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  • Selon les ordres de la Rome pontificale , la chasse aux « Tradis » continue…

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    De Solène Tadié dans le National Catholic Register

    10 février 2023

    Pourquoi le Vatican a-t-il ordonné une visite apostolique du diocèse de Toulon ?

    « À première vue, une paire d'interventions directes de Rome dans l'administration d'un diocèse français connu pour ses vocations florissantes semble déroutante.

    Cette semaine a vu un nouveau coup dur pour le diocèse de Toulon-Fréjus, aujourd'hui le plus grand pôle d'attraction des vocations sacerdotales en France :

    Dans une déclaration du 7 février, la nonciature apostolique en France a annoncé la décision du Dicastère pour les évêques "par mandat du pape François", d'ordonner une visite apostolique du diocèse, qui est situé dans la région du Var, dans le sud-est de la France.

    La brève déclaration conseillée à l'intervention du Vatican découle du constat d'"un certain nombre" de difficultés non précisées, et s'inscrit dans le prolongement de la visite fraternelle de novembre 2020 effectuée par l'archevêque métropolitain Jean-Marc Aveline de Marseille.

    A la différence de cette visite pastorale antérieure, la visite apostolique est définie comme "extraordinaire" parce qu'elle est effectuée par une autorité en dehors des normes de la communauté ou du diocèse, dans le cadre d'une mission temporaire axée sur la résolution de problèmes spécifiques. Elle sera dirigée par Mgr Antoine Hérouard de Dijon.

    Cette annonce fait également suite à la décision sans précédent du Vatican, en juin 2022, de suspendre jusqu'à nouvel ordre les ordinations sacerdotales et diaconales dans le diocèse.

    À première vue, cette paire d'interventions directes de Rome dans l'administration d'un diocèse français connu pour ses vocations florissantes peut sembler déroutante, surtout compte tenu de la pénurie de vocations ailleurs en France. Alors pourquoi le Vatican a-t-il jugé nécessaire d'intervenir avec autant de force ?

    Des sources proches du dossier pointent quant à elles des problèmes de gestion ecclésiastique liés à la « logique du nombre » suivie par Mgr Dominique Rey depuis sa prise de fonction à Toulon-Fréjus dans les années 2000, et à une trop grande permissivité envers les communautés traditionalistes à la suite du motu proprio Traditionis Custodes du Pape François  qui en 2021 a imposé de nouvelles restrictions à la célébration de la messe traditionnelle en latin.

    Problèmes de discernement

    Selon les derniers chiffres publiés sur l'Annuaire pontifical 2022 cités par le site suisse Cath.ch, fin 2021, le diocèse comptait 215 prêtres incardinés, ce qui représente une augmentation par rapport à l'année 2000 (187) et dépasse même le nombre 1950 (210).

    Mais des questions sont associées à ces chiffres apparemment impressionnants en une période de crise accablante des vocations sacerdotales en France - surtout à la lumière du fait qu'un nombre élevé d'abandons du ministère sacerdotal ont également été observés dans le diocèse, selon le site Internet de l'Église catholique suisse.

    Mgr Rey, issu de la charismatique communauté de l'Emmanuel, a parfois été accusé d'accueillir indistinctement des prêtres et des communautés ecclésiales de nombreux pays différents, entraînant dans certains cas des échecs attribués à un "manque de discernement" et à un "manque de suivi". de la part de l'évêque, comme l' a souligné l'expert du Vatican Jean-Marie Guénois dans le journal français Le Figaro .

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  • Disney : une wokisation qui ne cesse de gagner du terrain

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    De Julien Tellier sur Boulevard Voltaire :

    L’inexorable wokisation de Disney

    9 février 2023

    Il était une fois une société qui faisait rêver petites filles et petits garçons avec ses histoires de chevaliers courageux et de princesses à délivrer. Mais patatras ! Le grand méchant wokeen avait décidé autrement. Fini les récits sexistes qui corsettent les femmes et vive la diversité ! Fini les récits hétéronormés, place aux LGBTQIA+. C’est à peu près, en quelques lignes, l’histoire qu’ont connue les studios Disney, ces dernières années. Avec le lancement de sa propre plate-forme vidéo Disney+, concurrente directe du non moins woke Netflix, les choses ne se sont pas arrangées. Disney multiplie les séries et les films progressistes. She-HulkMiss MarvelAndor, autant de productions woke dans l’air du temps.

    En réalité, tout cela cache une stratégie commerciale bien rodée. Derrière cet attachement à la diversité, à la différence et au progrès, la Walt Disney Company cherche à plaire à un public plus jeune de plus en plus séduit par les contenus numériques. Mais à trop vouloir donner des gages de progressisme, on finit par lasser les gens. Disney+ subit les orientations politiques hasardeuses des productions du géant de l’industrie. Les trois derniers mois de l’année 2022 sont catastrophiques. Au total, près de 2,4 millions de personnes ont quitté la plate-forme. Après une croissance importante, cette dernière voit une inexorable fuite de ses abonnés. Nouvelle d’autant plus fatale qu’elle s’ajoute aux 11,3 milliards de dollars de pertes depuis son lancement. À qui revient la responsabilité d’un tel échec ? Contactée pour comprendre ce phénomène, la petite souris a fait la sourde oreille.

    Le tournant woke

    Début 2021, la plate-forme Disney+ a décidé de faire un grand nettoyage. Peter PanLes Aristochats et Dumbo à la trappe ! Pour lutter contre l’insoutenable racisme que véhiculent ces films pour enfants, un bandeau signale désormais leur contenu raciste qui s’inscrit dans une époque particulière. Le progrès étant inarrêtable, un spectacle La Belle et la Bête où Belle serait « grosse, noire et queer » avait été annoncé en grande pompe par la firme. Après La Petite Sirène noire, les employés gender fluids, le quota d’homosexuels et la suppression des sept nains, la ligne blanche – neige – fut définitivement franchie.

