Une interview de Marc Eynaud par Eugénie Boilait, auteur de "Qui en veut aux catholiques", parue sur le site du Figaro Vox :
« L'interdit moral qui protégeait les lieux de culte a visiblement volé en éclats »
16 juillet 2022
Ce 6 juillet, le Sénat français a publié un rapport sur le patrimoine religieux français : près de 5000 édifices religieux seraient menacés de disparition. À cette occasion, Marc Eynaud, auteur de Qui en veut aux catholiques ? (éditions Artège), s’interroge sur la place du christianisme en France. Le Figaro s’est entretenu avec lui.
FIGAROVOX. — Dans votre ouvrage Qui en veut aux catholiques ?, vous précisez que votre travail n’est, non pas universitaire ou théorique, mais est celui d’un journaliste. Quelle est la nature de cet ouvrage et pourquoi avoir décidé de l’écrire ?
Marc EYNAUD. — Je pense que la multitude de ces attaques, dégradations, profanations et autres incendies sont la raison même de ce livre au-delà des clefs de compréhension intellectuelle. Je ne suis effectivement ni universitaire ni un théoricien, je me suis attaché avant tout à écrire et expliquer ce que je vois et ce que j’observe quotidiennement. Sans cela, ce livre n’aurait aucun sens. C’est la réalité de ces attaques qui ont mené à l’écriture de ce livre. Avant de réfléchir sur les causes, il faut voir, rapporter et porter à la connaissance de l’opinion la réalité des faits. C’est pourquoi j’ai voulu apporter ces précisions : je n’ai pas la prétention d’expliquer deux mille ans d’Histoire ni faire un tableau de l’Histoire des Idées. Avant de se demander comment nous en sommes arrivés là, il faut donner le « là ».
C’est sur le terrain intellectuel que les coups les plus violents sont portés selon vous. En quoi la foi a-t-elle été amputée de sa transcendance avec l’émergence de l’approche rationaliste au XIXe siècle ?
L’approche rationaliste, qui s’est traduite par une véritable guerre entre l’Église de France et la République dans les manuels scolaires au début du XXe siècle a été un rude coup porté au catholicisme sur plusieurs points. Cette approche a détruit une grande part du sacré et a voulu confronter foi et raison comme si ces deux entités étaient opposables par nature. Ce n’est pas un hasard si le XIXe siècle a été aussi celui des grands mystiques comme le Curé d’Ars ou Sainte Catherine Labouré. Paradoxalement et pendant que les différents régimes occidentaux se lançaient dans la construction de leurs empires coloniaux, des centaines de missionnaires ont trouvé la mort en évangélisant les recoins les plus reculés du globe.