bâton de pèlerin pour alerter les différents diocèses wallons : « Nous ne remettons pas en cause le nécessaire encadrement des cultes à l’époque où nous vivons, explique-t-il. Mais un tel formalisme est excessif et va décourager les citoyens qui s’investissent dans les fabriques d’église. »
     
    Réaction : « Et la liberté de parole ? »

    Olivier Fröhlich, vicaire général du diocèse de Tournai :

    « Nous avons surtout l’impression que les pouvoirs publics veulent mettre la main sur les cultes et empêcher toute autonomie. Pourquoi ce serment alors que tout Belge est supposé respecter la loi, les prêtres et les fabriciens comme les autres ? … Propager la haine, c’est inacceptable. Mais nous voulons conserver notre liberté de parole dans les débats de société où l’église catholique doit pouvoir faire entendre sa voix. Je note au passage une absurdité dans ce texte : il est question d’imposer ce serment aux membres des fabriques d’église, mais le contenu des discours n’est pas de leur compétence. Pourquoi prêteraient-ils serment alors qu’ils gèrent les finances et le patrimoine immobilier ? »

    Raphaël Collinet, Vicaire épiscopal (Liège) :

    « Il est certain que l’autonomie des cultes implique une liberté de ton, de propos et d’attitude face à l’agir politique et gouvernemental. L’autonomie des cultes fait qu’ils doivent parfois pouvoir s’opposer aux lois existantes, aux lois sociétales. Chaque Eglise, chaque chrétien, pour rester lui-même, ne peut s’aligner purement et simplement sur les décisions d’une majorité parlementaire ! Une religion qui serait simplement adaptée à ce que souhaite le gouvernement ne serait plus ni respectable, ni respectée. Elle perdrait sa raison d’être. La séparation de l’Eglise et de l’Etat implique comme corollaire la séparation de l’Etat et de l’Eglise. Derrière les portes et en chuchotant, on entend dire que ce qui est visé ici c’est le culte islamique mais que par motif d’équité, on est obligé d’appliquer cette législation à tous les autres cultes même s’ils sont complètement indemnes de radicalisme. Mais quelle est cette équité nouvelle ? Ce qui est visé dans ce projet, mais ce qui n’est jamais nommé - bien-pensance oblige - c’est l’Islam et la radicalisation de "certaines" mosquées. C’est un problème particulier qui nécessite une réponse particulière et adaptée. »

  • Enseignement : la mixité a créé de sérieux problèmes

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    Cette opinion de Marthe Mahieu, publiée en mars dernier sur le site de la Libre, nous avait échappé. Nous la retrouvons sur didoc.be et la reprenons à notre tour :

    La mixité des genres à l’école ne va pas de soi

    Une ancienne directrice d’école s’interroge sur la mixité dans l’enseignement. Elle a publié un article d’opinion sur le sujet dans La Libre Belgique du 20-3-17.

    Personne ne s’en étonne : voilà 40 ans que la mixité a été décrétée et mise en œuvre à l’école, et aucune évaluation de ses effets, aucune formation des enseignants à ce changement pourtant majeur n’ont été organisées. La mixité scolaire apparaît comme une évidence, un signe incontestable de « progrès ». Au départ, pourtant, il y a une entourloupe. Même si l’idéologie égalitaire des années 70 l’a favorisée et l’a officiellement justifiée, les vraies raisons en étaient principalement budgétaires : mixer les filles et les garçons au secondaire permettait de faire de sérieuses économies d’échelle, en un temps où les restrictions devenaient nécessaires. Il n’y a pas eu qu’une hypocrisie de la part du gouvernement, il y a eu aussi une grande illusion, partagée par la plupart des acteurs  en mettant tout le monde ensemble, dans les mêmes locaux et avec les mêmes profs, on créerait automatiquement l’égalité des sexes (qu’on n’appelait pas encore « genre »). La réalité du terrain, si on se donne la peine de l’observer attentivement, montre un tableau différent. L’erreur a été de ne pas voir qu’enseigner et faire vivre ensemble des filles et des garçons, surtout au début de l’adolescence, exigeait pour porter les fruits attendus, toute une éducation. Dans le réseau libre, on a d’ailleurs appelé cette réforme « co-éducation ». Mais si on a gardé le « co », on a oublié l’éducation.

    Toujours tabou

    La mixité n’a pas été un mal, mais elle a créé, particulièrement au premier degré du secondaire, entre 11 et 14 ans, de sérieux problèmes que personne ne semble vouloir prendre en compte, tant un changement en ce domaine paraît impensable. Il suffit de soulever la question dans un groupe d’enseignants — de quelque réseau que ce soit — pour se voir aussitôt regardé avec méfiance, soupçonné de ringardise, de catholicisme conservateur, si ce n’est pas de complicité avec l’intégrisme musulman… Or, quarante ans d’observation des élèves m’ont conduite à la conviction qu’à cet âge de bouleversement hormonal, si le mélange des genres dans une même école peut être bénéfique, à condition d’être l’objet de règles strictes et d’une éducation à la spécificité de l’autre, au respect de son évolution propre, la mixité en classe et durant toutes les heures de cours peut être source d’obstacles à l’apprentissage, de diminution de la liberté et même de grandes souffrances, tant pour les filles que pour les garçons. Surtout à notre époque où la « médiasphère » (Internet et réseaux sociaux) exacerbe la dimension sexuelle des relations humaines, et pas souvent pour le meilleur.

