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BELGICATHO - Page 183

  • Homélie pour le Dimanche de la Miséricorde

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    Du Père Simon Noël osb sur son blog :

    Homélie pour le Dimanche de la Miséricorde

    On sait que la miséricorde tient une grande place dans la vie spirituelle du pape, comme elle était aussi au cœur de la vie de saint Jean-Paul II. Le pape François a confié un jour comment était née sa vocation. Alors qu'il était un jeune lycéen, un 21 septembre, fête de saint Matthieu, il entra dans une église de Buenos Aires, pour se confesser. A cette occasion, il fit une expérience intérieure de la divine miséricorde, qui fut si profonde, qu'il sentit qu'il valait la peine désormais d'y consacrer sa vie. Telle fut l'origine de son appel à se donner totalement à Dieu.

    L'évangile que nous avons entendu nous parle justement de ce mystère. Jésus envoie ses disciples, en leur donnant le Saint-Esprit, afin qu'ils aillent dans le monde, vers les hommes, leur apporter le pardon des péchés. C'est donc le soir de la résurrection que Jésus a institué le sacrement de la réconciliation, le sacrement du pardon et de la miséricorde.

    Le soir de Pâques, au cénacle, à ses apôtres, et huit jours après, à saint Thomas, Jésus montre ses plaies glorieuses, les plaies de sa passion, celle du cœur transpercé tout particulièrement, plaies qui furent sanglantes le vendredi saint, mais qui désormais sont transfigurées par la résurrection. Les âmes mystiques se sont toujours plu à voir dans ses plaies les sources de cette divine miséricorde, qui se répand dans le monde, sur les âmes et les corps.

    En hébreu, le mot qui désigne la miséricorde divine est le même mot que celui qui désigne les entrailles maternelles : rahamîm.

    L'amour de Dieu s'est incarné dans le Christ, venu sur terre pour qu'aucun des enfants du Père ne soit perdu, mais ait la vie. Tous les actes de Jésus sont le fruit de la miséricorde. Cette miséricorde est manifestée à l'heure de la croix. Jésus, chargé de nos péchés et de nos souffrances, nous a rendus libres et capables de dire à Dieu : Abba, Père.

    Écoutons ce que les docteurs de l’Église ont pu dire sur ce thème. D'abord saint Éphrem, un père syriaque du 4e siècle, dans son homélie sur la femme pécheresse : Je sais que j'ai péché au-delà de toute mesure, et je ne puis dire tout ce qu'il y a en moi d'impureté et de débauche. Cependant, comparé à l'abondance de sa miséricorde, aux trésors de sa pitié, mes péchés, quelque nombreux qu'ils soient, ne sont qu'une goutte d'eau, et j'ai la conviction que, si j'ai seulement le bonheur de m'approcher de lui, je serai purifié de toutes mes fautes et de toutes mes iniquités, parce qu'il fera sortir de moi tout ce qu'il y a de dérèglements et d'injustices, tant sont grandes sa divinité, sa sainteté et son innocence.

    Saint Augustin, dans la Cité de Dieu : Le péché seul, en effet, sépare les hommes d'avec Dieu, et s'ils peuvent être purifiés en cette vie, ce n'est point par la vertu, mais bien par la miséricorde divine.

    Saint Bonaventure, dans l'Aiguillon de l'amour divin : Oui, la miséricorde de notre Dieu est immense. Quand même se trouveraient en vous tous les péchés qui ont jamais été, tous les crimes qui seront commis à l'avenir, la miséricorde du Seigneur l'emporterait encore infiniment sur tout cela.

    Le saint curé d'Ars dans l'un de ses sermons : Ce n'est pas le pécheur qui revient à Dieu pour lui demander pardon, mais c'est Dieu qui court après le pécheur et qui le fait revenir à lui. Il y en a qui disent : « J'ai fait trop de mal, le Bon Dieu ne peut pas me pardonner ». C'est un gros blasphème. C'est mettre une borne à la miséricorde de Dieu et elle n'en a point : elle est infinie.

    On connaît la célèbre déclaration de sainte Thérèse de l'enfant Jésus : Oui, je le sens, quand même j'aurais sur la conscience tous les péchés qui se peuvent commettre, j'irais, le cœur brisé de repentir, me jeter dans les bras de Jésus car je sais combien il chérit l'enfant prodigue qui revient à lui.

    Dans une lettre d'août 1954, Marthe Robin écrivait : Plongez-vous dans l'amour du Bon Dieu, quelles que soient les fautes que vous pourriez avoir commises ; parce qu'une âme n'est pas agréable à Dieu parce qu'elle est sans péché, mais parce qu'elle croit en sa miséricorde, et qu'en toute confiance elle s'abandonne en son amour.

    Et concluons par une phrase de saint Jean-Paul II, dans une homélie qu'il fit en 2002 à Cracovie : Dans la miséricorde de Dieu, le monde trouvera la paix et l'homme trouvera le bonheur.

  • France : l'avortement constitutionnalisé, et maintenant ?

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    De Gregor Puppinck (ECLJ) :

    Après l’échec historique de la constitutionnalisation de l’avortement, l’heure est au bilan. Pourquoi avons-nous échoué, et quelles actions s’imposent à présent au service de la vie et de la France ?

