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Débats - Page 334

  • "Pro Europa Christiana" mobilise contre la représentation de "Jeanne d'Arc au bûcher" à la Monnaie

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    "Jeanne d'Arc au bûcher" est au programme de La Monnaie qui nous a habitués à des spectacles provocateurs qui font les délices des spectateurs bobos, tout particulièrement lorsqu'ils sont l'oeuvre de metteurs en scène réputés pour leur goût du scandale comme Romeo Castellucci. "Pro Europa Christiana" a lancé une pétition pour que ce spectacle soit déprogrammé; l'entreprise est sans doute louable mais a fort peu de chances  d'aboutir.

    Jeanne d’Arc dans une pièce obscène et transgenre : STOP !

    Le personnage-symbole de sainte Jeanne d’Arc est à nouveau la cible d’une représentation pornographique, cette fois à Bruxelles ! Une actrice intégralement dénudée prétend la représenter et pousse l’obscénité jusqu’à changer de sexe au cours de la représentation !

    Ça suffit ! Souiller publiquement la figure de sainte Jeanne d’Arc est inacceptable !

    A travers la Pucelle, c’est l’union de la France avec Dieu qui est prise pour cible.

    Réagissez en signant le message ci-dessous adressé au directeur du Théâtre de la Monnaie et au ministre belge des Institutions culturelles fédérales :

    10 352 Signatures

    Depuis le 30/08/19

    Mon message indigné à M. Peter de Caluwe, directeur du Théâtre royal de la Monnaie, et à M. Didier Reynders, ministre belge des Institutions culturelles fédérales

    Insulter sainte Jeanne d’Arc, c’est insulter Dieu et la France !

    Monsieur le Directeur, Monsieur le Ministre,

    Une version dénaturée de l’oratorio dramatique « Jeanne au bûcher » de Claudel et Honegger est programmée au Théâtre royal de la Monnaie du 5 au 11 novembre prochains.

    Au début de la pièce, un homme incarne la sainte, avant de se transformer en une femme hystérique entièrement nue. Pour le metteur en scène, Romeo Castellucci, il s’agit de « s’insurger contre les symboles, contre l’hagiographie, contre la commémoration nostalgique de l’histoire et contre la célébration de l’héroïne céleste ».

    Monsieur le Directeur, Monsieur le Ministre, souiller publiquement la figure de sainte Jeanne d’Arc est inacceptable ! Je vous demande l’annulation immédiate de ce spectacle obscène et offensant pour les chrétiens. 

    Veuillez croire, Monsieur le Directeur, Monsieur le Ministre, à l’expression de ma vigilante considération

    (Pour signer, remplissez le formulaire ICI)

    La Féderation Pro Europa Christiana s'est associée à plusieurs associations pour promouvoir cette pétition.

  • "Soif" d'Amélie Nothomb : quand le roman est médiocre...

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    D'Henri Quantin sur aleteia.org :

    À propos du dernier Nothomb : pitié pour le roman !

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    29 octobre 2019

    Le dernier roman d’Amélie Nothomb, consacré à la passion de Jésus, a suscité beaucoup d’intérêt. Mais un roman se juge d’abord à sa qualité littéraire. Les grands écrivains chrétiens — Bloy, Maritain, Bernanos — l’ont toujours dit : l’art du roman est d’abord l’art du roman. Quand un écrivain parle de Jésus, il y a tout lieu de se réjouir, mais quand le roman est médiocre, c’est médiocre.

    Ce n’est pas un Évangile, mais cela aurait pu être une bonne nouvelle : Jésus au cœur de la rentrée littéraire. Le nouveau roman d’Amélie Nothomb, Soiffait parler le Christ à la première personne, au cours de son chemin de croix. Le livre a emporté quelques suffrages chez les catholiques. On pourrait s’en réjouir si cela signifiait la fin des critères exclusivement moraux ou théologiques pour juger une œuvre d’art. Cent ans après les belles pages de Léon Bloy contre le best-seller de l’abbé Bethléem, Romans à lire et romans à proscrire (1904), le temps des bons points de vertu attribués à un auteur peut sembler révolu.

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  • "ô Pachamama, bonne mère, sois propice..." (prière proposée par la Conférence des évêques d'Italie)

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    De Jeanne Smits, sur son blog :

    La prière à Pachamama de la Fondation des missions des évêques italiens

    Une prière à Pachamama, la « Terre Mère » vénérée par des tribus indigènes telles que les Aymaras et les Quechua dans les Andes mais aussi dans les plaines du nord de l'Argentine et au Brésil, près de la Bolivie et du Pérou, se trouve en bonne place dans un livret officiel de la Fondazione Missio de la Conférence des évêques d'Italie.

    Lire la suite sur le blog de Jeanne Smits

  • Selon Messori, tant d'évêques en désaccord avec François auraient peur de le dire

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    De LifeSiteNews.com, en traduction rapide :

    L'intervieweur papal: Il y a tant d'évêques qui ne sont pas d’accord avec François mais qui ont "peur" de le dire

    28 octobre 2019

    Vittorio Messori, célèbre converti italien, journaliste et intervieweur de deux papes, a accusé le pape François d'avoir «touché à la doctrine», d'avoir «mis la main sur ce que le pape devrait plutôt défendre». "Cela a été dit dans une interview plus large, lundi, dans le média italien 'La Verità' à l'occasion de la réédition du livre qu'il a écrit après sa conversion 'Jesus Hypotheses'. En septembre dernier, dans un entretien similaire sur 'La Fede Quotidiana', il a déclaré: «L'Église n'est pas de Bergoglio ou des évêques, mais seulement du Christ.»

    Une interview avait été accordée avant le Synode Amazonien, soulignant les préoccupations déjà exprimées concernant l’agenda du Synode. L’autre est parue après trois semaines de terribles nouvelles en provenance de Rome, mais n’a enregistré aucune réaction de Messori face aux événements plus spectaculaires entourant le synode, tels que le culte de la «Pachamama» dans les jardins du Vatican.