    Les problèmes

    La féminisation massive du métier d’enseignant constitue aussi une difficulté supplémentaire, encore une fois parce qu’aucune formation à la gestion de la mixité n’est organisée. Il faut accepter d’abord le postulat que la pente naturelle des humains les pousse à la domination des forts sur les faibles. Seule l’éducation permet de dépasser cette tendance et d’installer le respect, le souci des plus faibles, la priorité du bien commun. C’est un long travail ! Or, à la prime adolescence, les jeunes cherchent leur identité, testent leur pouvoir de séduction, doutent souvent d’eux-mêmes…

    Décrivons quelques problèmes — parmi d’autres — que soulève la mixité scolaire à cet âge :

    • Le souci aigu de son look, de son image, est exacerbé par le regard permanent du « sexe opposé ». Les garçons qui restent petits, dont la voix ne mue pas, les filles dont les seins ne poussent pas, et tous les petits défauts physiques et maladresses corporelles qui sont fréquents à cet âge deviennent des souffrances, des drames, vécus sans répit tout au long du jour.
    • Les excitations sexuelles compulsives, mal contrôlées souvent par les garçons, que le corps des filles peut obséder à cet âge, distraient de l’apprentissage. Un garçon de seconde qui avait complètement raté son examen de maths en juin, m’a confié qu’il n’avait pu s’empêcher de regarder les seins de sa voisine de banc, qui portait un T-shirt à bretelles un peu lâche : cela avait complètement empêché sa concentration…
    • Le rythme très variable de développement des corps des élèves entraîne des différences de comportement, de caractère, une hétérogénéité qui s’ajoute pour les enseignants aux différences de culture, de niveau socio-économique, de langue maternelle. Seulement, ces différences-là font l’objet de réflexions, de formations, on propose des méthodes et même des avantages matériels pour y faire face. Côté mixité, c’est zéro.
    • Alors que les filles ont en moyenne de meilleurs résultats, les leaders de groupe sont presque toujours des garçons, avec, à défaut de performances scolaires, des actions plus ou moins spectaculaires… qui expliquent leur proportion massivement supérieure d’exclusion… Cela ne favorise pas l’émergence de leaders féminins. On se plaint ensuite de manquer de jeunes « entrepreneuses ».

    Possibles solutions?

    Alors, que proposer pour améliorer cette situation ? Le Pacte d’excellence n’en dit mot, mais il n’empêche pas non plus d’aborder le problème. Il faudrait commencer par un état des lieux : une recherche universitaire un peu approfondie, pourquoi pas une ou deux thèses de doctorat ? Cela ne coûte rien. Une étude complète commandée par le Ministère, comme on l’a fait au Canada, irait plus loin. Ensuite, favoriser des expériences de classes non-mixtes durant le nouveau tronc commun des 12-15 ans, avec évaluation à la clé. Les filles et les garçons se côtoieraient durant les récréations, et pourquoi pas dans certaines activités comme le théâtre, les sorties extra-scolaires ? Mais ils seraient entre eux en classe, pour les apprentissages de base… Et surtout, intégrer dans la formation des enseignants une réflexion et des outils sur la gestion de cette différence qui reste fondamentale, et qui ne met pas en question l’égalité des genres.

    L’éducation spécifique à la fréquentation et à la reconnaissance de l’autre sexe devrait commencer en maternelle. Mais j’ai vu souvent que reconnaître que sous le mot générique « élèves » se retrouvent deux espèces différentes est perçu comme une entorse à l’égalité ! La grande erreur est de confondre l’égalité avec le gommage des identités propres. Erreur funeste en des tas de domaines, et qui a conduit quelquefois au contraire du but recherché : une sorte d’exacerbation sauvage des identités niées, entraînant de nouvelles oppressions.

    Marthe Mahieu est une ancienne directrice d'école secondaire. Cet article a été publié le 20-3-17 dans La Libre Belgique. Source : http://www.lalibre.be/debats/opinions/la-mixite-des-genres-a-l-ecole-ne-va-pas-de-soi-opinion-58cea70ccd705cd98e0a34d0.

  • Luther ou l'inauguration d'une ère dominée par la haine et la guerre contre l’Eglise catholique

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    unnamed.jpgMartin Luther  La face cachée d’un révolutionnaire
    Auteur : Angela Pelliciari
    Traduit de l’italien par Esther Barbier
    Office : 21 avril 2017
    Broché, 160 p. – 14,50 euros
    Pierre Téqui éditeur
     
    Présentation
    Si 2017 marque le 500ème anniversaire de Luther, gageons que les médias présenteront un Luther très consensuel, héraut de la lutte contre les abus de l’Eglise catholique et propagateurs d’une religion nouvelle, sans dogme.
    Pourtant, à rebours de l’hagiographie actuelle, Angela Pelliciari livre un portrait très différent. Partant des textes, toujours avec sa rigueur reconnue, elle dévoile la face cachée d’un révolutionnaire.
     
    Antisémitisme, haine de l’Eglise catholique et du pape, mensonges, calomnie, réécriture de la Bible pour qu’elle corresponde à ses thèses, appel au meurtre de ceux qui s’opposent à la Réforme… Le portrait que dresse Angela Pellicciari de Martin Luther est sans concession. Difficile de contredire l’enseignante italienne quand elle constate avec regret que « même dans les milieux catholiques on tient presque pour acquis que Luther avait raison et l’Eglise catholique tort ». C'est ne pas connaître le vrai Luther que de penser cela.
     