    L’implication politique de Disney est allée loin et lui a coûté très cher. En mars 2022, la Floride a voté une loi contre la propagande LGBT à l’école, qui fut publiquement désapprouvée par l’ex-président de la firme Bob Chapek. Ni une ni deux, le gouverneur de Floride Ron DeSantis a mis fin au statut particulier dont bénéficiait le parc d’attractions Disney World. Déjà, à l’époque, certains actionnaires, comme Vivek Ramaswamy, fondateur de la société d’investissement Strive Asset Management, exhortait Disney à « indiquer clairement qu’il ne prendra[it] plus de position politique sur des questions sans rapport avec ses activités commerciales principales », dans une lettre adressée à son PDG. Et de poursuivre : « L’entreprise doit indiquer clairement qu’elle tiendra fermement cette promesse et qu’elle ne vacillera pas, quelle que soit l’importance d’une cause sociale particulière pour les employés de Disney ou ses abonnés sur Twitter. » Chaque enfant apprend à tourner sept fois sa langue dans sa bouche, Bob aurait dû s’en souvenir. Éjecté de son poste par les actionnaires du groupe à la souris, certains espèrent voir le vent tourner.

    Un retour qui promet… du vent

    Le retour de Bob Iger à la tête de Disney – qu’il occupait déjà entre 2005 et 2020 – a nourri les espoirs des lassés du progressisme. Mais que nenni ! La LGBTisation du géant de l’industrie du divertissement se poursuit. Dernier chef-d’œuvre en date ? La nouvelle série animée The Proud Family: Louder and Prouder. Destinée à un jeune public, cette série met en avant une adolescente noire adoptée par deux hommes homosexuels partant à la découverte de l’histoire de l’esclavage aux États-Unis. On est loin des promesses de Bob Iger qui déclarait, en décembre dernier, lors d’une conférence, vouloir s’éloigner des polémiques : « Est-ce que j’aime que l’entreprise soit impliquée dans la controverse ? Bien sûr que non. Cela peut être distrayant et avoir un impact négatif sur l’entreprise. Et dans la mesure où je peux travailler pour calmer les choses, je vais pour faire ça. » La poudre aux yeux… C’est ça, la magie de Disney.

  • Rome : lorsque la règle du droit cède la place à la loi du pouvoir

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    De JD Flynn sur The Pillar :

    Le pari de Roche - et la loi du pouvoir au Vatican

    Dans la mise en œuvre de "Traditionis custodes", le cardinal Arthur Roche a été critiqué pour une approche qui semblait arroger une autorité à son office, au-delà du texte du motu proprio.

    10 février 2023

    Dans les mois qui ont suivi la promulgation de Traditionis custodes par le pape François, il est revenu au cardinal Arthur Roche, préfet du bureau de la liturgie du Vatican, d'interpréter la politique du pape et de s'engager auprès des évêques diocésains chargés de la mettre en œuvre dans leurs églises locales.

    Le Dicastère pour le culte divin supervisant ce processus, Mgr Roche a été critiqué pour son approche qui semblait arroger à son bureau une autorité supérieure à celle qui lui a été conférée dans Traditionis custodes, ou dans la réorganisation de la Curie romaine en 2022, d'ailleurs.

    Dans le droit canonique de l'Église, l'autorité gouvernementale découle généralement de la fonction ecclésiastique, c'est-à-dire d'un ensemble spécifiquement défini de prérogatives et d'obligations découlant de la nomination officielle à une fonction particulière.

    Mais si Roche a fait l'objet de critiques au cours des derniers mois, il a également fait preuve d'une grande perspicacité quant à la manière dont les choses fonctionnent parfois dans l'Église ; quoi qu'en dise le droit canonique, l'autorité gouvernementale - ou du moins un réel pouvoir pratique - est parfois acquise par ceux qui agissent comme s'ils l'avaient et convainquent les autres de la même chose. Les décrets sont importants, c'est certain, mais dans la vie administrative de l'Église, la perception est parfois plus puissante qu'un décret.

    "Le pouvoir réside, dit George RR Martin, là où les hommes croient qu'il réside".

    Au cours des mois qui ont suivi la promulgation de Traditionis custodes, Roche a semblé à certains observateurs du Vatican parier, un coup de dé à la fois, sur l'idée que tant que le Dicastère pour le culte divin vise une interprétation robuste de la réforme liturgique du pape, il peut aussi centraliser l'autorité liturgique en son sein, bien au-delà de ce que dicte le droit canonique, et avec très peu de résistance ou de correction.

    Le cardinal a pris un grand risque en décembre 2021, lorsque son bureau a affirmé un ensemble d'interprétations apparemment normatives des dispositions liturgiques du pape, et s'est réservé certains pouvoirs qui, dans le texte même de Traditionis custodes, semblaient appartenir aux évêques diocésains.

    Et ces derniers mois, Roche a fait un autre pari - en disant à au moins certains évêques américains qu'ils n'ont pas l'autorité de se dispenser de certaines dispositions de Traditionis custodes, même si - de l'avis de nombreux canonistes - le texte papal lui-même ne soutient pas cette affirmation.

    Des sources ont confirmé au Pillar cette semaine qu'un diocèse californien avait été récemment informé que les évêques diocésains ne sont pas autorisés à déroger à l'interdiction de Traditionis custodes d'autoriser la forme extraordinaire de la Messe dans les églises paroissiales.

    Dans une lettre adressée à au moins quelques évêques américains, le Dicastère pour le culte divin a noté que si les évêques diocésains sont généralement autorisés à déroger aux lois disciplinaires universelles, ils ne peuvent pas déroger à ces normes si leur dispense est réservée au Saint-Siège. C'est, bien sûr, la politique établie dans le canon 87 du Code de droit canonique.

    Mais le dicastère a ensuite fait une déclaration qui a donné du fil à retordre aux juristes canoniques - à savoir que toutes les dispositions de Traditionis custodes sont réservées au Saint-Siège, et que les évêques diocésains n'ont donc aucun pouvoir de dispense sur ses normes.

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  • Faut-il canoniser tous les papes ?

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    De Giovanni Maria Vian sur Domani via Il Sismografo :

    La tentation de l'Eglise de faire de chaque pape un saint

    Bergoglio a un record qui sera presque impossible à surpasser : il est en effet le premier pape à avoir proclamé saints trois de ses prédécesseurs et à en avoir béatifié un quatrième. Cette circonstance est sans précédent et est destinée à ne pas se répéter.

