Certains croyaient que Mgr De Kesel allait s'identifier au politiquement et culturellement correct mais voilà qu'il vient de blasphémer en affirmant le droit des institutions hospitalières catholiques de refuser de pratiquer l'avortement ou l'euthanasie. Et La Libre de relever :
Débats - Page 526
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Cet homme a blasphémé !
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Nouveau à Liège : une formation pour « Panser la Société » avec Alliance Vita et l’Institut Européen de Bioéthique
Pour ne pas en rester au constat d’une société blessée, qui se désagrège faute de repères vitaux, chacun a besoin de prendre sa place dans la construction d’une nouvelle culture de vie. Que faire alors ?
Avec le concours de l’Institut Européen de Bioéthique (Bruxelles), nous accueillerons prochainement à Liège quatre soirées de formation de l’ « Université de la Vie » sur le thème « Panser la société ».
Ces formations s’adressent de préférence à des personnes actives ou désireuses de s’investir dans les soins, l’écoute et l’accueil de la souffrance physique ou psycho-sociale. Tous les secteurs de la bioéthique sont ici concernés : procréation, maternité, fragilité sociétale, fin de vie.
C’est organisé depuis Paris par l’association
« Alliance Vita » (http://www.alliancevita.org/2015/06/agir ),
en visio-conférence simultanée. Liège sera parmi les 113 villes françaises et européennes interconnectées aux mêmes jours et heures par grand écran interposé : pour nous, les quatre séances se tiendront à l’ « Espace Prémontrés », rue des Prémontrés, 40, salle Beaurepart (entrée par la cour).
- le lundi 11 janvier 2016, de 20h15 à 22h30 : l’ancrage personnel dans l’action ;
- le lundi 18 janvier 2016, de 20h15 à 22h30 : l’action humanitaire auprès des plus fragiles ;
- le lundi 25 janvier 2016, de 20h15 à 22h30 : l’action politique pour le droit et la justice ;
- le lundi 1er février 2016, de 20h15 à 22h30 : l’action globale pour une culture de la vie.
Les intervenants d'Alliance VITA - François-Xavier Pérès, Tugdual Derville, Caroline Roux, Henri de Soos, Valérie Boulanger, Blanche Streb et le docteur Xavier Mirabel - seront accompagnés cette année de 4 fondateurs d’œuvres destinées aux personnes fragiles et de 5 grands experts qui apporteront leur éclairage.
La qualité du panel des intervenants et la participation des témoins réunis à Liège nous offriront un moment d’échange et de dialogue pour prolonger ensemble la réflexion.
Que faire pour s’inscrire ?
►Soit remplir vous-même le formulaire sur le site http://www.universitedelavie.fr
►Soit communiquer directement vos coordonnées complètes (nom, adresse, téléphone, adresse e-mail) à l'adresse suivante : willemaers.yves@gmail.com
ou téléphoner à la coordination locale (04.344.10.89 ou 087.22.54.76) pour que nous puissions procéder à votre inscription : en ce cas, le paiement de celle-ci sera perçu sur place, à l’entrée de la première conférence.
Pour participer à ce cycle de formation, l’inscription est obligatoire. Trois tarifs vous sont proposés
tarif normal : 30€ pour les 4 soirées
tarif couple : 25 € pour les 4 soirées
tarif réduit : 15€ pour les 4 soirées (tarif réservé aux étudiants sur présentation de leur carte les jours de l’événement)
N'attendez pas ! Inscrivez-vous dès à présent et invitez vos amis.
Pour tous renseignements : tel. 087.22.54.76 ou 04.344.10.89
Yves Willemaers
Coordonnateur-Liège
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Thomas d'Aquin était-il gay friendly ?
C'est ce que l'on pourrait croire en lisant le livre d'Adriano Oliva intitulé "Amours", mais cinq dominicains réfutent cette "thèse" (source) :
Thomas d’Aquin et l’homosexualité
Cinq dominicains répondent à Adriano Oliva
Est-ce qu’un thomisme “gay-friendly” va devenir tendance dans le futur ? Est-ce la prochaine étape d’une théologie universitaire sophistiquée ? Telle est l’impression donnée par le médiéviste Adriano Oliva dans son nouveau livre, Amours, publié en français et en italien. Le travail vise un large public. Entre autres choses, le dominicain italien appelle à une révolution dans la pratique pastorale de l’Église à l’égard des divorcés remariés civilement ainsi que des personnes homosexuelles sexuellement actives. De nombreuses prétentions d’Oliva s’enracinent dans une nouvelle interprétation de Thomas d’Aquin. Le livre a déjà provoqué un scandale significatif. Dans ce qui suit, cinq Dominicains (trois de l’Angelicum à Rome et deux de la Dominicain House of Studies, à Washington, DC) répondent à la lecture erronée que fait Oliva du Docteur angélique. Nous allons examiner quatre grandes interprétations et utilisations abusives de saint Thomas. Nous commençons par son traitement du mariage, qui conduit tout droit à sa position qu’un critique a qualifié de “Thomisme gay.” Toutes les références sont faites à partir de l’édition française.