    Il a évoqué l'incapacité du pape François à "défendre la doctrine" en le désignant comme "le premier pape qui semble souvent donner une lecture de l'Évangile qui ne respecte pas la Tradition".

    Vittorio Messori a toutefois rappelé que «l'Église ne faillira pas».

    Messori est bien connu en Italie et dans le monde pour son entretien avec le pape Jean-Paul II (Crossing the Treshold of Hope). Avec le futur pape Benoît XVI, il a publié un autre entretien complet, le 'rapport Ratzinger'.

    Né dans une famille rationaliste et agnostique, il a connu une conversion stupéfiante en lisant le Nouveau Testament lorsqu'il était un jeune homme de 23 ans. Il est devenu un journaliste respecté qui écrit fréquemment sur des questions religieuses. Il a déclaré à 'La Fede Quotidiana' qu'il n'était pas permis de critiquer le pape François dans «l'Église de la miséricorde», après avoir personnellement fait l'objet de pressions auprès du Corriere della Sera pour qu'il cesse sa collaboration après un tel article.

    Voici la partie de l'interview de Messori accordée à 'La Verità' du 28 octobre où il parle du pape François:

    «Aujourd'hui, avec Bergoglio, nous avons l'impression qu'ils veulent mettre la main sur la doctrine d'une manière ou d'une autre. Le pape est le gardien du depositum fidei. Après le Concile, les trois grands papes, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, ont considérablement modernisé l'esprit avec lequel lire et vivre l'Évangile, mais ils ne se sont jamais permis de toucher à la doctrine », a-t-il déclaré.

    Interrogé sur le pape François, il a répondu:

    «On a l'impression que Bergoglio met la main sur ce que le pape devrait plutôt défendre. La doctrine, telle qu'elle s'est développée en 2 000 ans d'études, a été confiée au pape qui doit la défendre et non la changer. Aujourd'hui, nous avons l'impression que c'est précisément ce qui se passe et que cela inquiète particulièrement les croyants. Le même Bergoglio a récemment reconnu que certaines personnes méditaient un schisme. Il déclare également qu'il n'a pas peur de cela. "

    Interrogé sur son "sentiment personnel" à ce sujet, il a déclaré:

    "Certes, il n'y aura pas de schisme, mais l'inquiétude est forte car nous sommes confrontés au premier pape qui semble souvent donner une lecture de l'Évangile qui ne suit pas la Tradition."

    Le 17 septembre, Vittorio Messori a confié à La Fede Quotidiana:

    «Je vois que beaucoup de catholiques sont concernés; certains sont même désespérés. En tant que croyant, cependant, je me souviens que l'Église n'est pas une entreprise, une multinationale ou un État. En bref, elle ne peut pas échouer. Bien sûr, il y a des raisons d’alarme: je pense, par exemple, au prochain Synode Amazonien et aux erreurs qui y sont liées. Je ne sais pas ce qu'ils veulent réaliser, probablement le mariage de prêtres. Cependant, je suis inquiet, mais pas désespéré, car l’Église n’est ni de Bergoglio ni des évêques, mais seulement du Christ et il la gouverne avec sagesse. Les forces du mal ne l'emporteront pas. "

    «Pensez-vous qu'il existe une certaine confusion fondamentale?» A demandé le journaliste Bruno Volpe.

    «Oui, c'est présent, et cela attriste et déroute. Mais je pense qu'à la fin, le Père interviendra. Dieu dépasse notre capacité limitée de voir les choses. "

    A la question: "Pensez-vous qu'il existe une sorte de conformisme, même dans les médias, à propos du pape François?", Messori répond :

    «Le conformisme auquel vous faites référence existe bel et bien. Mais c'est palpable même au sein de l'Eglise. Il est déconcertant que seuls deux ou trois cardinaux nonagénaires s’expriment et protestent. Il y a tellement d'évêques et même de cardinaux avec qui je parle en privé qui lèvent la main pour montrer leur désaccord, mais ils ont peur, ils ne disent rien, ils se taisent. Nuire au pape est découragé depuis 2000 ans, mais cette tendance s’accentue aujourd’hui et l’on peut clairement en faire l’expérience directe. Ils disent que c'est l'Eglise de la miséricorde, mais l'est-ce vraiment? Ceux qui commandent ne tolèrent aucune voix critique. Dans le Corriere, j’ai écrit un article poli dans lequel je posais des questions, formulais des réflexions, et j’ai été couvert d’insultes, notamment de la part de certains médias catholiques. Un comité a été formé pour demander au Corriere de mettre fin à ma collaboration. Ce comité ressemble - pour utiliser une expression à la mode - au "lys magique" [équipe de proches supporters de l'ancien Premier ministre italien Matteo Renzi] du pape. Où est la cohérence avec l'affirmation selon laquelle il s'agit de l'Eglise de la miséricorde, du dialogue ouvert et loyal, de la parresia? Je suis inquiet, comme je l'ai dit, mais pas désespéré. Le Christ n'abandonne pas son Eglise.

  • La fin de l'Eglise tridentine ou la fin du catholicisme tout court ?

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    De l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur Metablog :

    Réponse à Isabelle de Gaulmyn sur l'Amazonie

    C'est la fin des saints prêtres... Le responsable de Tradinews a repris sur son site un article de La Croix, signé Isabelle de Gaulmyn, envoyée permanente de ce journal dans la bonne ville de Rome, sur la signification du synode pour l'Amazonie, dont la clôture en grande pompe a eu lieu dimanche. On sait que cette nouvelle institution du synode consiste avant tout à être une courroie de transmission entre le pape et l'épiscopat mondial. Même s'il porte sur l'Amazonie, il a lieu à Rome, avec 250 évêques triés sur le volet et c'est le pape qui en a supervisé les projets (instrumentum laboris) et qui va en écrire la conclusion. Il est donc peut-être un peu tôt pour en parler.