    Déjà un an après son élection, en une seule cérémonie, François a canonisé Jean XXIII (Angelo Roncalli) et Jean-Paul II (Karol Wojtyła), puis en 2018 ce fut le tour de Paul VI (Giovanni Battista Montini), que Bergoglio lui-même avait béatifié exactement quatre ans plus tôt ; enfin, en 2022, il a déclaré bienheureux Jean-Paul Ier (Albino Luciani), pontife depuis un peu plus d'un mois et probable futur saint.

    Ainsi, tous les papes qui ont régné de 1958 à 2005 se sont élevés aux honneurs des autels.

    Bernard Lecomte, auteur d'une biographie fiable de Wojtyła, dans son Dictionnaire amoureux des Papes a souligné avec une emphase journalistique réussie un autre aspect de ce phénomène nouveau dans l'histoire de la sainteté : " Que dire de l'extraordinaire célébration papale organisée à Rome le 27 avril 2014 par le pape François, qui a présidé la cérémonie de canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II, ayant à ses côtés son prédécesseur Benoît XVI, devenu pape "émérite" ? ". Deux papes vivants canonisant deux papes morts : cette "fête des quatre papes", sans précédent dans l'histoire, a été suivie par deux milliards de téléspectateurs !".

    Dans le contexte de cette récente sainteté papale, il a donc semblé normal à beaucoup que, lors des funérailles de Benoît XVI, quelques banderoles soient brandies par la foule avec les mots "saint maintenant", à l'instar de celles brandies en 2005 pour Jean-Paul II avec plus de détermination.

    Pour étouffer ces enthousiasmes prévisibles, le secrétaire de Joseph Ratzinger, l'archevêque Georg Gänswein, a déclaré dans ses mémoires très critiquées et largement lues qu'il n'avait personnellement aucun doute quant à sa sainteté, mais a prudemment ajouté : "Bien conscient également de la sensibilité qui m'a été exprimée en privé par Benoît XVI, je ne me permettrai pas de prendre des mesures pour accélérer un processus canonique.

    Une gloire peu fréquente

    Pas étonnant que la "sensibilité" d'un connaisseur désabusé de l'histoire comme Ratzinger. La gloire des autels n'a pas été fréquente pour les papes de Rome.

    Quiconque parcourt la liste des successeurs de l'apôtre Pierre - quelque trois cents papes et antipapes - est frappé par un fait : sur les 81 saints traditionnellement vénérés, 73 sont du premier millénaire, et pas moins de 55 d'entre eux sont concentrés dans les cinq premiers siècles.

    L'explication est simple : jusqu'au début du Moyen Âge, la papauté a également voulu se célébrer elle-même et ses origines de cette manière, idéalisée et proposée comme exemplaire.

    Certainement dans le cadre d'événements historiques complexes, récemment étudiés par Roberto Rusconi dans les sept cents pages de Saint Père (Viella) qui enquêtent sur cette histoire singulière, en arrivant à la cause du pape Wojtyła.

    Plus que d'autres, en somme, la difficile sainteté papale est une sainteté politique, à tel point qu'à son égard, l'Église de Rome a été réaliste et très prudente. Jusqu'à ces dernières décennies.

    Avant le pontificat (1939-1958) de Pie XII, en effet, seuls quatre papes après l'an 1000 étaient devenus saints. Au XIe siècle, il s'agit de l'Alsacien Léon IX - sur la tombe duquel se multiplient les prodiges et les miracles - puis de Grégoire VII, grands protagonistes de la réforme radicale dite grégorienne mais initiée et voulue par l'empire allemand.

    Deux siècles plus tard, c'est l'histoire de Célestin V, qui a quitté le trône de Pierre et est entré dans l'histoire pour la déploration par Dante de son "grand refus". Plus tard encore, Pie V, le pape qui avait favorisé l'alliance contre les Turcs vaincus en 1571 à Lépante, est proclamé saint.

    C'est Grégoire VII lui-même qui a théorisé cette sainteté papale dans le Dictatus papae, déclarant solennellement que "le pontife romain, s'il a été canoniquement ordonné, par les mérites du bienheureux Pierre devient indubitablement un saint".

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  • Quand Jésus vient accomplir la Loi et les Prophètes (6e dimanche du temps ordinaire)

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    les lectures (EAQ)

    Homélie du Père Joseph-Marie Verlinde (fsJ) (Homelies.fr - Archive 2011)

    « La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix » (1ère lect.). Ce verset tiré de la première lecture de la liturgie de ce dimanche, pourrait être une illustration des deux Arbres du livre de la Genèse : l’Arbre de la vie et l’Arbre de la connaissance du bien et du mal (Gn 2, 9). Nous ne sommes pas « déterminés » au mal ; le péché n’est pas une fatalité ; mais nous sommes invités à discerner le bien à la lumière de l’Esprit, et à l’accomplir dans la force qu’il nous donne : « Si tu le veux, tu peux observer les commandements, il dépend de ton choix de rester fidèle ». Telle est la Bonne Nouvelle annoncée par le Sage, et réalisée en Jésus, mort au péché, et ressuscité dans la puissance de l’Esprit de liberté et de vie. Car la vraie liberté consiste à pouvoir discerner et choisir ce qui promeut la vie que le Père nous donne et dont il veut nous combler.

    La Révélation nous enseigne qu’après la rupture du péché, qui avait conduit au triomphe de la mort, cette liberté nous est à nouveau donnée dans la participation à la vie filiale de Jésus (cf. 2 P 1, 4). Tel est le projet de Dieu sur nous, « sagesse tenue cachée, prévue par lui dès avant les siècles, pour nous donner la gloire. Et c’est à nous que Dieu, par l’Esprit, a révélé cette sagesse » (2ème lect.). 

    Dès lors, si la vérité de notre condition humaine consiste à vivre uni au Christ, l’union à Jésus par la foi est l’unique chemin qui nous conduit à l’Arbre de vie, nous restaure dans une relation filiale avec Dieu, et nous ouvre à la fraternité universelle. 

    On comprend dès lors que loin de vouloir « abolir » les commandements qui balisent notre marche sur le chemin de la liberté et de la vie, Notre-Seigneur est tout au contraire venu « accomplir la Loi et les Prophètes », afin de mettre en pleine lumière la voie qui conduit à Dieu son Père et notre Père, en passant par l’obéissance à sa Parole.