    Tout d’abord, le bilan

    L’avortement est vendu en France comme une conquête du féminisme, comme une liberté de la femme et une condition de son égalité. C’est historiquement douteux. Le mouvement féministe des années 1960 représenté alors par La maternité heureuse a été rapidement dominé par un autre courant, issu de la tradition néomalthusienne et de la franc-maçonnerie : le groupe Littré. C’est ce courant masculin, mené par le Dr Pierre Simon, qui a intégré La maternité heureuse au sein de la Fédération Internationale du Planning Familial, et qui en a fait un instrument de revendication de la légalisation de l’avortement. Cette « capture » a d’ailleurs provoqué des démissions au sein de l’ex-Maternité Heureuse, dont celle de sa fondatrice et présidente, Marie-Andrée Weill Hallé, qui était opposée à l’avortement.

    Depuis, le Planning familial français a fait cause commune avec l’idéologie franc-maçonne. Celle-ci conçoit l’avortement comme un bien, une liberté affirmant la toute-puissance de la volonté individuelle sur la vie reçue de Dieu. Le féminisme occupe une place secondaire dans cette idéologie, et se conçoit comme une révolte de la femme contre la condition féminine et maternelle, bien loin de l’idéal de La maternité heureuse.

    Il faut avoir le courage et la lucidité de regarder en face cet arrière-plan idéologique pour comprendre la portée de l’inscription dans la Constitution de l’affirmation selon laquelle l’avortement serait une liberté.

    Il a parfois été soutenu que l’avortement n’aurait pas sa place dans la Constitution. Sur le plan juridique, certainement, mais il en va différemment au plan symbolique. Une Constitution définit un peuple, contient et exprime son identité et ses valeurs. Les lois fondamentales du Royaume de France reconnaissaient le Catholicisme comme religion officielle. En se déclarant laïque, la République a adopté une composante essentielle de la pensée franc-maçonne. Elle est à présent allée plus loin en déclarant la « liberté d’avorter ».

    Consacrer l’avortement comme une liberté et non plus comme une exception, et la « liberté d’avorter » comme une valeur de la République a des implications philosophiques et religieuses radicales. Cela manifeste l’adhésion à une conception matérialiste et volontariste de l’être humain qui affirme la domination de la volonté sur l’être, de la volonté individuelle sur la vie humaine. Du point de vue ordinaire, profane, l’avortement est un acte destructeur, et donc négatif. Mais tel n’est pas le cas du point de vue de ses promoteurs qui y voient au contraire un acte positif d’affirmation de soi. C’est une conception terrible de l’être humain qui estime que la destruction volontaire de la vie humaine est l’expression de la liberté humaine, et même son sommet, car ce serait la forme la plus élevée d’autonomie. C’est cette même conception qui porte la promotion de la mort volontaire comme une liberté et une expression de la dignité humaine.

    Pour le peuple profane, le recours massif à l’avortement a pour effet de l’obliger à croire que l’être humain n’a pas d’âme, mais n’est qu’un corps doté progressivement de facultés intellectuelles, car si l’enfant à naître est animé, alors nous serions des assassins. Dès lors, il devient insupportable de regarder le fœtus et de voir en lui notre humanité. Le silence et le déni s’imposent.

    Consacrer l’avortement comme une liberté, et la liberté d’avorter comme une valeur de la République implique l’adhésion à une anthropologie tellement spécifique que son inscription dans la Constitution revient à en faire une croyance officielle de la République, un substitut de religion d’État. C’est une nouvelle étape de l’affirmation publique de la franc-maçonnerie comme église de la République, ainsi que le déclarait en substance M. Macron devant le Grand Orient de France le 9 novembre 2023. Il avait d’ailleurs rendu hommage à cette occasion au Grand Maître et docteur Pierre Simon, principal artisan de la libéralisation de la contraception et de l’avortement en France.

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  • « L’Opération militaire spéciale est une Guerre Sainte » (patriarche Cyrille de Moscou)

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (Diakonos.be) :

    La « Guerre sainte » de Cyrille et Poutine. Naissance et histoire du document qui la déclare

    Fin mars, le qualificatif de « Guerre sainte » donnée par le patriarche orthodoxe Cyrille de Moscou à l’agression de la Russie contre l’Ukraine a fait grand bruit dans le monde entier.

    « L’Opération militaire spéciale est une Guerre Sainte, une guerre dans laquelle la Russie et son peuple, en défense de l’unique espace spirituelle de la Sainte Rus’, accomplit la mission de ‘Celui qui retient’ (‘o Katéchon’, cf. 2 Th 2,7), pour protéger le monde de l’assaut du mondialisme et de la victoire de l’Occident tombé dans le satanisme ».

    Par contre, bien peu savent comment Cyrille justifie la « sainteté » de la guerre déchaînée par Moscou, ou comment est née la déclaration intitulée « Le présent et le futur du Monde russe » qu’il a été le premier à signer.

    À proprement parler, en fait, ce document n’a pas été émis par le patriarcat de Moscou, ni par le Saint Synode de l’Église orthodoxe russe, qui l’a seulement lu et approuvé après coup le 27 mars, mais par une institution appelée « Vsemirnyj Russkij Narodnyj Sobor  », littéralement Concile populaire russe universel, plus communément traduit par Concile mondial du peuple russe, en sigle VRNS, imaginé et fondé en mai 1993 par Cyrille quand il était métropolite de Smolensk et chef du département des relations étrangères du patriarcat de Moscou.

