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Bioéthique - Page 8

  • Manifestation anti-PMA pour toutes à Paris : un succès et des doutes

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    Une mobilisation, même de grande ampleur, pourrait-elle parvenir à inverser le cours des évènements et empêcher la dénaturation de la famille? C'est la question qui se pose après l'imposante manifestation anti-PMA d'hier à Paris. Quand les médias minorisent l'évènement et procèdent à des "éclairages" dévalorisants, le public finit malheureusement par hausser les épaules et par considérer que ces manifestants sont tous des marginaux passéistes. Les évènements semblent obéir à un déroulé prévisible et inéluctable qui précipite nos sociétés dans le n'importe quoi au milieu de l'indifférence générale. A quand un synode européen pour rallumer le zèle et l'ardeur des catholiques du vieux continent ?

    Ils nous refont le coup des chiffres minorés

    De Gabrielle Périer sur Causeur.fr :

    Malgré le succès de leur manifestation, les anti-PMA n’osent plus y croire

    Ils défilaient hier sous le slogan « Liberté, égalité, paternité ! »


    A Paris ce 6 octobre, ils étaient 600 000 manifestants selon les organisateurs, et 42 000 selon la police, à défiler contre la PMA sans père. Causeur s’est faufilé parmi les manifestants pour prendre le pouls de cette France qui dit non au projet de loi bioéthique du gouvernement. Vote à l’Assemblée le 15 octobre.


    Il y avait du monde, hier après-midi, sur la place du 18-juin-1940 à Paris. Une foule qui agitait des drapeaux rouges et verts, ornés du slogan : « liberté, égalité, paternité ! », écoutant et applaudissant médecins, juristes, maires, responsables associatifs, venus manifester leur opposition à la « PMA pour toutes ». Une foule à l’atmosphère bon enfant, si compacte que certains, bloqués dans les rues adjacentes, n’ont pu accéder avant la fin à la place où les discours étaient prononcés.

    Familles, bébés de quelques mois portés par leurs parents, couples jeunes et âgés, groupes d’amis, quidams, chrétiens souvent, athées parfois : la sociologie de la mobilisation d’hier était à peu près la même que celle de la Manif pour tous de 2013, dont elle est la suite directe. Rassemblés au sein du collectif unitaire Marchons Enfants ! avec d’autres associations comme l’Alliance Vita, les Associations Familiales Catholiques (AFC), les Maires pour l’Enfance…, les organisateurs entendaient faire entendre leur opposition à la « privation de papa remboursée par l’Etat ».

    Plus de 100 bus et 2 TGV affrétés pour l’évènement

    A mon arrivée vers 13h15 place Edmond-Rostand, lieu du rassemblement initial, je traverse difficilement la marée humaine agitant frénétiquement ses drapeaux (en attrapant un au passage) pour me rapprocher de l’estrade où se tiennent les premiers discours. Par-ci, par-là, on remarque l’habit de quelques sœurs et de quelques prêtres venus avec leurs paroissiens. Mais surtout beaucoup de gens de la France entière, brandissant, ou pas, leurs drapeaux régionaux. Un quinquagénaire, père de famille, m’explique qu’il est venu de Pamiers en bus spécialement affrété : Marchons Enfants ! a en effet annoncé avoir organisé un service de 110 bus et mobilisé 2 TGV pour faire venir les provinciaux.

    A la tribune, on chauffe la salle : divers témoignages se succèdent pour soutenir la place du père dans le schéma familial. « Maman, tu es unique, Papa tu es fantastique ! », scande-t-on, avec une candeur rafraîchissante. Arrive Patrice Obert, président des Poissons roses, une association de chrétiens proches du Parti socialiste, qui s’écrie : « Mes amis, la gauche est là ! La vraie gauche ! La gauche fraternelle ! » La gauche du catholicisme social, quoi. C’est peut-être comme ça qu’on l’aime le mieux.

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  • France : Tribune de Mgr Michel Aupetit à propos de la loi bioéthique

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    « Non, la loi n’est pas pliée d’avance », selon le nouvel archevêque de Paris. Lu sur  le site de l’Eglise Catholique à Paris :

    « Le Figaro – Vendredi 4 octobre 2019

    Autpetit arton49999-a37e2.jpgCertains pourront s’étonner qu’un évêque prenne la parole sur des sujets politiques. Est-ce vraiment son rôle ? Un évêque de l’Église catholique se doit d’annoncer l’Évangile, de permettre à chacun de rencontrer Dieu et de proposer à tous d’entrer dans la Vie éternelle que le Christ a ouverte par sa résurrection.

    Justement, par son incarnation, le Christ, le Fils de Dieu, est venu transfigurer notre vision de l’homme en lui conférant une dignité indépassable et ceci quelle que soit son origine ethnique, sa situation sociale, son sexe, sa culture ou son âge. Saint Paul l’explique très bien quand il écrit aux chrétiens de Galatie : « Il n’y a plus ni juifs ni païens, ni esclaves ni hommes libres, ni l’homme ni la femme, car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Galates 3, 28). Cette unité de l’humanité qui doit réaliser une fraternité universelle est un travail essentiel de l’Église. Voilà pourquoi les évêques s’autorisent à prendre la parole sur des sujets de société qui touchent à la dignité humaine quand celle-ci est gravement attaquée.