    Mais on sait depuis le Concile Vatican II que, dans le gouvernement de l'Eglise, les impressions, le vécu, les recensions journalistiques sont plus importantes que les écrits. En ce sens l'article d'Isabelle de Gaulmyn indique d'ores et déjà la direction herméneutique que j'appellerais volontiers "conciliaire" pour ce synode. Elle reprend d'ailleurs, sans en donner les référence, une expression qui a déjà servi pour le concile Vatican II : "C'est la fin du tridentinisme". Giuseppe Alberigo, instigateur d'une massive Histoire de Vatican II en plusieurs volumes, définissait ainsi son approche de Vatican II ; le Père Congar a souvent repris cette formule. Isabelle de Gaulmyn réutilise, à son tour, l'expression en la présentant comme toute nouvelle, en tout cas sans nous en offrir la traçabilité. La réémergence de ce tridentinisme, qui, si l'on comprend bien Isabelle de Gaulmyn, ne serait pas mort à Vatican II, comme le voulait Alberigo et Congar, mais bien au récent synode sur l'Amazonie, indique quelque chose comme une révolution à l'oeuvre.

    Quelle révolution ? "la révolution silencieuse". Laissons Isabelle de Gaulmyn nous en parler. Mais surtout laissons lui dire ce qu'a été le concile de Trente (1545-1575) pour elle...

    "Nous sommes encore, consciemment ou pas, largement tributaires de ce Concile, qui date pourtant du XVIe siècle. Visant à conforter une religion mise à mal par les pouvoirs des princes et la Réforme de Luther, le concile de Trente a en effet structuré le catholicisme autour de la figure du prêtre. Le clerc, célibataire, devient alors le pivot central. Il concentre sur sa personne toutes les fonctions sacrées, à partir de l’Eucharistie et de la confession. Cet imaginaire du prêtre idéal, le «  saint prêtre  » identifié au Christ, placé au-dessus des fidèles, condamnés eux à n’être qu’un simple troupeau de brebis bien dociles, a profondément marqué les mentalités de tous les catholiques, et largement favorisé le «  cléricalisme  » ambiant, y compris chez les laïcs."

    Si l'on comprend bien notre journaliste, grâce au synode nous touchons enfin à "la fin des saints prêtres", ces personnes enveloppées de leur saint étui, vêtues de noir et qui ont engendré le cléricalisme partiout où elles passent. Décidément "la cléricalisme, voilà l'ennemi". Le prêtre "célibataire, pivot central de la communauté" a enfin dit son dernier mot : merci l'Amazonie. Quant aux laïcs, ils ne sont plus condamnés à être les moutons du bon pasteur (cf. Jean 10). Ils vont pouvoir commander à leur tour. Commander quoi ? Pour aller où ? Ce n'est pas dit. Mais ce qui apparaît dans le discours d'Isabelle de Gaulmyn, c'est une Eglise dans laquelle enfin le peuple commande. Avec un peu de retard à l'allumage l'Eglise fait sa Révolution de 89. Le "tiers-état des fidèles" va pouvoir prendre sa revanche. Le cardinal Suenens, en ce temps là, souhaitait que Vatican II fut 89. En réalité, il aura fallu attendre les Amazoniens, nouveaux sans culotte, pour que le déclic se produise partout dans l'Eglise et qu'on enterre en grande pompe le tridentinisme.

    Le tridentinisme ? Et si ce terme qui sent bon l'universitaire en mal d'inspiration ne signifiait pas tout simplement le catholicisme ? Isabelle de Gaulmyn nous donne envie de conclure ainsi. Jugez-en :

    "En demandant la possibilité pour l’Amazonie d’ordonner prêtres des hommes mariés, en envisageant la création de nouveaux «  ministères  » (c’est-à-dire de responsabilités au sein des paroisses ou diocèses), avec même la reconnaissance d’un ministère pour «  les femmes qui dirigent les communautés  », en exigeant enfin de rouvrir le débat si explosif sur le diaconat féminin, les évêques du Synode ont clairement signé la fin d’un modèle, celui qui est issu du concile de Trente et de près de cinq siècles de catholicisme".

    Couper avec "cinq siècles de catholicisme", en créant une nouvelle structure, de nouveaux ministères, en mettant des femmes aux commandes et en limitant le rôle du prêtre autant que le rôle des sacrements dont il ne serait que le distributeur : la vision est audacieuse. Elle consiste à doubler ce que le pseudo-Denys appelait la hiérarchie ecclésiastique, en inventant toutes sortes de chaînes de commande humaines, fondées sur tous les charismes imaginables. Au fond, le projet est celui d'une Eglise plurielle, dans laquelle chacun et chacune pourront se vanter d'être les chefs, en revendiquant "un ministère". On confondra ainsi la chaîne ministérielle instituée par le Christ et les chaînes charismatiques, souvent humaines, trop humaines. L'Eglise née d'un tel bazar aura coupé non seulement avec cinq siècles de catholicisme mais avec le Christ lui-même, en perdant sa légitimité.

    Je crois qu'il faut bien distinguer cette "Eglise bazar", dans laquelle l'autorité n'est plus quelque chose de sacré, de hiérarchique, mais une invention du peuple en quête de représentants d'avec l'Eglise catholique, la nôtre, qui, maronite, uniate ou convertie de l'anglicanisme, ordonne déjà prêtres des viri probati et s'apprête à en ordonner d'avantage, tant le manque de prêtres a été une conséquence assurément non souhaitée mais tragique du concile Vatican II. Autant la vision d'avenir d'Isabelle de Gaulmyn n'a aucune légitimité chrétienne, autant l'ordination sacerdotale des viri probati a eu lieu à un moment dans l'Eglise latine. Souvenez vous ces hommes d'âge mûr qui avaient élevé leurs enfants et qui, hauts fonctionnaires à la retraite, devenaient prêtres, puis évêques, ils ont sauvé la chrétienté romaine face aux barbares ariens.