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  • Le chemin de l’amour est un chemin qui monte (homélie pour le 6e dimanche du T.O.)

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    Jésus nous décrit aujourd’hui l’itinéraire du chemin de l’amour, et nous découvrons que c’est un chemin qui monte, un chemin resserré, comme ces difficiles chemins de montagne, qui ne peut que nous impressionner.

    La première chose qui me vient à l’esprit est que si nous voulions paraître irréprochables devant le Christ, c’est vraiment raté. Tant qu’on pouvait simplement chercher à éviter le meurtre ou l’adultère ou le faux serment, ça pouvait encore aller. Mais si une colère a rang de meurtre, si un regard vaut un adultère, qui peut être sauvé ? L’homme est incapable de paraître juste aux yeux de ses semblables, et moins encore aux yeux de Dieu. Il ne peut sauver lui-même ; sans la miséricorde du Christ, qui est sa véritable justice, il n’est rien. Le juste pêche 7 fois par jours, dit le psaume. Et finalement la vie du croyant, c’est de revenir  : revenir à Dieu, revenir à ses frères, en demandant pardon, en accueillant le pardon.

    Nous vivons dans un monde où on ne supporte plus d’être en tort ni d’être redevable à quelqu’un. On ne veut plus être qu’irréprochable. Vivre en pécheur pardonné est bien difficile aujourd’hui. Un intense sentiment de culpabilité rôde au fond des cœurs de beaucoup, au point d’engendrer beaucoup de puritanisme déguisé, au point de se sentir forcé de libéraliser toujours plus la morale afin d’être toujours en règle. Alors il se passe trois choses  :
    - la loi permet de plus en plus de choses, même des choses qu’on aurait cru inimaginables il y a 10 ans ;
    - nous n’évaluons plus les actions, nous n’osons plus dire ceci est bien et ceci et mal, alors qu’il est nécessaire de juger, non pour condamner mais pour se conduire soi-même au milieu d’un monde désorienté.
    - Et en même temps la société cherche des boucs émissaires pour les charger de la culpabilité diffuse et inévitable qui plane dans le cœur de l’homme. Ce sont ces gens qu’on voudrait voir mourir en prison, ou qu’on renvoie dans leur pays, ou d’autres encore qu’on cherche à biffer de notre société.

    Est-ce que Jésus va dans le sens d’assouplir la loi ? Est-il un rabbi libéral ? Pas du tout. Il refuse qu’on le voie comme quelqu’un qui vient abolir quelque chose. Il ne vient pas diminuer les exigences morales sous prétexte qu’il annonce un évangile d’amour. Son amour est un amour concret, qui a des exigences concrètes. Aux pharisiens croyants ou athées qui sont obnubilés par le besoin d’être en règle, et qui trouve une échappatoire dans l’hypocrisie, dans la pratique de règles sociales au rituel médiatique plus ou moins incantatoire, Jésus rappelle les véritables obligations de l’amour. « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux ! », dit-il à ses disciples.

    Et les véritables obligations de l’amour passent par le refus de la colère, par la réconciliation, par la recherche d’une pureté du regard et le refus de la convoitise, par le retour à la fidélité à l’engagement d’amour dans le mariage, par la recherche d’une parole qui corresponde à la vérité de nos pensées et de notre être.

    Aucun d’entre nous ne parviendra à réaliser ces paroles de Jésus à cause de la force de l’obligation, ni avec le désir d’être un chrétien modèle. Mais s’il cherche à aimer d’une façon toujours plus radieuse, il comprendra qu’il doit accueillir ces exigences comme un chemin qui le libérera de tout ce qui menace l’amour. Jésus nous révèle que toutes ces exigences sont le support de l’amour véritable, sont le moyen de bâtir sa maison sur le roc. L’amour véritable est la vraie énergie qui peut nous faire changer nous-mêmes et qui peut changer le monde. L’amour réaliste, celui qui traduit un véritable engagement de la personne et une véritable ouverture au mystère de l’autre, mon frère, ma sœur, pour qui je veux me donner moi-même.

    Bien sûr nous serons encore pris en défaut ; l’important est de revenir, pour aimer de nouveau en vérité. Nous sommes libres, nous avons reçu le grand don de la liberté, pour réaliser notre vie à partir du fond de nous-mêmes. Nous sommes libres, nous pouvons faire de notre vie un grand chant d’amour. Et nous ne marchons pas seuls, mais sous le regard encourageant de Dieu.

  • Les beaux jours de la bêtise

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    D'Emmanuelle Ducros sur l'Opinion :

    La pièce «En attendant Godot» annulée faute de parité : Absurde 1- Beckett 0

    La réalité, c’est ce qui s’est passé au centre culturel des étudiants de l’université de Groningen, aux Pays-Bas. Histoire abondamment relatée par la presse britannique.

    Un jeune metteur en scène, Oisín Moyne, irlandais comme Beckett, avait prévu de monter En attendant Godot. Travail entamé en novembre, première représentation programmée le mois prochain. Vous connaissez l’idée : on attend Godot, un personnage qui n’arrive jamais, ce qui donne matière à réflexion sur la saugrenuité de la vie.

    C’est Godot qui attendra, sans doute jusqu’aux calendes grecques, la pièce a été purement et simplement annulée par la direction de l’université. Et ça donne pas mal à réfléchir sur l’absurdité d’une culture de l’anathème.

    Pourquoi ?

    L’université reproche au metteur en scène d’avoir attribué les cinq rôles de la pièce à des hommes. Ce qui n’est pas très étonnant, puisque les personnages de Vladimir et Estragon, de Pozzo et Lucky, et du garçon qui apparaît à la fin du premier acte, sont masculins.

    Beckett y tenait tellement qu’avant sa mort en 1989, il a édicté des consignes précises en ce sens, qui s’appliquent à toutes les productions de Godot. Des hommes, uniquement. Ses ayants-droits ont d’ailleurs systématiquement attaqué en justice les metteurs en scène qui ont tenté de contourner la règle.

    L’université de Groningen ne l’entend pas de cette oreille.