    Le projet de loi bioéthique en discussion touche aux fondements les plus essentiels sur lesquels sont bâties nos sociétés humaines : la filiation, la non-marchandisation du corps humain, le respect de toute vie de sa conception jusqu’à sa mort naturelle, l’intérêt supérieur de l’enfant, une médecine philanthropique et non marchande, une écologie humaine où le corps n’est pas un instrument mais le lieu de l’édification de la personnalité.

    Le président de la République souhaitait un débat apaisé et consensuel. Il y eut des états généraux, de nombreuses consultations par le Conseil d’État, l’avis du Comité consultatif national d’éthique, de nombreuses interventions d’experts. Qu’est-il sorti de tout cela ? Au final, très peu de choses. Les participants aux états généraux, après avoir approfondi la question, se sont clairement déterminés contre l’extension de la PMA hors du champ proprement médical sans que cela n’ait eu le moindre effet sur les rédacteurs du projet de loi. Nous avons été largement consultés et, il faut le dire, écoutés avec courtoisie. Écoutés mais pas entendus. Les seules réponses que nous avons obtenues de Mme la ministre de la Santé aux arguments présentés et fondés en raison sont des arguments d’autorité.

    Le Comité d’éthique avait pourtant révélé les faiblesses méthodologiques des études portant sur les enfants élevés par les mères célibataires ou des couples de femmes. Beaucoup d’experts pédopsychiatres confirment que ces études, la plupart anglo-saxonnes, commettent toutes des fautes quant à la rigueur scientifique de la méthode. Là encore, aucune réponse.

    Les questions graves soulevées par des philosophes non suspects d’idéologie et se rapportant à la filiation, en particulier la privation pour l’enfant d’une filiation bilatérale sans recours possible, ont aussi reçu une fin de non-recevoir. L’Académie de médecine qui vient de se prononcer avec des arguments scientifiques très sérieux a été balayée d’un revers de main par la ministre de la Santé qui, sans honte, les a qualifiés de « datés » et de « peut-être idéologiques » sans apporter le moindre argument rationnel. De même pour la Convention internationale des droits de l’enfant signée par notre pays dont Mme Buzyn a dit pourtant qu’elle n’obligeait pas la France.

    Cette attitude dédaigneuse, voire arrogante, est caractéristique de ce que l’on observe depuis le début de cette consultation. Une écoute en apparence bienveillante, mais une inflexibilité qui, elle, traduit une attitude idéologique tristement dépourvue de fondements anthropologiques réalistes. Pourtant, personne n’est maître de la vie, même pas de ses propres enfants. On transmet la vie, elle ne nous appartient pas. Mon enfant vient de moi, mais il n’est pas « mon bien ». Je ne peux pas revendiquer un droit à l’enfant comme un droit au logement. Un enfant est toujours un don qu’il faut accueillir sans en faire un produit manufacturé dû à la technologie de l’homme et soumis au pouvoir de l’argent. Il faut apprendre à être fils, c’est-à-dire à comprendre que notre vie ne vient pas de nous-mêmes, que nous la recevons, que nous devons apprendre à l’habiter. À cette condition nous pouvons être de vrais parents assez humbles pour transmettre la vie et faire advenir une personne qui se saisisse de sa propre liberté. Il n’est pas possible d’instrumentaliser un enfant au prétexte de combler un désir individuel. Si la frustration entraîne une souffrance qu’il faut savoir accompagner, elle ne peut justifier en aucun cas une revendication parentale.

    Les autres points du projet de loi sont aussi dramatiquement ordonnés au mépris de toute vie humaine. Les embryons humains sont une fois encore et de plus en plus traités comme un matériau utilisable. Les cellules embryonnaires posent la question éthique de la destruction de l’embryon humain. La possibilité de fabriquer des embryons OGM par modification génétique est une dangereuse dérive. En outre, les expérimentations qui permettraient la création d’embryons animaux dans lesquels seraient intégrées des cellules embryonnaires humaines sont une véritable monstruosité qui n’effraie plus personne et qui montre une anesthésie abyssale de la conscience.

    Je salue le courage de ceux qui résistent aux fausses évidences d’un apparent progressisme qui constitue une profonde régression de notre humanité. Non, la loi n’est pas pliée d’avance. Une parole qui s’appuie sur la vérité de notre condition humaine ne s’arrête pas à l’immédiateté de son effet. Elle s’inscrit dans l’avenir, quand la conscience commune saura en évaluer les plus effrayantes conséquences qui sont du même ordre que celles que l’écologie met à jour aujourd’hui. Il y a un lien intime entre le délire technologique qui conduit à détruire notre planète au nom du progrès et la folie des techniciens du désir qui bouleverse l’anthropologie et la nature profonde de notre humanité.

    Il ne m’appartient pas d’emporter l’adhésion de tous. Il m’appartient certainement de le dire.

    Mgr Michel Aupetit,
    archevêque de Paris

    Source : http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/mgr-michel-aupetit-non-la-loi-bioethique-n-est-pas-pliee-d-avance-20191003 »

    Ref. Tribune de Mgr Michel Aupetit à propos de la loi bioéthique

     JPSC

  • Toutes les bonnes raisons pour que nos amis français aillent manifester dimanche

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    Du site aleteia.org :

    Bioéthique : toutes les (bonnes) raisons de manifester dimanche

    © LOIC VENANCE
     

    Rassemblant une vingtaine d’associations, le collectif "Marchons enfants!" organise, ce dimanche 6 octobre à Paris, une manifestation pour dénoncer le projet de loi bioéthique actuellement examiné à l’Assemblée nationale. La rédaction d’Aleteia a choisi de répondre aux arguments, de fond et de forme, avancés par ceux qui hésitent à (se) manifester.