    Une fois devenu lui-même, en 2009, patriarche de Moscou, Cyrille est également devenu président et leader de sa propre créature. Et il l’est encore à l’heure actuelle. Le Concile mondial du peuple russe est une institution à la foi ecclésiale et patriotique. Ses membres sont constitués d’un grand nombre de hiérarques orthodoxes, mais également de hauts fonctionnaires du Kremlin, de chefs militaires, de professeurs d’université et de centaines de jeunes patriotes issus de toutes les régions de Russie. Ses trois vice-présidents actuels reflètent également cette composition : il s’agit du métropolite Grégoire de Voskressensk, premier vicaire du patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Alexander Shchipkov, professeur de philosophe à l’Université d’État de Moscou et recteur de l’Université orthodoxe Saint-Jean-le-Théologien et Sergei Rudov, membre du parlement et auparavant secrétaire exécutif du Concile.

    Le tout avec Vladimir Poutine comme chef suprême. Fin novembre 2023, lors de l’avant-dernière réunion du Concile, celle au cours de laquelle la déclaration sur la « Guerre Sainte » a été rédigée avant d’être rendue publique lors de l’assemblée suivante de fin mars (voir photo), Poutine a joué un rôle absolument central, en paroles et en images.

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  • RDC : nouvelles attaques de djihadistes dans l'est du pays où plus de 30 000 élèves ne peuvent aller à l'école en raison de l'insécurité

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    AFRIQUE/R.D. CONGO- Nouvelles attaques de djihadistes dans l'est du pays où plus de 30 000 élèves ne peuvent aller à l'école en raison de l'insécurité

    4 avril 2024  
     
    Kinshasa (Agence Fides) - Au moins 10 personnes ont été tuées et plusieurs bâtiments ont été incendiés à la suite d'une attaque menée par les rebelles ADF dans la nuit du 3 avril dans la commune rurale de Mangina, dans le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, à l'est de la République Démocratique du Congo (RDC).

    Parmi les structures prises d'assaut par les assaillants figure le centre de santé local, qui a été partiellement incendié, ainsi qu'une douzaine de maisons et de bâtiments commerciaux.

    Les villageois ne comprennent pas "comment les assaillants ont pu agir aussi facilement", dans une zone où des soldats congolais et ougandais sont présents. L'ADF (Allied Democratic Forces) est un groupe rebelle ougandais qui s'est longtemps implanté au Nord-Kivu et en Ituri, terrorisant les populations locales. En 2019, l'ADF a annoncé son affiliation à l'État islamique, accentuant sa connotation djihadiste (voir Fides 24/6/2023).

    La violence des ADF (aujourd'hui également connus sous le nom d'ISCAP, c'est-à-dire la province centrafricaine de l'État islamique) fait que près de trente mille élèves, dont onze mille filles, ne peuvent plus aller à l'école dans le territoire d'Irumu en Ituri et dans le secteur d'Eringeti au Nord-Kivu.

    Selon une enquête récemment menée par une équipe d'inspecteurs scolaires, soixante-dix-neuf écoles primaires et secondaires de ces zones ont été fermées en raison de l'insécurité. Certains bâtiments scolaires ont été incendiés par les rebelles.

    Fin mars, les habitants du village de Mamove dans le territoire de Beni (Nord-Kivu) ont rapporté que depuis octobre 2023, les ADF avaient tué plus de 80 personnes et enlevé 60 autres. Les rebelles opèrent également de plus en plus dans les banlieues de la ville de Beni ; selon des sources locales, entre le 1er et le 24 mars, plus de huit attaques ont visé la ville de Beni, en particulier la commune de Mulekera. Au cours de ces attaques, des dizaines de personnes ont été sauvagement tuées et de nombreuses autres ont disparu, tandis que divers biens matériels tels que des magasins de cacao, l'un des produits les plus prisés de la région, ont été pillés. (LM) (Agence Fides 4/4/2024)

  • Abolir la maternité de substitution est un combat de civilisation

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    De Myriam Sandouno sur Vatican News :

    Pour le Vatican, abolir la maternité de substitution est un combat de civilisation

    «La maternité de substitution repose sur des mécanismes de marché qui favorisent l'exploitation de personnes en situation de vulnérabilité». C’est ce qu’a déclaré Mgr Miroslaw Wachowski dans son discours lors de la conférence internationale pour l’abolition de la maternité de substitution, débutée à Rome vendredi 5 avril. Il a réitéré l’appel du Pape à «un engagement de la communauté internationale pour interdire cette pratique de manière universelle».

    5 avril 2024

    La conférence internationale pour l’abolition universelle de la maternité de substitution, rassemble à Rome les 5 et 6 avril, des spécialistes venus des 5 continents pour apporter leur expertise avec un double objectif: «informer les décideurs publics sur les effets néfastes de la GPA, et fournir une boîte à outils juridique aux États pour défendre leur population contre ce marché». Elle se veut une étape décisive pour soutenir et encourager les initiatives nationales et internationales, conduisant à l’adoption d’un traité international.

    Prenant part à cette rencontre, Mgr Wachowski, sous-secrétaire de la Section pour les Rapports avec les États et les Organisations internationales, a salué l’initiative qui rejoint les préoccupations du Saint-Siège.