    Pas de femme sur scène, pas de Beckett. «J’ai essayé de leur expliquer que c’est une question légale, que nous sommes une petite troupe de théâtre amateur qui ne peut pas se permettre un procès. Rien n’a pu les faire changer d’avis», explique le metteur en scène qui a ferraillé pendant des semaines.

    La justification de l’Université est surréaliste : «Beckett a explicitement déclaré que cette pièce devait être jouée par cinq hommes. Mais les temps ont changé. L’idée que seuls les hommes conviennent à ce rôle est dépassée et même discriminatoire».

    Rideau. Si Beckett refuse de se plier à titre posthume aux lubies inclusivo-égalitaristes en carton-pâte, qu’il disparaisse. Et tout ça au nom d’une «communauté ouverte et inclusive», dans un lieu de culture, de connaissance et de savoir. J’ai cherché des façons de définir ça. Peut-être censure accueillante ? Véto de tolérance ? Excommunication bienveillante ? La preuve, en tous cas, qu’on peut se prévaloir d’une infinie grandeur d’âme et avoir l’esprit le plus étroit du monde.

    D’autant plus incompréhensible que la décision lèse... des femmes.

    Toute l’équipe de production, essentiellement féminine. Incrédule, la productrice compte «On a aussi des trans, on a des non-binaires, la majorité de la production appartient à la communauté LGBT». Là, on est carrément dans une notion de discrimination de sororité.

    Les accusations de «panique morale» vont pleuvoir ... comme à chaque fois qu’on s’inquiète de ce genre de dérive. Qu’on brandisse la panique morale, autant qu’on voudra. C’est toujours mieux que brûler les œuvres parce qu’on pense le public trop bête pour faire la part des choses et comprendre ce qu’est une œuvre façonnée par un artiste et une époque.

    Il y a pire que la panique morale, il y a les ciseaux d’Anastasie manipulés avec toute la bonne conscience de la vertu.

    Ce n’est plus En attendant Godot, c’est Oh les beaux jours de la bêtise.

  • A Liège : Un nouveau défi pour l’association de fidèles « Sursum Corda » - La restauration de l’église du Saint-Sacrement continue….

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    A Liège, le 26 novembre 2003, l’association de fidèles « Sursum Corda » relevait son premier défi : racheter l’église du Saint-Sacrement pour pérenniser son affectation naturelle.

    Elle entreprit par la suite de réaliser un plan complet de réhabilitation de ce superbe monument du XVIIIe siècle avec l’aide des pouvoirs publics et du mécénat.

    Une première phase du chantier fut dédiée à la restauration de la façade monumentale et du parvis, d'une partie de la maçonnerie et des charpentes de la nef : elle s’est achevée en juillet 2021.

    La seconde phase porte sur la restauration du choeur et de la tour de l’église, comme on peut le lire dans les deux pièces jointes à cette information: l’une par Mgr Delville, évêque de Liège, et l’autre par M. l’abbé Marc-Antoine Dor, Recteur de l’église du Saint-Sacrement qui, l’un comme l’autre, en appellent à la générosité du public invité à se joindre à l’entreprise lancée une nouvelle fois par l’association de fidèles  « Sursum Corda »

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  • Le projet de document final de l'Assemblée continentale synodale européenne à Prague

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    Du Pillar :

    10 février 2023

    Conclusion du projet de document final de l'Assemblée continentale synodale européenne à Prague

    Au terme de quatre jours d'écoute et de dialogue, sur la base des résonances suscitées par le document de travail de l'étape continentale au sein des Églises dont nous sommes issus, en tant qu'assemblée continentale européenne, nous nous rendons compte que nous avons vécu une expérience profondément spirituelle à travers la méthode synodale.

    Nous rendons grâce à l'Esprit, qui nous a guidés, pour le don que nous avons reçu. Et ici, nous souhaitons le partager. Nous approfondissons les connaissances que les communautés ecclésiales de notre continent ont acquises à travers les processus synodaux, ainsi que les tensions et les questions auxquelles les églises européennes sont confrontées.

    Surtout, nous avons ressenti une fois de plus la douleur des blessures qui marquent notre histoire, en commençant par celles que l'Église a infligées par les abus perpétrés par des personnes exerçant un ministère ou une charge ecclésiale, et en terminant par celles causées par la violence impitoyable de la guerre qui défigure l'Ukraine et du tremblement de terre qui a dévasté la Turquie et la Syrie.

    Notre travail a été riche et passionnant, mais non sans problèmes et difficultés. Il nous a permis de regarder dans les yeux l'Église d'Europe, avec tous les trésors des deux grandes traditions latine et orientale qui la composent. Avec une conscience qui s'est développée au cours de l'assemblée, nous sentons aujourd'hui que nous pouvons affirmer que notre Église est belle, avec une variété qui est aussi notre richesse. Nous sentons que nous l'aimons encore plus profondément malgré les blessures qu'elle a infligées et pour lesquelles elle doit demander pardon afin de pouvoir passer à la réconciliation, à la guérison de la mémoire et à l'accueil des blessés.

    Nous sommes convaincus que ces sentiments remplissent également le cœur de toutes les personnes qui se sont engagées dans le parcours du Synode 2021-2024 depuis septembre 2021. Tout au long des jours de l'assemblée, nous avons vécu une forme de Pentecôte, qui nous a fait expérimenter pour la première fois qu'il est possible de se rencontrer, de s'écouter et de dialoguer, à partir de nos différences et au-delà des nombreux obstacles, murs et barrières que notre histoire met sur notre chemin.

    Nous devons aimer la diversité au sein de notre Église et nous soutenir mutuellement dans l'estime, forts de notre foi dans le Seigneur et de la puissance de son Esprit. C'est pourquoi nous souhaitons continuer à marcher dans un style synodal. Plus qu'une méthodologie, nous la considérons comme un mode de vie de notre Église, de discernement communautaire, et de discernement des signes des temps.

    Concrètement, nous voulons que cette assemblée continentale ne reste pas une expérience isolée, mais devienne un rendez-vous périodique basé sur l'adoption générale de la méthode synodale qui imprègne toutes nos structures et procédures à tous les niveaux. Dans ce style, il sera possible d'aborder les thèmes sur lesquels nos efforts doivent mûrir et s'intensifier : l'accompagnement des blessés, le protagonisme des jeunes et des femmes, l'apprentissage des personnes marginalisées.