    Depuis quelques jours les discussions s’animent dès qu’il est question de la manifestation prévue ce 6 octobre à Paris contre le projet de loi bioéthique. Faut-il y aller pour manifester son désaccord ? N’est-ce pas trop tard ? Cette forme de contestation n’est-elle pas un peu trop connotée ? Et puis, dans le fond, qu’y a-t-il de choquant dans le texte actuellement examiné à l’Assemblée nationale ? La rédaction d’Aleteia a choisi de répondre à quatorze arguments, de fond et de forme, avancés par ceux qui hésitent à (se) manifester.

    « La loi est passée, ça ne sert à rien ! »

    Non, la loi n’est pas passée. La procédure législative ne se limite pas au seul vote de l’Assemblée nationale. Si l’article 1 du projet de loi bioéthique portant sur l’extension de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules a bien été adopté par les députés le vendredi 27 septembre dernier, le texte doit non seulement encore être voté dans son ensemble mais aussi être adopté dans les mêmes termes par le Sénat. La chambre haute a d’ailleurs annoncé la création d’une commission spéciale le 15 octobre, jour où l’Assemblée lui transmettra probablement son texte.

    La Présidente des Associations familiales catholiques (AFC), Pascale Morinière, a en effet déploré que « beaucoup de journaux affirment que le premier article est “définitivement” voté… Ce qui entretient une confusion profonde et grave sur le mécanisme de fabrication de la loi ». À partir du 15 octobre, ce sera donc au tour des sénateurs d’examiner le projet de loi, selon une procédure de va-et-vient appelée « navette » entre les deux Assemblées, chacune étant appelée à examiner et, éventuellement, à modifier le texte adopté par l’autre. À chaque étape, seuls les articles sur lesquels demeure une divergence restent en discussion, jusqu’à la recherche d’un consensus entre les deux chambres. Un processus long, donc, et qui ne sera pas clos avant l’été prochain.

    « J’ai manifesté contre le mariage pour tous et la loi est passée quand même ! »

    Certes la loi autorisant le mariage des couples de personnes de même sexe a été promulguée le 17 mai 2013, malgré de nombreuses vagues de manifestations dans plusieurs villes de France. Mais cette large mobilisation a cependant contribué à freiner d’autres réformes sociétales. Sans ces mouvements d’opposition, la GPA serait peut-être de l’histoire ancienne et la pluriparentalité une question de jours. L’exemple le plus frappant fut le report, en 2014, de l’examen de la loi Famille. Report annoncé le lendemain de la quatrième manifestation organisée par La Manif pour tous ayant rassemblé entre 100.000 et 500.000 personnes. Lors de cette même manifestation, le collectif réclamait également la suspension de l’expérimentation des « ABCD dits de l’égalité », proposés par la ministre Najat Vallaud-Belkacem, abandonnés depuis. En 2015, un amendement déposé par Erwan Binet, proposait d’étendre aux couples pacsés et aux concubins la possibilité d’adopter. Amendement retiré quelques jours plus tard. Tous ces exemples soulignent que même si l’objectif premier semble perdu d’avance, il y a des victoires collatérales dont les retombées ne sont pas nulles.

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  • Pourquoi parler encore de bioéthique ?

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    Une opinion de Guillaume Dos Santos sur le site du Vif :

    À quoi bon encore parler de bioéthique?

    29/09/19 à 10:40

    Guillaume Dos Santos

    Citoyen et jeune père de famille

    Alors qu'en ce moment même se tient à New York, au siège de l'Organisation des Nations Unies, un sommet capital sur le climat, à l'heure où la planète fait face à une crise sans précédent de ses écosystèmes, il pourrait paraître désuet de parler des sujets bioéthiques.

     

    Les scénarios les plus pessimistes prévoient une hausse des températures de l'ordre de 6,5 à 7°C à l'horizon 2100, ce qui ne manquera pas de bouleverser les fragiles équilibres de la Terre et du vivant. Selon les derniers rapports de l'ONU, près d'un million d'espèces seraient aujourd'hui menacées d'extinction.

    Et pendant ce temps, les députés français parlent procréation médicalement assistée, filiation et parentalité, tri des embryons. Nous pourrions légitimement nous demander, si ces sujets valent bien le temps que nous passons à en débattre, en France comme en Belgique. Après tout, quel pourcentage de la population est véritablement concerné par ces enjeux? Qui fait appel à la procréation médicalement assistée ou à la gestation pour autrui? 1% de la population? Peut-être moins. Et pourtant...

    Les chrétiens se portent souvent en première ligne sur ces délicates questions sociétales. La notion de dignité humaine, dans l'anthropologie chrétienne, entre en contradiction violente avec la technicisation/marchandisation de la procréation telle qu'on l'observe dans les enjeux bioéthiques. Lorsqu'on considère l'être humain comme infiniment digne, on ne peut tolérer que sa naissance devienne l'objet d'un contrat de vente, on ne peut tolérer que l'utérus d'une femme, lieu sacré entre tous, devienne moyen de production. L'opposition aux pratiques de la PMA et de la GPA va cependant bien au-delà du monde chrétien.