1) Première erreur : Séparer le lien du mariage du bien des enfants
Oliva sépare les deux parties essentielles du mariage que Thomas d’Aquin tient fermement ensemble. Saint Thomas note que le mariage s’établit par le consentement du couple. Ce qui survient dans la cérémonie de mariage. Pour saint Thomas, le lien du mariage a une double finalité : 1) la procréation et l’éducation des enfants, et 2) la croissance du couple dans l’amour et le soutien mutuel à travers leur vie commune. Pourtant Oliva prétend que, pour saint Thomas, la procréation ne fait pas partie de « l’essence du mariage » (Amours, p. 20). Comme le montre la conclusion du livre, Oliva soutient que saint Thomas peut nous aider à penser le mariage dans une complète abstraction de la procréation et du bien des enfants. Il déclare (p. 113) : « De même que dans le couple hétérosexuel chacun est poussé à se transcender dans l’amour de l’autre, et ceci non à travers l’ouverture à la procréation qui ne fait pas partie de l’essence du mariage, mais à travers l’amour indissoluble pour le conjoint … ».
Rien de tout ceci se trouve dans saint Thomas. Bien au contraire, le Docteur angélique insiste sur le fait que « le bien des enfants est la fin principale du mariage » (Commentaire sur les Sentences, livre 4, distinction 33, question 1, article 2, corpus). Nulle part saint Thomas ne dit que le bien des enfants est optionnel pour le mariage. Là où saint Thomas unit l’amour mutuel du couple et la charge de leurs enfants, Oliva divise.
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Quand la Suède refuse l'asile à des chrétiens d'Irak
CEDH : la Suède refuse l’asile à des chrétiens d’Irak (source : Liberté Politique)
L’Aide à l'Église en Détresse, SOS-Chrétiens d’Orient et l’ECLJ ont été autorisés par la Cour européenne des droits de l’homme à témoigner de la situation des chrétiens en Irak, à l’occasion d’une affaire introduite par un couple d’Irakiens catholiques contestant à Strasbourg le refus des autorités suédoises de leur accorder l’asile.
La Cour européenne doit juger si la situation en Irak permet ou non le renvoi de ce couple dans leur pays d’origine.
Pour éclairer la Cour, l’European Center for Law and Justice s’est associé à deux organisations de terrain, l’Aide à l’Église en Détresse et SOS-Chrétiens d’Orient, afin d’apporter des informations et témoignages récents et concrets, rendant compte de la complexité des situations locales. L’Aide à l’Église en Détresse et SOS-Chrétiens d’Orient œuvrent en soutien aux communautés chrétiennes persécutées, afin notamment de les aider à demeurer dans leur pays.
Dans le mémoire remis à la Cour, ces organisations rappellent le véritable exode des chrétiens dans ce pays dont ils constituaient 10% de la population il y a encore deux décennies. Depuis, ils ont été chassés par les attentats, les persécutions et surtout aujourd’hui par l’organisation « État islamique ». Il ne reste tout simplement plus de chrétiens à Mossoul et depuis des années, des attentats meurtriers parsèment la vie des derniers chrétiens dans l’ensemble du pays.
Le mémoire contient aussi six témoignages récents de chrétiens vivants en Irak : ils racontent comment leur vie a été bouleversée, comment ils ont perdus des proches et leurs biens matériels, comment ils ont dû fuir devant l’avancée de l’islam radical, et comment l’Église constitue leur principal et ultime soutien.
L’ECLJ espère que ces observations permettront à la Cour de prendre la juste mesure de l’ampleur du désastre que vit ce pays et des conditions de vie des chrétiens qui y demeurent encore grâce notamment à l’aide d’organisations comme l’Aide à l’Église en Détresse et SOS-Chrétiens d’Orient.Grégor Puppinck est directeur de l'ECLJ.