    Le style synodal nous permet également d'aborder les tensions dans une perspective missionnaire, sans être paralysés par la peur, mais en puisant dans l'énergie pour continuer le chemin. Deux tensions en particulier sont apparues dans notre travail. La première encourage l'unité dans la diversité, en échappant à la tentation de l'uniformité. La seconde lie la disponibilité à l'accueil comme témoignage de l'amour inconditionnel du Père pour ses enfants au courage de proclamer la vérité de l'Évangile dans son intégralité. C'est Dieu qui promet : l'amour et la vérité se rencontreront.

    Nous savons que tout cela est possible parce que nous en avons fait l'expérience au cours de cette assemblée, mais plus encore parce que la vie des églises dont nous venons en témoigne. Nous pensons ici, en particulier, au dialogue œcuménique et interreligieux, qui ont trouvé un fort écho dans nos travaux. Mais surtout, nous croyons que cela est possible parce que la grâce s'en mêle. Construire une Église de plus en plus synodale, en effet, est une manière de mettre en œuvre concrètement l'égalité en dignité de tous les membres de l'Église, fondée sur le baptême, qui nous configure comme enfants de Dieu, et les membres du Corps du Christ, coresponsables de la mission unique d'évangélisation confiée par le Seigneur à son Église.

    Nous sommes confiants que la suite du Synode 2021-24 pourra nous soutenir et nous accompagner en particulier en abordant au niveau de l'assemblée synodale certaines priorités :

    - L'approfondissement de la pratique, de la théologie et de l'herméneutique de la synodalité. Nous devons redécouvrir quelque chose qui est ancien, qui appartient à la nature de l'Église et qui est toujours nouveau. C'est une tâche qui nous incombe. Nous faisons les premiers pas sur un chemin qui s'ouvre à mesure que nous le parcourons.

    - Le sens d'une Église entièrement ministérielle comme horizon d'une réflexion sur les charismes et les ministères, ordonnés et non ordonnés, et les relations entre eux.

    - Les formes d'un exercice synodal de l'autorité. Par exemple, le service d'accompagnement de la communauté et de sauvegarde de l'unité, et les décisions engagées et courageuses sur le rôle des femmes dans l'Église et sur leur plus grande participation à tous les niveaux, également dans les processus de décision et de décision.

    - Des intentions autour de la liturgie, afin de re-comprendre synodalement l'Eucharistie comme source de communion.

    - La formation à la synodalité de tout le peuple de Dieu, avec une attention particulière au discernement des signes des temps, en vue de la réalisation de la mission commune.

    - Le renouvellement du sens vivant de la mission, en surmontant la fracture entre foi et culture, pour revenir à porter l'Évangile au cœur des gens.

    - Trouver un langage capable de conjuguer tradition et aggiornamento, mais aussi et surtout faire route ensemble avec les gens, au lieu de parler d'eux, ou de leur parler.

    Aimer l'Église, la richesse de sa diversité, n'est pas une forme de sentimentalisme pour elle-même. L'Église est belle parce que le Seigneur la veut ainsi en vue de la tâche qui lui est confiée d'annoncer l'Évangile et d'inviter toutes les femmes et tous les hommes à entrer dans la dynamique de communion, de participation et de mission qui constitue sa raison d'être, animée par la vitalité pérenne de l'Esprit.

    Aimer notre Église européenne signifie alors renouveler notre engagement à réaliser cette mission, même sur notre continent, dans une culture marquée par les nombreuses diversités que nous connaissons. Adsumus, Sancte Spiritus. Amen.

  • Communion anglicane : le torchon brûle

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    D'Harriet Sherwood sur The Guardian :

    Les anglicans en colère contre les bénédictions homosexuelles remettent en question l'aptitude de Justin Welby à diriger.

    Un groupe représentant les églises du sud du monde se réunira pour envisager une action radicale suite à la décision du Conseil de l'Europe.

    10 février 2023

    Les églises anglicanes conservatrices des pays en développement se réuniront la semaine prochaine pour envisager une action radicale suite à la décision de l'Eglise d'Angleterre de bénir les couples de même sexe dans les mariages civils, en disant qu'elles remettent en question "l'aptitude de l'archevêque de Canterbury à diriger" l'Eglise mondiale.

    La Global South Fellowship of Anglican Churches (GSFA), qui représente des églises dans 24 pays et provinces, dont le Nigeria, le Kenya, l'Ouganda et le Rwanda, a déclaré que la nouvelle position de l'Église d'Angleterre "va à l'encontre de l'opinion majoritaire de la Communion anglicane".

    La "réalité" de la décision de l'Eglise (anglicane) d'Angleterre est un rejet de la doctrine selon laquelle le mariage est l'union à vie d'un homme et d'une femme, a-t-elle ajouté.

    Lundi, une douzaine de dirigeants d'églises clés du Sud devraient examiner les mesures à prendre pour occuper une position dominante dans la Communion anglicane, reléguant Justin Welby, qui, en tant qu'archevêque de Canterbury, dirige l'église mondiale de 85 millions de personnes, à un rôle marginal.

    Afin d'éviter une rupture irréparable, M. Welby a déclaré qu'il ne bénirait pas personnellement les mariages homosexuels. Mais les dirigeants conservateurs de l'Église ont mis en garde contre de profondes répercussions après le vote historique de l'organe directeur de l'Église, le Synode général, jeudi.

    Samy Fawzy Shehata, archevêque d'Alexandrie en Égypte, a déclaré au synode que "franchir la ligne de la bénédiction des unions homosexuelles aliénera 75% de la Communion anglicane" et "conduira finalement à une communion altérée et brisée". Il a exhorté l'Église catholique à ne pas "renoncer à sa position unique d'Église mère de la Communion anglicane".

    Stephen Kaziimba, l'archevêque d'Ouganda, a déclaré dans un communiqué vendredi : "Dieu ne peut pas bénir ce qu'il appelle le péché. Les membres de l'Église catholique se sont éloignés de la foi anglicane et sont maintenant de faux enseignants."