    Sylviane Agacinski, philosophe, féministe de gauche et femme de Lionel Jospin, déplore dans un livret synthétique publié aux éditions Gallimard ce passage dans la conscience moderne d'une conception de l'homme incarné à la vision d'un homme fabriqué. La députée française Agnès Thill (La République en Marche) s'est, elle aussi, engagée tout au long des discussions sur la PMA pour redire "qu'on ne s'offre pas un être humain. Un être humain n'est pas un objet ni un projet".

    Chez nous en Belgique, Viviane Teitelbaum (MR), députée bruxelloise engagée de longue date pour la cause féministe, dénonce l'aliénation de la femme inhérente à la pratique de la gestation pour autrui. Elle l'a redit ce week-end, à l'occasion de la "bourse aux bébés" qui se tient maintenant chaque année à Bruxelles.

    En vérité, les nouvelles pratiques entourant la procréation amenées sous les pressions conjointes du droit, du marché et de la technique dessinent ou imposent une nouvelle anthropologie : une conception d'un corps modulable à souhait, un corps vu comme matière première que la technique peut utiliser ou transformer. Et tout l'enjeu est là : il est question d'un bouleversement anthropologique de grande ampleur. Peut-on dès lors, comme nous l'avons fait en Belgique, s'octroyer le luxe de laisser de côté cette question cruciale?

    Cette rupture anthropologique s'observe, et depuis plus longtemps, dans de tout autres domaines que le champ de la bioéthique. Les dérives de notre économie ou le dérèglement climatique ne procèdent-ils pas, eux aussi, d'un rapport dégradé de l'homme avec son environnement et avec lui-même?

    Nous avons cru trop longtemps que la nature constituait uniquement un gigantesque réservoir de ressources laissées à notre libre disposition. Par la technique et le marché, nous avons ainsi transformé le monde qui nous entourait en le mettant au service de nos désirs et besoins les plus divers, sans souci des équilibres du vivant ou de la régénération des ressources.

    Transformée, la matière première extraite de notre environnement est devenue marchandise et bien de consommation. Nature consommée, nature consumée : la mise en servitude du monde par l'Homme en vient aujourd'hui à menacer les équilibres de notre biosphère... et les conditions d'une vie authentiquement humaine sur Terre.

    Notre système économique a longtemps été aussi, et est toujours dans trop d'endroits et trop souvent, un lieu d'aliénation de la personne, exploitée, instrumentalisée, marchandée : bafouée dans son intime dignité d'être humain. Exploitation des ressources et des personnes au profit d'un petit nombre de firmes et de personnes, mais aussi et souvent d'un grand nombre de consommateurs de par le monde : ce sont là les conséquences d'un système, qui a certes amené son lot de progrès sociaux et scientifiques, mais qui révèle aujourd'hui ses insuffisances.

    Ce que révèlent ces mécanismes, c'est le rapport dégradé que nous entretenons avec le monde et avec nous-mêmes, un rapport qui se fonde sur le contrôle, l'appropriation et l'instrumentalisation. On peut parler, pour reprendre un terme utilisé par Heidegger dans sa critique du monde de la technique, d'un arraisonnement du monde.

    Les enjeux actuels en bioéthique ne sont-ils pas le prolongement ou l'affleurement de cette vision techniciste du monde, de ce rapport que nous entretenons avec le monde sur le mode de l'arraisonnement? La bioéthique serait alors le lieu par excellence où s'observe cette dégradation de la relation de l'Homme avec lui-même et avec son monde. L'arraisonnement du corps n'est finalement que l'ultime étape d'un processus de mise en servitude du monde et du vivant. Un corps que nous pouvons utiliser comme moyen de production, vendre, louer ou fabriquer, à l'instar de tout le reste. La bioéthique nous révèle ce qu'il y a de faussé dans notre approche du monde. Voilà pourquoi ces enjeux sont cruciaux et pourquoi il convient d'y apporter une réponse ferme et cohérente.

    De même que le monde qui nous entoure ne devrait pas être considéré comme un fournisseur de ressources à exploiter, mais d'abord et avant tout comme un lieu à habiter et à bâtir, de même notre corps ne peut être simplement vu comme un bien dont on dispose et dont on use pour assouvir ses désirs. Nous avons à habiter le corps, non comme une enveloppe extérieure qui ne serait pas nous, non comme un artifice ou un accessoire qu'on possède, mais comme une part inhérente de qui nous sommes.

    En écologie comme en bioéthique, il nous faut redire la beauté du monde et revenir à une attitude d'émerveillement face à la vie et ses mystères. Il nous faut redire la dignité inaliénable de chaque être humain. Il nous faut redire, tout simplement, qu'il y a en l'Homme quelque chose de grand et de merveilleux à sauver et à préserver et que cela n'a pas de prix.