    Angela Pellicciari s’appuie sur les écrits du « Moïse allemand » qu’elle cite abondamment en lui opposant les paroles de Jésus. Elle montre les conséquences désastreuses de la révolte du prêtre allemand : détachement de l’Eglise allemande de Rome pour la soumettre aux princes qui s’emparent des biens du clergé, paupérisation du peuple, destruction des couvents et des œuvres de charité, guerre entre les nations. La réforme préconisée par Luther s’appuie certes sur les abus du haut clergé et de la curie romaine que personne ne conteste mais elle n’apporte aucune solution d’apaisement. Elle enfonce au contraire l’Europe dans un cataclysme qui ne s’achèvera pas de sitôt. La révolution luthérienne ouvre la porte à la grande Révolution française et aux idées jacobines. Angela Pellicciari voit dans la Réforme luthérienne la marque contemporaine d’une pensée affranchie de toute recherche de la vérité au nom d’une conscience individuelle qui place la liberté de pensée au-dessus de tout dogme. L’individu tout puissant est né en 1517 avec les thèses de Luther. Ce dernier est prophétique : « Son testament a été collecté et divulgué dans les siècles qui ont suivi par la pensée gnostique, jacobine et franc-maçonne, dominée par la haine et la guerre contre l’Eglise catholique. Au nom de la sainteté de cette haine (…) le sang a coulé à flots ».
     
    Auteur
    Angella Pellicciari, historienne du Risorgimento et spécialiste des rapports entre la papauté et la maçonnerie, enseigne l'Histoire de l'Église dans les séminaires Redemptoris Mater. Elle a publié une histoire de l’Eglise, disponible en français et en cours de traduction dans d’autres langues.

  • Belgique : les Frères de la Charité veulent autoriser l'euthanasie dans leurs institutions

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    Lue sur le site du quotidien De Standaard (notre traduction), une information troublante qui ne manquera pas, espérons-le, de susciter une réaction de la part des évêques belges :

    Les Frères de la Charité veulent autoriser l'euthanasie

    Le conseil d'administration du groupe belge des Frères de la Charité a décidé que l'euthanasie dans ses centres psychiatriques serait possible, même pour ceux qui ne sont pas en phase terminale.

    C'est le magazine chrétien Tertio qui rapporte cette nouvelle significative dans son édition de mercredi prochain.

    Jusqu'ici, les Frères de la Charité ont refusé de pratiquer l'euthanasie dans toutes leurs institutions de par le monde, mais il y a donc à présent un changement dans notre pays. C'est ce qui ressort d'une lettre émanant du conseil belge des Frères de la Charité adressée à toutes les directions et au corps médical des centres psychiatriques au sein du groupe.

    La lettre indique que le conseil a approuvé un texte "reflétant la vision du groupe des Frères de la Charité en Belgique sur la question importante et complexe de l'euthanasie pour souffrance psychologique dans une situation non-terminale."

    En outre, il déclare que « si elle répond à certaines exigences d'urgence, le médecin et le patient peuvent choisir le lieu où l'euthanasie sera effectuée en tenant compte du contexte, y compris de l'impact sur les autres patients. (...)

    Il est frappant de constater que la lettre se termine par l'affirmation selon laquelle le conseil général des Frères à Rome, dirigé par le Flamand René Stockman, rejette explicitement ce changement de cap. « Nous déplorons cette nouvelle vision, » a déclaré René Stockman ce matin sur Radio 1. « Nous partageons les mêmes préoccupations, mais pour en arriver à une décision différente. » Stockman est clair: il n'y a pas d'euthanasie pratiquée dans les murs de leurs institutions. « La ligne entre Rome et les Frères de la Charité en Belgique a été perturbée », conclut-il.

  • Présidentielles françaises : Jacques Attali sur LCI le 21 avril …2016

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    JPSC

  • Qui déclenche les guerres ? La Civilta Cattolica ne rejoint pas les analyses du pape

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    De Sandro Magister, traduit sur l'excellent site diakonos.be :

    Qui déclenche les guerres. « La Civiltà Cattolica » contredit le pape

    Les véritables et seuls coupables de cette « guerre mondiale par morceaux » dénoncée sans arrêt le pape François ce sont – d’après lui – « ceux qui fabriquent et trafiquent des armes » et qui « font du profit avec le sang des hommes et des femmes ».

    Il s’agit d’une explication très matérialiste et économiste aux relents vaguement marxistes.  François l’a pourtant réitérée à de nombreuses reprises en l’appliquant également aux actes terroristes, encore dernièrement pendant la semaine sainte.

    Curieusement pourtant, la revue qui d’habitude reflète le plus sa pensée, « La Civiltà Cattolica » dirigée par le jésuite Antonio Spadaro qui est également son conseiller et son écrivain fantôme, a récemment publié un article remarquable sur les « conflits armés en Afrique » et surtout sur « l’échec des méthodes traditionnelles d’analyse » qui ignore complètement la fabrication et le trafic d’armes dans les causes de ces conflits et pointe au contraire des motivations très différentes.

    Dans la dizaine de pages que compte cet article, le mot « armes » n’apparaît d’ailleurs qu’une seule fois, de façon marginale et sans lien de cause à effet.

    L’auteur, Arsène Brice Bado, est un jésuite de Côte d’Ivoire qui a étudié à l’Université de Yale aux Etats-Unis et à l’Université de Laval au Canada et qui a réalisé des recherches sur le terrain dans plusieurs pays africains impliqués dans des conflits.