    Le corps humain, temple de l'Esprit Saint 

    Mgr Wachowski constate qu’aujourd’hui, la dignité est souvent mal comprise, c'est-à-dire, «la dignité de l'homme dans son ensemble, corps et âme/esprit». Partant de la conception chrétienne, il a expliqué que le corps participe à la dignité. «Saint Paul dit qu'il est "le temple de l'Esprit Saint" (1Co, 6.19). Dieu lui-même l'a jugé suffisamment digne pour en faire sa demeure et le destiner à la vie éternelle, lors de la résurrection de la chair à la fin des temps», a-t-il rappelé. Le corps humain est anobli par cette haute dignité et cette destinée. Pour Mgr Wachowski, il s'ensuit donc que l'homme doit apprendre à vivre dignement, selon sa nature, avec le corps et l'esprit en union et en harmonie.

    Aujourd'hui, a-t-il fait observer, toute l'attention est portée sur la volonté individuelle, qui est une expression de l'esprit, à considérer comme complètement séparée du corps. «On assiste à une transformation du concept de dignité humaine qui, même dans l'esprit des juges, tend à se réduire à la volonté individuelle». Il s'agit d'une «vision qui considère l'esprit en opposition totale avec le corps et qui, par conséquent, voit dans la négation de la nature et du conditionnement, y compris le conditionnement psychologique, une libération et un progrès». Elle justifie ainsi, au nom de la dignité, a-t-il poursuivi, toute une série de pratiques: changement de sexe, euthanasie, avortement, fécondation in vitro, gestation pour autrui, etc. À la base de toutes ces dérives, «que l'on constate notamment dans le domaine de la bioéthique, il y a cette conception erronée de la dignité de la personne, qui ne fait référence qu'à l'esprit, ou plutôt à la volonté de l'individu. Dans une telle perspective, le corps et la réalité biologique sont placés sur un plan secondaire et soumis à toute "volonté"», a fait remarquer le sous-secrétaire. 

    La fécondation in vitro

    Dans son interventionMgr Wachowski a attiré l’attention sur la fécondation in vitro, «l'invention technologique qui a ouvert la voie à la maternité de substitution». Cette pratique a été «marquée dès le départ par une série de conflits éthiques et a entraîné un changement fondamental dans notre relation à la vie humaine en tant que telle. Elle a entraîné une dépersonnalisation de l'homme, en contradiction avec la dignité de l'enfant et de ses parents».

    “La création d'une vie humaine en dehors du corps humain a changé la perspective de manière décisive. Les parents se retrouvent dans le rôle de fournisseurs de matériel génétique, tandis que l'embryon dans l'éprouvette apparaît de plus en plus comme un objet, une chose à produire: non pas quelqu'un, mais quelque chose.”

    La maternité de substitution

    En janvier dernier, dans son traditionnel discours au corps diplomatique accrédité près le Saint-Siège, le Pape soulignait que la maternité de substitution porte gravement atteinte à la dignité de l'enfant et de la mère: «La voie de la paix exige le respect de la vie, de toute vie humaine, à partir de celle de l’enfant à naître dans le sein de la mère, qui ne peut être supprimée, ni devenir objet de marchandage. À cet égard, je trouve regrettable la pratique de la dite mère porteuse, qui lèse gravement la dignité de la femme et de l’enfant», avait lancé le Pape. François avait ainsi souhaité «un engagement de la communauté internationale pour interdire cette pratique au niveau universel». 

    Les mères porteuses dans l'Est de l'Ukraine 

    Ce vendredi 5 avril, Mgr Wachowski a invité à ne pas oublier que la maternité de substitution repose sur des mécanismes de marché qui favorisent l'exploitation de personnes en situation de vulnérabilité.  Ainsi, «à travers le contrat de location d'utérus, la femme soumet son corps aux décisions des donneurs d'ordre et des agences». Sa liberté personnelle, en ce qui concerne son mode de vie et son lieu de résidence, est considérablement réduite. «La mère porteuse perd son autonomie, d'autres décident de son mode de vie», a-t-il affirmé, évoquant ensuite les témoignages poignants de mères porteuses, enceintes au début de la guerre en Ukraine, qui ont dû quitter leur famille dans l'est du pays pour aller sécuriser les enfants qu'elles portaient, dans des régions moins exposées aux risques de la guerre.

    Un combat de civilisation 

    Au terme de son intervention, le sous-secrétaire de la Section pour les Rapports avec les États et les Organisations internationales a en outre souligné qu'il est important de ne pas donner l'impression qu'il s'agit «d'une bataille de catholiques. Non, il s'agit d'un combat de civilisation, auquel doivent adhérer des personnes d'horizons, de confessions et d'origines différentes, bref, toutes les personnes de bonne volonté, comme on le dit toujours dans les documents pontificaux». Pour parvenir, selon lui, à une interdiction internationale, «un large front de compréhension est nécessaire pour faire avancer cet objectif». Il estime également que les changements législatifs individuels au niveau national qui entravent la maternité de substitution sont également utiles. «Il s'agit en fait de briques qui contribuent en fin de compte à générer une prise de conscience collective du caractère inacceptable de cette pratique, préparant ainsi l'ostracisme au niveau international».

    Lire également : À Rome, une conférence internationale pour demander l'abolition de la GPA

  • Quelle sera l'influence du cardinal Fernández sur la réponse du Vatican à l'idéologie du genre ?