    [1]https://www.franceculture.fr/oeuvre/lhomme-desincarne-du-corps-charnel-au-corps-fabrique

    [2]https://www.7sur7.be/famille/manifestation-contre-le-commerce-de-la-gestation-pour-autrui~a746278e/?fbclid=IwAR2lgjGG2meOgeMuU-U24dNsuCkRWIOHrIHDa7b4d_u3ihX-CrHgcnPdfAs

  • Le précieux travail de l'Institut Européen de Bioéthique

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    Formation de bioéthique pour les jeunes

    Les jeunes ont soif de se former sur les questions de bioéthique. C'est pourquoi l'IEB a lancé en septembre le programme "Bioethics for Millenials". Un bon groupe de jeunes vont ainsi pouvoir bénéficier d'une formation complète sur tous les thèmes que traverse la bioéthique, du début à la fin de vie. Le week-end de lancement fut un réel succès!

    Interventions et formations au sein d'institutions de soins

    Ces derniers mois, plusieurs hôpitaux et maisons de repos ont sollicité notre intervention pour répondre aux questions éthiques que se posent leurs soignants, patients ou résidents, bénévoles et aidants-proches, autour de la fin de vie.

    Formation des stagiaires

    L'IEB accueille en continu des stagiaires qui souhaitent mettre leurs compétences au service de la personne humaine tout en approfondissant leurs connaissances en matière de bioéthique. Cette vidéo vous les présente et en livre quelques témoignages ! Merci à eux, et merci à vous qui rendez possible leur stage à l'IEB.

    Le nouveau site internet de l'IEB !

    Cette plateforme entièrement renouvelée est essentielle pour mettre à disposition de tous (citoyens, dirigeants politiques, soignants, médias,...) le fruit de nos analyses et recherches. Nous voulons continuer à informer de façon fiable et complète sur l'actualité et les enjeux de bioéthique.

    Je soutiens l'IEB

  • Il faut bannir l'éthique catholique de la pratique médicale

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    Du National Review :

    La bioéthique veut détruire les soins de santé catholiques

    Par WESLEY J. SMITH

    16 septembre 2019

    J'ai suivi de façon critique le mouvement de la bioéthique pendant plus de vingt ans. Selon moi, l'approche générale cherche à inculquer une philosophie utilitariste à la fois sur l'éthique de la médecine et sur les politiques publiques en matière de santé (...). L’euthanasie légalisée, l’avortement libre et sans entrave à tous les stades de la gestation, l’infanticide, l’ingénierie des embryons eugéniques, les formes insidieuses de rationnement des soins de santé basé sur la «qualité de vie», etc., font tous partie du programme général de la bioéthique, ou sont considérés à tout le moins comme des objectifs respectables.

    La pratique médicale catholique est le grand obstacle à la réussite de cette mission de subvertissement de la culture. En effet, des hôpitaux catholiques ont été créés - à des frais privés très élevés - dans le but explicite de fournir des soins médicaux conformes au caractère sacré de l’éthique de la vie de l’Église catholique. Par exemple, les hôpitaux catholiques ne stériliseront pas les patients, ne participeront pas à un avortement ou ne participeront pas à des suicides. De même, certains médecins catholiques refusent de pratiquer en dehors de leurs préceptes religieux. (Bien entendu, ces médecins doivent toujours expliquer clairement aux futurs patients leur approche fondée sur la religion.)

    Il est juste de dire que la plupart des bioéthiciens cherchent à détruire le droit à la conscience médicale des institutions catholiques et des professionnels et à les forcer (ainsi que d’autres dissidents de religion ou de conscience) à adhérer à l’impératif d'une bioéthique utilitaire. Ainsi, au cours des dernières années, des articles répétitifs ont été publiés dans les revues médicales et de bioéthique les plus influentes au monde, affirmant que les médecins sont tenus, d'un point de vue éthique, de fournir toutes les interventions médicales approuvées par l'établissement qu'un patient souhaite - même lorsqu'elles violent ses convictions religieuses - ou de trouver un praticien qui y consentira. Entre-temps, sous les applaudissements de nombreux bioéthiciens, l'ACLU (Union américaine pour les libertés civiles) a intenté de nombreuses poursuites contre des hôpitaux catholiques, les accusant de discrimination pour avoir pratiqué la médecine catholique.

    À présent, le bioéthicien canadien bien connu Udo Schuklenk, qui écrit dans le très influent Journal of Medical Ethics, déclare ouvertement que la religion n’a plus sa place dans la médecine ni dans l’approche d’un médecin en matière de prise en charge des patients. Dans "Le professionnalisme élimine la religion en tant qu'outil approprié pour les médecins qui conseillent les patients" :

    Les médecins sont recherchés par les patients en tant que professionnels dans leur rôle professionnel et non en tant que personnes privées ayant des engagements politiques, moraux, religieux ou autres.

    Schuklenk sait que ce n’est pas vrai. Certains patients recherchent des médecins en particulier précisément parce qu’ils veulent un médecin qui souscrit à leurs convictions religieuses et en qui ils peuvent avoir confiance pour les traiter de manière constante. Mais il s’en fiche:

    Les médecins, dans leur rôle de médecin, n’ont aucune compétence professionnelle en matière de religion, même s’il existait au départ des compétences professionnelles dans le contexte de la foi. En conséquence, lorsque des médecins voient un patient dans le cadre professionnel, la vie privée des professionnels de la santé, y compris leurs engagements idéologiques et non professionnels, devrait être tenue à l'écart de leur vie professionnelle et de leur comportement… C'est le cas, même en particulier dans le cas de médecins qui partagent les préférences religieuses ou idéologiques de certains de leurs patients. Cette préférence partagée ne les rend pas experts en la matière. En conséquence, il n’appartient pas à la relation professionnel de santé-patient.