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Le cdH s'oppose fermement à la gestation pour autrui
De genethique.org :
LE CDH S’OPPOSE FERMEMENT À LA GPA EN BELGIQUE
Au terme d’un an de travail en commission et d’auditions[1], le Sénat belge a approuvé un « rapport d’information »[2] qui entend répondre à la question : « faut-il encadrer légalement la pratique des mères porteuses ?»[3](cf. Gènéthique du 7 décembre 2015).Le Sénat belge n’a pas le pouvoir de légiférer, cependant ce rapport, qui n’a pas valeur de recommandations, pourrait servir de base à une proposition de loi, si la Chambre des représentants venait à se saisir de cette « question délicate ». Ce que la sénatrice Christine Defraigne du groupe MR[4], qui avait déjà déposé en 2003 une proposition de loi sur ce sujet, souhaite voir advenir « rapidement ».Lors de l’examen au Sénat de ce rapport, un premier point, soulevé par le Comité des femmes belges francophones a été évoqué, mais rapidement balayé: ce comité dénonçait un conflit d’intérêt entre « la qualité de co-rapporteur et la fonction de Madame de Sutter », gynécologue spécialisée en médecine reproductive. Alors que pour cette même raison le Conseil de l’Europe a, pour sa part, reporté l’examen du projet européen de résolution sur la GPA, (cf. Gènéthique du 24 novembre 2015) le Sénat en a simplement « dit un mot » durant la séance, n’estimant pas nécessaire de le retranscrire dans le rapport ou de reporter l’examen.Contenu du rapportA l’exception du groupe cdH (centre démocrate Humaniste), les groupes politiques souhaitent« interdire et sanctionner pénalement les GPA commerciales » tout en encadrant la GPA « purement altruiste » « à de strictes conditions », incluant cependant « une compensation financière pour la mère porteuse ». Leur objectif est de « déterminer un cadre légal clair et assurer une sécurité juridique aux différentes parties en présence, à savoir la mère porteuse, les parents d’intention et l’enfant à naitre ».La question d’une règlementation internationale a également été abordée, sans qu’un consensus n’ait été trouvé entre les différents groupes politiques.Toutefois Anne Barzin, du groupe MR, a soulevé timidement quelques « inquiétudes » concernant« le contrôle de l’aspect commercial que pourraient malgré tout prendre certaines GPA » et les« conséquences psychologiques de cette situation sur l’enfant ». « Quelle place donner à cette personne [la mère porteuse] vis-à-vis de l’enfant ? Comment celui-ci trouvera-t-il ses repères entre sa mère porteuse et sa mère ? ». Car contrairement aux parents d’intention et à la mère porteuse, l’enfant « n’aura pas fait le choix de manière délibéré de se retrouver dans cette situation ».Position du cdHAu terme de ces travaux, les divergences subsistent. Le groupe cdH s’est particulièrement démarqué, souhaitant pour sa part interdire la GPA, qu’elle soit « commerciale » ou « altruiste ». Le sénateur François Desquesnes a notamment rappelé que « le législateur n’est pas là seulement pour organiser une pratique nouvelle que la science permet dorénavant de réaliser, il est là pour apprécier si cette avancée est aussi un progrès pour la société et pour l’homme (…) la réponse [face à une avancée de la science médicale] ne doit pas être automatiquement ‘oui’». Expliquant ensuite que la différence entre les couples lesbiens ou hétérosexuels et les couples gays était « de nature physiologique », il a réfuté l’idée d’une « discrimination entre les couples dans la législation belge actuelle ». Cette différence qui peut être qualifiée d’ « inégalité de fait », ne peut donc « justifier que les droits fondamentaux d’une personne [ici de la mère porteuse] soient réduits ou amoindris ».La sénatrice Véronique Waroux s’est également exprimée en séance, expliquent que « ces auditions ont clairement fait évoluer son approche personnelle sur ce sujet éthique ». Déclarant « en avoir entendu ‘de toutes les couleurs’ » au cours des auditions, et bien qu’ « initialement sincèrement ouverte à cette méthode particulière de maternité, pensant à des familles qui souffrent du mal d’enfants », elle dit aujourd’hui « non à la GPA ». En effet « légiférer sur la GPA, ce n’est pas simplement répondre à la souffrance d’un couple en manque d’enfant, c’est surtout prévoir comment répondre à toutes les souffrances nouvelles potentiellement générées par cette GPA ». Or à ce jour« force est de constater, au vu des divergences d’opinions entre partis (…) que nous manquons de réponses concluantes ».Elle a énoncé avec force la position contestée de son parti : « Puisqu’une grossesse n’est pas un acte banal et peut mettre en danger la mère porteuse, puisque nous manquons de données statistiques, d’études sérieuses et de recul sur les répercussions psychologiques de cette pratique, vu le très large éventail de questions soulevées par la GPA, vu le grand nombre de problème entraperçus lors des auditions et l’impossibilité de tout prévoir, nous disons non à la GPA !»S’opposant a une demi mesure distinguant GPA altruiste et commerciale, elle a déclaré : « La législation sur la GPA ouvre dangereusement une porte sans savoir avec précision ce qui se cache derrière elle. De plus, on ne peut que l’ouvrir complètement. Impossible de se contenter de l’entrouvrir car toute restriction sera assimilée à de la discrimination ». Ce que François Desquesnes a appuyé :« Le distinguo entre la GPA commerciale et la GPA altruiste ou non commerciale peut se comprendre et se défendre intellectuellement. Mais, dans les faits, il nous semble que les limites sont complexes et difficiles à respecter et à contrôler quand on crée un mécanisme qui, d’une façon ou d’une autre, aboutit à de l’offre et à de la demande».___________________________
[1] 25 personnes ont été entendues dans le cadre des auditions.
[2] Le rapport n’est pas encore disponible.
[3] Actuellement en Belgique, la « pratique des mères porteuses » n’est ni interdite ni encadrée légalement. Les règles de la PMA et de l’adoption sont « bricolées » et appliquées dans les quatre centres qui pratiquent la GPA.
[4] Mouvement Réformateur.