    Avant le vote du synode, l'archevêque Justin Badi Arama, chef de l'église anglicane du Sud-Soudan, a déclaré que Welby "ne défendait pas la vérité biblique", et que son rôle de leader moral de l'église mondiale avait été "gravement compromis".

    Henry Ndukuba, le primat de l'église massive du Nigéria, devait rencontrer ses évêques vendredi pour discuter de leur réponse.

    Le Gafcon, une coalition d'églises conservatrices, a déclaré que l'Église d'Angleterre avait "autorisé la bénédiction du péché" et qu'elle "avançait pas à pas pour accepter pleinement la pratique de l'homosexualité comme faisant partie de la vie et de la pratique de l'Église anglaise".

    Le GSFA, qui prétend représenter 75 % de l'Église anglicane mondiale, a déclaré qu'il prendrait "des mesures décisives pour réinitialiser la Communion anglicane". Ses membres ne quitteront pas l'Église mondiale, mais "c'est avec une grande tristesse qu'ils doivent reconnaître que l'Église d'Angleterre a désormais rejoint les provinces avec lesquelles la communion est compromise".

    Les Églises conservatrices ont déjà rompu leurs relations avec les Églises des États-Unis, du Canada, du Brésil, de la Nouvelle-Zélande, de l'Écosse et du Pays de Galles, qui offrent des mariages religieux aux couples de même sexe ou bénissent leurs mariages civils.

    Au cours du débat synodal, Folli Olokose, vicaire d'origine nigériane du diocèse de Guildford, a déclaré qu'un vote en faveur de la bénédiction des unions homosexuelles reviendrait à "planter un clou dans le cercueil de la Communion anglicane".

    Martin Warner, évêque de Chichester, a averti que l'égalité des mariages "minerait la confiance au sein de la Communion anglicane et serait considérée dans certains des pays les plus pauvres du monde comme un nouvel impérialisme".

    Contrairement à l'Eglise d'Angleterre, dont les assemblées diminuent d'année en année alors que les données officielles montrent que le christianisme est désormais une religion minoritaire en Angleterre, les églises du Sud connaissent une croissance rapide en taille et en influence.

    Lors du synode, M. Welby a été au bord des larmes lorsqu'il a reconnu que la bénédiction par l'Église des unions homosexuelles pourrait mettre les anglicans de certains pays en grand danger. "Des gens [vont] mourir, des femmes [vont] être violées, des enfants [vont] être torturés... Il ne s'agit pas seulement de ce que les gens disent, mais de ce qu'ils vont souffrir", a-t-il déclaré. "Je vous prie de croire qu'il n'y a rien dans ma vie, mon cœur ou mes prières qui arrive aussi haut que la sécurité et l'épanouissement des gens que j'aime dans la Communion anglicane."

  • La dictature du Nicaragua condamne l'évêque Rolando Álvarez à 26 ans de prison

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    De Walter Sanchez Silva sur Catholic News Agency :

    La dictature du Nicaragua condamne l'évêque Rolando Álvarez à 26 ans de prison 
     
    Bishop Rolando Álvarez
    L'évêque Rolando Álvarez. | Crédit : Diocèse de Matagalpa

    10 février 2023

    La dictature de Daniel Ortega au Nicaragua a condamné, vendredi 10 février, l'évêque de Matagalpa, Rolando Álvarez Lagos, à 26 ans et quatre mois de prison, l'accusant d'être un "traître à la patrie".

    La condamnation d'Álvarez intervient un jour seulement après que la dictature a expulsé 222 prisonniers politiques vers les États-Unis. Álvarez a refusé de monter dans l'avion avec les déportés, a déclaré Ortega lui-même hier après-midi dans un discours.

    La sentence lue cet après-midi par le juge Héctor Ernesto Ochoa Andino, président de la Chambre criminelle 1 de la Cour d'appel de Managua, stipule : "L'accusé Rolando José Álvarez Lagos est considéré comme un traître à la patrie". "Qu'il soit déclaré que Rolando José Álvarez Lagos est coupable d'être l'auteur des délits d'atteinte à la sécurité et à la souveraineté nationale, de diffusion de fake news par le biais des technologies de l'information, d'entrave à l'exercice des fonctions d'un fonctionnaire, de désobéissance aggravée ou d'outrage à l'autorité, tous commis concurremment et au détriment de la société et de l'État de la République du Nicaragua", indique la sentence.

    Détaillant chacun des chefs d'accusation et leurs peines respectives, le texte ajoute : "Le prévenu Rolando José Álvarez Lagos est condamné à 15 ans de prison et à l'interdiction perpétuelle d'exercer une fonction publique au nom ou au service de l'État du Nicaragua." "Est déclarée la perte des droits citoyens du condamné, qui sera perpétuelle, tout cela pour être l'auteur du délit d'atteinte à la sécurité et à la souveraineté nationale", poursuit le jugement.

    La sentence décrète également "la perte de la nationalité nicaraguayenne pour le sanctionné José Álvarez Lagos, dans le strict respect de la loi 1145". La loi 1145 susmentionnée, ainsi qu'une réforme constitutionnelle qui permet la perte de la nationalité des personnes condamnées pour "trahison", ont été adoptées par l'Assemblée nationale du Nicaragua le 9 février.

    Le jugement d'aujourd'hui se lit comme suit : "L'accusé Rolando José Álvarez Lagos est condamné à cinq ans de prison et à une amende monétaire de 800 jours (basée sur un pourcentage de son salaire quotidien) pour avoir été l'auteur de la propagation de fausses nouvelles par le biais des technologies de l'information et de la communication." "La peine en jours-amende équivaut à la somme de 56 461 córdobas et 15 centavos (environ 1 550 dollars)."

    Enfin, le jugement condamne "l'accusé Rolando José Álvarez Lagos à cinq ans et quatre mois de prison pour être l'auteur d'une entrave aggravée à l'exercice des fonctions d'un fonctionnaire au détriment de l'État et de la République du Nicaragua" et également "un an de prison pour être l'auteur du délit d'outrage à l'autorité." "Les peines de prison seront purgées successivement, de sorte que le condamné Rolando José Álvarez Lagos doit purger 26 ans et quatre mois de prison", indique la sentence. Selon la sentence, Álvarez doit être emprisonné jusqu'au 13 avril 2049.