    Qui dit que l'Eglise, essorée par la terrible crise post-conciliaire, n'aura pas besoin un jour, en Amazonie ou en Europe, de semblables acolytes, rendus plus nombreux par l'allongement de la durée de vie ? Mais encore faut-il que cette ouverture, que cette possibilité à la fois ancienne et nouvelle ne signifie pas la disparition du célibat ecclésiastique, la désacralisation du sacerdoce, la naissance d'une nouvelle hiérarchie non sacrée (non christique) dans l'Eglise, bref le grand bazar décrit avec lyrisme par Isabelle de Gaulmyn et qui représenterait, pour l'Eglise du Christ, non seulement une nouveauté mais une chimère, au sens génétique du terme : un être né du croisement impossible entre l'Eglise et le monde, qui serait vraisemblablement un mort-né. Précisons-en l'image : quelque chose comme un évangélisme catholique...

  • Le mariage des prêtres : la réforme inutile

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    D'Ivan Rioufol sur son blog (le Figaro) :

    Mariage des prêtres : la réforme inutile

    L’Eglise a-t-elle pour vocation d’épouser l’air du temps ? Sûrement pas ! L’esprit moderne, qui suit le vent, applaudit la perspective ouverte par le pape François d’ordonner prêtres des hommes mariés. Le synode sur l’Amazonie, achevé ce week-end au Vatican, a donné son feu vert à cette possibilité, réduite pour l’instant à la seule évangélisation de ce territoire d’Amérique du sud. Mais François n’exclut pas la possibilité, après consultation des épiscopats catholiques, d’étendre la réforme à tous les pays. Pour ma part, je trouve cette perspective critiquable et dangereuse. En effet, elle remet en cause un des fondements du sacerdoce chrétien, construit sur le célibat du prêtre, à l’image de ce que fut la vie de Jésus. Une fois de plus, hélas, je ne me reconnais pas dans ce pape trop souvent superficiel dans ses analyses et démagogique dans ses solutions. Observer l’Eglise malade flatter les réformistes, vus comme des sauveurs, vient contredire l’anticonformisme qui reste le message chrétien quand il incite à se maintenir à contre-courant des modes passagères. Comme le rappelle le cardinal Marc Ouellet, préfet de la congrégation pour les Evêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine, ce lundi dans Le Figaro, renoncer au célibat serait ignorer la tradition de l’Eglise latine, "qui remonte aux temps apostoliques". Mrg Ouellet rappelle que le célibat "est l’état même de la vie de Jésus Christ pour signifier sa qualité d’époux de l’humanité".

    Il est faux de dire ou de laisser croire que la crise des vocations catholiques serait due à l’obligation de célibat des prêtres. Une semblable pénurie touche les pasteurs protestants, en dépit du fait qu’ils peuvent se marier. Le pape propose un remède qui ne correspond pas aux symptômes de la déchristianisation. Il prend même le risque d’accélérer ce phénomène en cédant aux idéologues du bougisme, qui brouillent les symboles et les vident de leur substance. Comme le remarque le cardinal Robert Sarah, papabile originaire de Guinée, dans son dernier livre (1) : "Il serait méprisant vis-à-vis des habitants de l’Amazonie de leur proposer des prêtres de "deuxième classe"". Le cardinal écrit : "Dans un élan missionnaire, si chaque diocèse de l’Amérique latine offrait généreusement un prêtre pour l’Amazonie, cette région ne serait pas traitée avec autant de mépris et d’humiliation à travers la fabrication de prêtres mariés, comme si Dieu était incapable de susciter dans cette partie du monde des jeunes généreux et désireux de donner totalement leurs corps et leurs cœurs, toute leur capacité d’aimer et tout leur être dans le célibat consacré". C’est un vrai débat de fond que pose la perspective d’un renoncement de l’Eglise au célibat. Il serait utile que les opposants à ce projet osent davantage faire entendre leurs réserves. Oui, ce pape mérite bien des critiques.

    (1) Le soir approche et déjà le jour baisse, avec Nicolas Diat (livre déjà cité) Fayard

  • Tous pour la pachamama... et les chrétiens persécutés ?

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    De Zarish Neno sur la Nuova Bussola Quotidiana en traduction française sur le site "Benoît et moi" :

    Tous pour la pachamama.

    Et nous, chrétiens persécutés?

    28 octobre 2019

    Dans mon pays, comme chrétiens, nous sommes à peine 1% et nous sommes persécutés. Nous mourons depuis des années en défendant notre foi dans le Christ, mais pour quoi? Tout ce sang versé par les martyrs pour défendre leur foi, mais pour quoi? Pour voir ensuite que l’Eglise s’abaisse devant les idoles païennes? Voilà ce qui me fait mal….

    J’ai beaucoup lu ces jours-ci ce qui a été écrit sur les statues de la pachamama, qui ont été jetées dans le Tibre il y a quelques jours. De la « demande de pardon » du Pape François aux commentaires des amis sur Facebook et aux différents articles écrits, pour et contre. J’ai même lu les tweets des prêtres qui ont tout fait pour défendre la présence de ces statues dans l’église. Leurs arguments ont créé une énorme confusion dans l’esprit de nombreux catholiques qui – selon ce qu’on peut lire sur les réseaux sociaux -, ne sont plus capables de faire la distinction entre une statue de la Sainte Vierge et des saints, et les idoles païennes.

    Cette situation me fait très mal et je veux expliquer pourquoi. Je suis une chrétienne pakistanaise. Dans le pays d’où je viens, comme chrétiens, nous ne représentons que 1% de la population totale. Un nombre si petit qu’il impressionne. Et ce 1 % court toujours le risque d’être réduit à un chiffre encore plus faible à cause de la persécution qui nous entoure.