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La gestation pour autrui (GPA) fermement condamnée au Parlement Européen
Du bulletin de l'IEB :
Parlement Européen : ferme condamnation de la Gestation Pour Autrui
Ce jeudi 17 décembre 2015, le Parlement européen a voté son rapport annuel sur les droits de l’Homme et la démocratie dans le monde 2014 et sur la politique de l’Union européenne. Dans son paragraphe 114, les parlementaires ont pris pour la première fois dans l’histoire de l’Union européenne une position sur la Gestation Pour Autrui (GPA).
C’est ainsi que le Parlement européen "condamne la pratique des mères porteuses, qui porte atteinte à la dignité humaine de la femme dans son corps et ses fonctions de reproduction utilisés comme une marchandise ; considère que la pratique de la gestation pour autrui qui implique l'exploitation de la reproduction et l'utilisation du corps humain pour un gain financier ou autre, en particulier dans le cas des femmes vulnérables dans les pays en développement, est interdite et considérée comme une question d'urgence dans les instruments des droits de l'homme".
Une majorité claire des parlementaires ont ainsi réaffirmé leur opposition à la GPA. (Vote nominatif des parlementaires , p. 105)
Source : Parlement européen.Dossier de l'IEB : "Faut-il légaliser la gestation pour autrui?"
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François : un pape entre adulation et critiques
De l'Agence de presse catholique IMedia-info.org :
Le pape François, entre popularité mondiale et résistances au sein de l’EglisePrès de trois ans après l’élection du pape François au trône de Saint-Pierre, son pontificat semble avoir atteint un certain tournant. Si auprès d’une bonne partie des catholiques, mais aussi des non-croyants, François jouit toujours d’une grande popularité, il n’en est pas toujours de même avec le clergé, et encore moins au sein de son propre gouvernement, où une colère sourde semble gronder.
Le pape François, qui fête ses 79 ans ce 17 décembre 2015, semble toujours bénéficier d’une grande popularité chez les fidèles catholiques. Il suffit de constater l’enthousiasme des foules venues à sa rencontre au Vatican ou lors de ses récents voyages pour constater que cette popularité se confirme aux quatre coins de la planète. Pour autant, le pape ne fait pas l’unanimité chez les catholiques, certains reprochant au pape une forme de démagogie à l’origine de cette popularité.Démagogue, le pape ? Dans son essai Le pape François, un combat pour la joie (Le Passeur Editeur), le vaticaniste de l’Agence France Presse Jean-Louis de la Vaissière tente de dépasser ce préjugé. L’auteur reconnaît volontiers que certaines plaisanteries de ce pape qui parle de Don Camillo ou se présente comme un “curé de campagne“, sont démagogues. Mais François, croit-il savoir, est “volontairement démagogue“, dans le but de “montrer que l’Evangile n’est pas loin des gens“. Mais pour les catholiques soucieux du respect de la doctrine et de la tradition, le pape va justement trop loin dans ce dialogue avec les non croyants ou avec les fidèles d’autres religions. Il suffit de voir ce mouvement lancé sur Twitter accompagné du hashtag#NotMyPope (Pas mon pape), publiant des photos du pape dans des situations jugées alarmantes : avec un moine bouddhiste, un rabbin, un imam, etc.
Mais les critiques vont au-delà de la forme, à savoir le comportement parfois peu protocolaire du pape François. D’autres fidèles, perturbés par ses discours ou décisions - la réforme des procès en nullité de mariage, par exemple -, “ont très peur de ce qu’ils voient comme une insécurité doctrinale“, ou le fait de “privilégier la miséricorde sur la vérité“, constate Jean-Louis de la Vaissière. Pourtant, estime le vaticaniste, “ces six derniers mois ont montré que l’Eglise ne renie rien de sa doctrine : elle ne juge pas, mais ne se renie pas“. Pour lui, le pape “ne cède rien“, il a seulement “l’esprit dialectique d’un jésuite, et respecte les non-croyants, les agnostiques, voire même les anticléricaux s’il estime que ce sont des hommes bons“.
Crispation au sein de l’Eglise
Au sein du clergé, les opinions sont aussi mitigées sur ce pape qui n’est pas toujours tendre avec les prêtres. Carriérisme, mondanités, corruption, bureaucratie, ou encore la rigidité des prélats qui “mordent“, tout y passe. “Ceux qui sont honnêtes le prennent mal, et cela crée un vrai malaise“, reconnaît Jean-Louis de la Vaissière. Mais c’est surtout au sein de son propre gouvernement que François semble rencontrer les plus grandes difficultés. Si sa diatribe contre les “15 maladies“ de la curie, lors de ses vœux de Noël de 2014, est encore restée dans les esprits, c’est aussi la réforme de la curie qui suscite “des inquiétudes sur les postes qui seront supprimés“, relève le spécialiste de l’AFP. “Ces derniers mois ont laissé la place à des séries d’audits, de créations de commissions. Il y a un sentiment de flou, très mal vécu en interne“, confirme ainsi Marie Duhamel, journaliste à Radio Vatican, qui vient de publier un “livre-objet“ particulièrement réussi : Pape François (éditions Mame).