    La thèse de départ de son analyse c’est que « la difficulté de la communauté internationale à contribuer à mettre un terme aux conflits » en cours en Afrique découle en réalité de « la mauvaise compréhension » de l’un ou l’autre conflit, « de ses causes, de ses acteurs, de son évolution et des questions qui sont en jeu ».

    Et il écrit, au terme de son exposé: « Toutes les explications fournies ont dans le fond une part de vérité.  Toutefois, aucune d’entre elles ne parvient à rendre compte intégralement de la complexité des conflits armés qui éclatent dans le contexte africain.  D’où la nécessité de privilégier une approche holistique qui soit en mesure d’intégrer le mieux possible les différents aspects des conflits ».

    En outre, poursuit Brice Bado, un « élément supplémentaire de complexité » réside dans le fait que « les causes et les motivations initiales subissent des changements et se transforment au cours du conflit » comme cela s’est produit, par exemple, en République Centrafricaine que le Pape a visitée en 2015 et qui est secouée par « un conflit aux connotations interconfessionnelles avec l’émergence de nouveaux acteurs dont les ‘anti balaka » ou ‘milices chrétiennes' ».

    Pour réaliser une analyse « holistique et dynamique » des conflits – soutient l’auteur – il faut donc combiner « les causes structurelles, les facteurs amplificateurs et les éléments déclencheurs des conflits armés ».

    Parmi les « causes structurelles » et les éléments amplificateurs respectifs, Brice Bado pointe « aussi bien la position de l’Afrique dans le système international que la fragilité institutionnelle des Etats africains au niveau politique, économique, socio-démographique et environnemental ».

    Mes ces causes ne suffisent généralement pas:

    « Pour qu’un conflit finisse par éclater, il faut qu’il y ait des activistes capables de mettre idéologiquement en action l’état conflictuel latent à travers des événements que nous pourrions qualifier de ‘catalyseurs’.  Par exemple, au Niger un fait de violence de la part de l’armée contre trois anciens Touaregs a suffi a déchaîner une guerre civile entre les communautés Touareg d’une part et l’armée et le reste de la population nigérienne d’autre part, dans un conflit qui a duré de février 2007 à octobre 2009.  La révolte Touareg, née au Niger, a été à l’origine de la guerre civile du Nord du Mali en 2009.  Au Kenya, la guerre civile de 2007 a éclaté suite à un conflit sur le résultat des élections.  La même chose s’est passée en Côte d’Ivoire à l’occasion des élections de 2010.  Le cas de Mohamed Bouazizi en Tunisie est un autre exemple parlant: le suicide de ce vendeur ambulant a déchaîné une vague de protestations qui ont à leur tour contribué à déclencher le ‘printemps arabe’ de 2011 ».

    Pas un mot donc, sur le rôle ces « seigneurs des armes » comme moteurs des guerres africaines.  L’auteur de l’article reste également très prudent quant aux motivations économiques.  « La priorité des questions économiques ne fait actuellement pas consensus » chez les analystes, écrit-il.  Et de citer l’exemple du Libéria et de la Sierra Leone où le « commerce des diamants a surtout servi à financer la guerre et ne constituait en rien la cause initiale » et « ce constat vaut également pour la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine, l’Angola, le Mozambique, etc. ».  A la rigueur, poursuit Brice Bado, elles ont pu jouer un rôle ça et là dans l’éclatement de conflits civils autour du contrôle des ressources comme la terre et l’eau.

    Dans son dernier numéro « La Civiltà Cattolica » est revenue sur le génocide Rwandais dans un article d’un jésuite originaire de ce pays d’Afrique, le père Marcel Uniweza.

    Là non plus, on ne trouve aucune référence aux « seigneurs des armes » comme cause du massacre qui en à peine trois mois l’année 1994 a causé la mort de presque un million de tutsis et de hutus modérés massacrés pour des raisons de divisions ethniques.

    Et dans ce cas également les armes furent inutiles.  Les machettes et le feu ont suffi.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Belgique : oui, l'avortement d'un enfant presque à terme est bel et bien pratiqué

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    L’avortement d’un enfant presque à terme est bien possible

    En droit belge, il est possible d’avorter un enfant à la veille de sa naissance. C’est le constat douloureux qui alimente la polémique dans les médias suite aux propos de la porte-parole de la Marche pour la Vie, Constance du Bus. La jeune demoiselle n’a en effet pas hésité à déclarer dimanche que la loi sur l’avortement est interprétée largement, et que des avortements tardifs se pratiquent parfois pour des motifs légers, tels une surdité ou des doigts manquants, « jusqu’au jour avant l’accouchement ». Des propos, qui n’ont pas manqué de faire réagir, violemment parfois à l’encontre de la jeune femme. La RTBF s’en est vivement emparé puis a partiellement rectifié son propos[1].     

    Un examen de la loi nous apprend que « Au-delà de 12 semaines, l’interruption volontaire de grossesse ne pourra être pratiquée que lorsqu’il est certain que l’enfant à naître sera atteint d’une affection d’une particulière gravité ET reconnue comme incurable au moment du diagnostic »[2]. La loi ne fixant pas de limite maximale au-delà de 12 semaines pour ces cas, l’interruption volontaire de grossesse est donc possible tant que l’enfant n’est pas né.

    Reste l’affirmation la plus contestée des déclarations de Mme du Bus, à savoir si de tels motifs pourraient donner lieu à un avortement pour raisons médicales, lesquels seraient réservés uniquement « à des cas très graves ».