    Dans le pays d’où je viens, chaque chrétien est prêt à mourir pour sa foi. Aucun d’entre ne réfléchirait ne serait-ce qu’un moment pour donner sa vie pour ce en quoi il croit. Nous enseignons même à nos enfants le même amour pour notre foi et d’être prêts à mourir pour elle, parce que c’est ce qu’ils risquent chaque fois qu’ils vont à la messe avec leur famille. Je sais qu’il est difficile d’imaginer qu’on puisse dire cela à un enfant, mais pour nous, c’est ainsi. Moi-même, j’ai dû le dire à ma petite sœur, et plus d’une fois elle m’a demandé: « Mais pourquoi dois-je mourir? »

    Nous, chrétiens, nous mourons depuis des années en défendant notre foi dans le Christ, mais pour quoi? Tout ce sang versé par les martyrs pour défendre leur foi, mais pour quoi? Pour voir ensuite que l’Eglise s’abaisse devant les idoles païennes ?

    Voilà ce qui me fait mal! Quand je vois toutes ces modififications apportées à la foi catholique ou quand je les vois défendues par des fidèles qui n’ont entendu parler de persécution que dans les journaux, mais ne l’ont jamais vécue, je ressens une douleur extrême.
    J’éprouve de la colère (même si je ne le voudrais pas) quand les gens me disent (ou disent à d’autres) « Reste calme. Prie. Aie foi dans le Saint-Père. Ne parle pas. Tais-toi. Ne fais pas de commentaires. N’élève pas la voix. Silence! ». Ceux-là pensent peut-être que je n’ai pas essayé. Mais je veux savoir, jusqu’à quel point dois-je me taire et rester impassible face à tout ce qui se passe?

    Je suis blessée par l’importance que le Vatican et les journaux ont accordée à la pachamama alors qu’ils ignorent les chrétiens qui meurent pour leur foi dans le monde, qui sont des millions. On parle d’eux une fois, puis c’est tout, on n’entend plus rien.

    Chaque fois que je demande pourquoi ce silence sur le génocide des chrétiens dans le monde, il y a des amis prêts avec cette réponse: « Mais le Pape François élève la voix pour les chrétiens persécutés ». Oui, c’est vrai, Sa Sainteté a parlé des chrétiens persécutés, mais il n’y a aucune comparaison avec l’intensité avec laquelle il parle pour les personnes extérieures à l’Église. Je vois clairement la différence entre les efforts faits pour les autres et les efforts faits pour les chrétiens persécutés. Il y a une énorme différence.

    Tous les efforts sont faits pour dialoguer, pour ne pas blesser le peuple amazonien, pour promouvoir et défendre la pachamama. Le Vatican s’est même mobilisé pour trouver ces idoles dans le Tibre. Qui a remarqué le même effort ou le même enthousiasme pour d’autres questions beaucoup plus importantes ?

    Je fais un simple exemple: où sont tous nos efforts pour protéger la vie d’enfants innocents dans le sein maternel? Ils peuvent protéger et défendre la déesse de la fertilité, mais à quoi bon être fertile, quand les femmes finiront par tuer ce qui est dans leur ventre ?

    Tout le monde parle de dialogue et de paix, mais je voudrais juste savoir ce que nous entendons exactement par dialogue et paix. La paix s’obtient en promouvant des valeurs morales, éthiques et religieuses, ce que plus personne ne fait.

    S’asseoir autour d’une table, signer des accords, parler de paix, puis se serrer la main et rentrer chez soi, ce n’est pas comme cela qu’on parle de paix ou qu’on promeut la paix.
    Au fil des années, tous les dialogues pour la paix dans le monde, quels fruits ont-ils apportés ?
    Il y a plus de guerre, plus de dépression, plus de crimes, plus de haine entre les religions, plus de persécutions, plus de violence, plus d’intolérance. Alors dites-moi, où est le fruit de tout ce soi-disant dialogue pour la fraternité humaine?

    Nous avons oublié d’être humains et ensuite nous parlons d’humanité. Mère Teresa dit: « Que peux-tu faire pour promouvoir la paix dans le monde? Rentre chez toi et aime ta famille. Par le baptême, nous sommes accueillis dans la famille plus grande de la Sainte Mère l’Eglise. Ce qui veut dire que nous, chrétiens, sommes une grande famille. Eh bien, l' »Eglise sortante » n’a pas compris qu’elle fait beaucoup d’efforts pour promouvoir la paix à l’extérieur, mais sa famille est laissée abandonnée et sans amour.

  • Retour sur l'euthanasie de la championne paralympique Marieke Vervoort

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    A PROPOS DE L’EUTHANASIE DE LA CHAMPIONNE PARALYMPIQUE MARIEKE VERVOORT

    28 octobre 2019

    Mercredi 23 octobre, les médias annonçaient la mort par euthanasie de l'athlète paralympique belge Marieke Vervoort (cf. L’athlète paralympique belge Marieke Vervoort a été euthanasiée). Analyse et décryptage avec Carine Brochier de l’Institut Européen de Bioéthique.

    Gènéthique : Dans quelles circonstances cette athlète a-t-elle demandé l’euthanasie ?

    Carine Brochier : Tout d’abord, je dois dire qu’elle était porteuse d’une maladie dégénérative qui lui causait de très grandes souffrances. Elle souffrait vraiment. Elle était dans les 4% de souffrances réfractaires qu’on ne sait pas soulager. Marieke Vervoort a tenu très longtemps grâce à un parcours adapté de prise en charge, soutenue aussi par ses challenges et les compétitions sportives. Mais elle était aussi depuis très longtemps, proche des milieux qui soutiennent et qui font la promotion de l’euthanasie, des médecins militants et euthanasieurs. C’est à se demander parfois si Marieke n’a pas été instrumentalisée par leur cause. De son côté, elle avait tout préparé en vue de son euthanasie et se disait soulagée de pouvoir y recourir quand elle ne pourrait plus aller plus loin. Après les jeux olympiques de Rio où elle a été médaillée d’argent du 400 mètres fauteuil dames, elle a utilisé ce moment de célébrité pour annoncer qu’elle se ferait euthanasier quand la souffrance « ne serait plus supportable », ajoutant qu’elle « aimerait que dans tous les pays, l’euthanasie ne soit plus considérée comme un meurtre, mais que cela signifie un sentiment de repos et de tranquillité » (cf. Une championne paralympique belge demande à être euthanasiée). Depuis lors, un suspens était entretenu autour d’elle.