La méthode employée par le pape, qui a choisi de s’entourer d’une garde rapprochée de neuf cardinaux n’ayant pas fait carrière à la curie romaine, est aussi vivement critiquée. De nombreux prélats ‘anciens de la curie’ regrettent ainsi de ne pas être plus consultés. Les proches du pape, eux, avancent que la réforme de la curie sera avant tout spirituelle, à travers un changement des mentalités. En lançant le grand Jubilé de la miséricorde, le pape François semble lancer un nouveau pari, au peuple entier des fidèles, mais aussi à ces détracteurs, comme une invitation à la réconciliation. Reste à savoir si le message sera entendu partout. BL
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Synode sur la famille : encore des divergences sur les conclusions
Lu sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :
« Initialement publié aux États-Unis par le National Catholic Register, cet article du cardinal Raymond Leo Burke revient sur un commentaire du Père Spadaro à propos de la quatorzième assemblée ordinaire du Synode des évêques. Nous en publions la version française avec l'autorisation de son auteur.
Dans le numéro du 28 novembre 2015 de La Civiltà Cattolica, le Père Antonio Spadaro, s.j., directeur de la publication et Père synodal, offre un résumé des travaux de la quatorzième assemblée ordinaire du Synode des évêques, consacré à la vocation et à la mission de la famille (pp. 372-391). Bien que l’auteur fasse de nombreuses affirmations sur la nature et le travail du Synode des évêques, qui requièrent un commentaire critique dans une étude plus longue, une affirmation qui nécessite un commentaire immédiat est ainsi résumée par l’auteur :
« Le Synode a aussi voulu toucher les personnes et les couples blessés afin de les accompagner et de les guérir dans un processus d’intégration et de réconciliation sans barrières. Pour ce qui est de l’accès aux sacrements de ces divorcés et remariés civilement, le Synode a élaboré la voie du discernement et du “for interne”, posant des fondations et ouvrant une porte qui, tout au contraire, avait été maintenue fermée par le précédent synode » (1).
Je laisse de côté le fait que des déclarations publiques de plusieurs Pères synodaux affirment le contraire, c’est-à-dire qu’elles affirment que le Synode a maintenu la pratique constante de l’Église quant à ceux qui vivent dans une union irrégulière. Alors que la formulation des § 84 à 86 du Rapport final du Synode manque de clarté sur les vérités fondamentales de la foi, de la Sainte Eucharistie et du sacrement du mariage, le même manque de clarté se manifeste désormais dans des déclarations publiques de Pères synodaux.
Le fait est que le Synode ne pouvait pas ouvrir une porte qui n’existe pas et qui n’existera jamais, à savoir : un discernement de conscience qui entre en contradiction avec la vérité sur le caractère éminemment sacré de la Très Sainte Eucharistie et de l’indissolubilité du lien du mariage. Le Synode, comme l’Église l’a toujours enseigné et pratiqué, a voulu manifester son amour envers une personne qui se trouve dans une situation qui n’est pas cohérente avec l’enseignement du Christ et de son Église. L’amour de la personne, à l’image du Christ, n’est pas « intégration et réconciliation sans barrières » car il est fondé sur les vérités irremplaçables de la nature et de la grâce, et est ordonné au bien des personnes et de la communauté dans son ensemble. L’amour, à l’image du Christ, accompagne l’individu sur le chemin du repentir et de la réparation de telle sorte qu’il puisse de nouveau être disposé à rencontrer le Christ dans les sacrements.
Le chemin du discernement sur lequel le prêtre accompagne le pénitent qui vit dans une union irrégulière, aide ce dernier à conformer de nouveau sa conscience à la vérité de la Sainte Eucharistie et à la vérité du mariage auquel il est lié. Comme l’Église l’a constamment enseigné et pratiqué, le pénitent est conduit au « for interne » à vivre chastement dans la fidélité au lien existant du mariage, même s’il semble vivre avec une autre personne de manière maritale, et ainsi pouvoir accéder aux sacrements d’une manière qui ne soit pas objet de scandale.
Le saint pape Jean-Paul II a décrit la pratique de l’Église sur le « for interne » au n° 84 de Familiaris Consortio. La Déclaration du Conseil pontifical pour les Textes législatifs du 24 juin 2000 illustre l’enseignement du n° 84 deFamiliaris Consortio. Ces deux documents sont référencés dans le Rapport final du Synode mais, malheureusement, de manière trompeuse.
Donner l’impression qu’il y a une autre pratique du « for interne » qui autoriserait une personne se trouvant dans une situation irrégulière d’avoir accès aux sacrements, c’est suggérer que la conscience peut se trouver en conflit avec la vérité de la foi. Une telle suggestion place clairement les prêtres dans une situation impossible en fournissant l’espérance qu’ils peuvent « ouvrir une porte » au pénitent, qui, de fait, n’existe pas et ne peut pas exister.