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    De Jonathan Liedl sur le National Catholic Register :

    Comment le cardinal Fernández influencera-t-il la réponse du Vatican à l'idéologie du genre ?

    ANALYSE : Le Vatican a déjà abordé le sujet, mais le nouveau chef du bureau de doctrine devrait laisser sa marque distinctive sur le document à venir.

    4 avril 2024

    Lorsque le Vatican publiera, le 8 avril, un document sur la dignité humaine qui abordera l'idéologie du genre, ce ne sera pas la première fois que Rome s'attaquera à ce sujet dérangeant. Le pape François s'est souvent exprimé sur ce phénomène, qui soutient que l'identité d'une personne est indépendante de son sexe corporel, et l'a qualifié le mois dernier de "danger le plus affreux de notre temps".

    Mais étant donné que le nouveau document sera la première évaluation complète de l'idéologie du genre publiée par le plus haut bureau doctrinal du Vatican, il s'agira probablement de l'intervention la plus ambitieuse à ce jour, fournissant des conseils aux diocèses catholiques, aux ministères et aux individus dans le monde entier.

    Cependant, Dignitas Infinitas, comme le texte est appelé, se distinguera également des autres interventions notables du Vatican sur le sujet d'une autre manière essentielle : Il portera probablement l'empreinte théologique du cardinal Victor Manuel Fernández, son architecte en chef présumé.

    Depuis qu'il est devenu préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi en septembre 2023, le prélat argentin et confident de longue date du pape François a marqué de son empreinte la doctrine de l'Église à travers un torrent de documents d'enseignement et de clarifications qui, selon certains, ont subverti la vérité doctrinale en faveur d'exceptions pastorales.

    Aucun n'a été plus sismique que Fiducia Supplicans, la déclaration controversée de décembre 2023 qui autorisait les ecclésiastiques à donner des bénédictions non liturgiques aux couples sexuels du même sexe, suscitant la confusion et des réactions négatives dans le monde entier.

    Étant donné que Dignitas Infinitas devrait se concentrer sur un sujet aussi controversé que l'idéologie du genre, ainsi que sur d'autres préoccupations telles que les mères porteuses et la chirurgie de changement de sexe, il pourrait s'agir du document le plus important de la DDF produit pendant le mandat du cardinal Fernández jusqu'à ce jour.

    Compte tenu de la théologie particulière du cardinal Fernández, il convient d'examiner à l'avance comment le préfet de la DDF pourrait influencer non seulement le texte à venir, mais aussi l'engagement de l'Église à l'égard de l'idéologie du genre de manière plus générale.

    Interventions précédentes

    Pour être clair, le cardinal Fernández n'a pas travaillé à partir de rien pour rédiger la réponse du Vatican à la confusion sur le genre et l'identité sexuelle.

    Tout d'abord, le pape François a depuis longtemps critiqué l'idéologie du genre, ce qu'il a fait dans des interviews et des discours, mais aussi dans des documents magistraux tels que Laudato Si et Amoris Laetitia. Dans le premier, par exemple, le pape a écrit que "valoriser son propre corps dans sa féminité ou sa masculinité est nécessaire" et a déclaré que "ce n'est pas une attitude saine qui chercherait à 'annuler la différence sexuelle parce qu'elle ne sait plus comment l'affronter'".

    Le Vatican a également abordé le sujet de manière plus spécifique, la Congrégation pour l'éducation catholique (qui fait désormais partie du Dicastère pour la culture et l'éducation) ayant publié en 2019 un document intitulé "Homme et femme, il les a créés" sur "la question de la théorie du genre dans l'éducation". Le document décrit l'idéologie du genre comme une "désorientation anthropologique" qui est devenue "une caractéristique répandue de notre paysage culturel", déstabilisant la famille et annulant les différences entre les hommes et les femmes.

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  • Euthanasie : un regard de soignante sur la situation belge

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    Quel est l’impact de l’euthanasie et du suicide assisté sur les pratiques des soignants ?

    Un regard de soignante sur la situation belge Catherine Dopchie est médecin spécialisé en radiothérapie - oncologie médicale et soins palliatifs. Membre fondateur de l’Association Régionale de Soins Palliatifs du Hainaut Occidental et médecin de l'équipe. Elle est chef du service d’Oncologie-Hématologie-Soins Palliatifs à Tournai et auteur de nombreux articles autour de l’oncologie et des soins palliatifs.

    https://www.rencontreinternationalefi...

    #rencontreinternationale #findevie #euthanasie #soins #soin #soinspalliatifs #suicideassisté #préventiondusuicide #médecin #aidemédicaleamourir #aideamourir #alliancevita

  • Pour une réponse d'inspiration bénédictine à la décadence de la modernité tardive

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    De Sebastian Morello sur The European Conservative :

    Nous n'avons pas besoin d'un nouveau saint Benoît très différent

    Partie I : L'Europe est bénédictine

    Totila devant saint Benoît (vers 1460), tempera sur bois de 39,4 x 45,7 cm de Benozzo Gozzoli (vers 1420-1497), conservée au Metropolitan Museum of Art de New York.