    Schucklenk préconise clairement que les patients catholiques (ou autres fidèles) ne devraient pas avoir le droit de choisir des médecins dont ils savent qu'ils pratiquent bien la médecine en accord avec leurs croyances religieuses - parce qu’il pense que les médecins devraient être empêchés de le faire. En outre, le retrait de toute appartenance religieuse personnelle de la pratique médicale obligerait les médecins croyants, infirmières, pharmaciens et autres à servir de fonctionnaires du paradigme utilitariste de plus en plus dominant de la médecine - même dans des circonstances dans lesquelles les professionnels estiment que la participation à l'intervention demandée serait un péché grave. Sensationnel!

    Si l’approche de Schucklenk devait être pleinement intégrée à notre système de soins de santé - ce qui est au programme, c’est ce que nous prévoyons - elle ferait disparaître le but même des hôpitaux catholiques. Cela pousserait beaucoup de catholiques et d'autres croyants religieux à se retirer des professions médicales (et empêcherait les jeunes gens talentueux qui croient que la vie sacrée soit protégée), tout en faisant progresser une bioéthique rigide et utilitaire qui victimiserait les patients les plus faibles et les plus vulnérables - et ce n'est pas un hasard -, ceux-là même que la médecine «catholique» protège le plus assidûment.

  • Bioéthique : le rêve de Mgr d'Ornellas

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    On sait qu'en France l'heure est au débat sur les questions bioéthiques (PMA, GPA). L'évêque de Rennes a fait part de son rêve lors d'une conférence au Collège des Bernardins.

    Du site aleteia.org (Agnès Pinard Legry) :

    Bioéthique : l’intervention inspirée de Mgr d’Ornellas

    web2-ornellas-2-bioethique-kto.jpg
    Capture KTO
    Mgr Pierre d'Ornellas.
     
    16 septembre 2019

    Alors que l’Église de France organisait lundi soir une conférence au collège des Bernardins pour présenter ses positions sur les différentes questions de bioéthique ce lundi 16 septembre, Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et responsable du groupe bioéthique au sein de la Conférence des évêques de France (CEF), a livré un message fort en adaptant le célèbre discours de Martin Luther King, « I have a dream ».

    C’est un discours puissant qu’a prononcé ce lundi 16 septembre Mgr Pierre d’Ornellas au collège des Bernardins. S’exprimant dans le cadre de la soirée organisée par la Conférence des évêques de France (CEF) pour présenter ses positions sur le projet de loi bioéthique, l’archevêque de Rennes a convoqué la figure de Martin Luther King, « prophète de la fraternité ». « Moi aussi j’ai un rêve qui se nourrit de la foi en Dieu », a-t-il affirmé en préambule de son intervention. Reprenant le célèbre discours du pasteur américain, Mgr d’Ornellas a confié quel était son rêve en matière de bioéthique pour la société.
    KTOTV @KTOTV


    Le "I have a dream" de Mgr d'Ornellas, archevêque de Rennes pour une "synonyme de gratitude"
    
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  • Des entreprises américaines de vente d’enfants s’invitent pour la cinquième fois à Bruxelles

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    De l'Institut Européen de Bioéthique :

    Des entreprises américaines de vente d’enfants s’invitent pour la cinquième fois à Bruxelles

    A Bruxelles, les 21 et 22 septembre prochains, des entreprises américaines et canadiennes proposeront sur catalogue un éventail de femmes qui acceptent de porter un enfant contre rémunération pour le remettre ensuite aux commanditaires à la naissance. Des adultes belges et étrangers verront ainsi s'offrir la possibilité de commander la gestation et la délivrance d'un enfant pour un prix situé entre 80.000 et 150.000 euros. C'est la cinquième année de suite que ces organisations promeuvent en Belgique la gestation rémunérée d'enfants portés à l'étranger.

    La gestation pour autrui (GPA) n'est pas formellement interdite en Belgique, malgré quelques tentatives de la pénaliser, mais les contrats de gestation pour autrui n'y ont aucune valeur légale.  Pratiquement, l'opération est suivie d'une procédure d'adoption plénière par le couple commanditaire.

    En accueillant des entreprises commerciales qui proposent la gestation pour autrui, la Belgique, carrefour de l'Europe, semble oublier la position du Parlement européen, qui dans son rapport de 2015 sur les droits de l'Homme et la démocratiea explicitement condamné « la pratique des mères porteuses, qui porte atteinte à la dignité humaine de la femme dans son corps et ses fonctions de reproduction utilisés comme une marchandise ».

    Une mobilisation citoyenne aura lieu le samedi 21 septembre à 14h30 devant l'hôtel qui accueille ce salon, The Hotel (Porte de Namur), pour demander l'interdiction de la promotion commerciale de la GPA en Belgique.

    Pour une analyse juridique et éthique plus approfondie sur la GPA : voir le Dossier de l'IEB « Faut-il légaliser la gestation pour autrui ».