Enfin, et au plus grand détriment de l’Église universelle, cela crée l’espérance que le Pontife romain peut cautionner une pratique contraire aux vérités de la foi. Le Synode des évêques, en accord avec sa nature et son objet, ne peut pas être l’instrument d’une telle espérance.
Raymond Leo cardinal Burke"
- « Il Sinodo ha pure volute toccare le persone e le coppie ferite per accompagnarle e sanarle in un processo di integrazione e di riconciliazione senza barriere. Circa l’accesso ai sacramenti dei divorziati risposati civilmente, il Sinodo ha formulato la via del discernimento e del “foro interno”, ponendone le basi e aprendo una porta che invece nel Sinodo precedente era rimasta chiusa». « Sommario », La Civiltà Cattolica, n° 3970, 28 novembre 2015, p. 309.
Ref. Cardinal Burke : La vérité sur la 14e assemblée ordinaire du Synode des évêques ?
Les cardinaux Sarah et Napier ont également rejeté l’interprétation du P. Spadaro, cependant proche du pape François.
JPSC
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Prêtres mariés : le serpent de mer va-t-il refaire surface ?
Après deux synodes des évêques focalisés, avec un succès très relatif, sur le thème des divorcés-remariés, le pape François s’apprête-t-il à convoquer le synode suivant sur la question-fétiche de l’ordination de prêtres mariés? Pour mémoire, le synode réuni par Paul VI en 1971 s'était soldé par une réponse négative à ce sujet. Lu sur le « Forum catholique » :
« Le dernier article de Sandro Magister est particulièrement intéressant car il fait un lien direct entre la prochaine visite du Souverain pontife au Mexique en février 2016... et le prochain Synode qui portera sur les prêtres mariés . Or, dans ce pays avait eu lieu une expérience encourageant la naissance d'un clergé marié, chose vue défavorablement par Saint Jean-Paul II mais qui, avec François, est de nouveau autorisé dans le but éventuel de l'étendre dans le monde. Voici l'article de Sandro Magister sur le sujet :
« Pendant les quarante ans d’épiscopat - de 1959 à 2000 - de l’évêque Samuel Ruiz García, le diocèse de San Cristobal de Las Casas était devenu un terrain d’expérience, observé par beaucoup de parties du monde, en vue de la création d’un clergé indigène marié.
L’étape significative conçue pour atteindre cet objectif fut l'ordination, dans ce diocèse, d’un très grand nombre de diacres indigènes mariés, dont on prévoyait que, un jour, ils pourraient aussi être ordonnés prêtres. Toutefois, sous le pontificat de Jean-Paul II, Rome portait sur l’expérience un regard défavorable. Et après un examen de l’affaire confié aux principaux dicastères de la curie, la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements interdit, le 20 juillet 2000, l’ordination de diacres supplémentaires dans ce diocèse, la dernière ordination de ce type ayant eu lieu au mois de janvier de la même année, à la fin du long épiscopat de Ruiz García.Au mois de mars, Felipe Arizmendi Esquivel a succédé à Ruiz García comme nouvel évêque. Et, dans la lettre qui lui interdisait de continuer dans la même voie que son prédécesseur, Rome déplorait le fait que "au cours des 40 dernières années, 8 prêtres seulement avaient été ordonnés dans le diocèse de San Cristobal de Las Casas, contre plus de 400 diacres"
Aujourd’hui, d’après les chiffres fournis par l'Annuaire pontifical, il y a encore dans ce diocèse plus de 300 diacres, alors qu’il ne reste plus que quelques dizaines de prêtres. Ce qui donne à penser que les choses n’ont pas tellement changé.Au contraire la levée par le Saint-Siège de l’interdiction d’ordonner de nouveaux diacres, au mois de mai 2014, François étant pape, et l'annonce d’une prochaine visite du souverain pontife dans ce diocèse ont été interprétées comme un feu vert donné à la reprise de cette expérience, cette fois-ci avec la possibilité d’en arriver véritablement à la création d’un clergé indigène marié, non seulement au Chiapas mais également dans d’autres régions du monde, en particulier en Amérique latine.
Or voici que l’évêque Arizmendi Esquivel nous écrit que le fait de présenter la visite prochaine du pape François comme un soutien apporté à cette solution est au contraire quelque chose de très "négatif" pour le diocèse. Et il explique pourquoi : "Nous ne voulons pas un clergé marié. Cette idée avait été envisagée précédemment, mais on n’y pense plus aujourd’hui. Le développement de notre séminaire est une grâce inexplicable. Il y a seize ans, en 2000, il y avait 20 séminaristes. Aujourd’hui ils sont 76, presque tous originaires du Chiapas, dont 42 sont indigènes, sans préjugés idéologiques en ce qui concerne le célibat. Nous avons déjà 8 prêtres indigènes célibataires conformément aux règles. Les diacres mariés ne m’ont jamais indiqué qu’ils aspiraient à un sacerdoce marié. En 2000, il y avait 66 prêtres, provenant en majorité d’autres diocèses et de congrégations religieuses ; aujourd’hui nous en avons 101, avec une croissance notable du clergé local".
