Du Père Danziec sur le site de Valeurs Actuelles ("Le Club") :
L’art du sordide ou la déconstruction à l’œuvre
16/01/2021
A l’heure de la « cancel culture » et du mouvement « woke », plus que jamais l’idéologie progressiste s’immisce dans les œuvres artistiques. Entre revendications minoritaires et volonté de déconstruire le passé, face à la laideur, quelle attitude proposer ? Le Père Danziec nous donne ses éléments de réponse.
Au petit matin du 1er décembre 1993, un treuil monumental déroule un préservatif géant sur l’obélisque de la Place de la Concorde. Il ne s’agit pas, alors, d’une consternante « aventure artistique » subventionnée par la Mairie de Paris mais tout simplement d’une opération coup de poing menée illégalement par les militants d’Act Up. Cette « fureur créatrice » des années sida, pour reprendre l’expression du journaliste de Télérama Laurent Rigoulet, devait bouleverser le monde de l’art.
Les litanies de la disgrâce
Depuis, presque trente ans ont passé et le zèle dans la provocation n’a pas faibli. En octobre 2014, le subversif plasticien américain Paul McCarthy exposait à Paris une œuvre monumentale et temporaire, dans le cadre de la Fiac (Foire internationale d’Art contemporain) Hors les murs. La si jolie Place Vendôme, imaginée par Jules Hardouin-Mansart et emblème éclatant du luxe à la française, se voyait affubler d’un arbre vert, s’élevant à 24,4 mètres de hauteur et gonflable, à la forme équivoque... En juin 2015, c’est au tour du jardin royal du Château de Versailles d’être labouré par l’installation gulliverienne de l’artiste anglo-indien Anish Kapoor, le fameux “Dirty Corner” ou “Vagin de la Reine”. « J'ai eu l'idée de bouleverser l'équilibre et d'inviter le chaos » dira-t-il. Son énorme sculpture, posée sur le Tapis Vert de Le Nôtre, et que l’on peut décrire comme un long tunnel d'acier, sorte de cornet acoustique, de 10 mètres de haut, à moitié recouvert de terre et de gravas, nécessitera à elle seule 500 tonnes de pierres venues de Belgique et 1.000 tonnes de terre issues de la production agricole. Cet art contemporain XXL, au mauvais goût assumé, le musée du Louvre, à travers son président Jean-Luc Martinez, refusera de servir d’écrin pour le “Domestikator” en octobre 2017. L’œuvre de l’artiste et designer hollandais Joep Van Lieshout, d’une connotation ouvertement zoophile, composée de gigantesques blocs géométriques habitables, trouvera finalement asile, à défaut des Tuileries, au Centre Pompidou avec la bénédiction de la direction de Beaubourg.
Comme s’il était besoin de s’en convaincre, la plasticienne Juliana Notari et sa gigantesque sculpture, nommée Diva, viennent nous prouver qu’il n’y a pas de raison de croire que 2021 échappera à l’escalade de la laideur. Accrochée à flanc de colline, une fente « évocatrice » de 33 mètres de long, de 16 mètres de large et composée d’une excavation de 6 mètres de profondeur vient tout juste d’être inaugurée. Située au cœur du parc artistique et botanique Usina de Arte, à Agua Preta, au Brésil, il aura fallu onze mois de travail pour l’achever. Il s’agit, selon l’artiste, d’utiliser l’art « pour lancer le dialogue sur les questions traitant des problématiques de genre d’un point de vue féminin ». Fermer le ban.
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