    G : Est-ce qu’on peut dire que ce faisceau de circonstances a pu l’enfermer dans sa décision ?

    CB : Il est légitime de se poser la question. Mais avant, il faut reconnaitre qu’il est des maladies neurologiques où la souffrance est terrible et inapaisable. La souffrance est la première à susciter un enfermement sur soi. L’athlète, je crois a été très courageuse de durer aussi longtemps. Et c’est précisément cela qu’il convient de saluer. Cependant, quand une personne a déclaré son intention de recourir à l’euthanasie, surtout quand c’est une personne médiatisée, il est difficile pour elle de revenir sur ce qu’elle a dit.

    On touche là quelque chose de très important. Je connais une personne qui souffre jour et nuit et dont les souffrances ne peuvent être apaisées. Elle est accompagnée par plusieurs personnes qui veillent à l’entourer de mille attentions. Par trois fois, elle a été tentée d’en finir, elle a failli demander l’euthanasie, mais chaque fois, elle a dépassé la crise, tout en restant dans un déluge de souffrance. Pourquoi ? Et c’est ici un point extrêmement important : celui de l’entourage immédiat du malade. Le milieu qui le porte, l’environnement, tout cela influe sur le mental de la personne malade, surtout si la douleur est présente. Selon que l’entourage et les amis ne voient aucune malice au fait qu’un médecin provoque la mort de la personne en souffrance, ou selon, au contraire, que l’entourage répugne à cette pratique et décide de s’investir pour l’accompagner à travers la souffrance, l’impact est différent. Les conséquences le sont aussi. Pour cette raison, la façon dont une société soutient ou non les malades est cruciale. Quand elle soutient l’euthanasie, le message qu’elle donne se résume en un « tu souffres, tu décides ! ». La question essentielle est celle de savoir quel est le milieu porteur qui accompagne la personne ? Si ce milieu fait d’elle une figure de proue de son combat, il va lui être difficile de ne pas s’exécuter…et même de faire marche arrière.

    G : Comment expliquez-vous l’importance du milieu, de l’entourage de la personne malade en souffrance ?

    CB : Dans son livre « les souffrances du jeune Werther », Goethe raconte l’histoire d’un jeune homme en quête d’absolu que les souffrances de la vie vont pousser au suicide. Quand le livre a été publié, beaucoup de jeunes gens l’ont imité, se sont identifiés au héros… jusqu’au suicide. Ce roman a été interdit un temps pour cette raison et a fait l’objet de l’analyse de psychologues. Ce qu’on peut en déduire, c’est que la figure du héros a un effet sur ceux qui le regarde et s’y identifient. A contrario, dans « la flûte enchantée » de Mozart, le personnage de Papageno est arrêté alors qu’il s’apprête à se suicider par trois jeunes garçons qui lui indiquent une autre voie ; il renonce à son projet. Encore une fois, ce qui importe c’est de savoir quelle société porte les plus fragiles. Si on en arrive, comme c’est le cas aujourd’hui en Belgique, à banaliser l’euthanasie, si on présente, dans les médias notamment, l’exemple de Marieke Vervoort comme une panacée, on ne sera pas prêts à porter les malades dans une autre direction que ce soit par la pensée, le cœur ou bien plus prosaïquement en moyens financiers.

    G : Comment aider les personnes qui vivre une souffrance inapaisable ?

    CB : Il est difficile de ne pas démissionner face à la souffrance. Ce qui fait la différence c’est la petite vitamine de vie qu’on arrive à insuffler à la personne fragile. Ce que je veux dire, c’est qu’on ne laisse pas un révolver sur la table de nuit d’un suicidaire. La société doit proposer une autre perspective que la mort, elle doit proposer un sens. Dans le cas de Marieke Vervoort, sa vie aurait pu être une leçon de courage malgré la souffrance pour tous, parce que la personne peut faire signe, ou même être un signe. Elle a orienté sa force intérieure vers une quête de reconnaissance : celle des jeux olympiques, et on peut se demander si ultimement, l’euthanasie n’a pas été, alors qu’elle ne maitrisait plus rien, sa dernière médaille. Il faut se demander vers où notre force intérieure est dirigée ? La diriger demande un effort, un entrainement, une résistance à la souffrance, de l’humilité. Encore une fois, le milieu porteur garantit que la personne traversera l’épreuve de la souffrance, qu’elle sera prête à affronter les enfers.

    G : Est-ce qu’elle était en fin de vie ? Est-ce que sa situation entrait dans le cadre de la loi?

    CB : Non, elle n’était pas en fin de vie et on ne pouvait pas lui appliquer de sédation, mais oui, elle entrait complètement dans le cadre de la loi. Sa maladie la conduisait à une souffrance insupportable et inapaisable et comme telle, elle pouvait recourir à l’euthanasie. En Belgique, la fin de vie n’est pas une condition nécessaire. Dans ce cas simplement, ce qui change ce sont les conditions plus nombreuses en termes de qualification des médecins ou de délais qui sont nécessaires pour l’obtenir. Légalement, tout était en règle.

  • L'Eglise face à une révolte des élites ?

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    Avec Edouard Husson sur Atlantico :

    Synode pour l’Amazonie : l’Eglise confrontée à son tour à sa "révolte des élites"

    Le phénomène de révolte, de sécession des élites, vient d’atteindre l’Eglise catholique, comme en témoigne la préparation, le déroulement et les conclusions du synode pour l’Amazonie.