  • Le cdH abandonne la discipline de parti sur les questions éthiques

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    Le cdH voudrait remonter la pente qu'il ne cesse de descendre et se hisser à un taux de 20% (!). Qui y croit vraiment ? Pour notre part, plus rien ne nous pousse à adhérer au programme d'un particule de centre gauche qui abandonne à présent la défense des positions éthiques sur lesquelles il avait maintenu jusqu'ici une discipline de parti. Mais c'est fini et désormais chaque mandataire agira à sa guise dans les votes sur ces questions. L'heure de Judas ou de Ponce Pilate? YW

    Du site bx1.be :

    Rue de la Loi : le CDH s’accorde la liberté de vote sur les débats éthiques

    Amplifier,  ou achever la déconfessionnalisation du CDH ? Alain Raviart l’avait annoncé sur ce blog il y a 3 jours. Ce vendredi, le président du parti Maxime Prévot enfonce le clou (pardon) dans une double interview à la Libre Belgique et à la RTBF. Et d’annoncer la fin de la discipline de parti sur des dossiers comme l’euthanasie ou l’avortement : « sur les questions bioéthiques, nous ne sommes plus dans un schéma où une pensée naît au parti et s’impose à tous les parlementaires. On est dans une démarche qui touche aux valeurs et convictions de chacun, cela devrait être réglé en fonction de sa conscience personnelle. On ne doit pas structurer l’offre politique de demain sur des faits religieux ou philosophiques. On doit pouvoir respecter les opinons différentes ».

    En soi c’est une petite révolution. Il suffit de regarder dans le rétroviseur. Lors du vote de la loi autorisant le mariage homosexuel en 2003, aucun élu CDH n’avait osé voté en faveur du texte. Sur les 10 parlementaires de l’époque, quatre furent considérés comme absents (dont Joëlle Milquet qui était arrivée en retard), deux avaient voté contre et les quatre derniers (dont Jean-Pierre Grafé, homosexuel notoire) s’étaient abstenus. Deux ans plus tard, en 2005, lorsqu’un second texte ouvre le droit à l’adoption, le groupe CDH votera contre comme un seul homme. Les enfants ont le « le droit à la différence, c’est-à-dire avoir un parent de chaque sexe » plaide le chef de groupe d’alors, Melchior Wathelet. A l’époque, l’influence de la doctrine chrétienne sur le CDH et le CD&V est encore forte. Elle n’a cessé de diminuer depuis.

    « L’héritage chrétien ne doit pas être renié. Mais cela ne doit pas être un élément qui structure l’offre politique » plaide désormais le président du CDH. Du coté des mandataires, on accueille cette évolution plutôt positivement. Pourtant la question n’a pas été réellement débattue en bureau de parti. La sortie de Maxime Prévot est vécue comme une bonne surprise, pas un hold-up sur le passé mais une évolution douce, acceptée du plus grand nombre.

    Benoît Cerexhe (qui n’est plus parlementaire mais fut ministre et surtout chef de groupe au Parlement Bruxellois à plusieurs reprises) estime ainsi que la « discipline de parti sur ces sujets-là relevait du passé. Y renoncer c’est respecter les convictions de chacun. Ce qui compte maintenant c’est que le travail de refondation permette de redéfinir une identité ». Traduction libre : l’étiquette d’ancien parti chrétien est dépassée, mais il va bien falloir en trouver une autre pour s’affirmer dans l’offre politique.

    Pour George Dallemagne, député fédéral, « le parti a évolué, aujourd’hui les délibérations sont franches mais tous les sujets ne font pas l’unanimité. Moi-même je ne me suis jamais senti malmené sur ces questions-là, que ce soit le mariage homosexuel ou l’euthanasie. Mais sur la recherche sur les embryons par exemple il est important de pouvoir avoir une liberté d’appréciation. Ce n’est pas là-dessus qu’on doit être unanimes, ce n’est pas cela qui doit faire la différence avec les autres partis. Il y a des balises. Nous partageons tous une vision humaniste, mais cette vision doit pouvoir supporter ce genre de nuances.  »

    Même analyse pour la cheffe de groupe à la Chambre, Catherine Fonck : « Les questions éthiques entrent souvent en résonnance avec le parcours de vie personnel des élus, les sensibilités peuvent donc être diverses, vouloir imposer une position politique unanime est compliqué. A titre personnel je plaide pour que chaque parlementaire puisse user sur ces questions-là de sa liberté de conscience »

    Consensus humaniste sur la question ? Pas de forte opposition à première vue en tout cas. Même si un élu anonyme relève un risque électoral : « Une frange de notre électorat, plus conservateur, qui considérait que c’était des sujets importants et votait pour nous pour cette raison-là pourrait se détourner. S’ils nous quittent, il faut les remplacer. Il ne suffit pas de se dire moins conservateur, il faut l’être vraiment et surtout il faut présenter un projet mobilisateur, et pour l’instant, ce projet on ne le connaît pas ».

  • France : le gouvernement présente son projet de révision de la loi bioéthique

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    Du Bulletin d'Information de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Le gouvernement français présente son projet de révision de la loi bioéthique

    26/07/2019

    Auteur / Source : France Info , La Croix , Le Parisien , France 24

    L'un des débats les plus attendus de la mandature actuelle en France arrive enfin. A la suite des « états généraux de la bioéthique » de 2018, le gouvernement français a présenté ce mercredi son projet de révision de la loi bioéthique, en conseil des ministres.