    La loi prévoit qu’il doit être certain que l’enfant sera atteint d’une affection grave et incurable, ces trois critères étant cumulatifs. Ces critères sont aujourd’hui, contrairement au texte de loi, pris de façon isolée, la Commission d’évaluation de la loi sur l’avortement parlant elle-même « d’affection grave OU incurable ». Et cela change tout !

    Une affection peut être grave, mais parfaitement curable, une autre sera incurable, mais pas nécessairement grave, et beaucoup d’autres seront possibles, mais non certaines. De plus, si l’incurabilité est facile à objectiver, le législateur n’a pas jugé bon de spécifier ce qu’il entend par une « affection d’une particulière gravité ». Or, ce qui est « grave » pour l’un ne l’est pas pour l’autre, et certainement pas pour la totalité des médecins. Il n’existe aucune liste des pathologies pouvant justifier un avortement jusqu’au 9ème mois (une telle liste serait légitimement perçue comme stigmatisante par les patients atteints de ces affections). Il appartient donc à chaque patient et médecin d’en décider, ce dernier ayant l’obligation de demander un deuxième avis.

    Les rapports de la Commission d’évaluation de la loi sur l’avortement détaillent les raisons invoquées pour justifier un avortement pour raisons médicales au-delà de 12 semaines (et donc théoriquement sans délai maximum). Le rapport 2006[3] mentionne bel et bien la surdité congénitale parmi les motifs invoqués. Un enfant de ma famille proche, atteint de ce type de surdité, a été opéré il y a quelques années dans un hôpital bruxellois. Accompagné par des parents et une équipe formidable, aujourd’hui il entend, est joyeux, bilingue et excelle à l’école, même si certains sports lui sont interdits. Autres motifs relevés en 2012 : l’absence du bras gauche, motif pour lequel l’avortement n’est pourtant pas autorisé en France en raison des grands progrès en matière de prothèses ; l’hémophilie, de mieux en mieux prise en charge ; des infections au cytomégalovirus (dont 90% sont asymptomatiques à la naissance, et 75% asymptomatiques au cours de la vie de l’enfant), etc…

    Qu’en est-il des chiffres ?

    Le rapport de la « Commission avortement » mentionne qu’en 2011, 95 avortements pour affections graves ou incurables ont été déclarés.

    Or les chiffres du réseau EUROCAT[4], réseau européen qui a pour but de surveiller l’occurrence des malformations congénitales dans différentes régions d’Europe - dont trois provinces belges - démontrent que la plupart des avortements tardifs ne sont pas déclarés.  On pourrait même aller jusqu’à estimer à plus de 360 avortements[5] pour cause d’affections graves ou incurables chez l’enfant. La différence est significative.

    EUROCAT nous apprend aussi que si la plupart des avortements sont effectués avant 24 semaines, un nombre significatif sont exécutés entre 24 et 25 semaines, et même au-delà de 26 semaines. Comment justifier un avortement à 7 mois de grossesse, là où un prématuré de 6 mois serait protégé de l’infanticide? Sans vouloir entrer dans le débat sur le bien-fondé de l'avortement, ne faudrait-il pas au moins fixer pour cette pratique des repères plus précis et établir un contrôle plus rigoureux?

    Par ailleurs, même si la plupart des médecins aident les patients par leur expérience et leurs conseils bienveillants dans certains cheminements douloureux, il me semble urgent de mener une réflexion approfondie sur l’accueil et l’accompagnement du handicap et de la différence en Belgique. Il en va de l'égalité des chances pour tous. Nous pouvons saluer l’audace et le courage d’une nouvelle génération qui aujourd’hui nous le rappelle.

    Eléonore Delwaide, juriste

    Présidente de l’Institut Européen de Bioéthique

    Ancien membre de la Commission d’évaluation de la loi sur l’avortement

    [1] https://www.rtbf.be/info/societe/detail_en-belgique-on-avorte-meme-la-veille-de-l-accouchement-quand-la-porte-parole-de-la-marche-pour-la-vie-raconte-n-importe-quoi?id=9564854

    [2] Loi du 3 avril 1990 relative à l’interruption de grossesse

    [3] Rapport 2006, p.42 : http://www.ieb-eib.org/fr/pdf/rapport-20080801-com-avortement-part-4-annexes-p.pdf

    [4] http://www.eurocat-network.eu/pubdata et aussi

    http://www.eurocat-network.eu/prevdata/resultsPdf.aspx?title=A6&datefrom=2011&dateto=2011&allanom=false&allregf=&allrega=&anomalies=1&registriesf=2&registriesa=&winx=1342&winy=628

    [5] Pour les seules provinces du Hainaut et Namur : 57 avortements pour raison médicale en 2011. Si l’on extrapole ce nombre pour l’entièreté de la Belgique, on arrive à environ 360 avortements pour affection grave et incurable chez l’enfant à naître (en admettant que le comportement des parents face à l’annonce d’un handicap soit le même dans tous les provinces belges).

  • Pour comprendre le pari perdu de François Fillon

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    De Samuel Pruvot sur le site de l'hebdomadaire Famille Chrétienne :

    Pourquoi François Fillon a perdu son pari

    Avec 20 % des suffrages, François Fillon n’a pas pu se qualifier pour le second tour de la présidentielle. Un véritable choc pour la droite qui doit en chercher les causes profondes.