Le "manque de ministres ordonnés" était le premier des "thèmes essentiels" que le cardinal Carlo Maria Martini, en 1999, souhaitait voir discutés par une Église qui aurait été en état de synode permanent. La solution à ce problème étant bien évidemment, de manière sous-entendue, celle qui aurait consisté à ajouter des prêtres mariés aux prêtres célibataires dont le nombre était en déclin.
Le Chiapas avait été, pendant les quarante dernières années du XXe siècle, le symbole de ce manque de prêtres célibataires, qu’il fallait pallier par une abondante moisson de prêtres mariés et indigènes. Mais aujourd’hui les choses ont changé, d’après le témoignage donné par l’évêque de San Cristobal de Las Casas. C’est peut-être une "grâce inexplicable" mais, dans ce diocèse, un clergé célibataire et indigène est en pleine floraison, tandis que la campagne en faveur d’un clergé marié s’est éteinte.
Quelle leçon le pape François va-t-il en tirer ? »Ref. l'ordination de prêtres mariés : une expérience qui a mal tourné
Un bon évêque suffit souvent à changer la donne, comme l’a montré le quinquennat de Mgr Léonard à la tête de l’archevêché de Malines-Bruxelles. La réciproque se vérifie aussi, tant il est vrai que le poisson périt toujours par la tête (proverbe chinois).
JPSC
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Analyse géopolitique d'une crise sans précédent
Lu sur le site de l'Homme Nouveau :
Géopolitique d’une crise sans précédent
Rédigé par Thomas Flichy de La Neuville le dans Société
La politique au Moyen-Orient manque pour le moins de clarté, entre les États-Unis qui ont mis en place un double jeu et les pays du Golfe devenus des paradis financiers. Face à l’État islamique, les forces en présence sont mal préparées. Les migrations en masse font-elles partie d’une politique de grande envergure, aux effets pervers voire meurtriers ? Exposé d’échanges fructueux entre diplomates et universitaires lors d’un colloque au Liechtenstein, suite aux attentats du 13 novembre.
De toute évidence, les États-Unis ne se sont pas décidés à la destruction rapide de l’État islamique. Comment l’expliquer ? Une hypothèse serait que les États-Unis connaîtraient actuellement une transition diplomatique. Celle-ci se ferait avec lenteur en raison du poids de la bureaucratie et déboucherait logiquement sur des contradictions passagères au sein de leur politique moyen-orientale. Le département d’État a ouvert un dialogue avec l’Iran, il reconnaît la nécessité d’une solution politique en Syrie, toutefois, cette inflexion ne tarit pas les ventes d’armes vers l’Arabie Saoudite, qui remontent inévitablement vers l’Irak et la Syrie.
De leur côté, les pays du Golfe ont fait évoluer leur économie au cours de la décennie passée. Jadis fondée exclusivement sur le pétrole, celle-ci s’est financiarisée au point que ces principautés sont devenues les nouveaux paradis fiscaux de la planète, remplaçant des pays comme le Luxembourg. Couvrant les transactions troubles avec le maximum d’opacité, leurs gouvernements ont criminalisé le dévoilement d’information sur les comptes bancaires.
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Quelle réponse apporter face à la violence de l'islam ?
Quelle réponse face à la violence de l'islam ?
Une interview d'Annie Laurent parue le (dans Société) sur le site de l'Homme Nouveau :
Fondatrice de l'association Clarifier et spécialiste du monde arabe, Annie Laurent répond à quelques questions pour clarifier notre situation face à un islam déroutant.
Quelle est votre analyse sur la situation de l'islam en France et en Europe après les attentats de l'année 2015 (Charlie, Hyper Casher et Bataclan) ?
Pour moi, ces agressions (et n’oublions pas Toulouse, Montauban et Grenoble, ainsi que les attentats manqués dans le Thalys et l’église de Villejuif) sont le signe évident de la faillite de la France et de l’Europe en ce qui concerne l’intégration des musulmans. Ce qui me frappe c’est que le recours à la violence se déploie parmi les jeunes générations issues d’ascendants immigrés musulmans qui, il y a quarante ou cinquante ans, semblaient vouloir vraiment devenir pleinement français, c’est-à-dire adopter nos mœurs, notre culture et nos traditions, autrement dit aimer la France avec tout ce qui la constitue. Aujourd’hui, on assiste à un rejet croissant et massif, voire haineux, de tout cela. En se réislamisant, en s’organisant sur le mode communautariste, en multipliant les revendications confessionnelles, les musulmans de France expriment leur refus de s’assimiler, démarche qui relève d’une volonté libre, comme l’explique très bien Malika Sorel-Sutter dans son dernier livre, Décomposition française (1), dont je recommande la lecture. Le plus terrible à mes yeux c’est que nos élites, par leur aveuglement et leurs utopies idéologiques, ont favorisé cette évolution dangereuse qui menace la cohésion nationale et la paix civile. La déchristianisation et le développement de l’indifférentisme religieux ont aussi leur part dans ce processus délétère qui conduit tant de nos jeunes compatriotes à se faire musulmans et même à s’enrôler dans le djihad. Il faut le reconnaître et l’Église en France doit en tirer les conséquences. Pour répondre précisément à votre question, l’Islam est en France mais il n’est pas de France et c’est pareil pour le reste de l’Europe.