    Comme prévu, la principale mesure du projet est l'ouverture et le remboursement de la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes, ainsi qu'aux femmes seules. Pourraient ainsi venir au monde des enfants « sans père ». Simultanément, le critère d'infertilité qui était nécessaire aux couples hétérosexuels pour demander une PMA, saute. La loi modifie également le régime de filiation en ce qui concerne les couples de femmes accédant à la PMA. Pour être considérées toutes deux comme les parents de leur futur enfant, elles devront rédiger une « déclaration commune anticipée » devant le notaire, à déposer à l'état civil après la naissance.

    Le projet va bien au-delà de la question fortement médiatisée de la PMA. Il se penche aussi sur la question de l'anonymat des donneurs de gamètes, puisque celui-ci est partiellement remis en cause. En effet, il est prévu qu'à sa majorité, un individu né d'un tel don puisse demander l'accès à des informations concernant son géniteur inconnu. Celles-ci pourront être des informations non identifiantes, ou directement son identité, selon ce qui aura été choisi lors du don.

    Le projet légalise également la congélation des ovocytes ou du sperme, pour des raisons d'âge (auparavant limitée à des raisons médicales). Il aborde la question des tests génétiques : si les tests préconceptionnels n'apparaissent pas dans le texte, il sera dorénavant possible au médecin découvrant une maladie génétique lors d'un test portant sur une autre caractéristique, de le mentionner à son patient (on parle de découverte « incidente »).

    Enfin, le texte touche également aux questions éthiques concernant les embryons. La recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines (qui implique la destruction d'embryons) est facilitée, puisqu'elle ne nécessitera plus qu'une déclaration préalable à l'Agence de biomédecine, plutôt qu'une autorisation comme c'était le cas auparavant. Des embryons De plus, la loi autorise la destruction d'embryons ne faisant plus l'objet d'un projet parental, et non utilisés depuis 5 ans, ou leur utilisation pour la recherche, sans requérir le consentement des parents. Enfin, concernant l'interruption médicale de grossesse, le texte supprime l'obligation de proposer un délai de réflexion d'une semaine pour prendre la décision.

    Conformément à ce qui était annoncé, ce projet de loi fait la part belle à un « droit à l'enfant » dont il conviendrait ne pas priver certaines catégories de la population. Avoir un enfant ne dépendrait donc plus des possibilités biologiques mais techniques, et du « projet » dont l'enfant ferait l'objet. En cela, le texte s'inscrit dans une mutation de la médecine reproductive : celle-ci ne viserait plus essentiellement la thérapie, mais satisferait dorénavant la simple volonté de devenir parent. Pour le reste, le projet approfondit des pratiques déjà discutables, comme la recherche sur des cellules souches embryonnaires, ou la destruction d'embryons excédentaires.

    Lors d'une conférence de presse mercredi qui a réuni 17 associations et mouvements opposés au projet de loi, Blanche Streb, directrice de la formation et de la recherche chez Alliance VITA, a dénoncé le « dérèglement bioéthique » dans lequel s'inscrit le texte du gouvernement :  « Ce projet de loi se couche devant une sorte de fascination technique et devant des marchés qui se profilent ». Les intervenants ont annoncé une manifestation nationale unitaire, qui aura lieu à Paris le 6 octobre 2019, sous le label « Marchons Enfants ! ».             

    Pour rappel, en Belgique, la PMA est déjà accessible aux couples de femmes et aux femmes seules. La recherche sur les cellules souches embryonnaires y est également possible.

  • Le nouveau site de l'Institut Européen de Bioéthique

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  • Un bel hommage au Professeur Jérôme Lejeune

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    D'Adélaïde Pouchol sur le site de l'Homme Nouveau :

    Le professeur Lejeune, une vie au service des plus faiblesLe professeur Lejeune, <br>une vie au service des plus faibles

    Jérôme Lejeune fait partie de ces grands hommes qui marquent l’histoire. À l’occasion des 25 ans de la mort du professeur, Aude Dugast a raconté ce destin peu commun dans un Jérôme Lejeune, la liberté du savant, une très belle biographie qu’on lit comme un roman. L’auteur, qui est également postulatrice de la cause de canonisation, a fait un très minutieux travail de recherche et passé des années au milieu de milliers d’archives et auprès de la famille de Jérôme Lejeune avec qui elle a pu longuement discuter pour cerner au mieux la personnalité de cet homme exemplaire. On le découvre brillant intellectuellement autant que généreux et plein d’humour, proche de ceux qu’il appelait ses « petits patients », on lit les témoignages bouleversants de personnes porteuses de trisomie 21 dont la vie a changé grâce au professeur. En même temps qu’une vie toute consacrée à la recherche et à la défense de plus faibles, le livre d’Aude Dugast raconte aussi une part de l’histoire de notre pays et du combat qui s’est joué au moment de la légalisation de l’avortement. Ils ont été peu nombreux, dans les années 1970, à avoir le courage de sacrifier leur réputation et leur carrière parfois en se battant pour la vie. Ils étaient peu nombreux mais le professeur Lejeune, évidemment, en était. Le livre d’Aude Dugast rend un bel hommage à Jérôme Lejeune, et éclaire aussi ce qui se joue actuellement dans le domaine bioéthique, dont les racines sont bien plus anciennes. Un livre à mettre entre toutes les mains.

    Jérôme Lejeune, la liberté du savant, Aude Dugast, Artège, 2019, 480 pages, 22 €