    « Je serai au second tour.» François Fillon n’a pas été capable de tenir sa promesse téméraire. Jusqu’au bout pourtant, cet amateur de sport automobile a voulu croire au miracle de Jacky Ickx remportant les 24 Heures du Mans en déjouant tous les pronostics. Le candidat sarthois n’avait-il pas remporté haut la main la primaire de la droite contre tous les barons de son camp ?

    La disqualification est donc un vrai choc. « Sa défaite est le résultat d’un pari raté, explique Matthieu Chaigne, politologue auteur de ‘La France en face’ (Rocher). François Fillon pensait que son programme serait plus fort que les symboles. Mais son échec à la présidentielle démontre que sa faute morale, au lendemain du Pénélope Gate, a été perçue comme trop importante. Il a cru que les électeurs de droite finiraient par retourner au bercail parce qu’il incarnait un programme de rupture. » En réalité François Fillon a rassemblé le socle des militants LR mais pas au-delà.

    Comment expliquer cette élimination du candidat de la droite qui devait naturellement incarner l’alternance ? Pour Matthieu Chaigne, le ver était dans le fruit depuis la primaire. « François Fillon a payé le 24 avril une campagne des primaires hémiplégique. Sa victoire a été le résultat de la mobilisation d’un électorat de retraités CSP+. » Autrement dit, depuis le début l’adhésion des catégories populaires il a fait défaut à François Fillon. « Dans toutes les études, précise Matthieu Chaigne, le candidat a toujours plafonné sous la barre des 10% auprès des ouvriers et des employés. Ces derniers lui reprochaient un programme trop dur avec les plus faibles. »

    Son absence au second tour de la présidentielle révèle aujourd’hui une erreur de perspective ancienne : « François Fillon a imaginé que les Français étaient prêts pour des réformes radicales. Mais ces réformes sociales n’ont jamais été acceptées par les catégories populaires. La preuve, le premier décrochage de François Fillon a eu lieu avant le Pénélope Gate à propos de l’Assurance maladie… » Matthieu Chaigne estime que ce blocage s’est manifesté à l’occasion de la loi El Khomri. « Cette loi de gauche a effrayé les états majors de droite. Pourquoi ? Parce que les projets de réforme se heurtent toujours à une majorité de Français. »  La réforme est perçue comme une menace pour les salariés et les petits tandis que l’Etat apparait comme le seul bien qui reste quand on n’a plus rien. Matthieu Chaigne conclut sur ce point : « François Fillon s’est adressé à un électorat de la transmission des valeurs et des richesses. Des populations convaincues qu’il faut assainir l’Etat et en finir avec la purge fiscale. Cela a marché pour les primaires mais pas pour la présidentielle. »

    Pour le sociologue Jean-Pierre Le Goff la défaite de François Fillon traduit aussi une déception d’ordre symbolique. « J’ai été sidéré d’apprendre que François Fillon avait fait appel au journaliste Joseph Macé-Scaron pour écrire certains discours. Cet homme incarne selon moi la caricature du relativisme et de l’air du temps postmoderne ! Comment Fillon a-t-il pu solliciter un homme sans éthique qui a défendu le mariage gay ?! C’est l’autre face de Fillon… aux antipodes de l’image du notaire de province et du chrétien austère. » Dommage estime Jean-Pierre Le Goff car François Fillon était de loin le candidat le plus crédible face au « gauchisme culturel ».

    Au final, son image de candidat « ultra libéral » a été fatale aux yeux de Jean-Pierre Le Goff. « Sa défaite provient d’un déficit de politique sociale. On n’a rien vu dans ce domaine sinon quelques miettes. François Fillon n’a pas réussi à briser l’image d’une droite repliée dans un monde qu’elle ne comprend plus. Le volet économique a fini par occulter les valeurs. » Il précise : « Fillon a promis de vaincre le chômage. Mais cette promesse remonte à Raymond barre ! Cela supposait un libéralisme de choc et des recettes empruntées à l’étranger. Les Français ne pouvaient pas marcher. » Le fait de proposer au peuple français de s’aligner sur la réussite d’un autre pays n’a pas été mobilisateur. « Pour les jeunes générations, cela ne fait pas rêver de prendre la place de l’Allemagne ! Nous ne sommes plus à l’époque du général de Gaulle. La France ne peut plus rejouer les mêmes cartes que dans les années 60... » Est-ce à dire que le gaullisme n’est plus une matrice féconde dans une France qui se cherche ?

    Lire aussi : http://www.hommenouveau.fr/2015/politique-societe/la-victoire-de-hollande-2-0-.htm

    et aussi : http://www.magistro.fr/index.php/template/lorem-ipsum/du-cote-des-elites/item/3088-l-election-de-macron-sonnerait-le-glas-de-la-democratie

  • L’Eglise a tellement besoin de martyrs, de témoins, c’est-à-dire de saints de tous les jours, parce que ce sont les saints qui perpétuent l’Eglise

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    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    L’Eglise a besoin de saints « de la vie ordinaire » et de témoins « jusqu’à la mort »

    Homélie du pape à Saint-Barthélémy en l’honneur des nouveaux martyrs (Traduction intégrale)

    De quoi l’Eglise a-t-elle besoin aujourd’hui ? De saints « de la vie ordinaire » mais aussi « de ceux qui ont le courage d’accepter la grâce d’être témoins jusqu’à la fin, jusqu’à la mort », a déclaré le pape François lors d’une « Liturgie de la Parole » en mémoire des « Nouveaux Martyrs » des XXe et XXIe siècles le 22 avril 2017, en la basilique Saint-Barthélémy sur l’île Tibérine à Rome.