    5 avril 2024

    Le philosophe Alasdair MacIntyre a conclu son chef-d'œuvre de 1981, After Virtue, en notant que la crise civilisationnelle dans laquelle se trouvait l'Occident, et que le livre explorait avec une érudition inédite, nécessitait "un nouveau - et sans doute très différent - Saint Benoît". Cette observation a inspiré Rod Dreher, qui a ensuite écrit en 2017 l'ouvrage The Benedict Option, un ouvrage populaire qui a si bien saisi les instincts de la minorité éveillée concernant la survie dans des sociétés en proie à des idéologies qui cherchent à répudier l'ensemble de l'héritage chrétien, que son livre est devenu un best-seller et a été traduit dans de nombreuses langues. C'est un livre qui, à juste titre, continuera à être discuté pendant des décennies, et bon nombre des observations et suggestions que je fais ci-dessous sont au moins motivées par certains de ses thèmes. Je voudrais cependant suggérer que ce dont nous avons probablement besoin n'est pas si nouveau et différent après tout.

    L'appétit pour une réponse d'inspiration bénédictine à la décadence de la modernité tardive m'attire personnellement beaucoup. Ma vie est liée au charisme bénédictin depuis au moins le milieu de mon adolescence. La première église catholique que j'ai visitée était celle de l'abbaye de Buckfast, dans l'ouest du pays, près de Dartmoor. J'avais 14 ans et cette expérience m'a changé. C'était la première fois que je me sentais sur un sol qui n'avait pas encore été profané. Ce jour-là, mon père a acheté pour moi une croix en bois d'olivier que l'un des moines avait sculptée à la main et qui est aujourd'hui suspendue au-dessus de mon lit conjugal. Je ne compte plus le nombre de fois où je suis retournée à l'abbaye de Buckfast, qui reste pour moi une sorte de foyer spirituel, et où j'ai plaisir à prier devant une relique particulière qui y est conservée : le chignon de cet oblat bénédictin exemplaire qu'était saint Thomas More.

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  • 1,390 milliard de catholiques dans le monde en 2022 mais il y a moins de prêtres, de séminaristes et de religieuses

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    De Vatican News (Jean-Benoît Harel) :

    1,390 milliard de catholiques dans le monde en 2022: une hausse de 1%

    Selon les données récemment publiées par l’Annuaire Pontifical 2024 et l’Annuaire statistique de l'Église 2022, le nombre de catholiques baptisés est en légère augmentation dans le monde, tout comme le nombre de diacres permanents. En revanche, les effectifs de prêtres, religieux, religieuses et séminaristes continuent de diminuer. L’Afrique et l’Asie se démarquent, avec des évolutions à la hausse, contrairement à l’Europe où la chute des vocations s’accélère.

    4 avril 2024

    Plus de catholiques mais moins de vocations. Les effectifs officiels des catholiques baptisés et des personnes consacrées sont parus dans l’Annuaire Pontifical 2024 et l’Annuarium Statisticum Ecclesiae 2022 (Annuaire statistique de l'Église 2022).

    Un nombre inédit de catholiques

    D’abord, selon l’Annuarium Statisticum Ecclesiae 2022, entre 2021 et 2022, le nombre global de catholique est en hausse de 1% pour atteindre 1 390 millions de personnes dans le monde, soit une augmentation de 14 millions de personnes dans le monde. Durant cette période, la population mondiale a cru de 0,8%. Les catholiques représentent en 2022 environ 17,5% de la population mondiale.

    Tous les continents observent une augmentation relative de baptisés, de plus de 3% en Afrique (de 265 millions à 273 millions), contre une stabilité autour de 286 millions en Europe. En Amérique et en Asie, la croissance des catholiques est significative (+0,9 % et +0,6 %, respectivement), mais tout à fait conforme à l'évolution démographique de ces deux continents.

    L’essor des diacres permanents

    Ensuite, les données de l’Annuaire Pontifical 2024 offrent un panorama chiffré de la vie de l'Église catholique dans le monde, du 1er décembre 2022 au 31 décembre 2023. Au cours de cette période, 9 nouveaux sièges épiscopaux et une administration apostolique ont été érigés; 2 sièges épiscopaux ont été élevés au rang de sièges métropolitains, et un vicariat apostolique au rang de siège épiscopal.

    Les évêques sont au nombre de 5 353 (+0,25%) avec des fortes hausses en Afrique et en Asie, une stabilité en Amérique et Océanie et une légère baisse en Europe.

    L’évolution significative concerne le nombre de diacres, avec une croissance de 2%. Ils sont désormais plus de 50 000 dans le monde. Toutefois, plus de 97% des diacres exercent leur ministère en Europe et en Amérique.

    Moins de prêtres et de séminaristes

    Entre 2021 et 2022, l’Annuaire observe une baisse d’une centaine prêtres dans le monde, portant leur nombre à 407 730, poursuivant une décroissance qui s’observe depuis 2012. Alors que l'Afrique et l'Asie affichent une dynamique soutenue (respectivement +3,2% et 1,6%) et que l'Amérique reste à peu près stationnaire, l'Europe, dont le poids est le plus important dans le total, et l'Océanie, en revanche, enregistrent des taux d'évolution négatifs, respectivement de 1,7% et 1,5%.

    Cette diminution du nombre de prêtres risque de se poursuivre, car l’Annuaire pontifical constate également une baisse de 1,3% du nombre global de séminaristes. Hormis l’Afrique (+2,1%) et l’Océanie (+1,3%), tous les autres continents connaissent une baisse des effectifs de séminaristes.