    Dans un livre publié en 1994, peu après sa mort, Christopher Lasch avait forgé l’expression de « révolte des élites ». Il y anticipait ce que nous avons sous les yeux dans tous les pays occidentaux: la tentative des démocrates de renverser Donald Trump, le désir d’une partie des parlementaires britanniques de repousser sine die le Brexit, le déchaînement sur ordre de la police française contre les Gilets Jaunes, les manoeuvres parlementaires italiennes pour faire quitter le pouvoir à Matteo Salvini, sont autant d’exemples d’une oligarchisation de nos sociétés. Des dirigeants économiques devenus de plus en plus riches obtiennent le soutien d’une partie du personnel politique, des journalistes, des intellectuels pour organiser une absence d’alternative politique et une gouvernance transnationale, qui ne voit plus les élections que comme des plébiscites - une partie des classes moyennes supérieures, qui profite du système, est encore prête à jouer le jeu.

    De manière inattendue, le phénomène de révolte, de sécession des élites, vient d’atteindre l’Eglise catholique, comme en témoigne la préparation, le déroulement et les conclusions du synode pour l’Amazonie. 

    Synode pour l’Amazonie?

    Rapppelons pour commencer les faits, de manière succincte.

    1. Au milieu des années 1980, le courant marxiste dit de la « théologie de la libération » avait été condamné par la Congrégation pour la doctrine de la Foi. Les deux esprits lucides à l’origine de cette mesure de bon sens - pouvait-on laisser enseigner le marxisme dans des universités catholiques? - étaient le pape Jean-Paul II (1978-2005) et son successeur Benoît XVI (2005-2013). Cette théologie de la libération était le fruit d’une contamination d’une partie de l’épiscopat  et du clergé latino-américain par les mouvements révolutionnaires latino-américains. La figure emblématique en était Dom Helder Camarra, un prélat courageux mais ouvertement marxiste donc apostat. L’autorité de Jean-Paul II était telle que la condamnation de 1986 fut un coup très dur pour les activistes; ils durent entrer dans la clandestinité; et ceci d’autant plus que les régimes communistes s’effondraient à travers le monde. Les théologiens de la libération se cachèrent mais ils ne disparurent pas. Ils se recyclèrent: Leonardo Boff et d’autres, soucieux de ne pas manquer une nouvelle mode de révolte et de ressentiment intellectuel, se mirent à l’écologie. La théologie de la libération devint celle de la « Terre-Mère » et le nouveau prolétariat, ce furent les Indiens d’Amazonie.

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  • A propos de la Pachamama et de la prosternation devant elle

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    D'Arnaud Dumouch :

    A propos de la Pachamama et de la prosternation devant elle (synode de l’Amazonie) (17 mn)

    https://youtu.be/gqTuye5YiAI

    26 octobre 2019 : 

    Un cafouillage de communication s’est produit : a-t-on adoré ou non une statue de la Pachamama (déesse précolombienne de la fécondité) au Vatican ? Le Vatican nie. Des photos confirment.

    Pour éviter ce genre de communication désastreuse, deux choses doivent-être faites :

    1° Rappeler les repères de la foi, qui justifient ce respect de l’Eglise envers les religions : « Les religions autres que le christianisme ne donnent pas le salut (il est donné par l’union (Agape) au Christ, vrai Dieu fait homme -Concile de Trente, session VI-). Mais les religions possèdent des "semences mises par l'Esprit Saint" qui disposent, préparent par certains aspects les âmes des non-chrétiens au salut (Saint Concile Vatican II, Lumen Gentium 16). »

    2° Reprendre le bon sens pastoral de saint Paul face aux anciennes religions : Voir 1 Corinthiens 8, 4 « Donc, pour ce qui est des idoles, nous savons qu'une idole n'est rien et qu'il n'est de Dieu que le Dieu unique. Mais tous n'ont pas la science. Prenez garde que cette liberté dont vous usez ne devienne pour les faibles occasions de chute. Si en effet quelqu'un te voit, toi qui as la science, attablé dans un temple d'idoles, ta science va faire périr le faible, ce frère pour qui le Christ est mort ! En péchant ainsi contre vos frères, en blessant leur conscience qui est faible, c'est contre le Christ que vous péchez. »

  • Ordonner prêtres les diacres permanents?

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    De l'abbé Claude Barthe sur le site de l'Homme Nouveau :

    Prêtres mariés : la lucarne des diacres permanents

    (Res Novae)

    Prêtres mariés : la lucarne des diacres permanents

    Personne ne le conteste : le Pape François est un politique génial. Le document final de l’assemblée du Synode sur l’Amazonie le montre une fois encore.

    Tout le monde attendait que le document demande simpliciter que soit désormais possible l’ordination sacerdotale d’hommes mûrs et éprouvés, des viri probati. Il n’en est rien, du moins apparemment : comme si les critiques très fortes venues de toute part avaient été entendues, l’assemblée, guidée d’une main sûre, ne s’est pas engagée en ce sens.

    Elargissement

    En revanche, elle propose, au n. 111 du document, l’ordination sacerdotale de diacres permanents, éventuellement mariés : il est demandé que l’autorité compétente établisse des critères pour ordonner prêtres des « hommes idoines et reconnus par la communauté, qui exercent un diaconat permanent fécond », lesquels pourront avoir une « famille stable légitimement établie ». Lucarne fort astucieuse par laquelle va pouvoir passer l’ordination des prêtres mariés, sans en avoir trop l’air.

    On pourra même se prévaloir du fait que l’on se calque sur la discipline des Eglises orientales, qui font du diaconat une sorte de cliquet : les candidats au sacerdoce qui entendent se marier doivent l’être avant le diaconat, sinon, ils seront tenus au célibat sacerdotal.

    Mesure « libératrice »

    Ainsi donc, on pourra désormais ordonner prêtres ces presque prêtres que sont les diacres mariés. Et pour accéder au sacerdoce, les candidats mariés pourront d’abord être ordonnés diacres « permanents ». L’étape du diaconat étant au reste une obligation disciplinaire rigoureuse.