    Les martyrs « nous enseignent que, avec la force de l’amour, avec la douceur, on peut lutter contre les abus, la violence, la guerre et que l’on peut réaliser la paix avec patience », a souligné le pape au cours de la célébration avec la communauté de Sant’Egidio, à laquelle l’église est confiée depuis 1993.

    Il a aussi rendu hommage aux « martyrs cachés, ces hommes et ces femmes fidèles à la force douce de l’amour, à la voix de l’Esprit-Saint, qui dans la vie de tous les jours cherchent à aider les frères et à aimer Dieu sans réserve ».

    La basilique romaine, située au milieu du Tibre, abrite un mémorial des « Nouveaux Martyrs » des XXe et XXIe siècles depuis le Jubilé de l’an 2000. En octobre 2002, une grande icône dédiée à ces martyrs – puisant dans le symbolisme du livre de l’Apocalypse – a été installée au-dessus du maître-autel.

    Voici notre traduction intégrale de l’homélie que le pape François a prononcée pour l’occasion, à la veille du Dimanche de la Miséricorde divine, octave de Pâques.

    Homélie du pape François

    Nous sommes venus comme pèlerins dans cette basilique de Saint-Barthélémy de l’Ile Tibérine, où l’antique histoire du martyre s’unit à la mémoire des nouveaux martyrs, de tant de chrétiens tués par les folles idéologies du siècle dernier, et encore aujourd’hui, tués seulement parce que disciples du Christ.

    La mémoire de ces témoins héroïques, anciens et récents, nous confirme dans la conscience que l’Eglise est Eglise si elle est Eglise de martyrs. Et les martyrs sont ceux qui, comme nous l’a rappelé le Livre de l’Apocalypse, « viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau » (7,14). Ils ont eu la grâce de confesser Jésus jusqu’à la fin, jusqu’à la mort. Ils souffrent, ils donnent leur vie, et nous recevons la bénédiction de Dieu par leur témoignage. Et il existe aussi de nombreux martyrs cachés, ces hommes et ces femmes fidèles à la force douce de l’amour, à la voix de l’Esprit-Saint, qui dans la vie de tous les jours cherchent à aider les frères et à aimer Dieu sans réserve.

    Si nous regardons bien, la cause de toute persécution est la haine, la haine du prince de ce monde envers ceux qui ont été sauvés et rachetés par Jésus dans sa mort et dans sa résurrection. Dans le passage de l’Evangile que nous avons écouté (cf. Jn 15,12-19), Jésus emploie un mot fort et effrayant : le mot “haine”. Lui, qui est le maître de l’amour, qui aimait tant parler d’amour, parle de haine. Mais il voulait toujours appeler les choses par leur nom. Et il nous dit : “Ne craignez pas ! Si le monde a de la haine contre vous, sachez qu’il en a eu d’abord contre moi ”.

    Jésus nous a choisis et nous a rachetés, par un don gratuit de son amour. Par sa mort et sa résurrection, il nous a rachetés au pouvoir du monde, au pouvoir du diable, au pouvoir du prince de ce monde. Et l’origine de la haine est celle-ci : le prince de ce monde ne veut pas que nous soyons sauvés par Jésus, il nous hait et suscite la persécution, qui depuis l’époque de Jésus et de l’Eglise naissante continue jusqu’à nos jours. Combien de communautés chrétiennes aujourd’hui sont objet de persécution ! Pourquoi ? A cause de la haine de l’esprit du monde.

    Combien de fois, dans des moments difficiles de l’histoire, on a entendu dire : “Aujourd’hui la patrie a besoin de héros”. Le martyr peut être pensé comme un héros. Mais le fondement du martyr est qu’il a été un « grâcié », c’est la grâce de Dieu, non pas le courage, qui nous rend martyrs. De la même façon nous pouvons nous demander : “De quoi l’Eglise a-t-elle besoin aujourd’hui ?” De martyrs, de témoins, c’est-à-dire de saints de tous les jours, parce que ce sont les saints qui perpétuent l’Eglise. Les saints : sans eux, l’Eglise ne peut continuer. L’Eglise a besoin des saints de tous les jours, ceux de la vie ordinaire, vécue avec cohérence ; mais aussi de ceux qui ont le courage d’accepter la grâce d’être témoins jusqu’à la fin, jusqu’à la mort. Tous ceux-là sont le sang vivant de l’Eglise. Ce sont les témoins qui font avancer l’Eglise ; ceux qui attestent que Jésus est ressuscité, que Jésus est vivant, et qui l’attestent par leur cohérence de vie et par la force de l’Esprit-Saint qu’ils ont reçu en don.