     

    Sur les 108 481 séminaristes que comptait le monde en 2022, le continent qui compte le plus grand nombre de séminaristes est l'Afrique, avec 34 541. Il est suivi par l'Asie avec 31 767, l'Amérique avec 27 738, l'Europe avec 14 461 et enfin l'Océanie avec 974.

    La chute du nombre de religieuses

    Une baisse des effectifs concerne aussi les religieux non prêtres: ils étaient 49 774 en 2021 et sont désormais 49 414 en 2022.

    La plus forte décrue s’observe pour les effectifs des religieuses qui chute sous la barre symbolique des 600 000. Elles sont 599 228, soit une baisse de 1,6%. Mais, encore une fois, les chiffres varient selon les continents. L’Afrique connait une forte augmentation (+1,7%), l’Amérique du sud une stabilité (+0,1%) quand trois zones continentales connaissent une contraction marquée: l'Océanie (-3,6 %), l'Europe (-3,5 %) et l'Amérique du Nord (-3,0 %).

  • Philippe et Mathilde sur le chemin de Compostelle

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    Lu sur Het Laatste Nieuws (05/04/2024), p. 15 :

    Philippe et Mathilde, les pèlerins des vacances de Pâques

    Le Roi Philippe et la Reine Mathilde en pèlerins avec bâtons de marche, vêtements de sport, sac à dos.

    Aussi incognito que possible, le roi Philippe (63 ans) et la reine Mathilde (51 ans) ont effectué une nouvelle étape du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils ont eu beau essayer de ne pas se faire remarquer, ils sont entrés sous les feux de la rampe avec leur solide entourage et en logeant dans le meilleur hôtel de la région.

    Le roi Philippe et la reine Mathilde ont parcouru quelques kilomètres à pied dans la province espagnole de Lugo, dans la région de Galice, au cours des derniers jours. La tradition veut que les monarques, très croyants, se rendent en pèlerinage en Espagne pendant les vacances de Pâques. Chaque année, ils parcourent un tronçon du "Camino de Santiago", le chemin de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, qui se termine sur la tombe de l'apôtre Jacques. Selon nos informations, Philippe et Mathilde sont arrivés en Espagne lundi à bord d'un Embraer, un avion de l'armée - le roi n'est pas autorisé à prendre des vols commerciaux. Ils avaient un logement permanent à Sarria : Alfonso IX, le seul hôtel quatre étoiles de la ville. En cela, ils se distinguent des pèlerins ordinaires, qui vont d'auberge en auberge, loin de tout luxe. La coutume veut qu'il y ait un grand dortoir mixte avec des lits superposés. Les hôtes, qui ne disposent que d'un matelas, doivent apporter leur propre sac de couchage. Ils doivent également se faire à manger dans une cuisine commune.

    Comme lors des précédentes vacances de Pâques, Filip et Mathilde ont préféré la commodité d'un hôtel, plus facile à sécuriser et offrant plus d'intimité. De plus, cela leur permettait de passer la nuit avec l'ensemble de leur entourage. Selon le journal local "El Correo Gallego", Philippe et Mathilde étaient accompagnés d'une vingtaine de personnes, dont des membres de leur famille et des amis. Le groupe comprenait également les gardes du corps royaux, car en tant que chef d'État, Philippe doit être protégé jour et nuit, même pendant les vacances. On ne sait pas si la princesse Elisabeth (22 ans) et les autres enfants en faisaient partie.

    Chaque jour, la suite était transportée par des véhicules privés de l'hôtel au point de départ d'une nouvelle étape. Par leur équipement, Philippe et Mathilde avaient l'air de pèlerins. Ils portaient des vêtements de sport confortables et imperméables, des sacs à dos et des bâtons de marche.

    Arrivée l'année prochaine

    Avec leur pèlerinage, Philippe et Mathilde, catholiques fervents, voulaient redonner un contenu spirituel à la fête de Pâques. En même temps, cela correspondait à leur préférence pour les vacances sportives. Ils font régulièrement de l'alpinisme dans les Alpes et Elisabeth adore la randonnée - marcher sur des chemins non goudronnés et difficiles. De plus, l'Espagne est la patrie de feu la reine Fabiola. Leur tante bien-aimée faisait régulièrement des retraites dans un monastère à Saint-Jacques-de-Compostelle.

    Philippe et Mathilde ont commencé leur "Camino" en 2017 par une randonnée pédestre dans la région de Navarre. Après avoir traversé à pied la Castille les fois précédentes, ils se sont rendus cette année en Galice pour la première fois. 'El Correo Gallego' a appris que le couple royal belge a été impressionné par la campagne verdoyante et les montagnes, dont certaines étaient encore enneigées. Leur pèlerinage s'est achevé mercredi au monastère bénédictin de la ville de Samos, où ils ont été accueillis par les moines qui y vivent. Si Philippe et Mathilde maintiennent leur tradition l'année prochaine, "El Correo Gallego" prévoit qu'ils pourront accomplir leur pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle. Ils recevront alors un diplôme sur la tombe de l'apôtre Jacques.

  • En Chine aujourd'hui, la situation est pire que jamais

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    De Marco Respinti sur Bitter Winter :

    Zhou Fengsuo : "Xi Jinping est le produit naturel d'un système diabolique".

    04/04/2024

    Zhou est un militant bien connu des droits de l'homme en Chine. Il a survécu au massacre de la place Tiananmen et ne se fait pas d'illusions : aujourd'hui, la situation est pire que jamais.