    Du coup, la mesure « libératrice » n’aura aucun mal à devenir universelle. On devine que les évêques de nos régions, aussi pauvres en prêtres que l’Amazonie, à Langres, à Rodez, à Auch, ne vont pas tarder à demander à pouvoir ordonner prêtres leurs diacres permanents. Le célibat sacerdotal à l’imitation du Christ, gloire ascétique de l’Eglise romaine, aura vécu.

     

    * L'abbé Claude Barthe dirige la lettre mensuelle internationale (français, anglais et italien)d'analyse et de prospective Res Novae, proposée en version papier et en version numérique.

  • Synode amazonien : un document conclusif sans surprise(s)

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    De Sandro Magister en traduction française sur diakonos.be :

    Les prêtres mariés passent difficilement.  Les femmes diacres recalées.  Les critiques d’un Père synodal

    Le Synode sur l’Amazonie a terminé ses travaux aujourd’hui 26 octobre avec le vote point par point du document conclusif.  Mais ce document n’a aucun effet normatif.  Il a été simplement remis au Pape François afin qu’il décide lui-même quoi faire et qu’il le mette par écrit dans une exhortation post-synodale.

    Les lecteurs trouveront ci-dessous une anthologie des points principaux du documents avec les votes respectifs pour et contre.

    Mais comme guide de lecture, il est conseillé de d’abord jeter un œil au bilan de ce synode publié hier en plusieurs langues – y compris en chinois – par « Asia News », l’Institut pontifical des missions étrangères.

    L’auteur est un missionnaire Uruguayen invité au synode par le Pape François, Martín Lasarte Topolanski, que les lecteurs de Settimo Cielo connaissent déjà et dont ils ont pu apprécier le précédent commentaire.

    Il dresse, pour ce synode, la liste des dix choses qui lui ont plu et des neuf choses qui lui ont déplu.

    On trouvera le texte intégral de ce double « vote » sur « Asia News ».  Nous reproduisons ci-dessous une synthèse abrégée de ses commentaires critiques :

    *

    Les neuf choses qui ne m’ont pas plu dans ce synode

    par Martín Lasarte

    1. Une énergie excessive gaspillée sur des problèmes intra-ecclésiaux, en particulier sur celui des « viri probati » et des « diaconesses ». Ce sujet, qui ne faisait pas totalement consensus, a consommé beaucoup de forces au détriment de la qualité des autres aspects qui eux faisaient consensus.
    2. Une auto-référentialité régionale. Synodalité avec ceux qui pensent comme moi.  Autonomie et pluralisme avec ceux qui pensent autrement, comme dans le cas des Églises sœurs en Asie, en Europe et en Afrique.  Je pense que le thème de la synodalité avec l’Église universelle aurait dû être davantage présent en ce qui concerne les ministères ordonnés.
    3. Il a manqué un plus sens plus profond d’autocritique ecclésial. Je fais référence à la faible incidence pastorale de ces cinquante dernières années dans les diverses réalités ecclésiales d’Amazonie.  Quelles sont les causes de cette pauvreté pastorale et de son infertilité ?  À mon avis, on n’a pas suffisamment abordé les thèmes de l’idéologisation sociale du ministère pastorale et du manque d’un témoignage crédible, cohérent et resplendissant de sainteté des ministres (phénomène de nombreux abandons de la vie religieuse et sacerdotale, ou de vue ambigüe).
    4. De nouvelles pièces sur un vieux vêtement. À mon avis, on n’a pas abordé les problèmes les plus profonds de l’évangélisation.  Quelles sont les nouveaux chemins proposés par le synode ?  Uniquement de nouvelles structures et les ordinations de « viri probati ».  Il me semble de ces nouveautés soient extrêmement pauvres.  De mon point de vue, les nouveaux vêtements que nous devrions endosser avec une nouvelle ferveur consistent en un problème de foi : revêtir le Christ.
    5. On parle d’un « rite amazonien » pour la liturgie. On risque de tomber dans une expérimentation théorique de laboratoire.  Il ne fait aucun doute que l’inculturation de l’Évangile dans la liturgie et dans la vie des communautés amazoniennes soit indispensable mais cela devrait être fait dans la vie concrète et petit à petit, avec une adaptation raisonnable et en prenant le temps de décanter ce qui est réellement authentique dans la culture et de ce qui est vraiment susceptible de transmettre le mystère chrétien avec des symboles et des expressions originales, en évitant une « folklorisation » superficielle et générique.
    6. La cléricalisation des laïcs. Il aurait été possible de résoudre le problème des éventuelles ordinations au sacerdoce des hommes mariés par les voies ordinaires déjà possibles et praticables dans l’Église.  Mais, malheureusement, « le » thème du synode a été l’ordination des hommes mariés, tandis que les autres thèmes sont restés dans l’ombre.
    7. Une vision sécularisée des ministères, en particulier de celui de femmes en tant que « diaconesses ordonnées. » Quand ce thème a été abordé, ce sont uniquement des motivations civiles qui sont mises en avant […] sous la forte pression de la culture dominante.  Il m’a semblé qu’’un certain sens parlementaire a été assez présent : « nous sommes les représentants des peuples d’Amazonie et nous devons porter leurs revendications ».
    8. Le danger d’une église transformée en ONG. On réduit le mystère, la vie et l’action de l’Église à des activités de « conseil » et de service social.  Cette réduction me semble être très présente dans la sensibilité de plusieurs participants au Synode.
    9. L’atmosphère du synode a été assez sereine, fraternelle et respectueuse, mais à la fin certains ont présenter les choses de façon assez clivante. D’une part un club de pharisiens qui serait attaché à la doctrine et effrayé par la nouveauté, et donc fermé à l’Esprit Saint et de l’autre ceux qui écoutent le « sensus fidei » du peuple, sans avoir peur, ouvert à la nouveauté et donc dociles à l’Esprit Saint.  Nous ne pouvons qu’admirer cet Esprit Saint venu si bien préparé et si bien organisé.

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