    Je voudrais, aujourd’hui, ajouter une icône de plus dans cette église : une femme. Je ne connais pas son nom. Mais elle nous regarde du Ciel. J’étais à Lesbos, je saluais les réfugiés et j’ai rencontré un homme, d’une trentaine d’années, avec trois enfants, qui m’a regardé et m’a dit : « Père, je suis musulman. Ma femme était chrétienne. Dans notre pays, des terroristes sont arrivés, ils nous ont regardés, nous ont demandé notre religion, et ils l’ont vue avec le crucifix et lui ont demandé de le jeter par-terre. Elle ne l’a pas fait. Ils l’ont égorgée devant moi. Nous nous aimions tant ». C’est l’icône que j’apporte aujourd’hui comme un cadeau ici. Je ne sais pas si cet homme est encore à Lesbos ou s’il a réussi à aller ailleurs. Je ne sais pas s’il a eu la possibilité de sortir de ce camp de concentration. Parce que beaucoup de camps de réfugiés sont des camps de concentration pour la foule de gens qui sont laissés là. Et les peuples généreux qui les accueillent, doivent aussi porter ce poids, parce qu’il semble que les accords internationaux soient plus importants que les droits humains. Et cet homme n’avait pas de rancoeur : lui, musulman, avait cette croix de souffrance portée sans rancœur. Il se réfugiait dans l’amour de sa femme, « grâciée » par le martyre.

    Faire mémoire de ces témoins de la foi et prier en ce lieu est un grand don. C’est un don pour la Communauté de Sant’Egidio, pour l’Eglise à Rome, pour toutes les Communautés chrétiennes de cette ville, et pour les nombreux pèlerins. L’héritage vivant des martyrs nous donne aujourd’hui paix et unité. Ils nous enseignent que, avec la force de l’amour, avec la douceur, on peut lutter contre les abus, la violence, la guerre et que l’on peut réaliser la paix avec patience. Et nous pouvons alors prier ainsi : O Seigneur, rends-nous de dignes témoins de l’Evangile et de ton amour ; répands ta miséricorde sur l’humanité ; renouvelle ton Eglise, protège les chrétiens persécutés, accorde bientôt la paix au monde entier. A toi, Seigneur, la gloire et à nous, Seigneur, la honte (cf. Dn 9,7).

    A la fin de la rencontre, le pape François a rencontré des familles de réfugiés aidées par San’Egidio. Puis sur le parvis de la basilique, il a adressé ces paroles :

    Je vous remercie de votre présence et de votre prière, en cette église des martyrs. Pensons à la cruauté, la cruauté, qui aujourd’hui s’acharne sur tant de personnes ; l’exploitation des personnes… Des personnes qui arrivent en bateaux et puis restent là, dans les pays généreux, comme l’Italie et la Grèce qui les accueillent, mais ensuite les Traités internationaux ne les laissent pas… Si en Italie on accueillait deux, deux migrants par commune, il y aurait de la place pour tous. Que cette générosité, du sud, de Lampedusa, de la Sicile, de Lesbos, puisse contaminer un peu le nord. C’est vrai : nous sommes dans une civilisation qui ne fait pas d’enfants, mais nous fermons aussi la porte aux migrants. Cela s’appelle du suicide. Prions !

    Traduction de Zenit, Anne Kurian

  • Les pièces de monnaie figurant sur le Suaire de Turin datent de Ponce Pilate

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    Du site aleteia.org :

    Les monnaies du linceul de Turin définitivement identifiées ?

    Interrogé par RCF Liège, le numismate Agostino Sferrazza est revenu sur l’énigme des pièces de monnaies que l’on pense avoir identifiées sur les yeux de l’homme du Saint-Suaire, qui pourrait être le Christ. Selon ses conclusions, elles dateraient bien de Ponce Pilate, ce qui serait un signe supplémentaire de l’authenticité du linceul de Turin.

    C’est en 1976 qu’apparaît l’hypothèse de la présence de pièces de monnaie sur les yeux de l’homme du linceul. En effet, en développant en 3D la mystérieuse image, les scientifiques constatent la présence de renflements sur les orbites, ne pouvant correspondre à une particularité morphologique. On songe alors à des boutons, puis rapidement à des « leptons » : ces piécettes de faible valeur répandues en Palestine du temps des Romains.

    Des dessins et des lettres

    Les observations sont poussées plus loin. En utilisant des technologies avancées, les chercheurs pensent pouvoir observer des dessins et inscriptions sur les pièces supposées. Sur l’œil droit, on croit pouvoir observer un « lituus » ou crosse d’astrologue. Et sur l’œil gauche une coupe sacrificielle. Ceux qui réfutent l’authenticité du linceul ne manquent pas de réfuter vigoureusement cette théorie, estimant que ses tenants ont « voulu » voir l’empreinte d’une pièce là où ne s’entrelacent que de simples fibres.

    Mais la réfutation n’est pas si simple. Car outre les dessins, on croit aussi pouvoir observer les lettres UKAI, qui seraient la partie visible du mot « TIBERIOUCAIKAROS », soit la version grecque de Tiberius Cesar, l’empereur Tibère. Un précieux indice qui correspond à des monnaies comparables de l’époque romaine et qui atteste qu’il s’agirait bien de pièces frappées précisément peu avant la passion de Jésus.

    Frappées en l’an 29

    Dans l’entretien qu’il a accordé mardi à RCF Liège, le numismate Agostino Sferrazza soutient pour sa part la théorie de l’authenticité des pièces et les date de l’époque de Ponce Pilate. Il s’appuie notamment sur les images produites par l’informaticien Nello Balossino, professeur associé à la Faculté des sciences de Turin, qui est parvenu à faire ressortir de manière saisissante la coupe sacrificielle figurant sur la pièce de l’œil droit. Selon Agostino Sferazza, il n’y a aucun doute : ces pièces auraient été frappées en 29 après Jésus-Christ.

    Voir aussi :

    http://www.belgicatho.be/archive/2017/04/08/athee-un-professeur-de-l-universite-de-liege-est-convaincu-que-le-suaire-de.html