    "La violence et la peur sont les armes du gouvernement communiste chinois. Zhou Fengsuo ponctue les syllabes dans un anglais lent et laconique et va droit au but. Il parle sans hésitation. Ses yeux sont remplis de souvenirs. La place Tiananmen, la nuit du 3 au 4 juin 1989. Les chars ont écrasé les étudiants qui, depuis des jours, réclamaient la liberté. Ils ne s'attendaient pas à ce dénouement, Zhou parmi eux. Étudiant à l'université Qinghua de Pékin, il était l'un des leaders de la contestation. Il a aujourd'hui 56 ans. Né à Xi'an, capitale de la province du Shaanxi, au nord-ouest du pays, il a tout vécu et tout vu. Je lui demande : "Combien de personnes sont mortes dans ce massacre ?" Il me répond : "Il est impossible de le savoir : "Il est impossible de le savoir. Les survivants ont été engloutis dans les prisons. Leurs familles ont vieilli et sont mortes. Le régime a dissimulé ou détruit les preuves. Il a raison. Des sources occidentales avancent toutefois le chiffre choquant de 10 000 victimes. "Le gouvernement a envoyé des troupes d'élite contre nous", affirme Zhou.

    Comment vous en êtes-vous sortis vivants ?

    Nous sommes montés jusqu'au Monument aux héros du peuple. Les balles pleuvent, les chars avancent mais difficilement. Plusieurs étudiants se jetaient en effet au milieu pour leur barrer la route. Ils nous protégeaient. Le prix Nobel de la paix Liu Xiaobo (1955-2017) a négocié une issue de secours. Mais nous étions divisés. Je faisais partie de ceux qui voulaient rester. Des soldats sont venus nous tirer vers le bas. Je conserve encore un drapeau ensanglanté avec lequel nous avons enveloppé l'un de ceux qui étaient tombés. Dans la confusion, certains sont tombés, d'autres, dont moi, ont réussi à se sauver.

    Que s'est-il passé ensuite ?

    Je suis devenu l'ennemi public n° 5. 5. J'ai passé un an dans la prison du village de Qincheng, au nord-ouest de Pékin. Pendant les trois premiers mois, j'avais des menottes aux poignets en permanence. Je mourais de faim - la nourriture était rare et délibérément mauvaise. Nous ne sortions jamais. J'ai vu le ciel moins de dix jours en douze mois. J'étais toujours malade, et ils m'interrogeaient continuellement avec des méthodes dures, essayant de me faire plier. Mais j'ai survécu pour la deuxième fois. J'ai été libéré sous la pression de l'opinion publique pour être envoyé dans un centre de rééducation idéologique dans le comté de Yangyuan, dans le nord de la province de Hebei. Un isolement, dans un endroit reculé. J'ai encore survécu. Enfin libre, j'ai fait des études d'ingénieur. Lorsque j'ai été invité à étudier la physique aux États-Unis d'Amérique, on m'a refusé un passeport. Pendant cinq ans. Finalement, je l'ai obtenu en 1994 ; en janvier, je suis parti. Je suis devenu citoyen américain en 2002 et l'année suivante, en Californie, j'ai été baptisé dans l'église Tree of Life en tant que chrétien protestant, alors que j'étais agnostique.

    Vous coordonnez deux organisations aux États-Unis...

    Je suis le directeur exécutif de l'organisation "Human Rights in China", basée à New York. Cette organisation a été créée en mars 1989, avant Tiananmen, par des étudiants chinois vivant en Amérique, qui souhaitaient faire davantage pour les prisonniers de conscience en République populaire de Chine (RPC). En 2004, j'ai également cofondé "Humanitarian China" pour soutenir financièrement les prisonniers politiques et leurs familles en Chine. Nous aidons une centaine d'entre eux chaque année, plus d'un millier au total. Le régime cherche à les effrayer, à les isoler : nous leur donnons un sentiment d'appartenance.

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  • Ce que l'Eglise a apporté aux Indiens des Amériques (KTO)

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    De KTO télévision :

    Ce que l’Eglise a apporté aux amérindiens

    04/04/2024

    On imagine volontiers la colonisation des Amériques comme une période sombre de l’histoire de l’Eglise, marquée par la persécution des indigènes, la destruction des temples et des idoles, les massacres et les baptêmes forcés. Bien que les violences inhérentes à la colonisation ne peuvent être niées, il s’agit d’une image trompeuse de la réalité historique. Loin de toujours s’opposer, les coutumes amérindiennes et les croyances chrétiennes ont souvent coexisté en bonne intelligence. L’émission Au Risque de l’Histoire propose de revenir sur les relations complexes entre l’Eglise et les populations amérindiennes pendant la colonisation. « Il n’y a pas eu de véritable rupture entre les anciennes croyances et le christianisme. Très vite, ces croyances ont été considérées comme relevant de la coutume et l’Eglise les a laissé être pratiquées. Elles ne sont donc pas en opposition avec des croyances chrétienne mais simplement à côté », explique Carmen Bernand, historienne et ethnologue. « L’Eglise accepte rapidement les appropriations et même les innovations populaires. Ce va-et-vient entre créativité populaire et hiérarchie, dès l’époque du Concile de Trente, est vraiment ce qui fait la force de l’Église en Amérique latine », ajoute Serge Gruzinski, Directeur de recherche émérite au CNRS.