Quelle réponse devons-nous apporter politiquement à cette violence et à la guerre engagée par l'État islamique ?
Je pense tout d’abord que nos dirigeants doivent opérer des révisions en profondeur en ce qui concerne nos rapports avec le monde musulman, rapports marqués du sceau de l’hypocrisie, de l’injustice et de la soumission. Il faut cesser de se prévaloir de la démocratie et des droits de l’homme d’un côté, comme on l’a fait sans aucune légitimité en Libye puis en Syrie, tout en maintenant par ailleurs des échanges avec des régimes, comme ceux de la péninsule Arabique, qui violent ouvertement ces principes. La richesse de ces derniers, ainsi que le profit que nous pouvons en retirer, ne doivent plus servir de prétexte à fermer les yeux sur leurs entraves aux libertés les plus élémentaires. Il y a là de notre part une attitude incohérente et profondément immorale qui ne peut qu’inspirer le mépris des sociétés islamiques à notre égard. Nous devons aussi arrêter de céder au chantage de la Turquie et oser dire au Président Erdogan que son pays ne peut pas adhérer à l’Union européenne, tout simplement parce qu’il n’est pas européen, ce qui n’empêcherait pas d’instaurer des partenariats dans certains domaines. Les Turcs, comme les Arabes musulmans, observent nos faiblesses et ils en profitent pour accélérer l’islamisation de l’Europe. Les révisions géopolitiques qui s’imposent exigent du courage et de l’humilité. Je sais qu’il n’est pas facile de reconnaître que l’on s’est trompé mais tel est le prix à payer pour retrouver des relations saines avec les États et les peuples musulmans et pour obtenir leur respect. Ces changements pourraient rejaillir positivement sur l’attitude de nos compatriotes musulmans envers les pays européens qui les ont généreusement accueillis. Il s’agit là d’un combat de longue haleine mais sans ces révisions l’action militaire ne suffira pas pour gagner la guerre que nous livrent les djihadistes de l’État islamique et d’autres mouvements apparentés.
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Le latin : un accélérateur de réussite pour les élèves défavorisés
Lu ICI :
Étude — Le latin agit comme un accélérateur de réussite pour les élèves défavorisés
Voilà une étude que la ministre socialiste de l'Éducation française, Najat Belkacem s'est bien gardée de populariser. Réalisée par la très sérieuse direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), cette note d'information s'intitule : « Le latin au collège : un choix lié à l'origine sociale et au niveau scolaire des élèves en fin de sixième ». Un titre trompeur, car elle dément en vérité tous les préjugés de la ministre de l'Éducation nationale sur le latin comme discipline réservée à l'élite. Que nous apprend cette étude ? Qu'il y a certes plus d'enfants d'enseignants que d'ouvriers qui choisissent cette option. Mais elle démontre surtout que le latin agit comme un accélérateur d'égalité, puisque son apprentissage aide davantage les élèves issus de milieux défavorisés. En observant le destin de 35 000 jeunes entrés en sixième [Secondaire I au Québec] en 2007, ses deux auteurs ont découvert que le succès aux examens des élèves latinistes vivant dans une famille modeste est supérieur de 21,5 % au brevet [examens à 14-15 ans], et de 23 % au bac [D.E.C. au Québec, vers 18 ans en France] à celui de leurs congénères non latinistes. Pour les enfants de cadres ou d'enseignants, cet écart est moins important : 5,6 % pour le brevet, 18 % pour le bac.
De l'illettrisme à la classe prépa
Plus surprenant, l'enseignement du latin joue un rôle pour préserver la mixité sociale dans les collèges les plus problématiques : « À milieu social et niveau scolaire identiques […], les élèves choisissent plus souvent le latin lorsqu'ils sont scolarisés en éducation prioritaire [c'est-à-dire principalement dans les banlieues « difficiles »], écrivent les auteurs de l'étude. » L'enseignement du latin est donc une manière de « retenir » les enfants de familles privilégiées dans les réseaux d'éducation prioritaire.Les professeurs de lettres classiques sont enchantés de ces résultats au moment où le latin et le grec sont menacés par la réforme du collège. Enchantés, mais pas étonnés. L'un d'entre eux, qui enseigne dans un collège de l'académie de Créteil, raconte ainsi comment le latin a permis à un de ses élèves, qui ne maîtrisait pas le français au début de la cinquième, de rejoindre après le bac une classe préparatoire [à la rentrée dans les hautes écoles d'élite] parisienne. Un parcours exemplaire que la transformation du latin et du grec en « enseignement pratique interdisciplinaire » [dernier projet de la calamiteuse Belkacem] risque de rendre impossible demain.
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