    L'évêque a refusé de monter à bord de l'avion hier après-midi avec 222 autres déportés, dont quatre prêtres, qui ont été envoyés aux États-Unis en vertu d'un accord avec le département d'État américain. Álvarez a décidé de rester pour accompagner les catholiques qui souffrent de la répression de la dictature au Nicaragua.

    Dans une déclaration publiée vendredi à la suite de l'expulsion des 222 prisonniers politiques nicaraguayens, le représentant Chris Smith, président de la sous-commission de la santé mondiale, des droits de l'homme et des organisations internationales de la Chambre des représentants des États-Unis, a déclaré : "Nous devons continuer à travailler pour combattre le régime brutal d'Ortega et libérer les prisonniers restants - y compris le courageux évêque Rolando Álvarez, qui refuse d'abandonner son troupeau." "Il est vraiment une figure christique avec un cœur de serviteur, et nous continuons à exhorter le pape François à parler sans équivoque en son nom et à demander sa libération", a ajouté le membre du Congrès.

  • Ukraine : les graves accusations de "Tribune Juive"

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    Quand Tribune Juive nous fait voyager dans l'Ukraine néo-nazie

    Un an après le début de l'invasion de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky vient de boucler à Bruxelles une tournée triomphale en Europe, après les étapes de Londres et Paris. Charles Michel, président du Conseil européen, le gratifia d’un tweet sans équivoque : « Bienvenue chez vous, bienvenue dans l’UE ! » Ému, Zelensky écouta l'hymne ukrainien la main sur le cœur (comme un Américain) aux côté de la présidente du Parlement Roberta Metsola saluant « une journée historique pour l'Europe ». Son style, aussi étudié qu’inchangé, rompt avec les usages diplomatiques : pull ou t-shirt vert, treillis militaire et grosses rangers : de quoi impressionner la flopée d’hommes en costumes sombres étriqués. Zelensky fait rimer Rambo et héros, comme s’il représentait la sentinelle de l’Occident. « Nous nous défendons, nous vous défendons », s’écria-t-il sous des applaudissements nourris. Mais s’il remercia « personnellement » les chefs d'État et de gouvernement de l'UE de leur « soutien sans faille », il les mit aussi sous pression : « Nous avons besoin d'artillerie, de munitions, de chars modernes, de missiles à longue portée, d'avions de chasse modernes », lança-t-il.

    Sur ce terrain, Emmanuel Macron se montre prudent. Dans la nuit, le président français estimait que les avions de chasse réclamés par l'Ukraine ne pourraient « en aucun cas » être livrés « dans les semaines qui viennent », estimant que « ça ne correspond pas aujourd'hui aux besoins ». Il s’agissait pourtant du message-clé martelé par Zelensky au cours du sommet de Bruxelles et tout au long de sa tournée européenne. Pour Macron, il vaut mieux « intensifier » les livraisons des « éléments d'artillerie permettant de lancer des offensives terrestres ou de résister ».

    L’Union européenne et ses États membres évaluent à « au moins » 67 milliards d’euros leur soutien militaire, financier et humanitaire à Kiev depuis le début du conflit le 24 février 2022. Ce « soutien sans faille » est propre au temps de la guerre, de l’union sacrée à laquelle communient les media occidentaux. Dans ce climat, il est malséant de s’interroger sur le régime ukrainien, en particulier sur son rapport au nazisme. Ne regardons pas la dégaine paramilitaire de Zelensky, anecdotique. Voyons plutôt la mémoire que l’Ukraine forge dans des monuments depuis la révolution de Maïdan en février 2014.

    C’est Tribune Juive qui s’intéresse à ce sujet et on comprend pourquoi : un quart des Juifs assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale venaient d’Ukraine. L’article provient du site juif américain The Forward, auteur d’une série « consacrée à travers le monde aux monuments à la mémoire de collaborateurs nazis ». Et en Ukraine, « on peut dire qu’ils ont été servis », note Tribune Juive. La recension fait 62 pages (!). Il s’agit d’un « voyage dans l’Ukraine néo-nazie » de ville en ville, de monument en monument, photos à l’appui : statues, bustes, plaques, noms de rue, bannières, bas-reliefs, complexes commémoratifs, musées, mémoriaux, tout y passe et la liste est longue.

    Ce qui frappe, ce sont les dates. Notez-les bien car tout cela est très récent : « Depuis (…) 2014, de nombreux monuments ont été érigés (…), parfois jusqu’à un nouveau chaque semaine », indique Tribune Juive. L’article de The Forward remonte au 27 janvier 2021, soit plus d’un an avant l’invasion russe, à un moment où le conflit dans le Donbass était fort peu couvert par les media. Et c’est « au cours des six dernières années, poursuit The Forward, [que] le pays a institutionnalisé le culte de l’Organisation paramilitaire des nationalistes ukrainiens (OUN) et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) ». Cette fureur mémorielle subjugue par son étendue et son intensité. En 2016, un grand boulevard de Kiev a été rebaptisé du nom de Stepan Bandera (1909-1959), « figure majeure vénérée dans l’Ukraine d’aujourd’hui »« Un changement obscène, relève The Forward, puisque la rue mène à Babi Yar, le ravin où les nazis, aidés de leurs collaborateurs ukrainiens, ont exterminé 33 771 juifs en deux jours ».

    Cette réalité interroge la conscience européenne à l’heure où Volodymyr Zelensky se voit « accueilli en héros », selon l’AFP, par les institutions de l’UE. Entendons-nous bien : parler de cette mémoire néo-nazie toujours exaltée ne revient pas à cautionner l’agression russe, ni à plaider pour le discours de Vladimir Poutine sur la dénazification de l’Ukraine. Le « soutien sans faille » à Zelensky pose juste une question existentielle à l’Europe de Bruxelles, laquelle s'est construite sur le rejet du racisme et de l’antisémitisme et le dépassement du nationalisme.

    Pour aller plus loin :

    Lev Golinkin. Monuments aux collaborateurs nazis en Ukraine. 27 Janvier 2021

    (abondamment illustré)

    >>> Lire sur Tribune Juive